MAX JACOB
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MAX JACOB
by MARIA GREEN
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COLLOQUES - I. L’OEUVRE DE M.J. PAR THEMES
ACCIDENT DE VOITURE
Emié,D, 153. "En 1936, écoeuré par la vie de Paris je cherchais à m'évader [...] Je pensais vivre d'une petite rente, produit d'un accident d'auto en 29 [...] La rente s'est avérée insuffisante."
Lettre à Sylvette Fillacier de 1929. Europe no. spéc. 93. M.J., en août 1929 avait été victime d'un accident d'auto qu'il raconte ainsi: "j'étais dans une auto qui a cru bon de taper un arbre, l'arbre sans même un coup d'épaule a renversé l'auto & ce qu'il y avait dedans: c'est à dire Pierre Colle & moi. Pendant une heure, j'ai hurlé; il y a eu un facteur rural, des moissonneurs, des autos, puis une auto & mon frère & un vieux docteur. Chloroforme. Plâtre & moi dans ce lit depuis trois mois, immobile j'ai lu des centaines de livres qu'on m'apporte qu'on m'envoie."
L. à la même, 30 déc. 1929. Il se présente comme "un monsieur qui déménage sa vieille carcasse sur deux pauvres cannes du matin au soir d'une chambre à l'autre." PJ, 320.
Lachgar, L. M.J. op. cit. 15. "Il vécut, toute sa vie, plus ou moins de la vente de ses gouaches, des maigres droits d'auteur que lui rapportaient ses livres & d'une modeste pension à la suite d'un accident de voiture dont il avait été victime[...]."
Télégramme à Maurice Sachs, 23 sept. 1929. "Tibia cassé, épaule démise." BMO.
Après l'accident le procès traîne jusqu'au mois de déc, 1932 pour déterminer la responsabilité de P. Colle. M.J. était obligé de dire que son ami conduisait vite & imprudemmment. Il obtint finalement une rente viagère de 7000 francs, mais par suite de ce procès il avait des problèmes de fisc car on l'accuse de ne pas avoir fait de déclarations sincères.
AMITIE, AMOUR, AMOUR DIVIN
"Aimer s'est s'unir! La chasteté & l'intelligence sont des synonymes." "Vin, Esprit, Sang." Op. cit. s.p.
B. FE, 123."Colloque II." "Je n'ai jamais pensé à l'argent que pour le donner."
Beucler, A. Op. cit. 146. "[...] je n'ai été aimé, supporté que par des gens très grands comme Gide, Picasso, Apollinaire, Cocteau, ce brave homme de Claudel, & tel ou tel savant ou encore par des pauvres: des maçons, des domestiques, le savetier, le facteur, [...] il suffit que je ressente un sentiment pour un de nous pour le croire ou très grand ou très petit: je suis mage ou berger." 147. "je suis [...] un éducateur né comme je suis un acteur né, mais personne ne veut m’écouter."
CN. 199. "Réponse de l'Abbé X... à une jeune homme découragé." "Mon cher petit Michel" [probablement d'une l. à Leiris], ‘je prie Dieu que vous vous convertissiez ne serait-ce que pour réussir à vos examens [...].’"
CM cité par R. Villard. "M. J. à Quimper: "Hist. d'une classe de lycée." Op. cit. 85. "Quel est le plus grand affront qu'on puisse vous faire?" "Me tordre un ou deux doigts quand je tends toute la main." 84. "Quel est le meilleur type que vous connaissez?" "C'est celui que j'estime le moins." "Cah. des Maximes" in LRV, 107, 104.
C, 104. "Le Monsieur qui se mêle de ce qui ne le regarde pas." "J'ai tant d'amis que c'est une vraie foire & j'ai remarqué que j'ai plutôt une tendance à me laisser absorber par la cohue, tout en me dévouant immodérément." U. Pfau le cite à propos de ses amitiés "Le portr. de l'artiste en dévot." Op. cit. 19.
DT, 164. "Examen sur la charité." "S'il est vrai que j'ai parfois porté l'amour de mes amis jusqu'à l'oubli de moi-même, & le dévouement absolu allant jusqu'à penser plus à eux qu'à moi-même, il faut dire à ma charge qu'il n'y avait là qu'un dévouement de vieille fille, qui donne ce dont elle n'a que faire. De plus, le diable y trouvait son compte [...]. Car je n'ai jamais pu distinguer la part de pureté & celle d'impureté qui se mêlaient dans mes affections. Mais l'impureté a gâté tout cela. Je dois dire que je l'eusse bien gâté moi-même par la promptitude avec laquelle je médis de ceux que j'ai le mieux cajolés [...]" 165-66. "Quant-au véritable amour pour le genre humain, je ne le connais pas! j'ai pu m'amuser de l'espèce humaine, m'y intéresser, je ne crois pas encore avoir connu l'amour. Sinon un soir que je rentrais dans le métro: c'était peu après la seconde apparition & je me sentis comme au-dessus de la foule & disposé à compatir avec elle. Les figures de chacun m'apparurent dans leurs ressemblances telles qu'en elles-mêmes je sentais aussi les âmes. Moment unique, hélas! & que je n'ai pas su retrouver. L'amour doit être cela: mansuétude & clairvoyance. Pourquoi profaner ce mot en appelant de lui la rage sensuelle qui m'unissait à mon unique femme [...]."
Emié, D. Op. cit. 136-37. "Quel que fût le livre qu'on lui soumît, il ne le lisait jamais qu'avec la plus pointilleuse minutie [...] & le mimétisme qui lui avait permis de ‘prêter sa plume’ aux héros de son Cinématoma entrait en jeu à son tour, dès que, penché sur un roman ou un poème, il se mettait automatiquement dans la peau de son auteur."
L. à Andreu. VM. En mai 1943 il lui écrit: "Pas un seul caillou noir dans nos rapports (c'est rare)"; Annexe VII. L. St.-B. 19 7bre 1940. "L'amitié est le seul lien qui me rattache à la terre: l'argent n'existe plus pour moi pourvu que je mange & dorme & fume. La gloire je l'ai vue d'assez près pour me rendre compte de sa stupidité, de sa fragilité, de sa facilité par camaraderies, de son cortège de susceptibilités, de soucis ridicules; le "monde-monde" est un ensemble de conventions à apprendre par coeur comme feu le catéchisme. Et toute ambition est vaine: où qu'on soit le malheur & la destinée se chargent bien de vous retrouver." l. de 1943: "L'amitié a été le clou où est pendue ma vie." Ibid. 270. "Comme un jeune chevalier, M.J. a armé le jeune poète [...]."
L. à N. Barney. s.d. Aventures... Op. cit. 111. "L'amitié ne peut être à venir, elle est par le fait qu'elle se nomme: 'Vous ne me chercheriez pas si vous ne m'aviez pas trouvé’, dit l'Evangile. L'amitié est de la foi, c'est même ce qui la différencie de l'amour, lequel est un cosmique besoin. Croyons donc."
Lettre à Béalu. 19 mai 1937. Disque vert 1:2 (mai-juin 1953): 86. "Mais quand j'ai donné mon amitié je ne la reprends jamais." 87. "Je suis un homme fidèle;" DV, 107. 12 mai 1937.
---. DV, 77. "Au moins! on ne m'enlèvera pas ça: j'aurai aimé..." 46. Béalu ajoute: "comment ne pas lui pardonner ses partis pris envers les confrères, son injustice &, pour tout dire, son manque de charité dans la rivalité littéraire? Certes, il fallait l'aimer"; 49. "Par écrit comme en paroles, il avait le don exquis de persuader chacun qu'il était le meilleur, le seul, l'unique ami"; 13. "pour payer logement, tabac & timbres-poste, Max se voit obligé de ne prendre qu'un repas par jour"; 14. "Je m'en satisfais d'ailleurs très bien"; 48. "M.J. aimait les poètes dans l'oeuf. Sage-femme de la jeune poésie [...] à combien qui n'avaient que du talent ne donna-t-il pas ce tour de main, cette grâce, qui n'était qu'à lui?"
L. à Doucet, 4 août 1917. Corr. I. 153-54. "J'ai beaucoup travaillé ce mois de juillet, profitant de l'absence des amis qui m'arrachent le long de l'année à la chère & fructueuse solitude."
L. à Guilloux. France-Asie no. spéc. 359. "Quand on se rapproche de la mort," m'écrivait-il en 1939, "il faut revoir ses amis."
L. à Kahnweiler. 1er nov. 1922. Corr. II, 132. "J'avais été un peu peiné, permets-moi de te le dire franchement, par un mot de toi après le dîner dans le salon sur 'l'abondance de mes recommandations.' [...] Je reconnais que j'abuse & je tâcherai à l'avenir d'être circonspect. C'est vrai que je ressemble à ces dames qui aiment à faire par des mariages le bonheur des autres, désespérant sans doute de jamais faire le leur." [Par ex. le 21 avr. 1922 il lui recommande des peintres & des poètes].
L. à Mégret, 10 juin 1943. Op. cit. 22. "J'ai tous les péchés pour l'heure de ma mort (remords) mais pas celui d'infidélité ... ah non! pas celui-là!"
L. [1925] à Léon Merle de Beaufort. 26 juill. 1931. PJ, 346. "Il y a bien des genres d'amis, il y a ceux qui sont indifférents, ceux qu'on déteste & ceux qu'on aime[...]."
L. à Moremans. Op. cit. 38. "Ne croyez pas que je sois infidèle en amitié; j'ai les mêmes amis depuis 30 années & d'autres depuis, mais je vous supplie de m'excuser. Je suis accablé de travail, d'exercices religieux & hélas de maladies;" sept. 1927; d'une autre l. p. 40. "L'amitié est une recherche de l'objet aimé. Aidons-nous à représenter nos figures morales"; L. 21 déc. 1924. 40. "J'ai beaucoup aimé mes amis & c'est moi qui leur ai parlé de mon dévouement"; 47. "ta lettre m'apporte ton dévouement & ton amitié. Ceci m'est beaucoup plus précieux que deux mille francs. Deux mille francs ça se dépense; l'amitié reste. J'ai lu aussi ton "bel" article chaleureux sur moi. C'est un article & non une note, un article précis & où tu dis ce qu'est mon caractère comme peu de gens l'ont dit. Excellente analyse avec preuves à l'appui: 'Cette fantaisie... ouvre des horizons insoupçonnés & crée des sensations uniques’. On n'avait pas dit cela. J'ai été enchanté aussi que tu cites la tempête que personne n'a remarquée & où j'avais mis le meilleur de moi-même." L. de 1926.
L. à Rousselot. Cahs. du Nord no. spéc. 211. 3 juill. 1942. «Aie confiance dans mon amitié. J'ai les mêmes amis depuis 40 ans»; Roeping no. spéc. 118.
L. à Salmon. «On ne parcourt l’univers qu’avec un compagnon de l’esprit & du coeur.» 25 oct. 1943. Jacqueline Gojard. «M.J. & A. Salmon: 40 ans d’amitié.» Coll. de Quimper, op. cit. 12, 66.
L. à Sentein, 5 janv. 1944. Op. cit. 556. "Pierre Andreu est un grand ami que j'aime."
LAL, 183. 23 déc. 1936. "Ce qui m'y intéresse" [de ma jeunesse] "c'est la part des amitiés, des aides & ce que je dois à ceux qui ont 'lambrissé' ma jeunesse: le plus clair de mon existence qui fut, tu le sais mieux que personne, si désarticulée, c'est à mes amis que je le dois. - Mes amis ont été les quais de ma rivière & ces quais étaient bordés de beaux arbres comme les quais de Quimper prophétiques [...]"
LCB, [4]. St.-B. lundi 1942. "Il est heureux, celui qui a de bons amis. Mais que de malheurs pour pouvoir les connaître, les reconnaître." 20 juill. 1942, [8]. "Je voudrais que l'humanité n'ait qu'une tête pour lui embrasser le front. J'aime cette pauvre humanité intendante de souffrances & taquinée par le malheur & par le sang."
LCHG, 71.Quimper, 3 janv. 1930. "Je n'ai eu le peu de bonheur de ma vie que par mes amis: deux sous de notoriété, secours, protection, sécurité, défense, conversation, épanchements, fêtes, joies & bruit par eux seuls, [...] or je suis loin d'eux, loin de mes petits & grands bonheurs, loin de mes orgueils."
LJC, 130. 12 avr. 1927. "Oui, il y a des gens pour qui je voudrais mourir & j'ai jalousé J.-Ch. qui a eu le bonheur de mourir pour les hommes." 131. "Ce qu'il y a de vraiment désintéressé dans nos amitiés plaît à Dieu; s'il reste quelque chose d'autre, c'est n'en doute pas, l'enfer"; 15 janv. 1927. 97. "Tout ce qui n'est pas nos amitiés ne m'intéresse guère - je mets Dieu dans les amis;" MJ/JC, 527, 478.
LJF, 300. "Est-ce que les amis se choisissent? Non! ils se polarisent." Cité du Tiers transporté. 242; C.p. de Lausanne, 15 août 1935. "[...] on reconnaît l'arbre à ses fruits & l'ami à ses bienfaits." Intr. 232. "[...] his friendship for Fraysse was merely one affection among others. An indication, [...] the lack of serious efforts to convert Fraysse; the religious polemic was always for Max, a sign of love." Quimper, déc. 1935. 247. "Tu as une merveilleuse carrière de théâtre. Crois-moi; je ne me suis jamais trompé sur personne"; 19 sept. 1935. 243-44. "[...] à la loupe les humains sont admirables, mais j'ai oublié ma loupe rue St Romain."
LJRB, I. Op. cit. [début été 1912].141. P.S. «La Philosophie que la vie m'a enseignée est celle-ci: il n'y a que l'amour qui compte mais il faut savoir ce que c'est. Et personne ne l'a su avant Jésus-Christ qui m'a sauvé la vie, l'espoir & l'honneur en 1908."
LLP, 101-02. L. de 1929. "Mes amis me sont d'une douceur infinie surtout vous. Ce n'est pas avoir gâché sa vie que d'avoir fait des amitiés dévouées en des êtres aussi exceptionnels car le reste de l'humanité c'est ‘butor, avare & médiocre’."
LLG, 92. Mars 1942. "Je crois que les mariages & les amitiés sont écrits dans le ciel. On ne connaît que les gens qu'on doit connaître ou par similitude ou par idéalisation ou par en haut ou par en bas ou je ne sais quoi ni comment. En général, moi (qui ai eu le seul mérite d'avoir des influences de porte-veine, [...] je me dis en voyant un jeune: que puis-je faire pour lui."
LML, 52. St.-B., 31 mai [1937]. "Le besoin de convertir ou d'écouler ma marchandise spirituelle m'a amené à Montargis." [Pour convertir le Dr. Robert Szigeti]; 43. St.-B. 25 [fév. 1937]. "J'ai renoncé à tout mais pas à l'amitié"; 47. 12 avr. [1937]. "Nous ne nous sentons pas éloignés de nos amis parce qu'ils sont ce que nous souhaitons être. Ce n'est pas nos amis que nous aimons mais l'image de ce que nous désirons être[...]."
LMM, 69. 21 ou 22 nov. 1940. "[...] quand on s'écrit souvent les détails de la vie connus par l'un & l'autre correspondants éveillent d'autres détails moins ou plus connus: il s'établit une chaîne, un chêne."
LNF, 28. 16 juill. 1923. "[...] je ne puis aimer sans vouloir la perfection de ceux que j'aime."
LRR, 99, n. 7. "L'univers des romans de M.J. est effectivement assez noir. On y est frappé par l'absence d'amour dans le couple, entre les membres égoïstes d’une même famille. Dans ses romans cependant [...] M.J. fustige non l'humanité, mais la bourgeoisie, ou plutôt l'esprit bourgeois dans n'importe quelle catégorie sociale. On peut discerner, en revanche, sa tendresse émue pour les déshérités de la vie moderne."
LTB, 45. 27 août, 1933."Le meilleur de nos amis deviendrait le meilleur aussi de nos ennemis."
---. 110. 10 oct. 1940. A Moricand. "Espère un petit chèque (sauf échec), je veux dire l'humble mandat habituel." 12 déc. 1936. 63-64. "J'aime agir sur les âmes, c'est une création qui en vaut une autre. J'aime voir agir les hommes, j'aime la ridicule humanité, les parfaits, les artistes, les cerveaux ne m'intéressent pas à part quelques amis de fondation."
LUA, 48. 21 déc. 1924. «Il y a les amis qu'on aime, les amis qu'on déteste & les amis indifférents.»; 83. 21 juin 1932. «[...] quand on est mon ami, c’est un baptême. Il faut l'excommunication pour en sortir.»
L. de Fels à Marcel Abraham, l'éd. du Mail. No. spéc. 245. "Je garde de Max le souvenir d'un mécène prêt à donner son bien sans espoir de reconnaissance"; 246. "Il fut mon seul correspondant pendant la guerre & sa lettre hebdomadaire me tenait lieu de toutes autres satisfactions. C'est lui qui m'incita à écrire & je tiendrai de lui seul confirmation qu'il fit bien ou mal de m'engager dans la carrière journalistique."
Méd. citée par Garreau. Inquisitions... op. cit. 122. "Dieu m'a donné [...] des amis extraordinaires qui m'ont formé mieux que des écoles."
Méd. "Le Paradis." RFl. No. spéc. (1981): 35. "J'ai désiré l'amour pur & l'amitié & j'ai eu cela mais au ciel ce sera pur de sensualités & de trahisons, & les élus se pénètrent de pensées, de sentiments dans une continuelle extase voluptueuse."
---. "Les Péchés." Ibid. 25. A la recherche de la voie étroite "C'est toutes les fois que je me suis privé pour donner, toutes les fois que j'ai fait des démarches pour les autres au dépens de ma tranquillité, comme je le fais en ce moment [...] d’une façon si imprudente & gênante pour moi. Cependant je pourrais faire bien davantage pour la pénitence."
MR. T.r.; Gallimard. 80. Dans "Péché" M.J. demande à Dieu "la clarté des sentiments divins."
Rousselot. "M.J.: lampe du soir." Boîte à clous no spéc. 27. "[...] tu étais, avant tout, miséricordieux & gai, que tu avais, dans un monde désespéré, su conserver cette politesse joyeuse, cette affabilité toujours disponible, cette bienveillance jamais en défaut, qui font de l'homme un ami, un écho, un miroir de tous les hommes [...]. L'amitié, vertu prem. de M.J.! »; 28. "Quand l'un de nous entrait dans une revue, chez un éditeur, dans une galerie, son prem. travail était d'y faire entrer tous les camarades avec lui"; 29. "Non moins chère lui est l'amitié des simples [...] il s'arrête à chaque porte [...] il connaît les noms & prénoms de tous les habitants de la commune [...] leurs préférences, leurs espoirs & leurs soucis & chacun d'eux se voit traiter par lui avec une affectueuse & souriante courtoisie [...]."
SSF.I. Op. cit. 170. "Dans le commerce d'amitié, M.J. se voulait l'associé principal, ce dont il n'eut pas toujours à se féliciter."
PR, Op. cit. 629. "On sait que la poésie mystique est tout entière métaphore, à commencer par celle de l'amour humain qui en est la plus constante & la plus frappante. Et la liturgie propose, elle aussi, des formulations du désir, de l'attente & de la crainte, qui porteuses d'un sens toujours équivalent, procèdent par images"; 633. "Il traduit l'effet dévastateur & exclusif de l'amour divin en l'associant à la passion amoureuse. Celui qui est marqué par la grâce se consume. Dieu le dévore, il est ogre d'amour, il anéantit tout ce qui lui est étranger." "Celui qui m'a brûlé le coeur a brûlé tout[...]."
LES ANIMAUX & LA VEGETATION DANS L'OEUVRE DE M.J. LA FAUNE & LES FLEURS.
AGNEAU & AIGLE. Canet, F. "La Bible dans FE." Op. cit. 48. Dans le p. "Moïse I" "l'aigle symbolise la force & la grandeur, l'Agneau, par son abaissement, apparaît, [...] comme le souligne aussi St.-Paul dans l'épître aux Hébreux, supérieur à Moïse. Les juifs 'hommes de l’esprit' (voir l. 30 nov. 1914 à M. Raynal) ne connaissent pas le 'trésor’ du coeur - nous trouvons ce thème dans les 4 évangiles; - mais si leur aveuglement opère une rupture, M.J. cherche à rétablir la continuité: bien que le fondement anecdotique du p. appartienne à l'histoire juive, tous les symboles de la nourriture: manne, azyme, agneau rôti de l'ancienne Pâque, convergent vers l'Agneau Christ dont ils ne sont que la préfiguration & qui restaure l'unité par le symbolisme du 'Corps Mystique'"; p. 52. "L'animalisation du mal & du pêcheur se retrouve avec la même fréquence que dans les psaumes: "Et moi cet homme sur cette chaise/ un ver coupé en deux qui biaise." ("Examen de conscience"), cf. Psaume XXII-7: 'Et moi, je suis un vermisseau & non un homme'"; 53. "Mais alors que M.J. souligne le contraste entre sa propre bassesse & la grandeur divine, d'une manière qui rappelle celle des supplications de l'Anc. Test., la révélation du Nouv. Test. apparaît comme possibilité d'affranchissement de cette dualité: la personne du Christ (cf. le p. "Corpus Christi"), la descente aux Enfers (Cf. "Les yeux au Ventre") & le "Sang versé" exorcisent le mal: [...] 'Que crier? quoi? vers Vous/ qui connaissez mes hontes?/ Entre les arbres du Printemps s'avance/ le triste vaisseau de la Croix' ("Examen de conscience").
L'ANIMALITE-LE MAL. J. Chambost. "Le LC" Ibid. 31. "Cette présence des 'serpents' & des 'animaux' est en elle-même inquiétante: l'animalité dans le rêve est le plus souvent l'expression d'une angoisse. [...] l'animal est l'incarnation même du Mal, surtout lorsqu'il occasionne du bruit & de l'agitation. Pour corroborer cette intuition de l'identification animalité - mal, il n'est que de citer G. Durand: 'L'apparition de l'animalité dans la conscience est symptôme d'une dépression de la personne jusqu'aux marches de l'anxiété.' [Voir "Les structures anthropologiques de l'imaginaire", T. I, 76] [...]. Par contre les éléments de la végétation semblent receler une vie intense. L'image: 'Chaque brin d'herbe était un morceau de folie' est particulièrement frappante, grâce au procédé fréquemment employé par M.J. & les poètes modernes, qui consiste à créer une métaphore à partir du moule syntaxique de la définition: 'ceci est cela'. L'utilisation d'une formule du langage rationnel & didactique paraît garantir en elle-même une certaine authenticité, pour, en fait, énoncer un contenu parfaitement incohérent."
L'ANIMALITE VISQUEUSE & RAMPANTE. R. Plantier. "La myth. dans l'oeuvre poétique de M.J." Op. cit. 70-71. "[...] la description des satyres s'éloigne de la tradition. M.J. renchérit sur leur animalité, non plus la violente & joyeuse liberté des compagnons de Dionysos poursuivant ménades & nymphes de leurs lubriques désirs, mais la visqueuse & rampante animalité, la cruelle & morbide présence: 'Je suis l'animal qui te flaire/ Je m'appelle Satyre/ Je suis serpent et je suis louve.' ("Circé." Act.Et. 40). Nous sommes dans l'univers de la faute & non plus dans l'innocence de l'instinct. Le mythe évolue vers une incarnation du mal & du péché."
L'ANIMAL. VER DE TERRE, RAT. Plantier. L'Univers poétique. Op. cit. 406. "Les animaux du rampement & du grouillement s'opposent aux animaux de l'envol. La déchirure intime est écrite en termes de gouffre, de dérision & de caricature. Sous le signe de l'antithèse, la puissance de l'imaginaire se représente dans les cercles d'en haut & d'en bas, dans l'échelle, dans les étages de la maison, dans le mépris pour soi: l'animal, ver de terre, rat."
L'ARCHE DEMONIAQUE. Plantier. "M.J. & le prince des ténèbres." RFl (Pâques 1969): 3. No. spéc. "Le supplice peut être lié à une répugnance personnelle. Le monde animal apparaît comme une dégradation des formes humaines, comme une image de la pesanteur." 'Je ne suis pas entré dans la Cité de Dieu parce que l'homme est la Bête.' (SM, 209).
LES BETES-SATAN. Plantier. MJ, 64. Op. cit. "Une autre caractéristique de l'univers démoniaque de M.J. [...] la présence des animaux. L'animalité est le domaine de Satan. Le monde animal représente la dégradation des formes humaines. Il y aurait de quoi remplir une arche avec toutes les présences animales qui grouillent dans les p. Elles sont liées à une répulsion personnelle de l'auteur: 'Toi qui a si peur des bêtes, tu seras entouré des bêtes.' (MR, op. cit. 115). De là des "démons à têtes d'animaux, puants, gluants. Les glissements, les frôlements entraînent une réaction de dégoût"; 65. "L'animal révèle la secrète possession: 'Le roi soudain devient comme une hyène' (B, 9), l'enfant 'se change en singe.' (CD, 145)"; 66. "Le cheval, symbole vénusien & luciférien, porte la marque de Satan dans le p. du CD 'l'automédon a l'oréole: je n'ose affirmer que les Trois Pégase en soient privés.' (55)" - Plantier rejette la théorie que tous ces animaux sont liés à une préoccupation astrologique de l'auteur. Après un contrôle des listes qu'il donne dans le MA, il est «arrivé à une conclusion négative. Il faut plutôt rattacher cette prés. à une trad. plus vaste dont le Moyen Age a tiré parti. Chaque animal est l'emblème d'un vice ou d'une tare. L'élément caricatural si important dans l'oeuvre, est donc lié à la volonté d'illustrer de façon visible la prés. du péché»; 67. "A la limite, l'être abandonne même l'apparence animale pour se réduire à une chose: 'La petite fille a l'air d'un pot de bière & le vieux débauché d'un buveur.'"
LE CHEVAL. Belaval. Op. cit. 89-90. "La faune du CD met au premier plan le cheval avec une telle insistance qu'un psychanalyste, sans doute, en tirerait quelque complexe: à côté du cheval, le chien, la vache, le poulet, le poisson ne visent guère à un effet: mais peut-être le papillon, le paon, l'autruche, l'éléphant, la grenouille, l'abeille, le lézard, la colombe, le cygne, le zèbre - à la vérité à bascule - le crocodile, la girafe, la corne de rhinocéros & les soyeux bivalves répondent-ils à une préoccupation plus littéraire. La flore semble plus soignée: outre les fleurs & les bouquets indéfinis, c'est le marronnier de Quimper, le hêtre, le peuplier, l'épi de blé, les mousses & le champignon: rien là que d'assez ordinaire: mais houx, thuya, acacia, dahlia, palmier, ébène, géranium, myositis, arbre-nain, buisson d'aubépines, capucine & palétuvier ont su faire valoir le poids de leurs syllabes, la courbe de leurs suggestions."
LE CHIEN. LTB, 87. A Moricand, 22 nov. 1938. "J'ai été particulièrement intéressé par ce que tu dis du chien lequel me hante depuis ma plus petite enfance (peur effroyable des plus minimes chiens, même au berceau; morsures de chiens plusieurs fois même aujourd'hui). Voir un p. dans je ne sais quel recueil: "les chiens, d'un certain Actéon ne dévorent pas le maître, etc. [...]. Et le hibou de Minerve parce qu'elle pénètre même le secret des enfers." [Réf. à l'article de Moricand].
ANNIVERSAIRE
Juillet 11 au lieu de 12. MJ/JC, 259. 20 avr. 1925. «[Georges Hugnet] né le même jour que moi 11 juill. & non seulement ressemble d’une manière émouvante à mon adolescence, mais a les mêmes parents, les mêmes événements, le même langage, les mêmes gestes, la même forme de (feu mes...) cheveux.»
FALSIFICATION DE SA DATE DE NAISSANCE. Andreucci, n. 112 aux LMLE. "Comme souvent M.J. ment sur sa date de naissance préférant le 11 au 12 juill. pour des raisons de prédestination astrologique (les nés le 12 étaient voués à la malchance, comme Léon Bloy). Etrange contradiction qui est la sienne, que de croire en la détermination astrologique & de falsifier sa date de naissance, en une stratégie vaine, si l'on croit à la dite détermination."
ANTISEMITISME
"ABAS LES JUIFS." LJRB, I. 138. [1912]. 139. "Que faire? Comment racheter ce crime! avoir dit 'Abas les juifs!' moi le plus chrétien de tous les juifs à toi le plus juif de tous les bons chrétiens."
ANTISEMITISME ALLEMAND. Charensol, Georges. "Grandes enquêtes des NL (26 août 1933). "Quelle est la diff. entre la génération d'avant-guerre & d'après guerre?" "L'intellectualisme est le contraire de l'individualisme: s'occuper des idées, c'est s'occuper de ce qui appartient à tous.[...]. Cet individualisme s'étendait depuis le début de 1900 aussi bien aux nations & aux hommes qu'aux races. L'antisémitisme allemand est l'une des formes de cet individualisme (ou nationalisme, c'est la même chose) [...]."
ANTISEMITISME A ST.-B. P. Eluard. Oeuvres Comp. Op. cit. 863. "J'étais allé le voir [...]. A la fin du repas, à l'hôtel où nous déjeunions plusieurs individus tenaient des propos antisémites. Au moment de sortir, M.J. se dirigea vers eux: "Voulez-vous me permettre, Messieurs, de vous serrer la main... & que Dieu vous pardonne!"; L. Parrot. Op. cit. "J'étais allé le voir avec un malheureux camarade, libraire & poète, arrêté depuis & qui devait être déporté en Allemagne après avoir resté six mois au secret. A la fin du repas à l'hôtel où nous déjeunions, plusieurs individus tenaient des propos antisémites. (M.J. avait tenu à porter l'étoile jaune qui le désignait à l'affectueuse pitié des meilleurs d'entre les Français). Au moment de sortir le poète se dirigea vers eux: "voulez-vous me permettre, messieurs, de vous serrer la main... & que Dieu vous pardonne!"
ANTISEMITISME DE JOUHANDEAU. LTB, 49. A Briant. 30 nov. 1936. "Si tu entends dire que Jouhandeau m'a accusé de "simagrées" dans l'Action Française tu pourras répondre que je sers la messe à 6 h. du matin dans une immense & noire basilique en grelottant alors qu'il est douillettement couché. Jouhandeau m'a pris comme type de ma race."
ANTISEMITISME DU CURE. DV, 75-76. "Comprends-tu" [dit-il à M.B. le 20 fév. 1944] "en tant que cath., je suis obligé d'être contre les communistes..., pour être bien avec M. le curé; en tant que Juif, je suis obligé d'être pour Staline... C'est embêtant!"; G. Gabory. "Voyage à Saint-Benoît-sur-Loire." Disque vert no. spéc. 41. "Après le déjeuner, nous sommes conviés à prendre le café chez le curé qui nous parle avec courroux des juifs & des ennemis de la France."
DEFENSE DE PARLER EN PUBLIC. LMM, 119. 12 nov. 1942. "Ici, on fait des conf. à la jeunesse & aux hommes [...]. On demande aux artisans, aux laboureurs de parler... à tout le monde, excepté à moi[...l il m'est défendu de parler en public [...] bien heureux de mon étoile jaune, un peu offensé, mais si peu..."
ETOILE JAUNE. A Rousselot. 3 juill. 1942. Roeping no. spéc. 119. "Je n'ose voyager sans étiquette & je crains l'étiquette en voyage. Voilà le dilemme & la cause de mon statu quo."
JACOB EST SUSPECT. A Andreu, mai 1943. VM. "Ne mets plus Jacob sur l'enveloppe. Mets "M. Max" - Jacob est suspect."
JE PRIE POUR LES JUIFS. LEJ, 76. Janv. 1939. "[...] je prie chaque matin pour les juifs & les cath. martyrisés."
JUIFS EN BRETAGNE. L. inéd. à Dumoulin, 14 nov. 1940. "Un grand nombre de prénoms & de noms bibliques des paysans bretons fait présumer qu'il y a eu jadis des Juifs réfugiés en Bretagne & qui se sont assimilés jusqu'à prendre le costume breton. Ex.: Moysan qui est Moïse-an, etc. [...] des Bolloch (Moloch). - "Mais je connais cette chère race vilipendée qu'est la nôtre. [...]. Saint-Jean était l'ami de N.S.J.C. A la Cène, il repose sur sa poitrine. Il est nommé le disciple que Jésus aimait. Or il est démontré par Emile Mâle [...] que St-Jean représente la Synagogue [...]. C’est encore St-Jean qui recueille dans le Calice de Saint-Graal le sang & l'eau tombés du Sacré-Coeur. Vous voyez que partout où il est question du "Coeur" c'est St-Jean. [...] St-Jean est notre chère race & non Judas (lequel, entre parenthèse, représente l'humanité entière comme je l'ai souvent montré)."
JUIFS: HOMMES DE L'ESPRIT. A M. Raynal. 30 nov. 1914. Corr. I. 105. "Les juifs sont des hommes de l'esprit; j'ai besoin des hommes du coeur." L. s.d. [1914]; 108. "Tu ne m'attaques pas, toi! mais d'autres le font parmi mes amis & coreligionnaires au point de m'avoir chassé de leurs maisons (& parmi eux un homme qui rougit d'être juif, ô inconséquence)."
KABALISTE. LML, 72. 27 oct. 1938. "l'article sur les Juifs [...] m'a passionné parce que je suis Juif & assez Kabaliste à l'occasion (& au fond très Kabaliste...mais oui!)."
M.J. CHOISIT LE NOM DE KAHNWEILER. Andreucci. PR, 82. Selon le décret napoléonien de 1808 les Juifs durent fixer une fois pour toutes leur nom à la mairie. Le nom des Kahnweiler avant le décret était Manassé, c'est ce que Jacob choisit dans SM pour son héros.
M.J. JUIF & BRETON. Manoll. Préf. 21. LMM. "[...] en s'enracinant à sa terre natale, qui est de vieille chrétienté, n'y était-il pas préparé par une aspiration vers l'absolu, une conscience mystique, envahie par le 'complexe de Dieu' proprement judaïques? Nous en trouvons mille exemples dans son oeuvre où il devient, parfois, parmi le feu du ciel, le grand vent du désert, dans une ronde infernale de démons & de bêtes du zodiaque, une sorte de prophète halluciné aux fulgurants anathèmes. Ce n'est pas alors le Dieu chrétien qu'il retrouve en lui, mais cet Adonaï qu'adoraient ses ancêtres."
RACE ELUE. MJ/JC. Op. cit. 256.15 avr. 1925. "[Cattaoui] s'inquiète de la religion. Pour moi il se fera baptiser mais dans dix ou quinze ans: maintenant il a encore l'esprit trop 'étudiant'. Citations, discussions, 'nous sommes la race élue' avec preuve & autres balivernes. Quand il connaîtra la 'race élue' comme je la connais, il déchantera."
RACE MARTYRE. LTB, 127. A Moricand. 1er juill. 1941. "[...] & tous ces pauvres Juifs que je me sens aimer, la race martyre d'elle-même & des autres, beaucoup de douleurs, mais aussi les compassions s'éveillent & l'on voit s'éveiller avec elles les joies du véritable amour."
SITUATION FAUSSE. L. à G. Ghika. 2 mai 1923. PJ, 162. "Ma situation a été fausse partout, elle l'est, elle le sera [...]. Même à l'autel ma sit. est fausse; elle l'est chez les Juifs, elle l'est chez les chrétiens."
UN JUIF EST TOUJOURS JUIF. A Francis Gérard Rosenthal. 15 oct. 1921. PJ, 114. "[...] un juif est toujours suffisamment juif pour n'essayer pas de l'être [...] la crit. se charge de le découvrir irrémédiablement juif."
APOCALYPSE
LLG, 50-51. 3 sept. 1941. "On appelait apocalypses en Palestine des écrits où les rabbins essayaient de déterminer la venue du Messie en étudiant la disposition & la signification des lettres de la Bible."
L'APPARITION DIVINE
PR, 438."LES EVOCATIONS [DE L’APPARITION] SONT PARFOIS DETOURNEES, parfois hors de propos, comme si Jacob ne voulait plus raconter qu'une seule hist., celle de sa rencontre avec l'Etre aimé, &, tel un amoureux, ramenait tout sujet à son amour."
P. BONET. Cat. Op. cit. 1970. No 259. Page de garde de SM, 1943. "Je vous ai souvent écrit de cette apparition divine qui est à l'origine & la cause de ma conversion à la religion cath. Pourquoi spécialement la rel. cath. & non une piété juive selon ma race? 1. parce que le personnage qui me visita comme je l'ai raconté dans la DT me semble être le Christ lui-même & que si les personnes compétentes en ces matières mystiques m'ont détrompé, m'affirmant que le Seigneur n'a jamais été vu de personne depuis son Ascension, du moins le dit personnage me parut nettement christique. 2. parce que j'ai été élevé de telle sorte que la religion juive ne m'a jamais été une rel., alors que ma Bretagne natale m'offrait à tous instants l'idée que la seule rel. était la cath. D'ailleurs je n'ai pas raisonné! un élan m'a porté vers le Christ. Je n'insiste pas. Il s'agit du roman de SM. Comment fut-il écrit?"
Lavallée, Marie-Thérèse. "L'expérience spirituelle & la lettre du p." RLM, 57. M.J. no 3. "[...] certaines personnes, censément 'spécialistes' des questions surnaturelles, perturbèrent beaucoup le pauvre Jacob en lui objectant qu'on ne voyait jamais le Christ, & qu'il n'avait pu voir qu'un saint, ou un ange sous forme humaine. Il ne douta jamais de la vision elle-même, mais par scrupule & modestie, se crut parfois obligé d'appeler 'ange' [...] l'image que sa conviction profonde reconnaissait comme le Christ."
LBEG, 12. 15 mai 1924. "Le grand événement de ma vie fut ma conversion au cath. à la suite d'une apparition le 2 Oct. 1909. La bénédiction de Dieu a fécondé une vie stérile & pénible jusque là: j'avais 33 ans."
LMM, "[...] l'apparition, en Sept. 1909, révolutionna mon corps, mon âme & ma vie, je vis un ange dans un paysage que j'avais jadis dessiné & peint"; 100. 17 oct. 1941. "La solitude est impossible sans Dieu. Ou [...] sans un travail particulièrement absorbant[...]."
Mauriac, Claude cite M.J. Preuves 4:35 (janv. 1954): 813. "Le Personnage de mon mur était un homme d'une élégance dont rien sur terre peut donner l'idée. Il était immobile dans une campagne, il était vêtu d'une longue robe de soie jaune claire, ornée de parements bleu clair. Je le vis d'abord de dos, sa belle chevelure tombait sur ses nobles épaules. Il tournait légèrement la tête & je vis une partie de son front; la pointe de son sourcil & sa bouche. La campagne dans laquelle il se trouvait était un paysage très agrandi que j'avais dessiné quelques mois auparavant & qui représentait le bord d'un canal." Prem. publ. du texte La Vie intellectuelle (mars 1951); Réalités secrètes (10 oct. 1959); texte définitif: Didier Gompel-Netter. "La conversion de M.J." Vie spirituelle 690 (1992): 393-404.
Sans réf. "First vision in 1909. He saw Christ on the wall of his wretched room in a landscape painted by him some years earlier, Christ is wearing a yellow silken garment with blue trimmings."- "He had also a vision of Christ in the movies on the screen, of course his friends thought that this is the newest joke invented by the great jester." - "Un peu de religion c'est le dosage du bourgeois" disait-il.
L'ARBRE & L'ARBRE DE VIE
ARBRE. LUA, 59. 23 mars 1926. "J'adore les arbres plus que les hommes, & les hommes plus que l'art"; LLG,46. 22 juill. 1938. "Je prends pour moi le mot de Beethoven. J'aime mieux un arbre qu'un homme. [...]. Du temps d'Apollinaire nous disions: 'Il y a de l'arbre dans un tel' ou bien 'Il n'y a pas d'arbre dans un tel' pour signifier la beauté produisante"; Morhange écrit dans la revue Philosophie "L'arbre jacobique donne toujours les plus beaux fruits du pays."
ARBRE DE VIE. R. Guiette. Op. cit. 39. "Je me souviens qu'on se moquait beaucoup de moi parce que, quand mes dessins étaient finis, j'ajoutais toujours un arbre qui cachait tout. Depuis, j'ai compris la signification de cet arbre. C'est le fameux arbre de vie, que nous devons déraciner, si nous voulons conquérir la vérité spirituelle & mourir à nous-mêmes. L'homme brut est un arbre"; VM, 21-22.
L'IMAGINATION EST UN ARBRE. G. Bachelard. La terre & les rêveries du repos. Corti, 1948. 300. Selon Bachelard l'imagination "a les vertus intégrantes de l'arbre. Elle est racine & ramure. Elle vit entre terre & ciel. Elle vit dans la terre & dans le vent. L'arbre imaginé est insensiblement l'arbre cosmologique, l'arbre qui résume un univers, qui fait un univers". Cité par Elisabeth Démiroglou. "M.J. un poète sans purgatoire dans le LC & DP."Coll. de Pau.Op. cit. 161.
L'ARSENAL
Documents & souvenirs conservés à la Bibl. de l'Arsenal, recueillis par René Fauchois.
ART POETIQUE
ADEQUATION DU MOT A LA SENSIBILITE. LLG, 89. 18 fév. 1942. "Qu'est-ce que le style? [...]. Le style pour un poète pur est l'absence des clichés [...] c'est l'adéquation du mot à la sensibilité. (Cf. Rimbaud & plutôt Verlaine). Bien penser un mot avant de s'en servir, y penser dans sa beauté encore plus que dans sa signification, bien penser un vers, le penser dans les voyelles & les consonnes, mais surtout penser le mot comme une plaie dans la chair. Dès lors, avoir tous les mots prêts, un dictionnaire de mots actuels dans la tête."
AFFINITES COSMIQUES. LJF, 249-50. 16 déc. 1935. "Les mouvements réels en art sont faits des affinités cosmiques (mauvaises ou bonnes).[...] Ce qui a manqué aux surréalistes ce sont les affinités cosmiques. Ils sont tous brouillés entre eux; les cubistes sont restés amis."
ARTISTE A UNE VOIX. LMM, 100. 17 oct. 1941. "Un grand artiste qui n'a qu'une voix ou deux peut [...] être un faible ou un médiocre & avoir besoin de se coller [...]. De là les rassemblements & les groupements [...]."
L'ARTISTE EST DANS SON OEUVRE. SM, prem. éd. 10. "Or, nous sommes dans nos oeuvres comme Jéhovah dans les siennes."
ARTISTE MODERNISTE. Conf. d'Hélène Henry. "Vie & Visages de M.J." Université Inter-Ages de Saint-Nazaire. 16 avr. 1991. "Un artiste moderniste n'est pas l'illustrateur plus ou moins heureux de son époque, mais l'artiste dont le tempérament est précisément d'accord avec elle. Watteau fut un moderniste, David aussi";
LE MODERNISME in "Projet de Préf. à Léon-Pierre Quint sur L'Homme Moderne." "Quand il nous arrive une envie de modernisme, c'est que nous allons changer de peau. Nous: l'humanité. Nier ce qui a plu à nos pères, n'est pas cela?" (St.-B. 1924). Théâtre à Toulouse, no spéc. 15.
"LES ARTISTES NE SONT PAS DES PENITENTS QUI ETALENT LEURS PECHES." LBEG,14. 17 mai 1924.
BEALU A TOUS LES DONS DU POETE MODERNE. Extr. Préf. Pouce. Jean Digot. Feuillets de l'Ilot. «J’entend par là: la complexité dans la forme du vers, la prééminence de l'harmonie intérieure sur le sens, la rapidité dans l'association des images, des idées ou des mots, la façon personnelle de ces associations, le vocabulaire aimé, les surprises volontaires ou non, l'air de rêve ou le rêve lui-même, les rythmes invisibles;" D, 36. Nlle éd. Festin, 1994.
LE BEAU. A J.-E. Blanche. Coll. de Quimper. Intr. 25, Collet, 134. «C’est quelque chose que le beau quand il veut bien être amusant ou réciproquement.» BEAUTE par Cocteau. «La beauté d’une oeuvre se mesure au nombre de questions qu’elle sème.» Intr. 33.
LES 'BOUTIQUIERS' DE LA LITT. LJF, 245. 7 nov. 1935. "Pense à t'élever dans la Revue [les Feux de Paris] contre les "boutiquiers" de la litt. & à louer la litt. de l'Olympe."
LE CHANT. PJ,185. A Mme Aurel. Clos Marie Roscoff Finistère. 12 sept. 1923. "Mais je ne suis pas le prem. à me demander si Corneille & Malherbe c'est de la poésie ou même si les développements à beaux vocabulaire de Hugo sont autre chose que de la prose libre assez riche. Villon, c'est de la bonne langue & du bon style, ce n'est pas de la poésie [...]. Un vers n'est pas une formule à bien dire le vrai ou le faux: un vers est le chemin du rêve & non un sujet de méditation, un vers est la découverte du rapport des choses entre elles & avec le poète, un vers c'est l'indéfini dans le fini. Et le lyrisme c'est tout cela chez l'inspiré, que la mélodie emporte au-dessus de la terre."
CHANTEUR. LMM, 111. 14 août, 1942. "Un poète est un chanteur & un chanteur ne peut pas s'empêcher de chanter."
CHEF-D’OEUVRE. «Faire pleurer les gens en leur parlant du temps qu’il fait.» 25 intr. & 140 Georges-Paul Collet. «M.J. & J.-E. Blanche une confluence inattendue.» Coll. de Quimper.
CIEL DES IMAGES. ONIRISME. PR, 290. "La déformation des formes visibles, leur altération & transfiguration, la 'fixation d'un détail jusqu'à l'hallucination', que le poète admirera chez Reverdy (PJ,486), sont aussi l'un des aspects de l'écriture jacobienne, notamment dans le p. en prose. - 291. L'onirisme des textes ne caractérise pas l'ensemble du recueil. Ce n'est qu'une direction dans un ensemble très hétérogène. [...]. Le titre l'annonce: le hasard a joué: on secoue les dés & la diversité surgit." On y trouve "des rêves de la nuit, ou parodiant le rêve; certains autres inspirés de visions prophétiques, ou les parodiant, mais conjointement à des courts récits plus cohérents, des aphorismes, des paraboles ou des exercices de calembours."
«LE CIEL N’EST PAS AU-DESSUS, IL EST AU-DESSOUS & l’oeuvre doit gagner la gravité de la terre, de la matière.» (LML, 70); PR, 538. Méd. inéd. coll. Gompel."
CLICHE DE PENSEE. LMM, 42. 15 OCT. 1938. "Le seul cliché repréhensible est le cliché de pensée."
CLICHES. CJP, 19. "Le cliché est un mot de passe commode en conversation pour se passer de sentir. Un poète doit sentir tous ses mots, mais le bourgeois n'a pas le temps, de là des ponts commodes qu'on appelle 'clichés'. Le poète dose ses clichés: il ne peut y renoncer que sous peine d'être incompréhensible, à lui de savoir quand il peut placer le mot qui n'est pas une formule toute faite de façon à être nouveau sans être obscur"; Charpier & Seghers. Art poétique. Op. cit. 467.
"LE CLICHE - LES PUNAISES DU STYLE: recherchez le mot qui puisse être compris par le cantinier du régiment! [...]. Le meilleur style est le style humain, ému, coeur à coeur: c'et le plus difficile à attraper, mais il est celui des grands maîtres & assure le succès. Ce n'est pas le mien, hélas! [...]. Tout l'art se résume à un état d'âme du créateur [...] pour profiter de cet état d'âme du créateur. [...] il faut être prêt. Pour être prêt il faut travailler." LFF, 27. 10 oct. 1918.
PAS DE RATURE SINON POUR EFFACER UNE PLATITUDE, UN CLICHE. LUA, 41. 2 oct. 1924.
LE COEUR. LJRB, II. 150. [mars [1919]. "Je commence pourtant à m'intéresser au coeur humain: il se pourrait bien que ce fut comme tu le crois, le centre de tout. C'est très grave car il faudrait l'introduire dans l'art moderne entre le style télégrafuturiste & les idéogrammes apollinairiens."
COLORER PAR UN OBJET. LLG, 72. 9 déc. 1941. "N'emploie jamais le mot 'mauve', en général il vaut mieux pour colorer se servir d'un objet de la couleur que de cette couleur même. Au lieu de 'vert' dire 'herbe'. Par exemple: au lieu de: cette dame a une robe verte dire: cette dame a une robe d'herbe"; PR. 533.
COMMENT ECRIRE? LBEG, 13-14. 17 mai 1924. "Le 'verbe' est au littérateur ce que le marteau est au cordonnier, c'est un instrument de travail. Etudier pour nous, c'est apprendre notre langue, connaître le maximum de mots usuels, notre grammaire & un grand nombre de formes syntaxiques de manière à n'être pas enchaîné par des questions de mécanique. Un littérateur est d’abord & avant tout un 'ouvrier du verbe.' Quand l'ouvrier est aussi un penseur, & un homme complet, on a un grand écrivain. Les raffinements d'esthétiques viendront tout seuls. [...] il n' y a pas de grandes vies sans grandes souffrances & notre réussite est le plus souvent proportionnée à ce qu'elle nous a coûté d'efforts."
COMMENT TRAVAILLE LE POETE?
D,57-58. "Tu me demandes comment je travaille [...]. Surtout à mon réveil, la nuit, pour les p. ou la prose poétique [...]. Ma méd. chrétienne du matin ou mon chemin de croix quotidien me servent aussi. J'ai trouvé là mes meilleures images ou les moins mauvaises"; U. Pfau. Op. cit. Elle cite d'une l. à Emié. "Généralement il faut que l'on soit à la fois assez mal & assez bien. L'assez bien est une question de chanteur de table, de lumière, & de mille infiniment petits inanalysables. L'assez mal, c'est une question de contrariétés affreuses, de manque de bonnes paroles qui vous enferme dans votre cabinet 12 heures de suite. Ah! Tout pour le travail."
CONSEILS A JABES. LEJ, 65-66. fin janv. 1938. "1. Le nombre des pages ne compte pas, mais la qualité & la densité: c.à.d. le mot miraculeux, inattendu & surtout expressif de l’inexprimable; en poésie expressif de l'inexprimable. 2. Ça coule, ça coule!! Ce laisser aller peut te contenter mais non le lecteur. Dans le genre sentimental surtout lequel ne peut vivre que de mots, de style, de serré, de serrures. 3. L'unité donnée par la continuité du sentiment contrairement à ce que l'on pourrait croire sauve le p. long de la monotonie. 4. Les haï-kaïs raffinés sont le fond de ta nature; les voici unis par un sentiment ou une idée commune. 5. Un poète se plaignait à Mallarmé de n'avoir pas d'idées. M, répondit: "Ce n'est pas avec des idées qu'on fait des p., mais avec des mots." 6. Les meilleurs mots sont les mots concrets table, chaise, tenailles [...]. Travaille avec sur ta table des objets: équerre, tenailles, vieilles clefs, tiroirs, etc. [...]. Descends! le ciel est en bas! 7. L'absence de mots, de mots concrets donne la monotonie. 8. On est enchanté de trouver L’accent humain chez un poète moderne [...]. Mais pourquoi imiter Mallarmé quand tu es riche toi-même. 9. Quelque chose à dire, c.à.d. une image neuve, un site, un rythme, une idée poétique etc... Chaque poème doit contenir "quelque chose à dire." 11. Ce n'est pas ce qui se passe en toi tout brut qui importe, mais cela extériorisé, en relief. 12. Il ne suffit pas d'être sincère, ah mais non! la sincérité n'est qu'une force & tu sais bien que la force n'est pas tout. 13. La poésie est un jus. Concentre toi. 14. La seule bonne litt. est celle qui n'en est pas...sinon par l'excellence du style, les images, etc... 15. Le grand courant chantant qui est la poésie ou décrochement de l'étoile ne s'obtient non plus que par la méd. 16. L'amour tient-il lieu de méditation? Oui, c'est pourquoi tes meilleurs vers sont les vers d'amour [...] l'excès de la sincérité t'amène à des clichés qu'on emploie seulement au lit."
LA CREATION POETIQUE. Clancier, G.-E. La poésie & ses environs. Gallimard, 1973. 66, n. 1. "Toute création, poème ou roman, ou théâtre, ou peinture, est d'ordre poétique."
LE DANGER DE L'HALLUCINATION POUR LE LECTEUR. PR, 292-93. «Le danger que peut représenter la pratique de l’hallucination chez le poète importe moins [...] que l’angoisse qu’elle engendre chez le lecteur, qui, par le biais du p., se voit saisi des mêmes visions, angoisse d’une frontière abolie entre réalité & irréalité, angoisse également d'un sens impérieux mais impossible à décrypter.- Le rêve donnera lieu à un récit [...]. La vision relève de la vue, qui saisit tout de suite & globalement un phénomène généralement rapide [...]. Le recueil de 1917, plus onirique que visionnaire, privilégie cette écriture là; l’absurde y règne, & le narrateur ne s’ètonne guère des événements invraisemblables.» 296. « [...] le titre disait assez un monde voué au hasard dont aucun fil d'Ariane ne pouvait, ne devait nous aider à sortir." [Tandis que dans sa poésie religieuse le fil est donné] "le fil chrétien qui permet de sortir du labyrinthe."
LA DENSITE DU STYLE JACOBIEN. Folio, no. spéc. G. Kamber. "André Gide & M.J." 44-45. "In 1939, J. Denoël, then editor of Aguedal, dedicated an issue to Jacob. He apparently addressed a question such as: what do you like about M.J.? to a number of literary figures, & printed their replies. A. Gide replied [...]: 'C'est aussi qu'il ne laisse jamais le mot dépasser l'émotion, la pensée; sa phrase les revêt étroitement & sans aucun effet de draperie.'"
DIALOGUE. LLG, 96. 1er avr. 1942. "Je crois que c'est dans le dial. que le caractère se révèle. Donc! ne mettre dans les bouches que des mots révélateurs, dût le public te traiter de singe, d'imitateur, de parasite, de Fregoli & autres injures qui m'enrageaient jadis & me font sourire quand je pense à la mort & à l'enfer. [...] étudie les caractères humains dans le zodiaque élémentaire des almanachs & aussi dans la vie de tes élèves & dans leurs parents[...]"
DOTER LA TERRE DES FORMES D'ART NOUVELLES. Corr. I. 124. A Doucet, 17 janv. 1917. "Je pense que doter la terre de formes d'art nlles, c'est bien faire [...]."
ECRIRE AVEC LA POITRINE. AP, 26-27. "De grands esprits pour n'avoir écrit qu'avec la tête, n'ont pas eu la gloire que des médiocres ont eue pour avoir écrit autrement."
EMOTION - VENTRE. LEJ, 54-55. 13 fév. 1937. "Là où il y a la profondeur insondable, je veux dire la parole qui vient des entrailles mêmes de l'homme, il y a la beauté. Ailleurs il n'y a que bibelots d'art. Cette profondeur ne peut venir que de la conviction de l'amour ou de la haine. C'est l'émotion réelle - ah oui réelle! - qui donne la profondeur de l'accent & donc la beauté. Profite donc de ce que tu es amoureux pour écrire. Oui, cette fois ça y est, c'est de la poésie."
L'EMOTION EST LE TOUT DE L'ART. "c'en est l'Alpha & l'Oméga [...]. L'émotion!!! en ces temps de coquetteries exquises!!!" L.-Préf. à l'expo. J. Colle à la Galerie Carmine. Paris, 1er-15 mai. LJColle, 9; LMM, 131. 29 juin 1943. "L'émotion est le tout des oeuvres."
ENFANT, L'HOMME, L'ARTISTE. J. Maritain cite M.J. RB, 74, in Art & Scolastique. Desclée de Brouwer, 1965. 231. "Pour un enfant, un individu est seul dans une espèce; pour un homme, il y entre; pour un artiste, il en sort."
ETRE SOI! LJF, 266. "Gare à la dépersonnalisation par l'influence & par désir de l'inexistante perfection [...]. Quelle perfection? suivre qui, quoi? au nom de quoi? C'est être soi, toi, qui compte... non? Je ne nomme personne. Ton goût seul m'intéresse non pas l'arbitrage."
FAIRE PARLER LES AUTRES. LAL, 47. 2 nov. 1922. "Je ne sais faire parler que les autres hommes."
FIEVRE. LJF, 243. 19 sept. 1935. "Profitons de la fièvre pour écrire des p. & gardons-la toujours de quel nom qu'on le nomme."
FRANCHISE DANS LE STYLE. L. à Charles Vildrac. Nov. 1910. Création V (1974): 14. "Verlaine est le seul poète qui ait écrit comme il faut, c'est-à-dire un peu plus & mieux que Châteaubriant & pas si bien que Rousseau. [...]. La franchise dans le style est la vraie Rareté [..]."
FUIRE LE LIEU COMMUN. DV, 247. 13 nov. 1941. "Que dirais-tu d'un serrurier qui ne saurait pas faire une serrure? Tu es ce serrurier! "[...] la base de l'art d'écrire, c'est la fuite du lieu commun."
LE GENERAL & LE SYNTHETIQUE. LJF, 252. 21 déc. 1935. "[...]je suis comme toi, partisan du général & du synthétique. C'est la théorie des très grands classiques à ne pas confondre avec le chromo du vraisemblable des romanciers de 1880 à 1900. La découverte des types, ça n'est pas chromo & G. Ohnet n'est pas chromo. Même Paul Bourget ne l'est pas toujours. Marcel Proust n'a rien découvert & c'est l'homme des cas par excellence. Il est lui-même un cas...cas..."
HALLUCINATIONS - INSPIRATI0N - CIEL DES IMAGES. PR. 288, n. 194. "Il s'agit de la croyance au voile cosmique contenant toutes les formes existant dans l'univers [...]. M.J. voit confirmée cette croyance dans le fait que ses propres hallucinations recoupent celles d'autres poètes dont il n'avait pas connaissance: il a vu une hyène à la porte du monastère 'ce qui est curieux c'est qu'elle a été dessinée par Cocteau dans cet album [...] que je ne connaissais pas. C'est ainsi que j'ai trouvé dans le théâtre de Cervantès la description d'un démon qui est décrit dans Matorel.' (LUA, 47). Voir Charensol. "Comment écrivez-vous?" NL op. cit. 5 et Comment ils écrivent? Op. cit. Eds. Montaigne, 1932. 107-12. In "Clef des songes." Philosophies 2:5-6 (mars 1925): 573-83. Voir 578, M.J. affirme que la vision n'est pas le produit de la volonté du visionnaire [...] il est une manière de favoriser 'la rencontre de l'esprit avec le Ciel des Images.' Il s'agit d'être 'absorbé par ce qui nous entoure. Le contemplatif est absorbé sans se douter qu'il l'est & conduit à une insensibilité [...] un état anormal entre l'apathie & la souffrance.' Ces visions ne contredisent pas à la méthode poétique de la voyance, de regarder les objets 'comme s'il avaient été fabriqués il y a deux mille ans.'" Voir «La Clef des songes.» 580.(L. à Leiris. 21 sept. 1922. Corr. II. 123); LML.
HOMME DE LETTRES. PR, 531. L. inéd. au Dr. Szigeti. "Ecris sur la guerre étant dans la guerre, ainsi tu intéresseras après la guerre." Et c'est 'en médecin' qu'il doit écrire non en 'homme de lettres', car la seule manière d'être excellent homme de lettres c'est de l'être le moins possible. (exemple Pascal, Montaigne, le cardinal Retz, Rabelais, Saint-Simon & tutti quanti)."
IMAGE NEUVE. MJ/JC, 81. St.-B. 1 mai 1922. «Une image neuve est une image inventée en réalité [...] le travail de l’esprit [...] métamorphose les choses & les gens & c’est cela la poésie. - Il ne suffit pas de prendre ses comparaisons dans les gares ou au Racing Club pour faire des images neuves, on fait ainsi tout au plus des comparaisons neuves non des images. Images: imaginer: forger des imaginations!»
INSPIRATION POETIQUE: SEPARATION DE DIEU. PR. 675-76. "Alors que 'l'état de grâce est un état de certitude qui donne envie de jouir de Dieu pas d'en parler' (D, 175), la parole poétique se nourrit du déchirement intérieur, de la séparation d'avec Dieu.
'J'ai séché jusqu'à l'os, j'ai lavé ma vaisselle/ j'ai passé mon orgueil sous des roues d'autobus/ & je n'aurai pas pu l'atteindre par ma mort car ma mort même à Dieu n'aura livré mon âme.'" Act. Et.
INTELLIGENCE. LMM, 136. Oct. 1943. "L'intelligence est la faculté de recul par l'examen - la faculté de placer les idées dans le cadre des autres idées, & surtout de descendre les idées sur la terre, ou dans les enfers, de donner le coup de pied au cul des idées ou de les embrasser. [...]. L'intelligence est la faculté de concrétiser l'abstrait & d'abstraire le concret & surtout la fac. de ne pas perdre pied."
LE LYRISME. LFF, 28. 10 oct. 1918. "Le lyrisme est le son produit par l'instinct d'une âme musicienne quand la pensée l'ébranle & qu'elle ne l'exprime pas."
MAXIMES. AP, éd. L'élocoquent, 1987. 7. "Les grands hommes vivent les grandes maximes. Les petits les écrivent."
MAXIMES POUR MARCEL. Août, 1937. Max Jacob Quarante ans déjà. No spéc. No 85, s.p. "Il faut acquérir le coeur & ne pas se complaire dans la raide brutalité intelligente. Etudier les anciens est bon - pour apprendre à ne pas faire... ce qui a déjà été fait. Musicalité propre: par exemple répéter un air & y mettre des paroles, ainsi aura-t-il des rythmes non utilisés... Y A-T-IL UNE POESIE SANS DESESPOIR? no. 86. 1. "La poésie ne vit que de sentiments; elle n'a pas d'autre but & un poème développe un sentiment.» 2. «Ce qu'on appelle inspiration est le fait d'être possédé d'un sentiment. Le bon style & l'expression différencie un p. d'une romance.» 3. «Songe que les créations de Balzac & de Molière sont des étiquettes derrière lesquelles il y a le creux & apprends ainsi à apprécier le travail des maîtres!» 4. «En peinture le dessin est ‘amour’: y a-t-il quelque chose de tel en littérature?» [16 maximes].
LA METAPHORE. PR, 147-48. "Le magicien joue sur 'l'attirance des semblables', tout comme le regard du poète décèle la parenté secrète de réalités étrangères & les met en lumière par la métaphore."
METTRE EN CAVE. Corr. T. I. 126. A Doucet, 17 janv. 1917. "[...] un événement récent ne peut inspirer un poète parce que les événements habitent longtemps en lui & avant qu'ils aient assez travaillé en matière animale pour en sortir, il faut du temps,[...] le temps d'assimiler les coordonnées, de s'accrocher à son passé, à tout ce qui dort d'images en lui"; PR. 135.
«METTRE EN MOUVEMENT L’AME DU LECTEUR, par une parole qui le déconcerte & le bouscule ou par une parole qui chante & qui l’entraîne.» André Guyon. «M.J. à la confluence.» Intr. Coll. de Quimper. 25.
LE MONOLOGUE NE VA QU'EN LA POESIE. LMM, 133. 29 juill. 1943. "Ton devoir [en écrivant un article] pour faire du bien est de te mettre à la hauteur basse du lecteur. Le monologue ne va qu'à la poésie."
LA MUSIQUE DU VOCABULAIRE. D. Nlle éd. 36. L. 1941. "Je crois que l'on doit se laisser asservir par les fantômes délicieux du rythme, de la musique, du vocabulaire: je crois que là est la poésie..."
LE NATUREL DOIT ETRE REFAIT. PR, 528. Inéd. au Dr. Szigeti. "[...] tout naturel doit être refait, éloigné de soi, recrée, ou tout au moins très surveillé."
NE PAS ANALYSER. D. nlle éd. 41. "N'analyse pas, fais vivre les résultats de tes analyses."
NE M'IMITEZ PAS! Ibid. 39. "Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais puisque je l'ai déjà fait."
NOMMER C'EST CREER. LML, 60. 28 juin 1937. «nommer c'est créer» écrit-il à Levanti, «en s'appuyant sur l'enseignement de la Kabbale»; PR, 147.
L'OEUVRE D'ART EST UN ILOT. LMM, 111. 14 août 1942. "[...] une oeuvre d'art est un îlot sur l'Océan ou bien elle n'a pas de grandeur."
L'OEUVRE SE RESSENT DE TOUT LES HABITS QU'A PORTE L'AUTEUR. LFF, 38. 19 déc. 1918. "Il y avait un précieux dans le passé de Racine, un peintre dans Tolstoï, un fantastique dans Dostoïewski."
LES OEUVRES D'ART SE FONT AVEC L'ESPRIT, LE SANG, LES LARMES. LTB, 80. "C'est avec l'esprit, le sang, les larmes, la terre qu'on fait des oeuvres d'art"; voir la suite de cette pensée in Aguedal no. spéc. (1939): 138 à Paul Petit: "car la vraie poésie est fait avec du sang & non avec du vernis pour les ongles"; PR. 511.
ORIGINALITE. LMM, 136. Oct. 1943. "Il faudrait être érudit, mais ne pas connaître la littérature... tout de même... savoir sans être influencé."
PAUVRETE, DESESPOIR MENENT A LA BEAUTE. Ibid, 105. 7 mars 1942. "Tu écris dans la pauvreté & le désespoir. J'ai idée que ce sont les meilleures conditions pour la beauté."
PENSEE EGALE INVENTION. Palacio. "M.J. & Apollinaire: doc. inédits." Op. cit. 471. "L'idée artistique n'est pas l'idée philosophique. Exemple d'idée artistique: mettre du papier collé sur les tableaux cubistes... Idée dans un p. d'Apollinaire d'avoir figuré les mannequins d'un magasin de confection comme des guillotinés." L. à Alain Messiaen, 7 août 1933. Cité in LMM, n. 2, p. 154; LMM, 121. "[...] les pensées en littérature, sont les inventions littéraires & non la métaphysique: l'intelligence littéraire, n'a rien à voir avec les autres intelligences, lesquelles sont sous-entendues, pour donner de 'l'aura' aux oeuvres gratuites."
PENSER CLAIREMENT. LMM, 133. 29 juill. 1943. "On peut toujours dire clairement ce qu'on pense clairement."
PLONGEON DANS LE PASSE. Corr. I. 135. A Doucet. 6 fév.1917. "De-ci, de-là, on est amené à retoucher, & puis on se complaît ou on se déplaît à se relire. On retrouve tout un passé: la jeunesse, les regrets de la campagne. J'étais dans telle situation quand j'ai fait ceci: ça donne envie de travailler, de revoir les figures qu'on a connues & toutes les vies qu'on a vécues, quelquefois aussi de pleurer"; DT, 35.
POEME EN PROSE. A. Beucler. Op. cit. 150. "Un poème en prose! L'accouplement de ces deux mots produit sur moi l'effet d'autres expressions, par exemple: l'air liquide."
POEME - ORFEVRERIE. LEJ, 31-32. L. de 1935. "Un poème est une orfèvrerie: la passion n'est pas le but, elle est un moyen! plus elle est contenue, plus elle anime [...]. Le désordre ne signifie que le désordre."
LA POESIE EST UN SENTIMENT. LCHG, 73. QUIMPER, 21 fév. 1930. "La poésie ne peut plus s'accommoder du mélange de l'ironie & du sentiment. C'est fini! C'était bon dans la mauvaise époque qui fut aussi la mienne. La poésie est un sentiment; plus il est sérieux & grave & profond, plus elle sera belle. La plus belle poésie serait la romance si la romance était écrite & faite d'images neuves & vraies."
POESIE - SOUFFRANCE. "Les enfants de la Poésie sont ceux du malheur." LPM, 64. Rue Nollet, 17 mars 1931.
LA POESIE UN CHANT SANS THESE. LMJ, 107. 2 juin [1924]. "Quel Dieu donnera à ce cher Leiris le coup de pioche au ventre qui videra ce qu'il contient. [...] je l'ai aiguillé vers la poésie telle que je la croyais belle: un chant sans thèse, il n'a vu que 'sans thèse', car il n'avait pas de chant en lui."
LE POETE EST UN ACTEUR. Corr. II. 232. A Leiris. 1er nov. 1923. "Un poète est un acteur convaincu" LMLE; Cadou. Esth. Op. cit. 27. "Talma entrant dans la chambre mortuaire de sa mère poussa un cri puis dit: 'Oh que ne puis-je retenir ce cri-là: Comme c'était bien!'"
LES POETES TRAVAILLENT POUR EUX-MEMES. LMM, 106. 7 mars 1942. "[...] les poètes véritables ont toujours travaillé pour eux-mêmes."
POING FERME. LTB, 45. A Moricand. 27 août 1933. "Une oeuvre d'art est un poing fermé ou n'est pas."
PROCEDES. LLG, 78. 18 déc. 1941. "Les procédés ne donnent pas la beauté évidemment mais ils y contribuent quand ils sont maniés dans l'état dit poétique. C'est comme une peinture. Il faut savoir... ni la naïveté sans art, ni l'art sans naïveté! V. Hugo est plein de procédés & les grands peintres aussi. En principe lutte contre la froideur, la description & le ton du récit. Je ne vois pas en quoi l'augmentation du vocabulaire est un procédé ou l'abondance des formes syntaxiques. [...]. Et surtout chante davantage!"
LE QUOTIDIEN INTERESSE. LPM, 91. Rue Nollet, 22 avr. 1933. "Cela seul qui intéresse est l'humain, le quotidien même, ou en tous cas les sentiments non les idées."
REFUS DE SYSTEME. PR, 109. "La poétique jacobienne, dans la théorie comme dans la pratique, affirme avant tout le refus de tout système & proclame par là-même la liberté totale du créateur."
RELIEF. LCHG, 73-74. 21 fév. 1930. "Cocteau disait qu'Apollinaire avait une grosse goutte de gloire au bout de la plume. [...]. Comment acquérir le relief? [...]. Il faut penser son poème longuement ou sa strophe, ou son vers. Il faut 'porter' longuement avant d'écrire. Et, pour éviter que cette grossesse ne donne l'effet contraire, c'est-à-dire trop d'escargot individuel & d'obscurité, choisis des mots gros & voyants faisant image forte."
RENDRE AUX MOTS LEUR SENS PRIMITIF. D. Nlle éd., 27. "Rendez, rendons aux mots leur sens primitif & nous écrirons mieux que les parnassiens."
REPONSE. LTB, 123. A Moricand. "sa fameuse théorie de la réponse des oeuvres [celle de Paul Petit] est bien la recherche du sens caché [...]."
ROMAN. VIVRE AVEC LES PERSONNAGES. LLG, 140. 9 fév. 1943. "On est certes mené par les caractères! En vivant avec les personnages on apprend à les connaître & on rectifie sans cesse leurs conduites, leurs répliques & par conséquent à modifier le plan. La grande affaire est de 'faire vivant.' [...] les considérations critiques de l'auteur devant les personnages sont détestables [...]. Le personnage doit vivre & l'auteur doit se taire. [...]. L'humain commence avec le mystère. C'est ce mystère qui est la grandeur de Dostoïevsky."
RYTHME. LCHG, 75. Ty-Mad Tréboul. Août 30 [1930]. "[...] ne néglige pas le rythme, c'est la grande puissance du vers, compose en chantant sur un air, peu importe lequel. L'image est moins puissante que le rythme, l'image s'adresse à l'oeil qui n'est rien en poésie, le rythme va directement au coeur, la romance c'est la poésie même! Ce qui nous la fait mépriser, c'est son manque de style & ses clichés, mais pourquoi ne pas 'écrire' la Belle Romance [...]."
SINCERITE. LFF, 37. 19 déc. 1918. "Il faut dire enfin son fait à la sincérité. Cela n'a jamais existé & ne peut exister. Ce que l'on prend, pour tel, c'est la force, c'est la nécessité du masque de la sincérité. Voilà le secret des grands prêtres de l'Art. Il faut avoir l'air sincère, c'est un but à atteindre."
STYLE CLASSIQUE & L'ESPRIT NOVATEUR. D. Nlle éd., 27-28. "Ayez le style classique & l'esprit novateur!"
STYLE CRITIQUE. G. Duhamel. Le Temps de la Recherche. Gallimard, 1947. 141. "Notre ami M.J. est venu passer quelques jours & je lui lis des poèmes; c'est sans doute une preuve de confiance & plus encore peut-être une preuve de jeunesse. Max écoute, jette un regard sur le papier & dit, presque incidemment, cette phrase que je citerai souvent, car elle est très intelligente: 'Attention! Voilà deux vers de style critique.'"
SYMBOLES. Plantier. MJ, op. cit. 29. "Et qui de vous ou de moi voulez-vous étonner par les symboles? ils se greffent sur votre pensée, ils l'empèsent: parlez simplement." [Inéd. Gompel].
SYNTAXE. LEJ, 37. [1935]. "[...] fais des phrases en vrai, c'est dans la syntaxe que se révèle l'individu. Si tu n'as pas de 'forme' de phrases dans la tête, prend-en dans Shakespeare ou bien là où il y en a: dial. d'Aristophane. La phrase en dial. masqués a de la vivacité & c'est des phrases. Le mot est beaucoup, la phrase porte l'émotion."
LE TALENT - UN EXCES DE BON SENS. A R. Lacôte. "Douze lettres..." Op. cit. PR, 507. "Le talent n'est qu'un excès de bon sens & de l'intelligence avec le don d'exprimer cet excès".
TO WRITE BETTER. Roger Shattuck. The Banquet Years. N.Y.: Doubleday, 1961. 356; Vintage Books. A Division of Random House. Revised ed. 1999, 356. "The new review Littérature conducted a well-remembered symposium in 1919 on the subject: Why do you write? The question caught every writer, without exception, trying to be wittily destructive of his profession. Jacob: 'In order to write better.'"
TRAVAIL SUR SOI-MEME. LEJ, 56. Quimper, 8 mars 1937. "Le seul travail qui compte est le travail sur SOI MEME: établir avec fidélité un carnet de corr. entre soi & l'objet extérieur (ou les gens) ah! voilà le vrai chaud travail. Tout travail qui n'est pas cela ou le résultat de cela est nul et non avenu. Temps perdu."
TRAVAILLER TOUT LE TEMPS. LLG, 78. 18 déc. 1941. "Bouhier n'a pas tort quand il dit qu'il ne faut pas travailler. C'est à dire qu'il faut travailler tout le temps, retenir les gestes, les regards, généraliser les situations, les transplanter dans les lois de la nature, se faire une expérience humaine, étudier l'histoire au point de vue des sit. humaines"; PR, 509.
TROUVER LE MOT PROPRE. LPM, 94. 24 juill. 1933. "Trouve le mot propre, le mot trop propre, le mot excessivement propre. Et sans autres prétentions. Ainsi atteindras-tu la vérité artistique, la vraie & seule vérité sans souci ni rimbaldien, ni classique. Ordonne ton esprit dans la composition. Et c'est là tout. Sois humain, surtout humain."
UN HOMME NOUVEAU. D, nlle éd. 28. "Devenir un homme nouv. c'est résister aux courants modernes. Pour devenir un homme neuf, il faut se placer devant la vie avec un coeur d'enfant [...]."
VERITE PERSONNELLE. PJ, 401. A Jacques Nielloux, 3 fév. 1936. "Saignez davantage, descendez en vous-même & sachez que votre vérité personnelle est inscrite sur vos entrailles & non sur le ciel.- Auscultez-vous devant la terre & n'ayez pas peur de vous-même. Un poète est le centre de l'univers & il a la responsabilité du cosmos tout entier."
ASTROLOGIE
ADHESION AUX VIEILLES TRAD. ASTROLOGIQUES. Préf. de M.J. 7. Paul Dermée. Cirque du Zodiaque. Cah. du Journal des Poètes. 1937. "Il fallait les découvertes du XXe siècle sur l'illimité de la matière pour amener l'adhésion aux vieilles traditions astrologiques. Si toute matière irradie, que dire des planètes? Si toute irradiation se chiffre ou se rythme, que dire des rythmes d'irradiations astrales? [...]. Les antiques astrologues qui ont expérimenté l'effet des irradiations astrales sur le moral & le physique humains nous ont légué une science d'observation toute constituée."
A LA PREM. RENCONTRE AVEC BEUCLAIR. op. cit. 143. "Vous êtes poisson du prem. décan, n'est-ce pas? Oui? Bon. Je ne m'étais pas trompé. Donc esprit de sacrifice, intuitions justes mais cruelles, obligation de ne compter que sur soi, les meilleures dispositions pour être un incompris [...]."
ARTICLE D'ASTROLOGIE ZODIACALE. Nov. ou déc. 1936. LRV, 94. "J'avais un article d'astrologie zodiacale dans un journal de modes. [...]. J'ai envie de demander à une des revues si riches de médecins de me prendre quelque chose sur la symbolique du corps humain & des animaux."
ASTRA INCLINANT SED NON DETERMINANT. Préf. de M.J. Conrad Moricand. Les Interprètes. Essai de classement psychologique d'après les correspondances planétaires. Sirène, 1919. VM, 61. "En 1920, reprenant la doctrine de St. Thomas, 'Astra inclinant sed non determinant', il a écrit dans la préf. des Interprètes de son ami, l’astrologue Conrad Moricand :‘A quelque tentation qu'un astre nous expose, l'âme a les mêmes droits & les mêmes devoirs. L'astrologie ne supprime pas les tribunaux ; elle pourrait les éclairer"; LRR, 98. n. 4.
ASTROLOGIE N'EST PAS PROPHETIE. LJF, 253. Quimper, 27 déc. 1935. "Astrologie... cela dépendrait de ce qu'on me demanderait... Psychologie... prophétie d'événements j'en suis incapable"; voir ce qu'il disait à F. Fels. Voilà. Fayard, 1957. 76. "L'astrologie n'est pas une manière empirique de prophétiser. C'est un moyen d'investigation qui se vérifie en dévoilant, grâce aux nombres, le destin des hommes dans le passé aussi bien que dans les champs inexplorés de l'avenir."
ASTR. & INTERPRETATIONS SYMBOLIQUES. LRV, 29. Roscoff-Clos Marie, 13 août [1924]. "Je me suis occupé d'astr. après les années 1900 & d'interprétations symboliques surtout vers 1909 après ou avant la première apparition." 32, n. 14. "M.J. eut une vocation plus précoce pour l'astrologie." Voir ‘deux prédictions à R. Villard & Hippolyte Piouffle du temps où ils étaient lycéens.’ Ibid. 117-19.
CARACTEROLOGIE ASTROLOGIQUE. LRR, 97, n.2. Envoi à Picasso du SJ. "J'ai voulu appliquer pour la première fois mes connaissances astrologiques à la construction des caractères. Chacun de mes héros représente une planète." Coll. Sicklès; voir à propos du Cinématoma in Le Terrain Bouchaballe, comédie. Op. cit. 20-21; Emié. D, 58. "Le lexique de mes personnages appartient à des dossiers multiples & secrets"; F. Garnier. "M.J. & le théâtre." Europe no. spéc. 40. [A propos du SJ]. "M.J. s'était astreint à la collecte des idées, des sentiments, des vocabulaires, en fonction des types astrologiques de leurs sujets. Il classait les l. qu'il recevait d'après la date de naissance de leur auteur. Des constantes de pensée & d'expressions s'inscrivaient dans les épais dossiers. Il y avait là une source de types humains & des styles qui leur conviennent. Quiconque a connu M.J. a pu voir, jusque sur les murs de sa chambre, en hautes colonnes d'une écriture serrée, des adj., des substantifs, des verbes qui correspondent [...] aux mots qu'emploient de préférence certains êtres, en vertu du signe sous lequel ils sont nés. En classsant des l. reçues, il fit le dict. de chaque signe astrologique.- "Environ 36 dossiers & 36 caractères, tout près à être mis en oeuvre." 41. En parlant d'Isabelle & Pantalon, Garnier écrit: Cette technique [astrologique] mise au service du réalisme psychologique se retrouvera dans la construction & le style de l'opéra-bouffe; voir "Suite de la l. de A.J.J. Colligo au Dr. A. Ségal" qui cite Garnier. "Bibliophile Rémois 14 (avr. 1989): 11; l’envoi à Picasso in Maria Green avec la collaboration de Christine Van Rogger Andreucci. Bibliographie de M.J. PUP, 2001. 138.
DATE DE NAISSANCE. LML, 36. A Denoël, St.-B., 7 déc. 1936. "Ton Michel Levanti m'est très sympathique. Sache-moi sa date de naissance."
DEMANDER AU PERE F... SA DATE DE NAISSANCE? Blanchet. La Litt. et le Spirituel. Op. cit. 45. Note du journal de M.J. lors de sa conversion. "Oserai-je demander au Père F... en quel mois il est né, pour faire son horoscope; j'imagine la scène... On verra." N. 27 d'A.B. "Il s'agit du Père Ferrand que le père Schafner lui avait donné comme catéchiste."
"DERAIN EST DE LA 3E DECADE DES GEMEAUX, entre Rembrandt & Radiguet, Pascal & Sade sont aussi de la même maison. Derain: nous sommes des chercheurs de secrets." F. Fels. Voilà. Fayard, 1957. 41.??
DONNEZ-MOI VOTRE DATE DE NAISSANCE! Envoi à Roger Toulouse du Cinématoma souvent cité. Pfau. Op. cit. 244, n. 52; Rousselot. Max Jacob au sérieux. Op. cit. 155. "[...] m'étant persuadé que chacun des mots que nous employons révèle notre caractère, je fis une coll. en 12 dossiers du vocabulaire des humains: je conservai les l. des gens dont je connaissais la naissance; alors commença un travail géant qui consistait à ne mettre dans la bouche d'un personnage que les mots du dossier qui lui revenait. Voici le résultat de ce labeur! Là-dessus, on a déclaré que j'avais un don de mimétisme, de singe & d'acteur. Cette opinion, entre autre mépris, est la cause de mon silence actuel"; Pfau, op. cit. 179-86. Malgré son système astr., ses personnages ne sont ni rigides, ni schématiques, même les 36 types de femmes dans le MA, probablement car il ne les a pas transposées littéralement de ses coll. de vocabulaire créées, mais il a ajouté ce qu'il a observé d'une manière directe. [Résumé M.G.].
LE FILET DES IRRADIATIONS EST UN UNIVERS. Préf. de M.J. Moricand. Interprètes. Sirène, 1919. "Le filet des irradiations est un univers: les fils changent à tous les instants; l'univers aussi; les animaux nés dans des mondes diff. sont diff. Les dessins du filet sont innombrables comme ceux des caractères humains. Cependant les astronomes séculaires ont remarqué la disposition identique de certains astres à certaines époques, & les astrologues, des identités correspondantes dans le moral des terrestres. De là un cat. des types, même une science des caractères."
«IL Y A M.J., LE THAUMATURGE qui, familier avec les astres, s'efforce d'acclimater leurs signes fatidiques aux destinées qui lui sont chères." Henri Hertz. «M.J. en dix minutes.» Esprit nouv. 8 (mai 1921): 878.
"J'AI TOUJOURS EU LA CONVICTION QU'IL N'Y A D'AUTRES VERITES DES CARACTERES HUMAINS QUE LES VERITES ASTR." Envoi à Bonet sur C en 1943. Cat. Op. cit.; R. Lannes. «M.J.» Arts. Op. cit. 3; MJ & P op. cit. 167, n. 94. "Je me mis donc à classer les l. que je reçois, chacune dans un dossier propre, & je me fis ainsi le dictionnaire de chaque signe astrologique"; Garreau. Op. cit. 113.
"JE NE VEUX PAS QUE MES HOROSCOPES AIENT UNE INFL. QUELCONQUE SUR LA VIE DE MES AMIS." LBEG, 30. 28 mai 33.
JE PRENDS DES NOTES DANS TON MOIS ZODIAQUE. LTB, 49. A Briant. 30 nov. 1936. "Gide est nettement un Sagittaire. Tu fais erreur pour Musset qui est du 11 déc. & en a le physique, l'esprit, la chasteté & la débauche. Tu n'as pas cité Giraudoux du 29 oct. ni Keats du 30."
POUR LE PORTR. MORAL LE MOIS DE LA NAISSANCE INDISPENSABLE. LAL, 74. 31 janv. 1924. "Que Pruna vienne![...] Pour le sculpteur [Fenosa] quelques photos me suffiront si Pruna m'apporte le mois de la naissance du sculpteur & d'ailleurs aussi la sienne propre. [...] je me demande comment font les autres critiques d'art qui ne s'y connaissent pas en astres. Ils se trompent & trompent le public."
LA PREM. & LA SECONDE QUESTION. Collier. "M.J. Astrologue." Cah. d'Hist. & de Folklore (oct. 1955): 6. "La prem. question qu'il pose au visiteur: 'Etes-vous croyant?'; la seconde: 'Quelle est votre date de naissance?' [Il trace] dans les rides de sa main, le courbe de son existence, à dresser transits & horoscopes qu'il enfouit dans un énorme dossier où se trouvent côte à côte [...] Goethe & un pauvre petit commis orléanais, Shakespeare & le boucher du village." 10. "[Ses lettres envoyées de St.-B] indiquent que, loin d'être ce diseur de bonne aventure qu'il a dû apparaître aux compagnons de la Butte, M.J. était un des occultistes les mieux enseignés de l'époque"; Intr. LTB.
PSYCHOLOGIE NOUVELLE. APR, op. cit. Postface. "Il prétend avoir trouvé une psych. nlle basée sur l'astrologie."
TRAVAUX D'ASTR. POUR VIVRE. LJF. Quimper, [prem. semaine de déc.] 1935. 247. "Elle devrait m'aider un peu."
"VISITA A M.J." Lionelleo Fiumi. Gazzetta del Populo [Turin] (16 mars 1932). "In che mese siete nato? In aprile? Oh bel mese, voi dovete amare molto i viaggi. Si? Amate molto i viaggi. Si? Non stupite, amico mio, l'astrologia è una cosa seria, assai piu seria di quanto non si creda. Aspettate, vi diró di più..."
AUTOPORTRAITS.
"AUJOURD'HUI AU MOINS LEVE-TOI & regarde ce salmigondis de folies qui constitue ton existence ivre, livresque, sensuelle & orgueilleuse. Et demande-toi ce que cela constitue au point de vue de la vie." Hasquenoph. Op. cit. 148.
AUTOBIOGR. Dictionnaire biogr. des artistes contemporains. Edouard-Joseph, t. II. 1931. Dern. par.: "Me voici à Paris, appelé 'Maître' par les uns, 'imbécile' par les autres. Je ne suis ni ceci ni cela, je suis un homme laborieux, pas aussi saint qu'on le dit, pas aussi dépravé qu'on le croit"; Cat. Gal. de la Poste. Op. cit. 16.
AUTOBIOGR. TYPIQUEMENT JACOBIENNE. Soffici. "M.J." Lacerba 12 (15 juin 1913): 126; Letterari. Florence: Vallecchi, 1919. 126-27. "M. M.J. est né aux environs de 1880 [...]. Après une enfance maladive, il s'évada du foyer paternel & fit le tour du monde comme mousse avant d'avoir fini ses études au collège. Quand elles furent terminées, la nostalgie de la mer le fit s'engager dans la marine de l'état. Ses contes & les chansons qu'il improvisait le soir pour l'équipage le firent remarquer d'un amiral [...]."
AUTODENIGREMENT. Abbé Morel. Homélie, 12 juill. 1976 à Quimper. D. Gompel. "La Commémoration du Centenaire de M.J." M.J. 3. RLM. 170. "Les descriptions qu'il offrait de son être physique ou moral étaient plus impitoyables que des fiches de police..."
---. «Ma nature est poreuse & emboîtable.» «Choix d’une vie.» DT, 209.
AUTODESTRUCTION. LRV, 12. Intr. "[...] l'autodestruction sous la forme d'une bouffonnerie qui fit douter du sérieux de l'oeuvre, du sérieux de la conversion & du sérieux même de l'homme, le pas est aisément franchi"; l. Quimper, 5 sept. 1929. 34. "Je suis émerveillé du talent de mes contemporains & à jamais écrasé. Chouette!"
AUTOPORTR. DANS Filibuth, 219 & suiv.; A. Blanchet. «La Conversion de M.J.» La Litt. & le Spirituel. Op. cit. 66, "En somme, mon entrée au presbytère fut une entrée de clown! [...] ma mine est plutôt celle d'une exhumation de la Terre parnassienne ou montparnassienne [...]. Donc, dans cette chaumière de Trianon le Presbytère, imaginez mon arrivée, l'arrivée de mes brusques activités inattendues! Imaginez dans ce Paradis de la discrétion, mes excès de langue, mes méchancetés involontaires, ou non, mes inerties amères [...]. 221. Jusqu'ici, personne n'a eu l'air de se formaliser de la barbarie de mon culte, l'orage de mes larmes, l'épanouissement de mes remords & repentirs avec gestes en excédent [...]. Il n'y a que les enfants de choeur pour s'en moquer, mais je vous promets qu'ils ne s'en privent pas."
AUTOPORTR. DANS SM. U. Pfau. "Portr. de l'artiste en dévot." Op. cit. 24-25. "Pauvre garçon! il était pourtant de bonne santé il y a trois ans: un petit homme mal chaussé! les passants des rues se moquaient de lui; un chef de rayon le traita un jour de grotesque. Sous l'uniforme il était moins ridicule"; SM, 16.
AUTOPORTR. PEJORATIF. J. de Palacio. "Liminaire." 3. M.J. 3. RLM. "[...] constante tentation de l'autoportr. péjoratif que cherche à cerner U. Pfau, où la figure centrale du dévot se situe à égale distance du clown [...] & du démon, la figure de Tartufe était évidemment appelé à jouer un rôle de prem. plan; mais elle n’est pas seule à tenir la scène puisque, de SM à F & à HCH (1924), l'auteur relève de bien curieuses constantes autobiographiques, dont les traits dominants sont le dédoublement de la personnalité & le recours au grotesque."
AUTOPORTR. SOUS LES TRAITS DE MAX LELONG. HCH, 169. "Oui, je t'aime, Maxime, parce que tu es timide, craintif, réservé, docile & respectueux! Je t'aime parce que tu as plus de confiance dans les autres qu'en toi-même parce que tu doutes de toi-même & que tu t'étonnes de tes moindres succès, parce que tu n'as eu de chance ni par ta famille, bien qu'elle t'aît élevé à Stanislas, ni par ta femme; je t'aime parce que tu es philosophe dans le vieux sens populaire de ce mot & dans le sens savant. Je t'aime parce que tu es faible & que je voudrais te protéger. Tu dis bien un peu de mal de ton prochain, mais qui n'en dit pas? tu bois peut-être plus qu'il n'est raisonnable, mais qui te blâmerait de te consoler de tes chagrins ou de ranimer tes forces? Tu es bien orgueilleux dans ton humilité aussi, mais ton esprit est poétique, contemplatif & attiré vers le ciel & la perfection; tu es bien railleur, à l'occasion même caustique, mais qui résiste à cette tentation: montrer son esprit?"
BAVARD. "Mon ange a plaidé: charité/ Douleur toujours fidélité/ Les diables disent carapace/ Luxurieux, meurtrier méchant,/ Orgueilleux, bavard chez les gens." HC, 109.
BIOGR. ENVOYEE A BEUCLER se termine ainsi: "A pris une part de prem. rang à tous les nouv. mouvements d'art de son temps." Op. cit. 151.
BIOGR. PROPOSEE A KAHNWEILER pour le prospectus de SM. "M.J. par M.J." Cat. Gal. de la Poste, op. cit. 13. "Né sur les confins de la Bretagne, au bord de l'océan, M. M.J. a été marin pendant cinq ans, & les expéditions qu'il a suivies l'ont mené en Orient & en Australie [...]."
COMMENT ILS ECRIVENT? G. Charensol. Op. cit. Eds. Montaigne, 107-12 & "Comment écrivez-vous?" NL 5. "Autrefois, avant mon accident d'auto, quand je pouvais marcher facilement, je suivais le trottoir depuis la Place de la Nation jusqu'à la cascade du bois de Boulogne. J'avais un carnet de blanchisseuse sur lequel j'écrivais le roman ou la nouvelle que j'étais en train de faire. Les idées que j'avais trouvées ainsi me semblaient sacrées & je n'y changeais pas une virgule. Je crois que la prose qui vient directement de la méditation est une prose qui a la forme du cerveau & à laquelle il est défendu de toucher."
"CONFESSION PUBLIQUE OU CARICATURE DE M.J. PAR LUI-MEME. Prem. publ. Renaissance 4:12 (déc. 1931): 331-33; Réalités Secrètes XXVII (sept. 1966): s.p.; Cah. de Saint-Martin 12 (été 1955): 4-5. Incipit. "Alors vous l'avez connu à dix-neuf ans?" Cette confession dépeint M.J. de la rue Gabrielle. "Le monde des Beaux-Arts & la vie en commun m'ont guéri de la suffisance philosophique, & de mes instincts dominateurs & bavards mais pas tellement guéri. Il y a encore des gens pour me juger dogmatique, absolu [...]. Les jeunes me croient raisonnable [...] les autres me trouvent un enfant, un vieil enfant un peu mou. Ailleurs on me prend pour un monsieur très bien, assez instruit. Ailleurs pour un monsieur qui conte des anecdotes à table & qui a des prétentions grotesques aux élégances. Un prêtre cath. me dit: 'Pas d'horoscopes, hein! laissez le spiritisme, l'occultisme, la mysticité.'" [Il y a quelques changements de style quand ce texte a été repris dans plus. Revues].
DENIGREMENT. Pfau. Op. cit. 199. [Trad. Maria Green]. "Il se voit grotesque, insignifiant. Les raisons: 1. son extérieur. 2. ses rapports malheureux avec ses parents. 3. L'animosité contre les Juifs. 4. sa tendance homosexuelle qu'il a sublimée dans ses rapports avec ses amis, mais ce qui a mené à une dépendance unilatérale."
DEVALORISATION. Andreucci. Qui (ne) connaît (pas) M.J.? No. spéc. 39. "Honteux de son corps, hanté par le péché, par sa faute, M.J. donne de lui les images les plus dévalorisantes "homme perdu au milieu des arbres/ d'apparence joyeuse avec mille petits cris de rat."
DIEU ME PROTEGE. "Je cherche un coin pour la paix, personne ne veut de moi. Je suis sans foyer, sans ressources régulières, [...] réussissant à vivre à force de miracles de Dieu qui me protège malgré mes fautes dont quelques-unes ont été graves." LBEG, 34-35. 30 déc. 1935.
DIEU SERA DUPE. "Pauvre cher Seigneur? Demain matin, je me roulerai à ses pieds, & il sera encore une fois dupe!" Cité maintes fois. Chanoine Weill. "Les Ascensions de M.J." Les Doc. Du Val d'Or. No. spéc. 18; voir L. Hatton. "La 'liturgie' de M.J." Ibid. 31. "Parfois on l'entend prier à haute voix. Il se frappe la poitrine. 'Pardonnez-moi Seigneur, je suis le bon larron...' Il pleure, il sanglotte..."
"L'EGLISE LE MATIN, & LA BOMBE LE SOIR!" F. 268. éd. 1994. 269. Pfau le cite in "Portr. de l'artiste en dévot." Op. cit. 10. "Qui fait l'ange, fait la bête." (Paraphrase de Pascal par M.J.).
ETERNULLITE. PJ, 385. A H. Hertz, début juill. 1934. "on me pardonne mon éternullité."
"EXAMEN DE CONSCIENCE." "Et moi sur cette chaise/ un ver coupé en deux qui biaise..."
"EXAMEN DE CONSCIENCE FAIT SUR L'HUMILITE." DT, 151. "L'habitude de me plaindre de mes amis ne va pas sans orgueil, parce que je pense que c'est une manière d'affirmer que je suis digne d'un meilleur traitement; [...]. J'ai secouru un tel, j'ai vécu avec lui! nous n'avions qu'une même pensée! or ceci est pour que l'éclat de sa gloire rejaillisse sur moi."
LA FORTUNE M'AURAIT RUINE. A Moremans, 21 déc. 1924. Op. cit. 40. "Dieu sait bien ce que nous sommes & ce que nous méritons. Quant à moi, il m'a donné juste ce bout de notoriété que je méritais, de quoi vivoter comme j'en ai le goût, il savait bien qu'avec de la fortune, j'aurais été grisé, affolé, paresseux & raté."
"GOURMAND, SUSCEPTIBLE, ORGUEILLEUX..." P. Paret. "M.J. insaisissable." Sud-Ouest (28 mars 1982).
"L'HOMME EST A LUI-MEME SA 'TOUR DE BABEL'." Canet. "La Bible dans FE." Op. cit. 52. "M.J. reprend en les inversant les images de l'Anc. Test. & les utilise avec une violence hyperbolique pour sa propre dérision: le 'juste' est-il peint 'vêtu de blanc' (Exode XIX-10) "Mon linge n'est que crasse & crasse", écrit-il dans le p. 'Sur la Mort'. Si le 'juste' est comparé à un bel arbre (Psaume CXII-13): 'Le juste fleurit comme un palmier/ Ils sont pleins de sève et verdoyants'), il se compare lui-même à un 'végétal ébranché' par l'enfer. Au symbole de la plénitude, il oppose l'hyperbole dans le néant: 'Plus rien, plus rien en moi/ les ombres du péché qui se régalent/ un grand banquet du néant." ('Nuit').
HUMILITE MALADIVE. DT. Op. cit. 162. "Au point de vue de mon caractère général, il est fâcheux que mon humilité, plus maladive & foncière que vraiment chrétienne, ait été renforcée par un avertissement astrologique auquel je donne malheureusement trop d'importance dans ma vie: '11 juill.: espérances qui ne se réaliseront pas.'"
HUMILITE QUI N'EST PAS GROTESQUE. "Amour du prochain." DP, 151.
"Qui a vu le crapaud traverser la rue?
C'est un tout petit homme: Une poupée n'est pas tellement minuscule [...].
Personne n'a remarqué le crapaud dans la rue.
Jadis, personne ne me remarquait dans la rue, maintenant les enfants se moquent de mon étoile
jaune. Heureux crapaud! tu n'as pas l'étoile jaune!"
INEPTIE GENERALE. LJC, 47. 29 mars, [1926]. "Ne me fais plus de compliments qui ne me font que mieux sentir ma faiblesse, mon ineptie générale, comme littérateur, poète, peintre, chrétien, individu & être social. Ou si tu veux m'en faire, ne parle que de mon coeur [...]" ; MJ/JC, 412.
INSPIRATION. LLG, 93. 13 mars 1942. "Tu parles du RB. Il date d'une époque de grand travail de style, je crois. A part les "Nuits d'hôpital" griffonnées dans la fièvre & pas retouchées à cause du respect que j'ai pour l'inspiration - les jours où elle existe."
J'AI BEAUCOUP DE FACES. A Bonet, 7 déc. 1943. Cat. Op. cit. P. 84. "Non! je n'ai pas donné de tintouin à mon confesseur: je n'ai jamais discuté les dogmes, ni douté à cause du côté 'bon élève, appliqué' qui est en moi & du côté réceptif de ma nature. L'homme n'est pas ‘un’. Il y a des hommes qui sont 'un'. Ce sont les grands caractères bien définis & prêts pour l'Histoire. Moi je suis un faible, j'ai une face critique, analytique, & même comique. Et une autre face ingénue, croyante, recevante, obéissante. J’ai beaucoup d’autres faces: le côté bourbeux, terrestre, gourmand, sensuel, ignoble (plus ignoble que je ne peux dire) & le côté spiritualiste, idéaliste. De là une apparence de fausseté, de déloyauté, de tartuferie qu'on joint à cela le besoin de plaire, d'épouser les opinions des autres si j'en vois les beaux aspects, tu vois le menteur que je puis être!!! Un côté paresseux, flegmatique qui m'empêche d'étendre même le bras pour prendre le compas ou le décimètre...& un autre côté actif, bouillant, brouillon (parfois méthodique jusqu'à la manie). Bon élève, je n'ai pas trompé mon confesseur mais je l'ai peiné par mon obstination dans le péché."
J'AI FAIT TOUS LES METIERS. A Moremans, op. cit. 45. l. de 1927. "Ma vie a été une vie de misère - toutes les misères! Jusqu'à ma conversion, je ne gagnai rien ou presque. J'ai fait tous les métiers y compris le pire: parasite & bouffon chez les grands de ce monde. Depuis ma conversion tout s'agrandit, s'éclaircit, mais je suis resté meurtri, affamé de tendresse, trop timide & trop audacieux quand on m'encourage. Je me trouve maintenant riche & j'en suis surpris mais célibataire & comme manchot. Vous avez du coeur, donnez m'en un peu."
"J'AI HONTE D'ETRE 'LE VIEUX DE L'HOSPICE' dans une espèce de douloureux bien-être que je n'apprécie même pas. V. Hugo disait 'Vous êtes l'aurore, je suis le crépuscule.' Crépuscule, le veinard!" Cadou. Esth. 65.
"J'AI PASSE MA VIE A CHERCHER LE BEAU, LE MIEUX, LE MEILLEUR." A Doucet. 17 janv. 1917. Corr. I. 123; Cat. Gal. de la Poste.13.
"J'AI LA SOIF DU MALHEUR." LJF, 5 juill. 1936. 269. "J'ai envoyé un p. assez moche à R. Lannes: je me coule volontairement [...]."
"J'AVAIS PEUT-ETRE DIX ANS quand on découvrit mon cahier de vers." Texte ms. Renaissance XIV:12 (déc. 1931).
"JE CONNAIS LA DANSE, LE CHANT & LE PIANO, LES MADRIGAUX." Prem. publ. Expo chez Bernheim-Jeune, mars 1920; Gal. de la Poste. 14; publié maintes fois. trad. en ang. & en italien.
"JE CRIE TRES FORT QUE J'AI DU TALENT pour me persuader que j'en ai, mais je ne le crois pas." A Tristan Tzara, 26 fév. 1916. Corr. I, 117; Cat. Gal. de la Poste. 14.
"JE N'AI PAS HATE QUE VOUS ME VOYIEZ, étant assez honteux de mon personnage" A Rousselot. Roeping no. spéc. 82, Cahs. du Nord. 206-07.
"JE NE M'AIME PAS." A Andreu, 25 juillet 1932. "j'aime Dubief & toi, quelques autres aussi; je ne m'aime pas moi-même & je te dis merci. M.J. homme soucieux & libre."
"JE NE SUIS PLUS QU'UN VER DE TERRE, qu'un coup de bêche a coupé!" LLP, 119. 22 mai 1933. Cf. Psaume de David, 22. "Je suis un ver non un homme." A la même,p. 80, 11 mars 1927. "Je n'ai le droit de mépriser personne parce que je suis un animal grossier, livré aux plus ignobles tentations & qui n'a aucun autre espoir que de s'y dérober tant bien que mal!"
"JE SUIS DANS LE GROS LAROUSSE." M.J. se présente aux Noctambules, pendant une de ses prestations poétique du print. 1936.
"JE SUIS GAI." A T. Tzara, 26 fév. 1916. Corr. I, 117. "Je suis gai; j'aime à conter des anecdotes; j'adore mes amis, j'aime la musique & je fais des dessins qui ne se vendent pas."
"JE SUIS INDEFINISSABLE." A Belaval. Op. cit. 4 mars 1927. 16-17. "Je suis petit, chauve, rasé, blanc, 50 ans, à peine voûté; j'ai un gros front bête ridé [...]. En réalité je suis indéfinissable: une bonne personne bavarde, méchante en paroles vengeresses, commère [...]. Au moral, j'écris six l. par jour, j'entends deux messes, je fais quelque poème & je peins toute la journée."
JE SUIS MECHANT. LRR, 17. 27 déc. 1921. "Je suis un petit vieux avec une grosse figure rougeaude, de grands pieds. Je suis chauve, bête [...]. distrait, méchant, pieux, larmoyant, conteur, bavard. Je ne parle que de moi, me plains de tout le monde." Cité par André Calas. «MJ.» Arcadie 206 (fév. 1971). Voir aussi in LC ‘il pleurait & disait : hélas![...]’.
JE SUIS RIDICULE. A Barney, St.-B. 3 fév. 1939. Autour de N.C. Barney. Op. cit. 43. «Chère Miss Barney, Je suis un homme tout à fait ridicule. Ce qu'il y a de mieux à faire, pour moi & pour mes amis, c'est de s'y résigner - Apollinaire me considérait comme ‘l’homme le plus bête’ de Paris (sic). Picasso ne disait pas non.»
"JE SUIS TRES TIMIDE DEVANT UN GRAND PUBLIC & j'ai fait la triste expérience que mon physique excite le rire. J'ai une grosse tête, vieille avant l'âge, un corps trop petit & je n'ai pas l'air sérieux qui en impose aux masses." Gabriel Bounoure. "Souv. sur M.J." Délirante 4-5 (1972): 56.
"JE SUIS UN PETIT VIEUX BONHOMME CHAUVE, coquet, aimable, très raide au fond, très cath., torturé par les péchés, buveur, bien portant, vantard gaffeur, susceptible, astrologue assez bête, amoureux, aimant les petites gens & ne fréquentant hélas que les grands." A Simenon, [1933]. Simenon. Lausanne: L'Age d'Homme, 1980, 210.
"JE SUIS UN PIETRE CRITIQUE, je n’ai pas l’esprit d’analyse [...]." "Souvenirs & critique." NL (13 mai 1933); LRV, 82. 25 janv. 1939. «Je suis un bien piteux critique»; rue Nollet, 10 août 1933. "je ne suis pas ou plus un critique;" VM, 272. Evrard cite d'une l. de M.J. in trad. ang. des CJP. "Il préférait, d'ailleurs me parler de 'questions générales' s'estimant 'très mauvais critique' & plutôt à son aise en ‘pédagogie esthétique’"; LJE, 24. 17 juill. 1941.
"JE SUIS LE VIEUX REMPART QUI CHANTE A MAREE HAUTE/ l'éternel rescapé, la toupie du Très-Haut./ Je suis le double six & le double zéro/ un gendarme esthétique, apôtre & polyglotte/ devenu le dupeur effrayé par les mares./ A chaque lunaison on le sort de la gare/ le foetus sans alcool, grenouille du préau." "Réponse à Manon." HC, 46.
"JUGEMENT DE L'AUTEUR SUR LUI-MEME" Anth. de la Nlle Prose Fr. Kra, 1926. 5; APR. Postface. Op. cit.; Tristan Maya. Phréatique 14 (1980): 39; Pour en revenir à M.J. no. spéc. 54-55; LNF, 106; Poligono 4 (fév. 1930): 188. Inc. "M.J. est un petit bonhomme chauve & bizarre, il cherche sa voie depuis trente ans Il a abandonné tous les genres de poésie après avoir marqué tous les genres de son passage. Sa prose ne vaut rien, sa poésie encore moins. Il prétend avoir trouvé une psych. nlle basée sur l'astr. Or son astr. est dépassée par les psychologues qui ne se servent pas de cette science. [...]. S’il veut faire le poète, il ressemble à tout le monde sauf à lui-même (bien qu’il soit assez original pour avoir été pillé, imité & foulé aux pieds [...]."
LITTERATEUR MANQUE. A Kahnweiler de 1910. Corr. I, 49-50. "Quimper est pleine de charmes [...]. Ah! vive la province pour les littérateurs manqués comme moi ou pour les moitiés des peintres."
"MA MERE & MA SOEUR SONT [...] la vivante image de ce que j'aurais pu être [...] si je n'étais pas un ancien bachelier, un ancien montmartrois, un chrétien, etc..." "Je suis écorché vif avec l'incapacité ou l'impossibilité de rien dire." LTB, 59. A Moricand, Quimper, 17 déc. 1935.
"MA PETITE PEINTURE M'A AIDE A MENDIER CHEZ LES RICHES mais... il faut savoir quelles platitudes mondaines cela suppose, sans parler des entorses données à sa propre conscience & le lent écoulement du sens moral... Ah! ce n'est pas bien beau d'aller faire le clown chez les marquises pour placer un tableau; on y perd son paradis sur la terre qui est dans une bonne conscience, & son paradis du ciel qui est donné à la droiture & non aux parasites mendiants comme j'en fus un pendant trente années." Vincent Détharé. Images & pèlerinages litt. "Le poète assassiné." Paris: La Colombe, 1962. 165. Il cite d'une l. à Rousselot.
"MA POLTRONNERIE!" LJC, 56. St.-B. 11 juin 1926. "Je ne te parlerai ni de mon état de santé, ni de ma pauvreté trop réelle, mais seulement de l'inutilité absolue de ma présence. Ma faiblesse! ma poltronnerie! un certain ridicule attaché à ma pauvre personne!" [M.J. s'excuse de ne pas être présent à la répétition générale d'Orphée à la Compagnie Pitoëff]; MJ/JC. 422.
MASOCHISME. H. Henry. "M.J. & Quimper." Cah. de l'Ir. (1962): 135. "De 1903 à 1942, Quimper, pour Max, représentera de longs séjours irréguliers entre des parents sceptiques qui parlent pension & morceaux de sucre, mais observent d'éloquents silences en feuilletant ses poèmes & ses romans, en regardant ses aquarelles; ce sentiment pénible - mais provoqué, cultivé - d'être regardé, critiqué, critiquable & raillé."
MASOCHISME MENTAL PROPRE A SA RACE. M. Béalu. Le Chapeau Magique. Paris: Belfond, 1980. 204. "Clairvoyance vis-à-vis de lui même qu'aggravait le goût de l'humiliation, des mea culpa publics, l'éternel masochisme mental propre à sa race. M.J. signait souvent ses lettres 'pauvre Jacob'. J'en possède même une, suivie de cette étonnante mention: 'Nabot-Jacob, dit Pauvre Jacob, dit le Pauvre sous l'escalier.' Ironie dira-t-on. Certes! Mais souvent aussi de cuisantes avanies. Le quiproquo, la maldonne furent toujours monnaie courante dans sa vie. Déconvenues, mésaventures, son irréductible non-conformisme s'ingéniait à les faire naître. En tout cas s'y aiguisait le pathétisme, fond de son être."
M.J. A CINQUANTE ANS. A Moremans de 1926. Op.cit. 44. "Je vais avoir 50 ans révolus le 11 de ce juill. Ah! dame! ne t'attends pas à voir un beau mirliflot! mes cinquante ans m'ont pris mes cheveux & ont blanchi ceux qui restent; ils ont épilé des sourcils jadis orientaux & mes cils qui furent ceux de la génisse: les pauvres yeux sans ombrage sont devenus sans ombres. Les souffrances de dents les ont fait supprimer. La graisse rouge du métier d'homme assis a défait l'ovale jadis délicieux [des épaules], dit-on non sans raison: il ne reste plus qu'un vieux petit polichinelle bavard, sympathique aux uns, antipathique aux autres."
M.J. NE S'AIME PAS. Mourier. Op. cit. 96. "Ce ton sarcastique d'autodénigrement, qui ici reste drolatique, qui ailleurs peut devenir amer, ne trompe que les sots & les insensibles, pour qui il est d'ailleurs fait. Contrairement à Picasso, à Braque, à G. Apollinaire, ces conquérants, M.J. ne s'aime pas."
"MAX JACOB OU LE JONGLEUR DE DIEU." Augustin Jeanneau. Cité d'une l. Soc. des Lettres (1965): 85. "Je te préviens que je suis un pauvre petit vieux, avec une grosse tête, ovale dans tous les sens, rose, d'âne, chauve. Court encore plus que petit, mal ridé à tort & à travers, avec de gros pieds mal chaussés & des mains d'araignées aux ongles rougis...Les airs dévots ne me vont pas longtemps, les airs fous leur succèdent avec le rire caractéristique de Bicêtre, le rire gâteux. Brochant là-dessus, des airs pédagogiques, durs & grincheux. Je suis grotesque, encore plus que ridicule, bête encore plus que méchant...Une bonne personne bavarde, méchante en paroles vengeresses, commère."
MEDISANCE. A Moremans. Op. cit. 40. "Je suis un 'vinaigrier' a dit Rouveyre. C'est vrai que je suis un peu pointu, mais le coeur est tendre sinon bon. Et si je parais méchant, la vérité est que je ne souhaite de mal à personne sinon dans des paroles aigres. Je suis mou, lâche, superstitieux, ami du confort, inconstant & fidèle, dur comme un rocher & prêt à fondre en larmes pour un mot d'amour, ingrat envers Dieu sinon envers les hommes, trop actif, répugnant à ce qui est décisif, moine & dépourvu du vrai sens moral, archi-frivole & pourtant méditatif, modeste & fou d'orgueil quand on touche à mon Dada qui est la symbolique religieuse où je me crois génial."
"MISSIONNAIRE, COMMISSIONNAIRE, ENTRE-MISSIONNAIRE. [...] Tel est mon état." A H. Hertz. Europe (janv. 1970): 140.
"MOI JE SUIS UN OEUF SUR UN JET D'EAU." Guilloux. "C'était il y a trente ans." No. spéc. 35; Charles Le Quintrec, op. cit. 624, cite Guilloux de Absent de Paris. Gallimard; voir F. Lefèvre. "Un entretien avec M. M.J." NL (12 avr. 1924): 4; Ibid, 53:2513 (déc. 29 1975): "On se plaît à répéter que je suis rempli de malice (avec ou sans s). J'affirme que je n'ai jamais voulu être qu'un oeuf, l'oeuf qui s'élève & danse sur le jet d'eau."
"MON SEUL RECUEIL DE VERS NON MEPRISABLE EST LE SI. LLG, 96. 1er avr. 1942.
"NE EN 1876 M. M.J. N'AVAIT PAS 30 ANS AU DEBUT DE CE SIECLE au moment où les arts, sous l'impulsion de Picasso pour la peinture, de G. Apollinaire & André Breton dans la poésie, se dégageaient d'une part de l'impressionnisme & d'autre part du symbolisme." Au dos d'une l. à R. Toulouse.
"NE PAS PERDRE DE VUE MON ETAT DE GNOME aux ongles rouges, au gros nez, gros pieds, stupide, hargneux, le nain inutile, le champignon de l’asile des fous, sans enfant ni femme." Garreau,121.
"ON A LES DEMONS QU'ON MERITE: voilà mon portrait." "Ethnographie du démon." VI, op. cit. 39.
"ON NE SAIT PLUS TRES BIEN QUI JE SUIS." Beucler, op. cit. 151.
PAUVRE. LML, 43. St.-B. [fév. 1937]. "Si je n'étais pas un pauvre j'irais vous voir mais je suis vieux, ergotant & TRES pauvre."
"LE PAUVRE JACOB." Follain. "Max, rue Nollet." Pour en revenir à Max Jacob. No. spéc.26. "Parlant de lui, il s'exclamait: 'Le pauvre Jacob', ou encore 'le pauvre bonhomme Chiappe!' car, de traits, il ressemblait à ce préfet de police avec lequel on le confondait parfois dans la rue, que d'ailleurs il mimait au besoin."
PENCHANT A L'AUTOCRIT. A LA DEVALORISATION: LE CLOWN. U. Pfau. "Le portr. de l'artiste en dévot." Op. cit. 17. Elle voit dans les autoportr. "Cette mise en opposition du côté 'mondain' de M.J. & de son côté religieux [...] l'autocrit. [...] l'a toujours porté à se sous-estimer. C'est en clown qu'il se plaît surtout à se voir [...] nous en avons de nombreux témoignages, [...] dans les rapports de ses amis, qu'il a tendance à faire le clown."
"PEINT PAR LUI-MEME." Provençal (19 fév. 1956). [A propos de Corr. II].
LE PETIT HOMME DE L'EGLISE QUI RESSEMBLE A MJ. RB, 120. Prem. publ. Sous le titre "Bonnes intentions." "Il est si petit, il a si peu de corps qu'on ne le remarque pas; il a les traits si rougeauds, si ronds, si effacés qu'il semble n'en avoir aucun. Plus de cheveux, pas de moustaches, point d'âge."
"PETIT MOUVANT MENHIR CHAUVE." DV, 51.
"PLUS DE PAYSAN EN SABOT & VIEUX PANTALONS EN VELOURS: un vieil Anglais en superbe costume anglais! Il était courbé sur ses gouaches, reculant, clignant les paupières, écrasant pour obtenir quelque couleur cendrée de la cendre de cigarette sur son travail." Andreu; Pfau. «Portr. de l’artiste.» 19. Elle cite du MJ de P. Andreu; voir H. Sauguet. "Rue Ravignan." Cah. M.J. no 3 (1980): 85-87.
PORTR. DE M.J. PAR N. BARNEY. Aventures... Op. cit. 106. "Ai-je vraiment rencontré cet homme aux regards en fuite, truite sous la minceur de l'eau, puis aigle à fixer le soleil, dans une tête de légionnaire converti?"
"QUAND JE PARLE, J'INTERESSE ENORMEMENT & SANS ACROBATIE. C. Op. cit. 103. "Portr. de l'artiste." Op. cit. 19. U. Pfau trouve M.J. sous les traits de Gualbert in "Le Monsieur qui se mêlait de ce qui ne le regardait pas." Elle voit M.J. sous les "traits comiques, les traits grotesques de Gualbert, les complications qu'il rencontre dans ses relations avec les femmes, le mélange de prétentions mondaines & de gaucherie; s'exprimant dans une conduite névrotique d'autoaccusation."
LA RAIDEUR: TARE JUIVE. A Doucet. 25 janv. 1917. Corr. I. 129-30. "Quelquefois aussi on m'a reproché d'être maniéré. La raideur & la frivolité constituent l'homme de lettres. La frivolité [...] parce qu'ils vivent dans l'irréel, la raideur parce qu'ils détachent tout de la vie pour en faire du matériaux: l'importance du détail pour l'art fait qu'ils le rejettent en avant & restent derrière lui sans s'y mêler. [...]. Mélangeons raideur & frivolité nous avons cette attitude qui vous a [...] paru hostile & qui cachait, [...] le meilleur homme de sa corporation, de sa bande en tout cas. Frivolité & raideur égalent maniérisme. J'ai, ajoutons encore, que tous les baptêmes du monde ne m'empêcheront pas de supporter les tares juives qui sont de ma race [...]."
SENSUEL. Lachgar. Op. cit. 26. Elle cite de la DT un passage qui contient la liste des défauts de l'auteur. "Sensuel, gourmand, susceptible, orgueilleux, joyeux à l'excès, triste sans raison. Avide sinon avare; égotiste, sinon égoïste, maussade, méprisant, envieux, capricieux, bavard, blessant, dur, méchant, flegmatique, insensible, prétentieux, mesquin, outrancier, rancunier."
LA SOURCE DU MASOCHISME DE M.J. U. Pfau a parlé à Nino Frank en 1967 à Paris. Selon celui-ci "le masochisme de M.J., son manque de confiance en lui-même trouvent leur source dans son complexe de mère. Dès sa tendre jeunesse, il s'est forcé de se retirer de la vie sexuelle, cette tendance a été renforcée par sa conversion qui a aussi influencé son oeuvre littéraire. L'ironie qui restreint trop d'émotions, l'idéal classique qu'il a adopté. Il n'était jamais content de ce qu'il a écrit. Dans ses autoportr. il se voyait faible, bien qu'en réalité il donnait l'impression d'être fort." Zur Antinomie. Op. cit. 238, n. 14. [Trad. M.G.].
TIMIDITE-ORGUEIL. DT, 152. "je suis timide jusqu'à ce qu'on m'ait mis à mon aise; mais cette timidité est aussi de l'orgueil."
TOUT LE MONDE EST RATE DE QUELQUE CHOSE. A Bonet, Cat.Op. cit. no 258.L.15 janv. 1944. "V. Hugo est un raté de Shakespeare & de Byron. Il est probable que ceux-ci sont des ratés d'autre chose. Quand on compare les résultats de la cinquantaine avec les rêves de l'adolescence, on est toujours un raté [...]. En tout cas moi je me sens bien raté... & comment!"
"TU VERRAS UN VIEUX BONHOMME GONFLE & ridé mais qui travaille encore juvénilement." 11 fév. 1939, à P. Bertin de sa coll.
VER DE TERRE. N.C. Barney. Aventures... Op. cit. 106. "Je dépose à vos pieds le ver de terre que je suis. (Au fait, les étoiles n'ont pas de pieds...qui sait?... il paraîtrait que l'univers a la forme du corps humain)."
LA VERITABLE HUMILITE. U. Pfau. "Le portr. de l'artiste en dévot." Op. cit. 16. Cité d'une l. à Leiris. 1921. Corr. II. 49. "La véritable humilité, vous apprendrez, je l'espère, un jour, consiste non à se méconnaître mais à se connaître sans se dépasser."
VIEUX. "Attente au guichet de la poste." B, 22. "A me voir si vieux j'ai peur j'ai peur des reproches du passé. La jeunesse a versé le vin qu'il te faut boire. Or, ce vin était la beauté: c'est la hideur qu'il te faut boire."
AVARICE
France-Asie no. spéc. [360]. "Ce marchand de gouaches [...] quand il apprit qu'un autre me donna le double de ce qu'il me donnait, lui, il se mit dans une grande colère. Il allait & venait dans son magasin & s'arrachait les cheveux. Mais lui dit-on, ce n'est pas ton argent! Et lui de se retourner & de lever les bras au ciel en s'écriant. C'est pire! C'est pire!"
LE BEAU
A BAS LES ACCOUCHEURS DE BEAUX CADAVRES. LRV, II. Avertissement par Yannick Pelletier. Op. cit. 8. Le jeune M.J. écrit: "A bas les impassibles & les accoucheurs de beaux cadavres, les dandies & leurs sonnets: je veux vibrer & celui-là qui ne sait pas me faire vibrer est un pleutre!- "le beau pour faire autour de l'homme une atmosphère qui entraîne souvent la beauté morale de l'individu."
"LA BEAUTE NAIT D'UN DESEQUILIBRE." Cocteau. Poésie critique. Gallimard, 1959. 121. "Il [M.J.] boîte comme la beauté boîte, car la beauté ne saurait naître que d'un déséquilibre, & elle évite l'équilibre, lequel engendre la mort."
LA BEAUTE - REVELATEUR. Manoll. "L'Aventure poétique ..." Op. cit. 9 "Il partait de ce principe que la poésie est dans tout, à condition de savoir l'en retirer, qu'il ne saurait y avoir de divorce entre le réel & l'imaginaire, le positif & l'irrationnel & que le poète ne dispose pas de meilleur moyen pour parvenir à cette fusion, à cette adéquation, que de se tenir en état constant d'invention, de disponibilité, en cherchant dans une dissociation & un éclatement du langage, son sens secret & son essence poétique. Et ainsi la beauté n'agit-elle pas comme un stupéfiant, mais comme un révélateur."
LE BEAU, C'EST L’INUTILE. LLP, 114-15. Rue Nollet, 6 janv. 1932. "A l'heure de la misère parisienne votre beau portefeuille arrive comme une ironie mais c'est l'ironie charmante de Heine."
"LA BELLE LITT. VIENT DE LA GRAVITE & du sérieux: l'autre est périmée. C'est pourquoi les époques de danger sont les périodes artistiques: Napoléon Ier, Beethoven, Châteaubriand & le grand romantisme byronien, le petit aussi." Cadou. Esth. Op. cit. 24.
"IL N'Y A DU BEAU QUE LE SERIEUX QUE LA VIE MEME. Envoi d'un dessin à R. Toulouse. Pour en revenir à M.J. no. spéc. 93.
LA SOUFFRANCE LA VRAIE BEAUTE. A Massot. 3 fév. 1923. Arfuyen 1 (printemps 1975): 41. "J'attends de vous de la souffrance & de l'amour, de la vraie beauté enfin! La beauté est grave, elle est profonde, elle touche à la terre, elle est émue, émouvante, grande, elle ne cherche pas la couleur, elle la rencontre, elle ne prétend à rien, elle est logique, elle est construite, elle est dramatique, harmonieuse, chantante."
LA VOCATION DU BEAU. Merle. "Le cas de M.J." Op. cit. 22. «Il préféra, refusant tout ‘engagement’ (à gauche & à droite), la prière & le recueillement dans la paix de St.-B., les pieux entretiens avec les bons religieux de l’abbaye romane & la conversation avec le curé de la paroisse chrétienne pour arriver à cette conclusion: ‘Dieu est plus beau que le beau.’ La vocation de M.J., d'après ce contexte historique apparaît donc comme «la vocation du Beau assimilé à Dieu.»
LA BONNE
INTERPRETATI0N DE LA PATRONNE ET DE LA BONNE. LJF, 246. 15 nov. 1935. "J'assiste aussi à la manière dont une patronne 'interprète' sa bonne & dont la bonne 'interprète' la patronne. Sur un même fait."
"THE MAID." "LA BONNE," unpubished ms. owned by D. Gompel. "Using the time-honored techniques of dialectic, M.J. divides himself in two to discuss the rights & wrongs of a contemporary murder case. Memories of his real-life mother, as well as fictional middle-class ladies & their servants, encountered in his readings, blend with newspaper reports of the trial [two maids murdered their mistress for ‘no apparent reason’]to produce a disturbing piece of social commentary." Hesitant Fire, 145. Op. cit.
LML, 71. St.-B. 3 juill. 1938. ‘Oui! La façon de parler aux domestiques est une révélation sur le caractère des patrons ainsi que la manière de traiter les enfants [...].’
LLP, 125-26. Rue de Duras. Oct. 1934. ‘Je dis avec plaisir: ‘Madame votre concierge’ parce que nous appelons notre femme de ménage ‘Madame’ ce qui me donne toujours un peu envie de rire. De mon temps on appelait les femmes de ménage uniformément Marie & elles étaient flattées d’avoir le nom de la T.S. Vierge.’
M.J. EN COMMUNION AVEC LES DESHERITES. «[...] cette pitié s'exprime en raccourcis poignants à propos des domestiques dans les féroces tableaux de la Bourgeoisie.» J. Lanoë. C'était il y a trente ans. No. spéc. 45; 46. «De tout son oeuvre s'élève, comme la rumeur de la mer, la plainte, plus pitoyable que ridicule, des pauvres hères pour qui Max crie miséricorde, moins avec des mots qu'avec cet accent meurtri qui est la marque de son génie.»
BONTE
LA CROIX SYMBOLE DE REDEMPTION. Canet. "La Bible dans FE." Op. cit. 53. "Si la Croix, rappelant par sa forme la mâture du navire, évoque le supplice des réprouvés, elle apparaît aussi symbole de rédemption qui 's'avance' vers l'homme malgré son indignité. M.J. s'écarte ainsi de l'Anc. Test. que domine la crainte du châtiment plutôt que l'espoir de pardon, pour trouver dans l'esprit du l'Evangile & des Epîtres de St Paul le moyen de dépassement de l'angoisse & de la dérision. 'On se demande s'il est un homme,' St Paul dit: 'Vous êtes des dieux'- écrit-il dans 'Mystique' (DP, 68). Mais les 'Colloques', dial. avec Dieu, traduisent mieux encore que les p. la réconciliation de l'homme avec lui-même ('Je m'aime en Vous.' 'Colloque III.') [...]."
NOUS SOMMES DES DIEUX QUAND NOUS AVONS DIEU EN NOUS. A Bonet, cat. no. 260. Op. cit. (Litt. 1910 signé M.J. 1943). "On dit que Dieu seul est bon cela signifie que l'homme qui est bon a Dieu en lui-même. C'est ce qui explique pourquoi St Paul écrit: "Vous êtes des Dieux!" Oui nous sommes des Dieux quand nous avons Dieu en nous. Je crois que vous avez Dieu en vous. C'est peut-être Lui que j'aime en me disant votre ami."
BOURGEOIS, BOURGEOISIE, BOURGEOISISME
L'ARGOT DU BOURGEOIS. MP, 18. Op. cit. "L'argot est de ces connaissances qu'on acquiert subsidiairement à la caserne & à l’Université L'homme des noces fut un an un gros soldat sale & toujours puni, & un an un étudiant maussade."
LA BETISE BOURGEOISE. F. Hellens. "M.J. & Stendhal." Disque Vert no. spéc. 45-46. "Stendhal qui redoute & abhorre la bêtise, comme vous & moi, nous donne le conseil de la regarder de près pour en rire & finalement y prendre de l'intérêt. N'est-ce pas ainsi que fait Jacob? Et cette bêtise qui nous paraît d'abord si méprisable finit par ne plus l'être du tout, puisque nous nous sommes amusés. Bien plus, nous y découvrons peu à peu un ordre naturel inattendu, une sorte de déterminisme supérieur, qui nous le font admettre sans répugnance, & respecter en quelque sorte. Il y a des insectes qui, lorsqu'on les regarde distraitement, ont l'air de tourner en tous sens, comme des idiots. Fabre nous explique leur activité & nous fait admirer l'instinct qui les conduit. C'est ainsi que Jacob, comme Stendhal, nous fait admirer la bêtise. Et pourquoi? Parce que l’un & l'autre n'ont pas craint de s'y mêler, & de prêter aux plus stupides le meilleur de leur parfum. - Tous deux enfin ont saisi de secrets rapports qui unissent les hommes, les paysages & les objets. Les anciens mettaient l'harmonie au seul compte du bien & du beau ; notre siècle a découvert le rôle des dissonances; Stendhal l'avait prévu"; Style & caractère: Essais critiques. Bruxelles: Renaissance du Livre, 1956. 10-11.
LE BOURGEOIS. A. Blanchet. La Litt. & le spirituel. Op. cit. 23, n. 3. "Le bourgeois de M.J., c'est d'une façon très générale, l'homme formé par la société moderne"; "Ma vie est amère, [...] leurs affaires me blessent, leur cupidité me blesse, leur vie me blesse, leur égoïsme, leur laideur, leur bêtise, leurs préjugés ridicules me blessent, leur mesquinerie me blesse." 82. "Je ne me moque de personne, je pleure sur tous."95.
BOURGEOIS - CONNOTATIONS PEJORATIVES. Pfau, Zur Antinomie, op. cit. 159, n. 160. Littré. Dict. De la langue fr. T. I, 1958. 1176-77. 'Chez les artistes, le mot bourgeois n'est plus une qualification, c'est une injure.' (Cité de Henry Monnier. Les Bourgeois de Paris. 1854. P. 311). In Paul Robert. Dict. Alphabétique & analogique de la langue fr. T. I, 1951. P. 536. 'Bourgeois' non seulement 'commun, 'vulgaire', mais aussi 'béotien, philistin.' Gide in Journal (22 août 1937) cite le slogan de Flaubert: 'J'appelle bourgeois quiconque pense bassement.' Selon Jacob il peut y avoir des 'bourgeois' tout aussi bien parmi les nobles que parmi les ouvriers & les pauvres. 'Je reconnais le bourgeois non point à son costume & à son niveau social, mais au niveau de ses pensées...le bourgeois a la haine du gratuit, du désintéressé... Il... haït tout ce qu'il ne peut s'élever à comprendre.' 160; LMB. 22 mars 1939. 'Tout ce qui n'est pas surnaturel est bourgeois.'" DV, 163.
BOURGEOISIE. R. Riese-Hubert. Folio, no spéc. 40, 41. "The bourgeoisie appears like a vast collection of bottles bearing different labels but all too similar and familiar contents." - "M.J. deflates by means of a seemingly unchecked abundance of words, by applying in an overtly unsuitable manner borrowed patterns. And by these linguistic devices, he focuses on the most important bourg. activity: speech [...]. The bourgois is an eternel parrot & a poor imitator at that."
LE BOURGEOIS QUE M.J. DETESTE. Garreau, op. cit. 121, cite Béalu. "Je ne déteste vraiment qu'une seule sorte de gens: le bourgeois... Il ne peut vivre qu'en troupeau, en cadres, moi j'ai toujours vécu individuellement."
LE BOURGEOIS MANQUE D'HUMANITE. Cah. de Saint-Martin 12 (été 1955): 4-5. Texte inéd. de 1934. "Un bourgeois est un homme qui manque d'humanité."
THE BOURGEOIS SUPPRESSES ALL PROGRESS. Riese-Hubert. Folio, no. spéc. 42. "He suppresses all gradations, excludes all possibilities of progress."
LA BOURGEOISIE EST COMIQUE. La bourgeoisie, l'humanité est admirable & comique, plus comique que chez Shakespeare. [Réf.?].
BOURGEOISISME. LFF, 115-16 n. 59. Ch.-A. Cingria. "Vieille lettre à Max & réponse." Cahs. de la Pléiade 13 (1951-52). 29 oct. 1924. "[...] le mot bourgeois a conservé une signification péjorative parce qu'on n'a pas encore inventé un autre mot pour désigner ce qui est mesquin, intéressé, sec & lâche. Je propose le mot 'bourgeoisisme' qui n'est pas dans les dictionnaires [...]. Nous connaissons des actes de bougeoisisme à l'actif des artistes & des nobles: avarice, dureté, inhumanité, etc."
LE BOURGEOISISME EST DANS LA TETE. LBEG, 20. 12 juill. 30. "n'ayez pas peur de vous embourgeoiser, le bourgeoisisme est dans la tête & non dans les moeurs."
CONTRE LE BOURGEOISISME. F, 20. "Il n'y a pas de rapports entre notre situation & notre caractère."
CRITIQUE OF THE BOURGOIS THE SCALE OF VIRTUE. Pfau. Zur Antinomie, op. cit. 14. [Trad. M.G.]. Since his vision in 1909 & even more since his baptism, M.J. combines every criticism of others with the analysis of his own shortcomings. His scale is Cath. virtue, & the bourgeois imbued with his positivistic way of thinking is his negative scale.
CRITIQUE OF THE BOURGEOIS REFERS TO M.J. HIMSELF. Ibid. Conclusion. 123-25. [Trad. M.G.]. He does not give a systematic criticism of bourgeois society in his novels, rather represents a closed world with its system, rules & norms. He criticizes mainly bourgeois rationalism. He does not represent from a position of distance, but often takes up the judgments & style of these characters. (Cf. ironic style). He includes himself in his critique, he recognizes his characters' shortcomings within himself.
DEFINITION DU BOURGEOIS. Pérard. Op. cit. 71-72. ‘Et le bourgeois?’ [...] c'est un «animal égalitaire, consommateur & dénaturé, xénophobe»...(ici un 'fouillis' de 48 adjectifs) [...]. Enfin que repousse la bourgeoisie? 1. En général, tout défaut dans autrui. 2. En particulier 'une douzaine de choses', depuis les parvenus, les aristos, le nu sur la scène, la morgue (des autres), jusqu'au plus-que-parfait du subjonctif. 3. Le pas sérieux: une trentaine de 'frivolités' depuis le merveilleux, le miracle, le surnaturel, les saltimbanques, jusqu'au spiritualisme, à l'idéalisme, au platonisme. 4. Le trop sérieux, depuis le cassement de tête jusqu'aux joueurs qui ruinent leur famille. 5. L'excessif: une soixantaine d'objets, [...] 'les gens trop brillants, trop vivants, les mots trop vrais, les avares, non les hommes d'affaires, les prodigues, non leurs repas, ce qui est antérieur au 19e siècle, siècle créateur de tout ce qui existe dans le monde civilisé, sauf en ce qui concerne le mobilier, les reproches, les domestiques, les mensonges (des autres), la tyrannie (des autres), ce qui dérange, moins le meurtre que le vol (chez les voisins), le vrai confort anglais, la misère, les souffrants (non les malades ni les morts), le naturel, la sensibilité, les femmes débauchées non mariées, un vieux parent qui ne nous nommera pas dans un testament, le Fisc, l'inconnu [...].» ‘Morale: aux bourgeois ‘évolués’ on préfère les bourgeois chrétiens, qui ont la charité.’
GRIMACES DE M.J. A. Bosquet. "Relire les poèmes de M.J." NRF 37:218 (fév. 1971): 59. "M.J. est l'enjeu de ses railleries: il vit de grimaces comme d'autres de pain. A-t-il peur de paraître sérieux?"
IL N'Y A PAS DE BOURGEOIS. LMB, avr. 1939. DV, 163. "Il n'y a pas des bourgeois, il y a des hommes, des situations à étudier, des biographies, des destinées."
LE LANGAGE DU BOURGEOIS. MP, op. cit. 16. "Les vocables de la langue fr. ne suffisent pas au reflet de ses multiples impressions, il s'est résigné à se servir toujours des mêmes 'énorme', 'effroyable', ‘épouvantable’, 'extraordinairement rigolo' 'épatant’, 'épastrouillant', donnent selon lui la peinture des sit. les plus diverses. Pour celle des sentiments, il est plus exigeant, tenant à passer, lui, pour un intéressant sujet, un héros du coeur: ‘J'étais là tout tremblant, - je frissonnais, - j'avais des sanglots dans la gorge, parole d'honneur! je vous jure...pourtant Dieu sait que..."
M.J. SE DEGUISE EN BOURGEOIS. Cassou. "M.J. & la liberté." Op. cit. 461. "Mais là où M.J. montre sa plus vive agilité & le comble de son insolence, c'est quand, ayant dissous les expressions des hommes en une insignifiance illimitée & sous laquelle nous ne pouvons le saisir ni lui, ni personne, ni rien au monde, il se déguise lui-même en bourgeois & reprend imperturbablement à son compte les interminables discours où le bourgeois fait éclater ses vertus, sa raison, son sens de l'utile & du grave, sa cupidité, sa solennité, sa bienséance [...]. Et la plus cruelle satire qu'il en puisse faire, c’est d’en avoir adopté si exactement les tics les plus courants, c'est de s'appliquer avec tant de soin à cette vertigineuse singerie."
MOBILIER DE LA BOURGEOISIE. Tab.B. Op. cit. 36. "[le] XIXe siècle, siècle créateur de tout ce qui existe dans le monde civilisé, sauf en ce qui concerne le mobilier."
LE PORTR. DU BOURGEOIS. MP, 12. "Par ex., croirait-on que ce gros enfant qui ne vit que de la fortune de sa femme, se révolte à la pensée que d'autres sont comme lui."
LE RELIGION DU BOURGEOIS. A Cocteau [1926]. "En province on voit ce que c'est qu'un Chrétien: c'est un Monsieur qui est avare, ou orgueilleux, ou envieux & qui vient déplorer de l'être une fois par mois au confessionnal. Dieu se satisfait de ce petit repentir."
SERIOUS-MINDED BOURGEOIS SO DIFFERENT. Riese-Hubert. Folio, op. cit.42. M.J.'s "versatile humor, awareness of the supernatural & self-imposed poverty set him apart from so many readers."
BONHEUR - PORTE BONHEUR
IL PORTE BONHEUR A SES JEUNES AMIS. LCHG, 55, n. 11. "N'avait-il pas le sentiment de porter bonheur à ses jeunes amis? Il est vrai que nombre d'entre eux connurent une réussite certaine: Béalu, Dior, Leiris, Masson, Manoll, Rousselot, Sauguet, Toulouse, Dubuffet."
BOUDDHISME
LE BOUDDHISME PAR LE LIVRE D'OLDENBERG. "[...] c'est un livre introuvable mais quelle perle ou plutôt quelles perles! 110 ms traduits, etc...Il y a assez de christianisme là-dedans pour qu'on ait cru à des voyages de N.S.J.C [...]. Quant aux rapports des rel. orientales avec la nôtre... je n'ai qu'une réponse: 'Qui est dans l'Hostie? est-ce le Bouddha?'" LRR, 94. 21 août 1943.
OPPOSITION DU CHRISTIANISME ET DU BOUDDHISME. PR, 449, n. 136. Le bouddhisme "s'exprime dans les 'horribles magots chinois dont le ventre proéminent enseigne qu'il faut savoir pour profiter' tandis que le ventre pur de Jésus-Christ parle d'une sagesse céleste."
LA BRETAGNE
L'ACCIDENT EN BRETAGNE. Témoignage par Henri Dion. Cah. M.J. no. 5 (1983): 41. "Je me souviens qu'un jour j'avais un accident en Bretagne. On m'avait ramené à la maison & j'avais soudain repris conscience, dans ma chambre. Ma mère survenant m'avait trouvé en larmes. Et comme elle m'interrogeait, je lui répondis: 'Je pleure de joie.' Jamais je n'avais trouvé tant de charmes à la vie que sur le point de la perdre. Je n'avais jamais senti aussi bien toute la beauté de mes arbres, de mes fleurs & de tout ce qui m'entourait."
"ADAM ET EVE SONT NES A QUIMPER." Le plus bref p. du CD. LUA, 40. 21 sept. 1924. "Que te dirai-je? Que je suis un exilé breton? que mon coeur y est toujours dans ce pays, que je m'ennuie de lui & que je n'ai de ma vie jamais fusionné avec rien d'autre."
"A PROPOS DU TB" par H. Henry. Cah. M.J. no, 5. 37. L'interview de F. Ménez avec M.J. in "Chronique de La Dépêche" (29 oct. 1929). "La destruction du Vieux Collège fut une prem. atteinte à la beauté du Quimper héroïque qui ...depuis... ... Depuis, on a a battu, saccagé, réédifié à tort & à travers sans le moindre égard pour la poésie des vieilles choses. D'abord ce fut le théâtre, un coin adorable planté de pommiers ..." Ménez: "Votre Terrain Bouchaballe?" M.J. "C'est cela même; vous voyez ce qu'on en a fait...(Et il compare l'indifférence des Fr. au souci des Italiens de préserver leurs richesses architecturales & naturelles)... Chez nous, on a tout permis, le théâtre d'abord. Et puis, la porte couverte, les banques, les bazars, la préfecture sont venus; pour finir par la poste neuve...Gardons-nous de trop critiquer. Quimper, malgré cela, garde bien du charme &, en toute saison, sous cette teinte gris bleuté qui, glissant du Frugy sur ses vieux toits & ses vieilles places lui donne une grâce particulière? Dans vingt ans, qu'en restera-t-il?" "Dans vingt ans", ajoute H. Henry, en 1941 citant d'une l. à L. Guillaume, M.J. désespéré écrira: "On a rasé mon Finistère & ce n'est pas fini; en le rasant, on a écorché la terre de mon coeur que les racines des arbres cicatrisent toujours."
"AU POINT DE VUE BRETON, VOUS AVEZ CET ACCENT DEBONNAIRE, CET AIR DE BON SENS &, parfois, cette éloquence naïve & passionnée qui caractérise l'art de notre Armor." LCB, [2]. Août, 1934.
LA BRETAGNE A MON COEUR. LRV, 55. 18 mars 1936. (Les étudiants de Rennes publièrent un poème de M.J. dans la revue des étudiants rennais l'A de mars 1936). Ce p, reparut sous le titre: "Phèdre(Hippolyte"). "J'ai reçu la grande page des Etudiants de Rennes. Tu devines la joie qu'elle m'a causée puisque tu sais que mon plus vrai désir (le seul qui me reste) est d'être connu des gens de chez nous, de chez moi." 57-58. 7 juill. 1936. "Certes la Bretagne a toujours mon coeur & mes vieux amis mais tu sais combien ma famille est hostile à la religion & tu peux deviner le mal que j'ai à faire mes devoirs à Quimper"; 80. 11 sept. 1938. "[...] depuis la mort de ma mère, il n'y a plus d'indulgence rue du Parc pour mes heures de messe. Je l'ai su. Adieu donc, chers marroniers [sic] & leur banlieue jusqu'à l'Océan."
"LA BRETAGNE EST MON COEUR." LAL, 105, [fév. 1925]. "C'est vrai que je sens profondément la Bretagne, elle est mon coeur & ma vie entière. Dernièrement un de mes amis a fait un article sur moi Poète breton dans la Bretagne Touristique & aucun article ne m'a fait tant de plaisir;" à Grenier, l'auteur de l'article. LUA, 49. 4 fév. 1925. "C'est la prem. fois q'on parle véridiquement de mes profondeurs rénales armoricaines." - A R. Mendès France, 30 avr. 1925, PJ, 242. "J'ai mis tout mon coeur dans les trois personnages [gouache] qui me semblent toute la Bretagne."
"LA BRETAGNE TOUJOURS REDECOUVRABLE, toujours inconnue. Ah! quelle merveille! Les courbes sont gracieuses & la verdure sévère: voilà son cachet. Les gens sont laids & leur âme douce." A R. Toulouse, 27 juill. 1939. Cah. Bleus no. spéc. 74; Ibid. Pour le cinquantenaire de la mort de M.J. 1994, 108; LRT, 49.
CE QUE LES BRETONS DISENT. A Moremans, [1926]. Op. cit. 41-42. "Dans la dite Bretagne, un Breton disait à une bonne femme: 'J'ai la clientèle du sanatorium 600 livres de pain par jour.'- 'Boulanger, est-ce que ta femme a du fil? Parce que tu gonfles tellement que tes boutons vont éclater.' - Une autre femme se désolait de tant engraisser: 'Je ne pourrai pas entrer dans ma chemise de morte (la chemise d'ensevelissement qu'on conserve toute sa vie).' - 'Soyez tranquille! la mort vous fera maigrir de souffrance avant de vous prendre.' La même disait: 'S'il me fallait pisser sur un agonisant pour le sauver, je ne le ferais pas sans être payée.' Que dis-tu de cette force & de ce pittoresque inattendu?"
"CETTE BRETAGNE EST TOUTE MA VIE; elle m'arrache des larmes à chaque tour de roue de mes autos, si bien que je n'en peux plus verser en arrivant là où je devrais pleurer pour de bon [...]." LTB, 35. A Briant, 28 août 1925; Ibid. 47. A Moricand. 16 sept. 1934. «J'ai séjourné aussi dans une chère ville bretonne en colline sur une rivière verte [...].» [Permis gratuit Paris-Quimper en retour].
LA CHERE BRETAGNE. "Je préfère à tout un pommier breton/ Y a pas de cloche en haut du Panthéon." HC. 110.
LE COEUR DE M.J. RESTE EN BRETAGNE. VM, 181. "Pendant son voyage [...] son coeur restait en Bretagne. [...] Grenier raconte que faisant visiter à Max les environs de Naples, celui-ci les jugeait très touriste & lui avait dit devant la baie de Pouzzoles: 'Je trouve la baie de Douarnenez aussi belle.'"
"DONNEZ-MOI LE REFLET DES PAYSAGES CHERIS PAR MON ENFANCE ARDENTE, LE REFLET DU TRES AIME PAYS BRETON, le val de Stangala où nous avons couru pieds nus dans les champs nouvellement moissonnés, dans les fougères en forêts minuscules, les cerisiers, les pommiers sauvages; les aubépines, les coudriers formant des îles limoneuses au milieu du torrent verdoyant. Oui, ces paysages-là, je voudrais y vivre à jamais, sans cesser de les contempler en présence des anges & des saints. Ou encore revoir la mer bleue entre les arbres ou au bout des champs, ou encore la plage de Plozevet, bordée de vieilles fermes & de landes. Chers pays où mon coeur n'a jamais cessé de vivre depuis soixante années." "Le Paradis." MR. T.r. Op. cit. 61; Gallimard. 89-90. "La Mort". "Adieu ma tant & tant aimée Bretagne émouvante [...]." T.r. 84; Gallimard, 108.
"IL ETAIT DE BRETAGNE/ PAYS QUI TIENT DU PRETRE & DU TZIGANE!" DP. Op. cit.
"IL ETAIT ETONNANT QUAND IL IMITAIT L'ACCENT BRETON." Oberlé. "M.J., poète & Martyr." Op. cit. 102-04. "Mon père est l'inventeur du gilet breton, me dit un jour Max, &, comme je le regardais stupéfait, il ajouta en souriant...’du point de vue commercial’ ... Personne n’était moins breton, & personne n'a mieux peint la Bretagne: les filles mères, consternées & tenaces, les filles de ferme qui vendent leur chevelure au coiffeur ambulant, qui la leur coupe d'un seul coup de ciseaux sur le champ de foire, les vieilles à coiffe blanche qui prient à genoux dans la chapelle illuminée de mille cierges aux jours de pardons, les pêcheurs de la côte, & puis, par-dessus tout, le paysage, l'admirable paysage de rochers, de bruyères, de rivières que la marée remonte, le ciel gris, la mer grise, les maisons blanches, le vent du large, l'air si doux & si parfumé, les coiffes blanches, les vêtements de velours noir. Autant que ses p. sur la Bretagne, ses gouaches ont fixé la Bretagne comme Gauguin ou Sérusier l'ont vue, & bien au delà des ‘bretonneries’ innombrables de Messieurs Simon & Cottet."
"L'IMAGE DE LA CARTE M'A FAIT PLEURER, c'est le pont avec les branches d'arbres dans la rivière & le soleil. Ces branches c'est tout le centre de ma vie & je n'ai PAS D'AUTRE CENTRE & PAS D'AUTRE VIE. Dieu le sait. Et c'est plus vrai que je ne peux dire." LGL, St.-B. 13 juin 1936.14.
"J'AIME A ME TROUVER DANS CETTE VILLE INTESTINALE. J'entends parler du percepteur, de la cuisinière, etc... c'est ce que j'aime le plus au monde." LEJ, 41 [1935]; 8 mars 1937. P. 57. "Ici, je suis tellement moi-même dans ma rue, mes arbres, mes bretons adorables & terribles que je sens mieux. Tout collabore à moi-même. Je prends l'accent breton & mes amitiés le prennent aussi. Cet accent est affirmatif comme la terre quand elle s'oppose à la mer. Il y a des amis éloignés dans l'espace qui deviennent tout près, parce que, trempé dans mon élément, je sens mieux. Et toi tu es ainsi vraiment près de moi."
"J'AIME QUE MON PAYS TE PARLE DE MOI. H. Henry cite Grenier. L. 1936 in "A propos du 'Terrain Bouchaballe.'" op. cit. 36; p. 37. à J. Denoël, 1936. "Quimper est touffu, touffu d'arbres, touffu de verdures, touffu de coiffes, de gens bariolés. Ma cathédrale est touffue de prières & de coiffes"; Xavier Grall. "M.J. le poète: tribulations d'un funambule de Quimper à Drancy." Op. cit. 6. "Hélène Henry, l'inlassable enquêtrice des heures cornouaillaises du poète."
"JE DEMANDE AUX PEINTRES BRETONS DE ME RAPPELER MON ADOLESCENCE." Villard cite de "M.J. à Quimper, hist. d'une classe de lycée." Op. cit. 80. "Pourquoi demanderait-on aux artistes d'élever le particulier au général? sinon pour qu'ils aient la chance d'éveiller ce qui dort au fond de chacun [...]."
"JE ME DEMANDE SI ON PEUT ADMIRER AUTRE CHOSE QUE CE QUI A FORME NOTRE COEUR & si autre chose que la Bretagne peut me toucher." "Carnet de voyage: Italie, Naples." Table ronde 66 (juin 1953), Plon; Pfau. Zur Antinomie. Op. cit. 313; LRR, 106, n. 64.
"MA BRETAGNE ELUE. "[...] me voici [...] dans cette unité rattrapée & centripète de ma Bretagne élue - c'est bien ici, ici que je devrais vivre [...]." LTB, 55. A Moricand, 18 nov. 1935.
MAX JACOB SUR QUIMPER. Anonyme. "Week-end du souvenir à Quimper" Télégramme (19 juin 1961). "Un jour, il dit à Carlo Rim: "Je voudrais me promener avec toi dans les rues de Quimper, ma ville natale. As-tu remarqué que rien ne ressemble à une autre ville que sa ville natale? La ville natale, c'est une cité magique où l'on marche sans bruit sur les trottoirs de feutre, où les maisons sur un signe de toi, prennent instantanément toutes les formes que tu désires, les formes qu'elles avaient autrefois." Allocution à l'Expo de Quimper, inauguration de la 'Salle permanente M.J.'
"MAX'S PIETY IS BRETON EVEN MORE THAN IT IS HEBRAIC." Intr. LJF, 233. "Brittany is important for Max because he is one of the most concrete of poets, with an extraordinary ability to fix in an image, persons, places & things. [...]. Max's major novel TB, is set in Brittany. B. is, therefore, the soil out of which the images of his poetry grow, yet he is also alienated, detached, from his native province."
"ON NE CHANTE BIEN QUE DANS LES BRANCHES DE SON ARBRE GENEALOGIQUE." A Armand Lanoux. H. Henry. "A propos du 'Terrain Bouchaballe.'" Op. cit. 31.
LE PRINCE GHIKA A PROPOS DES PMG. LLP, 83. 10 avr. 1927. "Le ton indéfinissable de la Bretagne où la réalité la plus criarde a un goût profond [...]. On n'a jamais rien dit de si vrai sur notre adorable pays unique."
LES QUIMPEROIS N'AIMENT PAS M.J. LRV, 50. Villard écrit ce que M.J. lui a dit à l'oreille: "Les Quimpérois ont été rosses pour moi. Au cours de mon procès ils me disaient: 'Vous ne gagnerez pas.' Ils désiraient un insuccès. En réalité, ils sont jaloux; jaloux de ce qui m'arrive; de ma Légion d'honneur, de tout..."
RIEN NE VAUT MA CHERE BRETAGNE EN FR. "Vive Quimper! vive nos Bretons, chère amie, & nos Bretonnes ou bien alors vive le Boul. de l'Opéra à la Madeleine." LLP, 20. Avr. 1920.
BRULE MES LETTRES
AVANT DE MOURIR, car il ne faudrait pas que l'on sût le mal que je pense de tant de gens." A Cocteau. MJ/JC, 506 2 mars 1927.
M.J. BRULE TOUTES LES L. QU'IL RECOIT depuis qu'il a été victime d'un vol d'autographes importants en nov. 1938. LTB, 122. A Moricand, 3 avr. 1941.
BURLESQUE, SATIRE, COCASSERIE, JEUX DE MOTS, HUMOUR, IRONIE, GAITE
LE BOUFFON DE DIEU, LE CLOWN MYSTIQUE. Merle. Op. cit. 21. S. Fumet in RFl. 1970, no. spéc. se pose la question: «quelle était la vocation de M.J.?» Réponse: «Dieu avait besoin d'un bouffon, il a créé M.J.» C'est approcher la vérité de tout près. Car un 'bouffon' n'est autre qu'un ‘poète.’»
LE BURLESQUE & LE COMIQUE. Rousselot. Vie & langage.(août 1974).Op. cit. 443. "Il faut en finir avec la légende d'une mystification constante. Belle mystification, en vérité, que celle qui consiste à vivre agenouillé pendant des années & à mourir comme un saint! Alors pourquoi 'Toto? pourquoi Totel?' Simplement parce que 'dans cette vieille cité de Chartres qui est si connue', il y a des gargouilles sardoniques à côté des verrières sublimes & des prophètes-colonnes du portail & que ce symbole du sel dans la plaie, du grincement dans le concert, du bouffon dans le temple, Max le préférait à tout autre."
LE CALEMBOUR. Plantier. "Au service de M.J." Op. cit. 40-46. Plantier poursuit ses recherches [qu'il a déjà publiées entre temps] sur le plan des techniques, pour approcher d'une déf. du style tenant compte de la variété des genres & des tons. Il s'est limité (si on ose le dire) à l'oeuvre poétique en vers & en prose. - Il a procédé d'abord à un dépouillement systématique de tous les 'écrits pédagogiques', suivant l'heureuse expression de Rousselot, & des corr. publiées, en y ajoutant celles échangées avec G. Cattaoui & avec le poète genevois H. Ferrare jusqu'alors inéd. Cela lui a permis de faire une synthèse de l'esthétique jacobienne.- Ensuite, dans le cadre d'une vaste enquête sur l'analogie, il a étudié le calembour, procédé injustement méprisé par les lettrés. Cette étude fait apparaître les structures cachées des mots, des groupes & des phrases. Ces structures engendrent des champs sémantiques nouveaux. Il s'en dégage une vision de l'univers, un sens des emboîtements des êtres & des choses. (Cf. Rousselot). 45. Parfois aussi le calembour révèle une tentative romanesque pour enchanter le réel, pour l'asservir ou pour l'oublier, par des déroulements de formules incantatoires dont la gratuité n'est qu'apparente. Dans ses dépouillements des comparaisons & des métaphores s'éclairent les constituants de l'imagination & de l'intelligence. C'est ainsi, par ex. que l'on découvre dans l'univers des comparaisons, l'impérialisme du regard au détriment des autres sens, de là l'importance des couleurs, des lignes, des mouvements & la présence du règne végétal & du règne animal. En éclairant les enchaînements du langage & des formes syntaxiques il précise les constantes de la pensée créatrice.
"C'EST L'HUMOUR QUI SERVIT DE PONT ENTRE LA POESIE PURE DE M.J. & L'ESPRIT DE SA MED. REL." S. Fumet. "Drôle de Frère Matorel pénitent et martyr." RFl. (Pacques 1969): 14.
COCASSERIE. Rousselot. Vie & langage. Op. cit. 438-39. "Et l'on ne dira jamais assez ce que la nlle poésie doit à ce jeune homme qui jette sur le papier le tohu-bohu fourmillant de son esprit fantasque, retors & ingénu, bousculant la rhétorique, jonglant avec les mots, mélangeant tous les genres, passant du réel au rêve & du rêve au réel avec une aisance, une logique une conviction désarmante, & réintroduisant dans la poésie fr. une cocasserie, une liberté, une audace que l'on n'y avait guère rencontrées depuis les fatrasies du Moyen Age & les vers macaronique de Saint-Amant. Le calembour, l'allitération amusante, l'image insolite, la comparaison burlesque, le déplacement ou l'interpolation systématique des articulations grammaticales & syntaxiques, voilà ce que M.J. emploie sans désemparer; c'est le goût de la nouveauté, mais c'est aussi celui de la simplicité qui le poussent à bouleverser ainsi les notions de gravité & de solennité attachées à la déf. trad. de la poésie."
LA DERISION LE PROTEGE. J.-M. Tasset. Figaro 11-12 déc. 1976. "Un M.J. pétri d'inquiétude & de doute. Celui pour qui l'humour & la dérision étaient les armes qui le protégeaient des assauts d'un pessimisme latent, obsédant."
DIVIN ET BURLESQUE. Discours de Cassou par Théophraste à l'occasion de l'inauguration de la Salle M.J. à Orléans. "J.C. montra pourquoi & comment l'ironie est le plus haut degré de l'esprit réfléchissant sur lui-même & sur la vie, se regardant lui-même & regardant les hommes. M.J., doué de cette vision, était ainsi parvenu au plus haut degré de lui-même, là où l'ironie participe du divin aussi bien que du burlesque, dans le sentiment de ce qui est exceptionnel comme de ce qui est ordinaire & quotidien, & parce qu'ainsi l'ironie provoque à la fois la bouffonnerie & la pitié."
EVOLUTION DANS LE RAPPORT DU SACRE & DU COMIQUE. Thèse de doctorat de Saint-Thomas. Bibl. Sorbonne III. 258. "Quand nous lisons l'ensemble de l'oeuvre de M.J. nous discernons une évolution dans sa manière de mêler le comique au sacré. Et [...] nous discernons une évolution correspondante dans sa propre vie intérieure."
LA FANTAISIE. Ibid. 11. "Ce genre [la fantaisie] permet les inversions, les répétitions, les interférences, les accumulations, enfin, tout un rassemblement de procédés du comique, qui le plus souvent ne sont pas recherchés pour eux-mêmes mais proviennent de l'imagination en liberté."
"LES FORMES DU COMIQUE [...] peuvent,en réalité, être considérées comme les divers aspects d'une seule & même forme: l'ironie. Toute l'oeuvre poétique de M.J. est en effet ironique. Elle énonce ce qu'elle invente & feint de croire que cette invention est réalité." Ibid., 282.
L'HUMOUR DE M.J. APPRECIE PAR APOLLINAIRE. Ibid. 87. "Apollinaire écrit à son sujet: 'C'est le poète le plus simple qui soit & il paraît souvent comme le plus étrange. Cette contradiction s'expliquera aisément lorsque je dirai que le lyrisme de M.J. est armé d'un style délicieux, rapide, brillamment & souvent tendrement humoristique.'" (p. 91, n. 3). G.A. "Les temps héroïques" conf. à la 24e expo. des artistes indépendants, 25 avr. 1908, Serres de la ville de Paris.
L'HUMOUR & DIEU - PEUR DE LA DERISION. Secrétain. "Le Mythe de M.J." Op. cit. 45. [M.G.] Dieu fait des jeux de mots dans la poésie de M.J. car on sait "qu'il n'aime pas les gens trop sérieux."- M.J. écrit dans OBM, 245."Le poète demande pardon à l'Eternel des plaisanteries continues dans ce recueil. Noé a dansé devant l'arche, pourquoi les poètes, ses petit-neveux ne danseraient-ils pas devant la Sagesse?" - Saint-Thomas, op. cit. 89: "La poésie de M.J. - l'un des phénomènes de l'époque - est apparue sous le double signe de l'extase sacrée & de la grimace. [...] Le 'double signe' révèle une tension intérieure chez le poète entre un besoin & une peur. D'une part, M.J. sentait le besoin profond de se faire connaître tel qu'il était &, d'autre part, il y hésitait par peur de devenir l'objet de dérision. Il est question de tension qui tournera au déchirement."
L'HUMOUR PROTECTION DE M.J. Tristan Maya. "Autour du l'humour noir." A la page 53 (nov. 1968): 1700. "Quand M.J., renversé par une voiture en traversant une rue, demande que l'on prévienne sa fille, alors que tout le monde sait notre poète célibataire & misogyne, on peut véritablement dire que M.J. fait de l'humour noir. Il a une attitude de réaction immédiate. Il ne veut pas laisser entamer son 'moi' vulnérable & réagit aussitôt par une boutade. Ce premier exemple nous permet de considérer que l'humour, & de ce fait, cet humour au second degré qu'est l'humour noir, est une attitude." [Malheureusement, M.J. a démenti cette anecdote maintes fois répétée].
L'HUMOUR SE MELE AU SACRE. Par le même. "L'humour noir chez M.J." Pour en revenir a M.J. no. spéc. 53. "Mystique il ne fut jamais au sens canonique, mais plutôt au sens poétique, pour ne pas dire humoristique du terme."
L'INATTENDU EST COMIQUE. Saint-Thomas. Thèse, op. cit. 122. "Les images insolites, les rythmes imprévus, les inventions surprenantes sont trois aspects de l'inattendu dans la poésie de M.J. Ils sont aussi trois caractéristiques qui contribuent à y créer le ton spirituel."
MASQUE DE L'HUMOUR POUR CACHER SON ANGOISSE. André Calas. Publié où?? 36. "Il invente le p. en prose. Il se fait un masque de l'humour, du burlesque, du fantasque, derrière lequel il dissimule sa faiblesse, son besoin de tendresse & son angoisse."
M.J. FAIT DU COMIQUE OU DU BURLESQUE L'EGAL DU TRAGIQUE. Attal. Op. cit. 197, n. 7.
M.J. INIMITABLE ON NE PARODIE PAS UNE PARODIE. Saint-Thomas. Op. cit. 116. "L'originalité de M.J. ne se prêtrait que trop facilement à être imitée. [...].Il reconnaît ce danger & se munit d'une arme: l'élément comique, qui empêche que d'autres parodisent son art."
"MAX SAUTE DU GROTESQUE AU SUBLIME." C'est pour cela que "J. Pérard a subdivisé les pièces non par thème mais par le ton." J.-M. Dunoyer. Monde no. spéc. 1976.
MELANGE DU MYSTIQUE ET DU COMIQUE. Plantier. MJ, op. cit. 39-40. "Le P. Blanchet a insisté sur le fait que M.J. 'n'a jamais admis, ni même compris, que le mystique pût exclure le comique, & le spirituel le burlesque.' Cela participe sans doute de sa liberté à l'égard des moyens de la création, mais nous pensons que le poète a fort bien compris tout le parti qu'il pouvait tirer du mélange des genres, dans la confession de ses désespoirs & de ses doutes. Raoul Auclair a dit spirituellement: ‘Après tout, il n'est pas interdit d'aller au Paradis en marchant sur les mains.’" Pour en revenir à M.J. 70.
SYNTHESE DES CALEMBOURS. Plantier. L'Univers Poétique 404. "La métaphore invente le dépassement de ce qui est conforme. En frappant, & avec quelle constance, le rythme de la définition, M.J. fait entrer le lecteur dans la mobilité de l'univers, en même temps qu'il exorcise ses échecs. Ainsi le réseau syntaxique des présentations métaphoriques exerce son pouvoir sur la sensibilité du lecteur, par la seule présence de ce qu'on appelle les 'outils' grammaticaux. [...]. Nous voyons donc se déployer sur l'oeuvre même les mailles du filet: synthèse des calembours; synthèse des similitudes; synthèse des métaphores. Les lois d'une syntaxe façonnent les lois d'un univers."
LE CAMBRIOLEUR - MON AMI
LJRB, II. 145. Fin [1914]. "J'ai fait la connaissance du roi des Cambrioleurs, champion du monde pour le Cambriolage & qui travaille pour nourrir sa mère & ses petites soeurs; il s'habille avec grâce mais sans recherche & écrirait ses aventures s'il mettait l'orthographe aussi bien que moi. Il renoncerait au cambriolage pour se faire écrivain dit-il. Je pense faire oeuvre pie en lui donnant des leçons de fr."
---. Jules Romains. Amitiés et rencontres. Flammarion, 1970. 83-84. "Quand à table on prononce le nom d'un assassin dont parlent les journaux, les regards gênés se tournent vers moi. Non pas qu'on me soupçonne d'être un assassin moi-même, mais pour ne pas risquer de toucher à la personne d'un de mes amis."
CHASTETE
AIMER S'EST S'UNIR! "La chasteté & l'intelligence sont des synonymes." "Vin, Esprit, Sang. Op. cit. S.p.
L'AMOUR & LA PURETE - L'ESPRIT CHRETIEN. Plantier. "M.J. & le plus grand amour de Dieu." Op. cit. 12-13. L. inéd. à G. Cattaoui, 20 mars 1925. "Personne ne dit ce qu'est l'esprit chrétien, la douceur épandue dans le corps tout entier, cet optimisme de la chair & de l'esprit, l'amour & la pureté joints ensemble, tout cela c'est l'esprit chrétien."
A PROPOS DE CHASTETE. CJP, 41. "Savez-vous qu'il est ordonné aux magiciens de ne faire aucune opération avant le 40e jour après le coït (volontaire ou non).- Or une oeuvre d'art est une opération magique. - Balzac disait: "Une nuit d'amour, c'est un livre de moins."
CANTIQUE DES CANTIQUES. LRR, 45. 24 sept. 1924. "Ils [les prêtres] rougissent du Cantique des Cantiques qui est dans l'Anc. Test. Ils n'en veulent que pour symboliser le mystique amour de l'Eglise pour Dieu. O ingénue ingéniosité! je me demande quelle tête on va faire de la trad. littérale de cet admirable poème par le docteur Mardrus, pur chef-d'oeuvre!"
"LA CHASTETE N'EST UNE OBSESSION QUE POUR CEUX QUI Y SONT LE MOINS ENCLINS", remarque René de Ceccaty in Gay Pied. Op. cit. 42.
"L'EMERAUDE EST SYNONYME DE CHASTETE." LJC, 59. [11 juin 1926]. Parlant sur la propriété de pierres. "Quant à l'émeraude elle est synonyme de chasteté & j'imagine qu'elle est un brevet que je me suis décerné. Vivement le Paradis!"[La date est fausse, in MJ/JC, M.J. avait écrit une autre l. à cette date].
"ESSAYEZ DE LA CHASTETE." A M. Leiris, 7 fév. 1922. Corr. II, 87. "L'étude c'est de l'ascétisme. Ce que l'étude vous a donné, augmentez-le par un autre ascétisme. Essayez de la chasteté: vous m'en direz des nouvelles, c'est très facile! affaire d'habitude."
"JE M'EFFORCE DE TOUT PURIFIER EN MOI; IL N'Y A DE BONHEUR QU'EN DIEU!" LJC, 24-25. [25 janv. 1926]; A propos d'un petit paysan "qui a fait voeu (ou presque) de chasteté avant son mariage & qui passe sa vie à être amoureux [...]. Chemin faisant, il abuse des plaisirs solitaires. [...]. Toutes ces grandes puretés n'existent que très haut ou dans les simples simples. Nous sommes ceci & cela; MJ/JC, 381.
LANGUEURS DUE AU MANQUE DE CHASTETE. LMM, 91. Début juin 1941. "Tu as le devoir de mettre en valeur tes dons. C'est à dire de persévérer dans ton oeuvre [...] en dépit des langueurs, dues sans doute aux privations ou au manque de chasteté (question ultra grave je t'en ai déjà parlé)." Dans une autre l. M.J. déclare que sa santé "est bonne, grâce à la pureté charnelle, seul secret de la santé."
MON DIEU DONNEZ MOI LA CHASTETE. PJ, op. cit. 302. Prière de M.J. atteint d'une affection pulmonaire. 10 juin 1928. Fac.sim. "Mon Dieu, si vous existez pensez à moi, guérissez moi protégez moi indiquez moi mon chemin donnez moi la chasteté."
"NECESSITE! NECESSITE DE VIVRE CHASTE & SANS PARESSE." PMR.
"LES OEUVRES D'ART N'ONT PAS ETE FAITES POUR DES FESSES & les mille & une nuits ont été écrites dans les déserts [...] Ce n'est pas épuisé par la bombe qu'on peint les femmes de Titien mais, au contraire, dans le désir, c'est à dire dans la chasteté." A Moricand. LTB, 80. 13 fév. 1938.
"ON NE DIRA JAMAIS ASSEZ DE MAL DE LA LUXURE, la cause de malheurs incalculables & des miens en particulier: perte de mon âme, de mon honneur, de ma vie & de la plus grande partie de mes talents." L. 1er fév. 1936. P.S.LMLE
"LA PATRONNE DES ARTISTES est la Ste Vierge. Plus qu'estimer la pureté, c'est une discipline qu'il en faut pratiquer." LUA, 24. 4 déc. 1923.
LA PLUS PARFAITE CHASTETE EST INDISPENSABLE A LA VIE DE L'ESPRIT. LMM,59. 26 mars 1940. "N'est-ce pas à toi que j'écrivais que le magicien ne peut rien entreprendre que 40 jours après le dernier coït? A la santé aussi! Cette question est la plus importante de toutes."
"LA PREM. CONDITION POUR ETRE MAGICIEN, c'est la beauté morale, la pureté absolue, la bonté, etc... LJC, 41. 14 mars 1926; MJ/JC, 406.
"QUAND J'ETAIS CHASTE & VERTUEUX/ POUR PLAIRE A MON ANGE A MON DIEU." "Agonie." ("Mort!... la mort est déjà là?")
SI LES CURES NE SE MARIENT PAS, «C'EST POUR POUVOIR CONSERVER LA CHASTETE & la pureté convenables devant l'hostie-consacrée.» "Le vrai sens de la rel. cath." Op. cit. 21.
"UNE NUIT D'AMOUR, C'EST UN LIVRE DE MOINS." L. Guillaume. "R.M. Rilke & M.J." Lettres. 14-16 (1952):104-08. Comparant l'attitude de Rilke à celle de M.J. il trouve que cette phrase de Balzac est une boutade bien sèche.
CHEMIN DE CROIX SENTIMENTAL
Guilloux. "Max Jacob." France-Asie no. spéc. 359. "C'est là [à Nantes été 1926] qu'il m'apprit le ‘Chemin de Croix sentimental’ (par opposition au Chemin de Croix anagogique). - Mais l'anagogique est trop difficile pour toi, me dit-il. - Devant la prem. station: - Tu vois cet être, pétri d'azur, qui connaît les étoiles & les cheveux de la tête, il est là comme un déménageur avec un piano sur les dos..."
CHEVAUX FIDELES - FEU HESITANT
LRR, 88. 28 fév. 1942. "J'ai reçu la visite d'un innocent fermier qui m'apporta des vers de jeune fille de 14 ans: il en a 40. J'allais me moquer de lui quand un mot me frappa, en parlant du laboureur il dit: 'les chevaux fidèles'. J'ai trouvé cet épithète si belle que je lui ai parlé comme à un homme, je lui ai expliqué la diff. qu'il y a entre Villon ou Verlaine & Hugo & la beauté du mot à la fois simple, souple & adhérent. Pensant que 'fidèles' était venu du hasard je lui demandais de trouver le mot qui convenait à mon feu de bois: 'C'est un feu hésitant' me dit-il. Alors [...] je lui ai dit 'vous êtes né'"; DV, 259. "Je ne t'en parlerais pas si tout d'un coup je n'ai eu une lumière vraiment magnifique. Dans un poème insignifiant sur le laboureur, ce mot: les chevaux fidèles! J'ai trouvé ce mot si poignant, si réaliste, si évocateur, si pâle & fort à la manière de Chateaubriand que je me suis mis à lui parler comme à un homme. 'Voyons, lui dis-je, si vous aviez à décrire ce feu, que diriez-vous?' Voilà mon homme qui se plonge dans la méditation & qui me sort ceci: 'Feu hésitant!' C'est tout juste le mot qui convenait. Je lui ai conseillé d'écrire toujours ainsi, c'est-à-dire de ne rien mettre que de pensé, senti profondément. Je lui ai expliqué Villon, Verlaine, opposés à la défroque hugolienne. Il a compris je crois."
CHOIX, CONTRAINTE, VOLONTE
L'ART CHRETIEN EGALE L'ART CLASSIQUE. Corr. I. 138-39. A Doucet, 21 fév. 1917. "Je n'entends pas par art chrétien, l'art gémissant, mais au contraire l'art du choix, de l'examen, de la composition, cela est l'art classique qui a fleuri dans les époques de foi. L'art class. c'est le carême de l'artiste. Le chrétien est l'anti-naturel & l'art par conséquent. Vous allez penser aux Russes, mais les Russes de la grande époque russe, sont des extases romantiques & leurs successeurs les ont imités. La rel. n'aime pas le bafouillage de Dostoïewski. Elle enseigne à se taire comme l'a fait Racine, le poète de la France, cette fille aînée de l'Eglise."
LA DENSITE. G. Kamber. "André Gide & M.J." Folio,no. spéc. 45. "il ne laisse jamais le mot dépasser l'émotion, la pensée; sa phrase les revêt étroitement & sans aucun effet de draperie. D'où chez lui cette qualité si rare du style, qu'il appelle: la densité." - [This answer of Gide] appears to be the typical effusion, perhaps a bit condescending, of a noted man of letters towards a poet & novelist who, while not exactly obscure, had never enjoyed the recognition his admirers thought he deserved." No. spéc. Aguedal, 101.
ESTH. DE M.J. DIFF. ENTRE LUI & LES SURREALISTES. Andreu. "M.J. & les mots en liberté." Op. cit. 77. "Ni 'mots en liberté', ni demain 'écriture automatique' mais choix, contrainte, volonté." Andreu rapproche cette esth. à celle du cubisme chez les grands peintres. CUBISTE, nul ROMANTISME, nul désordre, mais construction & rigueur. Dans ce sens limité on peut dire que M.J., comme il l'a écrit lui-même un jour a été 'un littérateur cubiste'. Obscurité & incohérence apparentes ne l'effraient pas mais les réelles (écrivait-il dans Nord-Sud); ce n'est que par les lois sévères qu'on se sépare du charlatanisme."
"IL N'Y A PAS D'ECRITURE AUTOMATIQUE: le p. est aussi un désordre concerté." Secrétain. "Le mythe de M.J." Op. cit. 41. [...] "il savait bien, en dépit des conseils qu'il donnait aux jeunes poètes, qu'il n'y a pas d'écriture automatique & que le style, ce n'est pas seulement l'homme, que le p. est 'un objet construit', que cette imagination proliférente, il fallait la mettre en ordre, ou en désordre, car le poème est aussi un désordre concerté."
MODERNISME - TRAD. CLASSIQUE. Plantier. "Au service de M.J." Op. cit. 41. "C'est là que l'on perçoit les dangers d'une étude limitée au CD, symbole de toutes les tentatives 'modernes'.L'étude de l'oeuvre entière permet de voir que M.J. ne rejette aucun 'moyen' ancien & qu'il n'a d'idolâtrie pour aucun 'moyen' moderne. Si, comme il n'a cessé de le déclarer, 'le style est la volonté de s'extérioriser par des moyens choisis', la création poétique & nous insistons sur le mot création, exclut toute monomanie. Aux questions de l'enquête des Cahs. du Journal des Poètes 16 (1936) 'le poète doit-il être de son temps? Comment doit-il l'être?' Il répondit: 'Eternel, autant que possible, mais pas trop ennuyeux.'" Après l'étude soigneuse de toute l'oeuvre jacobienne, Plantier conclut que "cette éternité, le poète la fonde sur un dépassement par certains côtés ou par une neuve distribution des moyens, de la trad., sans jamais la renier." Selon lui, M.J. est "le maître d'un langage qui s'enracine dans les siècles & se dépasse dans un homme."
SOYEZ DIFFICILE AVEC VOUS-MEME. LEJ, 33. [sept. 1935]. «Ce n’est pas cela que nous avons voulu, mes amis & moi, mais une harmonie, une harmonie nouvelle. Soyez profond & non bizarre."
LE CIEL
ACTIONNAIRE DU CIEL. MR. T,r. 6.; Gallimard. 40. "Nos péchés." "Cependant, Dieu, bonté judiciaire, poursuit sa faction au dedans des humains, ayant pitié de moi, & vers la 30e année de ma vie il attenta à mon inaction par un miracle: par une extraordinaire apparition il m'a dévoilé la preuve de son existence. Indispensable A.B.C. me voilà actionnaire du ciel."
CIEL DES IMAGES. NL (20 fév. 1932). "On dit que je me servais de mes rêves de la nuit pour faire mes p. Je ne le nie pas absolument, je prends mon bien où je le trouve, même s'il est au Ciel des images de Platon, dont nos rêves nocturnes ne sont que le reflet;" Blanchet. La Litt. & le spirituel. Op.cit.26.
CIEL DES IMAGES DE PLATON. "Givre." Lafranchis. Marcoussis. Op. cit. s.p. "Nous avons au ciel des images (un ciel exploré par Platon, le neuvième, prétendent les mages). Nos portraits purs de tout démon & de la boue du Phlégéton"; prem. publ. Sélection 7 (1929); Rivage. 199-201; Alice Halicka. Hier, souvernirs. Paris:Pavois, 1946, 270-72; poème en prose & en vers in l. à Marcoussis. 30 août 1919.
"LE CIEL EST EMPLI DU REFLET DE LA TERRE avant que soient advenus les événements de l'histoire & quelle que soit leur insignifiance." VM, 93. "Et M.J., dès le prologue du SJ, 'une ville gothique allemande', nous glisse la clef qui doit nous permettre de le lire."
"JE CHERCHE LA PLANTE QUI FAIT VOIR LE CIEL. Mais j'ai oublié son nom & je ne la trouverai pas." Secrétain. "Le Potager de St.-B." Mail, no. spéc. 231.
PAYSAGES DU CIEL. MR. T.r. 64; Gallimard. 93. "Choix entre Paradis & Enfer." "Soyons déjà dans ces [...] paysages du Ciel, les anges dont la foi déplace les montagnes, fabriquent pour chaque élu au gré de ses desseins, de ses goûts de sa nature. Une matinée d'été ou de printemps! Les pins touffus en haut d'une falaise, le soleil filtre par les branches dans le silence, & moi, allongé dans l'herbe épaisse, avec un livre. Le fleuve au travers des arbres, & les voiles d'un bateau qui passe au fond, en bas. Un geai qui va d'un arbre à l'autre, que je reconnais à ses plumes bleu pâle, à son cri. Un écureuil qui glisse d'un arbre à l'autre & s'arrête sans peur devant mon livre ouvert comme devant quelque chose de très naturel."
CINEMA
MAX JOUE AU CINEMA. MJ/JC, 233. 5 avr. 1925. «Presque tous les jeudis de jeunes messieurs viennent avec leur abbé jouer au Cinéma avec un appareil Pathé Bébé, à St.-B. Ils viennent d’Orléans. Ils se déguisent & on va au bords de la Loire. Ils font des films qui sont la synthèse de tout ce qu’ils ont vu; c’est une synthèse admirable du cinéma. J’aide dans les rôles de père noble en redingote. Jeudi dernier je devais être grillé dans une hutte au Canada. Ma redingote qui est un souvenir de famille & qui à mon âge a été entièrement grillée sur moi. N’oublie pas que nous sommes au pays de Jeanne d’Arc; la couleur locale n’est pas morte.»
COMIQUE & GAITE
LE COMIQUE EST LA CLEF DE L'OEUVRE JACOBIENNE. Saint-Thomas. Op. cit. 9-10. "Chez ce poète le comique est si répandu qu'il nous paraît être la clef de toute son oeuvre." L'auteur distingue ‘la fantaisie, l'ironie, la satire & l'humour.’"
"LA GAITE, SURTOUT LA TRISTE EST LE FEU DIVIN." J. Lanoë le cite in "Les gaités tristes de Morven le Galéique." Monde, no. spéc.1976. 12.
"L'HUMOUR & L'ESPRIT DE M.J." Pérard, op. cit. 73-74. "Pas d'humour sans esprit. Max était 'un diamant d'esprit'. Tout ce qu'il disait, écrivait, était traversé d'un rayon. Où trouver des associations d'idées, d'images & de mots aussi personnelles, aussi rapides que les siennes? Pas d'humour sans gaîté. Max avait la plus rare, la gaîeté triste, 'celle qui a passé par le gouffre du sérieux' & qu'il appelle 'le feu divin'. Il dit encore: 'le grand sérieux est la cond. prem. du beau pour qui sait rire.' [...] R. Escarpit in L'Humour, note qu'à l'aube de ce siècle 'ce sont les poètes qui ouvrent enfin toutes grandes les portes de la pensée à l'humour' & que M.J. est des prem. qui le définit ainsi: 'une étincelle qui voile les émotions, répond sans répondre, ne blesse pas & amuse...' ‘C'est retrouver, [...], le sens social de l'humour [...] de façon créatrice, en profondeur, comme un moyen d'exorciser les angoisses de l'hommme social.' Autre définition jacobienne de l'humour: 'sorte d'ironie mouillée de larmes qui empêchent que les imbéciles nous prennent au sérieux, parce qu'ils ne savent pas que là où il y a amour, il y a une pensée & une douleur.'" (Cadou. Esth. 43). - "Complétons la prem. déf.: 'L'humour est le gai résultat de plus. pensées ennuyeuses; il est souvent la preuve de la grandeur. [Il] est attendri & charmant.'" CJP, 81.
REPONSE DE M.J. A UNE ENQUETE SUR L'HUMOUR. Soc. d'études du XXème siècle. Aventure Dés. J.M. Place, 1975. "Questions: 1 Est-il vrai que l'art fr. tire ses racines profondes de l'humour, comme le dit M. Maurice Verne dans un feuilleton litt.? I L'Humour, c'est l'ironie indulgente. L'ironie de Molière ne l'est guère ni celle de Voltaire. 2 Pensez-vous, avec celui-ci, que les oeuvres de Rimbaud, de Lautréamont & de Jarry constituent une expression suprême de l'humour? II Non. 3 En ce cas, ne seraient-elles pas les premières à influencer l'art à venir? III 40 ans d'humour! D'Aurélien Scholl à Cami est-ce qu'on n'a pas assez de rire? Amour! que votre règne arrive dans les oeuvres & partout! Mais cette antiquité de Rimbaud!!! Une question à mon tour. Ne croyez-vous pas, si l'humour quadragénaire n'abdique pas avec les rois, qu'on le doive plus à Charlot qu'à Lautréamont, ce Chateaubriand malade?"; Cah. M.J. no. 2 (1979): 122.
COMPLEXE DE PATERNITE
"LEQUEL DE NOUS, MONSTRUEUX CELIBATAIRES - je n'en parle pas pour vous faire la leçon - lequel n'a pas senti une fois que l'animal humain fut créé pour être père?" HCH, chap. IV. 55.
"N'OUBLIONS PAS LE SUCCES CONTINU POUR NOTRE FILS CHERI (A TOUS LES DEUX)." LJColle, 23, n. 2. L. 28 déc. 1928. "Pierre Colle avait demandé à M.J. d'être son père spirituel. Ce voeu fut d'autant plus exaucé que Max eut toujours un pathétique désir d'être 'père.' Les j. gens qu'il aime deviennent ses 'fils'."
LE CONCRET
LE CONCRET, LE REEL DANS LA POESIE DE M.J. Manoll. "L'Aventure poétique..." Op. cit. 9. "Il s'appliqua à saisir les données de l'inconscient, se livrant assidûment à ce travail de décantation spirituelle & d'élaboration, par lequel la réalité se transmue en poésie. Mais, quelle poésie? Celle de l'événement pur & du quotidien, qui emprunte ses matériaux aussi bien au style roman-feuilleton, aux lieux-communs de l'époque, 'aux suggestions verbales, à l'imagerie onirique, aux visions hypnagogiques.' Jamais il ne sacrifie à l'intellectualisme ramenant sans cesse la poésie au concret, le seul, selon lui 'à nous donner le sentiment intense du réel, qui dépasse en authenticité celle qui pourrait naître en nous' de n'importe quel agencement de concepts."
CONCRETISER, L'ABSTRAIT EST ENNUYEUX. CJP, 25. "Ayez un style concret où il soit question de choses, d'objets, de gens. Qui fait l'ange fait la bête, dit Pascal & il sort de la poitrine de Dieu de l'eau avec le Sang Esprit. L'eau est matière. Très important: Concrétisez!"
FUYEZ LE STYLE CRITIQUE. VM, Annexe X. 316. F. Sentein voulut lui rendre aussi hommage dans l'Echo des Etudiants, mais son article - très beau -, après de longues hésitations, ne fut pas publié, on avait peur des Allemands. Il en a, heureusement gardé les morasses : [...]. 'Fuyez le style critique' [...] découvrant par ce simple mot des exigences que tant de pensées n'entrevoient même pas."
L'IMPORTANCE DE LA TERRE, DU CONCRET. LRR, 111, n. 97. "L'éloge da la souffrance, de l'ascétisme & du repentir nous donne quelquefois l'impression que, dans une vision manichéenne, M.J. condamne toute participation à la vie terrestre. Or, son analyse des chutes du Seigneur sur le chemin de croix réhabilite la terre. De même qu'en esth. la tête doit s'unir au coeur, l'abstrait au concret, le chrétien affirme la nécessaire conciliation du regard sur les joies terrestres & de l'aspiration au ciel: 'Chutes de Dieu. Dieu se donne à la terre. L'Homme dans la mystique de l'esprit ne doit pas se séparer de la terre.' 'Antée dans la myth. grecque se donnait à la terre pour retrouver ses forces.'" Pérard. 117.
LUTTE CONTRE L'ABSTRAIT. L. à Henri Lesserre. 29 juill. 1942. (Collection J.P.). Palacio. "M.J. & Apollinaire..." Op. cit. 473. "Qui fait l'ange fait la bête» de Pascal signifie la lutte contre l'abstrait. Faire descendre en soi, dans sa propre boue. Le mot [d’Apollinaire] ‘Il faut pécher’ n’est qu’une exagérartion poétique de cette pensée de la concrétisation, un ‘mot syntétique’ d’ailleurs dangereux."
PARLER DES CHOSES DU CIEL DANS LE LANGAGE DE LA TERRE. A Pérard, op. cit. 19. 29 déc. 1926. «Dante est un homme qui a marié le ciel & la terre: il a eu l'audace de parler des choses célestes dans le langage de la terre... Ne parlons de rien dans un autre langage si nous pouvons.» Dans un P.S. «Le centre de l'Esprit est au centre de la terre.»
THE WORLD ENTERS LJF. Intr.226. "Max effaces himself in his poetry; he allows the world to enter, the world that he is attempting to transform."
LA CONVERSION
Lannes. Poésie 20. Op. cit. 37. "Au moment de sa conversion, Francis Jammes lui avait écrit: 'Monsieur Jacob, quel courage il vous faut!' A quoi il avait répondu: 'Je me suis jeté dans les bras du Christ mort de peur. Ma conversion n'est pas d'un héros, elle est d'un lâche.' [...]. A la fin de ses jours, il était devenu un paysan, ne quittant plus le sarrau noir & les sabots, avait laissé en quelque confessionnal le monocle derrière lequel du temps de ses années parisiennes, il se jouait de soi avec un humour inimitable."
LE CORNET A DES - CHAGALL EN MUSIQUE.
Carlo Rim. C'était il y a 30 ans. 60. "Un étudiant autrichien Hans Vogel (qui sera tué quelques jours plus tard), eut ce mot: "On dirait du Chagall en musique!"
LE CORNET A DES COMMANDE PAR LE COMTE DE GOUY
LPM, 69. 28 avr. [1931]. "Le comte de Gouy qui ne parle que de gentilhommerie m'a commandé pour lui-même une suite au CD: je l'ai faite. Il a été enthousiasmé & m'a donné un bouquet de fleurs qui appartenait d'ailleurs à l'Hôtel. 'Cette belle lumière argentée de l'Ile de France.' moi: - 'Il n'y a plus que la lumière qui soit argentée.'" Par contre le 10 juill. 1931 in LBEG, 25, il écrit: "Le comte comprit & me fit de longues plaintes sur ses dettes, ses disettes, un héritage volé, etc... Une autre nuit il me fit admirer une montre de famille [...] je m'extasiais. 'Elle est à toi, dit le comte. Tu m'a fait un cadeau princière, je te fais un cadeau royal.'" Voir ces poèmes en prose, coll. Didier Gompel, in Poèmes épars: Le Cornet à Dés II (Une suite). Op. cit.
CORRESPONDANCE
AIMER PAR CORR., pour M.J., ce n'était pas aimer moins. LMB, 29 nov. 1941. DV, 250. 'J'aimais profondément ce garçon [Michel Levanti] par correspondance. C’est un des rares êtres qui aient eu la connaissance intuitive de mes intentions terrestres.'". LML, intr. 22. ‘En mourant il a pensé à moi & a prié le curé de sa paroisse de me faire un adieu. J’en suis remué jusqu’au fond de mon coeur’; LRR, 19. mars 1922. "Je ne croyais pas que l'on pût aimer par corr., mais il faut croire aux effluves & je ressens nettement que je vous aime."
AMI PAR CORRESPONDANCE. LLP, 60. St.-B. 21 fév. 1926. Au prince Ghika: "J'ai trouvé votre cher mot en arrivant &, bien entendu, sur 92 l. qui m'attendaient, la vôtre est la prem. qui n'attendra pas. J'étais à Madrid où j'ai fait une conf. sur n'importe quoi devant n'importe qui [...]. Chemin faisant je me suis fait décevoir à Lourdes & décevoir à Bordeaux où j'avais par corr. un ami [Emié] qui a cessé de l'être devant mes yeux expérimentés. Egarements! J'ai bu de mauvais vins, réputés & dansé à un bal masqué sans joie." [M.G. Si on lit ses l. à Emié, on dirait juste le contraire!]
«AUSSI FAUDRAIT-IL REUNIR CETTE CORR.: ELLE CONSTITUERAIT UNE DE SES OEUVRES MAITRESSES." Belaval. Op. cit. 33-34. «La corr. ne formerait pas seulement un témoignage nuancé sur la personnalité de l'écrivain, elle serait un doc. sur une époque litt.»
LES CLES DU CD DANS SA CORR. Fréderic van Ermengen.[Franz Hellens]. "Max Jacob." Essais de Critique intuitive. Bruxelles: Soc. Gén. d'Eds. 1968. 81. "La musique intime & l'énergie fondamentale de l'oeuvre de M.J., c'est sa corr. qui nous en fournit la clé. J'allais dire les clés & les manettes, songeant à la diversité de ton & de rythme d'ouvrages comme LC, CD, F.- 83. "Van Gogh écrivait ses tableaux dans sa corr. avec Théo; M.J. dessinait ses p. dans quelques-unes des ses plus vivantes l. à ses amis."
LA CORR. AVEC SALMON. Salmon. SSF III. Op. cit. 286. Chap. "St.-B. chez Mme Persillard." "Me connaissant incapable de la méthode nécessaire, j'ai confié les l. qui me vinrent de St.-B. à un spécialiste, M. Marcel Adéma, le scrupuleux biographe & bibliographe de G. Apollinaire. Ce n'est pas à moi, le défaillant qu'il appartient de s'étonner du long délai que doit s'accorder M. Marcel Adéma."
LA CORR. AVEC MAURICE FOMBEURE. M. Fombeure. "Rencontres avec M.J." Simoun, no. spéc. 33-34. "J'ai rencontré M.J., pour la prem. fois, à St.-B., au mois de déc. 1925. - De là date une amitié qui ne devait finir qu'avec sa mort. Et encore? Et une abondante corr. semblable à celles que possèdent tous ses amis."
LA CORR. DE L'AUTEUR DU CN. LMB, août 1937. DV,48-49. Cette corr. fut variée & multiple. "Ne me félicite pas de mon empressement à répondre aux l. Ce n'est guère flatteur [...] ça a plutôt l'air d'une liquidation. Je liquide aussitôt reçu. Je n'ai fait d'ailleurs que cela dans ma vie: liquider. Je liquide mes amis, mes prières, etc."
"LA CORR. EST-ELLE UN GENRE LITTERAIRE?" Cadou. "La vie du poème." Op. cit. 147; Cahs. du Nord, op. cit. 191-92. "A cette enquête des NL. M.J. répondait: 'Les l. sont des oeuvres d'art en liberté (le plus bel art). Une l. c'est comme son écriture. L'écriture révèle le scripteur: les poètes écrivent des l. de poètes; le génie, une l. de génie. Je reçois des l. très intelligentes & même des l. de penseurs...,il y aura toujours de l'esprit en Fr. & ailleurs. Mais le genre épistolaire? Il me semble que personne n'y songe plus. Plutôt la l. sublime que la 'belle lettre'... au moins parmi mes correspondants (ce ne sont pas ceux de l'Institut)."
LA CORR. DE M.J. Sauguet. "Une journée de M.J..." Europe no. spéc. 28. "Sa corr. est, sans doute, la part la plus considérable de son oeuvre, celle dans laquelle il se livrait, non sans détours; mais ces détours mêmes le livrent tout autant que des confessions. On n'en finira pas de découvrir Max dans ses l. & on ne finira jamais de les publier: il y en a partout"; à Belaval, op. cit. 17. "[...] j'écris six l. par jour."
LA CORR. ETABLIT "UNE CHAINE, UN CHENE." LMM, St.-B. 21 ou 22 nov. 1940. 69. "La vérité est que nous ne nous écrivons pas assez souvent - quand on s'écrit souvent, les détails de la vie connus par l'un & l'autre correspondants éveillent d'autres détails moins ou plus connus [...]."
CORR. - PROSELYTISME. PSICHARI. LES CONVERTIS DE LA BELLE EPOQUE. Eds. Rationalistes, 1971. 101. "J'ai eu récemment par un ami, communication d'une l. inéd. de M.J., qui est bien le reflet de son état d'esprit de convertisseur. M.J. apprend qu'un de ses amis, pendant la guerre vient de perdre son père & se met en devoir de lui écrire une l. de condoléances (16 janv. 1940). Mais après deux lignes sur le sujet, la l. relève en réalité du prosélytisme le plus évident. Et sur quoi doit être fondée la conversion espérée par Max? Sur la crainte de Dieu, sur la mort qui est la terreur suprême: 'Dieu te frappe en ce moment parce que le malheur général ne suffit pas à te faire réfléchir. Il ne suffit pas d'être aimé, aimable & plein de talent, cela c'est la terre & tu t'en tires très bien; il y a la mort, tu le vois & tu dois songer à ton âme. Que n'ai-je plus tôt songé à la mienne, je ne vivrais pas dans la crainte (salutaire mais tardive) de la Justice immuable de Dieu.'"
COULEUR DOMINANTE DE SON ESPRIT. Béalu. DV, 50-51. "A travers une flatterie souvent exagérée, une complaisance excessive quoique rarement intéressée, le sarcasme caché sous l'hyperboliques protestations d'amitié, plus souvent une bonne humeur qui, enveloppant larmes & pires soucis, était la couleur dominante de son esprit, il épanchait tour à tour sa causticité proverbiale & sa générosité naturelle dans ses l. à ses amis."
"LE COURRIER L'ATTENDAIT A LA POSTE, dont la rue, depuis, prit le nom de M.J. Immédiatement il répondait à toutes les l. qu'il venait de recevoir. Et chacun pouvait alors penser qu'il était le seul & l'unique ami." R. Szigeti. "Amitié de M.J." Europe, no. spéc. 34.
DANS SA CORR. IL DISPERSE SES DONS. Lannes. "Max Jacob." Art, op. cit. "Sa conversation, sa corr., ses gouaches assumèrent d'autre part une dispersion presque démoniaque de ses dons."
DE RETOUR D'ITALIE, LE 2 JUILL. 1925, «200 l. L'ATTENDAIENT sur son bureau», il répond «à raison de 20 l. par jour.» VM, 182; ibid. 257. Il se dépeint l'épistolat.
"DEVOT EPISTOLIER." Jean Chalon. Préf. LLP, 10. "Dans ses Portr. de famille. (éd. Janin), Léon-Paul Fargue se déclare comblé par 'des lettres exquises.' N. Barney, dans ses Aventures de l'esprit, qualifie le poète de ‘dévot épistolaire’."
ENGAGEMENT TOTAL. Sauguet. "Une journée avec M.J." Créer no. spéc.30-31. "Il écrivait comme il conversait, avec une absolue liberté d'allure, d'idée, d'opinion, d'humeur, mais surtout il écrivait toujours avec cette extraordinaire passion qu'il mettait en tout & sans aucune préoccupation d'ordre litt. Il n'écrivait pas pour l'avenir, dans la pensée d'une publ. possible, & future, ses l. étaient des moments qu'il consacrait vraiment à son correspondant & dans ce grand élan d'amitié qu'était le mouvement même de sa vie. [...]. Comme les ouvriers du bâtiment, Max chantait en travaillant, & toutes sortes de musiques fleurissaient ainsi sur sa bouche."
EN REL. COMME EN LITT., M.J. A RECU VOCATION DE CONVERTIR. Père Jean. "M.J. ou les chemins de la conversion." Rfl. no. spéc. (1981): 4.
"LES FAUTES D'ORTHOGR. NE ME DEPLAISENT PAS" il a horreur des ratures. LLP, 67. 28 juin 1926.
"JE SUIS COUPABLE ENVERS VOUS, MAIS SONGEZ QUE J'AI PARFOIS VINGT OU TRENTE L. A ECRIRE & un travail double de peintre, d'écrivain, etc." A Moremans de 1927. Op. cit. 38.
L. AUX SOLDATS. Tuarze. Op. cit. 97. à Leonardi. 3 fév. 1940. "je suis emberlificoté dans des morceaux de l. à des indifférents: depuis 4 mois je n'ai pas d'autre occupation que d'écrire à des soldats du front. Il paraît que le vaguemestre est leur seule joie: ils vivent du courrier & par le courr. Ils vont d'un courr. à l'autre &, dans leur ennui qui est immense, ils ne pensent qu'au courr. En ce moment j'ai l0 l. par jour"; LLP, op. cit. 152. "Mon métier c'est d'écrire au front à 81 adresses. Ces jours-ci les l. arrivent par vagues de fond & s'étalent en monceaux."
---. LRV, 90. 13 sept. 1939. "Je passe mon temps à écrire des l. aux soldats, j'ai 49 adresses, & j'écris quatre l. par jour en plus de mon train ordinaire; VM, 257. "En janv. 1940, il écrira à la princesse Ghika qu'il a 81 adresses & appelle ses correspondants insatiables, 'les Danaïdes'. Pour se dépeindre, il créera un joli mot, l'épistolat."
"LES L. DE MAX SONT DES CHEF-D'OEUVRES INNOMBRABLES." La séance à la mémoire de M.J. au théâtre d'Orléans [avec les témoignages écrits de Claudel, Cocteau, Delteil, Cingria].
L. VOLEES DE M.J.
Salmon. SSF III. Op. cit. Notes. [385]. "Le poète M. Béalu a réuni en vol. les l. que lui écrivit M.J. L'une de ces l. démontre clairement que c'est avec permission de M.J., alors en vacances à Quimper, qu'un autre poète, très jeune, très pauvre, put faire dans la chambre de Max, chez l'incomparable Mme Persillard, un abondant choix de l. à revendre au libraire Lipschutz [sic]. Je maintiens que ce dernier se montra singulièrement généreux en détruisant, histoire de n'affliger personne, le coûteux cat. des l. en question. Il le fit aussitôt qu'on l'en priait. De rares exemplaires ont circulé. C'est un doc. d'importance capitale." [L. volées & retrouvées dans le cat. du libraire Lipschitz].
M.J. A ECRIT DES MILLIERS & DES MILLIERS DE L., TOUT AU LONG D'UNE VIE 'A CIEL OUVERT' qui ne concevait point qu'on pût oeuvrer sans répandre, croire sans propager, aimer sans enfanter l'amour [...]. Aussi bien, ces milliers de l. ne sont-elles que le prolongement naturel & ininterrompu d'une oeuvre qui, p. ou prose, drame ou essai, pastiche ou roman, se veut, avant tout, dialogue, conversation, qui en appelle constamment, par son écriture même (l'apostrophe, l'interjection, la parenthèse, les points de suspension...) & sa tonalité (la blague émue ou acide, la confidence nue, le mot familier) au jugement d'autrui, à sa critique, qui provoque l'échange ou le refus, l'adhésion ou le sarcasme, & qui, dans tous les domaines - pictural, poétique, fidéiste, amoureux - est une entreprise de prosélytisme autant qu'une volition de créateur." Rousselot. "M.J." Cahs. du Nord no. spéc. 205-06; J. Morgenroth Schneider. Op. cit. 113 conteste l'idée du prosélytisme, elle parle du désir "to get in touch with oneself through others, by the need, to corroborate the fact one is there.The pursuit of identity through self-objectivization is one meaning of dialogism [...] (not proselytism as J. Rousselot claims)."
"MAX JACOB AIMAIT LES POETES DANS L'OEUF. Sage-femme de la jeune poésie." U. Pfau. Zur Antinomie cite Béalu, DV, 48. Elle cite aussi J. Rousselot de M.J. au sérieux soulignant la manière dont il a critiqué gentiment les oeuvres que les jeunes lui ont soumis, par des louanges en général; & Emié, (D, 136-37) affirme "Quel que fût le livre qu'on lui soumît, il ne le lisait jamais qu'avec la plus pointilleuse minutie [...] & le mimétisme qui lui avait permis de 'prêter la plume' aux héros de son C entrait en jeu à son tour, dès que, penché sur un roman ou un p., il se mettait automatiquement dans la peau de son auteur."
"M.J. DISCOVERS EVERYBODY BEFORE ANYBODY ELSE." Folio no. spéc. 47. A. Thau. "M.J's letters to G. Stein." G.S. asserts this in Everybody's Autobiography. N.Y.: 1937: 42. In "Eternité du poète." no spéc. Aguedal (1939): 168. "Et il fait les découvertes de chaque jeune âme qui paraît dans le monde & il fait cette découverte avec son âme de poète."
M.J. EST DE MILLE PIECES DANS SES L.. Rousselot. Cahs. du Nord. No. spéc.206. "Il était 'tel' - non tout d'une pièce, mais de mille - dans ses l. comme dans sa personne, & merveilleusement 'livré.'"
M.J. GRAND EPISTOLIER. M. Sachs. La Décade de l'Illusion. Gallimard, 1979, 202; cité in LLP, 9. "Le poète avait une immense corr. qui lui prenait plusieurs heures. [...]. Il s'en acquittait sans fatigue. Sa plume courait alerte sur le papier, racontant mille nouvelles & se plaignant des injustices humaines [...], conseillant, aidant, recommandant le bien en toutes choses";"Il est l'homme de son style &, qu'il converse ou crée qu'il ajoute une image au p. ou griffonne un billet, son style ne cesse de le refléter, [...] de l'épouser jusqu'en ses moindres malices, jusqu'en ses plus secrètes angoisses."
"M.J. N'A CERTES PAS FINI DE NOUS ETONNER, l'avenir nous livrera sa vaste corr., on verra quel merveilleux épistolier il fut, combien sensible & profonde fut son influence sur la poésie de son époque. Bien des inédits restent encore à paraître." Denoël. "Deux poètes morts." Parisienne (avr. 1954): 414.
"ON PEUT GLANER & ON GLANERA DANS LES INNOMBRABLES L. DE M.J. A SES AMIS, mille réflexions drôles, mille anecdotes amusantes, mille pensées profondes. M.J. tenait à ne pas rompre les liens qui l'unissaient aux hommes de son temps. Toute sa corr. aimable & vive, porte la marque du plus sincère souci de l'existence d'autrui." Parrot. "Pur comme un enfant." Op. cit.
PLAISIR DE LA CORR. DV, 49. ‘Ma vie, c'est mes amis’... «en décachetant son courrier de cet oeil amusé, gourmand, qui savait parfois à l'avance, ce que renfermait chaque enveloppe»; LJC, 31. 21 fév. 1926. «Je suis près d'un tas de l. comme on est près du feu & je tisonne»; MJ/JC, 390.
POST-SCRIPTUM. CJP. Béalu. "Circonstances." 8. "M.J. aimait réserver le plus important d'une l. pour le p.s., condenser dans une note en bas de page l'essentiel de sa pensée, cacher ses intentions entre les lignes, enrober ses conclusions dans un sourire."
"QUAND ON PUBLIERA LA CORR. DE MAX, QUELLE REVELATION. (Aussi grande qu'a pu être vive la déception devant celle de Proust). L. de J. Paulhan à Gabriel Andisio, 28 mars 1944." Intr. Paul Vallotton. Dir. Radio & Télé Suisse Romanche, Lausanne.
REPETITION DANS LA CORR. Des échos parcourent sa corr. car il doit répondre à des dizaines de lettres.
"SA CORR. SERA, AU JOUR DE LA PUBL., L'UNE DES PLUS CONSIDERABLES DE LA LITT. FR. Calquée sur la parole directe, elle conservera sa présence mieux que tous ses écrits publics. - Il y a matière à au moins dix vol., sans tenir compte de la corr. actuellement dispersée entre les mains d'un nombre peu ordinaire d'amis." Lannes. Poésie 20. Op. cit. 36, 38.
SES AMITIES DANS SA CORR. Secrétain. Intr. TB. Comédie. Op. cit. 14. "Face à l'ensemble de son oeuvre, à ce qu'on connaît d'une foisonnante corr., où s'éparpillaient ses amitiés & ses cogitations, à ce qu'on sait de lui après tant de gloses & d'hommages, éparpillés eux aussi, la difficulté est toujours grande de le saisir dans une analyse exhaustive & dans une classification sécurisante."
SIGNIFICATION DE LA CORR. LRV. Intr. 12. "[...] que signifie pour son auteur l'entretien d'une abondante corr. si ce n'est la nécessité intime de se sentir entouré d'amis nombreux & qu'il veut chaleureux."
SIGNIFICATION LITT. DE LA CORR. LML. Intr. 9. "La corr. de M.J. est en effet étonnamment vaste, & présente - en dépit de son allure spontanée, familière - un très grand intérêt litt. A chaque ligne l'écrivain fait sentir sa marque: d'ailleurs le Max épistolier ne s'invente-t-il pas un personnage, parmi les plus curieux, les plus séduisants & les plus profonds de la litt. contemporaine? [...]. La corr., comme les autres usages - poétique, rel. - qu'il avait coutume de faire de l'écriture, était pour lui une manière d'exercice spirituel. De là provient, sans doute, l'étrange rayonnement qui se dégage du moindre de ses billets. Modestement mais avec éloquence, ceux-ci attestent que pour M.J., comme pour Rimbaud 'la vraie vie est absente.'"
SI QUELQU'UN SE PREOCCUPE UN JOUR DE REUNIR LES INNOMBRABLES L. DE M.J. & DE LES PUBLIER (mais 50 vol. n'y suffiront pas!) il apparaîtra que ce poète pour qui 'travailler' était synonyme de 'se pencher sur soi' fut, dans sa corr., un créateur; non d'un style, mais d'une manière. M.J. épistolier dit 'tout ce qui lui passe par la tête' (& par le coeur) &, si ce qu'il a dans la tête ou le coeur l'obsède, il le redit & le redit encore, avec ou sans variante, à ses autres correspondants de la journée; a-t-il quelque mal à dire d'un ami, il le mande sans aucune précaution à un ami de cet ami; quelque bien? il fait de même, quitte à se contredire dans une l. suivante, sur la mal ou sur le bien ou, si on lui en reparle, à déclarer de bonne foi qu'il a oublié, ou qu'on l'a mal compris. [...]. Mais, comme nous sommes loin de la préméditation d'un Voltaire, d'une Mme de Sévigné, d'un Marcel Proust, triant sentiments & pensées avant même d'approcher l'écritoire & construisant méthodiquement, ensuite, l'image d'eux-mêmes qu'ils ont dessein d'offrir: M.J. est aussi étranger à ce 'beau style', qu'il l'est, dans son art, à la logique rationnelle. [...] M.J. ne fait rien d'autre, mais l'existence, telle qu'elle sort de ses mains [...]." Rousselot. Cahs. du Nord, no spéc. 207-08.
TON PARTICULIER DANS LA CORR. H. Henry. "Jalons chron. pour une amitié..." Op. cit. 191. "Il y a un ton particulier dans toute corr. de M.J. Elle est le miroir de l'interlocuteur autant que le banc d'essai des humeurs, des méditations ou des thèmes poétiques du scripteur. Il y aura donc le Picasso de P. Eluard, le Picasso d’A. Salmon, le Picasso de M. Béalu ou de R. G. Cadou. A ne pas prendre trop ... à la lettre, par conséquent."
"UNE PASSION DE LA 'BOTANIQUE HUMAINE'". Ch. Pelletier. RFl. (Noël 1970) No. spéc.11. "C'est peut-être à ce goût du contact avec son prochain que nous devons de dénombrer autant d'écrits relatifs à la biogr. jacobienne & aussi peu de publ. élucidant les oeuvres mêmes."
LA CRITIQUE DE 1970-1980
L'APPORT CRITIQUE DE LA PREM. GENERATION. Plantier. "Au service de M.J." Op. cit. 43. On ne devrait pas négliger "les témoignages apportés par les peintres, les poètes, les musiciens qui connurent M.J. [...]. L'entreprise est trop délicate pour que les avis aussi précieux ne viennent soutenir l'analyse & nourrir l'intuition. Le seul danger pour le chercheur est de croire le problème résolu & de se laisser ligoter par des souvenirs & surtout par des anecdotes [...]."
CE QUI RESTE A FAIRE. Quelle place accorder au romancier par rapport au poète? Belaval. C'était il y a trente ans. No. spéc. 18. "la prem., jugeait Thibaudet, la seconde répondons-nous le plus souvent."
CONCEPTION GLOBALE DE L'OEUVRE DE M.J. Plantier. L'Univers poétique. Op. cit. 12. Pour ne pas tomber "dans les pièges d'une explication fragmentaire de la psych. ou de l'art de M.J., nous partons d'une conception globale de l'oeuvre. Il s'agit de rendre perceptible, avec ses contradictions & ses variations, l'univers poétique de M.J."
CRIT. FONDEE SUR LE SEUL CD. Ch. Pelletier. "Un écrivain sans purgatoire." Monde 1976 sect. spéc. op. cit. 12. "Les jugements qui se sont imposés furent exclusivement fondés sur le seul CD. Il est vrai que ce fut un ouvrage le plus justement célèbre & que ses autres livres, non réédités devinrent introuvables. Et durant une trop longue période, les dénominations de ‘magicien’, 'fantaisiste', voire 'joueur' revinrent fréquemment au fil des publ. Le titre même du recueil y invitait, son contenu semblait confirmer le bien-fondé de ces jugements."
CRIT. HAINEUSE. Marcel Say. Montparnasse (1er août 1921)."Mais pourquoi ce disciple de Porphyre débarbouillé à l'eau bénite cet hermite casuiste & libertin d'une puberté curieuse & friande d'une virginité lubrique de pourceau nègre s'amuse-t-il uniquement à trouver du bout d'un cierge ou d'une baguette de sorcier des farces érudites les bancroches à l'ésotérisme truffé de gravelure & prodigieuse de fantaisie? Puis ensuite Paul Hussa fait son éloge (il est de Montparnasse)."
---. Garreau, Op. cit. "Il était si malléable, si à l'affût de la mode qu'il aurait bien pu finir, après tout communiste ultrasnob, comme la plupart de ses derniers amis." P. 125. "Maintenant, le miracle est réalisé, ce grand volage est fixé pour toujours."
LA CRIT. RECENTE DE M.J. Nesmy, Jean Dom Claude. "Apollinaire..." Op. cit. 58, n. 10. "Les oeuvres principales ont été rééd. chez Gallimard, La vie de M.J. est un document de prem. ordre, puisque rédigé d'après les confidences de M.J. lui-même en 1928. R. Plantier a étudié à la fois L'Univers poétique de M.J. dans une grosse thèse (op. cit.) & M.J. (op. cit.), car il insiste 'l'itinéraire religieux & l'itinéraire esthétique se confondent'. La RLM commence une série M.J. dont le 2-e fascicule est consacré aux oeuvres romanesques. Les Cah. Bleus [...] ont publié un no. spéc. M.J. avec fac-sim. des autogr. & des textes qui forment un ensemble particulièrement remarquable (no. 9, 1977) avec prolongement dans le no. 10. Les l. à R. Villard, ami d'enfance de M.J. suivies du 'Cah. des Maximes', rédigé par lui à l'âge de 16 ans (op. cit.) sont aussi un doc. important."
LA DEUXIEME GENERATION DES JACOBIENS. Plantier. "Au service de M.J." Op. cit. 43. "Il nous manque actuellement des études objectives tant sur le plan de l'hist. litt. que sur le plan des techniques du langage jacobien. [C'est ce que Plantier a accompli]. Le temps est venu pour la seconde génération des amis de M.J., c'est-à-dire, pour ceux qui ne l'ont pas connu, de donner à l'oeuvre toute son ampleur, toute sa mouvance créatrice." Plantier nous assure qu'une attitude scientifique à l'égard de l'oeuvre n'exclut en rien la ferveur, le dévouement & la sympathie & c'est ce qu'il a prouvé par sa thèse magistrale.
ETAT PRESENT DE LA CRIT. JACOBIENNE. Cadou. Ibid.11. "On n'a pas assez insisté, à mon gré, sur l'oeuvre en tous points capitale de M.J. Ce n'est pas lorsqu'on aura situé Max sur les trétaux du Bateau-Lavoir ou dans l'embrasure d'une petite fenêtre en ogive de St.-B qu'on aura fait un pas en avant dans l'explication de son oeuvre."
---. Palacio. "Le sang et la crucifixion." Op. cit. 593. 'Je n'ai fait qu'ouvrir un chantier. Les études jacobiennes commencent à peine.' "Ainsi s'achevait récemment l'avant-propos d'une des rares exégèses crit. consacrées à un livre de M.J. (DT, 1964). Si en effet la vie de l'homme s'est vue consigner dans d'assez nombreux ouvrages, portraits ou souvenirs pour la plupart, qui trop souvent ressortissent au panégyrique ou à l'hagiographie, l'oeuvre de l'écrivain en revanche n'a guère jusqu'à ce jour (n. 2 les choses vont-elles changer? On note 3 thèses de doctorat récemment déposées sur M.J.) (Cf. Plantier, Pelletier, le travail de Mme Henry) retenu l'attention des commantateurs. Un quart de siècle après la mort, M.J. reste prisonnier des images que lui-même avait plus ou moins consciemment contribué à répandre. Pour beaucoup l'homme est le dilettante à moins qu'il ne soit le martyr; l'artiste demeure le caméléon, l'acrobate du verbe, le virtuose d'un nouveau & éphémère cultisme du XXe siècle. Et la consécration hésite à venir sur une oeuvre considérable dont on commence à peine à soupçonner l'ampleur & la complexité."
---. Plantier. L'Univers poétique. Op. cit. 10-11. "L'étude d'A. Billy laisse l'impression qu'à travers les remarques sur l'humour, le calembour, la dérision, c'est toujours l'image du joueur & du clown qui domine & qui semble organiser une hiérarchie défavorable à M.J.[...]. Tout semble s'organiser à partir de 4 recueils, le cycle de SM, CD, DT, & LC [...]qui donne encore la primauté au burlesque & à la fantaisie. Il n'est donc pas étonnant que presque tous les articles écrits sur M.J. développent ces aspects, en les reliant [...] plus à la biogr., à ses amitiés du Bat.-Lav., de Quimper, ou de St.-B. qu'à son oeuvre litt. Si l'on met à part l'éd. crit. de la DT, procurée par le P. Blanchet, aucune étude complète n'a été entreprise sur un de ses livres ni [...] sur son oeuvre entière."
FACILE IRONIE DE LA CRIT. Plantier. Ibid. 400. "A l'arbitraire des jugements portés de l'extérieur, & avec quelle facile ironie, il faut substituer les motivations profondes de M.J. & la continuité de sa méthode. (n. 5). Pour le dernier en date: l'article de Pierre Ajame. Nouvel Observateur (22 janv. 1973). 'M.J. converti, voyait un peu la foi comme un gros cachet d'aspirine.'"
L'HOMME EST PLUS IMPORTANT QUE SA CREATION. Dunoyer. C.r. de M.J. quotidien par A. Peyre. «La légende allégée.» Op. cit. Monde 1976 sect. spéc. 12. Peyre affirme que l'homme est plus intéressant que l'oeuvre. Dunoyer lui répond avec pertinence que ‘la création inexistante ou ratée, l'homme ne nous intéresserait pas’.
"IL EST TEMPS D'IMPOSER A L'OEUVRE JACOBIENNE LE TRAITEMENT QU'ELLE AVAIT PRESCRIT A LA LITT. DU SIECLE PRECEDENT pour l'émonder de ses arborescences, la guérir de ses tics, de désencombrer de son bric-à-brac." Dunoyer. Ibid. 11-12.
LA LEGENDE DE M.J. Plantier "Au service de M.J." Op. cit. 40. "Lorsque l'on aborde l'étude de l'oeuvre jacobienne, c'est la légende que l'on rencontre. Il faut dire, [...] que l'auteur s'est amusé, non sans malice, à brouiller les cartes [...]. De là une foule de malentendus qui séparent l'oeuvre du lecteur." Les crit. semblent oublier «que M.J. a écrit une trentaine d'ouvrages divers» pourquoi donc «le ranger sous l'étiquette simple & commode d'auteur du CD?»
M.J. A SUSCITE D'INNOMBRABLES D'ECRITS A PROPOS DE SA VIE. Ch. Pelletier. "Un écrivain sans purgatoire." Op. cit. "Si M.J. n'a pas vraiment pâti du purgatoire litt., il est peu d'écrivains qui ont suscité autant d'écrits relatifs à leur vie &, en comparaison, aussi peu concernant leur oeuvre. Le rythme n'a guère varié durant ces trois dern. décennies: le plus souvent des notules, de brefs articles dévolus à des échos biogr. Tous ces récits anecdotiques ont bien entendu le mérite de perpétuer sa mémoire en trahissant sa riche personnalité (au double sens de révéler & de falsifier)."
MAX JACOB DEVENU SUJET DE THESE. Plantier. "Au service de M.J." 44. "Thèse d’Université de Soeur Loretto [Saint-Thomas] sur l’humour jacobien, thèse brillamment soutenue en mai [1969] & qui n'aura pas la diffusion qu'elle mérite, pour des raisons matérielles. Un mémoire de diplôme présenté par Mlle Château, sur le p. en prose de M.J. permettra d'élargir l'étude faite dans la thèse de Mme S. Bernard. «Le p. en prose de Baudelaire jusqu'à nos jours.»
---. ---. C'était il y a trente ans, 57-58. "Voilà que vous êtes devenu sujet de thèses& sujet d'un 'examen pédagogique', vous qui n'aviez que sarcasme & ironie pour les agrégés. [...]. Une thèse à la durée d'un long renoncement, [...] ceux qui cherchent ont besoin de votre présence. Et n'invoquez pas le règlement:'Vous ne concourez pas, Monsieur Max? - Je ne suis pas inscrit.'[...]. Bien sûr nous divisons 'le sujet en paragraphes' & nous déployons 'beaucoup d'érudition', mais nous entrevoyons ‘aussi quelque autre chose'. Je ne dis pas que nous volons 'sur un fond sérieux & d'un vol vif', mais tous ensemble, nous travaillons à cette éducation spéciale qu'il faut donner à tous les enfants des hommes pour qu'ils aient des lèvres vivantes pour tous les poèmes des hommes."
---. INTR. DE L’Univers poétique de M.J. 150 ARTICLES SUR M.J. PAS UN SEUL SUR SA TECHNIQUE. P. 12. "Le dépouillement de plus de 150 articles, écrits dans les périodiques fr., révèle cette suprématie de l'hist. litt. & du témoignage historique sur toute approche plus technique de l'oeuvre. Ce qui fait ressortir avec plus de force les quelques analyses accomplies en ce domaine par Y. Belaval, J. Cassou & J. Rousselot. L'orientation de notre recherche vise à rétablir un équilibre entre l'approche linguistique & l'approche littéraire; [...]. Elle vise à multiplier les points de vue pour mieux saisir la complexité & la vie de l'oeuvre." - Plantier porte la plus grande attention aux images & au traitement de l'analogie. "A cela s'ajoutait le dépouillement des textes 'pédagogiques' de M.J. [...], ses réflexions sur l'art d'écrire, dans sa Corr., dans la préf. du CD, dans son AP [...]."
---. RESULTAT DES RECHERCHES DE PLANTIER POUR SA THESE. 404-05. "Dans toute notre rech., nous n'avons cessé de mettre en avant les pouvoirs de communication du p. dans l'oeuvre de M.J. Nous avons montré chez ce précurseur du mouvement surréaliste le souci constant de l'unité: non pas l'imitation du réel, non pas la description d'une part & d'autre part l'irresponsabilité du rêve, la supériorité du rêve, mais l'alliance du corps réel, en son approche sensorielle du monde & du corps profond, non moins réel, en sa capacité de transformer les données de sens."
M. Décaudin. RLM. MJ 2 no spéc. 187-88. "En juin 1972 Christian Pelletier a soutenu à la Sorbonne une thèse de Doctorat de 3e cycle: 'M.J., Un regard sur la vie quotidienne vers 1920.' (323 p.). Le jury était composé de MM. Michel Décaudin (rapporteur), Raphaël Molho, Louis Forestier. Cette thèse de doctorat présentée à l'U de Paris-X Nanterre comprend 2 parties bien distinctes. Dans la prem. M. Pelletier corrige l'idée admise sur la fantaisie de M.J. par une enquête sur la présence de la vie quotidienne dans l'oeuvre, du CD au CN. Il étudie ainsi successivement 'Personnage & toponymes', 'La Botanique humaine', 'The Way of life', pour montrer comment, chez ce 'funambule au ras du sol', qu'est M.J., le caractère ludique de l'art est inséparable d'un regard acéré sur les choses & sur la vie.- Le point de vue est intéressant & pourrait renouveler la lecture de M.J. Malheureusement, M. Pelletier s'arrête en deçà des développements attendus & se contente trop souvent de simples relevés qui tendent à l'énumération, alors qu'on était en droit d'attendre une analyse menant aux processus de la création [...]."
---. ---. Ibid. 188. "Le 1er déc. 1973, R. Plantier a soutenu à la Sorbonne la prem. thèse pour le Doctorat ès-lettres consacrée à M. J. "Le système poétique de M.J." Le jury était composé de MM. J. Mazaleyrat (président), F. Deloffre (rapporteur), Mme M. Parent, M.A. Angès.»
---. ---. 188. "En 1972, à l'U. de Berlin, Mlle una Pfau a soutenu sa thèse 'Die Antinomie der bürgerlichen Satire. Untersuchungen zu Leben und Werk Max Jacobs,' sous la dir. du Prof. Pabst ;" Dans la conclusion de cette thèse U. Pfau propose ce qui reste à faire: (trad. de M.G.) 1. Examiner l’ironie de M.J. tournée contre soi-même d'une manière systématique. 2. La technique narrative, les variations des 'Incognito' sous lesquels l'auteur se présente dans ses romans. 3. La métamorphose du réel au fantastique.
M.J. EST DOUBLEMENT PRESENT: dans son oeuvre & dans la mémoire de ses amis. Amis de Max Jacob.
M.J. POETE EXEMPLAIREMENT MARGINAL. J. Bens. «La poèsie par le revers.» NL 2539 (1 juill. 1976): 7. M.J. [...] "suivit ses chemins de traverse sans s'inquiéter de personne [...]."
NOTE DE LECTURE DE PLANTIER. Cah. M.J. no 1 (1978): 135. A. Garreau. Inquisitions II. Op. cit. Ayant lu l'intr. de Garreau, qui affirme sa splendide objectivité Plantier avait des craintes, elles furent confirmées. Il ne discute pas sur le mélange des données biogr. & des citations qui construisent une perspective cavalière, par contre il cite abondamment pour ne pas gauchir la pensée de Garreau. [M.G. Nous avons relevé les mêmes citations qui ont irrité, à juste titre, Plantier]: 'Mettre en doute que M.J. soit un martyr, un grand mystique, un saint canonisable, c'est aux yeux de ses amis intransigeants passer pour un nazi & un imbécile.' 'C'est alors que sa mère a cru qu'il n'était qu'un froid ambitieux - ce qui devait être certes un trait caractéristique de son judaïsme.' 99. 'Le cubisme litt. serait de son invention, ainsi que le cubisme pictural qu'il aurait enseigné à Picasso. Quel était des deux le plus malin singe?' 101. 'Il a beau dire, il serait assez commerçant & avec quelle persévérance il aurait excellé dans l'art familial de plumer le chrétien.' (110). 'Ses derniers amis ont voulu faire de lui un communiste mystique.' 115. ‘Décidément’, ajoute Plantier, ‘l'inquisition est l'une des périodes les plus atroces de l'église’ & c'est ainsi qu'il termine son c.r.; ajouté par Maria Green p. 108. 'Elle [sa foi] lui vient de la 'glorieuse apparition' qui lui a été donnée le 22 sept. 1909 vers 4 heures du soir. Comme Georges Delaw & Ortiz de Sarate qui eurent des apparitions vers la même époque: était-ce une épidémie à Montmartre?' 110-11. 'il est le poète & l'artiste le plus avancé, le dévot le plus mystique, l'occultiste le plus savant, le dandy, le fantaisiste. C'est un numéro que les maîtresses de maison férues de litt. tiennent à présenter dans leurs réceptions d'art ultra-moderne. Bientôt il aura un cortège de jeunes admirateurs fanatiques, dont quelques-uns ont survécu jusqu'à ces temps derniers: si vous ne l'admirez avec componction vous n'êtes qu'un philistin'; in MJ, op. cit. 128. Plantier écrit: "Nous avons pu mesurer le mépris, c'est le mot, dans lequel certains tiennent le poète ou plutôt l'homme"; Belaval, in C'était il y a trente ans, no. spéc. 18. "Peu à peu, dans la zone d'ombre, les mauvaises langues se taisent [...]."
"L'OEUVRE DE MAX N'A PAS FINI D'ETRE DECRYPTEE, l'essai de Plantier en laisse entrevoir les perspectives infinies. C.r. de Dunoyer. "M.J. entre le diable & Dieu." Monde 22 mars 1973. A propos de M & M.J. par Plantier.
ON REEDITE M.J. Ch. Pelletier. "Un écrivain sans purgatoire." Op. cit. 12. "Une nlle gén. de lecteurs & de chercheurs, qui ne l'a pas connu, n’est plus obnubilée par le personnage. Des revues d'inspiration universitaire consacrent de plus en plus fréquemment d'articles à des études détaillées des oeuvres de Jacob."
RLM M.J. 2. Palacio. "Liminaire." "L'Univers romanesque de M.J." Le 2e no. spéc. consacrera une partie de son sommaire à l'univers romanesque du romancier de F, pour commémorer le cinquentenaire de la publ. du TB; le 3e abordera le thème plus vaste de réalisme & spiritualité. L'un & l'autre contiendront, avec le concours de Peter C. Hoy, la biblio. jacobienne courante habituelle. Il faut aussi dresser bibliogr. & tables chron. de la corr., pour constituer sur l'écrivain un véritable outil de travail. Il faut aussi donner aux spécialistes jacobiens une occasion de s'exprimer & une tribune pour le faire, élaborer entre eux une liaison, susciter & encourager les travaux.
LE ROLE DE PALACIO. H. Henry. C'était il y a trente ans. 38. "la légende hagiogr. dont la démesure est actuellement combattue à très juste titre par J. de Palacio. RLM M.J. no 1. "Autour du poème en prose."
SA PERSONNALITE DEPASSAIT SON OEUVRE. Expo. "Hommage à M.J." Quimper. 1961. Op. cit. Texte de M. Jouhandeau. S.p. "La personnalité de M.J. dépassait de beaucoup l'importance de son oeuvre. Cependant, le CD annonce le surréalisme, dont il semble la préf. Son charme relevait de la magie & sa mort, en faisant de lui un martyr, nous invite à le vénérer comme un saint. Posthumément, personne ne semble mieux désigné que lui pour servir le lien entre les trad. les plus reculées & les aspirations des gén. actuelles. Né de la même couvée qu'Apollinaire, ami intime de Picasso & de Reverdy, il ne méconnaissait rien des exigences de l'avenir, sans rompre en visière avec le passé ni perdre de vue l'éternel."
SE CONCENTRER SUR L'OEUVRE. Palacio. Liminaire du no. spéc. M.J. 1de RLM. P. 4. "C'est le propos de ces Cah. que d'accomplir ce travail de lustration nécessaire & d'hygiène des lettres dont M.J. semble avoir, plus qu'un autre, besoin. L'image tenace du 'poète assassiné,' si on en reste là, risque de devenir un cliché rebattu & ne fait point progresser la connaissance de l'oeuvre." - L'équipe de Palacio ne s'occupera pas de souvenirs sur l'homme, des récits de rencontres, d'entrevues passagères de visites à St.-B. ou à l'Hôtel Nollet car ses amis ont dit tout ce qu'ils pouvaient dire. «Il faut ce concentrer sur l'oeuvre.» [...]. Le but de Palacio est de donner au lecteur les moyens de mieux aborder l'oeuvre.
SECRET DE LA CRIT.: ENTRER DANS LE SYNCRETISME. Plantier. L'Univers poétique. 400. "Découvrir les oppositions ne conduit qu'à l'incompréhension. Il faut au contraire entrer dans le syncrétisme de M.J. avec l'attention passionnée qu'un néophyte apporte dans l'accomplissement des rites de l’initiation." C'est dans cet esprit que Plantier a travaillé. [...]. Il a évité "de trop en appeler à l'alibi de la science pour étudier des p. de chair & de sang." [...]. L'itinéraire rel. & l'itinéraire esth. se confondent dans une volonté. Cf. contrastes, contradictions, unité.
LE TEMPS DE LA LEGENDE EST FINI COMME AUSSI CELUI DE LA DESINVOLTURE & DES IRONIES. Plantier. "Au service de M.J."46. "L'oeuvre de M.J. a l'appui des amis qui l'ont connu, & nous avons, pour notre part, mesuré leur ferveur & leur générosité. L'oeuvre de M.J. a l'appui de ceux qui ne le connurent pas."
TEXTES INED. A QUIMPER. Xavier Grall. "Tribulations d'un funambule." Op. cit. H. Henry constate que dans Quimper il y a encore "bien des textes inéd. de M.J. qui se baladent. Ou plutôt ne se baladent pas! Les bourgeois qui les possèdent se taisent ou mentent à qui mieux mieux. Tout ça fleure la salade de famille, l'histoire d'héritage!"
UNE MOISSON D'ANECDOTES INED. C.r. du livre de Peyre, Monde 1976 op. cit. "On a beaucoup glosé sur l'oeuvre du poète du CD. Restait à découvrir le personnage."
L'UNITE DE L'OEUVRE. M. Décaudin. "Etudes sur la poésie contemporaine." Op. cit. 226. «Très tôt, M.J. eut sa légende, que d’ailleurs il ne lui déplaisait pas d’entretenir. Mais, comme l’a observé R. G. Cadou, ‘ce n’est pas lorsqu’on aura situé Max sur les trétaux du Bateau-Lavoir ou dans l’embrasure d’une petite fenêtre en ogive de St.-B qu’on aura fait un pas en avant dans l’explication de son oeuvre.’ Ce n’est pas non plus en concentrant l’attention presque exclusivement sur Le CD, comme on l’a fait parfois.»
[HEUREUSEMENT DEPUIS 1980 DES OUVRAGES CRITIQUES TRES IMPORTANTS ONT ETE PUBLIES].
LA CRIT. DE M.J. - TU ES LE SEUL CRITIQUE
CRIT. CLAIRVOYANTE DE M.J. Emié. D. 236. "La clairvoyance & l'acuité de son esprit, la sûreté d'un jugement qui, par la suite, se confirmait toujours [...] la vérité de ses pronostics, la hauteur de ses regards, la netteté de ses formules & cette verve de l'écriture qui établissait le courant même de la vie entre Max & son lecteur."
LETTRE INED. A MASSOT DE [1922] sur un livre de crit. Op. cit. "Un livre ne contente personne [...], fût-il Pierre Benoît qui l'ait écrit. Les plus grands succès sont les plus discutés. Un livre de crit. mécontente tout le monde."
M.J. SE SENT QUALIFIE POUR PARLER POESIE. LML, 14. Intr. "[...] bien qu'il ne cesse d'avouer combien ses connaissances sont modestes, se sent parfaitement qualifié pour parler de poésie."
TU ES LE SEUL CRITIQUE. LJC, 27. [29 janv. 1926]. "Tu ne m'embêtes pas du tout quand tu fais de la crit. litt.: tu es le seul crit. qui m'intéresse;" MJ/JC. 386. ["Tu es le seul critique" titre décerné par M.J. à plusieurs jeunes poètes. M.G.].
CRUCIFIXION
"Ce beau jeune homme [...] qu'ils ont cloué tout nu au bois de la croix!" Sentein. "Visite à M.J." Op. cit. 54.
LE CUBISME
"APOLLINAIRE CHANTAIT LE CUBISME sans le pénétrer profondément" - disait M.J. Jeanine Warnod. Le Bateau Lavoir. Op. cit. 106.
CE FUT M.J. QUI VERS 1909 ME CONDUISIT AU BATEAU LAVOIR, BERCEAU DE L'ERE CUBISTE - dit Metzinger.
CE QUE M.J. A DIT DU CUBISME C'EST DU PAPOTAGE. Crespelle. Montmartre vivant. Op. cit. 197. "Quant à ce qu'ont dit Fernande Olivier, M.J. & surtout Gertrude Stein sur les origines du cubisme, c'est du papotage: inutile d'en tenir compte."
CUBISME AU DETRIMENT D'AUTRES ASPECTS
Plantier. Univers poétique. 11. "En fait tout ce qui permet de rattacher M.J. à un groupe ou à un moment litt. placé sous le signe d'Apollinaire, voire sous le signe du cubisme, est privilégié, au détriment d'une vue globale de l'oeuvre, dans sa liberté & dans son mouvement." Plantier ajoute que "toutes les études citées font la plus grande part à l'hist. litt. & n'abordent pas, de façon systématique, les techniques mises en oeuvre dans le langage, pas plus que l'évolution de ces techniques à travers les recueils."
LE CD OBJET CUBISTE. Edmond Humeau. Pour en revenir à M.J. No. spéc. 36-37. "En réalité, le CD, s'il constitue l'objet le plus cubiste de notre litt., demeure d'une vivacité aux arêtes qui ne cesse de surprendre le simple curieux collectionneur de cristaux & de papiers découpés dont il est loisible de tirer 'L'horrible aujourd'hui' aussi bien que 'Le Coq & la Perle' dont les cent seize facettes sont autant de fenêtres donnant sur l'incendie des mots."
LE CUBISME DE M.J. Jean Lacouture. André Malraux. Seuil, 1973. 33. "Malraux écrit dans son prem. article qu'il ait publié: 'M.J. apportait au cubisme une ironie fluette, un mysticisme un peu charentonesque, le sens de tout ce qu'il y a de bizarre dans les choses quotidiennes & la destruction de la possibilité de l'ordre logique des faits." "Les origines de la poésie cubiste." Connaissance (janv. 1920): 39.
LE CUBISME ET LE CD. Cadou. "La vie d'un poème." 137; Cahs. du Nord. No. spéc. 184. "Par sa façon de présenter le mot, exactement comme un dé, sur toutes ses faces & dans son volume [...], M.J., ainsi que le fait très justement remarquer Carco, se rattachait au cubisme."
CUBISME & POESIE REL. Mortimer Guiney. Cubisme & litt., University of Connecticut, 1972. 131. "S'il est vrai que la direction que lui a donnée le Cubisme dans son art reste un acquis permanent, il n'en est pas moins vrai [...] que la rel. va y jouer un rôle catalyctique de plus en plus important & qui finira par l'emporter sur tous les autres facteurs qui, à l'époque de la floraison du Cubisme, faisaient de lui un si grand novateur."
LE CUBISME LITT. & PICTURALE. "Hommage à M.J." Expo. au Musée de Montmartre, 1976. Op. cit. 19, no 26. L. à sa mère, 4 juin 1927. M.J. donne dans cette l. une explication du surréalisme, du futurisme & du dadaïsme. "Le cubisme en peinture est l'art de travailler le tableau par lui-même en dehors de ce qu'il représente... ne procédant que par allusion à la vie réelle. Le cubisme litt. fait de même en litt. se sert seulement de la réalité comme d'un moyen & non comme une fin. Ex.: mon CD & l'oeuvre de Reverdy"; Folio, no. spéc. [1].
LE CUBISME PICTURALE DE M.J. VM, 87-88. "[...] il a fallu attendre [...] l'expo. organisée en 1977 par la gal. Rousset-Altounian pour en saisir [des dessins cubistes de Max] l'importance. [...]. Les prem. essais cubistes de Max datent [...] de 1909-1910. [...]. 89. Entre 1909-1910 & 1914, Joseph Altounian avait acheté [à Max] les "Carnets" dans lesquels celui-ci avait groupé [...] une cinquantaine d'oeuvres environ."
EXPLICATION PSYCH. DU CUBISME DE M.J. Grall. "Tribulations d'un funambule." Op. cit. Selon H. Henry "toutes les femmes Jacob avaient de la rudesse. Savez-vous que sur la fameuse toile de Picasso, Les demoiselles d'Avignon, on peut voir la grand-mère de Max? Vous n'aurez pas de mal à la reconnaître, c'est la moins avenante. Elle était native d'Avignon, en effet, Max avait certainement parlé de son caractère à Pablo. - Ah critiques savants, si vous saviez! La fameuse révolution cubiste n'est peut-être tout simplement, tout prosaïquement que la représentation de la volumineuse & marâtre méchanceté humaine. La charité, c'est tout rond. Et le cube est sans pitié...»
"JE ME SUIS REMIS A LA PEINTURE pour me distraire." LTB, 73. A Moricand. 9 avr. 1937. "Quelle bonne fumisterie que le Cubisme & le Cézannisme; il n'y a que l'amour qui compte, le reste est pour faire chef-d'oeuvre; or le chef-d'oeuvre n'est pas prévisible."
"M.J. AURAIT PU SE RALLIER AU CUBISME, LA PEINTURE DE SON EPOQUE." "Interview de Claude Morgan avec R. Toulouse." Créer, no. spéc.19. "Il ne l'a finalement pas voulu. [Se rallier au cubisme]. Il refusait de se plier à des règles. Le cubisme était trop contraignant pour lui. Il a donc construit son propre monde où règne la même fantaisie créatrice que dans son oeuvre de poète & pour les mêmes raisons."
M.J. & LE CUBISME. Gérard Bertrand. "SM & SJ." L'Ill. de la poésie à l'époque du cubisme: 1909-1914. Klincksieck, 1971. 77. "En effet, les poètes l'ont compris, le Cubisme, selon la propre expression de M. Cassou (Panorama. 379), 'montre comment le tableau crée lui-même sa propre organisation, se faisant soi-même son objet.'" 81. la déf. [du cubisme] de M.J. "montre à quel point la contemplation des tableaux cubistes a rendu les poètes attentifs à l'importance capitale de la construction dans une oeuvre d'art."
M.J. INVENTEUR DU MOT 'CUBISTE'. Cabanne. Le Siècle de Picasso. Op. cit. 212. Selon Uhde c'est M.J. qui est le parrain du mot 'cubisme'.
M.J. LE MALLARME DU CUBISME. M. Décaudin. "Cubisme litt.: Le cas Dermée." Europe (juin-juill. 1982): 133, n. 3. "Frédéric Lefèvre écrivit: 'Dans une très curieuse conf. sur M.J. [...] Paul Dermée nomme son maître: ‘le Mallarmé du cubisme.' Et voulant définir le p. en prose tel qu'ils le conçoivent, il n'hésite pas à citer cette formule 'théorique lapidaire de M.J.: Alors que toutes les proses en poèmes renoncent à être pour plaire, le p. en prose a renoncé à plaire, pour être. C'est quelque chose comme un tableau cubiste.'" Conf. 3 déc. 1916 sous les auspices de l'ass. Lyre & Palette.
MAX JACOB SE SITUE PARMI LES FANTAISISTES & LES CUBISTES LITT. Dom Claude Jean- Nesmy. "Apollinaire..." Op. cit. 58-59. "Mais en 1927, le poète précise lui-même à sa mère: 'Les Fantaisistes: Apollinaire, M.J., Salmon sont les gens qui ont mêlé la vie moderne à la poésie lyrique, libéré le vers fr., accueilli les rêves de la nuit, les calembours, & les hallucinations. Le Cubisme en peinture est l'art de travailler le tableau par lui-même en dehors de ce qu'il représente, & de donner à la construction géométrique la prem. place, ne procédant que par allusion à la vie réelle. Le cub. litt. fait de même en litt., se servant seulement de la réalité comme d'un moyen & non comme d’une fin. Ex.: mon CD, & l'oeuvre de Reverdy.'"
MIXTURE OF ANGUISH AND BUFFOONERY. L.C. Breunig. "M.J.& the Poetics of Cubism." Romanic Review LXIII:2 (April 1972): 163. C.r. du livre de Gerald Kamber. "[Kamber] is deeply sensitive to that strange mixture of anguish & buffoonery which characterizes so much of Jacob's writing, & he particularly loves the word play, which makes him see Jacob as the great precurser of Desnos, Duchamp, Prévert, Queneau. Beckett, & Ionesco."
"LES MYSTERIEUSES ARCHITECTURES DE PICASSO trouvent davantage leur réponse dans le CD que dans Alcools ou Caligrammes" - selon Cocteau. H. Henry. "M.J. & Picasso." Op. cit. 192-93.
LA NAISSANCE DU CUBISME SELON M.J. Extr. l. à J. Cassou in Palacio. "M.J. & Apollinaire" Op. cit. 470. "Aucun mathématicien n'a servi le cubisme & Apollinaire a été aussi surpris que moi de sa naissance. Le cubisme est né un matin, ou plutôt un soir. Apollinaire, Picasso & moi dînions chez Matisse lequel montra une statuette nègre. Picasso la regarda longuement & le lendemain en arrivant au 13 de la rue Ravignan, je trouvai sur le plancher de grandes feuilles de papier, études au trait du canon nègre. A partir de ce jour, Picasso s'enfonça dans la méditation & le silence...Bien entendu Apollinaire mit de la très belle litt. autour de ce chou nouveau, comme il en avait mis autour des arlequins. Je crois que ceci se passait en 1906."
CYPRIEN - CHOIX DE M.J.
PR, 76. "[...] selon la Légende Dorée, Saint Cyprien martyr, avait été mage & consacré au diable. [M.J. l'explique à Guiette]. A Béalu il dit que ce nom signifierait croissance." Andreu in VM, 102-03 trouve que Vénus c'est Cypris, divinité du même genre, mais Cypris est Cyprien est-ce la même chose? Les deux noms ont-ils une étymologie commune? Et n'y a-t-il pas une contradiction plus grave, qui nous est suggérée par M.J. lui-même, Vénus-Cypris, c'est l'accroissement par le bas, l'accroissement de la chair, tandis que Cyprien, c'est l'accroissement par le haut, l'accroissement de l'esprit, c'est-à-dire la renonciation & l'ascèse. Ne serait-ce qu'un jeu de mots? Il y avait d'autres raisons pour que Max s'appelât Cyprien, Cipriano de la Trinidad était le septième prénom de Pablo & Cyprien d'Antioche, vrai patron & ancêtre de Max, avant la sainteté, avait pratiqué la magie."
DEFINITION DE LA POESIE
L'ART EGALE EXORCISME. M. Jouhandeau. "Le Mage." Disque Vert no. spéc. 60. "Max n'en a pas moins chassé les démons & 'délivré des anges': ce qui est pour lui la seule excuse de l'art: qu'il soit un exorcisme."
L'ART EGALE UN EXERCICE SPIRITUEL. LML, 14. Intr. "Si Max écrit [...]. 'La poésie n'est pas dans les choses, elle est ou non, en nous', cela ne l'empêche pas de revenir à plusieurs reprises sur l'obligation implicite, pour le poète, de sonder les profondeurs de sa psyché. Ainsi l'entraînement poétique qu'il recommande à Michel, & qui doit permettre à celui-ci d'enrichir & surtout de rendre plus intensément humaine sa vie intérieure, c'est la méd. rel. à la manière de saint François de Sales"; dans une l. à Andreu de 1938. VM, 231. "J'ai découvert la gravité, la réponse intérieure, attendue, espérée, écoutée."
‘L'ART EST LA CONFLAGRATION APRES RENCONTRE D'UN HOMME HARMONIEUX AVEC LUI-MEME’. AP, 26. ibid., 63. "[...] l'image est l'étincelle qui jaillit quand le marteau de l'homme frappe l'enclume de la réalité!"
"L'ART EST UN MENSONGE, MAIS UN BON ARTISTE N'EST PAS MENTEUR." Ibid.9.
"L'AVENTURE POETIQUE..." Par M. Manoll. Op. cit. 9."M.J. a participé, dans une tension constante de l'être tout entier, à la grande aventure spirituelle qui forme la trame de sa poésie. Celle-ci, selon une expression qui lui était chère, se trouve donc immédiatement 'située': elle ne saurait, à aucun instant, échapper à l'artiste, qui en fait l'objet de sa recherche & s'efforce d'en accroître la portée, jusqu'à atteindre ce noyau où elle se confond avec le mystère de l'être, pour devenir un objet humain transfiguré par la lumière intérieure."
CISELEUR DE PHRASE. Béalu. "M.J. Poète." Cahs. du Nord. No spéc.197-98. "Tous ceux qui ont approché Max savent quelles diff. lui causait l'élaboration du poème apparemment le plus gratuit. 'Je suis un styliste', nous dit-il un jour avec le plus grand sérieux, 'un ciseleur de phrase dans le genre de Léon Bloy.'"
COMMENT ECRIRE UN P. M.J. dit à R. Toulouse. "Je jette quelques mots à intervalles réguliers ou irrég., puis l'imagination cimente, le ciment doit être léger, le mot est l'embûche du lecteur." C'était il y a 30 ans. 74. Secrétain: "Ce qui est lourd ne vole pas."
LA CONFIANCE POUR DEVENIR UN VERITABLE POETE. A Massot. 19 avr. 1923. Op. cit. 32. "4e principe: la confiance. Ne vous en faites pas: tout ira bien pour vous!"
LA DEFINITION DU POETE, DE L'ARTISTE. P. Dermée. Le Cirque du Zodiaque. Préf. de M.J. Bruxelles. Cahs. du Journal des Poètes,1937. 8. "Un poète ou un artiste, c'est un don d'expression. Tout le monde sent, seul le poète exprime."
---. "Le monde dans un homme, tel est le poète moderne." AP, 27.
---. Charpier & Seghers. L'Art poétique. Op. cit. 465. Cité de AP. "Le poète effile les tranchants sur la roue d'Ixion. Ah! que les étincelles montent plus haut, encore plus haut, qu'elles embrasent le ciel!"
"[...] CONSTATATION, DESCRIPTION EST ANTIPOETIQUE, fut-ce une description lyrique, épique, apocalyptique. Pour avoir méconnu cette vérité les 90 % des modernes sont caducs. Le langage du p. est le langage ému de la mère à l'enfant etc... le reste est prose. Et quand bien même 'la rue s'écoule par la fenêtre ouverte'. Qu'avez-vous dit là? une curiosité dont vous n'êtes pas effrayé. Il faudrait au moins l'être... Surveillez l'inconscient mais laissez-le aller..." Cadou. Esth. 22-23. Op. cit.
DE QUOI NAIT UN P. DE M.J.? Manoll. "L'Aventure poétique."Op. cit. "La poésie de M.J. est en état perpétuel de mutation. Figée, sclérosée, elle deviendrait ce 'cadavre phosphoréscent' dont parlait Reverdy. En la présentant sous ses multiples aspects, il nous en démontre les immenses virtualités. Elle naît d'un mot, d'une boutade, d'un signe, d'une impression, d'un fluide secret, d'un mouvement du coeur, d'un scintillement de l'intelligence, d'une émotion, du doute, de la déraison, de la tristesse, de l'angoisse, d'une joie éphémère, mais aussi un banal, d'un humble objet isolé dans le silence & qu'un simple effleurement de l'imagination transfère dans un espace humanisé."
DIFF. ENTRE POESIE & PROSE. Pierre Béarn. "Robe verte, robe d'herbe." Cah. Bleus no. spéc. 20; ibid. Pour les cinquante ans de la mort de M.J. 12. "De cette rencontre, je n'ai retenu qu'une déf. de M.J. qui marqua ma vie d'écrivain: 'la diff. entre la Poésie & la Prose? Mais, mes enfants, c'est tès simple: un romancier écrira: une robe verte & un poète: une robe d'herbes...'"
EXPLOITE, VOLE A PARIS - DEPART. LLP, 140. 18 mai 1936. "Je n'énumère pas les causes de mon ennui. La moindre fait crier au 'délire de la persécution' ...c'est incroyable! Bref je pars, exploité, volé, perdu, injurié comme vous savez & pire, & ailleurs!! sans parler même de ce coeur troué comme une écumoire mais cela est du domaine de la volonté non de la chance."
LA FANTAISIE EST UN VOILE. M. Béalu. Cahs. du Nord. No. spéc. 200."Originalité, sincérité, l'art de M.J. est dans ces deux mots pour lui synonymes. Il fut de ces écrivains dont l'expression ne dépasse jamais la pensée, mais lui sert de tremplin. Sa phrase vise à imprimer un élan à la réflexion. L'élan donné, elle retombe, d'où l'étonnement de ceux qui aiment les explications. Vingt quiproquos s'ensuivent qu'il s'amusait à entretenir. Quelle erreur, pourtant, de croire que le talent du poète est dans ces dissonnances & ces jongleries! Tant de précautions ne sauraient être superflues: comme chez Laforgue, comme chez Corbière, la fantaisie ici est un voile, une écharpe de pudeur autour d'un tourment sans issue."
GRILLE SYNTAXIQUE. Plantier. Univers poétique. Op. cit. 13. Avant toute recherche des thèmes, Plantier a établi une "grille syntaxique de l'oeuvre, dans les présentations du calembour, des similitudes & des métaphores." Dans son analyse, Plantier a visé à mettre en évidence à travers les variations & les nuances une expérience de la vie. M.J. ne l'a-t-il pas dit que 'le monde dans un homme, tel est le poète moderne.'" 396. "Toutes les métaphores sont le corps même de M.J. Son style est sa propre chair. Il a submergé ses luttes intimes sous des flots de lumière, parce que la lumière est la connaissance des secrets. Etranger au monde & tiraillé, il s'est frayé un passage dans les emboîtements de l'univers des choses & des êtres, dans les abris profonds. Il a construit sa propre métaphore pour échapper à la mort."
"JE REVAIS DE RECREER LA VIE DE LA TERRE DANS L'ATMOSPHERE DU CIEL." AP, 73.
"NOUS SOMMES TOUS DES FUTURISTES dans la mesure où nous pensons avec Apollinaire que l'on ne peut pas porter partout avec soi le cadavre de son père." [Ezra Pound le dit in P.O. Walzer: Le XXe Siècle. I. Ed. Artaud, 1975, 15e vol.].
"LE POEME EST UN OBJET." LCB. [18], 20 mai 1943. "Il faut traiter un p. comme un objet qu'on tient devant soi & qu'on fabrique avec des mots - écrire avec des objets, avec des faits."
"LA POESIE MODERNE SAUTE TOUTES LES EXPLICATIONS. AP, 17.
LE CONTRASTE DU BURLESQUE ET DU MYSTIQUE. A Kahnweiler. 5 oct. 1911. Corr. I. 63. "[...] tout le sel du livre est dans le contraste qui existe entre le burlesque & le mystique, & c’est là l’essentiel. Victor Hugo, dont la mémoire m'est chère, faisait rimer ombre avec sombre & orange avec ange, ne l'oubliez pas en excusant mes dernières volontés. O mon exécuteur testamentaire! donc! laissons les pièces les plus burlesques, les plus étranges aussi & ne remettons aux calendes que celles qui font double emploi ou triple emploi, comme disent les blanchisseuses."
CREUSER LES COTES. Cadou. Esth. Op. cit. 20. "La poésie n'est rien que de se creuser les côtes. De tout cela on meurt comme de toutes les passions."
LA DEF. DE LA VERITE. LRV, 35. 9 janv. 1930. «j'entends par vérité l'accent & non l'exactitude [...].»
DOULEUR. Cadou. Esth. 27. "Qu'est-ce que la poésie auprès de la vraie douleur? à moins qu'on se serve de l'une & de l'autre pour l'une & pour l'autre. La vraie poésie est faite de ces douleurs-là, & la poésie sublimise ces douleurs dont elle se nourrit. Talma entrant dans la chambre mortuaire de sa mère poussa un cri puis dit: 'Oh que ne puis-je retenir ce cri-là! Comme c'était bien!' C'était un acteur, diras-tu! Nous n'avons pas assez de poètes qui soient des acteurs en puissance... Je souhaite que ton chagrin si profond te soit une leçon de ce qu'est la poésie: un hurlement mélodieux. Hélas qui le sait aujourd'hui sinon Lorca, Maïakovski & feu Milosz."
LE DOUTE. Corr. I. 31. A Doucet. Sept. 1907. "On a recommandé aux artistes 'd'étonner' (j'aborde la question psych.). Il y a là une erreur de mots. L'étonnement est un état stable. Les vieux psych. disaient avec raison, selon moi, le plaisir est dans le mouvement, il faut ballotter le spectateur: l'émotion esth., c'est le doute. Le doute s'obtiendra par l'accouplement de ce qui est incompatible (& ceci sans amener l'étonnement stable), par l'accord des langages diff., par la complexité des caractères: montrer l'homme dans le héros, la vertu dans le vice, comme dans Racine & Molière. En poésie, l'intérêt naîtra du doute entre la réalité & l'imagination, la perturbation dans les siècles & les habitudes positives. La musique & la peinture n'ont pas d'autres lois. Le doute voilà l'art!"
ECLAT LYRIQUE. Au même, ibid. 132. 30 janv. 1917. "J'entends par l'éclat lyrique, cette folie, cette exaspération de plusieurs sentiments élevés qui, ne sachant comment s'exprimer, trouve un exutoire dans une sorte de mélodie vocale dont les amateurs de vraie poésie sentent les dessous, la légèreté, la plénitude, la réalité: cela est du lyrisme: il y en a très peu de par le monde & très peu même chez les très grands poètes; il n'y en a pas chez Hugo, ce rhéteur."
"EXAGERER POUR SE FAIRE COMPRENDRE, décevoir & rassasier, rassembler dans un seul bloc tout ce qui se rattache à une sensation pour le définir, ne définir que pour agrandir ou diminuer, pour caricaturer ou pour le contraire de caricaturer, dérouter pour l'amour d'un mot ou pour un coup de folie lyrique, se servir rarement des moyens anciens, mais parfois pour le repos ou pour le ton du madrigal, faire frissonner l'inconscient, sonder ses reins, faire servir la poésie à tous les déversoirs pour affirmer qu'on est poète même en dehors du livre à faire. Telle devrait être la poésie moderne si quelqu'un la pratiquait intégralement. Mais combien peu savent que l'image est l'étincelle qui jaillit quand le marteau de l'homme frappe l'enclume de la réalité! Pour être un poète moderne il faut être un très grand poète." AP, 62-63.
L'IDEAL DE M.J. - L'IDEAL DU POETE. Barney. Aventures... Op. cit. 103-04. "J'ai lu avec un plaisir plus litt. que personnel les louanges que M.J. m'adressait. Plus révélatrice peut-être de lui que de moi. (S.d.) [...] - 'Mon cher idéal, Je m'explique: j'ai toujours rêvé d'un poète qui résulterait d'un conflit entre l'esprit & l'esprit, entre la réalité des moeurs & l'esprit, qui aurait de vraies racines dans le coeur des autres, dans le sien propre: le poète conflit & sans ambages ni jambages, un poète qui chanterait ne chantant pas, qui définirait ne définissant pas. Ce poète que je n'ai pas su être (mais là! pas du tout!) voilà que je le rencontre! c'est vous.'"
JUGEMENT D'UNE OEUVRE EN 4 LIGNES. Cadou. Esth. 44. "Tout ce qu'on dit de la poésie est vague c'est-à-dire peu intéressant. On ne peut rien dire sur un poète de plus de 4 lignes. Pourquoi pas plus de 4 lignes? à cause de la forme du cerveau humain, à cause de l'intelligence humaine qui est faite pour juger & non développer artificiellement. Le jugement de 4 lignes & le reste est littérature."
MALRAUX SUR M.J. Stefan Morawski. L'Absolu & la Forme. Klincksieck, 1972. 129. "Malraux a cité le CD dans sa prem. étude crit. [...]. 'Celui-ci affirmait que le style est la volonté de s'exprimer soi-même à l'aide de moyens choisis, que l'oeuvre véritable devrait être autonome & susciter chez le lecteur un choc qui l'arrache à la vie quotidienne [...] enfin, que les critères de valeurs fondamentaux sont l'originalité & une structure limpide, fermée.' La conception de l'art poétique de Jacob met au jour un dilemme (forme-expression) qui a accompagné la pensée esth. de Malraux depuis le début. Bien plus, le fameux aphorisme de Jacob: 'Le monde dans un homme, tel est le poète moderne' - exprimait dans son imprécision révoltée toute la situation de la conscience artistique que j'ai retracée dans les grandes lignes."
M.J. IMPOSE A LA FANTAISIE L'ORDRE. M. Raval. "Le Coup de Dés chez M.J." Disque Vert no. spéc. 51. "M.J., vous êtes le seul à avoir imposé à ce qu'il est convenu d'appeler la fantaisie un ordre sans lequel elle passait à la jonglerie & au truc. Vous apprivoisez le hasard[...]"
L'OBSCURITE DANS LA POESIE, CE SANSCRIT, CET HEBREU. Cadou. Esth. 35. "J'essaye exprès de lire des vers & j'éclate de rire. Est-ce possible que nous ayons cru dans ce sanscrit, cet hébreu? Mais - les - gens meurent - comprends-tu que les gens meurent encore dans les hôpitaux."
ON NE PEUT PAS COMPRENDRE L'ART PAR LA VIE. AP, 29. "On peut comprendre la vie à travers l'art, mais non l'art au travers de la vie."
LA PAIX RESTE TOUJOURS DEPUIS MON IDEAL DE BONHEUR. S'AMUSER TOUT SEUL A SE RIRE & A SE PLEURER EST PEUT-ETRE CELA LA POESIE EN SOMME. LLP, 84-85. 10 avr. 1927, "Quand j'étais enfant ma seule joie était que le dimanche tout le monde sortît alors je faisais mes devoirs de fr. avec amour & je me jouais du Beethoven en sanglotant. Ce que je regrette de la jeunesse c'est la faculté de s'émouvoir laquelle s'émousse."
"PEINTRE TAILLE TON DIAMANT." AP, 71; "Poète, taille ton diamant. Taille-le avant de travailler."
LE P. EST UN CHANT, PAS UNE MELOPEE. LML, 89. 4 mars 1940. "Mais si! Le poète doit ‘rester captif du chant & du cri!’"
POEMES & PROSE INSPIRES
MJ/JC, 139. 21 oct. 1922.1. ‘La Dame aveugle.’ 2. ‘Ils ont ri ensemble au café.’Ce n’est pas ce que j’ai fait le mieux. 3. ’Le ténor.’C , la pièce la plus faible. 4.Tout le premier Matorel.
P. NOYEAU NOUVEAU DANS L'UNIVERS. Secrétain. "Le Mythe de M.J." Créer, no. spéc. 45. "Car l'esprit de cet homme était une matière inflammable d'où jaillissaient des gerbes d'étincelles. 'Qui laisse reposer son cerveau est perdu.' C'était un improvisateur au sens absolu. Il eût fallu enregistrer ce génie verbal sur les magnétophones de l'amitié. Si l'on avait le répertoire des pensées de Max, de ses inspirations, de celles qu'il n'a pas écrites, lui qui écrivait tant, de ses conversations que nul n'a jamais pu bien rapporter, parce qu’elles échappaient au rapport, de ses souvenirs constamment transfigurés, on serait en face d'un phénomène incomparable d'imagination créatrice; Corr. I. 30. A Doucet, sept. 1907. "Un artiste doit considérer deux objets: la création ou réunion de forces constituant un noyau nouv. dans l'univers, & l'émotion esth. qui doit résulter de la création. L'émotion esth. est une joie"; Saint-Thomas. Op. cit. 78. "La création artistique apparaît, comme la réunion des forces constituant un noyau nouv. dans l'univers."
LA POESIE BATTEMENT DU COEUR DU MONDE. Béalu. Cahs. du Nord. Op. cit. 196. "Si ce monde nous semble malade, n'est-ce pas parce que nous ne prenons plus le temps d'écouter son battement de coeur qu'est la Poésie?"
"LA POESIE DIARRHEE INCOMPRESSIBLE." Expo d'Orléans, 1947, op. cit. A Toulouse. 30 août 1943. "Je ne garderai plus que des dessins pour m'occuper & la poésie diarrhée incompressible"; LRT, 93.
LA POESIE EST EN NOUS. LML, 47. 12 avr. [1937]. "La p. n'est pas dans les choses, elle est, ou non en nous."
LA POESIE EST LE MENSONGE. Cadou. Esth. 55. "on n'éprouve pas le besoin de dire ce qu'on ressent quand on le ressent mais seulement quand on ne le ressent pas ou pas encore."
"LA POESIE EST UN CRI HABILLE." Ibid. 30. Sur la "Ballade de la Visite Nocturne". "Oui! mille fois oui! la Poésie est un cri mais c'est un cri habillé (!)"
LA P. PAS DISTRACTION. LMB, DV, 53. "Faire de la p. pour se distraire, quelle erreur! J'ai écrit le LC comme ça, pour me reposer, & beaucoup de gens ne me connaissent que par ce livre!..."
"POESIE SAISIE PAR LE REVERS." Bens. Op. cit. 7. "Aucun auteur n'a jamais, dans une préf. de 150 lignes, accumulé autant de déf., de pensées, de maximes, de sentences, d'aphorismes, d'axiomes [...] juste de quoi faire gagner beaucoup de temps aux fabricants de dictionnaires spécialisés." Bens se demande que comme c'était tout de même un écrivain de quarante ans, "comment peut-il être aussi affirmatif, aussi péremptoire, aussi sûr de lui? Il suffisait de lire le CD pour découvrir que cette certitude, sommairement affichée, ne résistait pas à l'épreuve de la gravure quotidienne."
LE POETE DOIT RESTER DANS SA VERITE. Cadou. Esth. 28. "Reste dans la vérité, ta vérité & tu es un grand poète pour longtemps. Surveille-toi à ce point de vue 'vérité envers toi-même' ainsi éviteras-tu le babillage de tous ceux qui ne sont pas vrais: c'et là la clé de l'excellent."
"LE POETE EST UN IMPOSTEUR." S. Lévy. "Jeu et poésie... Op. cit. 27. "Mais de la tête jusqu'au coeur/ le poète est un imposteur."
QU'EST-CE QUI DECLENCHE EN M.J. LA REVERIE? Plantier. MJ. Op. cit. 23-24. Plantier pense que les livres ne sont que d'incitations, que de tremplins quand il s'agit de créer. "Moins tourné vers le passé qu’Apollinaire, qu'il juge 'entaché de livresque', il a attaqué l'érudition [...] mais il est attiré par tout ce qui peut déclencher en lui la rêverie ou l'assoc. poétique. Il est l'apôtre des 'livres de seconde main'! Il ne vise pas au savoir, il vise à la création [...]."
LE ROI DAVID DONT ON LIT LES P. 30 SIECLES APRES SA MORT. H. Dion. "M.J. & la Basilique de St.-B. ou La Maison de Dieu." Cah. M.J. no. 5. 40. "Puis nous montrant David avec sa harpe à ses pieds, il nous fait remarquer, qu'il est le seul poète qui ait eu les honneurs de la Messe. 'N'est-ce pas merveilleux, ces oeuvres redites encore, tous les jours, en tous lieux, après tant de milliers d'années?'"
"SI MON FILS VOULAIT ENTRER DANS LA LITT., JE PENSE QUE JE LE TUERAIS pour lui rendre un grand service & lui prouver mon amour. Vous n'êtes pas mon fils... mais vous n'avez pas besoin qu'on vous apprenne à vivre, faites de vers. Je vous aime." L. inéd. à Massot [début 1922]. Op. cit.
"UN P. EST UNE ORFEVRERIE: la passion n'est pas le but, elle est un moyen! [...]. Un chien qui gratte un paillasson ne fait pas une peinture avec la poussière qu'il lève! Le désordre ne signifie que le désordre." LEJ, 31-32. Sept. 1935; fin janv. 1938. 68. "La poésie est un jus. Concentre-toi."
LA VIRTUOSITE DE M.J. - UN MALAISE. Raval. "Le Coup de Dés chez M.J." Disque Vert no. spéc. 51. "Ce qu'on prend pour de la virtuosité n'est qu'une façon d'exprimer le malaise qu'il y a au fond de toute poésie."
DEFINITION DU BONHEUR
"LE BONHEUR c'est des miettes de petits bonheurs assemblés." LLP, 108. 26 juill. 1931.
"LE BONHEUR est un gâteau fait de miettes dont le cuisinier fut maladroit." A S. Fillacier, 26 juill. 1927. Europe no. spéc. 93; PJ, 283.
LE DIABLE
LES ANIMAUX - FORCES NATURELLES - LE DIABLE. Plantier. "M.J. & le Prince des ténèbres." Rfl (1969), no spéc.3-4. "Mais, inlassablement, les forces 'naturelles' assaillent le poète. Il est investi par un animal sournois qui n'est plus le serpent de l'Ecriture, mais le ver, 'ce ver solitaire' (CD II, 34) parasite de l'âme & destructeur de l'espoir."
LE BIEN ET LE MAL. Dr. R. Szigeti. Europe, no. spéc. 36. "Il aspirait au bien. Il avait une horreur du mal, qui l'attirait."
"COLL. (ENTRE LUI ET MOI). Essais & Poèmes. Roseau d'Or. Paris: Plon, 1931. 167-68. "Moi! Il y a un peu de mon intérieur qui n'est pas moi-même ou qui appelle. Lui: Je suis l'Habitant de votre âme & j'habite la demeure que je crée. Moi: Vous perquisitionnez dans mes côtes & les démons fuient votre lumière. Lui: Vos paroles vous cachent. Moi: Vous me connaissez à mon silence. Lui: Engourdissez-vous! dégourdissez-vous! Moi: Votre clarté éblouit mon corps."
II
Moi: Mon coeur craque parce que c'est de la glace. Lui: Soyez reconnaissant. Moi: Quand on sait que vous êtes là, faut-il mourir ou s'il faut vivre. Lui: Il est vrai que j'avais envoyé un ange pour vous adoucir. Moi: Vous m'avez élevé, pourquoi me suis-je rabaissé? Donnez-moi le secret. Lui: Ce n'est pas à vous que je donnerai le secret mais à d'autres. Moi: Une épine de votre couronne a piqué ma prunelle."
"CREATION DE L'HOMME QUE JE SUIS." Cahs. bleus no. spéc. 51. "Or vous me demandez seulement de ne pas appartenir au diable, & moi je ne fais que cela"; Ibid. Pour le Cinquantenaire. 93.
DECRIVANT LE DEMON IL EVITE SES PIEGES. C. Poinas. "L'enfer..." op. cit. 26. "Mais peut-être faut-il voir là, plutôt qu'une croyance sincère à la prédestination - ce qui ne serait guère en accord avec les dogmes établis! - un avertissement qu'il se donne à lui-même pour éviter les pièges que lui tend le démon. Car c'est là un des sens de ce recueil: essayer, en décrivant ces visions, de se constituer un garde-fou contre l'emprise démoniaque & ses horreurs. Le mot d'’avertissement' revient à plusieurs reprises [...]."
DEDICACE DU LC A Y. BELAVAL. "J'ai essayé d'y donner toute ma mesure. Une mesure pour rien, me souffle le diable." M.J. a aussi dit qu'il s'est donné tant de mal pour rien. Préf. de LC, op. cit. 5; LRR, 101,n. 19.
DEMON CONSUBSTANTIEL. Poinas. "L'enfer..." Op. cit. 26. "il avait le sentiment de porter déjà en lui cet univers démoniaque. Le sens du péché est si fort en M.J. qu'il a conscience qu'une scission essentielle s'est produite dans l'âme humaine. De là le sentiment de dualisme manichéen qu'il éprouve si fortement & qu'il perçoit tant dans l'organisation du monde que dans la nature humaine. Il intitule un de ses p. (84): 'L'enfer est sur la terre' & écrit ailleurs (58): 'Chacune de mes paroles est une faute puisque le diable est en moi.' Prenant le contre-pied de V. Hugo dans le p. célèbre 'La conscience', il affirme pour sa part: 'L'oeil n'est pas dans la tombe mais dans la griffe. L'oeil imputateur est sur terre.' (94). L'enfer est donc déjà une réalité de la vie terrestre pour l'homme à la recherche d'une impossible unité. Cette notion de dualité est telle pour M.J. qu'il en arrive à parler de prédestination, non pas au sens janséniste du terme, mais comme une fatalité. De même que les chromosomes de chaque individu sont formés, dès l'instant de la conception, des gènes qui portent les caractéristiques définitives de l'être humain, de même, pour M.J.: 'Le monde est polarisé entre ces deux divinités & chaque être est attiré vers l'une ou l'autre selon qu'il contient d'éléments de l'une ou de l'autre.' (109). P. intitulé (précisément!) 'Le chromosome.'"
Ibid. IRONIE MEME EN DECRIVANT LES DEMONS.27. "Même si l'ironie de M.J. est moins évidente ici que dans d'autres recueils, elle est présente néanmoins - quelle porte sur lui-même ou sur d'autres. Tantôt il se caricature lui-même: 'On a les démons qu'on mérite: voilà mon portrait!' 39, tantôt l'ironie fait place au calembour qui, par le jeu de la paronomase, ramène le pécheur à une plus juste notion de sa petitesse: 'Mes grelots! maigre lot!' 56. Ou encore 'Il avait visé le foie ou la foi.' 108."
Ibid. SATAN N'EST PAS ROMANTIQUE MAIS HIDEUX. 24. "Nous voici bien loin du Satan romantique - celui d'un Hugo, celui d'un Vigny - qui est avant tout l'ange déchu & n'est jamais hideux ni bestial. Pour M.J., quand Satan prend figure d'ange, ce n'est qu'apparence trompeuse & il redevient vite ce qu'il n'a jamais cessé d'être: 'Je ne suis pas celui que je parais être. J'ai le visage d'un ange & le coeur d'un ogre...Alors ce fut la métamorphose de cette apparence: l'ange devint monstre'(44), ou encore: 'Les anges qui vinrent étaient noirs, ils avaient des cornes comme un masque nègre.'" 113.
LE DEMON EST PARTOUT. R. Secrétain. "Le Potager de St.-B." Mail no. spéc. 231. "Du fond de son siège de bois, il m'explique que Dieu est partout: dans le ciel, dans le jardin, dans le bras du fauteuil. Et le Démon, qui est partout aussi, occupe l'autre bras [...]. Dans sa jeunesse de sa foi, M.J. a voulu voir le Diable &, au risque de mourir, il a bu 'sur la jusquiame' dont on a dit qu'elle mène en enfer."
LES DEMONS. Dunoyer. "M.J. entre le diable & Dieu." Monde 22 mars 1973. 14. "Rien d'étonnant donc que l'univers de M.J., celui du dedans, comme celui qui l'entoure, soit peuplé de démons. L'enfer pour lui, bien avant les M a été une réalité quotidienne. Non seulement l'enfer métaphysique, mais l'enfer des hommes, l'enfer fabriqué par les hommes, l'enfer du travail & de la misère, ‘l'enfer de Paris’, l'enfer des banlieues avec les enfants nus en hiver, les femmes malades & battues, les vieillards traités comme des ordures. - A cette présence du mal, la contrepartie était nécessaire."
LES DEMONS SONT LES DEMONS DE L'INTELLIGENCE. U. Pfau. "Portr. de l'artiste..." Op. cit. 37. Conclusion. "Est-ce que les démons de sa vie intérieure ne sont pas plutôt ceux de son intelligence, qui traduisent la peur de la damnation, plutôt que ceux de la chair, la vie intérieure consistant précisément chez lui pour une grande part en ce contrôle intellectuel & en cette prise de 'distance' par rapport à l'expérience vécue?"
DIABLE - ANGE. G. Desse. "M.J. de Quimper." Europe no spéc. 5. "Tout objet pour lui portait l'empreinte d'une aile d'ange ou d'une griffe diabolique."
ECARTELE ENTRE DIEU & DIABLE. Manoll. France-Culture, 25 mai 1974 "L'Homme de chair & l'homme reflet", "M.J. entre Dieu & diable" de Ch. Prakish. Manoll évoque un homme de chair qui a su se dépouiller jusqu'à devenir 'cristal’. Il évoque ce cheminement.
EVOCATIONS DEMONIAQUES DANS L'OEUVRE DE M.J. Plantier. "M.J. & le Prince des ténèbres." Op. cit. 1-3. "Aussi, le lecteur qui pénètre dans l'univers de M.J., doit-il se garder de hausser les épaules & de sourire lorsqu'il rencontre le diable. Quel plus intime compagnon peut-on trouver pour l'homme à la recherche de son visage? [...]. Il croit au diable, de toutes ses forces & de toutes ses faiblesses humaines. [...]. L'enfer, c'est la honte de frapper l'amour. De voir que l'amour n'oppose aucune résistance. P. 10. Conclusion: L'importance des évocations démoniaques dans l'oeuvre, montre bien les dimensions de la lutte. Elle est quotidienne. Elle est la vie. Elle est la chance d'éternité. L'oeuvre révèle donc dans une 'méthode' de résistance au mal."
LA FAUNE DE L'OEUVRE DE M.J. Cadou. Pour en revenir à M.J. No. spéc.12. "La faune familière de Max, tout entière d'anges & de démons, dérange l'homme dans ses habitudes, fait crier au miracle. Quel miracle de patience, en effet, d'abnégation, de générosité dans cette oeuvre!"
FRAGMENTATION OF LANGUAGE. EXORCISM OF PERSONAL DEMONS. Oxenhändler. "Concealment & Presence." Op. cit. 56. "Yet, quite apart from his religious visions, there is in M.J. a fragmentation of language that even the best exegesis cannot explain; there is a use of language that, at least at times, seems to cross the border into the realm of private incantation & exorcism of personal demons."
"HOMME DU CIEL & DIABLE ANCIEN", tel était ce poète, selon la parole de Saint Pol-Roux. Manoll. "Aventure poétique." Op. cit. 9.
"J'APERCOIS LA MAIN DE DIEU DANS TOUS LES MALHEURS DE LA FRANCE & dans les malheurs de chacun." Plantier. M. 81. "C'est aussi Lui [Jésus] qui nous a donné la douleur comme moyen de retrouver Dieu & de nous retrouver nous-mêmes."
J'APPARTIENS AU DIABLE. Cahs. bleus no spéc. 51. Méd. "Création de l'homme que je suis." "Or vous me demandez seulement de ne pas appartenir au diable, & moi je ne fais que cela;" Ibid. Cinquantenaire... 93.
"JE CROIS AU DIABLE autant qu'à Dieu, & je les connais bien tous les deux." L. Guilloux "Max Jacob parle." L. à lui, juill. 1942. France-Asie no spéc. 368.
LA JOIE DETOURNE DE DIEU selon M.J.
"LUTTE QUOTIDIENNE CONTRE LE DIABLE - SA VIE." VM, 193. Andreu cite du Carnet de L. Guilloux. L. 12 sept. 1926; voir aussi LJC, 49-53. 5 mai 1926. P.S. 51. "[...] désigne le mal par son nom [...]. On nous demande d'avoir le sens du mal [...]. Pas de perfection! pas de perfection! pas de perfection en rel. ni en litt. Tu ne veux pas être une pièce d'anthologie vivante? Fais donc ton petit bonhomme de vie courante en remarquant simplement que tu tombes dans le fossé. 50. A quoi bon le confessional si Dieu n'admet pas le péché;" MJ/JC, 415. [mai 1926].
MAGIE - FORMES DEMONIAQUES. LJF, 251. Quimper, 21 déc. 1935. "Les formes...c'est la magie laquelle est le pis aller de l'intelligence, bête comme un magicien. Les semblables s'attirent, c'est la base de toute magie. Se méfier donc des formes démoniaques qui attirent le malheur puisque les démons veulent & peuvent notre malheur."
"M.J. A VENDU SON AME A DIEU." Zur Antinomie, op. cit. 252, n. 123. [Trad. M.G.]. U. Pfau a parlé à Carlo Rim en 1966 à Paris. Il a souligné la qualité spéculative de la foi de M.J. & a cité le mot de Salmon: "M.J. a vendu son âme à Dieu."
M.J. LUCIFERIEN. Peyre. M.J. Quotidien. Op. cit. 54. Sauguet. "Cet homme pouvait être à la fois poète, peintre, astrologue, un conteur éblouissant, homme d’une grande piété & en même temps presque luciférien dans certaines de ses plaisanteries."
M.J. VEUT SORTIR DE LUI-MEME. Plantier. "M.J. & le Prince des Ténèbres." Op. cit. 9. "Littérature? moyen équivoque de matérialiser une obsession: moyen équivoque, pour crier qu'on n'est pas bien dans sa peau, dans sa famille, dans son pays. Tout tenter pour en sortir: le narcotique, la débauche, la recherche 'sans joie' de l'anormal, & regarder toujours cette face immobile empreinte d'un muet reproche, à côté du ricanement & du triomphe du l'Autre."
MYTHOLOGIE. Plantier. "La Myth. dans l'oeuvre poétique de M.J." Op. cit. 91. "L'Univers fermé de Narcisse devient l'unité mystique. Le visage appartient au Visage. La faute, c'est d'abandonner l'image aux autres, d'abandonner l'Amour pour les amours [...]."
"LA NECESSITE D'ECORCHER LE DOS AUX HOMMES POUR LES RENDRE SENSIBLES, à cause des ouvertures de la colonne vertébrale." SM. Éd. Kahnweiler, 2; Gallimard, 16.
"NINIVE AYANT ETE MENACEE DE DESTRUCTION, PRIT LE DEUIL & JEUNA TROIS JOURS & TROIS NUITS, HOMMES & BETES, & Ninive fut épargnée. C'était substituer la douleur volontaire à la douleur forcée. Si la Fr. se convertissait de façon à substituer le royaume de Dieu demandé dans le Pater ('que votre règne arrive!') au royaume du diable, Hittler (sic) impitoyable & menteur, le démon Hittler tomberait comme les soldats qui venaient arrêter le Christ [...]." Rousselot. M.J. au sérieux. 207.
L'OBSESSION DEMONIAQUE DANS L'OEUVRE DE M.J. Plantier. MJ, op. cit. 96. Cette obsession "ne relève pas d'une fabrication, de l'utilisation d'une veine artistique, ou d'un mode, elle est liée à cette panique du 'fond du ventre' qui possède M.J. Il fut assailli, il fut torturé: 'Je suis l'animal qui te flaire. Je m'appelle Satyre, Satyre/ Je suis serpent & je suis louve..." ["Circé", coll. Gompel. In extenso. Act. Et. 40. Il eut des grâces particulières, il fut 'visité'. Il fut envahi par un amour de plus en plus exigeant, & par la haine de plus en plus grande de l'Autre acharné à sa perte. L'obsession du mal vivant & agisssant le conduisait à la création de la personne."
"ON A LES DEMONS QU'ON MERITE: voilà mon portrait." "Ethnogr. du démon." VI, 39.
"ON ECRIT AVEC LE FOND DE SOI-MEME." LLP, 133. 8 nov. 1935. "Il est assez curieux que c'est avec le fond de soi-même qu'on écrit & que les plus grandes tristesses ne parviennent pas à changer le premier principe du caractère."
"LE PRINCE DES TENEBRES." Dunoyer. C.r. de l'étude de Plantier in Ren. de Fl. (Pâques 1969). Monde 21 fév. 1970. II. "Plantier analyse de façon définitive cet aspect capital du génie jacobien."
LE RIRE STRIDENT DE MEPHISTOPHELES. M.J. 'Givre.' Lafranchis. Marcoussis. Op. cit. s.p. ; Alice Halicka. Hier. Souvenirs. Paris : Eds. du Pavois, 1946. 272. "Toi seul comprendras cette espèce de phrase, laquelle a une valeur cosmique. 'Seras-tu ce soir chez la duchesse???' Le rire strident de Méphistophélès, ce rire est inexprimable."
"LA TRISTESSE EST LA MARQUE DU DEMON; ici règne la joie; la joie du Paradis est tout intérieure; elle ne se manifeste pas; elle rayonne avec un tendre amour réciproque, elle rayonne avec la pensée communiquée de l'un à l'autre sans paroles." "Le Paradis." MR. T.r. 15; Gallimard, 48-49.
LE VISAGE ECARTELE ENTRE LA CONNAISSANCE DU MONDE & DU SOI. Dunoyer. Monde mars 1973. P. 14. "M.J. entre le diable & Dieu." A propos des M. & MJ de Plantier. Op. cit. "Son combat intéreur se livrait entre d'autres adversaires que ses instincts & ses aspirations" - écrit Plantier dans l'Intr. des M. "La quète intime, la requête passionnée pour conquérir son vrai visage était celle d'un être écartelé entre les appels de l'extérieur, la vieille tentation de l'Arbre de sciences & les impératifs de la connaissance de soi, l'occultisme, la Kabbale, l'astr. que M.J. a tant interrogés, étaient-ils des chemins détournés pour aboutir au Christ? [...] si l'infl. du judaïsme ne peut être passée sous silence, la trad. eut plus d'importance encore, & la Bretagne, toute imprégnée de mysticité aussi."
LE DOUBLE
"CHACUN MARCHE PRECEDE DE SON DOUBLE REFLET." PR, 373 & n. 14. Elle cite de OBM, 257. "Douce image, Marguerite du Faust, toi qui marches devant moi, t'invoquerai-je comme mon double? Hélas [...]. Aidez-moi à connaître mon double, toi! le vrai! pas l'autre hélas!" "Il reprend le mythe gnostique de Faust cherchant en Marguerite l'âme céleste qui le ramènera à l'origine." «Notons les liens étroits de Goethe avec l'ésotérisme.»
DOULEUR - SOUFFRANCE
L'ART M'A TOUJOURS FUI. Dans une des dern. méd. offerte à J. Denoël, publiée par Jacques Maret, no 31 Feuillets inutiles (citée in VM, 14, n. 2). "Si vous vous êtes révélé en moi, c'est sans doute par l'effet de la prière de quelque ancêtre, ma sainte grand-mère peut-être, désolée de me voir me perdre ou le désir que j'avais inconsciemment, vu les souffrances que j'avais endurées au service d'un art qui m'a toujours fui."
L'ART: VIE DES MARTYRS. LRV, 55. 17, rue Saint-Romain, 18 mars 1936. "Maintenant que tu es libre tu vas pouvoir te donner à l'Art: tu entres dans la vie des martyrs au moment où lassé, brisé, profondément malade au moins moralement, j'aspire à en sortir."
"A L'ORIGINE DE TOUTE CARRIERE IL Y A D'IMMENSES DOULEURS." LMM, 40. L. 1938.
APPAUVRISSEMENT DE LA PERSONNALITE POUR LE MAXIMUM DE CLARTE. DV, 72. "[...] l'on n'acquiert rien en donnant de la tête en avant, mais seulement en reculant, en s'anéantissant. C'est seulement quand on est devenu comme une planche qu'on voit clair. Ce n'est pas par le gonflement qu'on acquiert, mais par le retrait, le recul & l'anéantissement. C'est le sens de la rel., que dis-je, de toutes les religions orientales, y compris les rel. judéo-chrétiennes: appauvrissement de la personnalité pour le maximum de clarté...On nous apprenait en philo. de misérables chap. sur l'utilité de la douleur qui n'étaient qu'un pauvre reflet laïc de ces rel., lesquelles sont le coffret de toute la sagesse humaine."
"AU LIEU DE NOUS EN DESOLER, IL FAUT NOUS REJOUIR DE CETTE CLEF DU PARADIS QU'EST LA DOULEUR.- & tout en la partageant avec ceux qui souffrent nous devons être heureux de souffrir & d'avoir l'occasion de compâtir." Hasquenoph. Op. cit. 160.
AVOIR TANT SOUFFERT POUR RIEN. VM, 259. A Andreu, oct. 1939: "Si tu vois Mac Orlan, dis-lui qu'il est le meilleur souvenir de la place Ravignan si désolante & si inutile! avoir tant souffert pour rien pour rien, rien rien rien! que servir de marchepied aux autres. Mais Mac Orlan est un brave & un brave homme c'est quelque chose c'est même tout."
"LE BONHEUR TUE, LE MALHEUR FAIT VIVRE." LCB. 26 oct. 1942. [9]. "Mais qui peut durer sans souffrir? [...]. L'Eglise doit souffrir pour la même raison. La Sainte Vierge qui est l'Eglise & St Jean qui est la Synagogue sont au pied de la croix éternelle, éternels comme elle. - Il est bon de souffrir, mais c'est une erreur de croire qu'il soit bon de faire souffrir les autres, & ceux qui assassinent seront assassinés." 19 janv. 1943. [14]. "Je crois au renouvellement du monde par la douleur rédemptrice. Quand Dieu fait souffrir la terre c'est qu'il veut la changer comme il fit après le déluge. C'est après le déluge que Noé planta la vigne qui est Esprit [...] (le vin du calice)."
"C'EST AUSSI LUI [JESUS] QUI NOUS A DONNE LA DOULEUR comme moyen de retrouver Dieu & de nous retrouver nous-mêmes." Plantier. M. 81.
"CET IDEAL FAKIRISME ME SEMBLE ASSEZ PEU CHRETIEN [...]. On ne demande pas à un chrétien de ne pas 'vivre'. Au contraire! la religion cath. est une école de sensibilité. Un chrétien est un homme capable de tous les sentiments. Le Juif est abstrait & sans sentiments humains." LTB, 80. A Moricand. 13 fév. 1938.
"CHACUN NAVIGUE SUR SON CHARNIER & LA DOULEUR DES UNS N'EMPECHE PAS CELLE DES AUTRES. Mon passé est très lourd & empoisonne ma vieillesse,[...] pense à Dieu qui te voit &t'aime." Belaval, op. cit. 43.
"LE CHRISTIANISME INVITE A REPRIMER INSTINCTS, ELANS NATURELS, passions, tout ce qui trouble notre esprit, & échappe au contrôle de la raison. [...]. A l'époque oú Freud démasque l'importance de cette part de nous mêmes qui nous échappe, [...] où le surréalisme désire les exploiter, la peur de ces monstres des profondeurs pousse le chrétien à retourner [...] vers les qualités qui semblent conserver à l'homme son humanité. 467.- L'état chrétien n'est ni l'harmonie ni la stabilité. C'est la tension permanente entre deux directions perpendiculaires [...]." PR, 469.
"COMPRENEZ, COMPRENEZ MA LOI DE LA SOUFFRANCE TRANSFORMEZ LA SOUFFRANCE EN SAINTE PUISSANCE."
"LA CONVERSION EST UNE SOUFFRANCE ABOMINABLE quand on regrette quelque chose. Or nous sommes assez païens pour ne pouvoir être vraiment chrétiens jamais. Tu ne serais pas si fier d'être 'moi' si tu savais ce que je souffre...Mais on ne fait qu'en rire & ceci est une souffrance de plus." "118 l. inéd." 75. A Paulhan, op. cit. (post scriptum) 18 janv. 1928.
"CROYEZ-VOUS QUE CE SOIT EN VAIN QU'ON NOUS AIT IMPOSE LA DOULEUR? Plus vous aurez souffert, plus vous aurez de joie." Merle. Op. cit. 19.
DEDICACE DE 1928 - SOUFFRANCE. LTB, op. cit. 13. "Je couds avec le fil de mes souffrances la trame de ma vie." Sur un exemplaire du CD.
---. Ibid. 70. A Moricand. 4 avr. 1937. "Plus on a été bas & plus on monte haut. Toute carrière commence par la douleur."
---. Ibid. 104. A Moricand, 22 août 1940. "ON NE VA AU PARADIS QU'A COUPS DE PIEDS DANS LE CUL. (les miennes majuscules)."
"LA DOULUER, JE NE ME LASSERAI PAS DE LE REPETER, EST LA SANTE DE L’AME. Et quoi! ne sommes-nous pas habitués à la souffrance comme le cuisinier à ses ragoûts." Guiette. La Vie de M.J. Op. cit. 19.
"LA DOULEUR EST LA VIE, LA RACINE DE LA VIE." "Le vrai sens de la rel. cath." Op. cit. 23. "Le péché originel." "Adam & Eve, en acceptant le fruit de la Terre, ont fait alliance avec le démon. Dans le péché originel, nous avons fait alliance avec le démon pour obtenir notre bonheur sur terre. C'est ainsi que Dieu l'a voulu, perce que sa bonté nous avait fait don de la Terre. Le 2nd acte de la Genèse est le châtiment [...] en nous donnant la douleur. Invention sublime & ingénieuse, car ce prétendu châtiment est un nouveau don de la bonté du Créateur."
"LA DOULEUR EST LE SUCRE QUI CONSERVE." VM, 233. à J. Paulhan. Janv. 1937. "Les juifs pour durer doivent souffrir; la douleur est le sucre qui conserve, comme tu sais. Chacun d'eux souffre, holocauste pour la race."
"LA DOULEUR & LA VOLUPTE SE TOUCHENT SOUVENT au point de se confondre. N'approfondissez pas ceci, c'est une de ces pensées qui, avec des apparences de profondeur, ne veulent, en réalité, rien dire du tout." Cah. des Maximes. 105; Villard. "Hist. d'une classe de lycée." Correspondant. 84.
LA DOULEUR M'A CONDUIT A LA CONVERSION. "L'Enfer." Roeping no spéc. 128. "J'ai connu la vie sans secours, encore en avais-je un certain puisque la douleur m'a conduit à la conversion."
LA DOULEUR REMEDE CONTRE LE PECHE. "Péchés." Boîte à clous no spéc. [8]. "[...] l'Ecriture t'a dit que le renoncement, le sacrifice, la douleur sont un remède contre le péché"; Ibid, [10]. "But de l'homme." "Dieu est libéral! S'il a créé la douleur, c'est que la douleur purifie, elle est l'outil du repentir & le repentir est un échafaudage jusqu'au ciel. Car Dieu ne veut pas seulement une étable terrestre pour l'homme, il lui veut les trônes du Paradis; mais il veut que l'homme mérite ces trônes."
"LA DOULEUR VOLONTAIRE & INVOLONTAIRE EST UN MOYEN DE LA SUBLIMATION." "Il attend le martyre vers la fin de la guerre." LTB. A Moricand de 1937 & intr.
"LES DOULEURS QUI NE RENDENT PAS BON, RENDENT EGOISTE." LLP, 119. 22 mai 1933.
LA FACULTE DE SOUFFRIR EST LA FAC. DE COMPRENDRE. PJ, 453. A André David. 29 janv. 1939. "[...] la sensiblité ne se sépare pas de l'intelligence. La fac. de souffrir est exactement la fac. de comprendre complètement, c'est à dire de'compatir'. C'est la Seule intell. profonde, la seule vraie, la seule chrétienne. Rappelle-toi le coup de lance [...] qui unit la goutte d'eau ou matière à la goutte de Sang ou esprit. De là le culte du Sacré-Coeur [...]."
"FAUBOURG SAINT-ANTOINE! TU M'AS APPRIS A SOUFFRIR, C'EST A DIRE A VIVRE. VM, 35. Andreu cite de SM.
LES FORCES DOULOUREUSES. "Le vrai sens de la rel. cath." Op. cit. 23. "Il y a des forces qui nous poussent vers la joie, elles redoublent notre activité, elles nous stimulent l'esprit, elles profitent à notre santé. Il existe par contre d'autres forces de destruction qui nous déchirent, nous remplissent de remords, & font que nous nous penchons sur nous mêmes. Ces forces agissent aussi sur le physique, elles nous amaigrissent, nous rongent, nous purgent, nous ramassent sur notre être. Ce sont ces forces douloureuses qui nous poussent au fond de nous mêmes, nous arrachent les illusions & nous font voir clair dans notre coeur & dans celui des autres. Mais tout ceci nous a conduits [...] à l'explication du symbole admirable de la Croix. Le bois transversal de la Croix est notre propre nature, pleine de ces infl. auxquelles nous sommes soumis chaque jour & chaque minute: Le bois transversal, c'est nous mêmes, comme une proie de la nature [...] du prochain & de nous mêmes. - Le bois vertical signifie, lui, les forces que nous opposons à ces influences naturelles: toutes nos forces; car il signifie toutes les forces douloureuses y compris la raison, la volonté, la prudence, l'énergie, &, jusqu'à la conscience de nos gestes.- La rel. cath. avec sa Croix du Sauveur [...] nous lance un appel à la raison, à la volonté, afin que nous construisions [...] en nous notre moi individuel [...] en l’opposant à toutes ces infl. extérieures [...]."
LES HEUREUX SONT INSENSIBLES. Cadou. Esth. 47. "Les heureux sont des insensibles & l'insensibilité tue la vie intérieure & encore plus la vie éternelle. Souffrons recherchons la souffrance ou plutôt établissons-la en nous d'une façon complète, définitive."
"IL FAUT APPRENDRE A SOUFFRIR DAVANTAGE & A SE TAIRE. UN VRAI POETE EST TORDU SUR UN BUCHER EN SILENCE. Ibid, 45. Ne te plains pas d'être désespéré: c'est l'état de désespoir qui est désirable. Le XXe siècle n'a pas souffert, c'est pourquoi il n'a pas donné de poètes fr. (Milosz ni Apollinaire ne sont Fr.). Extérioriser trop tôt, c'est le contraire de la souffrance."
"IL Y A DIEU! AUTRE SISYPHE!" LMM, 45. 11 déc. 1938.
"IL Y A LA TRISTESSE MORNE QUI EST LAIDE & LA TRISTESSE VIVANTE QUI EST BELLE." Béalu. "Propos, souvenirs & anecdotes de M.J." Boîte à clous. [33].
L'IMPORTANCE DE LA SOUFFRANCE. Pfau, Zur Antinomie,261, n. 211. Réf. in innombrables lettres. [Trad. M.G.]. Par ex. l. importante à Moricand sur ce sujet. 13 fév. 1938. P. 81, dans laquelle M.J. explique la signification de l'ascétisme. Surtout depuis la 2e retraite à St.-B., il souligne l'importance de la souffrance pour le progrès de l'homme. Il n'a pas dévelopé systématiquement la phil. de Kierkegaard, mais l'a adoptée d'une manière eclectique. C'est clair de la plénitude de ses spéculations & de ses images dans lesquelles il traduit cette philosophie.
"JE CROIS QUE DANS LA DOULEUR SEULEMENT L'HOMME SE RECONNAIT HOMME, CONNAIT & RECONNAIT LES HOMMES." "Présentation de l'auteur par lui-même." Prem. publ. Cat. Expo. Gal. Bernheim-Jeune. Op. cit.; Eternelle Revue 1 n.s. (déc. 1944): 23-26; "Hommage à M.J. " Cat. Musée de Montmartre. Op. cit. 5-6; Cat. expo. "Le Cornet à dessins de M.J." Quimper & Pont-Aven, Gal. de la Poste, 1981; Gal. de la Poste. Op. cit. 14-15. "Si vous voulez une confession plus complète." Théâtre à Toulouse no spéc. 3; "Hommage à M.J." Pluri-Voyages. Cah. Litt. no 5. 14 & 15 Juin 1986. 4; "L'Artiste se présente." Cat. expo à Rome. Op. cit. 7-9. Texte bilingue; A. Billy. Vingt-cinq ans de litt. fr. Vol. II. Libr. de Fr., 1927. 238; du même. Intimités litt. Flammarion. 1932. 57-58; trad. en ang. Hesitant Fire: Selected Prose of M.J. 39-42.
"JE CROIS QUE LES DEUILS HUMANISERENT LA POESIE." "[...] les vers les moins inhumains d'Apollinaire sont ceux de la cellule." LMM, 109. 22 mars 1942; au même fin juin 1941. 94. "Il faut qu'ils [les poètes] apprennent à écrire, à penser, à souffrir, non en mots mais en vrai"; au même 29 oct. 1941. 102. "C'est dans la grande douleur que je trouve la vérité."
JE NE SAIS QUE SOUFFRIR.VM, 84. Andreu cite de OBM. "Sur la pointe d'une fougère, le regard du soleil couchant se pose, ou sur la fleur qui a un coeur de miel & une couronne d'acanthe; & sur moi qui ne sais que souffrir j'ai senti quelque fois la main d'un ami"; Andreu. "M.J. prem. poémes." Points et Contrepoints 110 (mars-avr. 1974): 42.
"JE REGRETTE DE N'AVOIR PAS PLUS SOUFFERT, je saurais davantage. Vous savez mieux que moi que la seule école est la souffrance, la joie n'apprend rien." L. à Jouhandeau. Corr. II, 254. 24 nov. 1923.
JESUS DOULEUR - VERONIQUE L'AMOUR. LTB, 112. A Moricand. 27 oct. 1940. "[...] la patronne des peintres est Sainte Véronique, initiatiquement parlant: en effet quand Jésus qui est la Douleur rencontre Véronique qui est l'amour, il en sort l'effigie du Seigneur. Or cette effigie est l'esprit de création [...]. Véronique [...] devrait s'appeler Véricone [...] la vraie image."
"JE VOUS REMERCIE DE M'AVOIR FAIT NAITRE DE LA RACE JUIVE SOUFFRANTE, car celui-là seul est sauvé qui souffre & qui sait qu'il souffre & offre à Dieu sa souffrance. Or vous m'avez fait souffrir dès mon enfance étouffée, abominable (dans cette race humiliée déjà) & si vous ne m'en avez pas donné conscience alors, vous m'avez réservé de pouvoir un jour vous offrir cette contribution à mon salut." "Bienfaits de Dieu." MR. T.r.4; Gallimard, 35-36.
"LA JONCTION ENTRE LES MOTS ET LES MAUX." Emié. D. "La jonction entre la tête & ton coeur pour devenir un très grand poète."
LE LANGAGE DE DIEU: LA SOUFFRANCE. LLP, 81. 26 mars 1927. "Bonne Princesse, Dieu vous avertit. Je reconnais son langage: Dieu parle par les occasions qu'il crée de souffrances quand il veut nous avertir [...]. Il veut de l'offrande de vos douleurs en expiation, la soumission absolue & gaie, la patience complète, l'abandon de vos propres volontés & le projet de nous préparer à la mort seul but de la vie."
MALHEURS SALUTAIRES. A Toulouse. 16 mai 1942. Pour en revenir à M.J. 105; LRT, 73.
LE MARTYRE DONT LE SANG FECONDE. LEJ, 76. [Janv. 1939]. "[...] la nécessité de faire souffrir alternativement l'Eglise & les Juifs; car la souffr. seule peut conserver une race ou une société. Il faut [...] retrouver le martyre dont le sang féconde. Quant à moi, j'y suis préparé dès longtemps & comme juif & comme cath. fervent. [...]. Ajouterais-je que je l'ai toujours été: enfant martyrisé, jeune-homme qu'on a laissé mourir de faim (sic), vieillard abandonné."
M.J. SE SENT PERSONNELLEMENT RESPONSABLE DE LA SOUFFRANCE DU CHRIST. Plantier. MJ, 117. "C'est cela qui a exalté M.J. toute sa vie: les cris, les sueurs de sang témoignent d'une souffrance dont il est personnellement responsable. Il est le bourreau de la tendresse & de l'amour, non pas abstraitement, mais dans la chair d'un homme comme lui."
"MON NOM EST DOULEUR." "Ballade de la campagne-exil." "Les paysans m'appellent par mon nom sur les routes, comme ils reconnaissent une alouette d'une grive mais ils connaissent mieux les noms des gibiers que le mien/ car mon nom est douleur." Parrot. Op. cit. 1.
MORTIFICATION POUR EFFACER LES PECHES. Selon Toulouse: M.J. prenait sa cigarette allumée & il a brûlé la dernière phalange des cinq doigts de la main gauche, pour se mortifier. 'C'est ma mortification pour effacer mes péchés. J'ai besoin de ma main droite pour peindre.’ Juan Gris, selon M. Béalu, caressait son chat de la main gauche également de peur d'être gratté, pour épargner la main droite. (1938-39).
MOTS PLAIES. Cadou. Esth. 53. "As-tu lu l'extr. de maître Eckart dans la N.R.F. de Mars. Il y parle des régions de l'âme & réclame en faveur des vestibules & du Saint des Saints qu'il faut atteindre. Voilà ce qu'il faut faire: atteindre la région de l'âme où Dieu habite & ne travailler que là - & avec des mots-plaies.- La lecture des mystiques est le seul conseil esth.- Les grands poètes sont des mystiques sans Dieu (ou avec Dieu) ce que tu appelles la poésie de tonnerre & de source. Non! tu ne divagues pas! tu es dans le vrai."
LA NECESSITE DE LA SOUFFRANCE. "ON N'AVANCE QUE PAR LA DOULEUR. A quoi peut mener la joie, rendez-vous-en compte par des exemples. La joie est elle-même un aboutissement, la fumée d'un feu, le repos. La douleur au contraire est une mise au point de soi-même avec la réalité; elle amène la réflexion qui est un départ. Ce n'est pas pour rien que la Sagesse de Dieu a dit: 'Heureux ceux qui pleurent.'" CN. "Réponse de l'Abbé X...à un jeune homme découragé." Op. cit. 195.
"NOS DOULEURS SONT UNE EPREUVE BIENFAISANTE." DV, 251. 3 déc. 1941. "J'ai un grand chagrin de la mort de L. [Levanti]. Dieu est bon d'une bonté infinie [...] nos douleurs sont une épreuve beinfaisante"; au même: "Un vrai chagrin rend très sensible & meilleur... La douleur est vraiment l'état de vérité [...]. J'ai une soeur qui est un obus, une locomotive de charité, je reçois une l. où elle écrit 'Elle' avec un grand 'E' en parlant de sa mère: c'est splendide. Oui, l'état de douleur est l'état de vérité."
NOTES SUR LA PASSION. VM, 250-51. "D. Gompel possède [...] un important lot de Méd. datées de 1926 & qui toutes introduisent à une explication symbolique de l'Ecriture. [A présent ces méd. se trouvent dans la Coll. Spéc. de la B.N. Donation de D. Gompel]. Dans une Méd. sur la Passion qui annonce les extraordinaires 'Notes sur la Passion’... envoyées à J. Pérard [...], M.J. qui a dessiné en visionnaire tant de descentes de Croix avance que Marie n'est pas seulement corporellement la mère de Dieu, l'annonce de l'Eglise, mais avec Origène, la Raison de la Terre. - 'Rencontre de la Mère. C'est la raison d'après Origène. D'après l'Eglise c'est l'Eglise. Si c'est la raison cela signifie que l'Homme tel que Dieu le synthétise ne rencontre la Raison que dans la Douleur. Qui de nous ne sait pas qu'on n'apprend pas dans la Joie. Initiés! souffrez pour apprendre apprenez en souffrant."
"OH! LA JOIE DES DOULEURS PURGATIVES!" "Bienfaits de Dieu." MR. T.r. 41; Gallimard, 74.
"ONLY SUFFERING MAKES US TRACTABLE & HUMANE. Have I not learned the usefulness of pain and suffering? [...]. Suffering is the most excellent gift of God for it is in suffering that we rediscover ourselves." "Blessings of God." Hesitant Fire. Op. cit. 206.
"ON NE SOUFFRE BIEN QUE DE SOI-MEME, de sa propre bêtise, de ses propres péchés, de ses propres repentirs. L'écharde dans la chair dont parle St Paul & que l'apparition du chemin de Damas lui a laissée, c'est la propre bêtise humaine, la sienne propre quand on a le malheur d'avoir juste assez d'intelligence pour s'apercevoir de la carence." Guilloux. "Max nous parle." France-Asie no. spéc. 365. L. à lui. 2 oct. 1941.
"ON RECONNAIT LES HOMMES VERITABLES A CECI QUE LEURS DEBUTS ONT ETE LA VRAIE SOUFFRANCE. Je me méfie de l'avenir de nos petits gigolos qui ne se refusent aucune jouissance & sont couronnés de palmes avant d'être assis dans le berceau des muses." PJ, 277. A un jeune ami poète. St.-B., 11 avr. 1927.
PAR LA SOUFFRANCE ON MERITE LE PARADIS. LRV, 72. 5 janv. 1937. "J'ai écrit ou dit & on a imprimé cette phrase: on ne monte au Paradis qu'à coups de pieds dans le derrière. Ceci est applicable à la gloire. Les injures c'est comme de marcher dans la crotte; la dignité est de n'y répondre nullement."
PASSAGE DE LA VIE EXTERIEURE A LA VIE INTERIEURE PAR LA SOUFFRANCE. VM, 268. "Si vous n'êtes pas blessé par l'extérieur ou réjoui par l'extérieur, jusqu'à la souffrance, vous n'avez pas la vie intérieure & si vous n'avez pas la vie intérieure votre poésie est vaine." Andreu cite des CJP.
"LA PERTE DU PARADIS EST LA CREATION DE LA DOULEUR, COMME REGLE DE L'ERE ADAMIQUE - don & non Châtiment, la douleur est la clef de tout[...]." LTB, 67. A C.M, 28 janv. 1937.
LE PLAISIR DETOURNE DE DIEU. "La Messe du Visionnaire." Album cat. de l'expo. A. Derain, 15-21 oct. 1916, Gal. Paul Guillaume, Paris, 16 Ave de Villiers. S.p. "Ne souris plus si c'est la fin du monde! Mourant, Jésus fait l'envoi glorieux de quelque image en manière d'adieu: Ailes au casques est pour la Gaule blonde; La Vierge au fond se laisse deviner. - Nuages ronds, auréoles de nues. - Soldats, casques font la garde en la rue. Avec le vol d'un insecte ocelle l'Amour vers toi lève des yeux connus. Ange gardien, pourquoi ce chandelier? Si c'est d'amour que tu veux me lier, ne me fais pas curieux d'hyperespace. Je ne veux pas d'autre don que la grâce! Pendant que Dieu agonise à l'autel! Est-ce l'instant de se réjouir du ciel? Pour me sauver des dangers de la terre M'envoyais-tu des esprits planétaires? Mais le plaisir me détourne de Dieu. Coeur de croyant n'a pas besoin de yeux."
"POINT DE VUE DE SIRIUS." "QUE L'AMOUR SOIT LE VESUVE/ POURPRE & SANG JUSQU'A DOULEUR!/ ENTASSEUR, VIDEZ L'ETUVE DU PLAISIR USURPATEUR." LTB, 57. A Moricand, 26 nov. 1935. [Le p. consiste de 4 strophes].
LA POESIE DE L'EMOI. LMJ, 342. 4 août 1933. "Il n'y a pas de doute que tes oeuvres sont de la poésie lyrique. Je tiens au mot lyrique: c'est la poésie du moi, de l'émoi, des mots, des maux [...]."
"POUR SAVOIR COMPATIR IL FAUT AVOIR SOUFFERT & vous pensez certes que ce n'est pas que l'amour de Dieu qui m'a jeté ici." LLP, 70. 21 juill. 1926.
PURGER LES FAUTES PAR LA DOULEUR. LTB, 108. A Briant. 24 sept. 1940.
"QU'APPORTES-TU, VENT DE LA TERRE?/ La douleur baisée par l'amour./ Magie te prêtera secours/ & ces trois graines de fougère." "Magie blanche." Expo. à Orléans, 1947; HC, op. cit. 19; Ibid. 31. "Nudité et plus." "Nudité blanche reine/ que je chante & poursuit/ tout le reste est gangrène/ Dieu ne veut que nos cris"; ibid. "Douleur." 66. "Et pourtant la douleur est un présent des Dieux!/ Elle abolit en nous ce qui n'et pas notre âme/ Elle nous rend à nous; elle nous donne aux cieux./ Ce que Dieu veut de nous, c'est sa Divine Trame."
"QUATRE GARDE-CROTTES CONTRE LES EVENEMENTS DOULOUREUX. Le prem. est la proximité de Dieu! Le 2e est une conscience connaissante! Le 3e est une fine accessibilité! Le 4e est l'amitié d'un Homme grand!" Parrot. Op. cit. L. 20 juill. 1942.
QU'EST-CE LA DOULEUR? "Les dix plaies d'Egypte & la douleur." "La Genèse." Op. cit. 14. "Dieu a voulu nous donner la douleur parce qu'il sait qu'il n'y a pas de bonheur pour l'homme hors de lui & que son seul bonheur est de se posséder lui-même. Tout ce qui n’est pas soi-même, tout ce qui n’est pas nous-mêmes, c'est-à-dire les richesses, le désir, les passions, les curiosités, l'influence des univers, les ambitions, etc. ne sont que troubles, inquiétudes, hésitations pour l'homme. Mais la possession de soi, c'est-à- dire la possession de son propre esprit, de sa propre volonté, est par contre une grande joie, supérieure à toutes. Dieu nous a donné aussi d'autres joies, qui sont celles de la vie, des joies impures; inférieures, mêlées. Mais il a pensé que, si nous parvenons à nous soustraire à ces joies, nous pourrons atteindre la plus grande de toutes, qui est la possession de soi. Posséder Dieu, c'est se posséder soi-même. Mieux, nous ne pouvons posséder Dieu, qui est si différent de nous, que lorsque nous nous possédons nous-mêmes. Nous sommes le chemin de Dieu. Et pour nous posséder nous-mêmes, il est nécessaire de nous arracher, de nous séparer de tout: & c'est cela la douleur.- La douleur est un mal nécessaire, car elle est source de nouveaux biens. C'est là que réside le véritable sens de la Genèse, & aussi celui des dix plaies d'Egypte [...]."
---. Ibid. 23. "Dieu qui nous avait donné les joies de la terre, voulut aussi nous donner les joies de l'esprit. Avec la douleur Dieu montre à ceux qui veulent le comprendre le chemin qui mène à l'esprit. En nous donnant la douleur, Dieu nous donne la porte à franchir pour aller jusqu'à lui. [...] Par ce prétendu châtiment, Dieu le Père a ouvert, pour son fils & pour nous, la voie vers le paradis perdu par Adam. Comprendre la douleur comme voie de l'esprit, c'est comprendre la rel. cath."
---. Ibid. 15. "Dieu, dans sa bonté, a voulu nous donner les joies de la terre; mais, en nous donnant ces joies, il a voulu nous donner aussi le moyen de trouver celles de l'esprit & de le posséder. Et ce moyen, c'et la douleur. - Mais il ne s'agit pas ici de châtiments. L'histoire si authentique & véritable de la Genèse a un sens caché, & ce sens est la bonté de Dieu qui veut nous donner les joies de la terre, en même temps que la joie de la posséder lui. Et il nous donne ainsi la clef pour que nous puissions passer de l'un à l'autre. Le travail n'est pas un châtiment, c'est un moyen. Il faut exténuer notre chair pour conquérir notre joie [...]. Travail & douleur sont donc la porte de l'esprit."
---. LA DOULEUR PURIFIE. Idem. LA CROIX. "La croix accompagne Jésus-Christ [...] & J.-Ch. accompagne la Croix de J.-Ch., & nous devons être comme Simon de Cyrène. Nous prenons la place de Dieu dans la douleur qui purifie. 16. [...] après que le Seigneur a annoncé aux filles de Jérusalem la Loi de l'Univers, qui est celle de la douleur, apparaît l'affaire de la tunique qu'on lui arrache, & qui signifie la grâce [...] la tunique [...] tachée par le sang & la chair de J.-Ch., qui sont l'esprit. [...]. Partout, donc, nous voyons la douleur unie l'esprit."
---. Ibid. 13. LA DOULEUR DU MONDE DE LA MATIERE. LA SOUFFRANCE DE L'ESPRIT - PLAISIR. "Un peu de métaphysique." "C'est quand notre esprit est prévenu contre nos sens qu'il peut entrer au monde de l'esprit. Si notre chair ne se préserve pas ainsi grâce à l'esprit, elle vivra dans la douleur du monde de la matière. La matière appartient au démon; & quand Dieu ne défendra plus notre pauvre chair, le démon la torturera. Après la mort comme avant. Par contre, les peuples du monde de l'esprit sont parfaitement heureux, jusque dans les douleurs exquises de leur propre sensibilité. Dieu nous a enseigné à souffrir avec complaisance, parce qu'il nous a enseigné le plaisir de la souffrance."
---. Ibid. 14. DIEU. "[...] si Dieu est la force la plus grande, il doit être la plus grande bonté: parce que la méchanceté va avec le manque de satisfaction, & que la force ne peut être cause que de satisfaction. La méchanceté est par définition, ce qui veut détruire. Et comment la force qui a construit peut-elle vouloir détruire, puisqu'elle est la force la plus puissante, c'est-à-dire celle dont dépendent toutes les autres, celle qui les fait durer ou les crée? Dieu étant fort, ne peut qu'être satisfait. Or, étant satisfait, il ne peut qu'être bon, puisque la méchanceté est la destruction par mécontentement.- C'est donc,[...] par bonté que Dieu a créé la douleur, puisqu'il ne peut créer que par bonté. La douleur est donc un bien."
LA RELIGION - UNE EXIGENCE TERRIBLE. PR, 472. "Il convient de constater que d'une rel. conçue comme un réconfort pour les faibles,[...] nous voilà passés à une exigence terrible, une morale ardue fondée sur la remise en question permanente des acquis, & de soi, une morale pour les forts." 477; CJP, 68. Dieu "il vomit les tièdes."
SEIGNEUR - SAIGNEUR. LMM, 33. Chez le dr. Benoiste, 21 juin 1937. "Confions les au Seigneur. Celui que j'appelle Saigneur;" Le poète offre une autre variation de ce jeu de mots: «Le jeune cheval henissait/ & montrait les dents; il/ disait au garçon d’écurie:/ ‘Vous me faites souffrir!’/ La vieille jument regardait/ son soigneur ou saigneur/ d’un oeil triste.»‘Les deux chevaux.’ Inédit. Monde, 8 juill. 1976, p. 12 ; LMM, 144, n. 3.
"LA SEULE ECOLE EST LA SOUFFRANCE, LA JOIE N'APPREND RIEN." VM, 35. D'une l. à Jouhandeau du 24 nov. 1923. Corr. II., 254. "Huit mois de commerce ont fait ma carrière & quelques années de divers emplois. Je regrette de n'avoir pas plus souffert, je saurais davantage."
"SI C'EST LA CE QU'ON FAIT AU BOIS VERT QUE FERA-T-ON AU BOIS MORT?" LTB, 108. A Briant, 24 sept. 1940. "J'en viens à me féliciter des douleurs qui m'adviennent, tout en souffrant des peines de mes amis, je ne puis plus les voir que comme je vois les miennes: une nécessité. 'Si c'est là ce qu'on fait au bois vert que fera-t-on au bois mort?'- dit le Seigneur. C'est pas le bois mort. Il a peut-être fallu que le Seigneur passe par la purification de la terre avant de regagner son ciel. Quelle purification nous faut-il à nous?"
SIMON DE CYRENE PREND LA CROIX DU SEIGNEUR. A Briant. Goëland 28 (15 fév. 1938) cité in VM, appendice VI. "[la douleur] Ce don est confirmé dans la montée du Calvaire, où Simon de Cyrène qui représente la terre, prend la croix du Seigneur. Simon ignore le don qui lui est fait; il faut que les soldats le forcent à se charger de la croix."
LA SOUFFRANCE: CLE DU PROGRES & DU BONHEUR. Cadou. Esth. 28-29. "La souffrance est la seule clé du progrès & du bonheur. La souffrance ne doit pas être une faiblesse; ça doit être une profondeur de sensibilité & le fait de ressentir davantage."
SOUFFRANCE COMME MOYEN D'EXECUTION POETIQUE. J. Morgenroth Schneider. Clown at the Altar. Op. cit. 59. "At one point, he even proposed the theory of suffering as the ultimate technical solution to poetic execution: 'souffrance comme moyen d'exécution.'" In Lagarde. M.J. mystique & martyr. Op. cit. 29.
SOUFFRANCE DE DIEU. Plantier. "M.J. & le plus grand amour de Dieu." Op. cit. 2-3. "Chemin de Croix." (HC, 29) où se développe le thème des souffrances, par ce vers: "Dieu va mourir demain pour que tu le possèdes..." Il voit donc bien 'le côté profond qui est l'âme du Christ.' Le supplice n'a d'autre sens que celui d'une rançon payée volontairement & par amour, pour libérer les héritiers prisonniers de la mort, pour que chacun se sente personnellement racheté par amour, pour que soit conférée à chacun, & donc aux bourreaux, la dignité de fils de Dieu." [Voir HC, 38. Inc. «Pendu aux clous...»]
LA SOUFFRANCE MANIERE DE PENSER. DV, 165. A Béalu, 20 avr. 1939. "Tu crois que la souffrance consiste dans la manière de vivre alors que la souffrance consiste dans la manière de penser."
SOUFFRANCE POUR ALLER VERS DIEU. HC. "Si je suis trop lourd pour aller vers Dieu, brancardiers, portez moi. Et si vous n'avez pas de civières, faites-en une de mes souffrances tressées."
SOUFFRANCE QUE DONNE LA LITTERATURE. Corr. I, 148. A Doucet, 30 mars 1917. "La litt. est comme les femmes: on en souffre & on y retourne, & plus elles battent, plus on les aime. En somme, il n'y a pas d'homme qui ait été battu & la litt. n'a jamais tué personne, mais elle en a rendu malades plusieurs."
"LA SOUFFRANCE SEULE FORME DES TALENTS." Inéd. à Massot. 18 sept. 1922. Op. cit. 32. "Vous avez des déceptions! on en fait des p. tout chauds! Attendez-vous à pleurer tous les soirs en rentrant chez vous & au bout de vingt ans de désespoirs, à vous désespérer de n'en plus avoir"; 12 oct. 1922. "Travaillez beaucoup. Souffrez beaucoup! (Vous souffrirez beaucoup)."
Ibid. 33."VOTRE COEUR EST FAIT POUR SOUFFRIR." S.d. "J'ai lu de vos vers qui me semblent en bonne voie. Votre l. m'a ému & j'ai pensé: Pauvre enfant! Comme je l'ai pensé tout bas & qu'il n'y avait personne vous n'avez pas à vous offenser. Ce pauvre enfant était accompagné d'un mot de Chamfort mourant: 'Je quitte ce monde où il faut que le coeur se brise ou se bronze.' Bronzer le vôtre qui me paraît bien tendre & fait pour souffrir de tout & de tous. Ces coeurs-là ont toujours des amis qui les consolent & finissent par les trahir"; 27 juin 1922. "Il y a chez vous quelque chose de tendre qui est très précieux & quand, détaché de toute préoccupation étrangère à l'humanité, vous vous mettrez à rechercher ce qui est roman russe dans la vie, vous le traitrez comme personne ne l'a fait;" 19 avr. 1923. "J'attends de vous de la souffr. & de l'amour, de la vraie beauté enfin! La beauté est grave, elle est profonde, elle touche à la terre, elle est émue, émouvante, grande, elle ne cherche pas la couleur, elle la rencontre, elle est construite, elle est dramatique, harmonieuse, chantante. Elle est en vous! Quel sera le Moïse qui frappera aux portes de votre fontaine?"
SOUFFRIR & SE TAIRE. LJF, 229. Intr. "Max had always known, however, that silence is the only state of grace: 'Il faut apprendre à souffrir davantage & à se taire. Un vrai poète est tordu sur un bûcher en silence.' Elsewhere, in this same Cah. d’esthétique, Max writes that after the first phase of work, which is 'séparation', the second is silence. Le 2e geste du travail est 'silence'. Quoi! Vous allez encourager ces conversations absurdes & insignifiantes en vous y mêlant? Ou bien allez-vous faire le prof. & enseigner à ces gens que leurs conversations sont absurdes. Eh Bien! Taisez-vous!'"
LA SOUFFRANCE - ROYALE ETANT VRAIE. LLP, 70. "On peut toujours offrir (on doit même toujours offrir) la souffrance à Dieu: ce geste lui est agréable & il est utile à notre salut." P.S. de la même l. de St.-B. 21 juill. 1926. "Toute douleur est royale étant vraie."
"Y A-T-IL UNE POESIE SANS DESESPOIR?" VM, 240. cité d'une l. à Béalu, avr. 1937.
LES DROGUES - ETHER
PR, 286. M.J. a eu "recours aux moyens artificiels pour provoquer un état hallucinogène: les stupéfiants sont nommés de manière vague dans l'exergue de la 3e partie de la DT mais ailleurs il évoque l'éther 'qui développe pour un instant les qualités du cerveau.' (Voir "La Clef des songes." Philosophies 2:5-6 (mars 1925): 581) & fait également allusion à la jusquiame, narcotique délirant, dans SM & dans ses méd., laissant à penser qu'il l'a utilisée." MR. T.r. 52; Guiette. Vie de M.J. 84; Belaval. Op. cit. 159. "Il y a une herbe qui s'appelle Jusquiame & dont l'absorption déplace assez l'esprit pour faire entrer en enfer: j'en ai pris: j'ai vu!"
DROGUE & CREATION LITT. CHEZ MAX JACOB? Ch. Pelletier. Qui (ne) connaît (pas) M.J.? Op. cit. 121. Conclusion: "Il ne s'agit pas d'expliquer l'oeuvre de M.J. par l'usage de la drogue, de faire en quelque sorte une poétique de l'étheromanie, comme on a cru bon par le passé de justifier l'art d'un écrivain par le dérèglement de son comportement (passion amoureuse, maladie, drogue). Pour s'en tenir à quelques phares du siècle précédent & faire allusion à des études précises, on rappellera les explications de Lamartine par les démesures de l'amour, de Maupassant par les lésions de la syphilis ou de Baudelaire par l'ivresse alcoolique. Recherches minutieusement documentées qui sous-estimaient la singularité irréductible de ces états au sein même de constantes & surestimaient la fiabilité des moyens d'investigation dans l'ordre litt.- M.J., on le sait, a été en proie de divers démons. La drogue fut de ceux-là. 'Une mesure pour rien, me souffle le diable', confiait M.J. Le diable? Un menteur comme chacun sait..."
ECHEC
AVEU D'ECHEC TEINTE D'IRONIE. LML, 11. Intr. "Tout se passe comme si Max ne prenait pas tout à fait au sérieux ses propres gémissements, & ses perpétuels aveux d'échec sont souvent teintés d'une subtile ironie."
CLEF DE M.J. - CAH. DES MAXIMES DE R. VILLARD. André-Georges Hamon. Interview avec Yannick Pelletier. "M.J. ou l'image d'un raté." La Bretagne à Paris (17 nov. 1978): 3. "Quand il [R. Villard] recevait ses amis à Quimper, chacun mettait un bout de p. ou des aphorismes sur un cah. [...] 'le cahier des maximes'. Il donne en fait les prem. écrits de M.J. On le découvre dans ses tendances suicidaires, son homosexualité, son admiration pour Raoul Bolloré qui apparaît ici avec un brillant incroyable. Ainsi se trouve corroboré par des écrits d'adolescence tout ce que l'on peut découvrir dans la corr. & dans l'oeuvre de M.J. En plus ce ‘Cah. des maximes’ a un réel intérêt litt. car il propose un certain nombre d'images qui reviennent fréquemment sous la plume de M.J.: la femme, l'eau, la mort. Les grandes images romantiques. Et en même temps les grandes images psychoanalytiques. Et puis un appel à l'infini. Infini-néant & infini-mysticisme dans la relation de soi au monde, au cosmos, à la divinité. - A la question ‘comment se situe Y.P., dans son authenticité propre, dans sa recherche sur cet échec qui semble l'entourer?’ 'C'est simple, je réussis tout ce que je fait sur l'échec. Voilà.’"
---. Ibid. LE RATE. THESE DE YANNICK PELLETIER. P. rédige une thèse de doctorat d'état sur 'L'Echec dans la litt. fr. du 20e s.' Après avoir écrit un remarquable travail sur l'oeuvre de L. Guilloux, il se penche sur M.J. Il a écrit la Préf., les notes des l. de M.J. à R. Villard (éd. Rougerie). - Selon P., "M.J. a été un bon poète comme un bon peintre. Mais il n'a jamais dépassé quelqu'un. Il est resté dans le sillage d'Apollinaire, comme dans celui de Picasso, alors que c'est lui qui a employé pour la prem. fois le terme de 'cubisme'. Tout s'est passé dans le cadre de sa fixation amoureuse pour son jeune ami Raoul Bolloré. Il y a là le noeud psych. de l'hist. de M.J. [Dans les l. à Villard] il y apparaît tel qu'en lui-même, comme un personnage d'échec [...]. M.J. est le clown intégral. Personne ne le prend au sérieux. Ni lui ni son oeuvre, litt. ou picturale, ni sa conversion. Seule sa mort est prise en compte [...]. je souheterais que la publ. de cette corr. serve pour une sorte de psycho-biographie à faire sur M.J. Une étude parallèle de l'homme & de l'oeuvre sur ses échecs. En effet, très souvent les p. se cassent la figure, ses préf. n'en sont jamais, & ses romans sont pratiquement lamentables au bout de 30 pages. Mais M.J. a quand-même énormément compté dans son époque."
"J'AI ENVOYE UN POEME ASSEZ MOCHE A ROGER LANNES: JE ME COULE VOLONTAIREMENT: j'ai la soif du malheur comme le Tite-le-Long de Jouhandeau." LJF, 5 juill. 1936. 269; ibid. DEVALORISATION. 239. [14 juin 1935]. "Je t'envoie le p. qui me paraît maintenant détestable. Alors j'ai ajouté des petits cornet à dés pour que tu te consoles & me consoles."
"TOUT LE MONDE EST UN PEU RATE DE QUELQUE CHOSE: V. Hugo est un raté de Shakespeare & de Byron. [...]. Quand on compare les résultats de la cinquantaine avec les rêves de l'adolescence, on est toujours un raté bien que Goethe ait dit le contraire. ‘L’âge mûr réalise les espérances de la jeunesse!' tu crois que c'est rarement vrai. Tu n'as pas été explorateur! Tu as été chapelier. (Mon ami le poète M. Béalu est encore chapelier). Tu n'as pas été peintre, tu es mieux. Tu t'es fait une case bien spéciale dans l'art, tu as crée un art à toi sans rivaux. Alors Goethe a raison! Ça ne fait rien. Tu dois être raté de quelque chose. En tout cas moi je me sens bien raté!... & comment!" A Bonet, 15 janv. 1944. Cat. op.cit. no 258.
ECOLE COLONIALE
INSCRIPTION A L'ECOLE COLONIALE & A LA FAC. DE DROIT EN OCT. 1894. M. J. réside à l'hôtel Corneille, rue Corneille, Paris VI. Le 29 oct. 1896 - il obtient de l'E.C. un congé d'un an pour service militaire. 1er fév. 1897. Réformé. Il reste à Quimper. Dans les prem. mois de 1897 il reprend ses études à Paris. Eté 1897. Vacances à Quimper. Automne 1897 poursuite des études à Paris. 4 déc. 1897 démission de l'E.C. Poursuite des études de droit. Voir. VM, 29. Max s'est inscrit à l'E.C. en oct. 1894. En 1895, il avait été collé. En 1896 il était admis à passer en seconde année de l'E.C. Le service militaire, en interrompant des études, au fond normales, devait changer [...]toute sa vie. VM, 31. Le 4 déc. 1897 il donne définitivement sa démission de l'Ecole coloniale. 34. C'est à 23 ans que, coupant tous les ponts [...] après l'abandon de l'E.C., que Max tourne le dos à tous les espoirs d'une vie rangée.
---. LRV, 14-15.Intr. Y. Pelletier «M.J. ne restera qu'un an à l'E.C. [...]. Au lieu d'étudier [...] il s'était mis à composer ces petits p. en prose qui ont fait sa réputation d'écrivain original. [...] M.J. ne restera qu'un an à l'E.C., donc de 1894 à 1895. Ses biographes datent sa sortie de l'E.C. de 1897, encore que l'on puisse déceler parfois quelque prudence; dire: '1897: [...] il démissionne de l'Ecole & rentre à Quimper, décidé à ne faire qu'une ‘carrière artistique’ ce n'est pas affirmer qu'il ait suivi les cours de 1896, même s'il fut inscrit. [...] 1895: mort de Raoul Bolloré & transformation de la carrière coloniale de M.J. en carrière artistique. Max sera poète comme Raoul 'qui avait du génie'; il sera peintre également mais, au temps de l'adolescence alors qu'il se croyait promu à une grande carrière musicale, il encourageait son ami à devenir peintre.» - 19, n. 20. «Et vouloir la gloire à 20 ans, c'est la vouloir en 1896, un an après la mort de Raoul Bolloré. Etait-ce pour venger le défunt, pour obtenir une parcelle de la gloire qui revenait à celui-ci afin qu'elle ne se perdît entière?» Voir Andreu, VM, 28. «Pourquoi l’Ecole Coloniale, a-t-il dit à R. Guiette? Je pense que mon ange gardien me désignait par là que ma vie devait se faire dans une autre patrie que celle qui semblait alors la mienne. J'entends une patrie morale.»
EDITION DE LUXE
A PROPOS DU TAB.B "& quand il verra le jour ce sera avec tout le luxe inabordable! On dirait que G.G. [Gaston Gallimard] s'amuse à enterrer ses auteurs. Dieu merci! je vais avoir un livre de vers ailleurs." LUA, 46. 21 déc. 1924.
M.J. AURAIT PREFERE UNE ED. POPULAIRE. A. Salmon. "Max Jacob." Simoun no spéc. 21. «Un regret [quand parut son M.J. poète, peintre & homme de qualité]. 'Dommage que ce soit une éd. de luxe, de mes livres chez Kahnweiler.' Il eût préféré lui aussi l'éd. populaire.»
VENTES PUBLIQUES. RLM M.J. no 2. 189. M.J. figurait à la vente de la Gal. Kornfeld & Klipstein à Berne, le 21 juin 1973 à la dispersion de la célèbre coll. Georges Bloch de l'oeuvre gravée & lithographiée de P. Picasso. M.J. y figurait avec 6 vol. de son oeuvre qui furent ill. par Picasso. "Les enchères atteintes témoignent de l'intérêt suscité par l'association du poète & du peintre. SM,1 des 85 Hollande, 44,000 F.S., SJ, 1 de 85 Hollande, 27000 F.S., CD,1 de 14 Japon, 25,500 F.S. P, 1 de 16 Japon, 22,000 F.S. Chronique des temps héroïques, 1 des 30 avec suite, 3000 F.S."
LES EDITEURS
ANECDOTE A PROPOS DE GALLIMARD. Préf. LEJ, 9. "Comme je [Jabès] lui disais que je n'avais pu trouver en librairie le Cornet à dés & que, d'autre part, il n'était jamais parvenu en Egypte, il m'entraîna vers la cabine téléphonique, appela la librairie Gallimard &, avec un fort accent étranger, à l'employé qui lui répondit, se plaignit de l'incompréhension des Français envers l'oeuvre de leur plus authentique poète vivant, critiqua sévèrement les dirigeants de la N.R.F., reponsables de cet état de choses, insista pour que les oeuvres épuisées de Monsieur M.J. soient réimprimées, au plus tôt & les autres mieux diffusées outre-mer: 'Je suis Egyptien, Monsieur, & ce n'est pas à l'honneur de la prem. maison française d'éditions d'omettre, dans ses expéditions, les oeuvres du prem. poète de France...' On réserva à ce mécontent un ex. de luxe du Cornet à dés dans la petite éd. Stock, que j'allai chercher 1 heure plus tard."
"LES EDITEURS, LES EDITEURS/ SONT DES GENS QUI N'ONT PAS DE COEUR/ On se met à genoux pour avoir un volume/ mais les gémissements pèsent moins que la plume/ qui servit à l'auteur à noircir du papier./ Embrasse leurs genoux, roule toi z'à leurs pieds/ ils sont de noirs rochers & non des âmes d'hommes. Non! non! Francis Poulenc n'aura pas un tome!" [...]. L. à Poulenc. Op. cit. 26-27. St.-B. 12 mai 1924.
GALLIMARD. M.J. se plaint souvent de son éditeur, & la plupart du temps à tort. Nino Frank, qui rendit visite à Jacob en automne 1923, décrit ainsi la situation: "Il bénéficiait [...] d'un accord avec son éditeur, qui lui versait chaque mois quelque 300 francs. C'est à ces mensualités que remonte le drame de la période. [31 mai 1923] dont il est question ici: Max supposait qu'elles constituaient une sorte de salaire, alors que l'éd. les considérait comme des acomptes sur des livres venus ou à venir. Ces livres ne se vendaient guère (RB, F, puis les VI), & comme ce qu'il s'était engagé à fournir, notamment certain TAB.B, tardait à venir, comme l'écrivain, facilement tenté, ne se gênait point pour publier ailleurs, ces versements finirent par s'arrêter. C'est alors que, changeant son fusil d'épaule, Max déclarera la guerre à son éditeur: il prétendra ne plus composer que des poèmes, qu'il signait désormais Morven le Gaélique, & se consacrera à la peinture. De ses gouaches, avant, il ne tirait qu'un profit irrégulier: quand après livraison de son TAB.B. & de nouvelles chicanes avec son éd., il renoncera définitivement à la prose, c'est avec la Gal. Percier, rue de Téhéran, qu'il établira un modus vivendi, expression à prendre à la lettre." Nino Frank. Mémoire brisée. Op. cit. 141-42.
-- A. Beucler. Op. cit. 91, 93. "Gaston Gallimard était un homme de charme [...] je me trouvais en présence d'un homme aux yeux superbes, attendris, faits de grâce & de curiosité, un homme bien en chair, rose de teint, jeune d'allure, accueillant & mesuré, très agréable à regarder, à la fois attentif & comme un peu timide, certainement désireux de plaire, mais en même temps ne craignant pas de déplaire. (il se faisait très vite une raison), un homme qui paraissait ouvert & magnanime mais qui pouvait être aussitôt après tenace & ferme sans cesser de sourire; un homme chez qui, précisément, on avait le désir & le temps de deviner tout cela: c'était Gaston Gallimard."
---. Ibid, 95-96. "Oui, oui, disait M.J., il est judicieux, harmonieux, délicieux, mélodieux, bien sûr, bien sûr, nous le savons tous, mais il est aussi un peu luciférien... non?" [Beucler fait la connaissance de M.J. vers la fin de l'année 1926].
---. VM, 167. "En oct. [1924] G. Gallimard est venu le voir 'avec des traités plein les poches', Max nage dans la joie; c'est l'âge d'or de leurs relations. Il touchera une mensualité régulière de 500 francs & il s'engage un peu légèrement à donner à son éditeur 2 nouveux romans. Pour le moment, tout le monde est content [...]."
---. Annette Thau. "M.J.'s letters to Gertrude Stein." Folio, no spéc. 52. L. de Benodet, Grand Hôtel. 6 mai 1930. "Mais je suis très dégoûté à cause de la goujaterie des éditeurs, de l'imbécilité du public."
---. Autour de Natalie C. Barney. Op. cit. 43-44. A elle, St.-B. 3 fév. 1939. "Voici la liste incomplète des gens qui m'ont nettement dit que j'étais ‘fou’! C’est par ordre de dates:1. Bernard Zimmer 2. Maurice Constantin-Weyer 3. Roger Lannes. Gaston Gallimard me l'a fait savoir indirectement. On excuse tout des fous, des bêtes, & des ridicules."
---. LML, 35. A J. Denoël. St.-B. 7 déc. 1936. "Mais je doute qu'ils paraissent encore, (les Morceaux choisis) sous prétexte de l'affaire du copyright, tous les prétextes leur sont bons quand il s'agit de me nuire."
---. M.J. NE PEUT PLUS PUBLIER. LBEG, 47. 9 nov. 1943. [L. importante sur Apollinaire]. "Il m'est interdit de rien publier. Je ne sais même pas si on a le droit de me citer"; in coll. Gompel l. inéd. à J. Denoël, 22 sept. 1941. M.J. affirme qu'il ne peut plus rien signer & 'tu sais pourquoi'; à Frédéric Mégret dans un p.s. d'une l. de 13 mai 1943. "Supprime le Jacob suspect sur les enveloppes."
---. Perrin. "M.J. Portrait sans légende." Op. cit. 42. "Quand il échouait [à convertir], il levait ses petits bras au ciel & s'écriait: 'Alors tu iras en Enfer, comme Monsieur Gallimard, mon éditeur!'"
EMOTION
ADES, J.V. Expo. Gal. Pierre Colle, fév. 1933. Paris: Chroniques du jour, s.d. [1933]. Intr. de M.J. 8. "Nous appelons émotion tout ce qui vient des instincts, de l'inconscient, & des sentiments."
AMOUR, ELOQUENCE, ENTHOUSIASME. L. inéd. à Pierre Masson. 27 fév. 1922. Op. cit. "J'aime votre appel plein d'amour, d'éloquence & d'enthousiasme: nous n'avons presque personne capable de ces bons & beaux mouvements."
ANDREU, VM, 149. "Dans l’AP,M.J. affirme, pour la prem. fois, ce qui n'était qu'implicite dans sa Poétique, que l'émotion est l'essence de la poésie. L'essentiel est dit: 'On ne donne la vie que par l'émotion.' 'Vous oubliez que l'émotion est le tout.' 'On trouvera toujours mille qualités d'esthétique à une oeuvre qui aura plu. Vous plairez par l'émotion.'"
LE BESOIN D'UNE FOLIE HARMONIEUSE. AP. "L'art chrétien." 63. "Il y a quelques chose en moi qui demande plus que des accords, fussent-ils faux, plus que des couleurs fussent-elles désaccordées, plus que des mots fussent-ils néologiques, & ce n'est ni le sentiment, ni l'intelligence, c'est [...] un besoin exquis de vrai lyrisme qui n'est que bien rarement satisfait & par aucun auteur ... sauf par les poètes de notre temps."
"L'EMOTION EST TOUT. AP, 71. "Vous oubliez que l'émotion est le tout. La distinction de votre tempérament vous empêchera d'être vulgaire."
"LE COEUR D'UN AUTEUR EST SENSIBLE COMME UN PORTE AIGUILLE, & délicat comme le duvet qui l'emplit. Style Barbey! style Barbey! style Barbey!" Corr. I. 165. A R. Manuel. 17 sept. 1917.
CONFLAGRATION. CJP, 17. "Mais la véritable invention vient d'une conflagration de pensées ou de sentiments."
DEFINITION DU SENTIMENT. Ibid. 9. LMB, DV, 18 juill. 1941. "J'ai reçu une lettre de J.E. [Jacques Evrard] qui me demande ce que c'est que le sentiment, de le définir [...]. Je lui réponds que le sentiment ne se définit pas, il se nomme: Amour, haine, douleur, méchanceté, pudeur, honte, deuil, patriotisme, etc." A Béalu. 1er août 1941. 10-11. "Je ne suis pas un homme à définitions scientifiques. Il ne s'agit pas de savoir ce qu'est l'âme ou le sentiment. Il s'agit de FAIRE VIVRE SON AME [...]. Une déf. qu'est-ce que ça veut dire? ça ne rend pas. Une méthode, ah oui! or 'vie intérieure' c'est une méthode. Je n'ai pas de déf. de 'vie intérieure' mais j'ai sa réalité. Il faut vivre les choses & non les définir. Assez de 'spectacle', vivons & chantons: c'est la poésie. La poésie n'a rien à voir avec les déf., même de l'esthétique. Dis à J.E. que M. Picasso n'a jamais pu 'expliquer' le cubisme. Il l'a réalisé, vécu... L'essentiel est d'être un homme un définisseur n'est pas un homme, c'est une trique."
"DEUXIEME PRINCIPE POUR DEVENIR VERITABLE POETE; L'EMOTION. L. inéd. à Massot. 14 mars 1923. Op. cit. 32. "2e principe: l'émotion. Vous avez grand besoin de vous nettoyer de l'influence des Picabia ou des Dada - très charmants amis mais qui diminuent & dessèchent des poètes tout pétris de sentiment. N'oubliez pas que l'émotion est le seul essentiel de l'art. Il n'y a que l'émotion. Enlevez l'émotion à Rimbaud, que reste-t-il? Il reste Breton. Vous valez par l'émotion, ne la tuez pas."
L'EMOTION. Corr. I. 30. A J. Doucet. Sept. 1907. "mes principes d'esthétiques actuels [...]. Un artiste doit considérer deux objets: la création ou réunion de forces constituant un noyau nouveau dans l'univers, & l'émotion esthétique qui doit résulter de la création. L'émotion esthétique est une joie."
---. Ibid. 31. "On a recommandé aux artistes 'd'étonner' (j'aborde la question psychologique). Il y a là une erreur de mots. L'étonnement est un état stable. Les vieux psychologues disaient avec raison, selon moi, le plaisir est dans le mouvement, il faut ballotter le spectateur: l'émotion esthétique, c'est le doute. Le doute s'obtiendra par l'accouplement de ce qui est incompatible (& ceci sans amener l'étonnement stable), par l'accord des langages différents [...]."
---. Cadou. Esth. 25. "Oui je crois que l'émotion est l'essentiel. Il s'agit de la rendre 'non vulgaire' soit par la surprise, les surprises, soit par le style. Le style n'est que la force de ce qui a été longuement porté, fortement conçu.- Pensez-y! la différence entre la romance de la rue & le poème le plus raffiné (s'il est ému) n'est que dans le style ou les surprises. La force du folklore est dans la surprise que la candeur nous occasionne aujourd'hui & d'autre part dans le fait du style humain qui l'a porté au travers des siècles (car cela seul qui est humain dure)."
---. Jean Rousselot. "Contribution à une esth. de M.J." in M.J. au sérieux. Op. cit. 143. Il cite d'une l. de 1942: "Les intellectuels ont ceci de caractéristique qu'ils ne pardonnent pas aux gens de sentiment d'avoir plus qu'eux l'audience des hommes. Je parle par expérience, car j'ai été d'un camp & de l'autre & je sais ce qui se passe dans les deux... Il n'y a que l'émotion qui compte, dit Picasso. L'émotion de qui? Tout est dans 'de qui'? Or, il faut être ce 'qui' puis, ensuite, avoir l'émotion. Que la culture formatrice ne soit pas la déformation de notre coeur. Tout est là."
L'EMOTION ESTHETIQUE, C'EST LE DOUTE. Corr. I. 31. A J. Doucet. Sept. 1907.
EMOTIONS FORTES. PAS DE POESIE SANS EMOTION. LML, Intr. 15 & 59-60. L. 28 juin 1937. Chez le dr. Benoiste, Lorient (Morbihan) "ne sois pas prudent en art. Au contraire! Aime fort, très fort! & déteste fort! très fort!"- P. 72-73. St.-B. 27 oct. 1938. "La poésie c'est l'émotion & il n'y a pas de poésie sans émotion: il faut biffer tout ce qui n'émeut pas ou n'amuse pas ou ne fait pas pleurer ou n'élève pas." - P. 87. "je ne trouve rien de marquant dans le no. de Goéland, consacré à son prix de poésie. L'émotion ne se suffit pas à elle-même contrairement à ce que j'ai cru longtemps. Il faut de l'art! Et toute ma vie est à refaire." - P. 91. St.-B. 12 avr. 1940. "Ce qu'on appelle sensibilité, imagination, fantaisie n'est rien à côté du désir, du rythme & de la fécondité. Et si cette sensibilité, etc... suffisaient nous aurions 60,000 poètes comme il y a 60,000 peintres." [...]. "Tu es d'ensemble comme un tableau & c'est cela la poésie, le reste est 'Beaux-Arts.'"
"L'Enfance demeure la dernière au fond de l'homme qui s'éteint./ Le poète-enfant demeure un renaissant matin." A. Blanchet. cite des DP in La Litt. & le spirituel, op. cit. 74. [& dans «Vers sans art» DP. 64]: «je laisserai content ce que d’autres m’envient, un coeur d’adolescent gardé comme une amphore» ; Attal, op. cit. 198.
ESTH. DE M.J., SES CANONS. Rousselot. "Extr. d'une contribution à une esth. de M.J." Créer no. spéc. op. cit. 36. "S'il ne fait aucun doute que l'émotion soit une des canons majeurs de l'esthétique de M.J., nous ne la voyons pas sans étonnement contrariée par d'autres canons qui se nomment invention, hasard, humour, dérision, mais aussi: retranchement intemporel, refus de chanter juste & surtout de chanter en choeur, occultisme, enfin. Pour M.J. la poésie qui se laisse pénétrer trop facilement n'est pas bonne: il lui faut une marge de secret; s'il préfère aux gens de tête les gens de poitrine, il ne tolère pas que ceux-ci se laissent aller, se promènent tous nus: Pas de création sans invention!"
G. Antoine. "M.J.: une doctrine littéraire." Op. cit. 17. "Bien écrire, c'est tout à la fois bien penser, bien sentir, & bien rendre. - Or certaine l. de M.J. à Jean Grenier apparaît comme un commentaire - aussi passionné que passionnant - de cette authentique 'définition' du style par Buffon: 'Penser fort son paragraphe [...], & surtout, penser fort ses mots. Ecrire, c'est penser & surtout rien d'autre. Il n'y a pas de grammaire, ce sont les écrivains qui la refont; il n'y a de dictionnaire que pour éveiller l'image. Il y a la sensualité verbale d'un homme débridé & bridé à la fois.' 'Il y a l'émotion à faire naître.' (Corr. II. 328)."
LE GOUFFRE DU SERIEUX. J. Charpier & P. Seghers. L'Art poétique. Op. cit. 467. CJP. "En tout cas ne vivront que les oeuvres non superficielles, je veux dire celles qui, ayant l'apparence du superficiel, ont passé par le gouffre du sérieux.- donc soyez d'abord perméable, c'est à dire sérieux."
LJColle, 9. "Or l'émotion habite l'âme de M. Jean Colle! L'émotion!!! en ces temps de coquetteries exquises!!!"
LES MAXIMES DE M.J. SUR L'ART. P. Merle. "Le cas M.J." Op. cit. 18-19. "Tout est suicide dans la vie, puisque la vie est une combustion." "Les oeuvres qui ne viennent pas de l'instinct, c'est-à-dire du plus profond de nous-mêmes, perdent beaucoup en qualité; elles n'ont pas de conviction, ni de force, ni de sensibilité." "La vraie manière d'être compris c'est d'être aimé." "En poésie l'art naîtra du doute entre la réalité & l'imagination... La musique & la peinture n'ont pas d'autre loi. Le doute, voilà l'art." "L'enfant commence par dire, en apprenant de sa mère... & il a toute la vie pour comprendre ce qu'il dit.» «Surtout n'oubliez jamais que l'émotion est tout, absolument tout.»
LA POESIE DE M.J. A LA DIMENSION DU COEUR. Béalu. "M.J. poète." Cahs. du Nord no spéc. 204. «L'éternelle jeunesse de ces poèmes, la densité de leur émotion que l'expression ne corrompt pas, que l'ironie rend plus poignante, répandent sur l'oeuvre de M.J. un éclat velouté, insinuant. Certains détails que cachait l'ombre froide du sarcasme apparaissent dans leur authenticité. On s'aperçoit que ce visionnaire glacé, ce parisien spirituel, ce fantaisiste dédaigneux, puis plus tard ce peu banal paroissien de St.-B., parfois burlesque, souvent cocasse, toujours pathétique, sous ces apparences variées & peu communes, n'en reste pas moins sans cesse ‘à la dimension du coeur.’»
POETRY OF INCARNATION. N. Oxenhändler. "Concealment and Presence." Op. cit. 53. "In M.J., we find that emotion has a pulsing or dialectical quality, for sometimes the poet conceals emotion - that is, his relation to the world - &, at the other extreme, he overcomes his alienation so completely that he incorporates himself into the world or is incorporated by it. A poetry of alienation becomes a poetry of incarnation."
"POUR DEVENIR UN HOMME NEUF, IL FAUT SE PLACER DEVANT LA VIE AVEC UN COEUR D'ENFANT & inlassablement regarder, approfondir, rire & pleurer." "Conseils & confidences." Boîte à clous no spéc. [4].
THEORIES VS L'EMOTION. Ibid, [5]. Extr. des l. à Emié. "Il faut se méfier des théories & de l'essai que l'on en fait de les appliquer à ses amis. Ce dont il ne faut pas douter, c'est de l'émotion: ça c'est définitif. Le public a pleuré ou n'a pas pleuré, le public a ri ou n'a pas ri."
«TOUT CE QU'ON COMPREND VRAIMENT DEVIENT EMOUVANT. Habitue-toi à comprendre profondément une seule chose plutôt qu'à en comprendre superficiellement deux.» Cadou. Esth. 26.
"LE VOYAGE ALLER & RETOUR DE L'ESPRIT EST L'EMOTION ARTISTIQUE; celui de l'imagination n'en est un qu'’autour de ma chambre’ & ne la produit pas." "Les mots en liberté." Nord-Sud 9 (nov. 1917): 5; Giovanni Lista. Futurisme: manifestes, documents- proclamations. Lausanne: L’âge de l’homme, 1973. 422.
ENFANT
"L'ART EST INDISPENSABLE A L'HOMME, LES JEUX DES ENFANTS & DES SAUVAGES LE PROUVENT." Idem.
"L'ART EST UN JEU. TANT PIS POUR CELUI QUI S'EN FAIT UN DEVOIR." CJP, 24; Attal le cite in chap. "La vocation de M.J." Op. cit. 19
COMPLEXE DE PERE. VM, 180. "Accompagné de Salmon [en 1925], il était allé voir son ami l'abbé Weill au collège Sainte-Croix d'Orléans. C'était un dimanche matin, les enfants attendaient dans la cour pour aller à la messe. Quand ils virent Max derrière la grille, ils se précipitèrent vers lui en criant: ‘C'est Max! Max! Max! Max!’ Quel moment de pure joie. Dans la même lettre, Max confie à Jouhandeau: 'Il m'a semblé que j'étais père & j'en aurais pleuré. Salmon était ému... Quelles délices dans l'amitié réelle des enfants! Il semble qu'ils soient les interprètes de Dieu lui-même & qu'il vous fasse dire son amour par leurs bouches.' Note 1. Max nous dit aussi que pour faire plaisir à ces enfants il acceptait de jouer dans de petits films quand ils venaient le voir à St.-B: 'J'ai entièrement brûlé ma redingote dans l'incendie au Canada d'une cabane de trappeur.'"
---.LEL, Op. cit. 64. 26 mars 1926. "Que vous êtes heureux & comme je vous envie (mais vous ne pouvez savoir l'amertume que laisse en moi votre vie & le regret de n'avoir pas osé être père & grand-père). Ayez des enfants, beaucoup d'enfants."
COTE ENFANT DE M.J. DV, éd. Calligrammes. 77. "Max, en tout ce qui concerne le côté pratique de l'existence, était appliqué à la manière des enfants: laborieux dans les détails, mais d'une négligence absolue dans l'essentiel."
DEFINITION DU POETE. Carlo Rim, vice-prés. du festival de Cannes, metteur en scène cite M.J. Qu'est-ce qu'un vrai poète? "Un enfant qui ne reniera jamais ni ses rêves, ni ses éblouissements, mais qui, à l'heure de la vérité, n'osera pas se regarder dans la glace." "Week-end du souvenir à Quimper." Télégramme (19 juin 1961).
"DON RARE & PRECIEUX, L'ESPRIT D'ENFANCE!" G. Gabory. Apollinaire, M.J... Op. cit. 49.
ENFANT. LTB, 119-20 A Moricand. 14 fév. 1941. «Tu as parfaitement compris! ‘Vous n'entrerez pas au Paradis si vous n'y entrez pas comme un enfant!’ ‘Laissez venir à moi les enfants car le Paradis est à ceux qui leur ressemblent.’ Oui aussi. ‘Heureux les faibles, les déshérités’ - mais le sens de 'pauvres en intention' d'êtres pauvres (comme Picasso affectant de s'habiller avec ce qu'il achetait avenue de Maine) n'en est pas le vrai sens. Et d’ailleurs qu’a-t-il de plus pauvre qu’un enfant?»
LES ENFANTS A St.-B. Garreau. Op. cit. 115. "Le dimanche, il fait jouer les enfants au croquet, au tonneau, aux boules; il fait répéter la comédie aux jeunes filles & le catéchisme aux enfants dans le jardin du presbytère."
"IL FAUT REGARDER COMME UN ENFANT." LMB. DV, 150. L. 15 juill. 1938. «Sache que l’humilité est à la base du vrai grand art: il faut regarder comme un enfant. C’est ce regard d’enfant qui fait les oeuvres neuves, c’est-à-dire belles.»
"IL FAUT SE PLACER DEVANT LA VIE AVEC UN COEUR D'ENFANT. Si l'homme est neuf, l'oeuvre le sera malgré lui. Pour devenir un homme neuf, il faut se placer devant la vie avec un coeur d'enfant & inlassablement regarder, approfondir, rire & pleurer." A Louis Emié. «Conseils & confidences.» Boîte à clous. 4.
"LE GENIE C'EST L'ENFANCE FORMULEE." Peyre. Op. cit. 54. "H. Sauguet: «Il avait enfin, un extraordinaire pouvoir d’émerveillement de l’enfance. Baudelaire a dit: ‘Le génie c'est l'enfance formulée.'»
"JE RESTE UN PETIT ENFANT." LRV, 28. "J'ai vieilli une fois à 23 ans, une autre fois à 33 depuis que j'ai eu 45 ans je vieillis chaque jour & je reste pourtant un petit enfant très joyeux sous ses chagrins." Note 12, p. 31. Ses jambes courtes symbolisent "l'impossibilité à 'grandir', l'incapacité d'accéder à l'état adulte, ‘la tragédie de la maturité impossible.’"
MAX JACOB AIMAIT ECRIRE POUR LES ENFANTS. Villard. "Hist. d'une classe de lycée." Op. cit. 89.
MAX JACOB ENFANT IMITE LES RIDICULES DES AUTRES. "Il regarde, & déjà il aime à se moquer, à contrefaire les uns & les autres, à les imiter dans leurs ridicules." Charles Le Quintrec. "Le Centenaire M.J." Op. cit. 619.
M.J. AIMAIT S'IDENTIFIER A UN ENFANT. LRV, 31, n. 12. "H. Fabureau (Max Jacob: Son oeuvre. Op.cit. 28-29) rapporte une anecdote dans laquelle on voit M.J. se définir comme 'un enfant perdu'. Qu'entendait-il par là? N'est-ce pas au fond l'aveu tragique d'une maturité inaccessible?"
M.J. AIME LES JEUNES. L. à R. Toulouse. Roeping no spéc. 121. "Je ne peux vivre qu'avec des jeunes gens, des jeunes filles ou des enfants. - Le reste me laisse respectueux & glacé;" LRT, 51. 1er août 1939.
M.J. ET L'ENFANCE. Belaval, op. cit. 69. "Personne mieux que M.J. ne connaît le détail qui touche toutes les enfances."
MJ/JC, 241. 8 avr. 1925. «Dieu merci, je suis allé voir des enfants à l’école Ste Croix. ‘Max! Max!’ dans une cour de récréation. Joie! Elevage d’autruches, a dit Salmon.»
---. 444. Oct. 1926. «J’ai une crise de solitude. Les coups que j’ai reçus depuis 17 ans me font très mal. Sans un certain enfantillage qui reste intact - je succomberait.»
"LE MIEUX SERAIT D'ETRE UN ENFANT: c'est impossible à moins d'un formidable piochage de soi-même (je ne peux pas!)." LMM, 135. Oct. 1943.
LA POESIE POPULAIRE & ENFANTINE. "Conseils & confidences." Boîte à clous. Op. cit. [6]. "[...] je crois que l'on doit se laisser asservir par les fantômes délicieux du rythme, de la musique & du vocabulaire; je crois que là est la poésie. Sinon tu effaces toute la poésie populaire & enfantine qui est le plus clair héritage de l'humanité."
"QUAND L'ENFANT NAITRA EN MOI, FAITES MON DIEU QU'HERODE NE LE TUE PAS." Cité par Michel Ozenne. "M.J. le joueur mystique." Op. cit. 17.
"REBATISSONS." "Il suffit qu'un enfant de cinq ans, en sa blouse bleu pâle, dessinât sur un album pour qu'une porte s'ouvrît dans la lumière, pour que le château se rebâtît & que l'ocre de la colline se couvrît de fleurs." ‘Rebâtissons.’DP, 103; H. Henry. C'était il y a trente ans. 40.
"TOUT CE QU'IL VOYAIT SE RENOUVELAIT SANS CESSE." PAUL ELUARD. Oeuvres complètes. II, op. cit. 861.
"TOUT DANS LE VIE LUI EST THEATRE. (A propos du 'Au Cirque'). «Il y avait en M.J. une sorte de pouvoir d'émerveillement qui lui était demeuré de son enfance. Tout, dans la vie, lui était théâtre & son imagination ne sut jamais faire le départ exact entre les données du réel & du rêve.» Cat. Hommage à M.J. Musée de Montmartre. 37.
LA VISION EPIQUE DE L'ENFANCE. M.J. écrit à Eugène Parturier qui fut son prof. de lycée à Quimper de 1891-92. St.-B., 8 avr. 1927. "Cher Monsieur, vous avez eu des professeurs & vous savez quelle place ils prennent dans la vie quotidienne d'un marmot: il voit tout en colossal & le monde lui paraît définitif & gigantesque: il n'a pas encore l'intelligence qui classe. A cause de cette vision épique de l'enfance, les souvenirs en restent persistants...& pour d'autres raisons. Vous savez que nos professeurs, héros de nos prem. jours, ne s'effacent pas plus de notre mémoire que le savoir qu'ils nous ont donné." Maurice Parturier. "M.J. Notes biographiques."Paris: Le Divan, 1944. 7; Kraus Reprint, 1968. 399.
YEUX D'ENFANT. Dunoyer. Monde 5 nov. 1976. 27. "Max voyait le monde avec des yeux d'enfant, il représentait avec une main de 'professionnel'"; H. Henry. Le poète «savait que l'enfance & la poésie, c'est un peu la même chose & qui a voulu garder jusqu'au bout ses yeux d'enfant [...]». C'était il y a trente ans. No. spéc.40.
L'ENFER
ADHESION A SES PAROLES. MR. "Nos Péchés." T.r. 8; Gallimard, 42. "O mon Dieu, donnez-moi l'adhésion à mes propres paroles. Ainsi soit-il."
"CREATURES SATANIQUES SOUS FORME D'ANIMAUX, pour lesquels M.J. éprouve personnellement une vive répugnance. Ce sont parfois des animaux - tout ou partie - indiqués simplement sous le terme générique (VI, 43, 46, 52), mais voici aussi 'un pourceau (43), 'une bête visqueuse' (83), 'un cheval noir' (55), voici surtout 'deux serpents qui saignaient & ne pouvaient se mordre’ (84) [...] 'paon à tête chauve, au regard stupide & terrible'. Parfois au contraire il s'agit d'animaux fantastiques, par ex. lorsque 'le mur s'anime; chaque fleur du papier a du sang sur les ailes, chaque animal a du sang sur les pétales. Tout cela s'anime & s'avance, tout vient au milieu du tapis'. (83). Ce grouillement inspire au poète une insurmontable répulsion, tout comme les frôlements de ces êtres qui ne sont à ses yeux que des créatures avilies, répugnantes." Poinas. "L'Enfer, notes sur les VI." Op. cit. 25.
"ELECTIONS DE LA VIE DEVOTE." MR. T.r. 35; Gallimard, 64. "[...] j’offense mon Créateur éternellement, morceau de carton plié par le péché jusqu'au chiffon d'ordure bon à être jeté au feu de l'enfer."
L'ENFER - L'EAU. C. Poinas. Op. cit. 20. "L'eau, cet élément inquiétant quand elle est stagnante, devient plus terrifiante encore lorsqu'elle a la puissance brutale de l'Océan."
L'ENFER MERITE. VI,99. "Carême 1922." "Des flammes en cercle autour d’un poteau, il fait nuit. Un homme noir & suant est au poteau, ses pieds sont dans la flamme. Il n’y a pas de doute, cet homme, hélas! c’est moi. Je ne l'ai que trop mérité ce supplice"; LTB, 111. A Moricand, 20 oct. 1940. "j'ai si peur de l'Enfer & je le mérite tant & si bien;" au même 26 mars 1942. P. 135. "Ce banquet que tu me décris si bien & mieux encore que tu ne le crois est une page de l'Enfer. Ces hommes sont pareils à Frédéric Lefèvre & pis. Que tout cela d'ici me paraît infernal. Et ce Céline qui m'écrivait un jour: 'Vous ne savez pas ce que c'est que de ne rien hasarder sans se demander si ça plaira au public.' Et toi là-dedans! régent des fêtes épouvantables: tickets 10 Kilog. de boeuf en filet, dans le filet, l'ambassade! Oui! le Dante aussi à l'Ambassade."
ENFER - INSOMNIE. LJC, 88. 23 déc. 1926. "Ta pensée en toutes ces nuits d'insomnie ne me quittait pas, car je te savais dans une position parallèle. Ces nuits font penser à la mort & à l'enfer. L'enfer ce serait ça indéfiniment & sans médecins ni médecines, sans lampes, sans feu & sans morphine ni reposoir. On ne peut pas y croire: tant d'horreurs & pourtant... c'est dit, prédit. P. 90. de la même l. Et j'ai si peur de l'enfer depuis mes insomnies;" MJ/JC, 464.
L'ENFER - PURETE. Plantier. "La mythologie..." Op. cit. 59. "Cette peur de la mort fait que toute évocation des enfers révèle dans l'oeuvre de M.J. une passion de pureté [...]. La pureté totale, recherchée par tous les moyens, donne à la moindre souillure la force d'une déchéance. L'enfer, les enfers, les ténèbres & la boue manifestent de façon concrète une obsession du poète. La mythologie fait surgir l'image & renouvelle certaines références chrétiennes."
HELL AND PURGATORY ENLARGED EARTHLY SUFFERINGS. Pfau. Zur Antinomie. Op. cit. 220. [Trad. M.G.]. He never found peace in his religion. In his last years he still tormented himself with his guilty conscience which he projected into the concrete images of Hell & Purgatory & its sufferings. He imagined these sufferings as greatly magnified earthly sufferings while being totaly forsaken.
"JE SUIS IMPUR PAR EN HAUT ET PAR EN BAS." Andreu. VM, 99-100. "Dans une pièce inéd. du fonds Doucet, "Dial. sur les trente-deux signes de la Beauté du Bouddha", que l'on trouve dans les chemises où s'accumulent les notes sur la Symbolique. [...]. - 'L'auteur Je suis impur par en haut et par en bas. - Le démon des Bibliothèques (il est femme) C'est très grave! Eh bien! Il faut vous faire baptiser pour chasser le démon. - L'auteur Ce serait faire de la peine à mes parents.'"
"JE SUIS LE BAOBAB DE LA CHAIR." MR. T.r.5; Gallimard, 39. "Nos Péchés." "J'écoute dans moi-même la clameur des péchés; j'en suis le cimetière; revenants ils s'éveillent pour m'accrocher vivant aux poternes de l'Enfer [...]. Je suis le baobab de la chair, mon auréole est noire, je suis le rajah de la faiblesse & le nabab des scandales."
M.J. PROMET L'ENFER A J. DELTEIL. Disque vert no. spéc. 59. "La prem. fois que M.J. me fit l'honneur de m'écrire, ce fut pour me promettre les flammes de l'Enfer."
MISOGYNIE - ENFER. Poinas. Op. cit. 24. «C'est que le démon n'en est pas à une ruse près, & la misogynie de M.J. l'aide à deviner le piège sous l'apparence féminine que le diable aime parfois prendre. En réfléchissant un peu, on comprend la véritable nature des 'dames souriantes accrochées aux aspérités des rochers - deux vieilles bourgeoises laides & pauvres.' (VI, 85) - tout aussi peu attirantes que 'la laide vieille demoiselle brune des jarretelles' (61). Mais laides ou belles, vieilles ou jeunes, elles finissent toujours par se trahir que ce soit, pour l’une , parce que ‘sa main laissait une empreinte charbonneuse, & son ombre dessinée par le soleil levant était celle d'un diable encorné' (45); ou, par une autre, parce que 'je vois qu'elle a du poil sur les lèvres la femme qui s'avance vers moi. Ce doigt qui me désigne, il lui manque une phalange: elle a une bête sur la lèvre: péchés de paroles, péchés d'autorité.' (104); une autre encore est dénoncée par sa mule: 'Je sais que les démons ont de très petits pieds.' (102)."
M.J. SE SENT MAUDIT POUR TROIS RAISONS. 1. "Je n'ai pas de lignes dans la main. 2. J'allume mes cigarettes avec le soufre des allumettes. 3. Ma colonne vertébrale se termine comme celle de Belzébuth." Briant rapporte les paroles de M.J. sept. 1920. Francis Carco. Nostalgie de Paris. Gallimard, 1952. 244-45.
MENACE PAR L'ENFER. LUA, 64. L. [1927]. "mes membres fonctionnent sauf l'apparail reproducteur de la race qui est menacé, chez les célibataires, du pilon ou pilori des Enfers, quand il se meut. Or des enfers seuls les héros de Cocteau reviennent [...]. Je pense que tu comprendras cette allusion à l'admirable Orphée de Cocteau, pièce frêle & solide & entièrement nouvelle. C'est sérieux comme la matière & léger comme le verre."
"NE PAS S'EN FAIRE/ SAUF DE L'ENFER." Pour en revenir à M.J. 106. P.s. à une l. inéd. [1942] à R. Toulouse
"NOS PECHES. MR. T.r. 8; Gallimard, 42. "O mon Dieu, donnez-moi l'adhésion à mes propres paroles. Ainsi soit-il"; ibid. 45; Gallimard, 79. "Péché." Je ne crois pas qu'un mot d'un prêtre puisse enlever de mes mamelles le lait empoisonné du péché"; 46-47; Gallimard, 80. "or tout est tentation pour le vrai pécheur. Je suis né pécheur comme d'autres sont nés justes."
L'OBSESSION DE L'ENFER "L’obsession démoniaque, telle qu’elle apparaît dans l’oeuvre, ne relève pas d’une fabrication, de l’utilisation d’une veine artistique, ou d’un mode, elle est liée à cette panique du 'fond du ventre' qui possède M.J. Il fut assailli, il fut torturé [...]." Plantier. MJ. 96."
PECHE. MR. T.r. 43-44, 45; Gallimard, 76-77, 78. "Péché." "O péché, que tu pèses lourdement sur l’arc de mes épaules velues! O péché, que tu courbes violemment, jusqu'à le déformer, l'arc bientôt brisé de mes épaules fragiles! Sur cet arc où jadis passait la main de Dieu, le poids, le poids tranchant du péché, - le péché! - fait d'abord jaillir un sang noir [...]. J'ai honte de moi & de ma boussole brisée! J'ai honte de cette folie, honte de moi, grenouille malsaine, lune maléficiée."
PECHE - NID DU MAL.Ibid. 43; éd. Gallimard.76. "Je suis le nid même du mal & du péché, sans pouvoir jamais m'en dépêtrer. Sans essayer même de sortir de ce filet infernal, de cette empoisonnante glu." PMR, 247. "Je suis le diable & sa clique/ & c'est moi qui te réplique./ Pèche à droite, pèche à gauche/ Tourne-toi comme tu veux/ Va! c'est chez moi que tu loges tu n'appartient pas à Dieu."
"LE PECHE ORIGINEL." "L'HOMME EST UNE OUATE MOUILLEE DE L'EAU D'ENFER." Act. Et. Op. cit. 115.
PEUR DE L'ENFER. LMJ, 275. 7 oct. [1926]. "je souffre de mon impuissance & de la lutte dans mon plexus solaire entre des amours trop réelles & la peur effroyable de l'enfer. C'est ce qui me tue."
PORTR.- PEUR DE LA DAMNATION ET DU PECHE. U. Pfau. "Le portr. de l'artiste en dévot" cite Belaval, op. cit. 70. "D'abord le M.J. public qui parle devant ses amis, lance ses traits, ses anecdotes: l'ironique, l'imitateur: les talents de conversation. Plus haut, le M.J. secret: il est seul, il rêve, il s'angoisse, il peint, il se met en contemplation: ombre & lumière sur fonds troubles."
LE SERPENT - L'ENFER. LJF, 274. Préf. Oxenhändler cite "Et au delà" (Les Feux de Paris 1 (12 déc. 1935). "Mais quand réapparut le serpent du plaisir/ gémissant de brûler nos carapaces/ pour marquer notre corps de lèvres & les noircir/ nous nous attendîmes à l'enfer & face à face/ pour la douleur, unique volupté, ô gladiateurs!/ & pour la volupté, torturantes douleurs."
SIN EQUALS IMPERFECTION OF FAITH. Ibid. 229. Analysing the poem ‘J’ai peur que Tu ne t’offenses/lorsque je mets en balance/dans mon coeur & dans mes oeuvres/ ton amour dont je me prive/ & l’autre amour dont je meurs.‘ Oxenhändler states: "Although the irony has vanished, the act of faith is still imperfect. The 'amours d'enfer' prove this, for, as St. Paul said, sin is itself incredulity, an imperfection of faith."
LES TENEBRES DE L'ENFER. C. Poinas. Op. cit. 21. "[...] les ténèbres sont partout, autour de nous & en nous"; ibid. 20. "O mes amis! Je reviens horrifié! j'ai vu, j'ai prévu! j'ai pressenti notre avenir après la mort! j'ai entendu les cris de ceux qui nous précèdent dans les abîmes. Convertissez vos amis! ("Après la méd. sous un arbre." p. 66); p. 21. "A l'angoisse née de la nuit s'ajoute celle que tout homme éprouve à l'idée de la chute. Or l'enfer est décrit comme 'un gouffre où le mur des machoîres aux gencives violettes s'avance’: c'est 'le précipice' - avec ce que l'article défini au singulier apporte de précision redoutable" (p. 51); p. 22. "Et voici qu'au symbolisme du cercle s'ajoute celui de l'eau stagnante, dans une conjonction des forces du mal: 'Bosses concentriques de la mare'"; p. 20. "Le feu y occupe, bien-sûr, une place de choix. Notons au fil des pages 'ces flammes en artichaut' (p. 42), 'tes côtes un jour illuminées par le feu.' (p. 50) 'des flammes en cercle autour d'un poteau... Un homme noir & suant est au poteau, ses pieds sont dans les flammes.' (p. 99). C'est tout le poème - si justement intitulé - 'Paysage infernal' (p. 71) - qu'il faudrait citer pour montrer sous quel éclairage sinistre le poète voit le royaume du Prince des Ténèbres, illuminé par 'le feu, palettes d'éclair peu innocentes; un soleil intérieur; (des) langues de feu; un punch flambant'"; p. 20. L'eau est également un moyen de torture privilégié. M.J. remarque (p. 53) 'On crucifie les inspirés mais on noie les menteurs.' Une vision s'impose particulièrement à lui, celle de 'l'eau noire' (p. 64, 71, 81), que l'on peut rapprocher de celle de 'la vase' (p. 53, 95). Ailleurs, il est question de 'marais' (p. 61), du 'fond des étangs' (p. 79). Le mystérieux M. Limande d'Histoire absurde' (p. 63) est 'mort dans l'eau', cette eau qui apparaît comme un raffinement suprême dans certains cas: 'Le dernier supplice: ceux qui auront résisté (comment mourir davantage?) seront plongés dans l'eau bouillante.' (p. 57). L'eau cet élément inquiétant quand elle est stagnante, devient plus terrifiante encore lorsqu'elle a la puissance brutale de l'Océan. Dans le poème si clairement intitulé 'Traduction poétique du démon' (p. 101) M.J. écrit: 'L'océan sombre & soulevé par le vent est la figure de sa face énorme.' Pour ce Quimpérois tout imprégné du folklore breton l'Océan déchaîné ne peut obéir qu'au Malin."
THEMES DE L'ENFER & SON CONTRAIRE: SIGNE DE L'AMOUR. Plantier. MJ, 64. "On s'est terriblement mépris lorsque l'on a expliqué l'importance du thème du jugement & de l'enfer par la peur du Dieu vengeur. Parce qu'il existe, entre M.J. & le Christ, des liens - nous allions écrire humains - la continuelle hantise du poète est d'être fidèle à l'amitié comme le Christ est fidèle. Il ne faut pas penser la vie religieuse de M.J., en fonction de rapports de force, mais au contraire, sous le signe de l'amour. - P. 99-100. L'enfer & le démon sont au coeur de son attitude devant Dieu, mais il faut dépasser la prem. conclusion que l'on pourrait tirer de cette obsession. Lorsque Raymond Trillat écrit que le Dieu de M.J. 'n'est pas un Dieu de tendresse, ni de bonté, que c'est un Dieu terrible, puissant, inquiet, jaloux & qui se venge de tout ce mal qu'il lui a fait, en l'atteignant dans sa chair, dans son âme, dans sa vie, dans son amour' (Pour en revenir à M.J. 78) il insiste trop sur les apparences [...]. C'est devant sa propre liberté qu'il ressent l'angoisse du choix. Il n'a pas peur de Dieu. Il tremble d'être un homme. Toutes ses terreurs lui viennent de sa plus secrète dignité. Il est vrai que sa religion est loin des 'fameuses consolations' si chères au XIXe siècle, elle est loin d'un rituel social."
ENNUI - JE M'ENNUIE
"JE M'ENNUIE TANT! mais je crois que l'ennui est la raison primordiale du travail." LFF, 22. Sept. 1918.
"JE TRAVAILLE OU JE M'ENNUIE, JAMAIS LES DEUX A LA FOIS." G. Gabory. Apollinaire, M.J... Op. cit. 49; LFF, 107, n. 5.
EPITHETES DE MAX JACOB
ACROBATE-TRAPEZE VOLANT. J. Bens. "La Poésie saisie par le revers." Op. cit. 7. [...] «dans le domaine particulier du trapèze volant, M.J. représente l’anti-Cocteau (ou le contraire): il est celui qui virevolte sans rire, celui qui ne salue pas à la fin.»
BOLCHEVIK LITTERAIRE. LLP, 169. Salomon Reinach écrit à L. de Pougy le 24 août 1920: "Je ne dis pas du tout que je sois prêt à trouver intéressantes les nouveautés fort étudiées que nous servent les M. Jacob, les Cocteau, les Blaise Cendrars & autres bolcheviks littéraires [...]."
CET HOMME ETAIT PROTEE. J. Grenier. Monde 1976section spéc. IV. "Avec un certain mélange de buffonnerie & de gravité qui le caractérisait, il disait parfois en parlant de lui: saint Max Jacob."
"LE CHANTEUR AUX CENT VOIX." R. Guiette. La Vie de M.J. Op. cit. 166. "Admirable M.J.! dit M. Jean Cassou. Admirable M.J., le génie le plus hypocrite, c'est-à-dire le plus honnête qui soit; car en fait de génie, hypocrisie signifie pudeur, volonté de ne point s'asseoir, inlassable indépendance. S'il parle tous les langages, c'est pour mieux échapper aux réponses que d'aucuns, croyant l'entendre, pourraient lui faire. Mais il repart sur un autre registre; il a adopté un autre visage; il est le chanteur aux cent voix."
CLOWN MYSTIQUE. Michel Décaudin. "Etude sur la poésie contemporaine." Op. cit. 226. "M.J. ne se rattache à rien & touche à tout, avec une virtuosité qu'on a trop souvent assimilé à celle d'un jongleur. S'il est vrai qu'il y a en lui du prestidigitateur satisfait de ses tours, son oeuvre est tout autre chose qu'un jeu gratuit aux mécanismes éprouvés. Elle est à l'image de ce 'clown mystique', ambiguë & complexe, toujours aux limites du bouffon & du tragique; elle implique tout une conception de la poésie & de la fonction du langage."
DEFINITION DE M.J. PAR COCTEAU. Georges Sion. "Contre l'oubli: M.J. 1876-1976." Le Soir [Bruxelles] 7 juill. 1976. «C. qui l'avait si bien connu, a dit qu'il était arrivé à ‘donner en pâture à l'époque un homme de paille qu'elle puisse brûler, sans atteindre le poète.’ Selon Sion: 'si l'homme de paille flambait, une âme brûlait, simple & secrète, qui avait choisi sa route de feu.»
DEMYSTIFIER M.J. Claude Dinant. Pour en revenir à M.J. 82. "Suivons l'exemple de M.J. & tentons de démystifier l'image qu'on a dressée entre lui & nous."
DESACADEMISER LA VIE. Expo. BMO. Mai-juin 1947. R. Secrétain. "L'Humour angélique, au delà des férocités d'une intelligence apaisée, mais qu'un rien suffisait à réveiller avec toutes les tentations du Malin; le rajeunissement de l'art & de la litt., qu'il avait passé sa vie à 'désacadémiser', y compris la vie elle-même; la charité enfin, qui était la prem. & la plus sûre de ses muses; tout cela, en un raccourci rapide & malhabile, ne serait encore que l’ébauche d’un insaisissable portrait."
EPITHETE DE M.J. "LE POETE DU CD. Ch. Pelletier. "Le ms. du CD de M.J." Information litt. 5 (nov.-déc. 1974): 226-28. 226. "Les jugements portés sur le poète sont presque exclusivement fondés sur ce seul ouvrage. Peu d'auteurs se sont vus affublés d'autant de qualificatifs (qui vont à peu près tous dans le même sens). Au fil des publications les dénominations de 'joueur', 'fantaisiste', voire 'loufoque' reviennent fréquemment. On n'omet pas de préciser que son art est à facettes & son génie kaléïdoscopique. - L'étude du ms. du CD impose des nuances."
LES EPITHETES IMAGEES QUI 'CARACTERISENT' M.J. renchérissent sur les légendes, les mythes & les anecdotes. Palacio, in "M.J., autour du poème en prose", (RLM M.J. 1. P. 3), l'un des démystificateurs importants, nous tend un bouquet en contenant 37. Notons que même une humble Bretonne fut inspirée à l'appeler 'une lanterne magique d'homme' (Dom Claude Jean-Nesmy. "Apollinaire, M.J. & le Futurisme." Op. cit. 60; Maria Green. "Max Jacob." Les Litt. de Langues Européennes au Tournant du Siècle: Lectures d'Aujourd'hui. Série A. La Perspective Crit. fr. Cah. V-VI. Travaux du Groupe de Rech. Internat. "1900". Ottawa: U. de Carleton, 1982. 99.
ERUDITION. Cadou. Esth. 51. "Le parfum de l'érudition est comme celui des îles dont nos bateaux sont arrêtés & virés par une force invisible."
FACETTES-MASQUES. M. Hasquenoph. La France n'a pas besoin de poètes. Op. cit. 142. "A travers ses mille facettes & ses masques multiples, M.J. déconcerte & séduit. [...]. Personnage fantastique, poète & mystique [...]."
GRIMACES, PIROUETTES DE MAX DISSIMULE SA PEUR. Cadou. "La Vie du poème." Op. cit. 133; Cahs. du Nord. No spéc. 181. "Il est dommage que certains esprits avertis, & non des moindres, aient jugé Max sur des pirouettes & des grimaces destinées uniquement à dissimuler cette peur bleue, cette immense frousse de choir qui est le lot des clowns équilibristes."
HOMME ORCHESTRE. J.-M. Dunoyer. C.r. Joseph Pérard. M.J. l'Universel. Monde 1976 op. cit. 12. "Ce petit ouvrage prend à coeur d'inventorier le plus succintement du monde,[...] la totalité des 'facettes'. (c'est devenu un lieu commun) de celui qu'on a comparé à Protée. Pourquoi pas à un homme-orchestre? - Modeste travail qui, sans avoir la rigueur ni la puissance de pénétration de l'équipe de J. de Palacio, a du moins le mérite de donner l'envie d'en avoir davantage & de faire profiter le public, partiellement de lettres inédites."
HOMME DU SECRET par Jabès. C'était il y a 30 ans. 42. 'Les voix m'ont dit na, ce qui veut dire secret en hébreux' "avait-il écrit dans la DT. Homme du secret & non d'une légende, M.J., tout en soignant cette dernière, s'acharne à percer le mystère d'une existence vouée au ciel & à l'enfer."
"J'AI TOUJOURS VISE A LA SPHERE, AU PARADISIAQUE." LML, 13. Intr.& p. 60. Lorient (Morbihan), du dr. Benoiste, 28 juin 1937. "Entre nous soit dit, le livre de Fabureau sur moi me déplaît énormément. J'ai horreur qu'on me prenne pour un type à la Callot. J'ai toujours visé à la sphère, au paradisiaque."
LEGENDE DE M.J.- DEMYSTIFIER M.J. Dunoyer. "M.J. Centenaire." Monde 1976. Op. cit. 11. "Que le centenaire de sa naissance - le 11 [le 12]juill. 1876 à Quimper - soit une bonne fois l'occasion de l'alléger de sa légende, de le dépouiller des oripeaux dont cet obstiné travailleur ne s'affublait guère. On a dissimulé son oeuvre sous un fatras de bons mots, d'histoires drôles; on n'a point gravi ces durs chemins de montagne qui menaient directement à la source: à ce grand coeur d'enfant pur". Dunoyer cite du texte de Cadou (texte repris en 1976 in Miroir d'Orphée. Préf. Michel Décaudin. Rougerie. 85-89). Ce texte de Cadou [...] annonçait déjà la remise en place d'un écrivain aussi important [...] par l'influence exercée sur ses cadets que par son propre message."
MAX, C'EST UN AMAS DE BOUTS DE FICELLE. Opinion de Pierre Reverdy. Voir Gabriel Bounoure. "Souvenirs sur M.J." Délirante 4-5 (aut. 1972): 53-74; voir VM, 182-83.
M.J. A MYTHICAL HERO. Préf. LJF,222. "Max lived a succession of contradictory roles. Each person who describes him contradicts, in some way, the preceeding one. Yet there is never any doubt that they are all speaking about the same man, the same poet, the same friend. There are few authors whom we call by their first name [...] it reflects that special feeling of intimacy Max's friends had for him [...]. The diverse explanations [...] show that the mythical archetype is inexhaustible, the mythical hero irreducible to any explanation of his conduct. The hero's vices & virtues are spectacular; he knows strange ecstatic states & speaks with the angels; his triumph & his apotheosis lie in his defeat. He goes against the grain of the world, and is taken for a fool or a madman by society, but ultimately his vision is vindicated. Max possesses all these attributes."
M.J. A TOUCHE LE FARDEAU, MAIS IL N'A PU LE REMUER. AP. "L'art chrétien." 74. «Ils chargent, dit l'Evangile, les autres de fardeaux qu'ils ne voudraient pas même toucher du doigt.» "C'est le cas de l'auteur de ces lignes. Il a touché le fardeau, mais il n'a pu le remuer."
"M.J. DRUIDIQUE" par Yanette Delatang-Tardiff. Boîte à clous. Op. cit. [17]. "C'était un véritable spectacle de le voir passer de la respectabilité à la malice, de l'enthousiasme à la lamentation, de l'inquiétude à l'ironie, de la hauteur à la tendresse, de la virtuosité à la méditation, de la présence à la transparence. Comment! ce mondain devint un croyant, comment cet effectif devint un solitaire, comment ce Parisien des grandes années devint un persécuté, c'est le mystère des destinées multiples à énorme feu central."
M.J. INCLASSABLE. Le Peuple [Bruxelles]. "M.J. est inclassable, indéfinissable. Suivant l'humeur, on le découvre poète, peintre ou romancier: fantaisiste, réaliste ou mystique."
M.J. MULTIFORME. Raymond Trillat "Lecture du poète." Pour en revenir à M.J. No spéc. 80. "A chacun il apparaît différent, mais chacun possède la vérité, car le secret du poète est d'appartenir à tous & de refuser de s'appartenir à lui-même."
M.J. PROTEE. G. Bounoure. Monde mars 22 1969. "Une complainte mystique." "Trop multiforme pour être sérieux."
NU SOUS SES MASQUES. Albert Béguin. "Destin de M.J." Poésie & présence de Chrétien de Troyes à Pierre Emmanuel. Seuil, 1957. 276. "Sous ses masques & ses feintes, son oeuvre lyrique qui est une confession étonnamment complète, où quelque chose fait songer à Verlaine, à Villon, à Laforgue, à tous ceux qui n'ont pas redouté de se montrer à nu dans toute leur misère personnelle."
ON SE DEFINIT PAR CE QU'ON AIME OU DETESTE. G. Bounoure. «Souvenirs sur M.J.» Délirante 4-5 (aut. 1972): 53-74. "Si tu sais ce que tu aimes & ce que tu méprises, tu t'es déjà défini."
SIECLE DE MAX JACOB. Andreu. MJ. Op. cit. 110. "Cadou [...] soutenait que ce siècle mieux que d'être nommé, comme l'avait fait Max, 'le siècle d'Apollinaire', méritait d'être appelé: 'Siècle de Max Jacob.'"
"UN MAITRE EN POESIE" par Gilles Pudlowski. Quotidien de Paris oct. 25, 1976. "Oui, comment parler de ce poète au grand coeur qu'on ne saurait affubler d'une seule étiquette, mais qu'il faut savoir reconnaître tantôt plaisant balladin, tantôt lyrique grave & ému, [...] tantôt agitateur burlesque? Car Max c'était tout cela à la fois & il serait amusant de rechercher d'autres définitions qui iraient compléter un portr. bigarré, baroque, haut en couleurs lyriques."
ESPAGNE
CONFERENCE A MADRID.LJC, 25. [25 janv. 1926]. "Ma foulure n'empêche pas, paraît-il, que je parte pour Madrid. On a arrangé cette histoire derrière mon dos; je vais faire une conf. Je ne prépare rien, je dirai tout ce qui me passera. Si c'est bien, je serai content; si c'est mal, ils croiront que c'est la mode de Paris;" MJ/JC, 381.
L'ESPAGNE - L'ESCURIAL. Ibid. 33. 21 fév. 1926. "L'Escurial est un couvent dans une montagne. La campagne c'est uniquement des taches de buis en poires sur une terre jaunasse, le tout très vallonné avec des grosses coupures de ciel alternant gris, bleu, gris, très dramatique au-dessus de grandes bandes de montagnes découpées dans le même style au loin. Pas une maison! un couvent de temps en temps au loin & sur le dos des montagnes, le dos d'un cheval chargé de deux paniers & d'un brave homme nègre enveloppé dans une couverture de voyage. Il fait froid, il y a une boue épouvantable & il tombe des ondées. Or ces gens-là convaincus qu'ils sont un pays chaud n'ont pas de cheminées, de poêles ni de chauffage central même dans les hôtels. C'est la lande, le rocher, l'ennui!; 32. MADRID est un plateau à air vif & sans arbre. Tout du rocher. - Mais l'intérieur de la cathédrale de Tolède & surtout le trésor de la dite, c'est quelque chose. On n'avait pas idée de ce que c'est: trésor, un trésor, quand on lisait les mille & une nuits de Galland. Maintenant je sais...A cause de cela, vas-y. Quant à la peinture évidemment... On a des surprises dans ce musée du Prado... je te laisse à ces surprises. P. 33. Si tu vas te faire impresarier demande à voir la salle où il y a Jérôme Bosch & Brueghel le vieux. Vraiment ce n'est pas ennuyeux. Moi, je ne suis pas assez peintre - n'est-ce pas - pour pleurer devant un Greco, & puis les photos m'avaient tout gâté d'avance, comme les dessins de Victor Hugo m'avaient gâté Tolède. Tout le XIXe s. vient de Tolède, je t'assure & je te le dis très sérieusement. M.J... est un Monsieur très fréquentable bien que très impresario & tu connaîtras des comtesses qui s'appliquent à représenter une midinette & n'y réussissent pas du tout. Le pays de l'Instar! comme monde, rien de commun avec l'Italie si naturelle & si tendre." MJ/JC, 390-91.
ESPAGNE - PATRIE DU CUBISME. LJRB. I. 146. Printemps [1913]. "Tout est à angle droit dans cette patrie du cubisme les maisons de hauteurs inégales & sans toîts, les devantures des boutiques qui sont plus hauts que larges, pavées de mosaïques & propres, les nez des gens, les épaules des hommes & la poitrine des femmes ainsi que leurs foulards, les aloès des routes, les palmiers des avenues, les oliviers tordus des champs & les mentons des vieux & des vieilles."
"JE N'AI PAS DIT QUE L'ESPAGNE N'AIT PAS UNE VIE INTERIEURE & UNE CULTURE. J'ai dit que c'était un plateau rocheux où les gens sont fermés, malins, sensibles & peu sociables. J'ai dit aussi que je ne comprenais pas qu'on rapprochât cet antipathique pays de la débordante Italie, créatrice, pastorale & chantante. Va donc en Espagne: tu y verras le Prado où des chefs- d'oeuvre remplacent les insignifiances des musées italiens." LUA, 60. 5 août, 1926.
"J'AI VU TOLEDE QUI EST CE QU'ON A FAIT DE MIEUX DANS LE GENRE ROMANTIQUE: c'est un dessin de Victor Hugo en réussi. Vraiment réussi!..." LAL, 133. 23 fév. 1926.
"JE REVIENS DE L'ESPAGNE, pays de plateaux couverts d'arêtes en cailloux, pays à l'air vif où on a bâti des villes closes sur des rochers, sans faubourgs & où les clochers sont des pattes de homards mal blanchis, ou mal rosés plutôt." LUA, 59. 23 mars 1926.
SARDANE ET TENORA. Ibid, 80. 17 mars 1930. "Tâche d'assister à une sardane en Catalogne dans un village. Orchestre de village, compositeur du village & tout le village dansait. J'ai vu ça à Figueras"; 81. 28 juin 1930. "Je n'ai aimé en Espagne que j'ai vue que la Sardane catalane, la ténora & des tableaux. Le reste me fait horreur."
TOLEDE. Andreu. VM, 188-89. "En fév. [1926], Max va à Madrid faire une conf. à la Résidence des étudiants sur la Symbolique des Ecritures, [...]. Max fit un peu de tourisme, il alla à Tolède & il admira le trésor de la cathédrale. Il envoya une c.p. à Cocteau [...] & à M. Sachs, au Séminaire."
ESTHETIQUE EN GENERAL
A LA RECHERCHE DES SECRETS DE FABRICATION JACOBIENNE. Plantier. "Au service de M.J." Op. cit. 46. "[...] la recherche des secrets de fabrication n'implique pas que l'on soit comme un greffier de tribunal en face d'une oeuvre aussi humaine & aussi attachante. Nous pensons bien en apporter quelques preuves dans une étude prochaine qui paraîtra dans la coll. de Ecrivains devant Dieu." [Voir Max Jacob, op. cit.].
ANDRE SALMON, M.J. & APOLLINAIRE. POETES & PEINTRES. Jeanine Warnod. Le Bateau-Lavoir. Op. cit. 117-18. "Ainsi, les poètes & les artistes, par un nouveau langage, changent la fonction de l'image, lui retirent son rôle de représentation de l'objet pour lui donner une liberté totale. - Et cette autonomie ouvre la porte à toutes les possibilités qu'offrent la réalité aussi bien que le rêve. Les formes, les couleurs comme les mots & les phrases, ayant conquis leur liberté, deviennent aptes à traduire des idées & des faits encore inédits parce que puisés dans la réalité d'un monde moderne riche de nouveautés jamais encore exprimées. - En cela, Salmon, M.J. & Apollinaire - que Marcoussis a sciemment réunis sur une même toile intitulée Les Trois Poètes - ont participé au mouvement cubiste & rares sont les époques où peintres & poètes ayant [...] les mêmes révoltes contre la raison, ont été aussi intimement liés. La toile où Marcoussis a réuni Les Trois Poètes, symbolise leur union."
L'ART EN LIBERTE. A R. Manuel 18 avr. 1918. Corr. I. 172. "Le bombardement se fortifie & le affaires faiblissent. Je me retrouve comme jadis & infiniment heureux de la liberté dans l'art, de l'art en liberté, du libre travail d'art, du travail d'art libre."
L'ARTISTE & LE MECENE INFUSENT LA VIE. A Doucet, 25 mars 1918. Ibid. 169. [...] "il me semble criminel d'aller se mettre en cave, quand on doit infuser la vie à la cité & comment & qui peut & doit mieux le faire que les artistes & leurs bienfaiteurs?"
ART POETIQUE EN GENERAL. U. Pfau. Zur Antinomie. 205. "[...] keine geschlossene Theorie, [...] in aphoristischer Form Gedanken über Dichtung mit, die über den Bereich des Literarischen hinausgehen & - in grösserer Konzentration & Bildhaftigkeit - Ratschläge wieder aufnehmen, wie er sie seinen Freunden in Briefen gab.[...]. Eine zentrale Forderung von AP ist die nach leidenschaftlicher Beteiligung des Dichters an seinem Werk, die freilich nicht Gefühlsüberschwang bedeutet, sondern durch strenge Formung in Dichtung umgesetzt werden soll. An Cadou schrieb er [...] 'la poésie est un cri, mais c'est un cri habillé.'"
L'ART POETIQUE - LA POESIE MODERNE. LJC, 15. 4 juill. [1920]. "Exagérer pour se faire comprendre. Recevoir & rassasier. Rassembler dans un seul bloc tout ce qui se rattache à une sensation pour le définir. - Ne concevoir l'objet que pour le définir, ne le définir que pour l'agrandir ou le caricaturer ou le contraire de caricaturer (arrange ça, moi ça me fatiguerait, mais c'est le neuf).- Dérouter l'auditeur pour l'amour d'un mot ou pour un coup de folie légitime. Se servir & non sans mépris de tous les moyens anciens ou par repos ou pour rappeler qu'on est poète ou parce que le ton du madrigal n'est pas celui du poème.- Enfin faire servir la poésie à tous les déversoirs par lésine ou pour affirmer la supériorité du poète même quand il n'est pas devant le lecteur.- Tel (sic) serait la poésie moderne si nous bafouilleurs & amis le pratiquaient ou ennemis mais l'image n'est pas (n'est-ce pas?) ce qu'un vain peuple pense, elle est l'étincelle qui jaillit quand le marteau de l'Homme frappe sur l'enclume de la réalité: toi seul connais cette vérité;" MJ/JC, 56-57.
AUSTERITE & PASSION. A Edouard Cazanian. [Juill.-août, 1910]. Corr. I. 47."[...] ton livre étincelle des plus nobles qualités. Tu as la grande mélancolie & l'austérité des vrais poètes; tu y joins l'éclat & la passion. Tes images sont brillantes & nouvelles. Tu accouples avec goût le mystère de l'imprécision & la précision merveilleuse des mots. On conçoit avec d'autant plus de force ta pensée qu'elle est élaborée avec plus de raison & exprimée avec un plus riche cortège."
BON GOUT, BON SENS UNIS BIEN RARE. A Doucet. 28 nov. 1917. Ibid. 166. "Vos avis me sont toujours précieux, marqués comme ils sont par le bon goût uni au bon sens & à l'expérience des arts & des artistes: ensemble bien rare."
CELEBRATION DE LA VIE. Plantier. MJ. 18. "Car l'oeuvre célèbre la vie, même, & surtout, si l'on y perçoit ce grignotement tenace de la mort, cet appel à la destruction, cette tentation de l'insulte à la faiblesse humaine. En face du vide, M.J. invente une poétique de la volonté, une morale de la solitude: le travail, un immense travail, le travail d'un artiste viril, alors que l'homme était peu; d'un artiste constant dans la recherche & dans l'effort, alors que l'homme était par nature instable & féminin, par sa susceptibilité, par ses réactions & ses tendresses soudaines."
"C'EST A SOI-MEME QUE L'ON ECRIT TOUJOURS QUAND ON ECRIT." S.d. à N. Barney. Aventures de l'esprit. Op. cit. 104-05. "Mon cher idéal, Je m'explique: j'ai toujours rêvé d'un poète qui résulterait d'un conflit entre l'esprit & l'esprit, entre la réalité des moeurs & l'esprit, qui aurait de vraies racines dans le coeur des autres, dans le sien propre: le poète conflit & sans ambages ni jambages, un poète qui chanterait ne chantant pas, qui définirait ne définissant pas. Ce poète que je n'ai pas su être (mais là! pas du tout!) voilà que je le rencontre! c'est vous. Aussi je m'écris, car c'est à soi-même que l'on écrit toujours quand on écrit (ce qui s'appelle écrire, n'est-ce pas) aussi dis-je, je m'écris: 'Mon cher idéal'. J'aurais pu écrire 'Mon cher poète', mais j'ai eu peur que vous me preniez pour ce que je ne suis pas. Votre livre est autant mon ami qu'un miroir magique qui serait l'image de ce qu'on aurait voulu être. Ceci est une confidence: les poètes sont des confesseurs; on n'aime dans les livres des poètes que ce en quoi ils nous confessent, la vie étant, hélas, un continuel péché."
COMMENT CONSTRUIT M.J. SON OEUVRE. Plantier. MJ. Op. cit. 17. "M.J. a construit son oeuvre comme une méthode pour exister, pour avoir un visage; & toutes les contradictions y sont des preuves de cette donation entière & quotidienne. Méthode d'investigation des ciels: Kabbale & sciences occultes; méthode de l'investigation intime dans l'alternance de la destruction: éther, jusquiame, visions démoniaques ou célestes, idées fixes, débauches, & de la création par l'expérience du mal ou de la mort. C'est le travail énorme, absurde & généreux, pour conquérir le temps, pour l'arracher à l'Autre: qu'il soit la mort ou le diable, qu'il soit la faute ou le vieillissement."
CONSEILS A UN JEUNE POETE. Michel Ozenne. "Chronique fragmentaire pour la composition du Mystère de Saint Matorel de Quimper." Ren. de Fl. no spéc. (Pâques 1968): 18. "Ce petit livre hâtivement rédigé sur un cah. de brouillon est un testament littéraire qui condense sur ses quelques pages 50 années d'expérience & de magie du langage."
CONSEILS DE M.J. A P. DE MASSOT. Op. cit. 31. "Comment aurait-il pu résister à la séduction de M.J., à profusion répandue jusque dans ses lettres? Comment n'aurait-il pas écouté ses conseils, pour désabusés qu'ils fussent? A 46 ans, l'ermite de St.-B. fait au jeune campagnard des recommandations toutes paternelles pour l'aider à devenir un grand écrivain. 'Il me reste mon coeur & il est à vous.' (Coll. P.A.B. L. inéd. à Massot, 27 juin 1922) lui écrit-il sur le ton d'un très vieil homme. A de multiples reprises, M.J. très irrité, ajoute ce p.s. à l'une de ses l. 'Il m'est très désagréable de n'avoir pas vos dates de naissance, le mois & le quantième. Je ne puis conserver vos lettres.' Il n'empêche: M.J. s'intéresse au plus haut point à la carrière de son jeune protégé."
CONTRE LES 'BOUTIQUIERS' DE LA LITT. LJF, Quimper, 7 nov. 1935. Préf. 245. "Pense à t'élever dans la Revue contre les 'boutiquiers' de la litt. & à louer la litt. de l'Olympe."
CORRECTION D'UN POEME LRV, 53-54. 17, rue St.-Romain. 19 fév. 1936. "Ton poème est plein de grâce & de très bonne tenue. Ce serait un crime que d'y toucher en tout cas, deux esprits ne doivent pas se mélanger sur une oeuvre. Ne corrige pas ou corrige toi-même. Le corriger est très difficile: c'est faire autre chose que ce qui est. Pour corriger il faut être bien sûr qu'on n'a pas réalisé exactement ce qu'on voulait réaliser au moment où on a écrit. Se méfier de dire autre chose que ce qu'on voulait dire ce jour-là car autrement c'est une rajouture c'est-à-dire ce qu'il y a de pis. Ça trouble l'unité."
DANGER DE GENERALISER. A J. Doucet. 30 janv. 1917. Corr. I. 134-35. "Au fait, les généralisations sont dangereuses. Il se peut qu'on me montre dix vers d'un poète que je fais profession d'abhorrer & que je les trouve admirables, & réciproquement."
DISCIPLINE - ENNUI DE SOI MEME. Disque vert no. spéc. 61. Paul Méral. "La Méthode de M.J." On se soumet à une discipline comme on prend une habitude: par ennui de soi-même."
DISCONTINUITE SOUDAINE. J. Chambost. "Le LC." Op. cit. 32. "Vers 2 'Contemple tes épis vainqueurs.' Vers 15: 'Chaque brin d'herbe était un morceau de folie.' C'est là l'exemple frappant d'une discontinuité soudaine qui néglige les lois de la poésie trad. & rompt le cours normal du poème."
ECLAIRCISSEMENT SUR LE CD PAR M.J. Clary. "La vocation manquée ou les aveux de M.J." Op. cit. 72; Figaro litt. 3 oct. 1969: 4. Quand Clary demande des éclaircissements sur le sens profond des vers comme ceux-ci: 'La bourse houle! Avis!/ La bourse ou la vie!/ La bourre sous la vie/ (Glas! boue!) sourd, l'ami/ Glabre, ours sous l'habit/ Las! bouc saoul, Levy/ Court, à court d'avis, etc.' - "Avant de me répondre, M.J. parut, cette fois, se recueillir un assez long moment & me dit enfin, sur le ton du découragement: 'Mon pauvre ami, que voulez-vous, ne vous l’ai-je pas déjà fait remarquer en d'autres occasions? cela ne s'explique pas, cela se sent, tout est là [...]."
ECRIRE POUR L'ETERNITE. Cadou. Esth. 55. "Ecris pour l'éternité & méfie-toi de la mode, qui a gâché mon AP de 1921 & peut-être aussi le Gant de Crin de Reverdy. Il faut travailler à l'esthétique éternelle & non pas à celle de 1942 qui est passagère. On s'épargne ainsi des remords. C'est terrible le remords."
L'ESSENTIEL DANS LA FANTAISIE. TB. Comédie. Op. cit. 14. "Son obsession était d'atteindre l'essentiel dans la fantaisie, de retrouver l'universel dans le singulier, de densifier son propre bavardage, reflet du bavardage de la Création [...]."
ESTH. DE M.J. Attal. Image métaphysique & autres essais. Op. cit. 196-97. "L'art poétique de M.J. se rattache moins [...] à l'art sacré d'avant la Renaissance, qu'à l'art baroque, qui l'a suivie. La vraie famille spirituelle de M.J., ce serait plutôt celle des poètes baroques du 17e s. européen pour qui le monde visible ne sert qu'à évoquer la présence du monde invisible, & chez qui l'on retrouve la même parole exacerbée, d'une gaieté tragique, que le douloureux conflit entre la vocation du poète & la vocation du mystique, fait naître & porte aux accès les plus violents, & dont plus tard T. Corbière & J. Laforgue ont su renouveler l'écho."
ESTHETIQUE HUMAINE. Cadou. Esth. 32. "Ne pas oublier d'être humain (c'est-à-dire le contraire de réaliste) humain c'est-à-dire tous les sentiments complets alors que le réalisme c'est l'absence de sentiments, mais surtout la sensiblerie courante & l'impersonnalité bêbête de tous les jours."
L'ESTHETIQUE POUR MORALE. Andreu cite Anicet d'Aragon. VM, 95. "Véritablement on pouvait assurer qu'il avait son esthétique pour morale."
L'ETERNEL NON PAS CE QUI EST A LA MODE. Attal. Op. cit. 195. «Pour lire correctement l’oeuvre poétique de M.J., il est donc nécessaire de tenir compte de cette lutte que ses deux vocations livraient en lui, & qui l’empêcha toujours d’adhérer froidement à une esth. passagère, imposée de l’extérieur, aucun conformisme ne pouvant prévaloir contre son impératif personnel. [...]. Ce qui ne veut pas dire, bien entendu, qu’il soit resté étranger ou insensible aux recherches esth. de son temps: Ne s’est-il pas vanté souvent d’avoir fait partie de l’avant-garde litt., & artistique du début du siècle; ne s’enorgueillissait-il pas d’être l’inventeur du poème en prose; ne se considerait-il pas comme un précurseur du surréalisme [...]?»
FUSING WITH OTHERS. Neal Oxenhändler. "Concealment & Presence." Op. cit. 57. "The poet overcomes the divisive schizoid tendency through the act of incorporation or fusion with others. And the proof of this overcoming lies, I believe, in the triumphal Christianity of so many poems, a Christianity that is not (as it had been in the beginning) a breaking away or a separation, but return & reconciliation."
HC, 81."Mes yeux aux yeux de Jésus Christ!/ Tous mes cris & tous mes écrits/ un carrefour du crucifix !"
"LES GROUPES DISPARAISSENT, les doctrines se transforment, les étiquettes s'effacent, les hommes s'entre-tuent les modes changent, que reste-t-il? Quelques noms, quelques hommes... des isolés!" Béalu. "M.J. poète." Cahs. du Nord no. spéc. 202.
INSPIRATION. Una Pfau. Zur Antinomie, 223. "Schon in AP (p. 47) hatte er [...] die Überwachung der inspirierenden Geister gefordert, da sie gute oder schlechte Inspiration bringen können. An Cocteau schrieb er: "Selon moi, l'inspiration est une personne avec qui l'on discute. [...] les esprits qui dictent peuvent être bons ou mauvais." Corr. II. 128. 21 oct. 1922; MJ/JC, 138-39.
"JE VEUX & DOIS PLAIRE A MON LECTEUR, mais je dois encore plus être un auteur consciencieux." A Doucet, 25 mars 1918. Corr. I, 169.
"LA LITTERATURE ME POSSEDE." Ibid. 87. A Kahnweiler. [1912]. "[Braque] m'envoie des paysages pour que j'en fasse mes pauvres dessins; mais la litt. me possède: donne au mot 'possède' le sens biblique, le sens ésotérique, amoureux, mystique, chimique, médical, amphigourique, machiavélique & embétatoire. J'en suis malade & imbécile comme tu l'imagines facilement"; Rousselot le cite in Mort ou survie du langage. Op. cit. 150.
LES MATERIEUX DU POEME EN PROSE. Plantier. L'Univers poétique. 399. Conclusion. "La méthode de tremplin s'exerce librement. Les ouvrages de seconde main, les lectures hâtives, les journaux humoristiques, un fait divers, un mot rare découvert en feuilletant le dictionnaire, telle recette de magie, telle repr. kabbalistique ou occultiste, les croquis de théâtre, les caricatures des journaux, les images de cinéma sont les véritables matériaux pour créer cette connaissance qui n'existe pas & qui sera un poème. [...]. Tous les instants de la vie quotidienne construisent la méthode & offrent les matériaux de l'exercice. L'inspiration ne définit pas les 'moyens de s'extérioriser'. [...]. L'oeuvre de M.J. est une pratique morale. [...] Des exercices de vocabulaire, de syntaxe, de versification aux exercices quotidiens de la méd., ou du chemin de croix, c'est toujours la même recherche du 'tremplin', la même tentative de dialogue avec l'inspiration. De l'unité magique à l'unité mystique, il n'y a qu'une variation des 'moyens choisis'."
"M.J. ETABLIT UNE POESIE DU QUOTIDIEN." Plantier. "Notes sur la versification & la rythmique dans l'oeuvre de M.J." Cah. M.J. No 5. 63, n. 24. "La multiplicité des présentatifs, l'emploi des phrases normales ou des phrases de définition rejoignent les choix lexicaux."
M.J. POETE DES POETES. J. Cassou. "Un poète habité par la grâce." Monde 22 mars 1969. "[...] parce qu'il était le poète des poètes, celui dont on peut le plus justement & véridiquement assurer qu'il a été, à travers toutes les péripéties d'une existence qui nous fut si chère, habité par la grâce."
METHODE DE M.J. Plantier. L'Univers poétique. 397. "L'univers poétique révèle une méthode. Cette méthode, M.J. l'a précisée dans sa Corr. avec ses amis: poètes, romanciers, hommes de théâtre. Il l'a mise en formules de définition & d'analyse dans la préf. du CD, dans AP de 1922, dans les CJP."
MULTIPLE TENTATIVES POUR RETROUVER LE VISAGE. Plantier. "Au service de M.J." Op. cit. 45-46. Selon Plantier il a lutté toute sa vie pour le rapprochement de l'unité. "[...] la poésie est un moyen de personnelle investigation, de perfectionnement humain, un moyen d'entrer en communication avec Celui qui fit le visage."
N'IMITEZ PERSONNE! Conseil répété maintes fois aux jeunes poètes. Il ne veut pas former de petits Max Jacob, mais aider ses jeunes amis à trouver leur voie & voix. [M.G.].
L'OEUVRE TERMINEE, ON RESTE EN APPETIT. Charpier & Seghers. L'Art poétique. Op. cit. 465. AP, 19. "C'est un bon signe quand, l'oeuvre terminée, on reste en appétit, c'est-à-dire quand on ne trouve pas le but suffisamment atteint. De même qu'un vainqueur ne trouve pas l'ennemi assez écrasé."
PARTICIPATION A L'ORDRE CREATEUR. Plantier. "La joie de M.J." Op. cit. 5. "D'abord le regard, toute l'oeuvre est un regard. M.J. ouvrit les yeux sur son siècle aussi bien que sur le cosmos. L'imaginaire n'existe pour lui que dans les joies du réel & du concret. Le travail quotidien du p. est une création de la réalité sous les espèces du rêve, de la liberté des associations & de l'expérience. Anges & diables, êtres & objets manifestent leurs présence. M.J. rencontre toujours quelqu'un [...]. P. 6. la volonté d'accueil & la volonté de s'effacer devant la multitude du réel sont à la source de la création [...]. P. 7. L'amour du détail n'était pas la courte vue du réalisme qui se trompe par sa rigueur même, c'était la contemplation, c'était la communion, non pas la codification des choses mortes. [...] Non plus le constat, mais la jubilation: celle de l'oeil, de la main, des lèvres, de tout le corps à la pensée du vent, du visage, de l'herbe, du rocher ou de la danse. [...]. Le p. devient alors témoignage, non pas d'une vaine gloire, mais d'une participation à l'ordre créateur."
LE PEDAGOGUE NE DISSIMULE PAS SES SECRETS DE FABRICATION. Marc Alyn. "Dix-sept ans après sa mort, M.J. est-il un maître"? Arts (14 mars 1961): 8. "Ces querelles
des dates ne présenteraient, somme toute, qu’un intérêt médiocre si elles ne mettaient l’accent sur l’étonnante volonté d'enseignement qui caractérise, de la prem. à la dern. page, l'oeuvre de Jacob. Préf., lettres & aphorismes (sa pensée se coulait avec naturel, tantôt dans le vers, tantôt dans la maxime), tout était bon au romancier du TB pour situer ses idées dans une perspective pédagogique. Un p. de lui n'est jamais tout à fait - ou pas seulement - un poème, il est aussi un cours sur l'art d'écrire un poème. Nul n'a moins cherché à dissimuler ses secrets de fabrication. Mieux, toute création était d'abord pour lui une synthèse des moyens d'existence du style. A cet égard, son oeuvre est bien celle d'un maître. Il suffit d'ouvrir un de ses livres au hasard, prose ou poésie, pour être convié à une leçon de rythme & de philologie. Une science incomparable règne ici, truffant la phrase ou le vers de mille surprises concertées: assonances, allitérations, calambours, contrastes perpétuels. Le recours à l'anecdote est la pudeur de ce style qui dissimule sa perfection sous le manteau couleur muraille du langage parlé. [...]. De M.J., les nouveaux poètes n'apprendront pas la poésie, mais les infinies ressources d'une langue enfin libérée."
PIECES D'ANTHOLOGIE. CJP, 26."Apollinaire avait horreur des 'pièces d'anthologie', c'est-à-dire de la poésie parfaite. Il avait raison, je crois."
LA POESIE EST UN METIER. Plantier. L'Univers poétique. Conclusion. 398. "L'Originalité de M.J. est de penser la poésie en termes de moyens, d'invention & d'effets à provoquer. Au lieu de recourir aux images & aux mythes qui font du poète un être séparé des autres, M.J. replace le métier de poésie parmi les autres métiers. Il fonde une stylistique des moyens par l'apprentissage des techniques, par l'étude de la résistance des matériaux, par les exercices de répétition verbale, par les exercices d'assouplissement de l'écriture, de l'image, du rythme & des éléments phonétiques. L'ensemble de ces activités constitue le travail quotidien: consultation des dictionnaires, listes de mots, listes de 'départs' syntaxiques, 'vers entraînatoires', exercices ‘d'émotion’, exercices de concentration. C'est une méthode de provocation de l'inspiration [...] une méthode du 'tremplin'."
"LA POESIE N'EST PAS LA VIE MEME: la vie l'anime. La nature est son dictionnaire; mais la poésie est un choix, un vaste choix en soi-même quand on a eu soin d'avoir un 'soi' vaste, intéressé à la vie même [souligné 3 fois dans le texte]. Laisse parler ton inconscient, mais regarde-le faire." LEJ, 72. 9 nov. 1938.
"LA POESIE REDEVIENDRA HUMAINE OU PERIRA COMME INUTILITE." "Disait M.J. à J. Evrard in Candida à un Candidat" qui deviendra CJP. Andreu. VM, 272.
"QUAND JE MOURRAI, JE FONDERAI UNE ACADEMIE. On y louera les livres simples, sans fabrication, ni habiletés périmées, exprimant des choses senties, pensées directement. On repoussera tout ce qui est glycérine, glissage, réglisse, savonnette & développement du dictionnaire." J. Follain cite ce passage du CJP "Aux écoutes", 24 mars, 1961.
LES PRINCIPES POUR DEVENIR UN VERITABLE POETE. L. inéd. à Massot. Op. cit. 32. "1er PRINCIPE: le naturel. Travaillez dans le sens humain & ne vous souciez pas d'être de votre temps ou plutôt du temps précédent. Croyez bien que vous avez vos chances étant absolument sincère de créer quelque mouvement, tandis que voulant être un peu mieux que vous-même (quelle erreur!) vous ne faites que suivre d'autres gens: c'est dommage. Vous êtes né naturel, cultivez donc ce naturel! (3 fév. 1923).- 2e PRINCIPE: l'émotion. Vous avez grand besoin de vous nettoyer de l'infl. des Picabia ou des Dada - de très charmants amis mais qui diminuent & dessèchent des poètes pétris de sentiment. N'oubliez pas que l'émotion est le seul essentiel de l'art. Il n'y a que l'émotion. Enlevez l'émotion à Rimbaud, que reste-t-il? Il reste Breton. Vous valez par l'émotion, ne la tuez pas. (14 mars 1923). - 3e PRINCIPE: la souffrance. Vous avez des déceptions! On en fait des poèmes tout chauds! Attendez-vous à pleurer tous les soirs en rentrant chez vous & au bout de vingt ans de désespoirs, à vous désespérer de n'en plus avoir. (18 sept. 1922).- Travaillez beaucoup. Souffrez beaucoup! (Vous souffrirez beaucoup). La souffrance seule forme des talents. (12 oct. 1922). 4e PRINCIPE: la confiance. "Ne vous en faites pas! Tout ira bien pour vous! (19 avr. 1923)."
SECRETS DE FABRICATION. R. Toulouse. C'était il y a 30 ans. 74. "Je jette quelques mots à intervalles réguliers ou irréguliers, puis l'imagination cimente, le ciment doit être léger, le mot est l'embûche du lecteur..."
INSUFFLER LE COURAGE AUX GENS D'ETRE EUX-MEMES. A propos de M. Sachs & son scandale à cause de sa liaison avec Tom Pinkerton. "Je ne lui ai guère donné de conseils, le poussant (& avec quelle énergie!!) à écrire, écrire - ceci seulement par hygiène, pour lui donner une raison de vivre, un but (provisoire au moins [...] je crois de plus en plus qu'il ne faut pas former les gens, mais leur insuffler le courage d'être eux-mêmes." MJ/ JC, 450-51. 14 nov. 1926.
EXEGESE - LA SYMBOLIQUE DE L'EVANGILE
A LA DERN. PAGE DE LA COTE, on pouvait lire: du même auteur. SM, SJ, Ms. achevé: La Symbolique des Evangiles: Essai d'exegèse nlle. VM, 188. "En fév. [1926], Max va à Madrid faire une conf. à la Rés. des étudiants sur la Symbolique des Ecritures. Cette conf. a été arrangée par un ami espagnol, sans doute José Bergamin [...]." Ibid. 249. "Il espère alors que Gallimard l'éditera. Au début de l'année 1939, il écrit à Queneau, à Jabès, à R. Lacôte, à M. Manoll, qu'il a entrepris 'un livre bien difficile sur les Saintes Ecritures.' Ce livre, Max, pour des raisons que nous ignorons, l'abandonnera assez vite - indifférence des éditeurs, nouveaux scrupules religieux, sûrement la guerre [...]."
ARC-EN-CIEL - SYMBOLE DE L'UNION DES DEUX TESTAMENTS. Canet. "La Bible dans FE." 50, n. 12. "Arc-en-Ciel, image de l'alliance dans l'Anc. Test., est appliquée [dans le p. "Les yeux au ventre"] au Christ."
ART & RELIGION. A Moremans [1927]. Op. cit. 46. [...] oeuvres religieuses devaient être claires, s'adressant aux peuples pour les édifier. Avec cette théorie-là on biffe toutes les oeuvres mystiques, lesquelles ne sont jamais claires, toutes les oeuvres symboliques, la plupart des Epîtres, l'Apocalypse bien entendu, bref la litt. rel. en entier ou presque. Pas de style mallarméen! déclare-t-on. - C'est bien! mais imaginons que Mallarmé n'eût écrit que sur N.S.J.C. voyez un peu le bien qu'il aurait fait à ses jeunes admirateurs, pasticheurs, etc... Et Rimbaud? Que Verlaine seul ait été touché, il passe par une exception fantaisiste, mais si toute l'école l'avait été! Les cath. sont trop étroits! Ils perdent tout en voulant tout avoir. En tout cas, moi, je ne change rien. Dieu voit mes intentions & mes livres avec leur air peu orthodoxe passent sous des portes où l'Evangile lui-même ne passe pas. Ils y font ce qu'ils peuvent mais ils le font. Le même auteur qui n'est autre que le grave & cher Maritain dénonce dans cette revue cath. hollandaise les oeuvres cath. inachevées ou cubistes. C'est comme si un classique en 1830 avait interdit à Delacroix de peindre des sujets rel.! Quant à l'inachevé, je connais d'assez belles esquisses de maîtres & qui touchent le coeur plus que les tableaux finis."
L'ATTITUDE DE L'EGLISE VERS LES POETES RELIGIEUX. Idem. ‘En1925, M.J. a rencontré Claudel à Rome & ce qu'il confie à Moremans va droit à l'essentiel’: "J'ai rencontré à Rome, d'où j'arrive hier, P. Claudel & me suis plaint à lui de l'attitude de l'Eglise vis-à-vis de nous. Il m'a répondu que cette lutte était éternelle & que c'était un brevet de grandeur pour ceux qui avaient à s'en plaindre. J'aime assez qu'on ne me comprenne toujours, non point que je fasse de l'hermétisme à dessein, mais il ne me déplaît pas de garder les distances. L'épisode Delteil est une illustration de cette nlle hist. dans l'histoire. L'Eglise vient tard aux hommes qui veulent la servir à leur manière, elle ne se souvient que de ceux qui ont duré dans la tradition & s'ils lui conviennent, elle se sert de leur oeuvre. L'Eglise nous enivrerait trop, si elle nous louait, elle réserve ses récompenses pour les morts & leur donne le Paradis à sa manière encore."
BARQUE SYMBOLE DE L'EFFORT. Canet, 50. "M.J. utilise l'image de la barque pour souligner l'effort de l'homme vers Dieu alors que, traditionnellement, elle traduit l'abandon à la volonté divine ou du moins, dans la mythologie, la passivité de l'âme dans le voyage conduit par Charon."
COURONNE D'EPINE. Idem. "[...] la simplicité du style & la métaphore du 'Nid de Pie' soulignent contradictoirement l'aspect dérisoire de la Couronne d'Epines, pourtant, source de rédemption. Alors que le symbole de la marque de Dieu gravée sur les créatures ('Les yeux au ventre' IV) insistait sur les liens de dépendance & de possession caractéristiques de l'hymne de louange dans l'Anc. Test., M.J. évoque ensuite la recherche des liens de l'intimité & de l'union. [Dans la strophe VI 'Seigneur! je loge dans vos cicatrices/ Je me cache derrière votre arc-en-ciel'].
CERF SYMBOLE DE L'AME. MR. T.r. 71; Gallimard. 99. "Jugement dernier." "Un chapiteau de ma basilique paroissiale représente Pégase chassant le cerf. Le cerf, c'est l'âme! N'ai-je été à la chasse au cerf de mon âme que pour en faire une enclave dans le mal, ai-je jamais cherché à en sortir?"
DANS LE DOMAINE DU SPIRITUEL M.J. N'ADMET PAS LE CONFORT. R. Lannes. "M.J." Arts. "Car chrétien, il l'était trop pour admettre le confort & le tolérable, surtout dans le domaine du spirituel."
LA DEFINITION RELIGIEUSE DU MOT MYSTERE. Plantier. "La Métaphore mystique dans les poèmes de M.J." Op. cit. 83. "La laïcisation du mot mystère fait souvent oublier que pour le croyant il signifie: 'Une action qui tout à la fois manifeste & instaure une réalité nlle & de nature divine.'" Plantier montre comment l'écriture construit l'habitation du désir de Dieu. Citation de la définition tirée de Antoine Vergote: Interpr. du langage rel. Seuil, 1974. 7.
DIEU CHOISIT DES ENNEMIS CHARMANTS, DES SERVITEURS BETES. N. Barney. Aventures de l'esprit. 110. S.d. "Dieu a ce chic inouï de se choisir toujours les ennemis les plus charmants, donc les plus forts [écrit M.J. à N. B. après avoir relu L'Amazone]. C'est très crâne! Il y met de la coquetterie. Et cet autre chic d'avoir pour serviteurs ce qui rime à crâne. 'La plus belle preuve de la force de l'Eglise', a dit un cardinal très spirituel, 'c'est la bêtise de ses serviteurs.' [...]. Je voulais vous dire que je vous prouverai, évangiles en main, que le christianisme est le conservatoire de l'esprit dans tous les sens du mot: 'Vous êtes le sel de la Terre!' vous dit-il à vous! à vous! Et aux autres: 'Prenez modèle sur elle!' "
"DIEU NOUS DONNE DEUX GENDARMES." MP. 5-6. "Après chaque confession/ Dieu nous donne deux gendarmes/ Qu'il met de garde en planton/ Des deux côtés de notre âme."
LES DOGMES CATH. Andreu. VM, 260. oct. 1939. "Les dogmes & le culte empêchent les hérésies, le mysticisme vague & dangereux. Selon moi, ils sont indispensables parce que seuls les prêtres ont le pouvoir de distribuer les sacrements, or il n'y faut pas de vague liberté."
EXEGESE. Ibid. 253-54. "De ce livre si souvent rêvé, il ne reste pas grand-chose, des bribes parfois très anciennes, deux courts projets de préf., une brève intr. difficile à dater, une dédicace à R. Queneau, 'parrain de ce livre.' On peut la lire chez Doucet.- En 1971, Andreu en avait parlé à Q. qui lui avait répondu qu'il ignorait l'existence de cette préf., qu'à sa connaissance Max n'avait pas remis de ms. sur ce sujet chez Gallimard & que, de toutes manières, il n'avait jamais été question de le publier."
---. L. INED. A DUMOULIN. 19 nov. 1940. "[...] je suis très, très ignorant mais j'avais un don exégétique que ma paresse m'a empêché de cultiver. Il aurait fallu étudier l'hébreu & autres babillages exotiques, on a déjà du mal à parler français!"
EXEGESE. CONF. A NANTES & A ANGERS. LEJ, 29. 13 mai 1935. "Je vais faire selon toute probabilité une conf. rel. à Angers sur le fond du christianisme." Ibid, 56-57. Quimper, 8 mars 1937. "J'ai fait une conf. à Nantes sur les 30 dern. années d'art & une seconde le lendemain sur Noé inventeur de la Vigne & père d'une ère nlle. Comme la Vigne est l'Esprit, Noé est désigné dans l'anc. test. comme l'ancêtre de l'Esprit. L'Arche au-dessus de l'eau, comme Vénus sortie de l'eau est aussi esprit. Et le fait d'avoir exhibé ses parties sexuelles dans l'ivresse est aussi esprit, car la circoncision annoncée par ce geste est un fait d'esprit, le phallus étant la partie de l'homme la plus nerveuse ou la plus accessible aux influx de la terre. Tu vois le beau sujet. Il a été si bien accueilli qu'on m'a prié de parler encore."
EXPLICATION ALLEGORIQUE AUX ECRITS SAINTS. "Sa réflexion sur les Testaments révèle son hésitation entre la tentation d'une explication allégorique des Ecrits Saints & l'attachement à la réalité du sens littéral." LRR, 105, n. 52.
EXPLICATION SYMBOLIQUE DE l’ECRITURE. VM, 250. "[En religion] comme en poésie, la réalité est derrière les choses. Quand Jésus parle par paraboles, n'étend-il pas un rideau de fumée?"
FLATTERIE - POESIE REL. Béalu. "M.J. poète." Cahs. du Nord no spéc. 196-204. 199. "Quand Max usera de flatterie, & de la plus éhontée on peut le dire, ce sera tourné vers son Dieu, jugeant qu'il n'est de moyens blâmables s'il s'agit de Son approche."
INTERPRETATION SYMBOLIQUE. "On retrouve ici l'intérêt de M.J. pour tous les systèmes religieux, les mythologies, & son goût de l'explication symbolique." LRR, 108, n. 76.
---. PLANTIER.. M. Op. cit. 97. "C'est pourquoi Dieu a dit à Adam [...]: "Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front [...]!" Le serpent (c'est-à-dire la matière, la force terrestre) te piquera au talon, piquera ton âme (ta femme) au pied (c'est-à-dire en tes instincts religieux divins) & elle l'écrasera (c'est- à-dire qu'elle sera victorieuse de la nature. L’espit est vainqueur de la douleur)."
"J'AI SOIF" CE QUI SIGNIFIE: "J'AI SOIF DE VOUS, humains, mes frères, qui me laissez seul dans mes tabernacles alors que je veux être en vous tous." LLP, 154. 23 janv. 1940.
"JE VEUX RENONCER A L'IRONIE." Paul Florens. "La Poésie de M.J." Mail, no.spéc. 234. "Or Max m'a fait une grosse confidence: 'Je veux', dit-il 'renoncer à l'ironie & faire oeuvre mystique'."
MASQUE DE CLOWN MASQUE DE MYSTIQUE. S. Lévy. Sub-stance. Op. cit. 31-37. 33. "Que faire de Jacob?" "Le phénomène est le même en ce qui concerne la critique de M.J.: d'abord on lui a mis le masque du clown, puis Rousselot lui met celui de mystique - tous deux fabriqués à partir de quelques notions ou signifiants extra-textuels."
M.J. N'AIME DIEU QUE DANS SES PROPRES OEUVRES OU LES SIENNES. LJF. "Contribution of M.J. to Les Feux de Paris. 297. l2. LA BARONNE. "[...] la bienvenue dévotion de Papini, mon frère in Xristo! (ah! que j'admirerais les oeuvres de celui-ci si je n'aimais Dieu que dans ses propres oeuvres ou les miennes!)"
M.J. SE SENT INDIGNE DEVANT DIEU. Canet. "La Bible dans le FE." 52. "[...] l'évocation de la lumière & des ténèbres, des anges & des démons symbolise comme dans la Bible la dualité & les aspirations contradictoires. L'image, au lieu de créer l'unité par les liens qu'elle instaure entre des réalités éloignées, souligne plutôt ce dualisme, de même que l'organisation rythmique en groupes binaires, qui rappelle le système de parallélisme souvent employé dans la poésie hébraïque: "Angoisses & Autres". 'Qu'écriras-tu en ces vers/ ou bien Dieu que tu déranges/ Dieu les prêtres & les anges/ ou bien tes amours d'enfer/ & leur agonies gourmandes'."
LA METAPHORE & LE SYMBOLISME CHRETIEN. Plantier. "La métaphore mystique dans les poèmes de M.J." Op. cit. 84. "La métaphore est un lieu privilégié du rassemblement. [...]. Dans le symbolisme chrétien le discours n'est pas énonciatif, c'est-à-dire qu'il ne décrit pas ce qui existe; il est performatif, il crée un sens nouveau, une référence nlle. [...]. La poésie mystique de M.J. maintient la distance entre l'homme & Dieu, elle est une relation volontaire qui s'établit 'par l'assentiment donné au discours performatif.'" P. 99, n. 4 Sur le discours performatif, voir Michel Le Guern. "Approches linguistiques de la prière." 23-24. in Notre prière. Quel langage? pour quelle rencontre? Paris: Le Chalet, 1974 & Benvéniste. Problèmes de linguistique générale. Gallimard, 1969.
METHODE DE L'UNITE DE M.J. Plantier. L'Univers poétique. 400-01. "Si la méthode de l'unité se manifeste dans le syncrétisme des moyens religieux, par les analogies vécues dans la Tradition, dans la Kabbale, dans tous les mythes des civilisations humaines, & en particulier dans une lecture analogique de l'Anc. & du Nouv. Testament, elle se manifeste encore plus dans une pratique constante du langage comme moyen de créer un monde & d'en nommer les êtres & les choses." Plantier découvre la dynamique propre à M.J., "qui n'est plus parallèle au langage de tous & qui écrit une très vaste métaphore dans laquelle les lecteurs & les diseurs de poèmes s'inventent à leur tour dans leurs propres paroles." [Cf. Club de poètes de Jean Rosnay à Paris]. "M.J. est ici au centre de l'Esprit nouveau & du surréalisme."
LE MYSTERE DU MONDE. Albert Béguin. La Poésie de la Présence. Seghers, 1957. 282. "Le monde est 'Tel qu'il est' se désorganise, ouvrant un passage sur le mystère qui s'y cache."
LE MYSTIQUE CHRETIEN NE VEUT PAS SE DEBARRASSER DU CORPS. Plantier. "La métaphore mystique..." Op. cit. 83. Plantier cite Hilda Graef. Trad. de l'anglais par Guy Maximilien & Edith Marguerite. Hist. de la mystique. Seuil, 1972. 31. "Il n'est pas loisible aux mystiques chrét. de vouloir se débarrasser du corps & de ses passions, en sorte de ne plus ressentir la faim ou le froid, la peine ou la joie." Il cite cela pour situer sa recherche.
"NE PLEUREZ PAS SUR MOI MAIS PLEUREZ SUR VOUS-MEMES & VOS PECHES CAR SI C'EST LA CE QU'ON FAIT AU BOIS VERT, QUE FERA-T-ON AU BOIS MORT!" LLP, 72. St.-B. 4 nov. 1926. "Le bois vert c'est lui, homme entièrement homme, le bois mort c'est nous, carrefour de démons. Lui qui doit souffrir pour remonter au ciel! A nous que fera-t-on? Pleurons donc sur nos péchés qui nous vaudront le purgatoire - avant de lui offrir à Lui nos larmes converties en actes d'amour pour Lui." –[ Luc 23, 28-32]. 28. "Jésus se tourna vers elles, & dit: Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi; mais pleurez sur vous & sur vos enfants. 29. Car voici des jours viendront où l'on dira: Heureuses les stériles heureuses les entrailles qui n'on point enfanté, & les mamelles qui n'ont point allaité! 30. Alors ils se mettront à dire aux montagnes: Tombez sur nous! Et aux collines: couvrez-nous! 32. Car, si l'on fait ces choses au bois vert, qu'arrivera-t-il au bois sec?"]
NOUS QUI AVONS FAIT NOS TRANCHEES DANS LE CIVIL. Cadou. Esth. 55. "Soyons chrétiens! 'Nous qui avons fait nos tranchées dans le civil' disait le sculpteur Manolo dans une inoubliable phrase."
PROFESSION DE FOI DE M.J. "Tous mes cris & tous mes écrits/ au carrefour du crucifix!" HC, op. cit. Selon Oxenhandler, M.J. est un "Poet with a crucified imagination." LJF, 230.
S'AGRANDIR. Cadou. Esth. 45. "Aime sans te livrer éperdument, souffre de l'amour comme d'un tison brûlant qui n'allume rien que tes os. Alors tu grandiras! or tu ne grandiras ainsi que par la religion cath., celle de Pascal. - Approfondis le sens du mot 'désintéressement' & sois- en le paradigme."
SACRE COEUR - CHARITE. "Vin, Esprit, Sang." Op. cit. S.p. "[...] le vin lui-même esprit selon les mythologies, il est lui-même Esprit-de-Dieu selon la Sainte Religion. Et si les Egyptiens faisaient des libations de vins à leurs morts, c'était sans doute pour donner aux âmes assez de densité devant Osiris, juge des défunts [...] l'hostie du pain est brisée pour tuer cette chair de Dieu présente à l'autel, & le vin coule comme le sang a coulé. On y mêle même une goutte d'eau parce que, une lance ayant percé le flanc de Dieu mort, il sortit de son divin corps du sang-esprit uni à l'eau. Ce coup de lance & ce sang accompagné d'eau sont l'origine du culte du Sacré Coeur, soit dit en passant, & la définition même de la charité: car l'eau étant matière & le sang, esprit, cette jonction des deux, nous montre que l'esprit doit s'unir à la matière pour la vraie intelligence, laquelle est acte d'amour ou charité. Comprendre c'est s'unir. Aimer s'est s'unir! La charité & l'intelligence sont des synonymes. La définition de la charité est donnée ailleurs par ces mots: 'Pleurez avec ceux qui pleurent, riez avec ceux qui rient!’ "
LA SAINTE VIERGE DE SAINT-BENOIT-SUR-LOIRE. LJF,239. 14 juin, [1935]. "Ah! que ne puis-je toujours vivre en cette 'plaine de grâce' épithète terrestre & métaphorique de St.-B. & de la Ste Vierge."
SCIENCE SYMBOLIQUE. A Rousselot. Roeping no. spéc. 120. "Oui! tu visiteras la Basilique dondaine & tu admireras ma science symbolique devant les chapiteaux [...]. Il est vrai que les chapiteaux sont éloquents & le déambulatoire exquis." 24 fév. 1943.
SELON SALMON M.J. A VENDU SON AME A DIEU. Pfau. Zur Antinomie, op. cit. 252, n. 123. Elle avait parlé à Carlo Rim le 10 oct. 1966 à Paris qui a souligné le caractère spéculatif de la foi jacobienne & a cité A. Salmon.
SYMBOLIC REPRESENTATION OF THE BIBLE. W. Fowlie. Climate of Violence. Op. cit. 192. "Max tries to understand not only occurences in his own life, but the meaning of the Gospels. He was an autodidact in this research and eagerly accepted the medieval fourfold symbolic interpretation of the Bible as opposed to the currently entrenched historical school of literal interpretation."
SYMBOLIQUE DE L'ECRITURE. LTB. 88. A Moricand. 31 janv. 1939. "Gallimard me demande un livre de mes petites exégèses bibliques. [...]. Tu as fait [...] plusieurs fois allusion à des étoiles s'appelant la Crèche, le Boeuf, l'Ane, etc. & connues avant la naissance du Christ. Peux-tu me donner un ou deux détails d'érudition certaine à ce sujet. Qui sont les gens qui connaissent ces étoiles?"
SYMBOLIQUE DES EVANGELISTES. Ibid. A Moricand. 27 oct. 1940. 112. "[...] son symbole de boeuf [de Saint Luc] vient de ce qu'il est l'Evangéliste de la Terre, comme Saint Marc est l'évangéliste du feu de la terre, le lion, Saint Jean l'évangéliste du feu du ciel, l'aigle, Saint Mathieu l’évangéliste des ciels habités: l'ange!"
LA SYMBOLIQUE DE L'EVANGILE. VM, 69. En 1910 il travaille au commentaire des Evangiles. P. 76. "En oct. 1911, il écrit à Kahnweiler que 'les Evangiles - c'est-à-dire le commentaire des Evangiles - sont finis' & qu'il espère trouver un éditeur cath. à Quimper [...] 30 ans plus tard, il écrira dans le Récit de ma conversion : 'Certes, mes visions intérieures continuaient d'absorber mon esprit [...]. Je me résignais à n'être pas baptisé, je m'en consolais en lisant l'Anc. & le Nouv. Test. Les lumières que j'avais acquises en symbolique, alors que j'étudiais cette science pour comprendre le sens de ma vision, donnaient à cette étude un remarquable intérêt.' "
SYMBOLIQUE DU CORPS HUMAIN. LML, 35. A Denoël. 7 déc. 1936. "Ce que je voudrais écrire dans les journaux médicaux ce serait des articles sur la symbolique du corps de l'homme."
LA TRACE DE DIEU DANS MA VIE EST INEFFAÇABLE. "Bienfaits de Dieu." T.r. 4; Gallimard, 36.
EXTERIORISATION
"L'ART C'EST L'EXTERIORISATION, la preuve en est que dans une glace tout paraît plus joli." AP, 50.
"CE N'EST PAS CE QUI SE PASSE EN TOI TOUT BRUT QUI IMPORTE, MAIS CELA EXTERIORISE, EN RELIEF." LEJ, 68. Fin janv. 1938.
EXTERIORISATION. Corr. I. 1953. 30-31. A Doucet, sept. 1907. "Pour moi, une oeuvre doit être étrangère à son auteur. Je n'entends pas par le mot 'étrangère' un syn. du mot 'extériorisé', cela va sans se dire, ni un syn. du mot 'impersonnelle'; une oeuvre étrangère à son auteur est une oeuvre qui n'étant pas son reflet ne fait pas double emploi avec lui, si j'ose dire, en tant que noyau de force, mais qui ajoute réellement au patrimoine cosmique. Je ne dirai pas que mes p. en pr. répondent à cet idéal, mais ils tendent à s'y conformer, & leur auteur prétend parvenir à sortir bientôt de lui-même. Au côté purement artistique, les oeuvres étrangères à leur auteur gagnent au point de vue 'perspective', au point de vue 'mystère', au point de vue de 'l'arabesque aerienne.’ "
EXTERIORISATION - EXPERIENCE DE VIE. Pérard, op. cit. 11-12. 27 fév. 1927. 'Mes livres, [...] sont une expérience, chacun d'un genre différent où je m'essaie: j'y apporte quelquefois du nouveau, on s'en aperçoit assez pour me voler & se taire.' Ailleurs: 'Ce que j'ai fait ne me plaît plus, je m'ennuie à répéter la même chose.’ Il nous disait encore […] 'nous ne valons que par nos révolutions de palais.' - "Il faut donc étudier chacun de ses ouvrages, chacune de ses ‘expériences’. Certains voudraient le limiter au seul CD, aux seuls p. en prose, lui le virtuose du vers. D'autres voudraient séparer l'oeuvre contemplative & mystique de l'oeuvre narrative & satirique. Impossible. [...]. Un exégète anglais S.J. Collier, écrit que 'ses poèmes, ses romans & ses lettres constituent une seule & même confession, celle qui commence avec le CD & se termine avec les Méd. rel.’ "
"FAIRE LA JONCTION ENTRE LES MOTS & LES MAUX, LA JONCTION ENTRE LA TETE & LE COEUR." VM, 269-70. Andreu cite d'une l. à Emié de 1941. [...] quinze ans avant à Jouhandeau: "Etablir le téléphone entre son cerveau & son coeur". Dans CJP "Une oeuvre est une île lointaine. On y va en bateau, en avion. Elle est là-bas. Que cette oeuvre soit un quatrain ou une tragédie. Comment extérioriser? Sans doute par la quantité d'idées, de sentiments qui se sont incendiés pour la produire?" - Note datée de 1941 in D, 179. "La poésie est un état d'âme à la fois terrestre & supraterrestre, accompagné d'un besoin d'extériorisation. Cité aussi par R. Secrétain. Créer no. spéc. 46. "Le Mythe de M.J."
"LA POESIE MODERNE EST OBJECTIVITE." Secrétain. Préf. TB, Comédie. 14. "Il soumettait à une étroite exigence les rythmes, les images, les sonorités, tous les éléments de ce poème qui apparaît comme une improvisation désordonnée & qu’il concevait comme un objet rigoureux, autonome, comme une concrétion du Cosmos, émancipé du sujet & de l'auteur."
"TOUS LES ARTISTES ONT TOUJOURS ETE LES COMEDIENS D'EUX-MEMES, & il est impossible de rien extérioriser sans cela." LLG reprise in J. Grenier. "Cet homme était Protée." Monde 22 mars 1969.
"TROUVEZ VOTRE COEUR & CHANGEZ-LE EN ENCRIER. Le coeur c'est Dieu. Ceci n'est pas un mot littéraire mauvais, c'est une vérité. Dieu n'est pas à l'extérieur mais à l'intérieur de vous. Or vous n'ignorez pas que Dieu est la Perfection. Cherchez donc Dieu en vous-même [...]." Cadou. Esth. 19.
FAMILLE
DANS ‘L'AMPLE COMEDIE A CENT ACTES DIVERS' "du CD, la scène familiale est toujours dressée. Scène d'exclusion, de permanente accusation. Max le vilain petit canard est rejeté par les siens." Mourier. "Max joue aux cubes." Op. cit. 97.
"AUX MOMENTS GRAVES LES PARENTS REDEVIENNENT CE QUE NOUS DEVRIONS TOUJOURS ETRE ENSEMBLE. Mais la vie est si embourgeoisante qu'on oublie par les détails ce qu'on sait bien au fond que l'on est toujours. Intérêts différents, ambitions & idéals contraires." LML, 66. St.-B. 22 déc, 1937.
COUPURES DE PRESSE. LBEG, 35. 29 mars 1936. "Les coupures de presse je les envoie à ma mère très amateur de ce genre de succès [...]."
COUSIN: SYLVAIN LEVI. Le dr. Szigeti a raconté à Rousselot "comment Max, à ses débuts, ayant été morigéné par son cousin S. Lévi qui lui reprochait d'écrire en mauvais fr. de la bonne critique d'art, rédigea ses lettres de démission à toutes les revues & s'enferma chez lui ou à la Bibliothèque Nat. pour apprendre à écrire en fr." Chanoine Fleureau Val d'or, cité par Rousselot; M.J. au sérieux, 154.
"EPARGNEZ-MOI CETTE HUMILIATION cette honte ce malaise ce dégoût ce chagrin ce retour en arrière, ce porte-malheur: ma famille Cocteau tant que vous voudriez mais pas les Isch-Wall. " LLP, 17. Hôpital, 24 fév. 1920.
"LA FAMILLE EXCLUT LA FANTAISIE, LA FRANCHISE & LA LIBERTE." Ibid. 108; 26 juill. 1931.
FAIRE PLAISIR A SA FAMILLE. LJC, 126. 5 avr. [1927]. "Je n'ai jamais eu d'autre but que d'avoir une louange de ma famille: cette louange je l'attends depuis trente ans environ. Rien ne me toucherait tant "; MJ/JC, 521.
LA FAMILLE JACOB PENDANT LA GUERRE. LTB, 145. A Briant. 20 oct. 1943."Ma soeur aînée morte de chagrin, l'autre soeur veuve & profondément douloureuse! Mon frère de Quimper emmené en Allemagne! le logement familial pillé, vidé, déménagé!! Une épine dans la chair à jamais, comme dit St. Paul."
---. IBID,145. 8 fév. 1944. A Moricand. "On a arrêté ma soeur, le 4 janv. [Mme Lucien Lévy, 18 rue Oberkampf] [...]. Elle a un fils aliéné à Villejuif [...]."
---. M.J. écrit à M. Manoll: frère au camp de concentration, soeur morte de chagrin, frère dépossédé de sa boutique.
---. LCB. [21]. 25 fév. 1944. "Les amitiés me pansent un peu le coeur. Mais ce coeur est ulcéré à jamais. Mon frère de Quimper est en Allemagne depuis un an. Ma soeur de Paris a été arrêtée le 4 fév. 1944: elle était ces jours-ci au Drancy: il est à craindre qu'elle n'y soit même plus. Rien ne peut me consoler! C'était ma préférée! Et si douce & si bonne. Un grand ami à moi, mon protecteur est aussi en prison! Pourtant il faut continuer à vivre, à travailler, à parler, à voir des gens. J'écris des lettres, des appels au secours. Le ciel reste muet & bien des amis aussi. Je n'ai guère de courage que par la prière où je m'entête [...]. Je n'ai jamais tant regretté de n'être pas assez près de l'oreille du Sauveur pour qu'il sauve ma pauvre famille dispersée, anéantie (ils ont pillé, déménagé le dernier logis des miens à Quimper & mis des scellés sur la porte de mes souvenirs)."
---. FRERE GASTON. "Jacques Pré de Locronan [93 ans], ami de Gaston Jacob, se souvient que le frère de Max avait confectionné lui-même une étoile jaune au double des dimensions requises, laquelle recouvrait presque entièrement le revers de sa veste de sortie. Bravade à l'intention des occupants & des collaborateurs en 1942!" LJColle, op. cit. 38, n. 2.
---. SUR UNE IMAGE DE PREM. COMMUNION QU'IL AVAIT DONNEE A UNE PETITE FILLE, il avait écrit: "J'offre mes souffrances, celles de ma race, pour la conversion de ma soeur & des miens..." P. Eluard. Oeuvres Complètes. T. II. Op. cit. 861.
LETTRE DE JACQUES JACOB AVRIL 1949. S.J. Collier. "M.J's Le CD." French Studies XI (avr. 1957): 166, n. 6. "Mes parents, sans être riches, nous ont élevés dans l'abondance. Max a eu une enfance heureuse, où rien ne lui manquait."
"MAX, RUE NOLLET' par J. Follain. Pour en revenir à M.J. 27. « Au mur de sa chambre, Hôtel Nollet, M.J. avait affiché avec 4 punaises son diplôme de chevalier de la Lég. d'Honneur.» 'Voilà, disait-il, cette nomination a fait grand plaisir à ma mère là-bas à Quimper.’ »
FAIRE PLAISIR A MA MERE. M.J. écrit à J. Denoël: "Cet accident de la Légion d'Honneur qui fera au moins plaisir à ma mère." LJF, 243, n. 19.
"MA FAMILLE A QUIMPER NE TE RENSEIGNERA PAS: ILS SONT TRES VIEUX & IGNORENT TOUT. Si tu les vois ne parle pas de moi d'un air moqueur, ils n'ont que trop tendance à ne pas me prendre au sérieux." LUA, 93. 27 juill. 1936.
LA MERE DE M.J. LJC, 43. [24 mars 1926]. "Elle qui demandait à une cliente du magasin d'antiquité de nos aïeux si 'c'était vrai que son fils est un grand écrivain.' " MJ/JC, 409.
"MES PARENTS SONT EXCELLENTS MAIS LES OPINIONS & LES CARACTERES NE SE SONT JAMAIS EMBOITES DEPUIS 60 ANS tout en se ressemblant énormément. Ma mère & ma soeur sont [...] la vivante image de ce que j'aurais pu être (Capricorne 1er décan & Lion 1er décan) si je n'étais pas un ancien bachelier, un ancien montmartrois, un chrétien, etc..." LTB, 59, à Moricand. 17 déc. 1935.
"MON PERE ETAIT PLUS POETE QUE MOI ; IL ECRIVAIT DES LETTRES EN VERS & NE SONGEAIT PAS MIEUX." Rousselot. M.J. au sérieux. 83.
"NOUS 'REPOUSSONS' NOS FAMILLES, CAR NOUS LEUR SOMMES SEMBLABLES, MAIS CHANGES: elles sont justement ce que nous ne voulons plus être & leur présence est comme le reproche de ce que nous avons été. Ce que nous repoussons elles nous le rappellent à tous moments. Nous ne nous sentons pas éloignés de nos amis parce qu'ils sont ce que nous souhaitons être." LML, 47. 12 avril, [1937].
LES FEMMES
"AH, PAUVRES FEMMES QUE NOUS SOMMES,/ Nous n'avons que des déceptions,/ Nous adorons ces monstres d'hommes/ Qui ne nous rend' pas nos passions…" Chanté par M.J. Roeping, no. spéc.52; cité aussi par Igor Markevitch. Etre & avoir été. 226. In Crespelle. La Vie quotidienne à Montmartre au temps de Picasso. Hachette, 1978. 252.
ANIMOSITE CONTRE LES FEMMES. Fred Bérence. C.r. du MA. NL 1145 (1949). "L'astrologie est un prétexte pour manifester son animosité secrète contre le sexe dit faible."
A PROPOS DE MICHEL FRENKEL: "On s’attache à un homme tellement énigmatique mais on a tort…’sphinx sans énigme’ (comme on a appelé les femmes)." MJ/JC, 359.Quimper, 16 oct. 1925.
D'APRES NINO FRANK, M.J. SEMBLE AVOIR EU PEUR DES FEMMES. LNF, 26. 23 juin 1923. "Je connais peu & mal les femmes: rien de beau comme une femme bonne & belle mais c'est rare; elles sont toquées, remuantes, illogiques, exigeantes, injustes, dures, ignorantes & sans philosophie."
EVE. A Pierre Jean Jouve. 20 oct. 1935. L'Herne no. spéc. Jouve (1972): 120. "Eve, âme de l'homme puisque prise à sa dern. côte, où commence l'animal où finit l'âme. [...] la femme est à la fois l'arme du démon & sa victime [...]. Mme de Sannis (l’S de Satan & l’anneau de Vénus) […] est la vraie femme, l'Eve de terre & d'esprit, la Vierge Noire, laquelle n'est d'ailleurs pas vierge, mais vraiment noire, oui."
FEMME COMPAREE AUX CHIENNES. Plantier. MJ, 66. "Il est remarquable que le chien soit toujours évoqué pour mettre en valeur la lubricité des femmes. On connaît la misogynie de M.J. 'Les femmes s'offraient comme de jeunes chiens.' LC. 'La Madeleine amoureuse comme chienne.' PMG, 178. Il faut y ajouter la peur qu'il avait des chiens." LTB, 87. A Moricand. 22 nov. 1938.
LA FEMME DANS DEUX L. INED. A CHARLES OULMONT. St.-B. 3 août 1921. Coll. Maria Green. "La femme est sexuelle, profondément, essentiellement, l'homme ne l'est que par crise. Quand l'homme est à peu près satisfait, je veux dire quand il a donné au démon la part que le péché originel exige, il reste avec 'l'amour' sentiment féminin très pur & que la femme ignore le plus souvent en elle. L'homme reste amoureux & chaste. Il connaît après l'acte démoniaque l'Amour lui-même. Alors il est plus chaste que la femme qui, elle, ne l'est jamais. L'homme est un homme c'est-à-dire un être complet à la fois homme & femme. La femme n'est jamais que femme c'est-à-dire le tonneau des Danaïdes. Voilà mon explication bien modeste."
---. ---. St.-B. 12 août 1921. "LA FEMME NE DONNE PAS DANS L’AMOUR ELLE RECOIT, c'est donc elle qui est infatigable & plus sexuelle. Quant au sentiment, je crois que le manque de virilité nuit à l'unité des sentiments. La plupart au moment que l'aimé leur parle regardent un autre homme. Pour les nuances & les raffinements, d'accord! Cela fait partie de la faiblesse. Je crois aussi qu'il y a du sentiment dans un amour des sens: au point de vue philosophique le désir est un sentiment & d'autre part nous avons de la tendresse pour un objet qui nous donne des satisfactions. C'est pourquoi je disais l'autre jour, l'homme, satisfait, garde une 'tendresse' devenue pudique. La femme n'est jamais satisfaite, voir plus haut."
LA FEMME DANS P,19. "Qui prend une femme prend un juge. De là une sorte de supériorité apparente de la compagne obligée des occidentaux. La morale chevaleresque a voulu voir dans le calme féminin une occasion de divinisation & notre lâcheté naturelle a broché sur le tout. - P. 23. Tant que la femme fera partie des plaisirs de l'homme, la civilisation parfaite, c'est-à-dire, le plaisir pur pris en dehors des satisfactions instinctives sera inconnu. - P. 25. C'est un coquillage qui s'attache au rocher. Son désespoir d'être abandonnée est une contorsion de mollusque détaché du rocher. - 177. La femme par son impureté est rappelée sans cesse aux réalités, elle est un animal positif.- P. 179. [...]. La femme aime à trouver chez l'homme les promesses d'une égalité sympathique, c'est-à-dire de la médiocrité."
FEMME MYSTERIEUSE. MME DESLOGES. - M.J. A PROPOS DE FREUD. LMJ, 330. 7 nov. 1929. Nul n'a vu la figure de cette femme. "Mme Desloges ne sortait pas même pour aller à la messe. Un prêtre venait la confesser à domicile.[...]. Sa bonne même ne l'a jamais vue! [...]. Comme je lis Freud nuit & jour, je décide de conclure à une psychonévrose d'origine ascétique, déterminée par un amour de jeunesse incompris ou malheureux."
FEMME - TORRENT DE MOTS. MJ/JC, 573. 17 mars, 1930. "J'ai rêvé aussi d'une pièce à un personnage. Mr Victor Giraud, architecte, joues christiques, barbe en éventail, s'aperçoit que sa femme est bavarde. 1er acte: le soir des noces, il la laisse bavarder sans répondre un mot. 2e acte, 30 ans après, la dame devenue une grosse dame. Même silence. 3e acte, l'agonie silencieuse de Victor Giraud. La dame entoure le lit du mort d'un torrent de mots."
LES FEMMES OBEISSENT AUX HOMMES QU'ELLES CRAIGNENT. PJ, 423. A Denoël, St.-B. 7 déc. 1936. "C'est un homme de cran, cran [Frenkel] grâce auquel il a un très bon ménage, car les femmes obéissent aux hommes qu'elles craignent & les aiment"; LML, 35. «C’est un homme de cran grâce auquel il a un très bon mariage car les femmes obéissent aux hommes qu’elles craignent, & les aiment."
"LES FEMMES OU DAMES ME SEMBLENT DE MAUVAISE FOI & MECHANTES." LRV, 28. St.-B. 13 août [1924].
"LES FEMMES SONT LE PECHE, EVIDEMMENT, BIEN SUR..." PJ, à P. Colle. St.-B. 7 fév. 1937. 431.
LES FEMMES SONT IMMONDES. Ibid. 445. A Fraysse. St.-B. 1er fév, 1938, " Paris m'a tué de dîners, de déjeuners: ces gens sont fous, bêtes, charlatans, noirs de péchés & leurs femmes sont immondes, même les meilleures (que dire des autres?)."
"MAX ETAIT PLEIN D'AMERTUME CONTRE LES FEMELLES. [A propos de la postière morose]. 'Elles n'ont pas l'esprit d'à propos.' " L. Guilloux. "Avec M.J. à Saint-Brieuc." L'absent de Paris; M. J. & la Bretagne. Cah. M.J. no 5 (1960-61): 27.
PREDICTIONS A R. VILLARD. "Question: Me marierai-je? Réponse: Oui, pour ton malheur." LRV, 119.
FILLEUILS
"C'EST L'EPOQUE DES PREM. COMMUNIONS & il me sort de la foule d'enfants des filleuls que j'avais bien oubliés depuis douze ans." LML, 53. St.-B. 31 Mai [1937].
"IL ME SURGIT DES FILLEULS QUI ONT DOUZE ANS depuis le temps où je les baptisais sans prévoyance: le cadeau n'est rien mais les déjeuners, les vêpres & les familles empanachées sont également lourds." LLP, 149. St.-B. 30 Mai 1937.
FILS SPIRITUELS
"M.J. QUI N'A PAS DE FILS EN CHAIR & EN OS, A COMPENSE CETTE ABSENCE PAR L'ABONDANCE DE SES ‘FILS SPIRITUELS’. Béalu écrit qu'il aimait les poètes 'dans l’œuf’ & Emié parle de la 'sage-femme' des poètes. Cet amour pour les jeunes, tant de fois pris pour l'expression de ses tendances homosexuelles tantôt vécues, tantôt sublimées, manifeste surtout un ardent désir de partage: faire profiter les jeunes de sa vie de recherche." LRR, 102, n. 28. Lettre fév. 1923.
MME GAGELIN
ELLE REVIENT SOUVENT DANS LA PROSE JACOBIENNE, modelée sur la mère de M.J. qui s'y est reconnue avec amertume. LTB, 47. A Moricand, 16 sept. 1934. "J'ai vu aussi Mme Gagelin & le reste de ma famille."
GENEROSITE
"A LA VERITE JE SUIS GENEREUX PAR PRODIGALITE, par dédain de l'argent, par résignation à la pauvreté qui vient toujours." Cah. de St.-Martin 12 (été 1955): 5.
"CETTE RICHESSE QUI N'APPARTIENT QU'AUX PAUVRES." Belles-Lettres 92:2 (1967): 5.
LA GENEROSITE DE M.J. IL DONNE TOUJOURS PLUS QU'IL NE REÇOIVE. Pascal Pia. Carrefour 1018 (1964): 20. "[...] à la même époque [parisienne], & si pauvre qu'il fût, il se laissait retirer le pain de la bouche par les quémandeurs & qu'en fin de compte des obligés auront été plus nombreux que ses victimes & ses encouragements plus efficaces que ses mauvais procédés." [Pia fait allusion à la jalousie de M.J. concernant Apollinaire].
"IL FAUT AVOIR DE L'ARGENT POUR ETRE AVARE. LES MIEUX NANTIS SONT TOUJOURS LES PLUS CONSTIPES DU MORLINGUE. Réf.??
GENIE
LE CREATEUR & LE GENIE. "Moi je ne suis guère artiste mais je me crois créateur. J'appelle génie le don du miracle, c'est-à-dire la révélation de ce qu'on a jamais vu. Le génie a soufflé sur des gens qui n'étaient ni artistes ni créateurs… Sur des voyants, des voyantes…" Merle. "Le cas M.J." 21.
DEFINITION DU GENIE. LRV, 39. 10 août 1933. "Degas présidant un banquet de jeunes peintres leur dit: 'Quand vous êtes arrivés à Paris vous aviez tous du génie, maintenant quelques-uns d'entre vous sont fiers d'avoir du talent.' Je suis comme ces jeunes peintres du banquet à ceci près que je ne me suis jamais cru du génie. Je ne sais même pas très bien ce que c'est. C'est la dictée du ciel, peut-être? A quel moment cette dictée se différencie-t-elle de l'intuition? Le génie c'est de deviner: il est bien certain que je n'ai jamais rien deviné."
---. LE GENIE EST "L'INTELLIGENCE MIRACULEUSE." Corr. avec Y. Delatang-Tardif. "M.J. & le Finistère." Simoun no. spéc. 39-50. Elle cite plus. extr. des l. de M.J.
NOTOIRE DE POSSESSION." A L. Guillaume. 8 juill. 1942. France-Asie no. spéc. 368.
---. "JE NE GASPILLE PAS LE MOT GENIE, je devine ce que ça pourrait être mais peut-être que je ne l'ai vu qu'en Picasso encore. Le génie c'est l'instrument de la fatalité, c'est l'émissaire de Dieu, c'est l'auteur de miracles, c'est celui à qui l'ange souffle ou qui devine, c'est le contraire du travailleur qui ne trouve des pépites qu'en piochant." LAS, 72. 19 oct. 1924.
---. «OU IL N'Y A PAS DE MIRACLE, IL N'Y A PAS LE ‘GENIE’ ». AP, 26; Charpier & Seghers. Op. cit. 466.
---."ONE NE SIMULE PAS LE GENIE. Le génie est l'intelligence miraculeuse & ne se simule pas." AP, 33.
LA GUERRE
ANDREU. VM, 263. "C'est le 29 juin que faisant visiter la Basilique, un gestapo me dit: 'Vous êtes juif!’ ‘Je suis catholique'"; ibid. 275-76. «[Le 4 nov. 1941] Max avait la visite de la police allemande. Il la racontera drôlement à Cocteau [...]." LJC, 150-51. 5 avr. 1942. "Quant à la Gestapo ça a commencé en juin 40. Je faisais le cicérone à la Basilique: 'Vous êtes juif!' - 'Ah! vous tombez bien,' dit un prêtre, 'c'est le meilleur paroissien de M. le Curé.' - 'Ça ne fait rien, c'est la race qui compte, etc...' Là-dessus la Gestapo va demander au Curé pourquoi il a un cicérone juif. M. le Curé répond qu'il n'a pas de cicérone & qu'il lui faut aimer son prochain quel qu'il soit. Là-dessus je fus prévenu par le dit curé qu'il y avait un 'planton' à la porte de la Basilique pour 'surveiller mes agissements'. Naïve police! Elle m'a attendu trois jours & ne me voyant plus elle s’est lassée. Quinze jours après, un général vient visiter… il sonne au presbytère & demande un guide: 'M. le Curé n'est pas là!' dit la bonne (ou plutôt la charmante vieille fille qui en fait l'office par dévouement). - 'Et quand il n'est pas là' ?..., demande le Général. - 'Quand il n'est pas là, c'est moi qui fais visiter.' - 'Vous?' - 'Moi ou quelque autre paroissien.' Ce 'quelque autre paroissien' a tout sauvé. Affaire classée. - Le 4 nov. dernier, arrivée dans ma chambre d'un Monsieur à lunettes & à épaules rondes (genre Edmond Jaloux) accompagné d'un soldat: 'Police.' - 'Enchanté, approchez-vous donc du feu! Il fait si froid, n'est-ce pas?' - 'Qu'est-ce que vous écrivez? '- 'Dommage que je n'aie pas de mes livres... Mais au fait j'ai tout de même une brochure de vers. [...]. Voulez-vous une dédicace? Dites-moi votre nom.-...- Merci! Que vous mettrai-je? Sympathiquement? Pourquoi pas? Je vais mettre 'souvenir'. Puis il commence à m'interviewer. Moi: 'Tenez! Monsieur! Voici un petit livre, le livre de Hubert Fabureau sur moi, qui répond d'avance à tout: acte de naissance, biographie, analyse des ouvrages. Je ne vous en fais pas cadeau car je n'en ai qu'un exemplaire & vous voyez comme ça peut être utile!!!'- 'Alors! vous êtes connu?' - 'Oh!!! J'ai quelques amis!' Là-dessus il voit des lettres sur la table prêtes à partir & me les tend pour que je les ouvre... & les lit en demandant l'explication à chaque ligne. Il prend note des adresses" […]; MJ/JC, 588-89.
LES COMMUNISTES. L. inéd. à Dumoulin. 14 oct. 1939. "Je maintiens qu'il faut s'attendre à tout de la part des hommes & même à la trahison des communistes sous prétexte d'un idéal."
DOULEURS, SOUFFRANCES PENDANT L'OCCUPATION N'EBRANLE PAS LA FOI DE M.J.
VM, 282-83. "[...] les malheurs qui l'accablent, [...] la rigueur de plus en plus lourde de 'la dureté de Dieu', n'ébranlent pas la foi de Max. Pour lui, les voies de Dieu restent claires, sa justice droite. Sur la carte de prem. communion de Maurice & Bernard Szigeti, le 16 mai 1943, il écrit: 'J'offre les souffrances de ma famille, de ma race, celles de mon frère en réparation de leurs fautes, de leurs péchés, pour leur conversion, pour mes propres fautes, mes péchés, & ma propre conversion, pour leur Salut éternel & pour le mien."
L'ETOILE JAUNE. LTB, 137. A Moricand. 18 juill. 1942. "St.-B. a reçu l'ordre de la Sûreté Parisienne de savoir si je porte mon étoile jaune. Deux braves gendarmes sont donc arrivés, & n'ont pu que constater ma correction" ; Andreu. VM, 280. "En juin, [1942], Max doit porter l'étoile jaune. Finis Montargis, Orléans, les escapades amicales & joyeuses chez les amis. Il écrit à Béalu: 'Je t'ai expliqué qu'il m'est impossible de voyager avec l'étiquette jaune sans me livrer aux fantaisies inculpatoires de la police. Je l'ai écrit aussi à Lesage. Vous ne le comprenez pas parce que vous ne savez pas de quelle manière la police se conduit vis-à-vis de nous: les rafles, etc. & y aller sans étiquette c'est être en faute, donc en péril. Ici je vis comme je veux. - Le 12 juill., jour de son 66e anniversaire, deux gendarmes français passent par St.-B. pour voir si M.J. porte bien l'étoile juive."
EXPLICATION DU MALHEUR GENERALISE DE LA GUERRE. Andreucci. PR, 461-62. LRT, 55. 9 janv. 1940. ‘Dieu veut que nous arrivions à un point de sensibilité qui fasse de nous des hommes au coeur libre, & il n'y a que l'épouvante qui nous donne des émotions durables.' - En 1936 in La Revue Doloriste. 'La purge est à notre corps ce que la douleur est à notre âme.' In Rousselot. M.J. au sérieux. 93. "ABC de la religion catholique." «La douleur est un mouvement d'attention envers nous-mêmes ; […] la douleur nous ramène à notre individu, elle nous ramène à notre fond & nous rapproche de l’essence primordiale qui est Dieu. Ibid. 95. La bonne douleur est celle qui conserve le sang-froid, qui s’unit à la charité, qui pardonne aux bourreaux, qui ne s’insurge pas, qui ne rend pas aigre, amer, rebelle, anarchiste.»
GESTAPO. André Calas. "Les deux visages de M.J." Paris, éd.? 1969. 35. "En avr. 1942, un policier allemand en civil pénètre dans la Basilique de St.-B.-s.-L. Il avise un petit groupe de visiteurs que conduit un cicérone amateur, s'approche du guide & lui dit d'une voix sèche: 'Vous vous appelez M.J., vous êtes juif.' Le curé Albert Fleureau accourt: 'Mais c'est mon meilleur paroissien..' [...]. L'homme de la Gestapo tranche. 'Il ne s'agit pas de religion. C'est la race qui compte' [...]. M.J. devait connaître encore 30 mois de liberté! [...]. Cinq mois plus tôt, un autre policier avait fait irruption dans la chambre que M.J. louait au presbytère. 'Qu'écrivez-vous?’ avait-il demandé au poète. 'Des vers, mais je ne les publie pas. Je n'ai plus le droit de publier. ‘ Puis, avec un sourire triste, mais plein d'humour: 'Voulez-vous cette plaquette de poésies?' L'Allemand avait accepté. 'Dites-moi votre nom [...] je vais vous écrire une dédicace [...] oui je mettrai: En souvenir de M.J.’ [...] ‘Tenez, voici un livre écrit sur moi, en Belgique. […]. Vous n'aurez qu'à copier.' "
"JE N'OSE VOYAGER." Rousselot. Cahs. du Nord. No. spéc. 211. L. 3 juill. 1942. "Je n'ose voyager sans étiquette & je crains l'étiquette en voyage. Voilà le dilemme & la cause de mon statu-quo."
LUCIEN SCHELER. "M.J. parle d'Eluard." LF 454 (26 fév.-5 mars 1953): 5. A Eluard, 14 juill. 1942, St.-B. "Nous avons eu la fête de Saint-Benoît & un abondant clergé: j'avais l'étoile jaune à cause des gendarmes. Monseigneur l'évêque a quitté la procession pour me faire baiser son anneau puis m'a serré la main avec une intention dans chacun de ses doigts..."
LMM, 112. 14 août 1942. "Deux gendarmes sont venus enquêter sur mon sujet ou plutôt au sujet de mon étoile jaune. Plusieurs personnes ont eu la charité de me prévenir de cette arrivée soldatesque & j'ai revêtu les insignes nécessaires. De cet incident il appert que je suis mieux en sûreté ici que n'importe où, faisant partie d'un corps social protecteur [...] ; Témoignage de Henri Dion. "M.J. & la Basilique de St.-B.-s.-L. ou 'La Maison de Dieu.'" Cah M.J. 5, 41. "Soudain surgit, tout essoufflé, le bon chanoine Fleureau, curé de St.-B.: 'Monsieur Jacob! Monsieur Jacob! Monsieur l'Abbé!' Et, sans reprendre souffle, il explique que des gendarmes sont dans la ville, peut-être pour vérifier que le poète n'a pas quitté sa résidence. Et comme il a omis, ce matin, comme bien souvent, d'arborer son étoile jaune, une décision est vite prise. L'abbé court chercher, chez Mme Persillard, le veston sur lequel est cousu l'insigne obligatoire. Il le ramène bientôt sous son camail. - "J'ai aidé M.J. à changer de vêtement. Il est tout ému car, entre temps, le chanoine Fleureau a pu nous donner quelques précisions: C'est M. Lelong, le maire de St.-B. qui est venu prévenir le curé. Max pleure de joie: 'Je ferai demain une visite à M. Lelong pour le remercier. Voyez-vous, on ne sent vraiment la joie que lorsqu'un malheur nous frappe.'" - P. 42. "A nouveau, nous descendons la voie étroite; nous franchissons la porte vers l'éblouissante lumière de ce matin de juillet sous le narthex. Et, radieux d'affronter, en règle, les gendarmes (Messieurs les gendarmes, disait-il) il sortit, escorté par nous, le veston adorné (ce fut son propre mot qu'il nous fit apprécier au passage) de l'étoile jaune qui voisine avec un discret ruban rouge."
L. INED. A HENRY LASSERRE 29 juill. 1942. In Palacio. "M.J. & Apollinaire: Doc. inédits." Op. cit. 474. "Faut-il partir? n'est-il pas dangereux de rester? bien entendu je me mets dans la main de Dieu mais quel conseil donner à ma famille? & si la fuite amène des aventures policières à leur dommage, ne suis-je pas responsable? Ce souci n'est pas minuscule."
LTB, 98. A Moricand. 20 juill. 1940. "[...] depuis un incident antisémitique dont j'ai failli être victime à la Basilique, je tiens à l'écart mon profil juif"; ibid. au même. 9 fév. 1942. 132. "[...] une lettre [...] que quelqu'un m'a communiquée...'Dites à M. Jacob qu'il se cache...' Je suis parti par le prem. car. Où?... j'ai promis le secret... chez d'excellentes gens qui m'ont épargné toute réflexion & m'ont reçu comme une mère reçoit un fils." [Les parents de Roger Toulouse]; ibid. 133. L. à Briant. 12 mars 1942. "[...] visite de la gestapo en nov. ici! "
PASCAL PIA. Carrefour 1018 (1964): 20. "Pourquoi pendant l'Occupation, n'a-t-il pas quitté St.-B, où il était trop connu pour pouvoir se dispenser d'y porter l'étoile jaune... Pourquoi s'est-il obstiné à rester après avoir reçu la visite d'enquêteurs allemands? Ses ressources, il les tirait de ses gouaches qu'il eût aussi bien pu faire ailleurs. Je sais qu'en 1943 des amis inquiets de son sort lui suggèrent de se choisir une autre retraite & l'eussent pour cela le pourvu de faux papiers ayant bonne apparence. Il ne voulut pas se rendre à leurs raisons, confiant semble-t-il dans les assurances qu'il avait reçues d'un de ses émules en astrologie & en physionomie, un Suisse qui jugea prudent de fuir la France quand les Allemands furent contraints de s'en retirer. [Conrad Moricand]. Peut-être M.J. s'est-il senti à la fois trop las pour courir l'aventure & assez ferme pour affronter le pire."
TOMBEAU DE JEAN-SEBASTIEN GALANIS. (Mort pour la France à bord du S/S Lisieux, le 27 nov. 1940). S.I. 1949. Imprimé pour Pierre Reverdy. L. de St.-B. 25 nov. 1941. 33-34. "Mon pauvre cher, Ces voyages sont dangereux pour moi. Ici je suis protégé, je suis Mr. Jacob. Sur les routes, je suis un Juif errant & déjà la Gestapo par deux fois m'a fait sentir sa présence. Je n'irai pas à cette terrible, cette splendide effroyable fête de la mort de ton petit. Je prie pour son âme tous les jours & pour vous aussi. Mais je n'irai pas. Je crains aussi le froid, les privations de Paris & l'obligations d'y voir trop d'amis & de parents. Je n'irai pas mais je suis avec vous. Je suis heureux d'avoir la photo de ce cher enfant: oui! il a l'air d'un brave, il a l'intelligence & le dédain des mesquineries sur la face. Mon pauvre cher, en même temps que ce splendide poème de Pierre, cette gravure (un de tes chefs-d'oeuvre) le monument du goût, le plus parfait, le souvenir de tout le passé (mon Dieu est-ce possible). Mes dernières années ne sont plus qu'expiation. [...] l'avenir s'écroule. Il faut pleurer, pleurer, pleurer!!! Je t'embrasse, embrasse Fanny, présente mes hommages douloureux à la famille."
LA FAMILLE JACOB PERSECUTEE PENDANT LA GUERRE.
LA BOUTIQUE DE SON FRERE. Jacques Jacob avait tenu une boutique de tailleur dans le 14e arrondissement.- VM, 275. "En juin 1941, pendant qu'il rédige les CJP, la boutique de son frère parisien, le seul qui survivra, est saisie par les Allemands. 'Je vis dans une profonde tristesse, une douleur aiguë, profonde. Les Allemands ont pris la boutique de mon frère qui n'a plus que le pavé. Ceux de Quimper qui sont riches lui proposent 200 francs par mois. Ils ne savent pas ce que c'est que la misère. Mon frère ne veut pas que je l'aide: c'est atroce! je pleure en t'écrivant'. Et Max souligne amèrement que sa famille est pourtant française entièrement."
DERN. LETTRES SUR SA FAMILLE. Grenier. "Cet homme était Protée. Op. cit. 11. "Les dern. l. d'une corr. qui fut universelle & échevelée obéissent à un adagio, la turbulence, engendrée par un jaillissement ininterrompu cesse. Il écrit (c'est en 1942) 'Je suis accablé… Ma famille a dû vendre des immeubles & l'argent est bloqué dans trois banques. Ma soeur minée en est morte. Un frère dépossédé d'une humble boutique. Un beau-frère mort dans un camp de concentration, sa femme presque folle de désespoir...' Il se dit 'las & triste' [...]. C'est alors qu'il atteint cette unité dans le dénuement qui marque le terme de sa vie."
---. J. DE PALACIO. C'était il y a 30 ans. 56. Palacio cite des l. inéd. à Minet du 30 janv. & 16 fév., à Cocteau du 20 janv. & du 8 fév. après la déportation de sa sœur Myrté-Léa. 'Je suis dans le deuil comme si elle était plus que morte.' (à Cocteau 20 janv.). D'une autre l. à Cocteau, 8 fév.: 'C'est la seule personne de ma famille que j'ai aimée. Nous avions d'interminables confidences il y a 50 ans & nous jouions du piano à quatre mains: les symphonies de Beethoven en comptant 1.2.3.4, c'est atroce.' Pour elle, il remue ciel & terre, s'adresse à Misia Sert, à Coco Chanel, à Sacha Guitry, à J. Cocteau, à P. Minet; &, de façon caractéristique, le calembour se mêle jusqu'au bout à l'émotion: 'Ma pauvre petite soeur serait bien confuse de déranger tant de grandes gens ou Jean' (à Jean Cocteau, 8 fév.). [...] 'Quand tu la connaîtras, tu ne comprendras pas pourquoi le malheur est tombé sur cet agneau.' (à Minet, 30 janv.). […]. 'La grande affaire [...] de savoir si ma soeur est toujours au Drancy’ & d'essayer de la sauver... (à Minet, 16 fév.). [...]. Une de ses dern. phrases écrites est 'Je me tais & j'attends.' (à Cocteau, 8 fév.).
"EN DEC. [1941], son beau-frère Lucien Lévy, le mari de sa soeur préférée Myrté-Léa, artisan en fer à Paris, était arrêté & emmené au camp de Compiègne. 'Mon beau-frère est dans un camp de concentration, malade de la dysenterie & à la mort […]' - écrit Max à M. Manoll. Ma soeur sur laquelle les malheurs effroyables grêlent depuis trente ans n'a aucune consolation. J'ai un frère dépossédé de sa boutique & réduit à la misère. Je n'ai pas assez de larmes pour vous tous & j'offre ces larmes à Dieu [...]." En mars 1942 M.J. se rend à Compiègne & traversera Paris la dernière fois, pour assister à l'enterrement de son beau-frère Lucien Lévy. En avr. 1942, enterrement de sa soeur D. à Quimper. " VM, 276-78.
EN JUILLET 1942 SON FRERE GASTON QUI, LUI, FAIT PARTIE DU 'CORPS SOCIAL QUIMPER' (voir l. à M. Manoll) est arrêté pour être allé se promener avec son étoile jaune dans un jardin public interdit aux Juifs, le jardin qui a été élevé, ô dérision! sur l'emplacement même du TB. Libéré après cet incident en déc. 1942 (VM, 282) Gaston est arrêté à Quimper & dans trois mois, avec 'seize autres Finistériens', il prendra le chemin de l'Allemagne; il n'en reviendra pas. Max écrit à Belaval: 'Je vis dans la douleur: mon frère de Quimper 68 ans & sourd a été emprisonné; pourtant je dois écrire des lettres, recevoir des visites & accepter des repas."
ENTERREMENT DE SA SOEUR DELPHINE. VM, 278. "Le 30 avr. 1942 M.J. écrit à Salmon: 'J'arrive de Quimper où j'ai dû enterrer ma soeur aînée & sous les magnolias écroulés splendidement dans ma rivière, j'ai vu aussi, maigris & fanés, une poignée d'amis, survivants de collège, au milieu de la cohue encombrant maintenant les rues de ma ville de leur brutalité neuve. Ma pauvre soeur est morte sans maladie mortelle. Morte de contrariétés, d'impuissance à riposter, d'incompréhension, de l'injustice, morte des vols, des assassinats. Elle qui avait une telle confiance dans la loi, les lois, les décrets, les institutions de la République sa mère & son appui. Elle était sur son lit comme une très belle jeune fille mais avec une affreuse expression d'angoisse. On l'a trouvée telle un matin, Ophélia des draps blancs, devant l'armoire à glace de sa mère & la cheminée cornue de candélabres familiaux.' - Pour une dern. fois aussi, Max a marché dans les rues de la ville tant aimée, accompagné de son frère Gaston & de quelques amis; cette fois, la ville n'était pas derrière eux & les cloches de Saint-Corentin ne sonnaient pas pour cette Juive. Un témoin poète, René Guyomard, m'a écrit qu'il n'oublierait jamais le 'feu sombre' du regard de Max. Il écrivit un poème sur la mort de sa soeur, on le lit dans les DP. «Je regarde à travers mes pleurs./ Ici la mort a pour voisine/ la croissance des palmiers nains:/ Ton corbillard, ô ma Delphine!/ n'est qu'un oiseau des boulingrins.» - [Tout Quimper pense qu'elle s'était suicidée. La veille de sa mort elle aurait dit à son vieux frère, elle si dure, si renfermée: 'Embrasse-moi.' (Note 1, p. 278: Jehanne Allier, soeur du compagnon d'enfance de Max, Pierre Allier, l'a confié à Hélène Henry)]. Max dira qu'elle est morte d'impuissance, de douleur & de peur.
---. L. A L. GUILLOUX. 26 avr. 1943. France-Asie, no. spéc. 366."J'arrive de Quimper où je suis allé enterrer ma soeur aînée, morte d'émotions, de chagrins, d'impuissance, morte subitement dans son lit. Très jeune & belle sur ce lit, avec une expression d'immense douleur, morte bien qu'elle n'eût aucune maladie mortelle sinon une faiblesse des poumons. Les médecins ont été surpris. Mon vieux frère qui ne l'a jamais quittée reste seul devant une table où nous avons été huit quotidiennement. L'enterrement était à la mode bretonne, une foule, une foule sympathique elle était bienfaisante & aimée. A qui le tour dans la famille?"
"JE SUIS ACCABLE & PEU EN TRAIN DE T'ECRIRE." A Bonet. 15 janv. 1944. Cat. No 258. Op. cit. "Non seulement j'avais depuis un an un frère emprisonné en Allemagne (chagrin!), mais on vient de mettre mon innocente soeur dans un camp (douleur aiguë)."
LUCIEN LEVY SON BEAU-FRERE, LE MARI DE SA SOEUR PREFEREE MYRTE-LEA, artisan en fer à Paris était arrêté & emmené au camp de Compiègne. VM, 276-77, n. 1. 'Mon beau-frère est dans un camp de concentration, malade de la dysenterie & à la mort.' 277, n. 1. Ils n'avaient eu qu'un seul enfant qui, souffrant de troubles mentaux, avait dû être interné à Villejuif. - 288. Max s'était cru protégé; il parlait souvent mystérieusement, sans jamais le nommer, de son 'protecteur'. - Quand il fut arrêté, P. Andreu pense qu'il ne s'agissait pas d'une mesure qui le visait particulièrement; " depuis la veille, les Allemands raflaient les derniers Juifs du département."
MA FAMILLE A ETE RUINEE. L. à Guilloux. "Max nous parle." France-Asie. No spéc. [362]. "A St.-B., je suis M. Jacob, homme protégé (j'en ai eu trois fois la preuve); sur les lignes ferrées, je suis le juif errant, proie de toutes les rafles policières... Ma famille a été ruinée [...] l'appartement de Quimper pillé, mis sous scellés, déménagé par les fenêtres. Deux morts! Un emprisonnement! Le deuil. On dirait que Dieu veut des témoignages vivants. - Mon frère prisonnier a quitté Compiègne avec quinze autres bretons pour une destination inconnue... & je n'ai plus beaucoup de tête ni de sang froid... Je me tue par la peinture pour laquelle je ne suis pas né et je néglige la poésie, la prose où je pourrais encore réussir si j'avais un désir... Je suis très vieux, tu ne me reconnaîtrais guère. Je ne dors plus la nuit..."
MALHEURS DE SA FAMILLE - LUI PROTEGE. MR. T.r. 73-74; Gallimard. 101. "Bénéfice de Dieu." "De grands malheurs sont advenus à ma famille: je peux peut-être les soulager, grâce à mes amis si nombreux. Il y a autour de moi des compassions très réelles, ma famille est accablée des plus grands maux possibles: je suis épargné, bien que souffrant pour elle & avec elle. La prison & la honte sont sur eux, hélas! mais Dieu n'a pas voulu que son serviteur soit comme eux. Je suis sorti de la misère depuis que j'appartiens à Dieu. Vraiment je suis protégé, je sens cette protection & j'en remercie le Seigneur."
"MAX JACOB REPETE PLUSIEURS FOIS QU'IL EST PROTEGE pense-t-il à Buesche?" VM, 275. "En oct. [1941], R. Toulouse lui amena un officier allemand qui connaissait l'oeuvre de Max & avait un vif désir de le rencontrer. Critique d'art dans le civil & franchement antinazi, cet homme, Albert Buesche, qui occupait une importante fonction dans le journal allemand de Paris le Parizer Zeitung, avait rencontré Toulouse dans une exposition. [...]. En rentrant à Paris, [Buesche] avait dit à Toulouse: 'S'il lui arrive quelque chose, prévenez-moi tout de suite'."
MA VIE EST FINIE. A Esdras-Gosse. Roeping. 107. 10 janv. 1944. "Cher Ami, Merci de tes bons souhaits. J'en ai besoin. J'ai un frère de 68 ans en prison en Allemagne & on vient d'arrêter ma plus jeune soeur, an ange de simplicité & de douceur. Ma vie est finie, brisée. J'ai une épée dans l'âme. Je travaille pour m'occuper mais le coeur n'y est plus. D'ailleurs je vis confortablement comme tous les retraités. Que Dieu te conserve le courage, l'espoir"; LBEG, 47.
"MOI-MEME, GROS EGOISTE, JE PLEURE PRES D'UN EXCELLENT FEU DE BOIS, en digérant, gémissant sur l'emprisonnement de mon frère & trois deuils dans ma famille. J'ai embrassé la cordonnière, l'aubergiste, l'épicière, le coiffeur, etc... & reçu des remerciements émus en dégustant d'excellents alcools, & j'ai mêlé à tout cela les malheurs de la France. Quelle pétaudière que mon âme, & comme je mérite peu les grâces patientes du Bon Dieu." L. à Dion, 3 janv. 1943. Doc. du Val-d'Or no. spéc. mars 1945. 35.
MYRTE-LEA, SOEUR DE M.J. DEPORTEE EN ALLEMAGNE. VM, 286-87. Le 4 janv. 1944, Myrté-Léa qui vivait terrée à Paris, est arrêtée. De tous les coups que Max a reçus depuis des années, celui-là est le plus terrible. Toutes les l. qu'il écrira dans ces semaines témoignent de la douleur, presque l'égarement, dans lesquels il vit. Le 19 janv., il écrit à Misia Sert, (qui ne lui répondra pas): 'Voici le comble de l'horreur! ma plus jeune soeur, ma préférée, celle que j'appelais encore ma petite soeur bien qu'elle eût 62 ans! elle a été arrêtée sans prétexte, conduite au Dépot, puis au Drancy où elle est encore. C'est pour elle que je demande votre intervention…' Le 31 janv., il écrit à P. Minet qu'il croit bien placé pour intervenir: 'Sauve... ma pauvre soeur! Quand tu la connaîtras, tu ne comprendras pas pourquoi le malheur est tombé sur cet agneau - ah oui - c'est épouvantable. Ma vie est brisée par l'âge & le chagrin.'- Et, en post-scriptum - il y avait des p.s. un, deux, trois, dans toutes les l. de Max,- :'Elle a un fils, il est dans un asile d'aliénés: son mari est mort dans un camp en 42, elle n'avait plus que ce gars, elle vivait pour son dimanche pour aller voir son fils & lui apporter tout ce qu'elle pouvait. Ce malheureux être n'a plus de mère & ma soeur n'a plus de fils. C'est inhumain! C'est infernal! c'est sans raison..." Pendant tout ce mois de janv., ce mois de cauchemar, Max écrit à tout le monde, à Coco Chanel, à Cocteau qui verra Guitry […] à Salmon, à Anatole de Monzie [...], à l'évêque d'Orléans, à d'autres notabilités religieuses [...]."
SES PRISONNIERS: SOEUR & FRERE. MR. T.r. 13-14. "Le Paradis." "Un roi ne voudrait pas répondre à une l. de moi, j'en ai la preuve aujourd'hui; les grands de la terre, malgré mes supplications, ne s'occupent pas de mes pauvres prisonniers, mais Dieu se tient devant ceux qui demandent. Mon Dieu, je vous demande de délivrer mes prisonniers: mon frère & ma soeur." Gallimard, 46-47.
LA GUERRE
GESTAPO. "L'humour qu'il portait en lui, le plus haut, ne désarma pas: il y avait épinglée dans sa chambre une de ses dernières gouaches intitulée: 'La gestapo faisant taire un perroquet.' J. Follain. Les Uns et les Autres. 79.
LA GUERRE-BOMBARDEMENTS.
Cadou."L'Oeuvre de M.J." Cahs. du Nord, no. spéc. 192-93. 16 juill. 1940. "J'ai passé des nuits & des jours capables de rendre fou, des nuits de bombardement où entre temps les autos sans essence s'arrêtaient: elles contenaient des mères qui avaient perdu leurs enfants, des familles riches qui n'avaient pas mangé depuis des jours, immobilisées sur la route, des suicidés qui s'étaient manqués... Je recommence à redessiner mais j'ai une espèce de sourire qu'on prendra longtemps pour un sourire aimable & qui est le sourire de la folie. Les vieux meurent prématurément, mais je ne suis pas vieux, je suis mort.- J'essaye exprès de lire des vers & j'éclate de rire. Est-ce possible que nous ayons cru à ce sanscrit, cet hébreu? Mais les – gens - meurent, comprends-tu que les gens meurent encore dans les hôpitaux? Je n'écrirai plus ni vers ni prose ni dessin ni peinture. Faites votre vie s'il y a encore des amateurs de cela. Moi c'est bien fini, ah! cette fois, c'est bien fini... Pour moi le rideau est baissé. Je t'aime & j'aime mes amis mais si tu entendais la musique militaire allemande jouer des valses avec la grosse caisse sous tes fenêtres & les officiers à califourchon sur les fenêtres applaudir bruyamment, tu comprendrais qu'il s'est passé quelque chose capable de briser une vie & même une cervelle."
---. VM, 262. "A partir du 14 juin [1940] Max avait tenu un journal qui est à la BMO & que la N.R.F. a publié, à quelques coupures près, en mars 1958.- 19 juin [du journal de M.J.]. "Effroyable bombardement par canon peur qui mène les habitants à la crypte. Je l'entends de la salle des Fêtes de l'Hospice transformée en infirmerie & où je couche la nuit, occupé à veiller les blessés & dormant peu c'est là que j'ai vu cette famille des suicidés conduits là par un Espagnol qui disparaît avec la voiture & leur fortune. Ces pauvres suicidés étant des gens très bien & convenables."
LA GUERRE - ST.-B. MIRACULEUSEMENT MENAGE. Andreu cite l. 21 août 1940 à Béalu. VM, 261-62. "Oui! j'ai eu un mois de juin corsé: chaîne ininterrompue de voitures fuyantes d'un pont à l'autre, affamés, blessés, suicidés. On s'écrasait aux têtes de pont, 1200 morts à Sully, ville détruite avec détails affolants ou navrants. Ici on hébergeait, on couchait des inconnus, on soignait des blessés à l'Hospice où j'ai fait l'infirmier. On a vécu sous un arc-en-ciel de bombes [...]. Châteauneuf a quarante maisons de moins. Gien est à moitié détruit, mais nous n'avons pas été égratignés. On a failli m'arrêter comme Juif." [Voir l. à Rimbert & à Manoll].
GUERRE UNIVERSELLE. Ibid. 265. En 1940 "Max sait que l'on n'a pas encore vu le pire & que l'Humanité est entrée dans une période de 'guerre universelle', peut-être de fin du monde, de Déluge [...]."
HITTLER. [Sic.]. Rousselot. Op. cit. 207. L. 9 janv. 1940. "impitoyable & menteur, le démon Hittler tomberait comme les soldats qui venaient arrêter le Christ tombaient à la renverse. Convertissez-vous donc!" Idem "Ninive ayant été menacée de destruction, prit le deuil & jeûna trois jours & trois nuits, hommes & bêtes, & Ninive fut épargnée. C'était substituer la douleur volontaire à la douleur forcée. Si la Fr. se convertissait de façon à substituer le royaume de Dieu demandé dans le Pater ('que votre règne arrive!') au royaume du diable Hittler..." Note 2. ‘M.J. écrivait ainsi le nom d’Hitler.’
---. "OUI LA FRANCE SERA VICTORIEUSE PAR LA CROIX & la Foi. Dieu tout-puissant l'aidera si elle s'approche de lui. 'Que votre règne arrive!' Le démon ne tient pas devant Dieu, de même que les soldats sont tombés quand le Seigneur a dit: 'C'est moi!' Si la France devient le Royaume de Dieu, Hittler tombera de même." Roland Beyer. "Une lettre inéd. de M.J." 17 janv. 1940. Op. cit. 28.
HITLER. LCB. Lettres mystiques. [6]. 20 juill. 1942. "Hitler est un miracle en noir; le triomphe de Satan qui autorise la revanche prochaine de Dieu quand le temps d'épreuves sera raccourci par nos prières."
---. L. INED. A KAHNWEILER. 30 sept. 1939. Album Pour D.H. Kahnweiler. Stuttgart: Verlag Gerda Hatje, 1965. "D'ailleurs la Loire, au cas improbable d'invasion soviétique (je ris en pensant à Hitler soviétisé ou judaïsant: c'est un sinistre comédien). La Loire dis-je serait un chemin naturel d'avions & ses célèbres monuments un but aux destructeurs d'innocence... sans parler d'autres choses plus attirantes."
---. VM, 265. "Il écrit à Béalu le 27 janv. 1941: 'L'Amérique seule fait peur à Hitler & elle déclare qu'elle ‘n'admettra pas une défaite de l'Angleterre!' 'Jusqu'à cette paix (?) rien à faire qu'à obéir provisoirement pour ne pas augmenter le malheur public par le mécontentement exprimé.' "
---. IBID. "Au moment de Munich, il écrit à Julien Lanoë: 'Je ne suis pas assez les mouvements des événements pour avoir une opinion sur la conduite des gouvernements. Mon opinion ne peut être que toute 'dénuée de sens', comme ma poésie romantique: si c'est la guerre, c'est horrible, si ce n'est pas la guerre, c'est la guerre pour bientôt & la France sera ce qu'annonce "Mein Kampf". J'entends des propos odieux qui me font frémir: 'J'aime mieux me dit-on, être Allemand vivant que Français mort (sic).'
---. IBID. 256, n. 1. Le 27 sept. 1938 il écrit à André Sauvage: «Hitler a assez dit & imprimé ses projets pour qu'il ne soit pas permis d'en douter & il est doué d'un orgueil assez fort pour que les alliances qu'on lui oppose ne l'arrêtent pas. L'issue n'est pas douteuse & l'Allemagne est vouée à l'écrasement mais que de morts auparavant…»
---. LML, 86. 24 janv. 1940. "Cette folie qu'on nous sert depuis dix ans est sans doute celle de Néron."
LTB. 140-41. HOROSCOPE DE HITLER. A Moricand. 17 fév. [1943]. "Quant à Hitler qui a la même date que Maurras & Napoléon III c'est 'Caractère enclin à la domination. Le sujet sera l'esclave de sa femme non par manque de volonté mais par faiblesse de coeur. De quelle femme s'agit-il? Serait-ce son âme, son génie? Pour Napoléon III c'était vrai. On ne connaît pas de femme à Hitler, sinon son génie."
"JE DEFENDS MON EPOQUE: elle est terrible, infecte & noire comme le Moyen-Age, & il y a des saints comme le Père Foucauld, Eve Lavallière, Ste Thérèse de Lisieux & beaucoup d'autres." LCB. [7]. L. 20 juill. 1942.
PROJET DE SE RETIRER A BELLOC. VM, 264. "Le 29 juill., il écrit à J. Lanoë pour lui demander s'il ne connaît pas une maison - autant que possible religieuse - où l'on le prendrait (genre hospice de vieillards). 'Je ne serais pas entièrement à la charge de l'administration, je possède une rente viagère de 7000 Fr. (depuis son accident d'auto, en 1929, avec Pierre Colle). Tant que j'ai vendu de la peinture régulièrement ça marchait très bien. Mais tout est fini!!! Je n'aurais donc que cette ressource... Autant que possible j'aimerais que ce fût en Bretagne & c'est pourquoi je m'adresse à vous.' - P. 266-67. "Au printemps 1941, Max songea-t-il sérieusement à se retirer dans un monastère, le monastère de Belloc? On peut le penser si l'on en croit les l. qu'il adressait fin mai à Béalu & dans lesquelles il disait que ses 'résolutions monastiques sont retardées plutôt qu'ébranlées’: Principale raison de ce retard, outre l'affection des amis 'qu'il est dur de couper', l'incertitude sur le sort de sa famille, dont Max pressentait qu'elle allait avoir de plus en plus besoin de lui. Le martyrologe de la famille Jacob va, en effet commencer. (267, n. 1). En juin, Max écrit à L. Emié: 'Il est possible que je passe à Bordeaux mais dans des circonstances assez tristes. Il est question que j'aille finir mes jours au monastère de Belloc. J'hésite encore sur ce point décisif.'"
REFUGIES ESPAGNOLS. LLP, 151. Chez le Dr. Benoiste (de Kerpape) B.P. 36, Lorient, Morbihan. 24 juin 1937. "[...] mes larmes n'ont coulé que pour cette misère espagnole - elle est exploitée par des tenanciers que l'Etat paie dix francs par tête de pauvre & qui rasent les macaronis & le lait dont on nourrit leurs puces."
---. DISQUE VERT I:2 (mai-juin 1953): 88. A Béalu. "Il y a des réfugiés espagnols qui ont des revolvers & qui font des discours à leurs compagnons, discours tels qu'on envoie des policiers. Cependant les enfants sont sans biberons, sans lait, les malades sans lits & j'en ai vu couchés par terre. C'est atroce." - VM, 238. "Il accepta pourtant, entraîné par l'exemple de Claudel, de signer un manifeste d'intellectuels en faveur de Franco, ne voyant dans les événements d'Espagne que les violences exercées contre les prêtres."
GYMNASTIQUE INTELLECTUELLE
A DOUCET. Sept. 1907. Corr. I. 33. "Voici quels étaient mes exercices: il s'agissait de trouver une idée sur chaque carte postale vue dans l'une ou l'autre boutique. Si je ne trouvais pas d'idée, il fallait que je restasse immobile jusqu'à ce que l'idée vînt. J'emplissais ainsi lentement de pauvres carnets d'un sou avec un pauvre crayon."
---. GUIETTE. Vie de M.J. Op. cit. 132. "Je pris le livre d'enfants, Le Géant du Soleil, qui n'avait jamais paru en volume, & je le saupoudrai de toutes les pensées paradoxales & de toutes les fantaisies dont mes carnets d'un sou s'étaient remplis, depuis bien des années, pendant mes promenades à pied du Bois de Boulogne à la place de la Nation & pendant mes journées. J'avais eu, en effet, des années de gymnastique intellectuelle, m'imposant de trouver une idée d'un réverbère à un autre, & de rester immobile au pied d'un réverbère jusqu' à ce que j'aie [...] trouvé." 144. "il fallait que l'esprit jamais ne se repose."
L'HABITUDE COMMENCE AVEC LE PREMIER ACTE
R. VILLARD CITE M.J. QUI ECRIT AU PREM. CHAP. DE HCH. "Rien au monde ne me fera oublier les enseignements de mon prof. de philosophie, &, dans cet enseignement, une phrase qui, toute ma vie, fut, est & sera mon guide, ma morale & mon préservatif: "L'habitude commence avec le prem. acte." "Hist. d'une classe de lycée." Op. cit. 78.
PAR CONTRE, M.J. a toujours lutté contre l'habitude, tueuse de l'âme & de la religion. (LRR, 106, n. 61).
HOMOSEXUALITE
"L'ABSENCE DE MAURICE [SACHS] ME FAIT MAL comme un feu de charbon de terre qui donnerait la migraine, le mal de mer. Je me retiens d'aller me mettre en travers de mon lit & de pleurer." Lachgar. M.J. Op. cit. 67. D'une l. à Cocteau. Et de confier à R. Toulouse: "Tu sais, M. Sachs est venu me chercher. C'était le démon tentateur. J'ai quitté ma chambre en pyjama & nous avons fait une escapade de 48 heures sur sa moto..."
ACT. ET. Op. cit. 141. "Les anges déménagent." "depuis ta dernière débauche/ tu sens la bile & la colique/ comme un musée zoologique!"
---. 15-16. "A la manière de..." "L'amour est une maladie. [...]. L'amour demeure maladie [...]. l'amour vient vite & guérit tard."
---. 18. "Amour! [...] "Il plut à Dieu qu'il se révèle [...] que n'ai-je alors changé de peau."
---. 142. "Apostolat." "Il n'est que le drap de mort contre l'amour."
---. 28. "Bénéfices de Dieu." N'est-ce pas abuser de sa miséricorde/ que de se confesser si souvent & si mal/ & aussitôt après retourner à son mal."
---. 29. "Bien entendu." Inc. "tous les matins messe, communion/ tribunal de Grâces, confessions/ & j'arrive là avec [...] mes inclinations grossières..."
---.32. "Bilan." "L'amour, quoi! c'est la volupté/ mise à la sauce du lyrisme/ l'amour vase d'iniquité."
---.245. "Brûlez mon corps pour y détruire l'amour…" "Poèmes mystiques"; PR, 564.
---. 36. "C'est dans une île […] la joie d'aimer n'est plus une torture/ on peut aimer sans perdre son salut."
---. 174. "Désir." "Deux cous comme deux serpents/ ne savent où ils se posent/ deux baisers ferment la rose/ ils ont la saveur du sang."
---. 175. "Les deux amours." "car Jésus nous défend l'amour à Lui rebelle/[...].Ce n'est pas Votre Nom que diraient mes péans/ Mais le sien arraché par d'horribles délices."
---. 181-82. "Et au-delà." "Mes pieds sont-ils chaussés du feu de la luxure?/ & mon rire enflammé? & toute ma carrure/ jusqu'au coeur de l'enfer?/ [...] "Mais quand réapparut le serpent du plaisir/ gémissant de brûler nos carapaces/ pour marquer notre corps de lèvres & les noircir/ nous nous attendîmes à l'enfer & face à face/ pour la douleur, unique volupté, ô gladiateurs!/ & pour la volupté, torturantes douleurs" ; LJF, 274.
---. 188-89. "Gare au 7e roulement." "Jésus dit: Vos amours m'offensent [...]."
---. 79. Inc. "Je n'ai jamais pu comprendre" "Je sens autour de mes reins/ l'éternité de l'enfer [...]"
---. 209. "et j'oublierai la chair la terre & ma défaite/ & le mal joyeux des passions non satisfaites."
---. 13. «Actualités éternelles.» ‘Sous le choc de mon désir/ - & qui pourrait le contenir?’
---.115. "Péché originel." "L'homme est une ouate mouillée de l'eau d'enfer."
---. 125."Sainte Vierge." "Moi, j'ai mon profil/ de diable [...] je hurle en silence mes péchés hypocrites - Evohé!"
---.92. Sans titre. "Un prisonnier demande grâce & moi je demande les châtiments!"
AMITIES & RENCONTRES. "M. J." Jules Romains. Flammarion, 1970. 84. "[…] un soir, aux environs de la Place Blanche. Deux ou trois camarades, dont Vildrac, avaient dû dîner avec nous dans quelque bistrot. Je réentends Vildrac disant à Jacob: 'J'imagine que certains ne sont pas des plus propres.' C'était la suite d'une conversation à laquelle je n'avais pas participé. Je compris, par la suite, qu'il s'agissait de jeunes agents de police, auxquels M.J. adressait volontiers ses hommages, & qui, selon lui, présentaient entre eux des différences anatomiques bien intéressantes pour l'amateur!"
L'AMOUR DEVOUEMENT & L'AUTRE. MJ/JC, 527-28.12 avr. 1927. St.-B. "Mais pense à la différente manière d'aimer. Aimer quelqu'un pour soi-même, c'est aimer quelqu'un pour les joies qu'il nous donne c'est comme aimer une femme & c'est un manque effroyable de respect à la personne humaine [...]. Voilà l'amour immonde défendu! mais que tu supportes les imperfections d'un enfant parce que tu vas le faire réussir & l’adapter & l'adopter, ça c'est l'amour selon Dieu. Ce qu'il y a de vraiment désintéressé dans nos amitiés plaît à Dieu; s'il reste quelque chose d'autre, c'est, n'en doute pas, l'enfer. Enfer & péché sont synonymes. [...]. La grande confusion vient de ce qu'il n'y a qu'un mot pour désigner deux contradictoires: l'amour de nos propres joies par le moyen d'un individu que nous aimons; & l'amour de cet individu en nous mettant à sa place & en voulant son perfectionnement. De cette confusion il faut sortir […]."
L'AMOUR MYSTIQUE-DUALITE. Dans P, 30 M. Tropgrandglaïeul tient ces propos: "On peut être pieux & aimer Elvire ou l'argent d'Orgon. L'amour mystique & l'autre voisinent."
L'AMOUR POUR LE CHRIST. PR. 442. «La trad. est [...] ancienne de recourir à la métaphore érotique pour traduire l'amour mystique & Le Livre de l'Ami & de l'Aimé, puis la lecture des visions d'Anne Catherine Emmerich évoquant son fiancé céleste, ne purent que confirmer le poète dans cette Appréhension. 'J'attends d'aimer mon Dieu comme j'aime les corps/ J'attends de vous aimer plus que la terre/ Jésus, l'Adam & Toi, la Mère.' Act. Et. NRF, 250 (juill. 1934): 21. - P. 576. Le lyrisme religieux de M.J. est surtout un chant d'amour qui connaît tous les états de la passion amoureuse. - P. 577. 'Je désire votre présence, mon Dieu.'In Mesures. "De tous mes yeux je cherche tes yeux & de chaque partie de mon corps Ton Nom.'( FE, 134). 'Coeur de mon corps reviens que je T'aime encore.' (Ibid, 136). - P. 578. Les métaphores amoureuses ne surprennent pas dans une poésie mystique."
---. ANDREUCCI, CH. "De la Bonne Parole à la Parole Poétique." Qui (ne) connaît (pas) M.J.? Op. cit. 37-38. 'Mon amour vous retient captif/ & mon oeil vous regarde à la dérobée, ô Créateur/ Je me tiens rougissant avec le sourire de l'amour.' [...] 'O Créateur! je vous aperçois & la honte/ me fait minauder.' "A la lecture de semblables poèmes, on songe à l'homosexualité du poète, trouvant dans le Christ un objet idéal. Il ne faut cependant pas oublier, comme l'écrit Simone Weil que 'reprocher à des mystiques d'aimer Dieu avec la faculté d'amour sexuel, c'est comme si on reprochait à un peintre de faire des tableaux avec des couleurs qui sont composées de substances matérielles. Nous n'avons pas autre chose avec quoi aimer.' " [M.G. Nous n'aimons pas nos parents, nos enfants, nos amis avec ‘la faculté d'amour sexuel'].
---. idem. 37. "L'amour de M.J. pour Dieu connaît tous les états de la passion amoureuse: l'attente impatiente ('La grâce de tes rayons d'arc-en-ciel/ Comme elle tarde à venir.' 'O Créateur'), la jalousie ('La jalousie me brise car les amants du Seigneur l'assiègent...', jusqu'au désir physique 'C'est Ton Corps & non le mien que je désire' [...]. Les poèmes d'amour, & les plus voluptueux de l'oeuvre jacobienne s'adressent au Christ. 'O Créateur' dépeint si bien l'attitude d'une amante impatiente que l'on se demande si M.J. n'est pas en train ici de parodier son propre langage amoureux." ‘Mon amour vous retient captif/ & mon œil vous regarde à la dérobée, ô Créateur/ Je me tiens rougissant avec le sourire de l’amour’ […].
---. DT, 197-98. Jésus est le grand amour de sa vie. Il éprouve pour sa personne une tendresse presque amoureuse. Voir 'Mise au tombeau.' 'Tu es encore plus beau qu'auparavant, chéri [...]. J'aime à sentir ton corps dans mes bras, mais je sais que je te retrouverai vivant: je voudrais partir avec toi qu'on m'enterre ici dans cette grotte, tout de suite à côté de toi [...]. je suis amoureux de ton cadavre et je vois combien je t'aimais sans le savoir [...] ils t'ont fait souffrir: [...] jeune homme plus que charmant, plus que séduisant [...].'
L'AMOUR POUR COCTEAU. Peyre, op. cit. 90. Roger Toulouse parle. "Sur le plan de l'homosexualité, Max disait très simplement les relations qu'il avait eues avec J.C., entrecoupées d'orages fréquents. Des relations sexuelles à coup sûr, mais des rapports épisodiques. Jamais il n'a voulu me donner de détails sur ses brouilles avec Cocteau. Si, un seul: 'Tu vois, un jour Jean m'a fait cadeau d'un tableau. Maintenant l'envers de ce tableau me sert pour travailler. [Par contre, Cocteau avait confié au Dr. Szigeti qu'il avait subi des brimades de la part de M.J.]. Lorsque Cocteau s'était installé à Montargis, pour écrire Les Parents Terribles, les deux hommes se virent, mais sans enthousiasme. Cela dérangeait Max de voir Jean Marais aux côtés de Cocteau. Il y a eu aussi une liaison accidentelle entre Max & un célèbre chanteur. La plus passionnée, semble-t-il & la dernière fut avec Maurice Sachs."
L'AMOUR POUR M. SACHS.
Prem. l. à M.S. St.-B. 18 fév. 1926. BMO. "Vos amis souffrent de votre absence. Je souffre de la leur. Que faire ? [...] J'ai sacrifié aussi mon coeur & je suis venu ici m'écraser devant Dieu loin de Maritain que j'aime, de Robert [delle Donne] qui est mon ami & que j'apprécie, de Jouhandeau, de mes deux Jeans [Cocteau & Aurenche]. [...]. Comme toi j'aime à fond Robert delle Donne, j’aurais depuis longtemps quitté Paris si mon coeur ne m'avait retenu près de lui. Je me suis arraché à ses tendresses, j'ai arraché mon coeur mon cœur mondain pour que le cancer de Dieu puisse s'étendre dans ma chair. Voici cette pauvre chair qui saigne de partout & toi, très aimé Maurice tu es en sang comme moi, c'est ce qui nous rapproche car maintenant commence pour nous une autre amitié." BMO; Raczymow. M. Sachs. Op. cit. 115-16.
---. Il écrit A R. MANUEL: 'Maurice Sachs! Qui dira mon affection & mon respect pour cet être angélique?' VM, 203.
---.VM, 215-16. "Fils Maurice, Ça ne peut pas continuer comme ça. Tu agis non seulement avec indifférence au point de vue de la fidélité, [dans VM filialité]mais contrairement au contrat. Non seulement tu gardes mes dessins sans les payer[souligné 4 fois] ce qui est impossible, mais tu m'empêches de les vendre, alors que j'en ai l'occasion tous les jours. Pendant ce temps, je meurs de faim ce qui t'est bien égal. Atrocités! Tu es mon fils tout de même car le coeur n'est pas le portefeuille & réciproquement"; Raczymow, op. cit. 175.
---. L. de 1929. "J'AI POUR TOI UN AMOUR, COMME ON DIT, MALHEUREUX car tu me méprises & je t'aime vraiment.- En 1930 il écrit encore. "Je t'aime; tu es un des seuls êtres qui m'intéressent, tu es excellent & plus saint que Maritain teint..." BMO; Raczymow. 174-75. Après la publication d'Alias il ne pardonne plus à S., un jour que Béalu lui demandait s'il l'avait connu M.J. répondra: 'Quand j'entends ce nom, je crache.'
---. L. A J. DENOEL (Coll. Denoël). St.-B. 8 nov. 1936. Belle. Op. cit. 122-23. "Après m'avoir volé, roulé dans la boue, il a l'audace d'une dédicace affectueuse […]"; Plantier. MJ. 162-63; Raczymow.267; frag. cat. MJ & P. 240, n. 25.
MJ/JC, 540.[fin mai 1927]. « Maurice sera à Paris le 31 & à St-B. le 6. Joie, joie, pleurs de joie! Je rassamble des fonds pour l’exode, sa grand’mère me le laissera jusqu’au 4 juill. »
---. 450 [14 nov. 1926]. «IL EST PARTI HIER soir avec les Jacques Bonjean venus le chercher ici. La gare est à 5 kil, je suis allé les y conduire & j’en suis revenu à pied dans la nuit en pleurant doucement comme une pauvre vielle mère dont le gars est parti pour la guerre. […]. Maurice a un beau caractère, me dis-tu - & c’est vrai: on lui chercherait un défaut qu’on ne le trouverait pas: chez lui ce que l’éducation donne aux autres est naturel. Au point de vue de talent il a bien entendu tout à apprendre mais quels dons! S’il a assez d’intelligence pour diriger sa pointe il tiendra la tête de sa génération car il y a tout en lui. Il sera beaucoup plus populaire que nous: il y a le gros roman en lui. Je ne lui ai guère donné de conseils, le pousssant seulement (& avec quelle énergie !!) à écrire […] je crois de plus en plus qu’il ne faut pas former les gens, mais leur insuffler le courage d’être eux-mêmes.» 458, n. 2 à la l. de J.C. nov. 1926. «Jacob a raison de faire appel à Cocteau pour essayer d’apprendre à M.S. à ne pas médire: étant très médisant lui-même, il n’est pas le meilleur professeur.»
L'AMOUR POUR PHILIPPE LAVASTINE. Corr. inéd. coll. paticulière.
---. PJ, 333. A Blaise Allan. Grand Hôtel Boissel, Bénodet, s.d. [1930]. "Bien sûr, Philippe signifie adoration céleste, personne n'aime plus Philippe que je fais - mais avec lui on a toujours peur des plus terribles histoires, qu'on vous le ramène mort ou qu'il ait tué quelqu'un. Quand Philippe sera prêt, vers 40 ans, il fera de grandes choses. Mais alors, il sera riche & ne fera plus rien."
---. IBID. 303, n. 1. "Ph. Lavastine (1908), fils du célèbre professeur de psychiatrie Maxime Laignel-Lavastine. Indianiste, spécialiste du sanskrit, il fut élève de l'orientaliste Sylvain Lévy (président de l'Alliance Universelle juive, cousin germain par alliance de M.J.).[...]. Appartenant à une famille cath. pratiquante & conformiste, il ne fut pas converti par M.J., mais amené par lui à la confession. Ils s'étaient connus autour des années 1930 à l'Hôtel de la Madeleine à Paris parmi les jeunes poètes de l'entourage de J. Cocteau, milieu que fréquentait Ph. L. sans être lui-même poète."
L'AMOUR POUR REGGY. LPM, 56. Rue Nollet, 26 fév. 1931. "Chapitre II Reggy. Angoisse précordiale, sensation de vide dans l'estomac. Vertige, tristesse sans cause. Au fond simple camaraderie. Dîners à deux, conversation en taxis, on a les mêmes goûts. Mais c'est fini! j'ai besoin de paix, de travail: la fin de Satan, comme aurait écrit Victor Hugo. […]. 57. On a fini la soirée au café de la marine où j'ai entraîné tout le monde avec l'espoir de voir Reggie. Il y était en effet & surveillé de loin par une demoiselle qui a la spécialité d'aimer tous mes nouveaux amis alternativement. Elle était accompagnée d'un chandelier (voir Musset), un chandelier chambellan. Je les surveillais tous les trois, c'était tout à fait vaudeville: il n'y a que l'amour pour faire des oeuvres 'nature'." Note d'Anne Kimball. 57. "C'était un jeune anglais un peu gigolo dont Jacob s'était évidemment épris..." Note: Reggie de Sablon-Favier, rentier & gigolo argentin, qui devait se pendre à la suite de revers de fortune."
L'AMOUR POUR RENE DULSOU. Corr. inéd. coll. privée.
KIMBALL, ANNE. MJ/JC, 581. 1934-1944. «Las de la vie à Paris qui est une lutte sans trêve contre la faim, la misère & le péché, Jacob retourne dans son Loiret en 1936 où il restera jusqu’à la fin de sa vie. Il avait surtout beaucoup souffert de son amour pour R.D., amour qui a encore été une déception sans bornes en 1935.»
---. PJ, 378. A Mme Armand Dayot. 12 juin 1933. "Je dois aller passer, malgré la pluie, une semaine à la campagne chez des amis." Note 1. "M. & Mme Dulsou avaient loué pour l'été au Vésinet (Seine & Oise), près de la gare, une grande villa, laquelle était une institution de jeunes filles pendant l'année scolaire."
---. IBID. 398. à Henri Vandeputte. 24 sept. 1935. "Le séjour à St.-B. de sept ans m'a rendu grave à jamais & la période de richesse qui a suivi m'a donné des occasions de libertinage qui m'ont conduit à de véritables passions pour mon malheur (n. 1), c'est-à-dire à d'effroyables douleurs morales, dont je porte la trace dans le coeur qui est tout arraché, saignant des larmes." Note 1. 399. "M.J. venait de rompre ses relations amicales avec René Dulsou, dont il avait fait la connaissance à la fin de l'année 1932 chez les Léon Merle de Beaufort, que fréquentaient ses parents." - 402. A du Plantier. 17 rue St. Romain, 21 mars 1936. "Je pleure à l'idée que tu me pardonnes mes forcèneries [sic]. J'ai été fou -oui oui oui -! de chagrin & c'est le passé." 404. Au même. 26 avr. 1936. "Je tiens à vous voir auparavant & si tu pouvais me faire revoir René ne fut qu'un instant, ce serait une grande joie […]. je n'ai pour lui que les sentiments les plus bienveillants, les plus paternels & les plus doucement douloureux: qu'il le sache!" P. 408. Au même. 21 mai 1936. "Merci & bénédiction sur vous & sur René."
---. FIN 1932, M.J. avait rencontré R. Dulsou [qui écrit sous le pseudonyme Sinclair], dont il est tombé amoureux. Cet amour fut une torture pour lui à cause de sa religion, & le 22 mai 1933 il écrit à L. de Pougy: "[...] cet hiver j'ai eu un événement terrible ayant été atteint d'une passion que l'Eglise réprouve & m'étant trouvé comme devant la mort, entre un amour qui m'a tordu & mâché jusqu'à me réduire en (aux) larmes & le refus de l'absolution par trois fois, ce qui est comme une excommunication. Si bien que je ne pensais qu'à la mort, n'ayant pas le droit de penser au suicide." LLP, 119. ["Ballade de la visite nocturne", l'un de ses plus beaux poèmes inspiré par son amour pour R.D.].
---. In LPM, 90. [19 avr. 1933]. "Ici c'est la torture en attendant l'enfer." Note: A cause de son amour pour R.D. Ibid. 95. [30 août 1933]. "Je pars ce soir même pour Lourdes & de là à Saint-Marcel (Aude) chez Mr. D. [Chez son jeune amant R.D.].
---. LJF, 253. Quimper, 27 déc. 1935. "Personne ne touchera l'orgueil de Le Louët... [L'amant de R.D. pour qui il avait quitté M.J.] sauf son prochain chagrin d'amour quand René l'aura laissé tomber, ce qui ne va pas tarder. Il est volage!!" Ibid. 24 mai 1936. 261. "Fais! mes! amitiés! à René! quand tu le verras! ne le dis pas devant d'autres: tu me comprends. J'ai pensé à lui dédier les Morceaux choisis qui décidément paraissent mais j'ai eu peur qu'il le prenne mal & fasse du scandale." Ibid. Hôtel Robert, St.-B. 14 juin 1936. 266. "J'embrasse en plein ciel & à pleines joues Germaine & Lannes, les du Plantier. [...]. Quant à Le Louët & René... j'attends… espoir... as-tu reçu ma carte myosotis flottarde?"
L'AMOUR POUR ROBERT DELLE DONNE. Raczymow. 116; [BMO]. Prem. l. à M. Sachs. 18 janv. 1926. "J'ai souffert effroyablement de quitter Robert vendredi. Je l'aimais trop pour rester à Paris. Toi seul peux comprendre ce sacrifice, cette affection parce que tu le connais & que tu sais ce que nous devons au Seigneur seul digne de ‘culte’."
---. HOTEL DROUOT, 19-20, nov. 1987, lot. 125. 37 lettres intimes, 1926-29 à R. delle Donne. "Ne dis à personne que tu es après Dieu, ce que j'aime le plus au monde… Je vis avec toi. Je suis furieux quand mes rêves nocturnes m'apportent une autre figure que la tienne."
AMOUR POUR P.M. FRENKEL. HYPOCRISIE-CONVERSION-AMOUR. MJ/JC, 339. 13 août [1925]. «[…] étudiant de 20 ans qui fait le prof. de danse & des dancings pour se faire de l’argent & roule en auto toute la nuit, se vante de recevoir de l’argent des dames âgées, ne rentre dans les églises les musées qu’en pensant aux vols possibles, ne parle à ses parents que sur un ton ironique. Il passe sa vie sur son auto; il y dort le jour, lui soigne la peau […] je suis censé devoir le convertir… & il y a en somme du vrai. Je ne suis jamais complètement hypocrite.- 355-56. 13 oct. 1925. Le roi des danseurs est parti, énigme, & moi je suis Philoctète avec plaie au foie, non au pied. – 357. P.S. Tu sais à qui ressemble le roi des Danseurs…- Exactement… à Thomas l’imposteur lui-même. – 359. 16 oct. 1925. Je suis ‘délivré’ de l’auto, de l’autoroute. Je ne t’ai en somme rien dit de lui. C’est Thomas l’imposteur. Converti ou non, je n’en sais rien: il est un abîme de mensonge & de silence. C’est un gars, un gars très affiné, qui a besoin d’argent & qui ferait n’importe quel métier pour en trouver mais sa famille veut qu’il fasse des études. Alors il est devenu ‘sans scrupules’ & sa famille s’en plaint. Lui se tait sur tout. J’écrirai un livre sur lui 300 pages ; […] On s’attache à un homme tellement énigmatique mais on a tort […].»
---. 362. Quimper, 24 oct. 1925. "FRENKEL QUI REPRESENTE LE DIABLE DANS MA VIE malgré l'aristocratie profonde de sa coquinerie savait le bien que me fait la méditation & tout son effort portait là-dessus: m'empêcher de faire la méditation."
LMJ, 247. [Janv. 1926]. Il avait converti Frenkel mais il est tombé amoureux de lui. "J'AI PLUSIEURS SORTES D'AFFECTIONS OU D'INFECTIONS POUR LUI: L'UNE EST PEDAGOGIQUE."
AMOUR & POEMES D'AMOUR. PR, 580-81. 'Angoisses & autres.' 'J'ai peur que Tu ne t'offenses/ lorsque je mets en balance/ dans mon coeur & dans mes oeuvres/ ton amour dont je me prive & l'autre amour dont je meurs... Qu'écriras-tu en ces vers/ ou bien Dieu que tu déranges/ Dieu, les prêtres & les anges/ ou bien tes amours d'enfer/ & leurs agonies gourmandes." FE, 125.- "Le rythme impair exprime parfaitement ici la claudication de l'homme partagé entre deux amours. [...]. Les poèmes d'amour [...] sont rares & souvent déguisés: nombreuses sont les variations sur le thème de 'l'amour enterré', qui racontent la peine d'un amant en deuil (R, 173, 182, HC, 25, 53. Cf. 'Roman, romance & double mort' in NL (31 mars 1934): 2 […] dit surtout la déroute des amours humaines vouées à la fragilité. Les quelques poèmes d'amour véritable du poète suivent généralement une rupture ou un échec. Notamment HC, 55. ‘Ton miroir est signé de moi & tu le donnes!’ [...]. Les amours de Jacob sont 'amours d'enfer'.
---. IBID. 581-82. "la honte [...] ne tue pas l'amour. 'd'autres voix pleurent ton absence.' FE, 142. [...] le poète demeure un éternel divorcé tentant dans un écartèlement impossible d'aller vers l'absente & rester près de Dieu. 'J'ai deux amours.' Courrier des poètes 19 (sept. 1936): 11. In 'Roman, romance & double mort' ( paru dans NL). [...] les deux prem. mouvements sont totalement consacrés à exprimer le chant du fiancé à sa bien-aimée éloignée de lui: 'Encore durer loin de toi’ [...] l'on pense être devant une nouvelle mise en scène sur le thème habituel de l'amour désuni. Mais le 3e mouvement fait intervenir un je différent, non plus fiancé fictif d'une belle inconnue, mais moi du poète sacrifiant à Dieu tout lien terrestre: 'Mon Dieu! voici donc que je T'offre/ ses regards fixés dans mes yeux/ son corps si tendre qui m'échauffe/ c'est ce que je t'offre mon Dieu.'
"L'AMOUR SANS OBJET EST LE PLUS DOULOUREUX & QUAND IL Y A PLUSIEURS OBJETS C'EST PIRE." LPM, 66-67. Rue Nollet, 3 avr. [1931]. Selon la n. d'Anne Kimball, c'est ce dernier qui est celui de M.J.; 6 avr. 1931. 67. "Nous vivons toujours dans la musique [à cause des musiciens Sauguet, Markevitch, Desormière] & le péché! Un amour sans objet est une angoisse physique. Un amour qui a plusieurs objets est un combat contre plusieurs ennemis, un doute, une naissance de jalousies & d'ennuis. J'ai les deux amours & même le 3e."
LES AMOURS MASCULINES par Michel Larivière. Lieu commun, 1984. 300. "De même, Douglas, Jacob, Pessoa, Owen & Crane qui, dans leurs vers, chantent leurs propres amours masculines, embelissent, transcendent, subliment l'acte sexuel." Extr. 1 DT, 109; 2 "Angoisses & autres." 3 "Corpus Christi." 4 "Examen de conscience" du FE.
'LES AMOURS 'SENILES'. LPM, 56-57. 55 rue Nollet. 26 fév. 1931. "Ma santé physique est toujours bonne, le moral est détruit par les soucis d'argent, les déceptions diverses & - qui sait peut-être - par l'amour. Ces amours séniles sont les plus dangereuses, odieuses. 'La duègne métamophosée en jeune premier.' (féerie)." "Chantons sur la guzla/ les amours de ce gugusse-là!"
ANDREU, VM. Il rapport ces trois vers de Max: "PECHER! PECHER! SE REPECHER!/ Mon Dieu! l'affaire de la pomme!/ Max est pécheur! Max est un homme!"
AN IMPERSONATION OF ANGELS: A BIOGR. OF J. COCTEAU by Frederick Brown. N.Y. Viking Press, 1968. 222. "[...] Jacob found the gifted, beautiful, unbalanced boys who occasionally reeled into his orbit irresistible. He would mother them, educate them, grow weary of them, reject them, & repent."
APPEL DU SEXE. LPM, 60. 1er mars 1931. "Une revue qui s'appelle Cinégraph [...] déclare avoir pour collaborateurs Saint-Pol Roux, Jean Royère, Gustave Kahn, Marcelle Tynaire, Godoy, etc... & me demande ma collaboration pour un sujet 'Appel du Sexe'. Lequel ?"
APRES SON RETOUR D'ITALIE. A Lascaux. Op. cit. 63. 5 nov. 1925. Café des Deux Magots. "St.-B. me paraît bien pâle quand je reviens de si beaux pays. Mais je ne sais pas vivre ailleurs sans pêcher & les monastères me semblent quelque chose de trop pompeux pour moi. D'ailleurs j'ai encore ici un semblant de liberté par mes oeuvres. Je ne l'aurai pas ailleurs."
A PROPOS DE L'INTERVIEW DU DR. SZIGETI QUI PARLE DE L'HOMOSEXUALITE DE M.J. R. Plantier. "M.J. & la critique litt. des témoins." M.J. no 2 (1979): 110-11. "[…] il y a aussi dans l'oeuvre de très nombreuses marques d'une communion avec Dieu, d'une confiance tendre, charnelle, que nous trouvons passionnante non parce qu'elles serait un trait de l'homosexualité mais parce que nous savons que M.J. était un homosexuel, ce qui n'est pas la même chose [...]. Le problème de l'homosexualité devait être replacé dans l'expérience créatrice & personnellement nous pensons que certaines corr. 'inéd.' pourraient nous éclairer au moins sur le terrain de l'écriture, qui nous semble, en définitive le seul qui soit intéressant."
ARAGON PARLE DE L'HOMOSEXUALITE DE M.J.
"J'étais à cette époque un très jeune garçon. Je ne crois en rien de simple & de sage quand je vous aurai dit que Max a essayé de me faire monter sur ses épaules pour trouver quelque chose qui était en haut d'un mur. Enfin, je me suis tiré de là.. Je n'étais pas très fier, voilà tout. Vous savez comment était Max, c'était un personnage! Picasso lui-même a raconté des choses sur ce sujet." Lachgar. MJ, op. cit. 71.
L'ATTITUDE DE M.J. & DE COCTEAU ENVERS L'HOMOSEXUALITE. MJ/JC, 400. 8 mars 1926. M.J."Je voudrais changer de peau tous les matins [...]" J.C.: "Je ne me lève jamais sans me dire tu n'y peux rien: accepte!" (J.-J. Kihm, E. Sprigge, H. C. Béhar. Jean Cocteau: l'homme & les miroirs. Table ronde, 1968. 13).
---. «COCTEAU & MAX JACOB : AMIS D’ENFANCE» par Anne Kimball & Maria Green. Le siècle de Jean Cocteau. Textes & documents réunis par Pierre Caizergues & Pierre-Marie Héron. Centre d’Etude du XXe siècle/ Université Paul Valéry Université Toronto. 2000. 157-68. A propos de l’homosexualité des deux poètes voir 163-68. 163-64. Après P. Andreu M.J. considère l’homosexualité comme un ‘accident affreux, un accroc dans la robe de l’humanité’ «Jacob vit ses amours sous le signe de la culpabilité & souffre atrocement du remords qui le fouaille. Dans la DT il dit ; «Je n’ai jamis pu distinguer la part de pureté & celle de l’impureté qui se mêlaient dans mes affections. […]. Dans ses l. à ses jeunes amis, il prône la chasteté. Il se réfugie deux fois à St.-B. pour éviter les tentations qui s’offrent à lui à Paris, mais d’après des témoins discrets, même à St.-B. il n’a jamais pu renoncer à l’amour des garçons. René de Ceccaty remarque que ‘la chasteté n’est une obsession que pour ceux qui y sont le moins enclins.»
"AUSSITOT ADOLESCENT, LA LUXURE S'EST EMPAREE DE MOI & si on ne m'avait pas châtié j'y aurais perdu ce que j'avais d'intelligence." "Les Péchés." Ren. de Fl. No. spéc. "M.J. ou les chemins de la conversion." 23; Ibid. 26. "Dieu nous donne la joie de procréer & nous imaginons la luxure"; ibid. "Le Jugement Dernier." 28. "Tu es né avec un peu d'intelligence, tu l'as perdu en excès & en péchés;" LAS, 23. 5 nov. 1923. "Hélas! je porte le poids d'une vie de hontes! une vie qui m'a empêché de grandir d'au moins deux centimètres car ma croissance s'est honteusement arrêtée avec des vices précoces, une vie qui a perdu mes cheveux & mes dents, qui a rougeoyé mon teint, épaissi mes épaules, voûté mes épaules, blanchi mes cheveux, vieilli avant l'âge. Aujourd’hui, rien ne peut réparer l’irréparable: mais sans aller jusqu’à ce crime envers soi-même & envers les autres (car on peut être un scandale vivant) chaque pas vers le mal est un reflet sur le visage. " LAS, 23. 5 nov. 1923; Corr. II. 237.
BELAVAL. Op. cit. 24. "Nous arrivions à la cure. Tout le monde dormait. M.J. me prit par la main pour me guider dans l'ombre. Il avait ôté ses sabots. Tout à coup la main se crispa: 'Pourquoi ris-tu? demanda-t-il d'une voix inquiétante. - Or, je n'avais pas ri. [...]. 'Tu n'as pas ri? Je te crois. Eh bien! c'est que le Diable rôde ici. Chaque fois que je veux mal faire, j'entends ce rire...'"
BERTIN, PIERRE RACONTE qu'il avait hébergé M.J. quand il voulait fuir la rue Gabrielle "[...] petit à petit les gens savaient que Max était chez moi & on venait le voir, si bien que ça devenait le défilé de tous les loqueteux de Montmartre, de tous ces bonhommes que Max fuyait [...]. J'entendais des choses étranges: 'Tu es un salaud [...] & tu mourras salaud!' C'était un défilé de types incroyables, des histoires de moeurs sûrement! Après il allait se confesser, il sortait purifié, & il recommençait. Les confesseurs ne savaient plus quoi lui dire car c'était toujours les mêmes histoires. 'Vous m'avez déjà raconté tout ça; ménagez-vous, monsieur, pensez à votre santé.'" Lachgar,53.
BIOGR. REDIGEE PAR M.J. pour le Dictionnaire de René Edouard-Joseph, 8 août 1931. "En 1921, très écoeuré par la vie de plaisirs où j'étais entraîné, je cherchai un asile hors de Paris." Dict. biogr. des artistes contemp. Paris: Gründ. T. II, 1931. [Lettre J].
BRASSEUR, PIERRE. MA VIE EN VRAC. Calmann-Lévy, 1972. 164. "VOUS RESTEREZ LOIN DE MOI, […] CAR JE SUIS PEDERASTE, mais n'ayez crainte jeune homme, pas avec une gueule comme la vôtre, j'aime les ombres de voyous, & surtout pas ceux à qui je rends un service au départ, ce serait du chantage."
"CE QUI M'A LE PLUS ELOIGNE DU MARIAGE C'EST L'EXEMPLE DES MENAGES DE MES AMIS, les fers à repasser brandis ou les casseroles." [A propos de la rivalité entre Eva Gouel & Fernande]. Cat. M.J. & P. 237, n. 31. Feuillet 'Revolvers 9'. Coll. part. Chron. des Temps Héroïques. Prem. éd.
CHASTETE. Réalités secrètes XIII (fév. 1962): 5. 'Ballade de la buée sur la route' contient un enseignement moral une promenade en auto dans la nuit éclairée par les phares: 'Les phalènes s'échappaient comme les étincelles au fer du remords. Les vers luisants fixaient mes amours inscrites dans les ciels justiciers du purgatoire [...].' Inc. 'A cette époque de l'année...'; PR, 359. Dans LBEG, 14. Jacob rappelait qu'un poète 'n'est pas un pénitent qui étale ses péchés'. Mais [...] la vie dévote par exclusivité qu'elle implique ne pouvait qu'influencer l'oeuvre du poète en ce sens.- P. 371. […] il va jusqu’à prôner la chasteté absolue, inconditionnelle, même aux hommes mariés, & la raison n'en est plus la peur du péché mais le danger spirituel que représente la sexualité. En 1940 à M. Manoll "Je crois que la plus parfaite chasteté est indispensable à la vie de l'esprit'. LMM, 59. Affirmant encore 'la chasteté & l'intelligence sont des synonymes.' In 'Vin, sang, esprit.' Op. cit. s.p.
---. PR, 374. In VI , 109. "Le chromosome." "Il y a deux divinités à chaque bout du monde [...]. L'une est hideuse & fait plaisir, l'autre délicieuse & remplit mon coeur d'amour."
---. RENE DE CECCATY. "L'Ombre de moi." Gai pied 39 (juin 1982): 42. "Or, même si l'anecdote de Sachs décrivant Jacob couchant avec remords & volupté avec un jeune admirateur, pion dans un collège de Jésuites, [Joseph Pérard] pour se confesser aussitôt après, est véridique, on aurait beaucoup de mal à repérer dans l'oeuvre poétique [...] des allusions à son apparente hystérie sexuelle. [...] La chasteté n'est une obsession que pour ceux qui y sont le moins enclins [...]. Chaste ne signifie pas désincarné! Voici comment il s'adresse au Christ au tombeau: 'Tu es encore plus beau qu'auparavant, chéri, & je ne voudrais jamais te quitter. J'aime à sentir ton corps dans mes bras, mais je sais que je te retrouverai vivant: je voudrais partir avec toi & qu'on m'enterre ici dans cette grotte, tout de suite à côté de toi. Ton ventre est dur aussi: c'est ce qui surprend le plus dans les cadavres. Je n'avais jamais vu comme tu as les pieds fins. Tout cela ne m'est pas ravi, puisque je te retrouverai bientôt. (DT, 197)." [M.G. Poème cité maintes fois dès qu'on mentionne son homosexualité & son amour pour le Christ].
CABANNE, P. LE SIECLE DE PICASSO. Op. cit. 270. "[...] cette grande & belle fille [Fernande] lui [à M.J.] faisait peur, & ne cessait de se moquer de son penchant pour les porteurs d'uniformes moustachus."
---. IBID. 410. 'NE JAMAIS ALLER A MONTPARNASSE'. "Mais renoncer à ses vices ne serait-ce pas aussi renoncer à l'exaltante délectation du remords?"
COMPLEXE DE PERE. LRR, 102, n. 28. "Lui qui n'a pas de fils en chair & en os, a compensé cette absence par l'abondance de ses 'fils spirituels'. M. Béalu écrit qu'il aimait les poètes 'dans l'oeuf' & L. Emié parle de la 'sage-femme' des poètes. Cet amour pour les jeunes, tant de fois pris pour l'expression de ses tendances homosexuelles tantôt vécues, tantôt sublimées, manifeste surtout un ardent désir de partage: faire profiter les jeunes de sa vie de recherche."
CORRECTION SUR LES EPREUVES DU CD. Andreu. MJ. 105, n. 1. sur les épreuves du CD une correction [...] très révélatrice. Le p. 'Ruses du démon pour ravoir sa proie' se terminait par cette phrase: 'Mon Dieu, délivrez l'humanité des vices qui la tuent.' M.J. l'a rayée."
DANS HCH IL N'Y A PAS DE SENTIMENT IMMONDE POUR L'ENFANT. A E. Jaloux. 3 mai 1924. Corr. II. 287. "[…] je vous prie d'effacer de votre esprit l'idée que mes héros aient pu avoir, dans HCH, un sentiment immonde pour l'enfant qu'ils croient élever."
DT. VM, 122. Passage coupé de 'Méd. sur ma mort.' "Gourmand. Susceptible. Orgueilleux. Joyeux à l'excès. Triste sans raison, maussade, méprisant, capricieux, bavard, présomptueux, cupide, sinon avare, avide de louanges, comédien, amoureux, amoureux, amoureux, amoureux, accessible au vice." Note 1, 122. ‘Méditation sur ma mort’, juin 1918. Ce passage sera coupé dans la DT.
---. Cité in PR, 87. DT, 120. "Le Père F... me parle des vertus chrétiennes & je l'écoute les larmes aux yeux; le soir je retombe dans les grandes horreurs parce que je ne sais pas vivre sans certains de mes amis & qu'ils ne savent pas vivre sans horreurs; DT, 164. "S'il est vrai que j'ai parfois porté l'amour de mes amis jusqu'à l'oubli de moi-même [...], il faut dire à ma charge qu'il n'y avait là qu'un dévouement de vieille fille, qui donne ce dont elle n'a que faire. De plus, le diable y trouvait son compte pour ce que je ne nommerai pas & que Dieu a bien voulu pardonner. Car je n'ai jamais pu distinguer la part de pureté & celle d'impureté qui se mêlaient dans mes affections." Voir aussi F,196; in PR, 88. "L'Eglise le matin & la bombe le soir." [M.G. C'est l'habitude de M. Dur l'alterego de M.J].
---. ---. 440-42. POESIE AMOUREUSE DONT L'OBJET EST LE CHRIST. DT, 197. 'Ton corps de mort! l'avoir tant aimé vivant! [...]. Je tiens tes bras entre mes bras & mon corps sur ton corps [...].' In 'Corpus Christi.' FE, 136. 'O tristement aimé Corps de mon coeur Coeur de mon corps reviens que je t'aime encore.' In DT, 196. 'Moi, je vais t'embrasser pour mêler mes larmes à ta sueur de sang...' In SI, 197. 'Mon amour vous retient captif/ & mon oeil vous regarde à la dérobée, ô Créateur/ Je me tiens rougissant avec le sourire de l'amour,/ trésor commun des amants du Seigneur vagabond.' - "Oui, Jacob parle en amant du Seigneur, & se montre tel un amoureux transi. On se souvient que la beauté de celui qui s'est montré à lui l'a d'abord frappé & l'on ne peut s'empêcher de songer à une sublimation des amours homosexuelles de Jacob en la personne adorée du Christ. Ne les met-il pas lui-même en balance dans ses 'angoisses & autres'?"
---. DT, 128.S. Audel. Francis Poulenc: Moi et mes amis. Paris/Genève, 1963. 99. "Je prends à témoin, Seigneur, qui m'a mis à neuf/ Mon âme de pécheur rempli de turpitudes;/ Tu sais de quels péchés j'avais pris l'habitude..."
LE DEMON. Corr. I. 227 à E.-M. Poullain. Mars 1921. "[...] il faut être chrétien pour savoir ce que c'est que le démon. C'est quelqu'un d'horrible. Ma vie est une vie de souffrances car je ne puis plus pécher avec plaisir, & je souffre des remords."
DV. 312. LMB. 23 août 1943. "Les spécialités d'A. Gide & de Wilde ont autorisé celles d'un grand nombre & ce n'est pas beau. Tout se paie. Les polissonneries amènent la dépopulation & la dépopulation amènera l'invasion jaune. Il ne me plaira pas d'être Chinois. C'est la faute des poètes du XIXe siécle." [M.G. C'est juste le contraire de la conviction de Cocteau qui voit la grande mérite de l'homosexualité dans le fait qu'elle empêche la surpopulation].
DIEU - UN ROMAN D'AMOUR. Peyre. Op. cit. 116. R. Toulouse parle. "Sa rencontre avec Dieu est un roman d'amour. Intime & orageux. Viril & charnel. Un libre contrat qui part du fond des entrailles."
DA. "Don Juan." Op. cit. 56. "Avenir! avenir! que voit Juan dans l'aube grise/des épaules nues? des chemises?/ Non! son ambition se précise!/ Il demande d'un sourcil hagard/ Un uniforme de hussard"; A la fin p. 59. "Le père/ Vous êtes le mauvais amant/ Juan (confus)/ Je manque de tempérament."
---. DV. Calligrammes, 1994. 88. Dédicace à Béalu. 'Le Dos d'Arlequin ou le vrai Max Jacob, refoulé hélas!' - P. 89. «Cette dédicace date de 1937. Quelques années plus tard, je trouvai un exemplaire de ce dernier livre en lambeaux sur sa table. Max n'ayant jamais possédé, à part ceux que ses amis lui apportaient à 'orner', un seul de ses ouvrages, je fus doublement surpris. 'Tu comprends, c'est un livre obscène [...] chaque fois que je le trouverai je le détruirai…’»
"DOT DU PENITENT" POUR SE RETIRER A ST.-B. EN 1936 . "Afin de constituer ce qu'il nomme 'la dot du pénitent', il se décide à se produire sur la scène des Noctambules, 21 mars-13 avr. 1936."
"L'ENFER QUE MERITE MA VIE désordonnée, stupide & dissolue plus que n'importe quelle vie contemporaine." LNF, 179. 19 fév. 1941.
LES EPISODES PEDERASTIQUES DANS LE MS. DE MINET CHOQUENT M.J. LPM, 42. Grand Hôtel. Bénodet, 2 juin. 1930. "C'est déjà un tel péché d'avoir lu ton livre! (c'en est un bien plus terrible de l'avoir écrit)"; ibid. 44. "je suis ton ami malgré ce qu'il y a de terrible dans ton livre. Si tu crois que je vaux mieux que ton héros... j'essaie peut-être d'être meilleur que lui mais je n'y parviens jamais." Tréboul, Pension Ty-Mad, 16 juin 1930.
"EST-CE QUE, MEME SI JE NE COMMETS PAS DE PECHE, JE SUIS PECHEUR TANT QUE JE N'AI PAS DERACINE MA PROPENSION? Je suis en danger de damnation parce que à la prem. occasion je retomberai. Cela est-il vrai? j'ai peur que non! j'ai peur que ce soit une hérésie contre la rémission des péchés !" Méd. inéd. de Denoël. Plantier. MJ. 76.
FERNANDEZ, DOMINIQUE. "L'ANGE HUMILIE." C.r. de VM. Express 1597 (18 fév. 1982): 40. «Si P. Andreu évite l'hagiographie, il faut lire entre les lignes pour comprendre que M.J. non seulement était homosexuel, mais, de surcroît, de l'espèce masochiste de ceux qu'attirent les voyous & qui adorent se faire maltraiter. L'ermite de St.-B., aimé de tout le village pour son humilité souriante, descendait volontiers de son vitrail pour s'encanailler. [...]. On aurait aimé que le projecteur éclairât un peu plus cette face nocturne, non par curiosité déplacée, mais parce que sa poésie est née de cet humus ténébreux. En 1982, la pudibonderie empêche encore de recourir à la psychanalyse. Les moeurs sexuelles de M.J. seraient à étudier entre d'autres symptômes d'une conduite générale d'échec.» [M.G. Voir préf. Y. Pelletier, LRV].
LFF, 117, n. 68. "A Montparnasse il rejoindrait ses amis au Café de la Rotonde ou au Dôme & ils l'entraîneraient vers des plaisirs interdits. Il avait écrit sur le mur de sa chambre de la rue Ravignan: NE VA JAMAIS A MONTPARNASSE! & le même commandement, parfois transgressé, figure sur le mur du 17, rue Gabrielle."
"LES FEMMES, C'EST TOUJOURS LA MEME CHOSE." Secrétain parle. Peyre.39. "Je le conduisis chez moi. Jamais l'atmosphère de ma chambre ne m'avait été si pesante. Nous étions tous deux très gênés ou du moins s'il ne l'était pas, il me parut l'être. Je l'étais moi-même atrocement, car il faut bien le dire, il me faisait des propositions dépourvues d'ambiguïté... Il disait: 'tu sais, les femmes, c'est toujours la même chose, les mêmes petites histoires de linge féminin, les petits pantalons... tout cela, c'est moche.' "
F. Op. cit. "[…] il a préféré la misère & ses vices aux accommodements de l'art & de quelque carrière; des désordres ternissent ces héroïsmes." C'est Odon-Cygne Dur, l'alterego de Jacob, qui parle. in Ceccaty. Op. cit. 42. [C.r. de VM]. [...]. Dans ses Méditations, tentant de définir l'enfer en lui-même & de détruire 'ces regards sensuels qui ne cessent jamais.' "On respire", selon Ceccaty, "quand on découvre enfin un poème sans enfer."
FRANK. LNF, 39. 4 oct. 1923. "MOI AUSSI, JE VOUS AIME MAIS JE NE PEUX NI NE VEUX ME LAISSER ALLER A DES AMITIES QUI ME TUENT L'AME."
G.K. [GERALD KAMBER] IN HIS REVIEW OF N. OXENHANDLER'S LJF, 223, quotes Oxenhändler: "The core of M.J.'s experience is a posing of the problem of eros in a double relationship with poetry & with faith. Sexuality is rarely envisaged in his work in its romantic, heterosexual version with all the customary fabulation that this has come to assume; butrather eros appears as pure libido, as a dynamic & ambiguous force which the poet must transform, at the risk of his salvation. Max’s fictional surrogate, Victor Matorel, says: ‘J’ai connu l’amour avec une douce horreur. Dois-je avouer que j’ai été sodomite, sans joie, il est vrai, mais avec ardeur?’ […]. As M.J. was neither an ascetic nor a saint, the transformation of eros took place through an intermediary, through poetry."
GURY, CHRISTIAN. "M.J. QUOTIDIEN D'ANDRE PEYRE." Arcadie 298 (oct. 1978): 536-37. "M.J. éprouvait de 'l'aversion pour l'attirail de la coquetterie féminine', se répandait en propos misogynes, souffrait d'un complexe de laideur & d'une tendance au masochisme, entrait littéralement en transes à toute présence de jeunesse garçonnière. L'écrivain entretint de nombreuses aventures homosexuelles, qualifiées de 'discrètes, épisodiques & hygiéniques' par son biographe & deux grandes liaisons homo-littéraires avec Jean Cocteau puis Maurice Sachs. [...]. Le peintre R. Toulouse reçut, en 1936, une confidence: 'Tu sais, Maurice Sachs est venu me chercher. C'était le démon tentateur. J'ai quitté ma chambre en pyjama & nous avons fait une escapade de 48 heures sur sa moto.' "
HARDING, JAMES. THE OX ON THE ROOF. Londres: Macdonald, 1972. 117. "VALERY HAS POINTED OUT THAT UNBELIEVERS ALWAYS FIND IT DIFFICULT TO AGREE THAT SINCERITY OF FAITH CAN COEXIST WITH SHAMEFUL CONDUCT. [...]. The paradox is that the deeper a convert sinks into sin, the more he needs forgiveness. Faith is therefore inseparable from sin. (Or, as Dr. Johnson once roundly observed to a clerical gentleman: 'Sir, are you so grossly ignorant of human nature as not to know that a man may be very sincere in good principles, without having good practice?)' There was only one woman in Max's life - the improbable Mme Pfeipfer, or so Max said her name was. [...]. His true sins lay elsewhere, with nameless boys, muscular policemen [...]. He lived in a state of eternal remorse & accused himself of the vilest crimes. In 'Nuit infernale' he wrote vividly of his condition: 'Something horribly cold falls on my shoulders. Something sticky attaches itself to my neck. A voice cries down from the heavens: 'Monster!’ & I do not know whether it refers to me & my vices, or whether it is pointing out the slimy creature attached to me."
"L'HOMOSEXUALITE ETAIT UN ACCIDENT AFFREUX, un accroc dans la robe de l'Humanité." Andreu. MJ., 62; Arianna Stassinopoulos Huffington. Picasso Créateur & Destructeur. Stock, 1989. 61, n. 18.
"IF I HAVE SINNED HORRIBLY ON A CERTAIN DAY, THEN ON THE FOLLOWING DAY… I choke, I sob, I cry, I beat my face, my breast, my limbs, my hands; I bleed, I make the sign of the cross with my blood, with my tears. In the end God is taken in." Georges Lemaître. From Cubism to Surrealism in French Lit. Cambridge, Mass: Harvard U Press, 1941. 128; une trad. diff. in G. Kamber. M.J. & the Poetics of Cubism. Op. cit. XIX-XX. «If I had sinned terribly the night before, next morning, well before dawn, you would see me crawling on my knees through the Stations of the Cross. I choke, I sob, I weep, I strike my face, my breast, my arms & legs, my hands. I bleed, I make the Sign of the Cross with my tears. At the end, God is taken in.»
"IL A VECU SA VIE SEXUELLE SOUS LE SIGNE DE LA CULPABILITE, tendance renforcée par sa conversion. La rupture de ton & l'ironie, dans son oeuvre, manifeste la même honte de soi en brisant l'épanchement & en créant une distance par rapport à lui-même & au lecteur. Il prend un plaisir masochiste à se dévaloriser dans ses autoportraits, attitude qui rejoint un sentiment d'infériorité en tant que Juif par rapport à ceux qui sont nés chrétiens, en tant qu’homosexuel par rapport à ceux qui ont assumé la responsabilité d'une famille." LRR, 98, n. 5.
IL EST DIT QUE LE SCANDALE EST LE PLUS GRAVE PECHE & JE SUIS LE SCANDALE MEME. "Pense à ta vie sensuelle, à tes amours, à cet univers des amours." "Mort." Méd. inéd. coll. Gompel. Andreucci. Thèse de 3e cycle. Op. cit. 119.
"IL FAUT QUELQUE VERTU POUR ETRE AMI, CAR S'IL N'Y A PAS QUELQUE CHOSE A AIMER ON N'AIME PAS. Il est vrai que la vertu peut être remplacée par un vice ou deux mais les vices engendrent des rivalités & des querelles, & il faut un intérêt puissant pour y maintenir l'amitié ou seulement l'habitude." LFF, 24. 19 sept. 1918.
"IL FUT, SANS CESSE EN LUTTE CONTRE LE MAL." M. Béalu le montre tel qu'il fut "côté ciel ou côté enfer - à certaines bifurcations de son existence." DV. Calligrammes. Préf. 16; ibid. 49. L. de 1939. "L'homme est foncièrement mauvais! Le dogme du péché originel l'affirme [...]."
"IL Y A QUELQUES ANNEES, JE CROYAIS QUE 'HOMMES AU SEXUEL' S'ECRIVAIT COMME ÇA & je ne comprenais pas. Je croyais aussi que c'était quelque chose comme omoplate & les dérivées 'oblate, omelette, belette, etc...'" LJC, 27. [29 janv. 1926]; MJ/JC, 386.
"IN APRIL 1986, I ASKED FRANCOISE [GILOT] WHETHER PICASSO TO HER KNOWLEDGE HAD EVER HAD A HOMOSEXUAL RELATIONSHIP. She said she felt sure he had, because he lived with M.J. for a time in the early years & was also intimate then with a Spanish art dealer-writer-connaisseur who had a very powerful personality & dominated Picasso, who often referred to himself as an 'honorary homosexual'. I once asked J. Cocteau, an unreliable witness, the same question, to whom he gave a sensible answer: 'A man of such insatiable & universal curiosity as Picasso, as handsome, sensual & overtly genital as he, could hardly have failed to find out for himself what sort of sexuality men might experience with one another.' And the Minotaur, after all, devoured boys as well as girls. Moreover, his most sublime works were all created in intimate collaboration with another man, of whom he sometimes ironically remarked 'Braque is my wife'. When the collaboration ended he was never again so great an artist." James Lord. Picasso and Dora. N.Y. Ferrar Straus, Giroux. 1993. 87; p. 314. Françoise recalled his having said on some occasion: 'I am a lesbian'."
"IL Y A DES CHOSES QUI NE PEUVENT SE DIRE NI S'ECRIRE. Mes chagrins vont plus loin que tu ne le penses & dépassent la question financière: ma famille ni mes amis ne sont contents de moi pour bien des raisons... il y a des choses... des choses...enfin! J'espère, en effet que Notre-Seigneur me pardonne bien des folies: j'essaie de bien faire & je ne contente personne, pas même Dieu." A M. Leiris. Corr. II. 130. 26 oct. 1922. Note 146 aux LMLE "Ce que Jcob ne peut avouer, & que tout le monde sait, c’est son homosexualité, cause majeure de ses remords & de sa retraite à St.-B. - car 'en province on ne pèche pas.' Corr. I, 221.Mais les divers témoignages révèlent qu'il n'a jamais pu y renoncer."
"J'AIME IMMENSEMENT & EN SECRET..." "Je connais peu & mal les femmes..." "J'ai même peur de vous aimer trop." "J'ai peur de me mettre à vous aimer trop." "Que je vous eusse aimé si je vous avais connu deux ou trois ans plus tôt. Un jour je vous dirai au fond ce qu'il y a; mais je n'ai plus le droit de me laisser aller à l'abandon total." L. III, IV, V, IX de 1923: 23 juin; 16 juill.; 2 août; 4 oct. in LNF, intr. 11; [après ces l. timides, N.F. arrive. Il décrit son arrivée in Mémoire brisée. Op. cit. 131-32]. "dans un élan apparemment paternel (il avait 30 ans de plus que le garçon), il l'attire sur ses genoux &, le contemplant d'un air entre deux airs -'entre poètes on s'embrasse' - lui dit-il.- 'Embrassons-nous.' De quoi flatter le jeune admirateur, qui, fort chastement, lui dépose un baiser sur le front. 'Pas comme ça' - s'insurge Max, la voix & l'oeil brumeux. - 'Sur la bouche, à la russe, vive Dostoïevski!' Et il s'exécute lui-même, d'une telle façon que l'autre saute debout comme un beau diable."
"J'AVOUE, J'AVOUE (PUISQUE L'AVEU ÇA COMPTE)/ J'AVOUE L'IMPUDEUR & LA HONTE/ la chair, harpon terrible & l'assassin / hélas! mon Dieu, de tout ce qui m'est saint./ J'avoue mon coeur craquant pour d'autres que pour vous." Act. Et. 55. "Les deux amours."
"JE ME DEMANDE PARFOIS S'IL ME RESTE UNE AME! La mienne est pleine de péchés confessés tant bien que mal, hélas! quelle lutte !!" A Edmond-Marie Poullain. Mars 1921. Corr. I. 227.
"JE NE CROIS PAS QU'UN MOT DE PRETRE PUISSE ENLEVER DE MES MAMELLES LE LAIT EMPOISONNE DU PECHE [...]. Je suis né pécheur comme d'autres sont nés justes." Marc Alyn. "Tombeau de M.J." Cahs. des Saisons. No spéc. 20:4 (1959-60): 632; 628-29. "S'il existe un mystère M.J., & nous sommes nombreux à le penser, il peut paraître vain de se borner à en rechercher les clés dans une oeuvre écrite. Certaines questions exigent le grand air, celui de l'opéra intime de la sensibilité piégée pour accepter, le plus simplement du monde, de se formuler."
'JE ME CROYAIS UN GENIE COMME BEETHOVEN, L'ORGUEIL & LA SEXUALITE M'ONT PERDU.' Pérard. Op. cit. 9. Envoi sur son exemplaire SJ. Il ajoute: "Orgueilleux, il l'était par bouffées; [...] mais l'humilité est la clef de son caractère. [...].’La sexualité' de son double, Victor Matorel, & son aspiration à la pureté, à la libération: 'Seigneur, faites-moi mourir pour que je ne pèche plus'."
"JE N'AI PAS LA FORCE DE CHANGER MA VIE TERRESTRE QUI ME FAIT HORREUR SANS UNE AIDE & qui me donnera de l'aide sinon les prêtres cath.? Les juifs sont des hommes de l'esprit; j'ai besoin des hommes du coeur." A M. Raynal. 30 nov. 1914. [L. souvent citée]. Corr. I. 105.
"JE N'AI PAS HATE QUE VOUS ME VOYIEZ, ETANT ASSEZ HONTEUX DE MON PERSONNAGE." Rousselot. M.J. au sérieux. 27. "Un tout petit bonhomme, rond & non gros, chauve, avec de faibles mains aux ongles démolis, une figure à fissures profondes dans le gras-double. Les épaules beaucoup trop étroites, les pieds gros & mal chaussés." [M.G. Nota bene: Pieds fins du Christ].
"JE N'AI PAS LE COURAGE DE CONDAMNER PERSONNE à cause de mes faiblesses, & les passions passées prennent si vite le dessus en moi sur la vie chrétienne, que je ne sais le plus souvent si ce n'est pas moi l'homme taré." Adrien Jans le cite in C.r. du M.J. au sérieux. Rev. Gén. Belge 95(1959): 70. Corr. II. 118, à Leiris, 21 août 1922.
JE NE M’AIME PAS. MJ/JC, 328. 18juill [1925]. «Hélas! je n’aime ni le monde ni la solitude: je ne m’aime pas moi-même & c‘est tout dire! Ibid. Ecris-moi vite, écris-moi de suite. J’ai une espèce de honte de moi-même sans savoir pourquoi.»
«JE NE TIENS PAS A TE CONVERTIR CAR TU ES DE CETTE RACE DONT JE SUIS, des gens qui ne peuvent renoncer au péché que des lèvres. [...]. 'La crainte de Dieu est le commencement de la Sagesse.' Cette crainte de Dieu consiste à appeler 'péché' ce qui est péché & à multiplier les confessions. Plus de l'épouvantable cynisme! Je fais le mal & je sais que c'est le mal.… » D. Festin, 1994. 153.
"JE SOUFFRE ABOMINABLEMENT D'UN AMOUR ABOMINABLE, QUE LE CHRIST NE CHASSE PAS. Prie pour moi!" A Jouhandeau, ajout à la l. de M. Sachs cité par Belle, op. cit. 211.
"JE SOUFFRE BEAUCOUP DE BEAUCOUP DE CHOSES QUE JE NE PEUX PAS ECRIRE MAIS QUE JE TE DIRAI UN JOUR." LFF, 61. 31 oct. 1922. [...]. P. 63. 8 nov. 1922. "[…] on ne peut pas tout dire ni dans une l. ni même à son meilleur ami, ni à soi-même, ni à sa mère. Mais ma vie est un buisson d'orties, que ce soit à St.-B. ou à Paris."
"JE SOUFFRE DE MON IMPUISSANCE & DE LA LUTTE DANS MON PLEXUS SOLAIRE entre des amours trop réelles & la peur effroyable de l'enfer. C'est ce qui me tue." LMJ, 275. 7 oct. [1926].
"JE SUIS LE BAOBAB DE LA CHAIR, mon auréole est noire, je suis le rajah de la faiblesse & le nabab des scandales." MR. Gallimard, 39.
"JE SUIS LE NID MEME DU MAL & DU PECHE, sans pouvoir jamais m'en dépêtrer. Sans essayer même de sortir de ce filet infernal, de cette empoisonnante glu." Ibid. ‘Péché’. 76.
"JE SUIS UN PAUVRE QUI N'A PAS BESOIN DE LEÇON D'HUMILITE POUR SAVOIR QU'IL EST DEMONIAQUE, peu amusant & équivoque, étant de l'eau." LUA, 21. 28 oct. 1923; ibid. 33. 28 août [1924]. "[...] j'ai regretté que tu fusses obligé de partir à cause de l'affection que j'ai pour toi"; ibid. 35. 12 sept. 1924. "[...] tu es poli & tu ne cessera pas de m'aimer parce que les tiers font de blagues d'ailleurs innocentes"; ibid. 81. 28 juin [1930]. "J'ai des crises de remords atroces, cela m'occupe un peu."
"JE T'EMBRASSE AVEC TOUS MES REMORDS PERSONNELS & ceux que d'autres n'ont pas." L. à Th. Briant. Goëland 11:77 (nov.-déc. 1946).
JOUHANDEAU, ELISE. Lachgar. MJ. Op. cit. 79. "Certes, il m'aida à me révéler à moi-même, bien qu'il me scandalisât parfois, lorsqu'il s'acharnait à perdre de jeunes garçons. Quand je lui en faisais le reproche: 'C'est pour mieux les sauver, me disait -il.' "
JOUHANDEAU, MARCEL. Ibid. 48-49. "Puis sur ses habitudes qui étaient équivoques il a laissé voir l'essentiel; ça a révolté tout le monde, excepté moi, évidemment; ce qui me révoltait, moi, c'était son attitude sans respect pour personne même pour ses victimes. - Il y avait cet Espagnol qui était assez bien, qui était là avec sa fiancée [...]. Il allait à la messe puis il allait chercher les effets de cet Espagnol & montait avec lui dans les montagnes pour faire des paysages, manifestant au garçon ses intentions qui n'étaient pas très dignes. Le garçon l'a envoyé promener, l'a raconté à sa fiancée [...]. Après, M.J. en était réduit à faire la cour à ceux qui nous conduisaient ou bien en automobile ou en voiture à cheval... M.J. montait sur le siège & finissait par peloter le cocher ou à lui faire je ne sais quoi! - [A un dîner à Montparnasse] je le vois se pencher sur l'épaule de son voisin du côté opposé & lui dire: 'Je vais partir dans un quart d'heure car il y a un garçon qui m'attend chez moi.' [...]. M.J. aimait Dieu à sa manière. L'exhibitionnisme était sa vie."
---. JOUHANDEAU rapporte ce texte, cité dans son article antisémite & in Lachgar, op. cit. 49. [Ce texte est cité beaucoup de fois avec des variations]. ‘Demain matin tu te loveras dans tes draps, tu te berceras dans ta chaleur & moi, je serai déjà sur les marches du Sacré-Coeur & je me déchirerai les genoux sur les rochers, je me déchirerai les joues avec mes doigts, mes ongles, je verserai des larmes, je m’arracherai les cheveux &, à la fin, Dieu est dupe.’ Dans la version de Fabureau: 'Si j'ai péché la veille terriblement, le lendemain, bien avant l'aube, tu me verras sur les genoux ramper tout le long du Calvaire, je suffoque, je sanglote, je pleure, je me frappe au visage, à la poitrine, aux membres, aux mains, je saigne, je me signe avec mon sang, avec mes larmes: à la fin Dieu est dupe.'
LARNAC, JEAN. C.R. DES MR. Europe 30 (juin 1948): 113. "Un curieux mystique." "Il évoquait avec horreur [...] ‘MAUVAIS REGARDS VERS LA CHAIR HUMAINE NON REPRIMES, AMITIES EXCESSIVES & NON DIVINISEES [...]. Il y a mes scandales connus, ma vie mondaine & peu propre. [...]. Voici mes désirs sensuels continuels, voici mes confessions vaines[...].' "
LMLE [AOUT 1922]. "[DUBUFFET] PART, IL S'ENNUIE & LE MILIEU LE DEGOUTE AU POINT QU'IL A ESSAYE DE ME PERSUADER DE LE QUITTER, ce que je ne ferai pas car en somme si piètre que soit le milieu, c'est encore un mur contre l'enfer & le péché qui guette un pauvre homme à tous les moments. Oh! ne plus pécher! ne plus pécher! hélas! quel souhait!!"; au même Corr. II, 118. 21 août 1922. "Est-ce que je me repens assez? Ne te moque pas de moi, je ne te souhaite pas de connaître mes affres, & l'enfer d'une vie faite de folies & de repentirs, de tentations, de faiblesses & de larmes." [Peut-être allusion, comme le suggère Aliette Armel, (in Michel Leiris. Fayard, 1997. 156) à des avances de la part de M.J., dont Leiris s'ouvrira difficilement quelques années plus tard].
"LEVE CHAQUE JOUR A L'AUBE, IL ALLAIT AU SACRE-COEUR, [...] pour suivre la messe des pauvres... & se confesser des péchés de la nuit, si bien qu'il faisait fuir les prêtres qui ne pouvaient supporter ses murmures & fausses contritions dans l'ombre froide des confessionnaux. 'Vous ne pouvez refuser de m'écouter & de me donner punitions, & absolution.' A quoi les prêtres - ils étaient pourtant seize à entendre ces murmures dans les seize confessionnaux du Sacré-Coeur du Montmartre - s'ils se laissaient attraper, disaient: 'Vous allez encore me confier des horreurs que je refuse d'entendre.' 'Vous ne pouvez pas me repousser, votre devoir est d'écouter les pires péchés de la chair & de les absoudre.' - Il s'en vengeait par ces mots terribles: 'La fréquentation des curés fait perdre la foi'." Texte de F. Fels. LFF, 131.
"LUTTE QUOTIDIENNE CONTRE LE DIABLE" écrit M.J. de Saint-Brieuc, 12 sept. 1926 à Guilloux. L.G. Carnets 1921-1944. Gallimard, 1978. 39.
LA LUXURE. P.S. LMLE 1er fév. 1936. P.S. "On ne dira jamais assez de mal de la luxure, la cause de malheurs incalculables & des miens en particulier: perte de mon âme, de mon honneur, de ma vie, & de la plus grande partie de mes talents."
"LE MANICHEISME CHRETIEN QUI PRETE A DIEU & AU DEMON DES POUVOIRS ENNEMIS. CE FUT AINSI QUE LE PAUVRE M.J. S'EXPLIQUA LES 'DESIRS SENSUELS CONTINUELS' QUI LE HARCELAIENT dans le temps même où il s'imaginait sur la croix pour répondre aux conseils de ses directeurs spirituels: il faut lire, à ce propos, ses MR., curieux mélange de rouerie & de naïveté." Jean Larnac. "La Litt. expression de la société. Chronique litt." La Pensée: Revue du Nationalisme moderne 18 (mai-juin 1948): 112.
LES MASQUES DE M.J. Emié. D. 190. "Max se connaissait. Il s'est connu toute sa vie mais sa sincérité envers lui-même - cet indispensable dépassement - savait user de tous les masques: son drame est là. [...]. Il ne s'agissait plus de certitude ou de bonheur, mais d'un combat permanent qui lui était imposé par une volonté plus impérieuse que la sienne & dont l'issue ne pouvait être douteuse. Ici, l'homme le plus fort succombe & la faiblesse de Max était encore une de ses sincérités [...]. Rien n'avait abattu définitivement l'homme de chair & de sens qui brûlait en lui, ni la conversion, ni le baptême, ni, plus tard, l'exercice d'une piété exemplaire [...]."
MARC CHAGALL RENCONTRE M.J. "HERE IS M.J. HE LOOKS LIKE A JEW. ONE DAY WE WENT TOGETHER TO LUNCH NOT FAR FROM 'LA RUCHE'. I wasn't sure whether he had even forty sous in his pocket. And he, did he think I had enough to pay for the meal? We lunched on salad, sauce, salt, everything that begins with an 's'. Afterwards, we climbed slowly up to his place in Montmartre [...]. What did we talk about? In what language? I understood very little. To tell the truth, I was alarmed. His eyes glistened & rolled constantly. He stretched his body, moved about restlessly. Suddenly, he was quiet. Moving his half-opened mouth, he whistled. Then he laughed & his eyes, his chin, his arms, called to me, captivated me. - I said to myself: 'If I follow him, he will devour me whole & throw my bones out of the window'." Marc Chagall. My Life. N.Y.: Orion Press, 1960. 112-13.
"MAX COMMET DE GROS PECHES A PARIS, AVOUE-T-IL, alors il se confesse au Sacré-Coeur avant de rentrer à St.-B., car là, il se confesse chez monsieur le curé &, vivant chez lui, il serait gêné." Pougy. Mes Cah. Bleus. Plon, 1977. 171. 5 avr. 1921.
"M.J., D'APRES DES TEMOINS DISCRETS, GALOPAIT LES PETITS GARÇONS DU VILLAGE." Roger Judrin. "Prose de poètes." NRF. 245 (mai 1975) [ou 1973?]: 83.
M.J. A PROPOS DE SODOME & GOMORRHE. LUA, 15. St.-B, 3 sept. [1922]. "Il y a un grand nombre de théories sur le cas dont traite ce livre; certains y veulent voir une excessive grossièreté, d'autres au contraire une asexualité angélique: je crois que c'est un mélange des deux. L'astrologie en donnant la définition de la lune explique assez le mélange de ce noir & de ce blanc. Je ne ferai pas de livre sur la question: il y a plus & mieux à dire sur l'humanité mais ce cas de 'lune' explique que les sujets sont à la fois attirés par l'Eglise & par les dortoirs."
M.J. EST TOUJOURS AMOUREUX. MJ/JC, 374. 9-[12-1925] «Je suis toujours/ tous les jours/ amoureux & comme j’ai un confesseur, tu vois dans quels états je suis; je n’ai toutes les nuits que des cauchemars de l’enfer. Personne ne le voit sur ma grosse gueule rougeaude.»
M.J. N'A JAMAIS PU RENONCER A L'HOMOSEXUALITE. PR. «Ai-je quitté mes amis?ma dissipation? non! mes vices? non! mes intérêts? les amours? non! Je n'ai rien quitté!' Pérard. Op. cit. 153. - A Jouhandeau (LMJ, 31 mai 1923. 52, PR, 208). 'Mettons sur le compte de l'hypocrisie, le souci que je dois avoir de cacher les côtés sordides de moi-même pour éviter le scandale.' PR, 210. "Péché véniel, l'hypocrisie est moins grave que le scandale occasionné par l'étalage de ses fautes. M.J. se montre dans la manifestation de sa foi & de ses remords, dans le quasi-silence sur son homosexualité, en total accord avec l'enseignement traditionnel de l'Eglise."
M.J. SE CONSIDERE FEMMELETTE. PJ, 172. A Francis Gérard Rosenthal. St.-B. 28 juin 1923. "[...] nous ne sommes tous les deux, toi & moi, que des femmelettes."
"M. J. SE MONTRE TERRORISE PAR LA CRAINTE DE DIEU." Psichari. Les convertis de la Belle Epoque. Paris : Eds. Rationalistes, 1971. 100-01.
"M.J. VERITE & LEGENDE." Yannick Pelletier. Quinzaine litt. (1 mai 1982). "Tandis qu'il compose de somptueuses & poignantes méd. rel., il vit la débâcle d'amours condamnées & souffre atrocement du remords qui le fouaille, cherchant au terme d'une sombre nuit de péché l'aube consolatrice d'un pardon possible. Puisque 'J'aime Dieu, comment ne m'aimerait-il pas, malgré tout?' Mais que ce 'malgré tout' pèse à la conscience du pauvre pécheur. Si la souffrance rachète, M.J. doit bien être l'un des hôtes les plus pardonnés du Paradis."
M.J. VEUT MARIER SES AMIS HOMOSEXUELS. PJ, 262. A Emié. St.-B. 8 mai 1926. "Je voudrais que tu te maries parce que certains amours portent malheur"; ibid. 281. A Mme Armand Dayot. Chez Jean Colle, Ploaré, Douarnenez, s.d. [1927]. "Maurice [Sachs] paraît se débrouiller assez brillamment, […] & il mérite assez de l'être. Je voudrais qu'il se marie!!"
"MA VIE SE PASSE EN PECHES DE HASARD & EN REPENTIRS & EN PLEURS. Je n'ai d'autre espérance que d'arriver à ne plus pécher mais je n'ai pas la force de renoncer à mes amis qui sont mes seules attaches à la terre." A J. Doucet. 17 janv. 1917. Corr. I. 123-24.; Ibid. 167. Début 1918. A R. Manuel. "Quel malheur que l'Imitation me défende les affections déréglées! Je suis obligé de le faire à moi-même de celle que j'éprouve pour toi, mais aussi quelle joie raffinée dans cette lutte de soi contre soi"; ibid. 168. Au même: "[...] je me promets de tout faire pour mériter le Paradis. Sur la route qui y mène, ce qu'il y a de plus dur, c'est de renoncer aux affections déréglées"; ibid. 172-74. Au même: 18 juill. 1918. "On ne peut m'en vouloir en haut lieu de mon affection déréglée pour toi, d'abord parce que ces choses ne se commandent pas ou se commandent mal, ensuite parce qu'elles se recommandent en le cas présent par des intérêts spirituels recommandables. [...]. Je brave donc l'Imitation & ses foudres, &, avec l'espoir que tu brûleras cette lettre trop brûlante, je t'embrasse devant Dieu avec émotion"; au même, 12 déc. 1918. 181. "Au fond, il n'y a que le Bon Dieu & les affections déréglées."
"MES AMIS ORLEANAIS M'AVAIENT PREVENU QUE MAX, QUAND J'IRAIS LE VOIR POUR LA PREM. FOIS, ME FERAIT CERTAIN 'COUP CLASSIQUE' que ses visiteurs ne prenaient que rarement du bon côté, mais s'étaient refusés à me donner des détails [...]. Mais Max se borna à me serrer fortement entre ses bras & à m'embrasser affectueusement; puis, s'écartant soudain de moi, il s'éloigna jusqu'à l'autre bout de la chambre & prit le ciel à témoin que 'c'était mal'." Rousselot. M.J. au sérieux. 56.
"MES MEMBRES FONCTIONNENT SAUF L'APPAREIL REPRODUCTEUR DE LA RACE qui est menacé, chez les célibataires, du pilon ou pilori des Enfers, quand il se meut." LUA, 64. 1927.
METAPHYSICAL GROUND OF M.J'S OBSESSION: GUILT. LJF, 227. Intr. «Lannes insists on the metaphysical ground of Max's obsession. We are not to be mislead by Max's preoccupation with sexual guilt. Sexual guilt is only an analogy, a highly current & accessible version, of man's sense of his finiteness, his contingency. Sexual guilt was Max's way of concretizing his imperfection before God, his inability for so long to reach spiritual maturiy. As a man, Max expressed his terror of le néant, his angst in terms of his preoccupation with sexual guilt, but his poetry is excessively chaste. " Voir R. Lannes. "Max Jacob." Poésie 44. Op. cit. 38.
"MOI & LES COLIQUES DE L'AMOUR." "Les Pinguins des heures." CD II. (Une suite). Op. cit. 113.
"MOI QUI SOUFFRE TANT AVANT DE PECHER, EN PECHANT & APRES AVOIR PECHE [...]. L'amour en moi, hélas! avive des pensées vénéneuses ou bien s'il se réprime, amène la tristesse, la rage & le spleen." LMJ, 205. 1 août 1925.
MON AMI LE CAMBRIOLEUR. LFF, 46. Mars 1919. "Mon ami le cambrioleur est venu en permission de trois jours: j'ai dû m'occuper de lui: il aura mes livres, il les a peut-être, je ne sais plus. Sa mère adore la littérature. C'est une femme de coeur & sans morale comme beaucoup de gens de coeur."
"NE M'ACCUSE PAS DE NE POUVOIR ME DONNER ENTIER." Robert Szigeti. "Amitié de M.J." Europe no spéc. 32. Extr. d'une l. "PERSONNE NE M'A VU ENTIER & SI ON ME VOYAIT TEL, ON POUSSERAIT UN CRI, [M.J. avait mis cette phrase dans un poème: "Paravent dans les douze mois de l'année." [Le poème consiste de cette phrase.GLM, 1969], car mes souffrances sont telles, que je ne puis moi-même les supporter: mes amis s'écarteraient de moi comme de la peste & mes amis médecins me feraient enfermer comme fou si je n'avais pas la prudence de ne pas hurler (sic). La meilleure preuve d'amitié que je puisse donner est de me taire." Le docteur Szigeti ajoute: "Le texte de cette l. est la clef qui permet de comprendre l'homme & ses apparences"…
"NOUS ETIONS TROP DIFFERENTS POUR QU'IL AIT QUELQUE RESSEMBLANCE ENTRE SON OEUVRE & LA MIENNE. LES HOMOSEXUELS DONNENT A L'AMITIE MASCULINE UNE DENSITE que nous autres farouchement rivés à la femme ignorerons toujours. Les prem. jours, Max me rappela fortement mon patron d'apprentissage [...]. Mais je n'étais plus un enfant & n'eus pas à me défendre de ses entreprises. Je n'eus même pas un mot à dire pour qu'il comprenne aussitôt que, dans ce domaine privé, il ne me ferait pas changer de voie. Il n'était pas de ces invertis qui veulent absolument vous persuader qu'eux seuls sont dans le bon chemin." M. Béalu. Le Chapeau magique: Enfances & apprentissage. Belfond, 1980. 201.
"NOUS VIVONS TERRES & NOUS CRAIGNONS LES PUISSANCES INFERNALES, mais quelle entr’aide! & quelles jouissances dans les moments de péchés terrestres! Je ne sors de ta chambre infernale, ombre infernale, qu'épié par tes gens, mais sur le lit, quelles voluptés!" SM, 241-42.
"OEIL DU DEMON CILS DE GENISSE/ TU NE M'ANNONCES QUE LE VICE." FE, 136. "Corpus Christi."
"ON NE BADINE PAS AVEC L'AMOUR." Création 1 & 2 nlle série (1982): 12. Fac.sim. s.p. "L'amour, petit enfant malin/ lance des flèches de venin/ joue mythologiquement aussi [joue] son rôle./ [L’amour petit propre]
L'amour petit enfant malin/ déroule [en robe] sa guirlande de roses/ s'y prend le pied, s'y prend les mains./ Un lion [blanc] noir [dans] gémit dans un coin/ On emporte un cadavre au loin/ c'est le cadavre d'un vieux faune."
"ON SAIT AUJOURD'HUI QUE JACOB S'Y PRENAIT TOUJOURS DE LA MEME FAÇON QUAND IL RENCONTRAIT UN JEUNE HOMME POUR LA PREM. FOIS, seulement la plupart du temps des amis avaient prévenu son interlocuteur. Du moins, selon Frank, une fois que Jacob avait compris que la réponse était négative, l'incident était oublié & il n'en était plus question." Intr. LNF, 12.
OSMOTIQUE. "Bienfaits de Dieu." MR. T.r. 4; Gallimard. 36. "La trace de Dieu dans ma vie est ineffaçable. [...]. Vous m'avez fait naître avec une exécrable direction, & vous avez tiré parti de l'irréfragable folie de ma cervelle. Comme je ne pouvais rien pénétrer, vous m'avez voulu osmotique & d'autres se sont imprimés sur moi heureusement."
PARIS. Nino Frank. "Homme de chair & de reflet." Théâtre à Toulouse (avr.-juin 1986): 19. "Paris était-il bien, pour lui, l'enfer qu'il disait? Un certain Paris, certes, celui du péché & de quelque vergogne, longtemps fréquentés."
PARIS - TENTATION. L. à Moremans. Op. cit. 42. [1 l. & 19 extr. 28 août 1924-janv. 1929]. «En 1926, au cours de l'été, V.M. décide de répondre à l'invitation [à St.-B]. [Après quelques jours] soudain M.J. annonce qu'une pressante nécessité lui enjoint de se rendre à Paris [...]. A mesure que nous approchions de Paris pour lequel M.J. semblait éprouver une sorte d'aversion physique [...] le poète n'était plus lui-même. D'angélique qu'il était à St.-B., je le vis bientôt sous des traits quasi diaboliques." [Déjà] sur les quai de la gare M.J. récite les Psaumes de la Pénitence.»
LE PECHE A UNE VIE PERSONNELLE. L. à Cocteau. Rev. gén. belge (15 mars 1954): 894-95; LJC, 132-34. 12 avr. 1927. "Jean chéri, je ne te gronde pas du tout. Que celui qui est sans péché lui jette la prem. pierre! Quand je te parle, je me parle. Ce que je t'écris là, je me le dis cent fois par jour! [...]. le péché a une vie personnelle, & doit être tué par l'expiation, la réparation. On peut l'expier sur terre plus facilement qu'après la mort. Je peux te dire ces choses-là car tu es un homme & tu ne te fâcheras pas de la vérité [...]. Est-ce que je n'ai pas le devoir de dire la vérité à toi pour qui je voudrais mourir? Tu dis: 'On exige de nous...' Hélas! on exige pour notre bien & tu le sais... Mais tu tournes autour du pot comme moi [...]. Tu me dis 'ne me gronde pas!' pour avoir mon adhésion : Je ne me donne pas mon adhésion : je lutte contre moi, [...] contre moi, contre moi, contre moi, contre moi, contre moi, avec larmes, rages & trois heures de dévotions par jour. Pardonne-moi [...]. Ce n'est pas moi qui suis dur & embêtant, c'est la vérité qui est dure & embêtante,"MJ/JC, 528-29.
"PECHER! PECHER! SE REPECHER MON DIEU! L'AFFAIRE DE LA POMME! MAX EST PECHEUR! MAX EST UN HOMME!"
"PENSE A TA VIE SENSUELLE, A TES AMOURS, A CET UNIVERS DES AMOURS." "Mort." Méd. inéd. [Coll. Gompel]. Andreucci. Thèse de 3e cycle. 119; ibid. 331. "[…] peur du châtiment & de l'enfer dans la foi de M.J. Et cet enfer est terriblement concret. On y entend les hurlements des damnés; on y ressent la brûlure du feu, le corps visqueux des démons…"
PEUR DU CHATIMENT & DE L'ENFER. "Le séjour du diable est le royaume du feu, de celui qui défigure un être humain, de celui qui lui arrache des cris & qui le transforme en objet de souffrance. [...]. Les comparaisons employées par M.J. sont significatives: 'Voudrais-tu tomber dans le feu, & dans cette cheminée, & y rester sous les fourches des diables qui te retournent comme un poulet à rôtir? Poulet ou ‘pourceau vivant' que les diables font rôtir à la broche & qui hurle (VI, 14): la représentation est traditionnelle, mais elle est surtout 'vécue'." Plantier. MJ. 62.
PORTRAIT DE GUERNOLE, LE BEAU-FRERE DE L'ABBE BREAUT. "[...] il lui suffit d'apparaître pour que Max s'enflammât, mais on peut douter si le poète se soit attaqué à lui […]." N. Frank. Mémoire brisée. Op. cit. 135; LNF, 63, n. 7.
PERSISTENT SEXUAL FANTAISIES IN M.J.'S POETRY. Oxenhändler. "Concealment & Presence." 55. "Persistent sexual fantaisies are the basis of his poetry, yet guilt over their persistence obliges him to disguise & deform them. He conceals the fantasies and any direct expression of sexual feeling because they are not permissible for the Christian, yet they come out in distorted & altered form."
"QUAND LE DEMON DE LA CHAIR ME HARCELE, je retire mes chaussures, je me mets pieds nus & je les pose sur ces carreaux qui sont toujours glacés. Eh bien, c'est radical & instantané. Le démon prend la fuite. Je me sens délivré de lui jusqu'à la prochaine attaque, car il ne se décourage pas, le bougre. Il devrait pourtant savoir que j'ai là, sous la main, le moyen de le chasser. Mais peut-être justement à cause de ces carreaux qui me rendent la victoire facile, Dieu permet-il que le démon s'acharne plus souvent sur moi." Jean Clary. "La Vocation manquée ou les aveux de M.J." Op. cit. 70.
"QUELS FURENT, POUR LA TOUTE PETITE HISTOIRE, LES RAPPORTS DE M.J. AVEC RADIGUET & AVEC COCTEAU, ON NE PEUT LE DIRE AVEC CERTITUDE. Certes, l'amitié de Max pour Radiguet prenait parfois des formes outrancières; certes, Max & Cocteau semblaient liés par une complicité bien 'douteuse' dont témoigne cette l. du prem. au second: 'J'ai failli gifler un type qui avait l'air de dire que nous couchions ensemble toi & moi!!! (Ris donc, parterre, ris donc!). Et tous les jeunes que je suis censé convertir." Luc Pinhas. "Entre Dieu & l'homme." C.r. de VM. Gai pied (juin 1982): 43.
"QUITTER ST.-B. C'EST ALLER AU PECHE." LMJ, 231. 16 nov. 1925.
"REGARDE LES VISIONS DE TES NUITS: la femme de ton âme y est sale & sans aveu; les maisons de tes nuits sont fermées & sans serrures; elles sont en ruines les maisons de la Jérusalem Céleste. Les voyous y titubent. Et tout cela veut dire que ton âme est dès aujourd’hui à l’enfer !" "Péché." MR. T.r. 46; Gallimard, 79.
"SAINTE, SAINTE/ QUAND M'OPPRIME,/ LA TENTATION DU PECHE/ MONTREZ-MOI QUE C'EST UN CRIME/ SEULEMENT QUE D'Y PENSER." PMR, 246. "Prière pour une Sainte le jour de sa fête."
"SA SEXUALITE LE FAIT SOUFFRIR D'UN ATROCE SENTIMENT DE PECHE. Chaque nouvelle passion est mêlée du sentiment d'impureté & de remords: 'Je n'ai jamais pu démêler la part pureté & celle d'impureté qui se mêlait dans mes affections.' DT, 165. Très vite la sensualité est vécue comme une faute. [...]. M.J. prônera alors l'abstinence même s'il ne parvient pas à s'y résoudre. 'Plus rien en moi/ Les ombres du péché qui se régalent/ Un grand banquet de néant!' FE, 'Nuit', 135." Andreucci. Thèse de 3e cycle. 25-26.
SEDUCTION DANGEREUSE. "Après Bordeaux où le vin noir a tenu & une ville pleine de séductions dangereuses, nous [avec M. Sachs] sommes venus à St.-B.[…]." LMJ, 279. 2 nov. 1926.
"SI JE CONTINUE A LAISSER MES YEUX SUR LA CHAIR HUMAINE & la langue sur le mal des autres, mon sort n'est pas douteux, c'est l'Enfer." MR.
"SODOME! LA STATUE DE SEL PORTE UN ECRITEAU: SENS INTERDIT." CD II. (Une suite). Op. cit. 115.
STRUGGLING HIS OWN NATURE. Oxenhändler. "Concealment & Presence."56. "We believe that poetry is always a struggle for vision, for light; that it is forged out of the obduracy of language & the failures of experience. The point that must ultimately be made about M.J. is that his struggle was not merely one against temptation or against sentimentality or against the various miseries he encountered in his painful life-poverty, scorn, distrust, the abandonment of his friends. The struggle was also against something more internal, more personal than any of these. - He struggled against something in his own nature that set him apart from others, caused him to feel alone, & sometimes even led to feelings of persecution."
TENTATION. Jacques Brenner. Mon hist. de la litt. fr. contemp. Grasset, 34. "P. Andreu a écrit que beaucoup de jeunes admirateurs qui venaient visiter le poète ne lui procuraient pas seulement une compagnie amicale, mais qu'ils représentaient aussi une 'tentation'. Dans la 'société permissive' que nous connaissons, M.J. se serait-il senti plus à l'aise? Non, sans doute, puisque sa religion condamnait ses penchants. Et puis les jeunes gens qu'il aimait pouvaient bien parfois l'admirer sincèrement, ils n'éprouvaient pas pour lui les sentiments qu'il leur portait. Les amours malheureuses inspirent les plus beux poèmes d'amour. [...] 'La Ballade de la visite nocturne' est 'La Chanson du mal-aimé' de M.J.- dit P. Andreu."
"LE VRAI EST TOUJOURS NEUF." Citation peu connue de Jacques Lacan. (28 sept. 1946). "Comme l'a écrit un de ceux-là, princes du verbe & sous les doigts de qui semblent glisser d'eux-mêmes, les fils du masque de l'Ego, j'ai nommé MJ, poète, saint & romancier; comme il l'a écrit dans son CD: Le vrai est toujours neuf." Les Ecrits. Seuil, 1966.
HOROSCOPE DE JEAN MARAIS
VM, 245-46. "VOUS ETES LORENZACCIO, prenez garde à ne pas tuer, [...] souligné deux fois à crayon bleu." 'le crayon bleu me sauva d'un meurtre' - écrit plus tard J. Marais. Sous l'Occupation il "voulut assassiner Alain Laubreaux qui avait écrit […] un affreux article contre Cocteau. L'horoscope de Max & le crayon bleu de Max l'avait sauvé" ; Khim, Sprigge, Behar. JC. Table ronde: 1968. 246-47.
HOSTIE
ALBERT BEGUIN in Poésie de la Présence. Seghers, 1957. 279 cite ce vers de M.J. "SUR MES LEVRES, SANS VOUS! SEIGNEUR, C'EST LA FAMINE."
B, RIVAGE. 193-94. «Triomphe de l’Hostie.» Demande: "Si la foi n'est qu'un don qui est coupable? [...]. Qui t'a fait imbécile? - Et toi, qui t'a fait sage?" Réponse: "Je t'ai rejoint, tremblant, moi qui suis fait de pierre. Tu as mêlé ma honte avec mon sourire."
"CE MATIN GRAND'MESSE PONTIFICALE avec deux évêques dont l'un barbu, ancien missionnaire & un nombreux clergé venu en procession. La basilique toute blanche, grande comme N.-D. de Paris presque en plein champ (plain-chant superbe), moines, chorale d'enfants chanteurs merveilleux; c'était grandiose, lyrique presque tragiquement beau. Pendant ces chants J.-C. se meurt en croix dans une torture atroce grâce à laquelle nous pouvons nous réjouir."
LML, 71. St.-B. 3 juill. 1938.
"C'EST MON FOIE QUI ME REND MALHEUREUX & MA FOI LE CORRIGE." Ibid. 85. St.-B. 24 janv. 1940.
"C'EST UN FAIT QUE DIEU M'EST UNE CONSOLATION. J'arrive à l'église plein de bile noire, de rhumatismes, de brûlures d'estomac & instantanément je retrouve la santé, la gaieté, la maîtrise de moi. 'Dieu qui console ceux qui sont abattus', dit Saint Paul. Il ne les console pas avec des paroles flatteuses, des espérances vagues, des encouragements - mais il les guérit de leurs maux physiques, de leurs angoisses, de leurs inutiles soucis." "Bienfaits de Dieu." M. Op. cit. 95-96.
"DIEU EST AU MILIEU DE NOUS! IL Y EST DANS L'HOSTIE & DANS NOS ESTOMACS. Il y est dans nos oreilles & dans nos yeux intérieurs. Il nous parle & nous essayons de lui répondre malgré notre stupidité. 'Je vous parle avec beaucoup de confiance; j'ai tout sujet de me glorifier de vous; je suis rempli de consolation, je suis comblé de joie dans toutes vos afflictions.' [Corinthiens VI, 17]. C'est un fait que Dieu m'est une consolation." "Bienfaits de Dieu." Idem. 95.
"DIEU EST PLUS BEAU QUE LE BEAU." Merle. "Le cas de M.J." Op. cit. 22. "La vocation de M.J., d'après ce contexte historique, apparaît donc comme 'la vocation du Beau assimilé à Dieu.' Comme une montée à Dieu [...] qui n'est pas donnée à tout le monde... Beauté de la religion/ Religion de la beauté… mystérieuse 'symétrie', ouvrant à chacun des perspectives illimitées..."
LE DIVIN - LE BEAU. 12 avr. 1924. F. Lefèvre. "Un entretien avec M. M.J., poète, romancier & humoriste." Op. cit.; repris NL. "Je crois qu'on ne peut puiser le Divin, qui est l'essence du beau, qu'au coeur même du Divin, par la Sainte Communion."
"EST-CE QU'IL N'Y A PAS LIEU DE REMERCIER CELUI toujours présent sur terre, & qui, caché dans l'hostie, écoute nos désirs, surveille nos dangers, nous châtie dans nos fautes & adoucit les châtiments quand nous montrons le moindre regret?" LLP, 78. St.-B. 3 mars 1927.
L'EUCHARISTIE. "Que serait-ce si je n'avais pas ma messe, mon rajeunissement matinal, ma méditation, ma communion?" LMM, 104. 16 déc. 1941.
---. BOITE A CLOUS no spéc. [9]. Méd. "Péchés." "Pour nous aider, il a inventé le baptême, lequel nous ouvre la porte du ciel, il a inventé l'absolution, cet escalier du ciel, l'Eucharistie, ce potentiel de l'intelligence."
L'EVANGILE UNE TISANE? L. de Jean de Boschère (à propos de M.J.). France-Asie 3:25 (avr. 1948): 521. "Peut-être vous souvenez-vous d'un écho des Mouches à Miel qui dénonçait un malentendu entre Max & moi? Il avait relevé dans L'Obscur à Paris une phrase atterrante, pensait-il,’Les Evangiles ne sont qu’un cantonnement provisoire, un pis aller en 'stacco', avais-je écrit. A ses reproches, il ajoutait: 'Mais pourquoi, entre parenthèse, n'avoir rencontré à l'Eglise que Jacques Rivière & non Saint Thomas d'Aquin ou Claudel? On vous aurait répondu que si l'Evangile est une tisane, c'est que les hommes sont des malades. Ce n'est pas vous qui direz le contraire.' "
"LE GATEAU DE L'AMOUR EST DANS TON ESTOMAC,/ & VOICI LA PRESENCE EN TOI." DT, 184. "L'Adoration nocturne au Sacré Coeur de Montmartre"; Plantier "M.J. & le plus grand amour de Dieu." Op. cit. 6. "Cette présence de Dieu, M.J. la ressent avec étonnement, avec stupéfaction, lui, le pécheur, tujours menacé, toujours torturé par sa faiblesse [...]."
L'HOSTIE. LTB, 45.A Moricand. Rue Nollet, 27 août, 1933. "Pour me protéger contre la stupidité complète j'ai la Sainte Communion (à N.S. Dieu merci à jamais). Si tu as des craintes sérieuses approche du Sang Esprit & de la Chair Esprit réellement vivifiants. Sans la Ste Communion je serais aux Aliénés depuis longtemps – […]."
---. "MARIE KERLOCH." PMG, 38. "SI VOUS N'AVEZ PAS LES YEUX DE L'AMOUR/ POUR LE VOIR DANS L'HOSTIE/ AIMEZ-LE SUR SON CRUCIFIX/ au lieu d'être à courir des bords/ avec les marins, Marie Kerloch."
---. "Mille regrets." "Oraison! Tétanos intime/ Gardez la Sainte hostie dans la poitrine/ Comme aux courses un numéro/ On m'accroche un duvet de cygne/ Le pied sur un oratorio/ Et le coeur en première ligne."
---. MR. T.r. 16; Gallimard, 49. "Le Paradis." "Le Dieu de l'Hostie, qui sait me donner des morceaux de la grâce paradisiaque, est le dispensateur des voluptés pures du Paradis."
---. IBID. 4; Gallimard, 38. "Bienfaits de Dieu." "Quel bonheur vous dois-je! la rémission de mes péchés, le don de repentir, le don quotidien de l'Hostie & l'espoir de la vie éternelle." (Sept. 1941).
---. PLANTIER. "M.J. & le plus grand amour de Dieu." Op. cit. 5-6. "Si M.J. se rend à l'église pour la messe journalière, c'est qu'il cherche le remède à sa mort quotidienne. Il l'affirme dans le p. de Rivage intitulé 'Document'. Il le répète dans le p. de HC "Eucharistie", 143, Rivage, 45-46, dans "L'Adoration nocturne du Sacré Coeur de Montmartre", extr. de la DT, 184, ce signe de la communion manifeste à chaque homme la présence de son sauveur, nourriture consommée pour survivre & vivre enfin. "Le gâteau de l'Amour est dans ton estomac/ Et voici la présence en toi." - Lire Plantier. L'univers poétique. Conclusion, 407. "La nourriture-Dieu, la nourriture-lumière est avalée par l'homme. Il reçoit Dieu, il reçoit la lumière. Il est immergé dans la lumière."
L'HOSTIE, MESSE MATINALE. LRV, 27. Roscoff, 13 août [1924]. "Ma conversion est définitive. Je ne puis passer une journée sans messe: je suis physiquement & matériellement malade quand je n'ai pas eu la T.S. Communion; je suis moralement dans un état affreux quand j'ai négligé une seule de mes pratiques: méditation, chemin de croix, psaumes de la pénitence, prière du matin. L'absence de Dieu me tue EXACTEMENT l'âme. - Note p. 30 "[...] à la fin de la Messe j'aperçois sa silhouette massive; cheveux drus & blancs autour de son crâne chauve; petit veston ballant; sandales blanches... Il jette un coup d'oeil autour de lui, puis s'agenouille à la Sainte Table; le corps tout penché dans une attitude de recueillement & d'humilité, il attend la Sainte Hostie." [D'une note ms. de R. Villard: "M.J. 15 août 1928."] - p. 31. […] nous causons. Il me parle de son besoin de communier. Sa santé est mauvaise; le matin il se lève malade; il se traîne à l'église; mais dès qu'il a communié, il reprend des forces: "Je serais malade si je ne communiais tous le jours... & dire qu'il y a des gens qui prétendent que c'est de l'auto-suggestion."
"J'AVAIS AUSSI PREVENU MES NOBLES HOTES QUE LES JOURS OU JE NE COMMUNIAIS PAS JE DEVENAIS DEMONIAQUE. Tous ces tristes événements qui auraient pu me coûter la vie en wagon sont donc à la gloire de la Très Efficace du Saint Sacrement. Honneur à Lui à jamais!" LLP, 42. L. à Mme Garat, Chartres, lundi, 23 sept. 1923.
"JESUS-HOSTIE ! IL EST DANS MA PREDELLE. Le médaillon c'est mon âme & ma foi. Bien qu'accroupi je reste au-dessus d'elle. C'est mon ciel & c'est lui l'humble croix." "Amour de N.S. pour nous." MR. T.r. 142; Gallimard, 162.
"MAKE YOUR CONFESSION & TAKE COMMUNION," M.J. HAD ADVISED [COCTEAU]. "What!" I wrote back to St.-B., "you prescribe the Host like an aspirin?" "The Host," he answered, "must be taken like an aspirin." Professional Secrets by J. Cocteau. Ferrar, Straus & Giroux. (Calendar 1923-29. Le Rappel à l'ordre. 109).
LA MESSE DE 6 HEURES DU MATIN la seule messe qui vaille: celle des servantes, «des bonnes d'enfants & des bonnes à tout faire qui permettent à Dieu - pour l'amour des plus humbles - de prolonger encore le temps du répit. » Le Quintrec. "Le Centenaire de M.J." Op. cit. 625.
LA MESSE EST LE SUPPLICE DU CALVAIRE REPETE. Vin, Esprit, Sang. Op. cit. s.p. "Le vin est lui-même esprit selon les mythologies, il est lui-même Esprit-de-Dieu selon notre Sainte Religion. La messe par elle-même nous fait participer à la Cène & au Calvaire, mais les Chrétiens, qui en sont dignes peuvent manger eux-mêmes le pain, chair de Dieu, sinon boire le sang-esprit-vin. Dans les prem. temps, les chrétiens, buvaient, comme le prêtre, le sang vin & esprit [...]. Le vin-esprit coule à la messe même si le prêtre est le seul à le boire. La messe est donc une cène d'abord. Elle est plus! Elle est le supplice du Calvaire répété, car l'Hostie du pain est brisée pour tuer cette chair de Dieu présente à l'autel, & le vin coule comme le sang a coulé. On y mêle une goutte d'eau parce que, une lance ayant percé le flanc de Dieu mort, il sortit de son divin corps du sang-esprit uni à l'eau. Ce coup de lance & ce sang accompagné d'eau sont l'origine du culte du Sacré-Coeur. Soit dit en passant, est la définition même de la charité: car l'eau étant matière & le sang esprit, cette jonction des deux nous montre que l'esprit doit s'unir à la matière pour la vraie intelligence, laquelle est acte d'amour ou charité. Comprendre c'est s'unir! Aimer c'est s'unir! La chasteté & l'intelligence sont des synonymes."
L'HUMILITE
BEALU, DV, 52. "EFFORÇONS -NOUS A L'HUMILITE, elle seule permet le dédain... Ce dédain, Max l'appliquait surtout à lui-même, jugeant son oeuvre avec détachement."
"EXAMEN DE CONSCIENCE FAIT SUR L'HUMILITE." DT, 151. "L'Habitude de me plaindre de mes amis ne va pas sans orgeuil, parce que je pense que c'est une manière d'affirmer que je suis digne d'un meilleur traitement; de plus, je veux faire naître dans les autres l'idée de la souffrance des grands artistes, pour qu'on me trouve au moins cette ressemblance avec eux. C'est aussi une marque d'impatience & de colère, or, l'impatience & la colère supposent qu'on s'en donne le droit & cela aussi appartient à l'orgeuil: un homme comme moi a le droit de se montrer exigeant avec les autres! D'ailleurs, ce genre de propos ne va jamais sans vantardise"; Garreau, op. cit. 108.
"L'HUMILITE DE L'AUTEUR DU CD [...] C’ETAIT LA UN BESOIN DE SA NATURE, une façon de s'effacer devant les vérités qu'il révèle [...]." L. Guillaume. "R.M. Rilke & M.J." Lettres (1952): 104.
"L'HUMILITE DE M.J. PRESENTE BIEN DES OUTRANCES, MAIS ELLE NE VA PAS JUSQU'A UNE DESTRUCTION DE LA PERSONNE. Il y a, dans toute l'oeuvre, la revendication secrète & fière d'une dignité que ne sauraient détruire ni les vices, ni les déformations morales ou physiques. Ayant vécu des humiliations nombreuses, M.J. connaît la liberté de l'homme humilié devant ceux qui semblent le détruire." Plantier. MJ, 126.
"L'HUMILITE EST LA MERE DE TOUTE VERITE. ELLE PERMET LE DEDAIN." L. 28 oct. 1941. Parrot. "Pur comme un enfant." Op. cit. 1.
"IL FAUT PRATIQUER L'HUMILITE, c'est une très bonne méthode, le sentiment y pousse. L'intelligence ne produit que de l'orgueil, & là est le danger!" Beuclair. Op. cit., 154.
LARBAUD, in Intentions (déc. 1923) TROUVE L'HUMILITE LA VERTU DIRECTRICE DE L'OEUVRE DE JACOB. «En me familiarisant […] avec les livres de M.J., il m’a semblé voir apparaître leur vertu directrice, la puissance bienfaisante qui les anime, qui leur donne l’éclat, la fierté, la souplesse que nous y remarquons & la joie intime qu’ils contiennent & nous communiquent. Cette vertu directrice de l’oeuvre de M.J. a un beau nom: c’est l’humilité.» Corr. II. 253. 24 nov. 1923. M.J. à Jouhandeau: 'j'ai trouvé qu'il avait mis le doigt sur la clef de mon caractère, à ceci près qu'il appelle humilité ce qui n'est encore que sentiment de ma faiblesse réelle & pusillanimité.'
LETTRE A R. DULSOU. Coll. privée. 18 déc. 1921. "A l'expo. d'art religieux j'ai trouvé l'air si pauvre à mes peintures que je me suis promis de ne plus en montrer en public." [L'humilité est la qualité par excellence vantée par M.J.].
LA VERITABLE HUMILITE, VOUS L'APPRENDREZ, JE L'ESPERE, UN JOUR, CONSISTE NON A SE MECONNAITRE MAIS A SE CONNAITRE SANS SE DEPASSER." CN. "Réponse de l'Abbé X... à un jeune homme découragé." 196.
HUMOUR
"EN PRESENCE DE M.J., PERSONNE N'EST JAMAIS MORT D'ENNUI. [...]. Son imagination est si ardente qu'elle recrée la vie à l'endroit où elle touche." Hugues Nonn. "M.J., écrivain de grande race." Point 3 (mai 1936): 36-37.
HOUMOUR NOIR. TRISTAN MAYA. "AUTOUR DU L'HUMOUR NOIR." A la Page 53 (nov. 1968): 1700, 1703. "Il [M.J.] ne veut pas laisser entamer son 'moi' vulnérable & réagit aussitôt par une boutade. [...] l'humour, cet humour au second degré qu'est l'humour noir, est une attitude. Définition de Georges Bataille: "l'humour noir assumait le crime de l'humour." Chris Marker: "L'humour noir est la politesse du désespoir." Selon Tristan Maya: "L'humour noir est l'attitude d'un homme ou d'un personnage à l'image de cet homme victime d'une situation tragique, provoquée ou non, qui se tire de ce mauvais pas, par une pirouette ou un mot d'esprit."
"IL SE PEUT..."
"MON SEUL BON POEME à imiter est le prem. du LC parce qu'il s'élève bien est monte. Cela est de la poésie, le reste du livre ne vaut pas grand-chose."
IMAGES
"DEVANT UNE GOUACHE QU'IL APPELAIT 'UNE PLACE A QUIMPER' DIT: 'J'AI PRIS DES ELEMENTS UN PEU PARTOUT, mais elle est plus vraie qu'une vraie. Ça ferait un joli décor pour un chapitre du roman." Il écrivit à Cocteau: 'J'en suis au chap. qui se passe au Japon. Tout le monde le reconnaîtra.'" Croix (9 janv. 1956).
IMAGES DE FERTILITE, GESTATION. «Bien que M.J. insiste sur l'importance de la volonté consciente, les images par lesquelles il exprime la création poétique font preuve de la part essentielle de l'inconscient dans la naissance d'une oeuvre. Ce sont souvent des images de gestation, de l'oeuf ou de l'arbre portant ses fruits.» LRR, 99, n. 10.
---. 19 mars 1941. LMM, 82. "IL FAUT LAISSSER LE PLEIN & LE GROS PARCE QUE, S'IL EXPRIME PROFONDEMENT LE SUBJECTIF, IL EST 'ENCEINTE' & cette grossesse donne l'auréole indispensable à la beauté."
---. "IL REPROCHE A G. LIMBOUR & A M. LEIRIS de n'être pas 'gros de projets, enceints de problèmes & de poèmes.' Palacio "Le sang & la crucifixion." Op. cit. 594-95.
---. L'IMAGE DE L'OEUF. Charles Le Quintrec. «Le Centenaire de M.J.» Rev. des deux mondes. Op. cit. 624. "Moi, je suis un oeuf sur un jet d'eau" a-t-il dit à L. Guilloux qui nous l’apporte dans Absent de Paris. Gallimard.
---. ---. "J'AFFIRME QUE JE N'AI JAMAIS VOULU ETRE QU'UN OEUF, L'OEUF QUI S'ELEVE & DANSE SUR LE JET D'EAU." F. Lefèvre. Op. cit.
---. ---. L. GUILLOUX. C'était il y a 30 ans. 35. «Je l'avais connu en 1926 par Jean Grenier. C'est lors de cette prem. rencontre au 'Café Machin & des Colonies' qu'il nous dit, parlant de lui-même: 'Je suis un oeuf sur un jet d'eau.' »
---. ---. "UN OEUF DE FEU DESCEND DANS LA POITRINE & SOUS LES COTES." Belaval op. cit. 125 cite des CJP.
"L'IMAGE N'EST PAS (N'EST-CE PAS ?) CE QU'UN VAIN PEUPLE PENSE, elle est l'étincelle qui jaillit quand le marteau de l'Homme frappe sur l'enclume de la réalité." LJC, 15. 4 juill. [1920] ; MJ/JC, 57.
IMAGE NEUVE. Ibid. 20-21. St.-B. 1er mai 1922. "Ce qu'on appelle image neuve n'est généralement que du ressemblage ou une heureuse association de couleurs, de mots & proprement cela ne peut s'appeler image neuve car rien n'existe que ce qui a été porté par l'esprit. La plume ne crée rien, c'est l'esprit qui crée. Une image neuve est une image inventée en réalité [...]. Les 'images neuves' abondent, comme ils disent sans savoir... Oui! mais ils ne s'en doutent pas! Il ne suffit pas de prendre ses comparaisons dans les gares ou au Racing Club pour faire des images neuves, on fait ainsi tout au plus des comparaisons neuves, non des images. Images: imaginer: forger des imaginations! [...] le travail de l'esprit qui métamorphose les choses & les gens & c'est cela la poésie que tu as créée & qui est la vraie, la bonne, celle qu'on cherche depuis des siècles;"MJ/JC, 81.
L'INCONSCIENT & LE CONSCIENT. LEJ, 72. 9 nov. 1938. "Laisse parler ton inconscient, mais regarde-le faire & n'aie pas peur de la goutte d'huile d'Eros sur Psyché endormie. L'éveil ou le réveil de Psyché n'est pas un mal en Poésie."
---. ANDREU, VM, 271. CJP: "Le propre du lyrisme est l'inconscience, mais une inconscience surveillée."
M.J. NE PARLE QUE PAR IMAGES. Merle. "Cas M.J." Op. cit. 21. "le symptôme capital c'est ce fait qu'il ne peut parler que par images: images nlles, d'une couleur & d'un ton affectif particuliers, entièrement personnels."
"TOUT CE QU'IL VOYAIT SE RENOUVELAIT SANS CESSE. Il ne crut jamais à l’ennui." Eluard. Oeuvres complètes. T. II. Op. cit. 861.
L'IMAGINATION CREATRICE
"ATTEINDRE L'ESSENTIEL DANS LA FANTAISIE, de retrouver l'universel dans le singulier, de densifier son propre bavardage, reflet du bavardage de la Création.[…]." TB. Comédie. Prés. R. Secrétain.14.
L'IMAGINATION - ASSOCIATION DES IDEES, dit-on de l'art moderne. AP. "Poésie moderne." 34. "Certes, mais comment s'associent les vôtres? L'imagination n'est pas autre chose que l'association des idées."
L'IMAGINATION CREATRICE. Expo BMO, mai-juin 1947. Secrétain. Intr. [2]. "Si l'on avait le cat. des pensées de Max, de ses inspirations, de celles qu'il n'a pas écrites, [...] de ses conversations que personne n'a jamais été capable de bien rapporter, de ses souvenirs, immémoriaux & constamment transfigurés, on serait en face d'un des plus extraordinaires témoignages de l'imagination créatrice."
IMITATION
"AH! N'ECOUTEZ PERSONNE, L'ECOUTAGE EST IMPIE, N'ECOUTEZ PAS SURTOUT LES VOIX DE LA SORBONNE CE SONT LES PIS." LJF, 265. St.-B. 14 juin 1936.
"C'EST EN CHERCHANT HUMBLEMENT AU PLUS PROFOND DE SOI-MEME QU'ON TROUVE LA PERSONNALITE." A Luc Bérimont, 16 déc. 1943. Cah. Bleus no spéc. 73; Ibid. no spéc. 1994. 106.
CONTINUER & NON PAS IMITER LA TRADITION. Belaval. 29. "Ce n'est pas [...] que nous devions rejeter la tradition. Au contraire! Mais nous devons continuer, & non répéter les vieux trucs. Il faut vivre avec émotion ce que les mots nous disent, même si nous ne le comprenons pas. On comprend autrement."
"LE COUP DE FOUDRE DE MARCEL BEALU." Lu (avr. 1982). "Lui qui était doué d'un mimétisme extraordinaire qui le faisait, en présence d'une oeuvre d'art, d'un poème, immédiatement l'imiter (par jeu), m'apprit justement à ne pas imiter. Il m'enseigna que la poésie n'existait pas sans la légèreté de la folie."
"DEVENIR LUI-MEME & PERSONNE D'AUTRE." Discours de Cocteau à la Radio.
ETRE SOI-MEME. A Doucet. Corr. I. 130. 25 janv. 1917. "Nous aimons l'art également & vous aimez (à part la bande à Claudel) tous les artistes que j'aime. J'avais l'air agressif, mon Dieu! qu'on est malheureux de ne pouvoir être soi-même."
L'INEXPRIMABLE. «Givre (Portait de Marcoussis).» ‘Nous sommes de bonshommes inexprimables, inexpressibles, & je te souhaite de t'exprimer, toi, par quelque chose... qui ne t'exprime guère, mais qui exprime […] quelque chose de toi.’ R, 201; Alice Halicka. Hier: Souvenirs. Eds. duPavois, 1946. 272.
"JE CROIS DE PLUS EN PLUS QU'IL NE FAUT PAS FORMER LES GENS, MAIS LEUR INSUFFLER LE COURAGE D'ETRE EUX-MEMES." LJC, 82. 14 nov. 1926 ; MJ/JC, 451.
"MAX JACOB N'IMITE QUE M.J." A. Salmon. NRF.
N'IMITE PERSONNE! A LEJ, 39. 2 oct. 1935. "Va donc ton chemin fleuri."
"LES POETES SONT DES CONFESSEURS." Barney. Aventures... "M.J." 105. L. s.d. "Votre livre est autant mon ami qu'un miroir magique qui serait l'image de ce qu'on aurait voulu être. Ceci est une confidence: les poètes sont des confesseurs; on n'aime dans les livres des poètes que ce en quoi ils nous confessent, la vie étant, hélas, un continuel péché."
"LE PUBLIC EST UN ANTHROPOPHAGE: comme Dieu veut ton toi-même & non ce qui l'obstrue, le public veut ton toi & non le souvenir des autres poètes." DV, 30-31. 13 avr. 1937.
"SACHE QUE L'ORIGINALITE ON L'A EN SOI & que nous ne devons l'un ni l'autre la cultiver; ça y est ou ça n'y est pas. Tu l'as." LEJ, 52. St.-B. 9 janv. 1937.
SALMON. SSF. I. 16. "Max voulait enseigner l'art de ne suivre personne."
L'INDIVIDU
MARITAIN, J. Art & Scolastique. Desclée de Brouwer, 1965. 231. "Pour un enfant, disait un jour M.J., un individu est seul dans une espèce, pour un homme, il y entre; pour un artiste, il en sort"; "Note sur la vie de Rosalie Fromager, femme Gaëtan." Nord-Sud 2 (avr. 1917): 14-15; RB, 74.
INDIVIDUALITE PERDUE
"HELAS! LE GOUT NE SERA PLUS JAMAIS INDIVIDUEL & CE SERA NOTRE FIN [...]. La petite bourgeoisie & le haut peuple devront éprouver un jour les mêmes sentiments aux mêmes heures devant les mêmes manifestations." Beucler. Op. cit. 148.
INEDITS
"IL Y AURA A GLANER DANS MES INED. APRES MA MORT dans une dizaine d'années." LTB. A Briant. 30 nov. 1936. 49; M. Green. "M.J. Sixty L. to M. Manoll." Notable Works & Collections. U. of Saskatchewan Library 3 (Oct. 1976): 13.
INEDITS IN MJ/JC
1. 82.A LASCAUX, 1er mai 1922. Extr. A propos de son voyage à Avallon & à Pierre-qui-vire en compagnie de l’abbé ; 2. à Michel Leiris du même voyage. Ibid. 3. A Albert Emile-Paul 22 mai 1922. «Il paraît que ma dédicace de AP à Jean Cocteau… une perfidie […] voudriez-vous… supprimer la dédicace. 83. 4. A Kahnweiler 10 oct. 1922. 113. 5. A R. Radiguet. 22 oct. 1922 à propos de Edwige ou le héros. 6. A François de Gouy, 11 nov. 1923. 168, n. 2. 7. A Mme Aurel. 25 oct. 1923 à propos de son départ précipité de chez les Ghika. 168. 8. A Mme Aurel,18 fév. 1925. Elle avait demandé à Jacob de rédiger un article sur son mari dans Le Monde Nouveau.
L'INFLUENCE DE MAX JACOB
APRES LA SORTIE DU CD LA FOULE DES JEUNES POETES AVAIT ENVAHI LA RUE GABRIELLE. «Les nouveaux étaient nombreux. La petite chambre de la rue Gabrielle devenait le Grand Central Poétique du siècle ou du moment, le rendez-vous de toute une génération qui cherchait 'le lieu & la formule'. Où ai-je rencontré Radiguet, Artaud, Malraux, Pascal Pia, [...] Florent Fels & Tutti Quanti. Andreu ajoute: "ce qui ne convient guère, à oublier Aragon." Gabory. Apollinaire, M.J. ... 26; VM, 114.
ANTH. DE LA POESIE DEDIEE A M.J. "La poésie de M.J." Jean Lebrau. Dépêche du Midi (6 fév. 1972): 13. "L'anthologie des Poètes des Pays d'Ouest, Rougerie, est précisément dédiée à M.J. ‘Des cinquantains de poètes les plus’ notoires sont: Hervé Bazin, J. Rousselot, Guillevic, Le Quintrec, Chabaneix, André Blanchard, André Druelle & aussi le Toulousain, André Lebois."
"AUX ENVIRONS DE L'ANNEE 1917, M.J. TENAIT, RUE GABRIELLE, UN POSTE DE RAVITAILLEMENT EN POEMES & NOUVELLES ARTISTIQUES. Les guerriers en permission, Louis de Gonzague Frick & André Salmon, Apollinaire & Maurice Raynal, Paul Morand […] venaient lire leurs poèmes dans l'échoppe de Max, vestale montmartroise, chargé d'entretenir le feu sacré de l'art d'avant-garde." Fels. "M.J. peintre et poète." Nlles litt. (30 avr. 1927): 1; voir aussi M. Green. "Florent Fels." LFF, 9; Gabory. Op. cit. 26.
COCTEAU DANS UNE INTERVIEW AVEC F. FELS parle du patriotisme de l'Art des temps fabuleux, de l'époque de Mille & une Nuits. F. Fels. Le roman de l'art vivant. Fayard, 1959. 238.
"DANS LA SOUPENTE DE MAX, JE CONCRETISAIS MES PREM. VOLONTES ESTHETIQUES, j'étais aussi indécis & facile à manier qu'une bulle de savon sous un souffle léger. Ma sensualité visuelle se complaisait au monde diapré où tout semblait en devenir. Il nous apparaissait que nous allions créer un monde à notre image." F. Fels. Voilà. 1957. 73.
"ENGAGE VOLONTAIRE A L'AGE DE 23 ANS, FLORENT FELS EST REVENU DE LA GUERRE DECORE DE DEUX CROIX & LA MEDAILLE DE VERDUN, mais avec les convictions bien déterminées d'un anarchiste antimilitariste qui aurait voulu recréer le monde à l'image de la jeunesse ardente de sa génération, groupée autour de M.J. & les artistes du Bateau-Lavoir. Le monde était-il prêt à accepter des conditions si audacieuses? Il semble que oui. Montmartre n'était-il pas le noyau d'où allait émerger un univers des Mille & Une Nuits fourmillant de novateurs? A partir de ce 'Grand Central Poétique du siècle' de la rue Gabrielle [...] où tout semblait orienté vers un avenir en plein essor, ne pourrait-on pas concrétiser des rêves esthétiques? F. Fels trouvait en M.J. non seulement un poète novateur & un dessinateur & peintre délicat, mais aussi l'initiateur & le guide de toute cette jeunesse enflammée qui poursuivait, comme lui, l'idéal d'un monde meilleur." M. Green. "Florent Fels." LFF, 9-10.
INFLUENCE DE M.J. SUR LES JEUNES POETES. René Lalou. Hist. de la Poésie Fr. PUF, 1970. Chap. IX. "Où va la poésie?" par J. Rousselot. 118-19. Rousselot affirme que M.J. est vivant dans le coeur des poètes nouvellement apparus. "L'humour noir ou seulement burlesque de M.J. (qui ne devait pas peu à A. Jarry) est allé marqué Jean l'Anselme (né en 1919), comme il avait marqué le Raymond Queneau des Zioux & du Chien à la Mandoline, le Jacques Prévert des Histoires & de Paroles , le Norge (né en 1898) des Oignons & des Cervaux brûlés sans oublier Maurice Fombeure & Marcel Béalu (né 1908).
---. BEALU, MARCEL. "M.J. POETE." Cahs. du Nord, no spéc. 203. "De Raymond Queneau à Robert Desnos, de Jean Follain à Maurice Fombeure, qu'ils avouent ou n'avouent pas son influence, il est aisé de la reconnaître chez les plus authentiques représentants de la Poésie d'aujourd'hui. Pour tous, à un moment de leur vie, il y eut ce phénomène percutant qu'était la rencontre avec M.J. Non seulement rencontre spirituelle, mais souvent contact réel, la plupart du temps affectueux, fraternel. Nombreux sont ceux qui le fréquentent, écoutent ses conseils, &, jusqu'à la fin, communient avec lui en échanges créateurs. N'est-ce pas Lacôte, Manoll, Cadou, Rousselot, Louis Guillaume, combien d'autres? …"
---. BONNEFOY, C. La Poésie fr. Seuil, 1975. 371. "[…] son oeuvre maîtresse, le CD, ouvrait les voies aussi bien à Prévert & Queneau, qu'au théâtre de l'absurde."
---. BROSSER D'UN SEUL TRAIT UN PORTRAIT: voici Vollard: "Il riait tel un cannibale devant une pucelle rôtie à point." C'est ce que ses jeunes admirateurs voulaient apprendre de M.J.
---. CINGRIA, CHARLES-ALBERT: "Il y a des gens qui doivent tout à leur siècle. Ce n'est pas le cas de M.J. C'est son siècle qui lui doit. Beaucoup de ceux dont on parle & dont les propos font époque dans les temps post-Apollinaire sont entièrement formés par lui." Dunoyer. Monde 22 mars 1969. IV.
---. DIX-SEPT ANS APRES SA MORT, M.J. EST-IL UN MAITRE? Arts 812 (14 mars 1961): 8. Marc Alyn. "Charles Le Quintrec auteur des Noces de la Terre lui a valu le prix M.J. 1958, dit qu'il regrette le personnage & l'humoriste, mais admire surtout le grammairien. Il dit que nous lisons toujours ses Ballades, les p. du CD, & l'admirable petit livre (pour connaisseurs seulement) CJP. Il pense que tout M.J. est dans ce mince ouvrage magnifique."
---. "LE FINISTERE ETERNEL DE M.J." PAR CHARLES LE QUINTREC. La Bretagne à Paris (5 mars 1974). "M.J. eut l'insigne bonheur de rencontrer de jeunes hommes: René Guy Cadou, Jean Denoël, Jean Rousselot, Michel Manoll, Marcel Béalu entre autres, qui ne cesseront plus de sa réclamer de lui."
---. GUIDICELLI, CHRISTIAN DECLARE QUE LA POSTERITE DE M.J. CROISSAIT & qu'au fur & à mesure des publications de son oeuvre les lecteurs le découvraient avec plus d'enthousiasme... "les jeunes & même les étrangers faisaient partie de ces enseignements lecteurs." ORTF RADIO FRANCE-CULTURE. La Matinée Littéraire par R. Vrigny. 25 mars, 1972.
---. "IL EST PEUT-ETRE L’ECRIVAIN LE PLUS ORIGINALl & le plus vrai de la prem. moitié de notre siècle & son influence est plus grande qu'on ne l'a généralement indiquée." R. Sabatier. Journal d'Europe [Bruxelles] (9 fév. 1973).
---. "J'AI RECU DE MAX les plus beaux cadeaux que puisse offrir un poète. Il fut mon seul correspondant pendant la guerre & sa lettre hebdomadaire me tenait lieu de toutes autres satisfactions. C'est lui qui m'incita à écrire... & m'engagea dans la carrière journalistique", écrit F. Fels, & il précise que "M.J. possédait un crâne phrénologique où chaque case était occupée par un ami. Comme tant d'amitiés du poète, celle-ci a eu des débuts épistolaires." M. Green. "F. Fels." LFF, 9.
---. MAITRE DU CHAMP ENTRE APOLLINAIRE & BRETON. Jean Lacouture. André Malraux. Seuil, 1973. 30. "[…] plus exigeant en matière de forme que Mallarmé ou Valéry lui-même, il fut, entre la disparition d'Apollinaire & l'apparition de Breton, le maître du champ poétique. Tel le vit Malraux, tel il l'admire, le suivit, & se fit parfois son écho docile."
---. "M.J., la postérité aidant, apparaîtra tôt ou tard comme l'un des grands poètes fr. du XXe siècle." Lannes. "M.J." Arts.
---. "M.J. SOURCE MAJEURE DE LA POESIE ACTUELLE." JEAN-PIERRE Rosnay. "M.J. pauvre masque..." 68 (mai 1978): 28 "[…] j'en ai largement rendu compte, tant à la radio, à la télévision, dans les colonnes des NL, qu'au Club des Poètes, que M.J. est un des poètes les plus novateurs & les plus décisifs qui ait traversé notre temps [...]. Pauvre Max (pauvre masque)! Cet homme au destin douloureux, petit par la taille; mais grand par l'esprit & le talent, se situera certainement dans l'hist. de l'évolution de la poésie comme l'une des 'sources majeures' d'une démarche poétique nlle dont la poésie actuelle est profondément imprégnée. A cet égard, sa préf. au CD est exemplaire."
"MAX NE FUT PAS SEULEMENT L'ECRIVAIN CURIEUX, LE DELICAT DESSSINATEUR & PEINTRE DE GOUACHES NACREES dont l'oeuvre demeure exemplaire, il fut l'initiateur & le guide, & le contrôleur des prem. essais des écrivains avides de perfection qui avaient 20 ans en 1920." Fels. Art vivant. T. II. Cailler, 1956. 29.
---. ---. 18. "M.J. m'apparaissait alors comme le prophète de la bande.- P. 29. au Montmartre, où le Graal semblait briller d'une pure lumière entre les mains de M.J. & du pur oint Picasso."
---. PAUL MORAND définit ainsi une année 'de guerre'. 1917 contenait de prodigieuses germinations. 1917 nourrit dans son ventre l'embryon de nos plus hautes valeurs de ce siècle." André Fraigneau. Cocteau par lui-même. Seuil, 1969. 3.
---. "PEU D'ETRES ONT A TEL POINT MARQUE CEUX QUI LES ONT APPROCHES, par je ne sais quel naturel profond." N. Frank. C'était il y a 30 ans. 32.
---. "TOUTE LA LITT. MODERNE A ETE ORIENTEE PAR LUI." Georges Desse. "M.J." Op. cit. 7.
---. "TOUT LE MONDE SAIT QUE LES JEUNES TE DOIVENT TOUT. Je me rappelle une nuit passée avec Aragon & sa bande dans une boîte de Montmartre, où on parlait de toi... je ne me suis pas gêné pour leur crier en pleine figure que, sans toi, ils n'existeraient point." D'une l. de Kisling à M.J de fév. 1922. Dunoyer. Monde 1976. Section spéc. 11-12.
INSPIRATION
INSPIRATION-INTUITION. COMMENT ECRIRE? "LES BRUSQUES INTUITIONS S'EN IMPOSAIENT SI IMPERIEUSEMENT qu'il les notait, au crayon, sur les manchettes, quand il en avait..." Henri Hertz. Europe no spéc. 22.
"CE QU'ON APPELLE INSPIRATION EST LE FAIT D'ETRE POSSEDE D'UN SENTIMENT. Le bon style & l'expression différencie un poème d'une romance." "Conseils littéraires." {Extr. l. à Béalu]. Roeping no spéc. 132.
"IL CROIT A L'INSPIRATION, OU INTUTITION, ELLE PEUT VENIR DES ANGES mais aussi des démons, il faut la surveiller." Garreau, op. cit. 125.
"L'INSPIRATION, C'EST LE PASSAGE D'UN MONDE DANS UN AUTRE, de la terre au ciel, ou d'un ciel à un autre ciel." AP, 26.
"L'INSPIRATION EST UNE PERSONNE AVEC QUI L'ON DISCUTE [...] les esprits qui dictent peuvent être bons ou mauvais." A Cocteau. Corr. II. 128. 21 oct. 1922 ; MJ/JC, 138.
"JE CROIS AUX CAS DE POSSESSION, ELLES EMPLISSENT LES EVANGILES A TOUTES LES PAGES. JE LES CROIS PLUS FREQUENTES QU'ON NE DIT. Nous sommes tous plus ou moins possédés. En tout cas, rares sont les volontés maîtresses de soi. Le génie est un cas notoire de possession." A L. Guillaume. 8 juill. 1942. France-Asie no spéc. 368.
"[...] TOUS LES HOMMES SONT INSPIRES. ÇA S'APPELLE INTUITION. ÇA S'APPELLE TENTATION. ÇA DEPEND DE LA PERSONNE QUI INSPIRE. On est inspiré par les anges, les démons & il y a toutes sortes d'anges & de démons. Mais il y a des génies parmi les anges. Quand on a un génie inspirateur, les critiques disent: 'Il a du génie!’" CJP, 27.
"VOUS M'AVEZ FAIT NAITRE DANS LE SIECLE QU'IL ME FALLAIT, INSPIRE COMME IL FALLAIT POUR MON SIECLE & donné un temps d'une notoriété compensatrice; vous m'avez comblé de soutiens parce que je ne pouvais me soutenir"; "Les Bienfaits de Dieu." T.r. 4; Gallimard, 36-37.
INTELLIGENCE
INTELLIGENCE FOR M.J. means that one is open for changes by ideas. This is just the opposite of the bourgeois & his rigidity. [Trad. M.G.]. Pfau, 140, n. 81.
"SELON MOI LA SENSIBILITE NE SE SEPARE PAS DE L'INTELLIGENCE; la faculté de souffrir est exactement la faculté de comprendre complètement, c'est-à-dire de 'compatir'." André David. "Fin d'un monde & de demi-monde." Nlle rev. des deux mondes 3 (janv-mars 1972): 620. L. à lui. St.-B. 29 janv. 1939. 620; du même. 75 années de jeunesse. Paris: André Bonne, 1974. 55.
INVENTION
AILES LES PLUS DIAPREES DE LA POESIE INVENTEE. Cadou. Esth. 23. "INVENTE!... Il faut faire des poèmes importants: j'aime mieux un p. déchirant, humain avec toute la fusée de la fantaisie, de l'invention, que mille p. de descriptions ingénieuses."
"CE QUI SAUVE L'ART C'EST L'INVENTION. Il n'y a création que là où il y a invention. Chaque art a ses inventions. L'idéal d'un bémol ou d'un dièze à l'endroit où on ne l'attendait pas est une invention. Une image nlle (oh que c'est rare!) peut être une invention. Une couleur imprévue mise en sa place. Une proportion nlle dans la dimension d'une oeuvre. Mais la véritable invention vient d'une conflagration de pensées ou de sentiments. - Un vers lyrique est le résultat d'une conflagration. Seule la conflagration, lui donne de la densité." CJP, 16-17.
CD ET INVENTION. Pérard, 27. "Selon M.J., la poésie répond à deux besoins, à celui d'inventer, à celui de chanter. L'invention veut la prose & le chant veut le vers ou une forme appropriée. - Il attachait la plus grande importance à l'invention. 'Inventez', nous écrivait-il (27 mai 1926), 'inventez le centre, inventez les détails, inventez les images, inventez les rapports des mots, mais soyez humain.'- Dans le CD, écrit entre 1904-1910, publié seulement en 1916, tant l'auteur a de peine à couper le cordon, l'invention règne: inventé le thème, inventé le détail."
"DANS LE GENRE POEME EN PROSE, ETRE VRAI, C'EST INUTILE. Une description même admirable ramène ce genre à une page de roman réaliste. Inventez donc, c'est le seul moyen d'être séparé du vrai. Le vrai est un instrument. La vraie vérité artistique est dans la force qu l'on donne au faux [...]. Les 'Contes de Perrault' sont plus vrais qu'un conte de Zola, étant plus forts. Comme vous inventez le détail, inventez aussi le thème. - Inventez, écrivez simplement vos inventions! [...]. Exprimez seulement des vérités neuves: les vôtres, c'est tout ce que je sais d'esthétique." "Conseils et Confidences." Des l. à Emié. Boîte à clous no spéc.[4].
INVENTER DANS LE VRAI. LUA, 21. ST.-B. 28 OCT. 1923. "J'ENTENDS PAR HUMAIN LE SENTIMENT VRAI faisant naître d'autres sentiments vrais. Le cadre importe peu & le style moins encore. Inventez dans le vrai."
L'IRONIE - AMBIGUITE
"IL SE PRESENTE & SE DENIE EN MEME TEMPS, C'EST CETTE AMBIGUITE QUI COMPOSE LE SECRET DES PLUS ILLUSTRES IRONISTES &, par exemple, de toute l'oeuvre d'un Cervantès, dont on ne peut jamais fixer nettement l'intention profonde." J. Cassou. "M.J. & la liberté." Op. cit. 462.
ITALIE
"DEPUIS QUE J'AI VU L'ITALIE, JE NE REVE PLUS QUE DE MERS BLEUES & DE GENS AFFECTUEUX. La France, c'est la correction, l'Italie c'est la grandeur & le sentiment. Nous avons peur du ridicule; ils ne craignent que la sécheresse & le mesquin. Ils ne nous ménagent pas leur mépris! [...]. Vive Rome qui sourit de nos mécaniques modernes: 'J'en ai vu bien d'autres!' dit elle." A Moremans. Op. cit. 41.
"DEPUIS QUE JE SUIS EN FRANCE J'ADORE L'ITALIE en bloc, c’est un parti pris que j’ai pris." LUA, 52. 4 juill. 1925.
"J'AI AIME LES ITALIENS. J'AI AIME ROME qui est une grande campagnarde qui a l’air d’être pétri en terre de pipe, dans tous ses jardins. Les plus beaux tableaux du monde sont à Florence (& aussi les plus vieilles anglaises). - St.-B. me paraît bien pâle quand je reviens de si beaux pays. [...]. Si tu vois Picasso dans tes parages, fais-lui mes amitiés. Parle-lui de mon Italie, Tintoret, les portraits de Raphaël & Pompéï." LEL, 5 nov. 1925. Op. cit. 63; ibid. 4 juill. 1926. 65. "Lorsque vous pourrez aller en Italie, n'écoutez pas les blagueurs qui vous en disent du mal, allez-y vous serez émerveillés. Tu ne te doutes pas, Elie, de ce que c'est que l'antique; les mosaïques des églises, les peintures murales de Pompéï, du musée de Naples, & les environs de Naples, Capri, Sorrente, & surtout Amalfi, le paradis sur terre. Les Italiens sont bons & simples; la grandeur vraie dans les moeurs est dans ce pays-là: on voudrait y vivre."
"J'ARRIVE D'ITALIE, OU J'AI VECU DEUX MOIS; JE N'AI QU'UN DESIR C'EST D'Y RETOURNER. Que ne puis-je vivre dans ce pays paysan & aristo, dans un château en terre cuite jaune avec une auto pour aller de temps en temps voir des Tintoret ou des peintures pompéïennes ou même ce charmant & méconnu Pinturicchio. Pas de Michel-Ange, ce bonhomme à coups de tonnerre pour rien, me fait horreur (pas tant que ça tout de même)." PJ, 245. A Kisling. St.-B. 24 juill. 1925.
"JE SUIS DESOLE QUE VOUS NE SOYEZ PAS ALLE A ROME. J'aurais aimé causer avec vous de ma chère Italie." LAL, 125. 9 oct. 1925; "Je vous parlerai longuement de mon voyage qui m'a enchanté: la révélation a été Tintoret, les mosaïques & les peintures antiques." 116. 18 juill. 1925.
"J'ETAIS TRES HEUREUX EN ITALIE. Je me souviens de Tivoli, où peignait le Poussin.[...]." LMM, 127. 3 mai 1943.
"TU ES BIEN HEUREUX D'ALLER EN ITALIE, j’y suis ce printemps & j’ai le désir d’y retourner quand je le pourrai. J'aime l'Italie passionnément." LGL, Quimper, [29] 1925, p. 9.
"UNE FOIS J'AI TRAVERSE LA TOSCANE par un crépuscule doré, quelque chose comme le paradis mais en beaucoup mieux." L. s.d. à N. Barney. Aventures...108.
ITALIE-ESPAGNE
"DEUX VOYAGES M'ONT SUFFI POUR ETRE DEGOUTE du XVe, XVIe, XVIIe, XVIIIe, XIXe & XXe siècle, y compris les précédents. Après Giotto, tout art m'assomme - j'en excepte les mirobolantes inventions de Jérôme Bosch, Brueghel le vieux & certaines autres primitivités. [...]. L'Italie m'a donné de l'humanité: J'ai trouvé là ce que la morgue & la correction françaises cachent en France. Aucune comparaison avec l'Espagne qui est encore plus correcte, réservée & secrète que le bourgeois français. L'Espagne est sèche & l'Italie humide." LUA, 59. 23 mars 1926; p. 60. 5 août 1926. "[...] je ne comprenais pas qu'on rapprochât cet antipathique pays de la débordante Italie, créatrice, pastorale & chantante. Va donc en Espagne: tu y verras le Prado où des chefs-d'oeuvre remplacent les insignifiances des musées italiens."
LIRE LES DEUX ARTICLES DETAILLES D'ANNE KIMBALL. "Dépêches italiennes - I: Parcours." Max Jacob & la Création. Coll. d'Orléans. 135-43 & "Dépêches italiennes - II: Inspiration." Coll. de Pau. 257-62.
J'AI FAIT MON TEMPS, A VOTRE TOUR, LES JEUNES! - à Marcel Béalu. DV, 12.
J'AI PERDU MA COURONNE
M.J. écrit à Eugène Parturier après son accident de voiture avec P. Colle, le 19 août 1929: "je suis bien mal armé pour vous écrire, juge difficile, & confus d'être si mal armé [...]. Je fais mon petit Louis XVIII & sans couronne! J'ai perdu ma couronne!" Maurice Parturier. "M.J. Notes Biogr." Le Divan (1944): 10; Kraus repr., 1968. 402. L. 3 janv. 1930.
JEUNES POETES QUI IMITENT M.J. & COCTEAU
MJ/JC, 213-14. 21 mars [1925] . «Nous avons eu la chance d’être poètes au début d’une ère nouvelle: les marrons que nous avons tirés du feu, nous les verrons manger glacés par tous les jeunes de notre vie. On reconnaît une ère nlle à ses sources orientales: or qu’on le veuille ou non notre poésie vient d’orient & plus la tienne que toute autre.»
JEUX DE MOTS-CALEMBOURS
"AVENUE DU MAINE." "Calembour! Coq-à-l'âne! écholalie! contrepétrie! Dites toujours! Il y a là un homme sans défense qui se cherche des armes, qui se les forge lui-même au feu du ridicule, afin d'en faire [...] cette épée de Saint-Georges qui terrassera le dragon." Cadou. "La vie d'un poème." Op. cit. 135; Cahs. du Nord. No spéc. 183.
"LE CALEMBOUR AUGMENTE LA SIGNIFICATION DU POEME, il bouscule les habitudes, il brise l'émotion ou il cache la souffrance." Plantier. MJ.
CALEMBOUR - CHIASME. Henri Béhar. "La saveur du réel." Europe (juin-juill. 1982): 105. "M.J. [...] use avec la plus grande maîtrise ce langage tout prêt dont une légère chiquenaude souligne l'inanité sonore: "Robert ne faisait rien, ce qui vaut mieux que de faire mal, & ceci ne l'empêchait pas de mal faire." (CD). N'est-ce pas lui qui, par un simple retournement de formule, un de ces chiasmes dont est friand le langage populaire ouvre les portes de l'infini poétique? "Il y a des nuits qui finissent dans une gare. Il y a des gares qui finissent dans les nuits." [Idem].
LE CALEMBOUR "ETABLIT ENTRE LES MOTS UN CONTRASTE PIQUANT, drolatique, par un rapprochement original. Procédé qui apparaît fort bien, d'ailleurs, dans Aristophane, Plaute, Shakespeare, Rabelais ou Molière." Manoll. "Images de M.J." France-Culture: Le Cabinet Noir, adaptation Manoll. 24 juin [1985].
LE CALEMBOUR - METAPHYSIQUE DU COQ-A-L'ANE. Rousselot. Pour en revenir à M.J. 57. "[…] calembours entre la lettre & l'esprit, le signe & la chose [...]."
LE CALEMBOUR PAR PLANTIER. Nesmy, Dom Claude. Op. cit. 59. "R. Plantier consacre 60 p. de L'Univers poétique au calembour & souligne en particulier que, par là, c'est retrouver aussi la 'tradition orale', notamment celle des comptines."
---. PLANTIER. L'Univers poétique.401. Il montre dans la partie consacrée aux calembours les principes & les moyens de l'analogie phonétique "motivant les signes, construisant les chaînes des êtres & des choses hors des ordres figés, hors des ressemblances logiques, hors des familles sémantiques codifiées de la langue fr. Plantier a «dépassé la seule analyse 'ludique' de tels procédés, & à plus forte raison l'attitude méprisante qui consiste à rejeter le jeu de mots parmi les accessoires voyants de genres subalternes.» Il a reconnu «la persistance de cette attitude à l'égard du langage dans toute l'oeuvre & à tous les moments de la vie du poète. Il ne s'agit donc pas 'd'accidents' du langage, mais d'une entreprise délibérée de construire une nlle logique, une nlle unité de ton, de phrase & de développement. Cette entreprise est la mise en oeuvre de la théorie du tremplin, telle qu'elle apparaît dans les textes 'pédagogiques' [...]. Il y a une voix particulière révélant ses plaisirs de bouche à oreille, révélant ses obsessions sonores: de la jubilation des comptines aux exorcismes des formules magiques contre le temps, contre l'espace & contre la mort; des exercices de diction & de libération de tous les possibles des mots enchaînés aux puissances 'd'évoquer' l'amour, le feu & la lumière dans l'expérience mystique. Le calembour est donc une armature générale dans le grand p. de l'oeuvre. Il révèle l'importance des battements rythmiques des consonnes constituant une saisie physique de la vie du poème."
LE CALEMBOUR REPRESENTE POUR LE LANGAGE POETIQUE UN ELEMENT D'ORDRE, & qu'il s’apparente en cela au phénomène de l'opération métaphorique - selon J.C. Chevalier qui analyse le langage poétique de G. Apollinaire. Le calembour serait 'l'acte poétique par excellence puisqu'il instaure la puissance de création poétique dans le domaine du langage qui est immotivé, dans le domaine de la forme, auquel il donne une signification.' (J.C. Chevalier. "La poésie d'Apollinaire & le calembour." Europe, 56-75, revue citée par Gérard Bertrand qui cite Chevalier in Ill. de la poésie à l'époque du cubisme: 1909-1914. Klincksieck, 1971. 78. "Ainsi sur le plan esthétique, le calembour serait ‘le signe le plus évident que l'art moderne est un art non d'imitation, mais de conception’." Chevalier.75.
LE CALEMBOUR 'UNE EPILEPSIE VERBALE'. Michel Cournot. "Notes de lectures, la poésie. Derniers poèmes en prose Le CD par M.J. Gallimard." Fontaine 8:45 (oct.1945): 743. "’Le p. en prose’ de M.J. apparaît, à prem. lecture, une graine de roman-feuilleton, historiette à peine contée & qui provoque une épilepsie verbale, une cascade de surprise, de déclenchements inattendus, [...] des calembours qui imposent les liaisons par sonorité & les soutiennent par des allitérations plus discrètes & par le rythme [...]."
LE CALEMBOUR UN MOYEN DE L'INTEGRATION. Plantier. Univers poétique. 402. "Nous avons bien ressenti, dans les reprises des mots, les angoisses & les joies d'un homme, les secrètes déchirures & la volonté de ne pas s'exposer aux jugements des autres. Remords, mort, mer, amour, seule & saule, monde, mon démon, temps, étang, mer, amer, autant d'appels qui ne sont pas des jeux sonores, mais des signes d'une dramaturgie de l'être profond [...] une pathétique recherche de la dignité. - Les calembours sont un des moyens privilégiés de l'unité. [...]. Plus qu'une tentative de destruction du langage, il faut y voir un moyen de défense personnelle, contre la 'famille' bourgeoise, contre la 'famille' artiste, contre la 'famille' religieuse stéréotypée. Les mécanismes du secret sont les mécanismes de la dérision, du burlesque & de la gratuité apparente. Ils cachent le visage torturé."
"C'EST APOLLINAIRE QUI INTRODUISIT LA COCASSERIE & LA GAITE EN POESIE. La vogue du calembour date de M.J. & d'Apollinaire. Valéry & Cocteau l'ont reprise à leur compte." Merle. Op. cit. 20. (Merle cite André Billy).
"COQ-A-L'ANE CHEZ M.J." Belaval, op. cit. "[…] sous l'aspect de l'incohérence, sous l'allure du coq-à-l'âne, se regroupent & s'harmonisent les éléments d'un poème." "La logique dans le contexte du coq-à-l'âne [... ] au sein du plaisir poétique, aucune des séries logiqes possibles ne s'explicite; il serait contradictoire qu'elles le fissent. Ce serait linéarement: le poème deviendrait plat. Mais, il faut que la conscience en vive la possibilité: le lecteur n'est ni un malade, ni un enfant, ni même un rêveur en sommeil, & son plaisir est de culture. C'est pourquoi, pouvons-nous conclure, s'il n'y avait point de logique, il n'y aurait pas de poésie"; p. 92. D'autre part, jouer sur les mots, c'est en chercher le sens secret: l'essence poétique. [Cf . Rousselot]. Il me souvient qu'hôtel Nollet, M.J. amusait la table par ses définitions. Obsèques? bois des îles [...]. Il est clair qu'obsèque définit ébène; [...] obsèque ajoute à sa noirceur une pompe (oui) qui le dresse en couche royale [...]; p. 93. 'La vis, ce qui rampe autour de la spirale; ce qui s'exprime à la pointe: le vice! [...] faudrait-il souligner par quels rapprochements dignes de la psychanalyse ?"
---. 70."L'ECHELLE DE JACOB, de la bouffonnerie à la contemplation, offre bien des degrés & ouvre bien des horizons dont il faut rappeler une vue générale. - En gros, deux moments, deux étages. [...]. Au prem. degré [...] ce sera la bouffonnerie, le 'khânular' d'étudiant ou de rapin.- D'abord, le M.J. public qui parle devant ses amis, lance ses traits, ses anecdotes; l'ironique, l'imitateur: les talents de conversation. Plus haut, le M.J. secret: il est seul, il rêve, il s'angoisse, il peint, il se met en contemplation: ombre & lumière sur fonds troubles. [M.G. Les critiques ont abordé seulement le Ier étage. Belaval dès 1946 invite les critiques d'analyser le 2e.].
---. 93-96;"ENFIN - & LA, SON ROLE CAPITAL - LE JEU DE MOTS INSPIRE LE POEME ou, du moins, alimente l'inspiration. Il l'oriente, il l'organise. Et d'abord par un simple appel, à la manière de la rime. Rome? rhum; & voici 'l'empereur qui a oublié son petit manteau & sa bouteille de Rome ou de rhum.' (40). [...]. Ce n'est pas tout: le jeu de mots, ne se contente pas de quelques appels isolés. Il semble parfois précéder & justifier le poème: 'J'ai revu mon ancien professeur de rhétorique & avec une femme. Je n'ai vu que leurs têtes mangeant des éclairs au chocolat sans plaisir: la grosse tête de l'ennui & la petite tête du commandement. Ah! ah! la revanche de l'humanité sur les humanités. Or, je me suis retenu d'aller rire par vengeance: c'est la revanche ici des humanités sur l'humanité.' [...]. Ailleurs, le jeu de mots n'a pas précédé le p., mais à partir du prem. terme, le déroule de part en part comme une banderole: 'Cet Allemand était fou d'art, de foulard & de poulardes. Dans son pays, la Reine-Claude est peinte sur les foulards; à table, on en sait aussi qui rôdent autour des poulardes. ou, mieux encore, ce p. qui reprend comme malgré lui, sur le mode baroque, 'Le vierge, le vivace & le bel d'aujourd'hui'… de Mallarmé: 'Le brazero, zéro! il s'exaspère de n'être pas un triangle muni d'ailes noires. Il se mord la queue, il est traversé de rails bleus qui se rallient, le raient & le raillent.' p. 88. "[…] le mot sert de tremplin pour un nouveau bond en avant, comme dans ces jeux d'enfants (Paris, ricane, canneton, tonsure etc...) où chaque terme doit débuter par la désinence du terme précédent." 91-92. "Les jeux de mots accrochent d'entrée le regard. En fait, une vingtaine de poèmes seulement en usent, mais ils frappent, font saillie, le lecteur superficiel garde le souvenir d'acrobaties verbales & se croit dispensé de prendre le CD au sérieux. […]. D'abord le jeu de mot exprime simplement l'allégresse verbale. [...]. De plus, le jeu verbal permet aux mots liés un soulignement réciproque: 'Ils étaient aussi gourmets que gourmés, le monsieur & la dame'; s'ils étaient seulement gourmets, nous n'en verrions pas la raideur & le froid reflet du faux-col; s'ils étaient seulement gourmés, nous n'en verrions pas la faiblesse. Des jeux de mots de cette sorte font tourner autour de l'objet qu'ils détachent & qu'ils transforment: des 'bouquets de bosquets', ce sont les bosquets vus de loin, les 'bosquets des bouquets', ce sont les bouquets vus de près, & il se trouve ainsi que les bouquets sont des bosquets comme les bosquets des bouquets."
96. "Jeux de mots & rêves." Enfin le jeu de mots peut organiser le p. d'une manière plus subtile & assez proche [...] de l'organisation du rêve: [...]. 'Il a été témoin d'une scène ou demi-scène de la fille avec la mère à propos de physique ou de fusil, la bonne ayant demandé si on faisait beaucoup de physique ou de fusil dans le pensionnat où on envoyait son fils à elle'... 'La duchesse a un profil aristocratique & la plante de muraille s'appelle aristoloche, l'auteur du reportage s'appelle Aristide?" Conclusion des Jeux de mots. 97. "[...] il faut y voir une méthode de recherche, très proche [...] de celle que préconisait Vinci en conseillant à ses élèves d'observer les taches de mur & les constructions de la cendre. [Cf. Michel Manoll. "Images de M.J." France-Culture].
DEFINITION DU VERS CLASSIQUE PAR M.J. "Qu'est-ce que le vers classique, sinon douze syllabes avec un demi-calembour au bout?" Rousselot. "M.J. & la 'situation' des mots." Op. cit. 147-48. "[M.J.] défend le calembour contre les gens qui pincent la bouche lorsqu'ils le rencontrent en poésie. Selon Rousselot, "ne s'agit-il pas là que de l'interchangeabilité des signes, mais aussi de l'interchangeabilité des choses signifiées, des éléments du monde, voire des mondes &, peut-être, d'une équivalence fini-infini, Dieu-homme, etc… Le Cosmos & le Néant? [...]. La matière & son double, l'anti-matière [...] calembour !"
FACTEUR-FACTURE. L. inéd. à René Dulsou. [1935]. "Notre héros épie les facteurs, il n'arrive que des factures."
«LA GESTAPO (LAISSE TA PEAU).» N. Frank. C'était il y a 30 ans. 32. Dans une l. adressée à Frank, juste avant son arrestation par la Gestapo il a ce mot.
JEUX DE MOTS. LJRB. Début été 1912, 140. "J'ai l'honneur de te faire part de la naissance des OB. Ce livre vaut 80 Fr l'exemplaire ne sera connu des libraires. Laissons les dans leur lit braire. Libre air! Libre art. Cher Jean (chers Gens!), je te prends comme // sergent."
---. COCTEAU. Disque vert no spéc. 30. "Souvent, mystérieusement remué par un coq-à-l'âne de M.J., coq-à-l'âne qui le débarrasse des rêveurs, je pense à cette tradition du jeu de mots des oracles de Delphes, de Délos, de Dodone, aux calembours têtus des tables tournantes."
---. M. DECAUDIN. "Etudes sur la poésie contemp. Trois poètes des années vingt." 228. "Par ces recherches (jeux de mots), dont la gratuité n'est qu'apparente, M.J. s'inscrit comme un des prem., après Jarry, à avoir suscité en poésie une problématique du langage."
---. M. MANOLL. "IMAGES DE M.J. Le Cabinet noir." France-Culture le samedi 24 juin à 21 h. "L’humour cascadeur & frénétique de M.J., n'est pas celui de Swift, à l'ironie impitoyable & à la bouffonnerie tragique. Il est fait, comme l'illustre CN, d'observations incisives & minutieuses, d'un jeu verbal qui permet un soulignement réciproque des mots liés, & qui alimente l'imagination, l'oriente & l'organise. Il serait trop simple de penser que M.J. le considérait comme un facile moyen de faire de l'esprit. Il faut y voir au contraire, une méthode de recherche très proche de celle que préconisait Léonard de Vinci, en conseillant à ses élèves d'observer les taches sur le mur & les constructions de la cendre, chercher le fond dans les scories."
---. LMM, 121. 11 déc. 1942. "ESTHETICIEN-ESTHETICHIEN" à propos de Chapelan. Même lettre: "La vieille fille de la Poste [...] s'indigne parce qu'on lui prend un facteur auxiliaire. [...] la pauvre ne sera convaincue de la vie réelle que lorsque l'Administration elle-même & elle-même iront fabriquer à 'Postedam' les briques qu'elles y mangeront ;"- "Rares amitiés pleines-planes-aéroplanes"; les touristes parisiens qui lui rendent visite sont "plus mobiles que mobilisés"
---. ROUSSELOT. Mort ou Survie du Langage. Op. cit. 153-54. «Jeux de mots? Surréalisme de bas étage? Bien sûr, il y a de cela dans ces métamorphoses. Mais qui ne comprendrait que c'est la notion même du langage qui est ici remise en cause, la chose signifiée divorçant d'avec son signe expressionnel, l'idée en migration constante de la matière vers l'esprit sur les portées dimensionnelles & qualitatives de la nature des choses? Considérons les mutations successives que M.J. fait subir à une simple phrase comme 'les ménages déménagent' avant de la reconstituer finalement, au dern. vers dans sa figure initiale. […]. Ici comme ailleurs, il s'agissait de boucler la boucle par petits déplacements successifs, liés, liquides [...] bouclée comme le monde lui-même, cette boîte ronde à laquelle songeait M.J. en disant sa nature 'poreuse & emboîtable'. [...]. Le mouvement des métamorphoses jacobiennes est, en vérité, le plus parfait, puisqu'il décrit un cercle, un cycle. A chaque point de la courbe, accident de langage ou mutation psychophysiologique, il y a équidistance quantitative & qualitative relativement au centre & à l'antipode. Si l'on passe insensiblement d'un chaînon à l'autre, c'est parce que chacun est semblable, en son principe, à son voisin, & qu'il est un microcosme du tout. 156. Jeux de mots.
«Quand M.J. dit : 'des bosquets de bouquets' & 'des bouquets de bosquets', n'imprime-t-il pas en nous deux images rigoureusement semblables? On pourrait multiplier de tels exemples de possibles – & donc fatales - confusions entre le sens & le son à la faveur de ces analogies dont la chaîne métamorphique assure l'unité du cosmos & dont les poètes sont parfaitement fondés à faire leur logique, voire leur discipline existentielle... »
---. THAU, A. "Play with words & sounds." RLM M.J. no 1. No spéc. 155. [Structures jouant sur le sens ou sur le son des mots]. Résumé. […] les crit. se sont bornés à en parler en termes péjoratifs. Leur jugement est fondé sur la présomption que ces structures sont toujours humoristiques, & par conséquent, indigne de la poésie [..].
JEU VERBAL. M. MANOLL. "L'Aventure poétique..." Op. cit. 9. "Mais il n'y a pas que le jeu verbal, qu'une gravitation autour des mots, qu'une poésie expérimentale, chez M.J. L'homme y est sans cesse présent, avec de graves & profondes tonalités, qui portent les échos de la tristesse & de l'inquiétude."
JOURNAL
"ECRIS TON JOURNAL, CHAQUE JOUR. [...] toute idée qui se présente devait être notée à l'instant même." Guiette. Vie de M.J. 144.
LE JOURNAL DE VOTRE VIE. PRENEZ DES NOTES TOUS LES JOURS. "Si j'avais écrit le journal de ma vie au jour le jour, j'aurais aujourd'hui le dict. Larousse. Un mot écouté, recueilli, & voilà toute une atmosphère reconstituée. Ah! Tout ce qu'on perd! Toutes les perles perdues!." CJP, 42-43.
LANGAGE DU POEME
CD EXPLIQUE PAR M.J. Cadou. "La Vie du poème." Op. cit. 137; Cahs. du Nord. No spéc. 184. M.J. écrivait en 1939: "Tout ce qui est constatation, description est antipoétique, fut-ce une description lyrique, épique, apocalyptique. Pour avoir méconnu cette vérité les 90 % des modernes sont caducs. Le langage du poème est le langage ému de la mère à l'enfant, etc ... Le reste est prose. [...] la poésie est un cri mais c'est un cri habillé (?)"
INVENTION. LE REEL DANS LE CD. SAINT-THOMAS. THESE. 102. "Malgré la légèreté du ton & du sujet [ces exercises] font partie de l'effort pour réintegrer la vie dans l'art. M.J. choisit des sujets banals ceux qui sont à la portée des gens qui l'entourent, & donne libre cours à ses dons d'invention."
LANGAGE CREATEUR. Plantier. Univers poétique. 403. "A la mystification du langage figé, de l'existence figée, de la raison figée, il oppose la passion du langage créateur: de là cette multitude qui se déplace dans son oeuvre sous les signes les plus anodins du langage qui sont aussi les plus proches du mythe: comme, ainsi, couleur de, en forme de, tremplins dérisoires de la possession universelle au-delà, bien au-delà, des vérités étroites & temporaires. Notre insistance sur les formulations syntaxiques de la similitude ne relève donc pas d'une manie technicienne, mais d'une juste appréciation du rôle qu'elles jouent dans l'établissement […] d'une partition lisible par la voix & par le regard des autres."
LA LANGUE PARLEE. ANDREU. VM, 270. "Le poète doit posséder un choix complet de mots, tous les mots usuels, les mots du peuple & des paysans, les mots de l'épicier & de la crémière & user de toutes les formes syntaxiques: 'Quand vous aurez une belle collection de syntaxes, ayez aussi tous les mots usuels, & si vous connaissez bien la grammaire vous serez un bon écrivain'- écrit-il dans CJP. ‘Ce qui est écrit dure' & Max, comme il le fait pour tous ses correspondants poètes (Jabès, Cadou, Béalu, Manoll, demain Rousselot) donne au 'jeune poète' les conseils les plus pratiques & les plus judicieux. (P. 270, n.2). Il écrivait en janv. 1938 à Jabès: 'Ça coule, ça coule! Ce laisssez-aller peut te contenter, mais non le lecteur. Dans le genre sentimental surtout lequel ne peut vivre que de mots, de style, de serré, de serrures."
---. BELAVAL, op. cit. 86-87. "La langue qu'emploie M.J.[DANS LE CD]est aussi parlée que possible. Aucun souci du terme noble ou artistement populaire, ni de la phrase balancée.
VOCABULAIRE SIMPLE. […]. 90-91. "L'emploi du mot dit poétique demeure rare: le CD se contente du vocabulaire quotidien. M.J. n'y apparaît point comme l'esthète qui s'arrête devant un mot, le tourne & le retourne dans sa bouche: ce n'est pas aux mots isolés mais à leur rencontre fortuite qu'on le voit s'éveiller le poète."
---. GUILLOUX. "M.J. nous parle." France-Asie no spéc. 367. St.-B. 8 juill. 1942. "Je pense que c'est justement ces obligations, ces voyages en autobus, ces ouvriers, ces gestes automatiques, cette vie d'ersatz, ces ersatz de vie qui sont la matière des oeuvres. J'ai été bien malheureux quand j'étais employé de commerce dans les années 1903 ou 4 & je trouva bien indigne de moi le boulevard Voltaire & la plèbe des sous sol. N'empêche qu'il n'y a pas une ligne de certaines oeuvres de mon temps de productions qui ne dût quelque chose à ce temps-là sans parler des poèmes. S'il y a encore un peu d'humanité en moi, c'est à ce temps-là que je le dois."
---. PARROT. Op. cit. L. 16 août 1943. "Le caractère de la poésie 43, c'est de supprimer la bienheureuse limite qui séparait le vers de la prose. Ça a commencé au XIXe siècle, au temps d'Emile Zola, mais en ce temps-là c'était au profit de la prose; maintenant c'est au détriment du vers: le vers n'existe plus. On ne fait aucune diff. entre les langages (ou style): on écrit le vers en style abstrait de conférences ou de manuels ou d'articles de journaux avec n'importe quel mot. Plût à Dieu qu'on écrivît en 'langage des Halles': Hélas, ce serait trop beau: ils ne sont pas assez lettrés pour s'y essayer."
LA POESIE DE M.J. NE SIGNIFIE PAS, N'EXPLIQUE RIEN. Manoll. "L'Aventure poétique." Op. cit. 9. "Cette poésie ne prétend nullement signifier. Elle n'explique rien & ne s'explique pas. Sa grande vertu consiste d'abord à nous surprendre, ensuite à nous séduire, & toujours à nous faire chanter avec elle & à nous atteindre."
LA VIE QUOTIDIENNE. B. Debresse. Note de F. Garnier, p. 8 à "La maison mystérieuse." "Faut-il rappeler l'attirance qu'exerçaient sur M.J. les situations - banales! mais toujours originales quand même! - de la vie quotidienne? Que trouve-t-on dans les documents qu'il amassait? Pêle-mêle, les cas de conscience sur la vie ou l'habillement de La Femme de France ou La Mode, des lettres de consultation, les conclusions d'un jugement avec les 'attendu que...' tous noms effacés, la chronique des tribunaux dans tous les journaux possibles, quelques professions de foi de candidats aux élections, & des coupures d'imprimés innombrables... Ces documents prenaient forme de nouvelles, l. imaginaires ou ballades."
LA JOIE DE VIVRE
"A LA CAMPAGNE ON PERD LA GAITE & LA GAITE, SURTOUT LA TRISTE, EST LE FEU DIVIN." AP, 72; J. Lanoë. "M.J. les gaités tristes de Morven le Gaëlique." Monde section spéc. (1976): 12.
L'AMOUR DE LA VIE. PLANTIER. MJ, 146. "Le bonheur de M.J. fut de tout intégrer dans la splendeur & la puissance de la vie, quoi qu'il arrive [...]. M.J. a le sens de la vie, il en a l'amour & toutes les puissances."
L'AMOUR & LA PURETE. PLANTIER. "M.J. & le plus grand amour de Dieu." Op. cit. 11-12. "Nous avons tenté modestement, mais avec la sympathie profonde que nous portons à l'auteur, de nuancer des jugements trouvés trop catégoriques & qui risquent de nous masquer la richesse & l'étendue de cette pensée religieuse. [...]. P. 13. Pour tout cela M.J. lutta jusqu'à mourir, son oeuvre en porte les marques visibles." Pp. 12- 13: M.J. écrit dans une l. inéd. à Georges Cattaui, le 20 mars 1925. 'Personne ne dit ce qu'est l'esprit chrétien, la douceur épandue dans le corps tout entier, cet optimisme de la chair & de l'esprit, l'amour & la pureté joints ensemble, tout cela c'est l'esprit chrétien."
"CEUX QUI N'ONT PAS CONNU M.J. L'APPELLENT MAX." Revue de l'Ass. Corporative Intersyndicale de la librairie & l'Ed. du Corps Enseignants 66 (sept.-oct. 1976): 20. "Certains poètes continuent de se faire des amis très proches, après leur mort. Qui, ne l'ayant pas connu, songerait à appeler Valéry par son prénom? Mais volontiers nous disons Max, nous qui n'avons connu M.J."
CONVERTED THE ROUTINE INTO JOY. W. Fowlie. The Climate of Violence. Op. cit. 188. He endowed the commonplace with freshness, & converted "the routines of life into unpredictable joy."
"DIEU NOUS PROTEGE VISIBLEMENT: QUEL ALLIE!!!" LML, intr. 11.
LA JOIE DE M.J. INSEPARABLE DE DISCORDE & CONTRADICTIONS. Plantier. "La Joie de M.J." Op. cit. 5. "Ce titre peut surprendre bon nombre de lecteurs plus sensibles à la tension du désespoir, à l'angoisse des visions infernales ou à la destruction de la moquerie, de la caricature & de la dérision qu'à cet amour de la vie, à cette puissance de bonheur inséparable de l'oeuvre, inséparable de l'homme M.J. Il est vrai qu'une splendide déformation paraît plus intéressante au critique littéraire que l'analyse de la santé. La joie de la santé! Santé de l'oeil, de la main, de la bouche: voir, toucher, boire & manger, parler, beaucoup parler. M.J. est d'abord ce pétillement de l'oeil, cette joyeuse mobilité des mains, cette gourmandise des lèvres & de la pensée, cette faim de connaître, de découvrir; cette curiosité qui va jusqu'à l'ahurissement [...]"
LA JOIE DONNEE PAR DIEU. LML, 47. St.-B. 12 avr. [1937]. "Il ne faut pas être triste. Pourquoi serions-nous tristes? Dieu nous a doués plus que d'autres! Dieu nous a donné les beautés de sa création & la sensibilité pour les sentir. Dieu voit nos luttes pour Lui plaire & se plaît en nous."
MAX DONNE ENVIE DE VIVRE. AGUEDAL no spéc. (1939): 107. M. Levanti cite J. Delteil: "... quand on arrive de Musset & de Baudelaire & de Maldoror, terribles poètes, Max est oasis. Max, l'optimiste. Max le divin donne envie de vivre."
JUIF
"ADIEU VIEILLE RACE JUIVE QUE JE N'AIME PAS, QUE JE N'AI JAMAIS AIMEE."
L'AME JUIVE. LMM, 21. Intr. "Ce charme, cette séduction qu'il déployait, en passant par tous les travestissements n'avaient point d'autre objet que de capter la sympathie & aussi d'échapper à cette angoisse existentielle (poussée jusqu'à ses extrêmes par Kafka) à cette conscience malheureuse, à cette angoisse & à cette insatisfaction qui forment les constantes de l'âme juive."
ANTISEMITISME. Corr. I, 106. A M. RAYNAL. "LES JUIFS SONT DESOLES A LA PENSEE DE LA RENAISSANCE DE L'ESPRIT RELIGIEUX comme ma famille le sera à celle du mien. Je ne vois pas pourtant que ce soit dans les époques religieuses que soit né l'antisémitisme qui est le fruit de l'esprit commercial. Comme je n’ai pas d'esprit commercial, je ne serai pas antisémite & c'est bien ainsi!"
LE CACHET ROUGE: 'JUIF'. LJCOLLE,37. 4 NOV. 1940. "A Montargis où j'ai dû aller (non sans peines) me faire recenser comme juif, les fonctionnaires de la Sous-Préfecture ont été émus & émouvants: toutefois ils ne voulaient pas apposer le cachet rouge: 'JUIF' sur la carte de la légion d'honneur: l'honneur n'est pas juif. J'ai insisté spécialement pour qu'ils le fassent. Si l'honneur est une qualité chrétienne, ce sont les juifs qui ont inventé la religion chrétienne. N.S. a été circoncis (le 3 janv.) & sa famille! & les amis! & les apôtres !"
"CAR J'AI DE L'ANARCHISTE & JE CROIS QU'IL NE FAUDRAIT PAS GRATTER BEAUCOUP LE CHRETIEN POUR TROUVER LE JUIF en moi, & qu'il ne faut jamais gratter le juif si on n'y veut voir l'anarchiste depuis qu'il n'y a plus de théocratie nulle part." LFF, 108, n. 8. 14 sept. 1918.
"LE CATHOLICISME HEBRAISANT DE M.J., QUI ETAIT RIGIDE, INTRANSIGEANT & MASCULIN 'EN DIABLE'." Claude Valence (Conrad Moricand). "Derniers écrits de M.J." France-Asie 8:72 (mai 1952): 216.
CH. ANDREUCCI. THESE DE 3E CYCLE, 67. "Mais il est Juif lui-même & son goût pour la spéculation intellectuelle est très net. On a vu son intérêt pour les constructions abstraites de la Kabbale."
CINQ POETES ASSASSINES. Robert Ganzo. Paris: Minuit, 1947. Préf. 10. "Une rescapée par miracle m'a conté les délires de M.J., la couverture qu'il s'arrachait sans cesse, ses jambes nues & maigres. Et les terribles mots qu'ils répétait: 'Sale juif... sale juif.' [...] Les misérables de Drancy ont-ils pu croire que les mots s'adressaient à eux? Non. Egaré, ne comprenant plus ce que des hommes ignobles lui voulaient, quelle mortification encore M.J. pensait-il trouver en lui?"
LE CURE DE MONTARGIS CONFIAIT AU DR. SZIGETI qu‘il ne pouvait réprimer un sourire en voyant les prosternations outragées en somme la ‘furia hebraica’ chaque matin à la Messe Basse de 6 h., très ponctuellement."
DANS UNE L. LLP de 1940: 'STALINE NE CONQUIERT PAS IL DELIVRE' "m'écrivait une poètesse de Pithiviers, Charmant! EN EFFET LES MILLIERS DE JUIFS CONDAMNES AUX TRAVAUX FORCES (sic) SONT LA POUR REPONDRE A MA PLACE"; Notes de Lecture. Plantier. M.J. 3 (1980): 119.
"EN VERITE, ON PEUT CRAINDRE LA FUSSILLADE EN MASSE DE TOUS LES JUIFS. Pourquoi pas? la pauvre race élue en a vu d'autres & j'aime mieux la fusillade que le bûcher. Le martyre me va assez, surtout sans douleurs physiques. C'est plus beau que le gâtisme pour lequel l'Hospice de St.-B. m'attend & moins douloureux que la cystite & le prostatites auxquelles j'ai droit." Belaval, op. cit. 52. 31 déc. 1941.
"J'AI SOUFFERT DES JUIFS QUI NE CAJOLENT QUE CELUI QUI FLATTE LEUR ORGUEIL DE RACE, mais, puisque je ne les satisfais pas, qu'ils me laissent au moins aller où il me plaît. C'est une race qui se défend toujours, ce qui est la plus mauvaise façon de se défendre. Elle est insolemment orgueilleuse de ses victoires [...]. Elle s'imagine supérieure parce qu'elle ignore le reste du monde & la modestie des gens chez qui elle vit. Elle pense & croit que la pensée unie au bon sens, c'est tout, alors qu'une pensée ne vaut qu'avec la collaboration du coeur & de la tête. Cette collaboration n'existe jamais chez les plus compatissants & les plus intellectuels des Juifs." DT. "Jeudi après minuit." 122.
"JE FAIS UN LIVRE SUR LES SAINTES ECRITURES où j'éclaire la question du rôle biblique des juifs." LEJ, 77. 1er mai 1939.
"LE JUIF EST ABSTRAIT & SANS SENTIMENTS HUMAINS. [...] C'EST POURQUOI IL A FALLU LA DIGUE DES COMMANDEMENTS de l'Ecriture pour lui indiquer les sentiments permis & les sensualités défendues." A Moricand. LTB, 80. 13 fév. 1938.
"LES JUIFS ONT EN EUX QUELQUES CHOSE 'DE METALLIQUE’." L. de Pougy cite M.J. Mes Cah. Bleus. Op. cit. 71.
"[...] MA PROPRE SOEUR QUI EST PLEINE D'INTELLIGENCE, MAIS JUIVE & ANTICLERICALE (je n'ai jamais pu comprendre que les juifs puissent être anticléricaux puisqu'ils ont inventé le cléricalisme: c'est se tourner contre soi-même)."
MISSEL DE M.J. "Gardé jusqu'à la prison en 1944. Donné par P. Colle à H. Sauguet. Contient une invocation de M.J. "JE PRIE DIEU POUR MA RACE."
"MOISE JOUIT DE L'ETERNITE BIENHEUREUSE, SUPPOSONS QU'IL EST AU 'SEIN D'ABRAHAM', LE PARADIS JUIF. Moïse n'a pas les rayons du front que lui prêtent les peintres mal-informés, mais il a bel & bien des cornes pour signifier que la race qu'il représente est toujours diabolique..." LTB, 112. A Briant, 27 oct. 1940.
"MORHANGE C'EST L'UNIVERSITE DETREMPEE DANS LA JUIVERIE [...]." LNF, 66. [Fin oct./début nov. 1924].
"ON NE PEUT PAS CHANGER PLUS DE CROYANCE QUE DE RACE. ON Y EST. C'est nous qui avons inventé la religion de la douleur: honneur à la race souffrante, c'est ce qui fait sa grandeur, son éternité & sa force. Jésus-Christ n'a fait qu'appliquer ce principe qui vient du péché originel. Sachons souffrir avec la grandeur qu'implique la haute destinée de notre peuple. Quand les juifs seront martyrs, je m'inscrierai pour le martyre." PJ, 421-22. A M. Moré. 26 nov. 1936.
"TA RACE, LA RACE JUIVE, EXISTE ENCORE, CAR ELLE EST LE TEMOIGNAGE VIVANT DE LA VERITE, & ETERNELLE." DT, 226.
LA RACE JUIVE REPRESENTEE AVEC DES CORNES. "[...] le phallus producteur de vie est une corne. C'est pourquoi on dit d'une femme qu'elle fait des cornes à son mari, si elle ne se contente pas du phallus légitime & qu'elle en veuille un autre. Puissance démoniaque donc! Moïse qui représente la race juive est représenté avec des cornes." LTB, 102. A Moricand. 2 août 1940.
"REGARDE LES JUIFS INSTRUITS: ILS ONT L'INTELLIGENCE, LE SAVOIR, PLUSIEURS PRATIQUENT LES VERTUS CHRETIENNES, MAIS RIEN N'EGALE LEUR ORGEUIL aristocratique, leur esprit de conquête &, même chez les charitables, leur manque de vraie charité: ils n'ont jamais la grâce; ils sont désintéressés, mais blessants. J'en connais un qui a refusé quarante mille francs qui lui étaient dus, il les a refusés pour être admiré, pour faire du bien à sa caste, pour donner une leçon à un ennemi. L'acte est beau, mais quel mauvais esprit!" Corr. II. 268. A E.-M. Poullain. 1924. St.-B.
"SI L'ARISTOCRATIE [...] CONSISTE A SE TROUVER DES ANCETRES LE PLUS LOIN POSSIBLE DANS LE TEMPS, LES JUIFS SONT LES SEULS ARISTOCRATES VERITABLES puisque leurs ancêtres sont connus depuis 4000 ans." P.-M. Frenkel. «La foi de Max Jacob.» Pour en revenir à M.J. No. spéc. 74.
"TOUS CES PAUVRES JUIFS QUE JE ME SENS AIMER, la race martyre d'elle-même & des autres, beaucoup de douleurs, mais aussi les compassions s'éveillent & l'on voit s'éveiller avec elles les joies du véritable amour."
"TU N'AS PEUT-ETRE PAS REFLECHI A LA NECESSITE DE FAIRE SOUFFRIR ALTERNATIVEMENT L'EGLISE & LES JUIFS; car la souffrance seule peut conserver une race ou une société. Il faut nous attendre dans le cours des siècles à retrouver le martyre dont le sang féconde. Quant à moi, j'y suis préparé dès longtemps & comme juif & comme catholique fervent. J'en parlais avant Hitler, j'en parlerai toute ma vie." LEJ, 76. [Janv. 1939].
LA KABBALE - MYSTICISME - LE ZOHAR
"LE BESOIN DE MYSTICISME COUVRAIT TOUTE LA VIE DE M.J. Pas une pierre pour lui qui ne portât un signe céleste ou diabolique. Il se nourrissait de la Kabbale & de Corneille Aggrippa & vous prenait dans un coin pour vous moduler en grimaçant la réelle prononciation de Jahve qu'il pensait avoir rétablie. Tous ses amis possèdent les pentacles hébraïques qu'il adorait leur dessiner, si revenant de chez la princesse Ghika il ne leur extirpait pas de ses poches, qu'on eût dit bruyantes de billes enfantines, une pierre qui répondait à votre tempérament & qui vous devait éviter la maladie, la colère ou les méfaits de l'alcool." Desse. "M.J. farceur..." Op. cit. 7.
"[...] CECI EST IMPORTANT POUR NOUS LES ECRIVAINS. Au commencement était le Point qui n'est pas Dieu, puis il y eut la Voix. Puis il y eut l'articulation ou lettres. Le monde a été fait avec les lettres. Le monde est le livre de Dieu. Ceci n'est pas une image. Tout est lettres ou nombres. De là, la valeur du nom! Le nom du Seigneur est sacré & toute existence est attachée au nom: nommer c'est créer. [...]. Epeler est une opération magique." PR, 396 cite de LML, 60. Ibid. 397. "L'image de la spirale est plus proche de celle des mystiques juifs. 'Colimaçon n'es-tu forme du monde/ Très pur en haut flamme & bitume en bas/ L'âme, spirale est-elle? mieux que ronde.../ Loche en la terre, feu follet au trépas.' Ce poème s'intitule d'abord 'Cosmogonie' [in LAS, 12], puis comme pour atténuer la référence trop explicite à la Kabbale 'Colimaçon' (PMR, 216) avec une modification des derniers vers 'torse, n'es-tu, l'âme, plutôt que ronde/ loche en vivant, feu follet au trépas.'" (397, n. 59).
LE CHIFFRE 666: "on le trouve cité dans l'Apocalypse, ch. 13:18. Ce verset parle de la bête à deux cornes & lui attribue le Nombre 666, avec cette affirmation: 'C'est la sagesse même qui parle ici.' Beaucoup de chercheurs se sont évertués à trouver la signification de ce Nombre, où l'on a voulu voir Néron, l'Antéchrist, etc... C'était probablement une façon discrète de désigner aux chrétiens d'Asie, familiers de ces calculs, un empereur, sans s'exposer aux accusations de lèse-majesté. Mais nous en avons perdu la clef. Comme Renan, de nombreuses interprétations admettent que ce chiffre peut être la transcription du nom de César Néron en caractère hébraïque, pris comme persécuteur type. Quoi qu'il en soit, trois six suggèrent symboliquement, une domination manquée, inférieure, donc à la perfection exprimée par le sept. Une chose est certaine: 666 est la somme des 36 prem. Nombres que l'on trouve dans le carré de 6 appelé 'Sceau du Soleil' & dont les sommes donnent 111. Quant à la Bête à deux cornes, elle peut être tout aussi bien le Taureau que le Bélier (suivant l'époque), c’est-à-dire l'emblème du soleil de l'équinoxe du Printemps qui débutait l'année. En effet, 6X6X6=2160, or, il faut 2160 ans au point vernal pour reculer d'un signe zodiacal dans le précédent. Le point vernal est l'endroit du ciel où le soleil se lève à l'équinoxe du printemps. Comme on le constatera, le sujet est fort complexe!" ‘A de très nombreuses reprises, M.J. fera réf. à ce Chiffre’. M.J. L'Echelle de Jacob. Op. cit. 192-93. Note 19. L. à Léon Daudet. 20 sept. 1922.
EMBOITEMENT. U. Pfau. "Le portr. de l'artiste en dévôt." Op. cit. 34-35. "Or dans le Zohar jouent un grand rôle des représentations d'une sorte d’ ‘anti-monde' vivant dans tout ce qui vit & le menaçant de l'intérieur. - M.J. met en relief dans la peinture qu'il en fait l'espèce d’ 'emboîtement' caractéristique des deux mondes & qui apparaît d'une manière particulièrement claire, entre autres manifestations, dans la 'transmutation' du divin ou de l'humain en démoniaque. C'est un des thèmes les plus fréquents des VI (voir pp. 15, 16, 18, 53, 55, 57). L'un des procédés littéraires auquel l'auteur a recours à ce propos est l'image reproduisant une illusion d'optique. C'est ainsi que nous trouvions déjà dans le CD illustrant ce procédé, les lignes suivantes: 'Un diadème est changé en mille têtes de députés'. (66). 'Au pied du lit, l'armoire à glace, c'est la guillotine, on y voit nos deux têtes pécheresses, (58). C'est grâce à ce procédé optique très simple que dans le 2e poème la représentation de la culpabilité ressort d'une manière toute particulière."
L'ESPRIT DE LA KABBALE - TRAD. JUDAIQUE. Canet. "La Bible dans FE." Op. cit. 49. "Certes dans quelques textes l'inspiration est purement judaïque; le nom propre revient parfois comme le leitmotiv du psaume ou de l'incantation: Adonaï, Yahveh ou Jehovah. [...] l'image des marches dans l'escalier du Bien & du Mal que M.J. développe dans le poème rappelle la vision des 'cieux successifs' d'Ezechiel & celle de l'échelle de Jacob (Genèse XXXVIII-12). L'exorcisme du mal par la puissance du nom divin lié à la lumière du 'feu blanc' & à l'écriture: 'Mane, Thecel Pharès' (Daniel V-25) rappelle même l'esprit de la Kabbale: 'Les Yeux au ventre" III. 'C'est autre chose à l'Antipode du Mal Scient.../ Puis autant de degrés dans cette moisissure/ Et de ce côté du losange/ Que sur l'escalier des beaux anges...' "
"ESSAI SUR SAINT LUC." Andreucci. M.J.: acrobate absolu. Op. cit. 39, n. 11, p. 189. "Jésus comme Moïse est [...] kabbaliste." Derrière la fuite en Egypte, c'est l'initiation de Jésus à la magie égyptienne. Les trois rois-mages sont la sagesse chaldéenne. Voir "Essai sur Saint Luc." (inéd.) & Pérard. Op. cit. 144. Méd. "Fuite en Egypte."
EXPLICATION DU ZOHAR.
"CE LIVRE, ECRIT EN ESPAGNE PENDANT LE MOYEN AGE, EST UNE PRESENTATION DE LA DOCTRINE ESOTERIQUE D'UNE SECTE HEBRAIQUE LONGTEMPS TRANSMISE ORALEMENT. La pensée & le langage biblique s'y retrouvent fort contaminés de la philosophie néo-platonicienne. Le thème principal du livre est devenu une symbolique occulte compliquée... M.J. fut attiré par cette doctrine pour deux raisons: d'une part, son héritage juif pouvait le pousser naturellement vers le mysticisme; d'autre part son tempérament poétique & imaginatif était stimulé par le caractère symbolique de cette doctrine. [...].- La tournure fantaisiste du SM & du SJ s'explique grandement par le langage emprunté à la symbolique religieuse. Le comique mêlé au sacré relève plutôt du langage que des thèmes eux-mêmes. Les idées n'ont ici qu'une importance secondaire. Nous le voyons clairement par le propos que l‘allumeur de réverbères', personnage blanc pareil au Christ (SJ, 114) tient à SM. "Voici la canne d'or pour mesurer la ville de Jérusalem...Quatre princes assiègent la ville, & c'est toi qui les y feras entrer. C'est ta dernière épreuve. Adieu." (SJ, 122). Saint-Thomas. Thèse. Conclusion. Chap. III, 258-59.
"J'AI LU LES 2 VOL DE 500 P. DE PAUL VULLIAUD SUR LA KABBALE JUIVE. Immense intérêt. Me voici très calé sur le i, les croix, le Yod, le On, les Hé, etc... On n'apprend jamais que ce qu'on savait déjà." LTB, 75. A Moricand, 13 juill. 1937.
LA KABBALE JUIVE DE PAUL VULLIAUD. LRR, 74. Janv. 1939. "Oui je connais le livre de P. Vulliaud sur la Kabbale juive; j'y ai beaucoup appris. Je n'ai rien vu dans ce livre qui fut contraire au dogme mais au contraire un étai, une vue du fond de la foi."- 96. 19 fév. 1944. "En matière d'occultisme j'ai lu un gros ouvrage d'érudition: La Kabbale Juive de Paul Vulliaud. Livre excellent! Il traite de charlatans les occultistes du XIXe siècle & je crois que c'était plutôt des faibles & des littérateurs."
LA KABBALE JUIVE […] M’A BEAUCOUP APPRIS. LTB, 65-66. A Moricand. 12 déc. 1936. Ibid, 109-10. 10 oct. 1940. "[…] en Kabbale on sait la valeur du verbe, la puissance de la lettre. A la bonne époque on représentait Dieu tenant un petit livre où il y avait seulement les 22 lettres hébraïques. Chaque lettre a une puissance morale; que sera-ce qu'un mot & qu’un mot attaché à la peau d'un homme. Balzac avait raison. Je crois que les bons romanciers en ont usé de même. Dans la Bible les héros changent de nom. Isaac devient Jacob quand il devient voleur du droit d'aînesse, c'est-à-dire l'ancêtre des Chrétiens au dépens des Juifs [...]."
KABBALE - LA MAIN. PJ, 436. A Th. Briant 6 juill. 1937. "Chacun des doigts portait le nom d'une des lettres du Nom de Dieu & chacune des phalanges en portait également. Or les lettres étaient des chiffres en même temps dans la tradition hébraïque. Les lettres de l'alphabet étaient à la fois la couronne de Dieu & la représentation du Cosmos. De sorte que les mouvements des doigts & de la main étaient un langage Très Sacré. Les bénédictions chrétiennes pontificales ont cette origine kabbalistique. [...] les reliques des Saints sont souvent enfermées dans des mains dressées au ciel. C'est pour désigner que le Saint mort est en Dieu."
"LA KABBALE NE CONSIDERE PAS LA MATIERE COMME MAUVAISE, NI LA NATURE COMME INDESIRABLE ou emprisonnant l'âme & l'esprit. L'Univers est d'une seule pièce. Cette unité du Tout (Le Tout ne formait qu'Un dit le Zohar), à quoi s'ajoute l'idée des correspondances entre l'homme & le cosmos, est probablement l'une des principales raisons de l'attirance de Jacob pour le courant juif. Car il répondait là à son angoisse de l'abîme, de la séparation d'avec Dieu, de la solitude de l'homme." PR, 397-98.
MAX JACOB TEMOIN DES ENCHEVETREMENTS DU QUOTIDIEN. R. Lannes. "M.J." Arts, op. cit. "M.J. a été avant tout un extraordinaire témoin des enchevêtrements du mental & du quotidien."
LA MYTHOLOGIE - LE CULTE D'APOLLON. Plantier. "La mythologie..." Op. cit. 65-66. Il analyse le mythe d'Apollon dans divers p. de M.J. & trouve que "Ce paganisme d'Apollon, c'est le culte de la beauté des corps: jeunes hommes & jeunes femmes. Dès lors le mythe se heurte à la symbolique chrétienne: 'Corps d'Apollon?... je veux la Sainte Face.'(HC, 62). [...] Le culte d'Apollon était déjà une ascèse, une longue marche vers la montagne sainte. Les éléments chrétiens servent peut-être ici à réunir, & c'est une des constantes de l'esprit de M.J., la beauté sous toutes ses formes & le devoir de perfection personnelle: 'Le Paradis s'il vous plaît/ Au poète enfant de paix.' (LC, 144). C'est surtout dans SM (107)& dans SJ, (156) que le syncrétisme se manifeste. Le loup d'Apollon rencontre le loup de Saint Philippe. M.J. cherche à établir des chaînes par rapprochements. S'il écrit, dans ‘Désir du Paradis’ ‘& la troupe des nuages & des blonds Archimèdes/ des Apollons chrétiens & des saints Ganymèdes/ mène dans le silence d'un éternel matin/ ce qui les possède & qui déjà me défriche." Act. Et. 53-54.
NOIX-NOISETTE. "Lorsque le roi Salomon pénétra dans les profondeurs du jardin des noyers, il ramassa une coquille de noix & l'examinant, il vit une analogie entre ses couches & les esprits qui suscitent les désirs sensuels des humains." (p. 28). Parmi les titres: 'L'écorce & l'amande.'" Le Zohar. Extr. choisis & prés. Gershom Scholem. Seuil. 1980. Plantier. "Notes de Lecture." M.J. no 3. 114.
L'OCCULTISME. Andreu. MJ, 31. "Nous ne suivrons pas J. Rousselot quand il écrit que M.J. était un 'ésotériste, un occultiste' avant d'être un chrétien, mais on ne peut nier que, dans ces années qui précèdent la conversion, l'occultisme tienne une place énorme dans sa vie." [M.G. Ni Andreu, ni Plantier ne partagent la vue de Rousselot & Plantier refute Blanchet & Bounoure].
ON NE PEUT PAS PLACER UN POETE DANS UN SYSTEME - LE ZOHAR. PLANTIER. MJ, 22. Le Père Blanchet conclut dans l'intr. à la DT (16) que 'C'est bien la Kabbale qui a inspiré à M.J. sa conception si personnelle & de la poésie & de la spiritualité: pour lui, d'ailleurs, c'est tout un.' Le Zohar offre bien au lecteur, & à plus forte raison au poète, une somme de possibilités, mais nous remarquons que la symbolique est contenue dans toute tentative poétique. […]. Quand G. Bounoure définit M.J. comme 'un mystique juif dont la poésie se fonde sur l'idée cabalistique de l'emboîtement des êtres, sur la croyance qu'on s'élève au réel par franchissements de cercles concentriques’ (Disque Vert, no spéc. 1923), il nous semble bien catégorique. Il est séduisant de placer un poète dans un système, mais la poésie ne vit que de liberté. De plus la liberté de l'individu résiste fort heureusement aux historiques principes de la race, du milieu & du moment!"
"LE PARADIS & L'ENFER VOISINENT EN EFFET, QUESTION D'OSMOSE & DE PELURE D'OIGNON. 4E DIMENSION." LPM, 71-72. n. 6. "Jacob s'inspire de la phil. du Zohar, livre espagnol du XIIIe s. qui résume la trad. orale de la Cabale. Le Zohar décrit l'univers comme une série de sphères concentriques reliées les unes aux autres, d'où l'image de l'oignon & l'idée que le paradis & l'enfer sont voisins. D'après cette trad. mystique, l'homme peut entrer en contact avec l'au-delà à travers la méditation & la prière, ce à quoi Jacob fait allusion en parlant 'd'osmose' [...]. Dans sa poésie aussi, Jacob s'inspire du Zohar: il croit que les mots ont le pouvoir magique de transmettre l'inexprimable."
PERCER LE SECRET. E. Jabès. C'était il y a 30 ans. 42. «Les voix m'ont dit na, ce qui veut dire secret en hébreu», avait-il écrit dans la DT. Homme du secret & non d'une légende, M.J., tout en soignant cette dernière, s'acharne à percer le mystère d'une existence vouée au ciel & à l'enfer.»
"LES RELIGIONS DE L'ORIENT & LA KABALE SONT LA SEULE PHIL. QUI EXISTE EN DEHORS DE L'EVANGILE, mais elles y sont incluses & celui-ci suffit. Lis la Kabale! Ou plutôt lis le livre de Paul Vuillaud La Kabale juive, qui résume toute la question avec science & intelligence [...]. Si par hasard tu trouvais Le Bouddhisme par Oldenberg (Alcan Levy), lis ça: livre d'une importance énorme & qui dit tout." LCHG, 88.
"TU AS RAISON DE LIRE LE ZOHAR: IL T'AGRANDIRA BEAUCOUP DU COTE DIVIN, CE DONT TU AS BESOIN, car le divin c'est l'Esprit & on n'a jamais assez de spiritualité [...]. Lis donc le Zohar, il finira par faire de toi un bon juif, c.à.d. un futur catholique." DV, 163. PR, 402.
"VULLIAUD TRAITE LA QUESTION DES RAPPORTS AVEC LA PHIL. Je crois me souvenir qu'il dit que Descartes & Leibnitz furent Kabbalistes. Il est probable que la Kabbale est infiniment ancienne & que ce n'est pas même Moïse qui en est le créateur, ni les Egyptiens." L. à Belaval, op. cit., 48.
LE ZOHAR & SM & SJ. Saint-Thomas. Thèse. 72-73. "L'Océan de Mystère Le Sepherha Zohar est [...] la clé qui ouvre la compréhension du SM & du SJ. [...]. Il ne s'agit pas du tout pour le poète de s'approprier ni les images ni les idées du Zohar: il est question de se plonger dans une atmosphère qui lui est totalement nouvelle. [...]. De toute façon, M.J. a réussi, de son propre génie à créer un monde à lui, en accordant une dimension poétique & personnelle à la doctrine ésotérique de la Kabbale." 78. "Il paraît clair qu'il a ruminé longuement le symbolisme du Zohar: il a fini par interpréter plusieurs doctrines selon ses idées personnelles."
ZOHAR & SM. Plantier. MJ, 32. "Sous le manteau des astres & des doctrines, continue de vivre l'homme de solitude, qui ne peut crier tout ce qu'il ressent, parce que les autres riraient."
ZOHAR: TENTATIVE VERS L'AGRANDISSEMENT. Ibid, 34. "La tentative gnostique est donc toujours une voie ouverte vers la science, vers l'agrandissement qui efface l'humiliation & la culpabilité."
LE LECTEUR - M.J. DANS L'ENSEIGNEMENT
AUTEUR CONSCIENCIEUX. A Doucet, 25 mai 1918. Corr. I. 169. "La litt. est aussi comme le printemps. La mienne chaque mois renaît de ses cendres [...]. Je veux & dois plaire à mon lecteur, mais je dois encore plus être un auteur consciencieux. [...] il me semble criminel d'aller se mettre en cave, quand on doit infuser la vie à la cité & comment & qui peut & doit mieux le faire que les artistes & leurs bienfaiteurs?"
BT2 no 107 (mars 1979). [Bibliothèque de Travail pour le 2e cycle]. Max Jacob. Publication pédagogique. La plaquette a été composée entièrement par les élèves, de Mme Hélène Henry, illustrations comprises. Le ‘comité directeur’ qui avait accepté la plaquette, était composé, lui aussi, de lycéens.
CD AUJOURD'HUI. Andreu. "M.J. & les mots en liberté." Op. cit. 42. "Trop classique pour les 'modernes' qui déjà rêvaient de 'mots en liberté' - ces 'mots en liberté' que M.J., tournant le dos au dadaïsme, allait condamner avec éclat, dès 1917, dans Nord-Sud, trop neuf pour les anciens, personne ne l'avait reconnu. Poésie trop subtile, trop pure pour qu'on l'aperçoive au premier coup d'oeil. Le voit-on bien aujourd’hui?"
ENSEIGNER M.J. Paul Lecoq. "La poésie moderne a-t-elle sa place dans l'enseignement? 12." Réf.? P. Lecoq enseigne Eluard, Reverdy, Supervielle, M.J., en classe. Il a choisi 'Honneur de la Sardane & de la Tenora' les 4 prem. strophes de M.J.- Il affirme que "la poésie moderne trouve [...] aisément sa place dans les classes de grammaire &, notamment, en 6e. [...] S'il est ridicule de considérer que l'histoire de la poésie fr. s'achève avec Verlaine, il ne l'est pas moins d'imaginer qu'elle commence avec Apollinaire." Aucun des élèves de Lecoq n'a perdu le goût de La Fontaine ou de V. Hugo, pour avoir aimé Supervielle ou Guillevic […]." A la question de savoir s'ils souhaitent mener simultanément l'étude des poètes d'hier & des poètes d'aujourd'hui ou s'ils préféraient se tenir aux premiers, 25 sur 29 ont répondu, par bulletin secret, qu'ils voulaient poursuivre l'expérience. Pourquoi les priverions-nous de cette occasion d'élargir leur culture, & de se préparer, déjà, à devenir les lecteurs de demain?"
---. HENRI BESSE. "Poésie & Expression." Le Français dans le Monde. 1974. 66, 67, 68. "Un poème dans une langue qu'on ne connaît pas. Besse analyse avec ses étudiants des poèmes courts & contemporains. Il cite E.A. Poë qui estimait qu'une longue poésie ne peut exister, & affirmait que l'expression 'une longue poésie' est contradictoire dans les termes. - Il analyse avec ses étudiants un p. en prose du CD (59) qui consiste d'une seule ligne: 'Mur de briques, bibliothèque.' "
M.J. APPRIVOISE NOTRE MONDE ETRANGE SANS AGGRESSIVITE & DEMOLITION. J.-B. Morvan. "Souvenir de M.J." Aspects de la Fr. (8 juill. 1976): 12 "L'oeuvre de M.J. nous paraît moins étrange qu'au public des 'années folles'. Bien plutôt qu’un mystificateur, ne fut-il pas un artiste cherchant à apprivoiser notre monde obscur? Sans y chercher des prétextes d'agressivité ou des instruments de démolition, il traita l'étrange & le bizarre avec une bonne foi profonde. […] l'autorité enthousiaste (& en l’occurence quelque peu indiscrète) de certains ecclésiastiques se proposa de l'orienter vers l'Action Fr.; après quoi en 1926, le pauvre Max s'étonna qu'on exigeât de lui avec une insistance analogue le désaveu du mouvement mauriassien ... Nous n’en avons pas pour autant l’intention de le revendiquer: s'il nous intéresse, c'est parce qu'il représente, dans certaines zones de la psychologie & de la litt., un type de recherche & une attitude dignes d'être étudiés & comparés avec celles d'autres écrivains de son temps."
M.J. A TOUT FAIT CE QUI SEMBLE PROBLEMATIQUE AUJOURD'HUI & MODERNE. H. Sauguet. "Une journée avec M.J." Créer. No. spéc. 31. "Quand on me parle aujourd'hui d'un homme libre ou d'un écrivain engagé, quand on me parle du secret poétique ou de monologue intérieur, tarte à la crème du nouveau roman, quand on me parle de l'écriture automatique ou de rigueur formelle, que l'on agite devant moi certains problèmes prétendus actuels & qui surgissent & resurgissent d'époque en époque, chaque fois que l'on bat la semelle devant des portes ouvertes & que l'on tient pour fermées, j'évoque la personne & l'oeuvre de M.J."
M.J., DONT L'EXISTENCE ETAIT IGNOREE COMPLETEMENT A L'EPOQUE, où Mme de Noailles parvenait sans effort à la notoriété, M.J. n'a pas eu besoin de son centenaire pour affermir sa réputation. Son recueil de poèmes en prose, le CD qui est peut-être son meilleur ovrage, a constamment trouvé de noveaux lecteurs depuis plus de 50 ans. Il avait fallu que M.J. le fît imprimer à ses frais en 1917 & se chargeât d'en vendre lui-même les exemplaires aux habitués de la Rotonde & de quelques autres cafés de Montparnasse." Pascal Pia. "Deux centenaires (Anne de Noailles & M.J.). Carrefour des L. 78(nov. 1976): 13.
M.J. PRESENT AU MONDE ENTIER. V. Cigerova. C'était il y a 30 ans. 22. "D'abord quelques délicats ont aimé son oeuvre & ont répandu partout sa gloire. Puis son martyre a bouleversé les consciences & les fidèles se retrouvent à St.-B. comme jadis les pèlerins sur la tombe rustique de Jean-Jacques […]. Et comme l'œuvre, passionnément attachée à tout ce qui est humain, n'est pas limitée à un seul langage, le monde culturel tout entier connaît M.J., Protée à la 'multiple splendeur', & source inépuisable d'enrichissement. Il est présent dans le monde entier."
M.J. SE DEROBE AU LECTEUR. Claude Roy. B. Gallimard, 1970. Préf. 11. "Lorsque Max nous prend, lui qui toujours se dérobe, se défile & faufile, nous nargue & nous déjoue, retire malicieusement les chaises où l'on allait s'asseoir, les tapis où l'on allait poser le pied, nous sommes pris comme par très peu, déchirés comme une soie, droit, & de part en part."
ON NE LE LIT PAS, OU PEU. Robert Szigeti. "M.J. poète & peintre de Dieu." Créer no. spéc. 51. "Je sais bien que l'homme dit cultivé connaît trois ballades de Villon, toujours les mêmes; quatre sonnets de Ronsard, un ou deux poèmes de Rimbaud, disons six de Verlaine & de Baudelaire. M.J. est bien placé dans ce palmarès, dans les anthologies où quelques poèmes se retrouvent, là encore toujours les mêmes."
"LES PENSEES D'UN ECRIVAIN APPARTIENNENT A CEUX QUI LES LISENT. L'existence d'un poète à ceux qui aiment à l'entendre chanter…" A Doucet. 22 janv. 1917. Corr. I. 128.
PASTICHE DE M.J. DANS TRESORS DU PASTICHE. Ed. Horay. Paris. 1971. 195. Prés. & choix F. Caradec qui dit (9-10) "Quant au pastiche, c'est peut-être la forme la plus subtile & la plus récente. Il recherche les 'tics' & les procédés.- Chacun sait [...] qu'on ne peut bien goûter un pastiche que lorsque l'on connaît bien l'oeuvre qu'il parodie." (Le pastiche par Jean Pellerin).
"LA RENOMMEE VIENDRA BIENTOT PRENDRE M.J. DANS SA RUE RAVIGNAN" selon Apollinaire. 24 avr. 1908. Salon des Artistes Indépendants; Apollinaire. Œuvres en prose complètes. II.Textes établis, prés. & annotés par Pierre Caizergues & Michel Décaudin. Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 1991. 894.
LE SENS MULTIPLE DES MOTS. Belaval. La recherche de la poésie. Gallimard, 1947. 38. "(le lecteur) ne s'impose point de réduire les mots à un seul de leurs sens multiples, & de développer sa compréhension du poème sur un seul plan, à partir des sens définis... Pour lui, le langage s'anime."
SES LIVRES VENDENT PEU. "On peut rappeler le témoignage de N. Frank, selon lequel les livres de M.J. se vendaient peu, ce qui explique l'amertume [de M.J.], surtout si on pense au succès des surréalistes." Mémoire brisée, op. cit. 141-42; LRR, 105, n. 49.
LE TEST DE LA POESIE DE M.J. SUR LE PUBLIC NON-INITIE. Rousselot. "M.J." Vie et langage. Op. cit. 439. Rousselot a conduit depuis des années l'expérience suivante: chaque fois qu'il traverse Chartres en auto, il ne manque jamais de réciter à l'intention de ses passagers ce début du 'Roman feuilleton': 'Donc, une auto s'arrête devant l'hôtel à Chartres. Savoir qui était dans cette auto, devant cet hôtel si c'était Toto, si c'était Totel, voilà ce que vous voudriez savoir; mais vous ne le saurez jamais... jamais…' Le résultat du test était toujours positif: "sur environ trois cents 'tiers transportés' - 'Dans la vie, je suis le tiers transporté' disait M.J.- ,"je n'ai pas entendu plus de 10 personnes dire que ce poème est complètement idiot & qu'il faut être complètement idiot pour appeler cela un poème. Les autres [...] ont eu la réaction espérée: éclat de rire, imitation immédiate & [...] engrangement parfait dans la mémoire." Rousselot s'empresse de dire que ces "près de trois cents personnes de sa connaissance qui [...] étaient généralement 'bouchées' à la poésie 'moderne'. Il n'ira pas jusqu'à affirmer que leur vie en a été changée, mais qu'elles sont devenues plus alertes, plus ouvertes, moins 'glycine, glissade & réglisse' (ce que le poète détestait le plus). C'est déjà quelque chose."
LEGERETE
"IL EST NOTRE DERNIERE RESSOURCE CONTRE CE QUE NIETZSCHE APPELAIT […] L'ESPRIT DE LOURDEUR." Cassou. "M.J. parmi nous." Mail no spéc. 242.
LIT-ON ENCORE M.J.?
"ATTENDS UN PEU QUE JE SOIS MORT. TU VERRAS." R. Szigeti. C'était il y a 30 ans. 71-72. "L'homme que nous avons connu est mort il y a 30 ans. Le poète est bien vivant.- Plusieurs fois par an, je reçois, seuls ou en groupe, des jeunes professeurs, des étudiants, de partout, même de France. Ils savent tout de l'oeuvre de Max, souvent beaucoup de sa vie. Il faut entendre leurs questions & voir avec quelle passion ils écoutent. Cela peut être interminable. On parle, on va chercher des documents, des textes, on lit, on regarde, on analyse. On raconte des anecdotes. On mime. Et ça ne finit pas. Ces jeunes n'ont pas vu Max, mais ils le connaissent, l'aiment, étudient son oeuvre & apprécient sa valeur indispensable & exemplaire."
CRITIQUE - NOUV. LECTEURS. Ch. Pelletier. Monde 1976. Section spéc. "Une nlle génération de lecteurs & de chercheurs, qui ne l'a pas connu, n'est plus obnubilée par le personnage. Des revues d'inspiration universitaire consacrent de plus en plus fréquemment d'articles à des études détaillées des oeuvres de Jacob. Auteur réputé difficile, Max a été longtemps méconnu des chercheurs. Il a jusqu'à présent fourni prétexte au dépôt de très peu de sujets de thèse & seuls deux doctorats ont été menés à leur terme. [...]. Max n'est pas seulement un jongleur du verbe & un acrobate du langage. Il sait voir & écouter. Il puise son inspiration dans ce que la vie a de plus authentique & en retour, il nous livre souvent celle-ci au sein même d'une invention ludique."
"D'INNOMBRABLES NOUVEAUX LECTEURS SE SONT ATTACHES A SON OEUVRE." M. Béalu. C'était il y a 30 ans. 15. "M.J. a-t-il jamais été plus présent? Ses livres ont été réimprimés, d'innombrables nouv. lecteurs se sont attachés à son oeuvre."
LE GRAND PUBLIC NE CONNAISSAIT PAS M.J. Peyre, op. cit. 43. Selon Secrétain "Il a eu une cour d'admirateurs, mais il n'a pas atteint [...] le grand public."
"JE SUIS NE 30 ANS TROP TOT." LEJ, 27. 3 ou 4 avr. 1935.
LIT-ON ENCORE M.J.? SA VIE & NON PAS L'OEUVRE. Notre Temps [Bruxelles] (24 mars 1976). "Mais combien le lisent encore? On a consacré beaucoup de monographes aux péripéties de son existence, peu à son oeuvre qui se retrouve alors enfouie, sous l'anecdote, l'événement piquant & émouvant. Serait-ce parce que, l'oeuvre nous résiste? Ou parce que la vie de M.J., né sous l'heureuse étoile des bardes, homosexuel, converti, amant de la Vierge, mort, l'étoile de David sur la poitrine, nous fascine davantage?"
M.J. INVITE LE LECTEUR A PARTICIPER A L'ENTREPRISE DU POEME. Alain Bosquet. "Relire les poèmes de M.J." NRF 37:218 (fév. 1971): 60. "Dans son cas se montrer un artiste impeccable irait à l'encontre de cet immense capital de sympathie dont il a besoin, derrière les masques & précisement à cause d'eux. Apollinaire a les mêmes laisser-aller: ils invitent le lecteur à mieux participer à l'entreprise du poème, comme l'idée de le corriger un tantinet, ici et là, resserrait encore la complicité."
M.J. LIT SES OEUVRES AU THEATRE. LBEG, 36. 29 mars 1936. [Au théâtre des Noctambules]. «Quant à moi voici: je lis des lettres du CN. Je lis des poèmes du CD & quelques poèmes très lyriques & très graves. J'ai eu jusqu'à présent un réel succès […]."
LA LITTERATURE: ENNEMIE DE LA POESIE
"THE PUSZTA POETS WORKED IN ACCORDANCE WITH LEON-PAUL FARGUE'S EXCELLENT MAXIM… Real poetic works come to birth as easily, unconsciously & innocently as possible, or if they have to struggle through the ever-inimical past of literature, with the greatest possible exertion. The imagination & creative methods of M.J. can be compared with those employed by these anonymous poets of the puszta." Gyula Illyés. People of the puszta. Budapest: Corvina Press, 1967. 219.
LA LOGIQUE SELON M.J.
"LA LOGIQUE EST LA CONSTANCE DE L'ESPRIT. J'en ai assez de cette logique! de cette constance! Ah! que j'envie les rallye-papers & les steeple-chases de l'imagination! Ici, une haie, là un talus! je saute!" Chronique des temps héroïques. Ed. originale. Paris: Louis Broder, 1956. 79.
LONDRES
"AU DEBUT DE LA GUERRE, OBERLE RECUT A LONDRES UNE L. DE M.J. OU IL DISAIT: "Très cher Jean, oui, Londres m'est très sympathique. Je crois qu'on y est plus sensible à la poésie, à l'art, & plus dépourvu d'opinions clichés qu'à Paris. Je crois qu'il y a à la fois plus de franchise & plus de réserve, peut-être même plus d'intelligence véritable." J.O. "M.J. Poète & Martyr." Op. cit. 104.
LOURDES
A JACQUES MEZURE. 24 juill. 1942. Doc. Du Val d’or. «Mes impressions de Lourdes-Vichy pendant la saison! [Visite du 11 fév. 1926]… Jacob en hébreu veut dire ‘supplanteur’.» [Allusion à la Genèse ch. 27, v. 35].
MANUEL DE LA CONFESSION - TRAITE DE PSYCHOLOGIE
LJRB, 147. Printemps [1913]. «J'ai trouvé dans le grenier de notre maison la bibl. rongée d'un chanoine du 18e siècle, & je préfère à Clarisse Harlowe les décisions du Concile de Trente & certain 'manuel de la confession' qui est bien le seul traité de psych. que j'aie jamais lu. Quelle école pour un roman.»
MARGE - DISTANCE
L'ANNEAU DE SATURNE. La Poésie Symboliste. L'après-Midi des Poètes. Trois Entretiens sur les Temps Héroïques (Période symboliste). Au Salon des Artistes indépendants (1908). "La Phalange Nlle" par G. Apollinaire. Paris L'Edition (4, rue de Furstemberg, 1908). "La Création." [Par M.J.]. "La nuit n'était pas complète dans la salle puisque nous lisions tous les regards comme la page d'un livre. La danseuse parut: nous étions très amoureux, robe violette, & les amants du double arc-en-ciel qui l'entourait. Autour de l'arc-en-ciel il y eut une chaîne de chérubins, archanges sans corps ni âmes. Et notre regard était à toi, déesse de la nuit, mais nos pensées étaient au philosophe de l'avant-scène: 'Toute matière fabrique de l'esprit, disait-il, & la matière humaine fait de l'intelligence; mais combien faible est l'essence de Saturne, si son anneau n'est ni pensée ni matière.'" (P. 116). (Yale U Library); VM, 54. "Lors de la Conf. Apollinaire, 2 petits poèmes en prose de M.J. furent déclamés par Marcel Olin. Ils n'ont pas été repris dans le CD." [‘Création’ & ‘Anecdote invraisemblable’].
L'ART CHRETIEN AIME L'HUMANITE. IL SE PENCHE SUR ELLE, L'A PREND EN PITIE DE LOIN. A Doucet. 21 fév. 1917. Corr. I. 139. "Mais le chrétien ne hait pas l'humanité, il l'aime. Il se penche sur elle; il l'a met à sa place dans la nature & dans l'univers; il la voit comme une nuée d'insectes dont chacun porte une petite cocarde qui le différencie du voisin. C'est ainsi qu'il la prend en pitié de loin sans permettre que son contact le souille. Voilà l'attitude de l'artiste classique, attitude qui sera celle de l'époque qui vient."
AS AN OCCULT OBJECT, THE POEM'S FUNCTION WAS TO REVEAL THE SUPERNATURAL, & Jacob signified that poetic capacity by the terms 'situation' & 'transplantation'. Morgenroth-Schneider. Op. cit. 49. & n. 11. «Because Jacob employed these expressions figuratively, his commentators have elucidated them in different ways: Gerald Antoine. "M.J.: Une doctrine littéraire." Op. cit. 21, interprets 'situation' as referring aesthetically to 'les lois& les limites du genre'; Blanchet, in his Intr. to the DT, 14, chooses a mystical acceptation of the poem situated 'à tel ou tel niveau du cosmos divine'; Maurice Pinguet, "L'Ecriture du rêve dans le CD." M.J. 1 RLM op. cit. 27, describes the reader - drawn by the poem into the dream state - as 'transplanté'; Thau, "Esthetic Reflections," p. 810, n. 5, believes 'situation' evokes a 'need for obscurity' but concludes that Jacob never clarified the meaning of the term.»
---. IBID. 50. "Through metaphors of displacement in space, Jacob defined artistic pleasure as a profound spiritual event: 'Aller en esprit au lieu géographique & surnaturel voulu par un créateur, en revenir c'est une joie de l'esprit & proprement le mouvement qui donne le plaisir artistique. Note 12. Ms. 7198-21, Doucet Library. "Les Mots en liberté." Idem. n. 13. Pierre Lagarde. MJ Mystique & Martyr. Paris: Baudinière, 1944. 57. "On reconnaît qu'une oeuvre... est située au petit choc qu'on en reçoit ou encore à la marge qui l'entoure, à l'atmosphère spéciale où elle se meut.' (CD, 16) [...]. C'est plus qu'une adhésion, c'est une descente & comme, chaque fois, une révélation d'une vérité... comme si on passait d'une zone de compréhension à une autre zone." The paradigmatic parallels among his figures of poetic & spiritual transplantation […] expose Jacob’s identification of poetic cognition with the knowledge obtained through mystical contemplation."
LA BASE DE LA FANTAISIE EST LE BON SENS. Cadou. Esth. 37-38. "Là où il n'y a pas de raison, il n'y a pas fantaisie, il y a folie & stupidité. La fantaisie est une distance […] ressentie par le lecteur qui en fait le prix. Enlève la base il n'y a plus rien. En vérité voir la vérité vraie alors que les gens la voient toujours faussée, c'est être un excellent fantaisiste à la manière de Swift, de Voltaire, de Rabelais, etc..."
"BY WHAT MEANS DID THE POEM TRNASPLANT THE READER?" J. Morgenroth-Schneider. Op. cit. 50. «In a definition reminiscent of the traditional distinction between skill & genius, he [...] dissociated 'artistic emotion' or 'situation' from the stylistic effects of the poem. [...] style denoted the technical execution & structure of the poem, while situation meant the affectivity of the ensemble; Belaval. Préface au LC, 8. «‘La situation’ est au style ce que l'émotion est à la volonté. […] . (CJP, 60). Il y faut une 'immense philosophie de la nature de la société, de l'astronomie, de la métaphysique, etc.' - . oeuvres non-situées, non stylées (Rimbaud, Balzac, Hugo…), non situées, mais stylées (Flaubert, J. Renard…), situées, mais non stylées (Musset…), enfin situées & stylées (le XVIIe siècle ).»
LE COMIQUE CREE LA DISTANCE ENTRE LE POEME & LE POETE, ENTRE LE POEME & LE LECTEUR. Saint Thomas. Thèse. 135. "Il semble bien que le comique, qui prend les formes de l'ironie & de la satire ainsi que de la fantaisie, n'a pas d'autre fonction que de créer cette distance entre le poème & le lecteur."
LES CONFESSIONS DE ROUSSEAU & MARGE, SITUATION. "[...] j'aime [...] énormément les Confessions de J.J. Rousseau, parce que derrière cette truculence non affectée, je sens la marge […]." A Doucet. 30 janv. 1917. Corr. I. 133.
CUBISME & SITUATION. Gérard Bertrand. L'Ill. de la poésie à l'époque du cubisme: 1909-1914. Klincksieck, 1971. 77. "M.J. a été vivement impressionné par cet aspect du tableau cubiste où il a vu le critère de toute oeuvre d'art. Il en a tiré le concept de 'situation', pierre de touche de son art poétique. A plusieurs reprises dans la Préf. du CD, le poète insiste sur la nécessité de 'situer' l'oeuvre d'art: 'la situation', écrit-il, 'éloigne, c'est-à-dire excite à l'émotion artistique.'" P. 81. "M.J., dans sa Préf. du CD,oppose de façon un peu spécieuse le style à la 'situation'. Or, si l'oeuvre d'art est autonome, c'est-à-dire située dans son lieu spécifique, loin de la réalité sensible, c'est bien grâce au style. Selon la propre définition de M.J. le style est une volonté qui crée. C'est donc lui qui régit l'organisation interne de l'oeuvre, construit & coordonne chacun de ses éléments. Il n'y a donc pas lieu de l'opposer à la 'situation' [...]."
DISTANCIATION, MARGE - & KIERKEGAARD. "C'est Kierkegaard qui m'a donné le remède. [...] Le remède est dans une constante mise au point du 'moi'. Où suis-je? ma table? mon papier? ma plume? qui est devant moi? un inconnu! Comment est-il? Qu'est-ce que je lui dis? Pourquoi lui dis-je cela? Je suis un îlot, tout EST LOIN DE MOI, même ce porte-plume que je tiens POURTANT." Cadou. Esth. 60-61.
"ELLES [SES CREATURES] SEMBLENT PROCHES: UNE VITRE LIMPIDE COMME LE CIEL, MAIS IMPERIEUSE, LES DEFEND." J. Cassou. "M.J. & la liberté." Op. cit. 459.
ESTH. DE M.J. PAR ANTOINE. Op. cit., 21. "[...] qui a jamais mieux discerné la double caractérisation stylistique d'une oeuvre d'art - elle-même parfaitement définie comme un 'ensemble de moyens'? Ce n'est pas depuis si longtemps que nos stylisticiens s'avisent de regarder un texte litt. comme une structure à deux niveaux - celui du genre qui sert à la situer, & celui du style qui sert à la reconnaître comme un univers imaginaire inaliénable, autrement dit comme un système clos." Pour terminer son étude intéressante, Antoine nous rappelle que "c'est [M.J.] qui mène le jeu, tient le cornet, jette les dés - à l'occasion les reprend si le hasard l'a déçu !" - "Seulement l'une des lois de l'art moderne est de tenter d'intérioriser toujours davantage les facteurs de situation, de 'distanciation' comme on dit à présent en jouant plus ou moins avec le mot de Brecht." [M.G. Même la surprise si chère au coeur de Brecht est dépassée aux yeux de M.J. 'Surprendre est peu de chose', dit-il, 'il faut transplanter'].
---. ATTAL. Op. cit. 197, cite Cadou. "[...] surtout cette distance du regard, ce 'recul' qui est selon lui, à la base de toute spiritualité. Esth., 26. ('Il faut quelle que soit la sensibilité regarder les choses comme si elles se passaient il y a 1000 ans. C'est ce qui s'appelle 'le recul' & qui est à la base de toute spiritualité')."
---. L'ESTH. DE M.J. N'EST PAS DEPASSEE. Rousselot. "Extr. d'une contribution à une Esth. de M.J." Créer, no. spéc. 33. "Qu'il s'agisse de litt., de poésie, de peinture, de musique, cette Esthétique de M.J. ne me semble à aucun point de vue dépassée. En litt. & en poésie notamment je tiens même qu'elle demeure l'enseignement le plus sérieux & le plus fécond que puisse recevoir aujourd'hui la jeunesse. C'est dans la mesure même où je me félicite de l'avoir reçu quand j'étais encore un jeune homme, que je considère comme un devoir de répandre cet enseignement parmi mes cadets. [...]. 35. 'J'entends par situation de l'oeuvre cette espèce de marge qui sépare une oeuvre [...] de l'amateur, cette espèce de transplantation qui fait que l'oeuvre vous met les pieds dans un autre univers. Il n'y a en vérité d'oeuvres créées que celles qui ont cela: la marge, & cela est aussi très rare [...].' 36. Pour M.J., la poésie qui se laisse pénétrer trop facilement n'est pas bonne; il lui faut une marge de secret […]."
EXTERIORISER. AP, 28. "Reconstuisons loin de nous ce qui est près de nous;" Belaval cite d’une l. à Jabès, 68. Janv. 1938, in Préf. au LC. "Ce n'est pas ce qui se passe en toi tout brut qui importe, mais cela extériorisé, en relief."
---. GRENIER. "Cet homme était Protée." Op. cit. "Personne de ceux qui l'ont connu n'a oublié M.J. Comment auraient-ils pu le faire? Cet homme était Protée. [...] il écrivait: 'Tous les artistes ont toujours été les comédiens d'eux-mêmes, & il est impossible de rien extérioriser sans cela.' "
"J'AI VOULU [...] PEINDRE AVEC DES PINCEAUX TRES LONGS." Paul Florens. Mail no. spéc. 233.
MARGE. Alliance Française (Paris). Conf. de M. Gérard. "La marge vient de l'incertitude autour de l'oeuvre qui permet la rêverie. Une oeuvre doit être en situation, chaque poème a son mystère, sa propre atmosphère, son aura."
---. ORDER & ADVENTURE IN POST-ROMANTIC FR. POETRY. Chap. "Realism & Fantasy in the work of M.J." Lockerbie. Essays. Op. cit. 149. "A desire to transfigure the real, to place the poem at a considerable remove from everyday experience, occupies, indeed, a central position in J's aesthetic. He develops this belief in the pref. to CD itself, and in many other writings, using terms like situation or marge to define the quality of a poem which successfully divorces it from the real. One of the clearest statements is in a l. to J. Doucet: 'J'admire profondément Mallarmé, non par son lyrisme, mais pour la situation divinement géographique de son oeuvre.' " Corr. I, 132.
---. PLANTIER, "La Mythologie." 96-97."Antithèse de deux mondes dans l'unité menacée d'un homme-poète, la mythologie & le christianisme multiplient les pouvoirs de suggestion du poème. Ils créent ce que M.J. appelle 'la marge'ou la 'distance'. Ils sont les 'moyens choisis' d'une confession secrète, d'une révélation intime qui prend, par leur présence, une signification universelle. Ils sont aussi la manifestation vivante d'un désir qui n'a cessé d'habiter M.J.: celui de réconcilier les 'dieux' dispersés, par des moyens discutables sans doute, par le syncrétisme d'une gnose délirante, par une symbolique approximative, mais avec un sens de l'unité qui est la marque du poète, avec un sens de l'analogie, inséparable du créateur des mythes renaissants de leurs cendres: ‘je vous envie, phénix, faisan doré, condors…/Donnez-moi une couverture volante qui me porte/ au-dessus du tonnerre, dehors au cristal de vos portes…’ (SI, 151)."
MARGE-MARGELLE. L. à Simenon. Rue Nollet, 13 avr. 1933. Simenon. Lausanne: L'Age d'Homme, 1980. 209. "Il me semble que la vue de l'homme dans l'univers c'est la 'marge' ou la 'margelle', le 'situé'! C'est la dose d'intelligence de l'auteur très différente de l'intelligence des moyens artistiques employés par le tact."
MARGE-SITUATION. Antoine. "Doctrine esth. de M.J." 20. [M.G. résumé]. La 'marge' qui entoure [l'œuvre est traité] comme synonyme de la 'situation'. [M.J. le mentionne] à propos d'A. Bertrand & M. Schwob. […] ‘Tout deux ont du style & de la marge, c'est-à-dire qu'ils composent & qu'ils situent’; Andreu, VM, 108-09, cite l. 30 janv. 1917 à Doucet dans laquelle il explique ce qu'il entend par situation. "Max redira la même chose à Cadou vingt ans plus tard: "L'oeuvre doit être éloignée du lecteur. Elle doit être située dans un espace lointain, entourée d'un monde, vivante dans un au-delà tout en reflétant la terre, portée sur une nuée tout en étant claire", mais il se demandera si le terme de 'situé' était bien choisi. Dans l'exemplaire du Cornet annoté par lui en 1943, […] à la prem. p.: 'Cette question du 'Situé'... c'est un mot mal choisi: j'aurais dû dire 'éloigné'. J'aurais dû dire porté par un océan de pensées.' [...]. "Notons que Max qui ne se relisait guère avait déjà employé le mot marge dans sa l. à J. Doucet, & même dans la Préf. du Cornet écrivant qu'on reconnaît q'une oeuvre est située 'à la marge qui l'entoure.' "
---. AP, 28. "Reconstruisons loin de nous ce qui est près de nous." Ibid, 74. "L'Art chrétien." "Dans les grandes oeuvres, il y a autant d'ironie que de candeur, même les plus tragiques. L'ironie qui se laisse ou ne se laisse pas voir donne à l'oeuvre cet éloignement sans lequel il n'y a pas 'création'." CJP, 35. "Une oeuvre est une île lointaine. On y va en bateau, en avion. Elle est là-bas. Que cette oeuvre soit un quatrain ou une tragédie"; VM, 146. AP. "- le beau enferme du silence & il crée dans le silence. Ce que j'ai appelé ailleurs oeuvre située ou perchée, c'est une oeuvre entourée de silence."
---. CARCO, SOULIE, ROUSSEAU. A Doucet. 30 janv. 1917. Corr. I, 133. "j'aime les meilleurs romans de Frédéric Soulié; j'aime la hardiesse, le bonheur, la franchise du XVIIe siècle & énormement les Confessions de J.-J. Rousseau, parce que derrière cette truculence non affectée je sens la marge dont je parlais tout à l'heure. Aujourd'hui je connais peu d'oeuvres qui répondent à mon idéal: je vous signale pourtant un vraiment charmant & distingué conteur qui reste bien en dehors de son oeuvre, le jeune Francis Carco que le Mercure de France édite & qui commence à avoir la notoriété qu'il mérite plus qu'aucun romancier d'aujourd'hui."
---. Corr. I. 132-33. Au même, 30 janv. 1917. " Il n'y a en réalité d'oeuvres créées que celles qui ont cela: la marge, & cela est aussi très rare: on le trouve surtout dans certains poèmes japonais & persans: pas tous. Quand je vous dis que j'aime un poète, c'est que je lui reconnais cette vertu. Je l'ai découverte dans cet admirable Comte de Gobineau qui est, à mon avis, le plus grand & le plus méconnu des écrivains fr. en prose du XIXe siècle. Le Comte de Gobineau a écrit un gros ouvrage sur les races; il a écrit surtout un livre exquis: les Nouvelles Asiatiques & un roman "les Pleïades" que vous trouverez assez facilement. Au fond, ce que j'aime, c'est la pureté classique; je préfère Georges Sand à Balzac, les comédies de Musset à beaucoup d'autres choses!"
---. DT, 14. Intr. "[...] l'Esprit illumine les mots les plus simples & fait du p. un objet sacré, séparé du monde profane par une 'marge', 'situé' enfin à tel ou tel niveau du cosmos divin. Il faut 'transplanter' [...] dans le monde total.- Blanchet explique que L'univers est un, comprenant à la fois le visible & l'invisible. Le monde visible n'aurait aucun intérêt s'il ne servait à 'évoquer', à 'rappeler' le monde invisible qu'un malheur en a éloigné ou que nos yeux aveugles ne savent plus voir. Le poète reétablit la communication par des 'moyens choisis', des formules talismaniques. Il dispose certains mots dans un certain ordre. Dans ce piège divin, l'Esprit vient à prendre; voir in l. à Doucet déjà citée, Corr. I. 132. 'J'entends par situation de l'oeuvre cette espèce de magie qui sépare une oeuvre [...] de l'amateur, [...] qui vous met les pieds dans un autre univers.' "
---. PLANTIER. L'Univers poétique. Conclusion. 398. "D'une connivance fondée sur la séduction, par l'appartenance à un même code linguistique, esthétique & culturel, M.J. nous fait passer à une 'transplantation' qui réclame obéissance, puissance d'accueil, détachement des habitudes & capacité d'adaptation à une vie renouvelée dans chaque poème. Cette vue globale de l'émotion créant la 'situation' & la 'marge', créant un espace, un temps & un rythme de vie se substitue à 'l'étonnement' & met en valeur les puissances de mouvement qui sont contenues dans le 'doute.' "
---. SIDNEY LEVY. "Jeu & poésie - une lecture du CD de M.J." Op. cit. 43-44. "[...] la 'situation' comme second principe vital que M.J. attribue à l'art. En tant que masque, le poème fait émaner un mystère & crée une distance par rapport au lecteur & poète. Le jeu du lecteur consiste à rapprocher le poème de lui, à le comprendre aux sens intellectuel & spatial du terme. Il doit en quelque sorte démystifier le masque & démasquer le poète, refaire apparaître le conflit qui a été voilé par le masque, éveiller l'écrivain de sa rêverie, le faire revenir de son écart pour le rapporter dans sa sphère du manque: le point final, le blanc qui suit chaque petit poème, le vide qui donne lieu à la régénération d'un autre texte, d'un autre écart. Il est évident que l'activité du lecteur n'est pas négative bien qu'elle se constitue à partir de démystification & de démasquement; le lecteur n'est pas un détective en train de dévoiler un coupable. Au contraire, il participe au jeu commandé par le poète à l'instar de la prem. ligne de lecture. Celui-ci se déclare masqué & invite le lecteur à le démasquer, à le 're-situer', à le faire redescendre dans le vide & ainsi lui permettre un recommencement. [...] le lecteur ne cherche pas derrière un 'langage poétique' un certain sens pour montrer que le poème 'ne voulait dire que ça', une réduction quelconque. C'est plutôt dans la signification que se joue cette démystification, c'est en lui retrouvant sa texture, sa matérialité en tant que masque qui, une fois reconstruite (ré-écrite) permet le passage (la compréhension, l'appréhension) du fictif au néant, la transgression de l'obstacle que le poète cherchait à l'égard des phénomènes extérieurs & que le lecteur effectue sur un axe parallèle: celui de la lecture-écriture."
L'OEUVRE ELOIGNEE DE L'AUTEUR. AP, "FREQUENTATION DES GRANDS HOMMES", 48. "Si vis me flere... dit Horace. Oh que non, les profonds comiques ne rient guère. Ils gardent l'explosion pour les oeuvres."
LA POESIE PARLE DANS LES POEMES DE M.J. Cassou. "Un poète habité par la grâce." Monde, 22 mars 1969. "[...] le poète s'efface & c'est la poésie qui parle. [...]. Les syllabes des mots, leurs sonorités, leurs allures ont-elles jamais été choses plus légères & folles?"
PREF. DU CD & DOCTRINE LITTERAIRE DE M.J. Antoine. Op. cit. 20. "M.J. procède par répétition de termes-jalons au sein de contextes successifs insensiblement différents [...]. Plus l'activité du sujet sera grande, plus l'émotion donnée par l'objet augmentera. C'est le thème de la participation active du lecteur à la création de l'oeuvre qu'on retrouvera chez nombre d'écrivains & de critiques réputés 'modernes'. – [Classicisme de la doctrine de Corneille & de M.J. Corneille dit]: 'Et le désir s'accroit quand l'effet se recule.' M.J. ne dit rien d'autre - au plan de l'esthétique - lorsque pour achever de préciser sa pensée il écrit: 'La sit. éloigne, c'est-à-dire excite à l'émotion artistique.' "
REALITE-REALISME & SITUATION CHEZ M.J. Y. Belaval. Préf. LC. 11. "La réalité de l'illusion ne copie pas la vie, elle l'exprime, la situe &, du coup, la rend émouvante. Donc, AP, 29. 'on peut comprendre la vie à travers l'art, mais non l'art au travers de la vie.' "
SITUATION - CLASSICISME. "Or ce que signifie classique au point de vue historique ou régularisation: les créateurs (de mouvement) classique situent, rassemblent les mouvements différents & lui donnent leur valeur. MF 344:78 (janv.-avr. 1962. Texte de M.J. sur Reverdy. "Présentation de Pierre Reverdy à 'Lyre & Palette'" en déc. 1916.
SITUATION - PERSONNE NE COMPREND LE CONCEPT JACOBIEN. R. Secrétain. "Le mythe de M.J." Créer, no spéc. 41. «Personne n'a jamais bien su ce que Max voulait dire quand il affirmait qu'une oeuvre procure plus ou moins d'émotion artistique selon qu'elle est 'située' ou non; que les poèmes de Mallarmé, le théâtre de Musset sont situés, tandis que les oeuvres de Flaubert & de Rimbaud ne le sont pas: qu'une oeuvre est située lorsqu'elle est éloignée du sujet (plus tard il dira à Cadou, comme pour dissiper l'ambiguïté du mot sujet: 'éloignée du lecteur'): lorsqu'elle se meut dans une autre atmosphère, qu'elle prend de la marge, de l'autonomie. Cela peut-il s'appliquer aux poèmes de Max, notamment à ceux dudit Cornet, sinon à l’abondance d’une œuvre qui ne passera pas tout entière à la postérité.»
---. A. BOSQUET. "Relire les poèmes de M.J" par A. Bosquet. NRF 218 (fév. 1971): 60. "La situation est le fait d'un choix: on dirait une mentalité qui transforme en surveillance & piège burlesque ce qui à l'origine était naturel."
SITUATION, CREATION, VOLONTE. ESTHETIQUE DE M.J. P. Andreu. "M.J. & le mots en liberté." 77. "La volonté est l'essence de l'art, les moyens sont la forme qu'elle prend; [...] le style est une trad. fr. que V. Hugo représente avec force. Deux qualités, qui assurent l'éternité à un ouvrage: création & situation.[...]. 78. Le créé se reconnaît à la nécessité des parties, le situé à la vie dans la généralité, &, pour les gens de goût, au halo sensible qui entoure l'oeuvre (marge). Et Max, contre ses amis dadaïstes qui n'allaient pas le lui pardonner, concluait: 'Il est à craindre que les partisans des mots en liberté n'abusent pour le leur de celle que leur théorie autorise. Soyons libres vis-à-vis du lecteur, non vis-à-vis de nous-mêmes.' M.J. sait qu'un poème est une composition difficile. L'inspiration [...] doit être saisie, dominée, voulue [...]."
SITUATION - ESTHETIQUE. UN DES MYTHES JACBIENS: M.J. LE MAGE, LE VOYANT. Plantier. M.J. Op. cit. 28. "Le mythe du mage & du voyant a la vie dure. Lorsque le P. Blanchet parle de 'formules talismaniques', lorsqu'il, prétend que le poète ‘dispose certains mots dans un certain ordre’ & que 'dans ce piège à divin, l'Esprit vient se prendre" (DT, 13). Il sacrifie largement à ce mythe. Qu'il cite M.J. n'y change rien, car il y a dans l'emploi même du mot magie un abus: 'J'entends par situation cette espèce de magie qui sépare une oeuvre (même picturale ou musicale) de l'amateur, cette espèce de transplantation qui fait que l'oeuvre nous met les pieds dans un autre univers.' (Préf. du CD)... 'J'ai voulu recréer la vie de la terre dans l'atmosphère du ciel." Corr. I. 132). Quels sont donc ces moyens 'magiques'? Le rêve, le songe éveillé, 'une inspiration'? Ecrire sous la 'dictée' des esprits" (cf. Intr. DT, 14)? M.J. est justement venu pour lutter contre cette idée du poète-mage, du poète 'sérieux' & qui se prend au sérieux. […] dans l'AP, dans les CJP, A un jeune étudiant & dans la Correspondance, toujours l'appel au travail, à la lucidité, à l'humilité, à la candeur. La récompense poétique dépend de la qualité de l'homme. Où est la magie? Où sont les talismans? Il y a des mots, il y a des ordres de mots, avec les limitations qu'apporte la langue française. M.J. a suffisamment insisté sur la 'fabrication' pour qu'on reçoive avec scepticisme cette idée de magie."
SITUER. VM, 306. Selon l. de R. Toulouse à P. Andreu, 1 déc. 1980. "Je suis au milieu (M.J.), j'ai mon sujet, il circule sur l'éllipse, d'abord près de moi, puis s'éloigne... s'éloigne, tourne & vient à gauche.. .Il disparaît presque mais je l'observe, alors il revient vers moi. - 'Je reste toujours au centre il faut diriger & ne pas être dirigé pour attirer le lecteur & quelquefois le perdre, on peut faire 'sauter' le sujet sur une 2e ellipse mais à l'envers! & ainsi de suite, peut-être sur une 3e, si le sujet s'y prête, etc. C'est cela que j'ai opposé au cubisme avec ses 'angles' trop obscurs; les surréalistes m'ont volé cette expression;" ibid, 109, n. 1. "Il ira encore plus loin dans une conversation avec R. Toulouse, que nous reproduisons en appendice." [Plus loin que dans la l. à M. Manoll].
SITUER UN POEME POUR CREER UN OBJET NEUF. Jean Follain. "Visages de M.J." Au Carrefour des lettres 1 (16 janv. 1966): 5. "M.J. entendait que l'oeuvre d'art soit située. 'Surprendre est peu de chose'; écrivit-il, 'il faut transplanter.' Pour lui, le poète devait projeter hors de soi son poème devenu un objet neuf dans la création & dont la survenue réclame non seulement l'inspiration, mais d'éminentes façons d'artisan"; J. Follain. Les Uns & les Autres. Op. cit. 78.
TRANSPLANTATION. Cadou. Esth. 31. "L'oeuvre doit être éloignée du lecteur. Elle doit être située dans une espace lointain, entourée d'un monde, vivante dans un au-delà tout en reflétant la terre, portée sur une nuée tout en étant claire. - Oui, il faut transplanter."
"UNE OEUVRE AJOUTE AU PATRIMOINE COSMIQUE." Intr. aux LJF, 226. A Doucet, cité par Rousselot. M.J. au sérieux. 151. "Pour moi, une oeuvre doit être étrangère à son auteur. Je n'entends pas par le mot étrangère un synonyme du mot extériorisée, cela va sans dire, ni un synonyme du mot impersonnel. Une oeuvre étrangère à son auteur est une oeuvre qui, n'étant pas son reflet, ne fait pas double emploi avec lui, si j'ose dire, en tant que rayon de force, mais qui ajoute réellement au patrimoine cosmique."
UNE REPONSE. MARGE - ISOLEMENT. LML, 90. St.-B. 12 avr. 1940. "Mr Paul Petit dit qu'une oeuvre d'art veut une réponse & je suis de son avis mais je préfère le mot direction. Bien entendu, la direction est sans but? Comme une expansion.( ?) Si tu n'aimes pas le mot direction, mettons départ. L'arrivée est dans le rythme;la direction est dans 'le désir', le départ est dans la 'fécondité.' Note 2 à cette l. 149-50. "Dans sa Préf. aux Morc. Choisis de M.J., Paul Petit avait écrit: ‘La poésie c'est de la réponse. Un poème est un prétexte à réponse. Sinon ce n'est qu'un passe-temps d'oisif. [...]. Ce que j'appelle la réponse, M.J. l'appelle l'anneau de Saturne." 9, 14. [M.G. Voir l’effet de l’aliénation de Brecht qui veut stimuler la pensée du lecteur & le pousser à l’action, par contre M.J. veut le diriger vers la rêverie].
MATHOREL. L'INVENTION DES PATRONYMES.
«M.J. A PU TROUVER LES PATRONYMES MONTHOLON & MATHOREL (SIC) DANS L'ETAT-CIVIL QUIMPEROIS.». H. Henry. «Les surprises d’une topographie jacobienne: A propos du ‘Terrain Bochaballe.» Cah. MJ no 3 (1980): 20, notes 2 & 3.
MATURATION - MISE EN CAVE.
A DOUCET. Corr. I, 126. 17 janv. 1917. "J'AJOUTE QU'UN EVENEMENT RECENT NE PEUT INSPIRER UN POETE parce que les événements habitent longtemps en lui & avant qu'ils aient assez travaillé en matière animale pour en sortir, il faut du temps, beaucoup de temps, le temps d'assimiler, les coordonnées, de s'accrocher à son passé à tout ce qui dort d'images en lui. Je réponds ainsi à l'objection que je vous ai prêtée tout à l'heure sur les moyens."
ANTOINE. Op. cit. 17. IL COMPARE LE PRECEPTE DE M. DE BUFFON A CELUI DE M.J. Le mot clé de 'maturité' de Buffon & la 'mise en cave' de M.J.; Cadou. Esth. 25. "Le style n'est que la force de ce qui a été longuement porté, fortement conçu."
FOLLAIN, J. "Entre le badinage comique & la gravité douloureuse." Monde 22 mars 1969. "Dans la prem. l. qu'il m'adressa, il écrivait: 'La poésie est une affaire de mise en cave.'- Il a aussi raconté à J. Follain 'Lorsque j'étais jeune, j'allais à pied sur un boulevard extérieur, d'un réverbère à l'autre, lentement, je m'imposais la découverte d'une image nlle entre deux réverbères'; J. F. Les Uns et les Autres. 75, 77.
THE IDEA OF AN INVOLUNTARY METHOD OF WRITING. As with inspiration, the poet's conscious intervention was excluded from the 2nd phase of the vie intérieure: 'Une oeuvre mûrie trouve d'elle-même son commencement, son milieu & sa fin. Un style mûri prend sa densité comme l'oeuf prend de la consistance sous la poule." (CJP, 17-18).
"IL FAUT 'ENCAISSER' LONGUEMENT & RETARDER LA REACTION. Plus on la retarde mieux ça vaut. Le ’rendu’ immédiat ne vaut rien, mais c'est l'élaboration de la transformation qui édifie & crée. CJP, 25; C.r. de Roger Maria. Plain-Chant. Programme de Télé. In Humanité 24 juin 1972. "M.J. semble se présenter lui-même [...] lorsqu'il dit: "Il faut encaisser longuement & retarder la réaction. [...]. Parole dialectique s'il en est une qui peut se comprendre 'à plusieurs étages' de la vie, y compris pour 'encaisser'. Ce Plain-Chant ouvert sur le touchant M.J."
IMPROVISATION NE VAUT RIEN. AP, 59. "L'Art chrétien." "Demandez aux musiciens ce qu'ils pensent de l'improvisation au piano... Vous avez, me dites-vous, le souvenir de la verve de M.X… improvisant des monologues. Que ne les avez-vous sténographiés pour vous convaincre de leur insignifiance? La verve dans une oeuvre écrite vient de ce qu'elle a été portée, comprise, méditée. Le plaisir que vous vous rappelez venait de la sympathie qui se dégage d'une cervelle au travail; elle venait aussi d'une sorte d'attente satisfaite provisoirement, d'une collaboration inconsciente, elle venait de l'intensité de la lumière & aussi des vanités excitées."
J.CHARPIER & P. SEGHERS. L'Art poétique. Op. cit. 467. CJP, 18-19. "L'ORIGINALITE VRAIE NE PEUT ETRE QUE DANS LA MATURATION, car ce qui est original c'est le fond de mon moi: le reste vient des autres & ne peut donc pas être original. Or ce qui est original plaît & non ce qui est déjà vu."
LRR,104. n. 45. "L'OEUVRE DOIT MURIR DANS LES PROFONDEURS avant de pouvoir sortir. N'a-t-il pas écrit à E. Jabès: 'La poésie est un jus? Concentre -toi. Travaille-le en toi. Corrige-le en te pensant, amène-le à sa clarté, à sa nouveauté. Tu es une mine que tu n'exploites pas profondément." LEJ, 68; idem. "Porte un poème plusieurs semaines en toi [...]. Pour les grands poètes la poésie a été une recherche dans la souffrance."
LONGUE ELABORATION. Projet (Progrès?) dauphinois [Grenoble].19 janv. 1963. Au Club de Mardi. "M.J. Un écartelé entre la vie parisienne & la vie intéreure." "Humour chez Max - dit J. Follain dans une conf.- rejoint souvent le tragique sans jamais désarmer la beauté. Cette poésie où se rencontre un certain tragique est longuement élaborée."
MURIR LONGTEMPS. CENTRE DE L'OEUVRE DOIT SE CONFONDRE AVEC LE CENTRE DE L'HOMME, descendre au fond, y séjourner. Alors seulement le sujet sera mûr pour en 'sortir'. "Il faut encaisser longuement & retarder la réaction;" CJP, 18. "Mais direz-vous, vous me faites perdre la légèreté, l'élan, l'enthousiasme? Pas du tout. Je vous enseigne la légèreté, l'élan, l'enthousiasme, car plus la source du jet d'eau est comprimée, plus il monte haut"; Idem. "J'appelle maturité d'une oeuvre sa descente aux enfers. Le Seigneur est descendu aux enfers avant l'Ascension"; 18-19. "L'originalité vraie ne peut être que dans la maturation, car ce qui est original, c'est le fond de mon moi [...]"; 18. "Un mot doit être aussi mûri qu'une oeuvre entière: surtout l'épithète."
OEUVRE PORTEE EN SILENCE. Cadou. Esth. 46. "J'oserai aller plus loin: il ne faut pas chercher à écrire beaucoup mais au contraire chercher à se retenir, à ne pas pouvoir se retenir. C'est ce qui a été porté en silence qui compte & non pas ce qui a été cherché en tant que prétexte à écrire. Les sujets affluent: ne serons nous pas difficiles sur leur choix?"
PERLE. "Les perles sont des oeufs que le temps sait couver." LUA, 26. St.-B. 2 janv. 1924
STYLE MURI. DIFFERENCE ENTRE M.J. & LES DADAISTES. Antoine, op. cit. 17. "[...] la seconde Préf. (1943) est d'une valeur extrême: '[…] je me suis appliqué à saisir en moi, de toute manière, les données de l'inconscient: mots en liberté, associations hasardeuses des idées, rêves de la nuit & du jour, hallucinations, etc.' –[ Diff. entre surréalistes, dadaïstes & M.J.] "La liberté, le hasard, le dérèglement sont & doivent demeurer au niveau de la sensibilité du sujet. Point d'objet d'art, c'est-à-dire de style, à en tirer sans de longs exercices d'observation & d'application. - Dans ses CJP, 17-18. 'Un style mûri prend sa densité comme l'oeuf prend de la consistance sous la poule.' […]. Il ne se doute apparemment point qu'il fait à sa manière écho, jusque dans l'image & le mot-clé du précepte, au Discours de M. de Bouffon lequel déclarait: "C'est pour n'avoir pas assez réfléchi sur son sujet qu'un homme d'esprit se trouve embarrassé & ne sait pas où commencer à écrire [...]. Mais, lorsqu’une fois il aura rassemblé & mise en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet [...] il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de la faire éclore, il n'aura même que du plaisir à écrire [...] & le style deviendra intéressant & lumineux";
M.J. SE SENT MECONNU, MEPRISE, PILLE & TRAHI.
ANDREU. MJ, 46-47, "En 1917, il publie la prem. version du CD - chez l'auteur, 17 rue Gabrielle - p. en prose écrits pour la plupart depuis dix ans & qui marque une des dates, peut-être la date la plus importante de la poésie contemporaine. Pendant 30 ans, comme Mac Orlan le prédisait à M.J., en 1905, les poètes iront puiser à cette source, même ceux qui feindront le plus de la mépriser ou de l'ignorer." Extr. d'une l. à Andreu. "AVOIR TANT SOUFFERT POUR RIEN POUR RIEN RIEN RIEN! que servir de marchepied aux autres!!!"
---. VM, 108. A DOUCET, JANV. 1917. "J'ai beaucoup de manuscrits! celui qui m'est cher davantage, celui que mes amis apprécient davantage! (certains même lui ont fait des emprunts indiscrets) [...]."
---. ---. 169. "Présentant les 4 poèmes que Max leur avait donnés, [Les VI] Morhange écrivait: "DEPUIS QUE M.J. EST DEVENU POPULAIRE, TOUS CEUX QUI LUI DOIVENT PRESQUE TOUT, C'EST A DIRE LA PLUPART DES J. POETES SE MONTRENT ENVERS LUI D'UNE INGRATITUDE FEROCE. C'est régulier; ce n'est pas indispensable. Il nous faut bien abandonner ce très grand maître, mais abandonnons-le réellement & non par réaction forcée & artificielle. Malgré ma bonne volonté, je n'aime guère la faiblesse violente. Je serai satisfait plutôt le jour où les oeuvres n'auront plus la griffe de M.J. & les manières du surréalisme." [In Philosophies].
BALAKIAN, ANNA. Actes du IVe Congrès de l'Ass. Int. de Litt. Comparée. Moncton, 1966. 1269. "L'ORIGINEL & L'ORIGINAL: NUANCE LINGUISTIQUE, DISTANCE POETIQUE. Il est vrai & A. Breton fut le prem. à l'avouer - que, les surréalistes se sont approprié la révolte esth. de leurs précurseurs; mais si la recherche d'une langue irrationnelle & d'un art qui soit moyen de création plutôt que de représentation se révèle déjà chez Saint-Pol-Roux, chez Max Jacob, chez Pierre Reverdy, ainsi que chez les peintres de l'époque, ce ne sont que des postulats en ce qui concerne la poésie jusqu'à ce que les modifications de la langue produisent une transfiguration de l'image poétique chez Breton, Eluard, Péret & quelques autres."
BEALU. DV, 52. "J'ajouterai au dossier de sa modestie cette phrase écrite sur mon exemplaire du CD: 'Je n'ai jamais lu un livre plus stupide... J'ai honte... J'ai honte!' Pourtant, il ajoute: 'CEUX QUI LE MEPRISAIENT AVAIENT RAISON, MAIS POURQUOI L'ONT-IL IMITE?'"
BLANCHE, J.-E. "LE MULTIPLE GENIE DE M.J. Disque Vert. No. spéc. 33. "M.J. a tant inventé, tant donné sans compter, que l'on ne sait encore, ou l'on ne veut pas le dire, combien les plus applaudis de ses confrères lui doivent, les voies qu'il leur ouvre. Et quel goût sûr!"
A BONET. Op. cit. no 262. "A mon ami Paul Bonet Petit historique du Cornet à Dés. I. Oh quel titre! disait miss Hastings (dame anglaise écrivain & femme de Modigliani). En Angleterre 'vous savez! on vous le volerait avant la parution du livre!' - On a volé bien autre chose! les poèmes étaient bien connus! on venait le matin 7 rue Ravignan lire la poésie de la nuit... les voisins … Picasso, Salmon, McOrlan etc... .'CE QU'ON TAPERA LA-DEDANS!' disait McOrlan. En effet quelqu'un que je ne nommerai pas quand il fut question d'une éd. se hâta de faire sous un autre titre (nous ne sommes pas à Londres tout de même) un recueil qui voulait être un pastiche & ne réussit pas à l'être. Triomphe des copains! 'Enfoncé, Max!'"
A BRIANT. Quimper. 12 août, 1927. LTB, 35. "JE SUIS PILLE COMME UNE EPAVE, ABANDONNE, lâché, jeté dehors & n'ai plus pour vivre que cette pauvre peinture."
CABANNE, P. LE SIECLE DE PICASSO. Op. cit. 292. "[...] Apollinaire étant absent de Paris, tout comme B. Cendrars, Salmon, &, parmi les peintres mobilisés Braque, Léger & Derain, tous représentants ou défenseurs de la modernité. - Jean [Cocteau] écrira plus tard: 'Nous profitâmes de ce que la ville était presque vide, qu'elle était à prendre, & nous le prîmes.' Retenons cet aveu. - Quant à M.J. il fut aussitôt séduit par la verve & le brio de celui que n'hésitera pas, le moment venu, à le piller; indulgent à l'extrême, le poète du CD ne s'en formalisera pas."
CALAS, ANDRE. «LES DEIX VISAGES DE M.J.»Publié où? (1969?): 36. "CET ART NOUV. QUI VA ETRE CELUI DE LA POESIE MOD., DE LA PEINTURE, DE LA MUSIQUE DU XXe S., EST ISSU BIEN EVIDEMMENT DES DECOUVERTES DE FREUD, concernant les zones cachées de l'âme, le subconscient. Nous sommes loin de la clarté cartésienne. M.J. ouvre la voie à toute une cohorte de jeunes poètes, plus ou moins surréalistes, qui mêleront les sortilèges du rêve & du fantastique au goût du burlesque, de la drôlerie, de l'humour. CENDRARS, ARAGON, COCTEAU, QUESNEAU, SOUPAULT, DESNOS, MICHAUX, PREVERT, LUI DOIVENT TOUS QUELQUE CHOSE."
LJC, 38. St.-B.-la-Paix, 8 mars 1926. "J'aime aussi cette page où tu parlais de moi avec ce ton de justesse & cet esprit de justice qui est tout toi - tu remets toujours les choses au point: de sorte qu'on ne peut faire le faux-modeste, etc... Tout de même je n'aurai pas plus de statue que je n'ai eu d'autres récompenses - & ça m'est égal en somme; JE VOUDRAIS CHANGER DE PEAU TOUS LES MATINS, c'est pourquoi j'ai pris goût au voyage & à ma poésie;" MJ/JC, 400.
COURNOT, MICHEL. "Le Cornet à dés de M.J." Fontaine (1955): 743. "ON A PILLE CE STYLE AVEC ABSENCE DE RETENUE."
CREMIEUX, BENJAMIN. "M.J. & le Poème en prose." Disque Vert, no. spéc. 13. "LE P. EN PROSE, TEL QUE M.J. L'A CONCU, A SOUVENT ETE IMITE."
DUNOYER, J.-M. «La Légende allégée. »Monde, 1976, section spéc. 11. "La préf. est de 1916, mais une prem. préf. de 1906 [que M.J. a prédatée] la contient en germe. CES DATES SONT A RETENIR, QUI ETABLISSENT LES TITRES DE PATERNITE DE M.J."
EMIE. D. 45. "[...] LES PROCEDES SURREAL. SONT EXACTEMENT CEUX QUE J'AI SUIVIS PENDANT VINGT ANS MAIS MON NOM N'EST PAS CITE. BAST!" A Emié, oct. 1924.
LJF, 240. L. [fin juin] 1935. "Je m'obstine à considérer tes bonnes paroles admiratives comme un encouragement à continuer car il n'y a pas que mes paupières qui soient brûlées le coeur est en cendres, la cervelle aussi & J'AI PERDU TOUT COURAGE DEVANT LES MEPRIS DONT JE SUIS SALI DEPUIS 40 ANS. Je ne continue plus que comme l'âne qui tourne par habitude la roue du moulin."
A GANGOTENA. 5 janv. 1925. "Homenago a Alfredo Gangotena." Suplemento Dominical de El Tiempo [Quito, Ecuador] (19 sept. 1981). MJ no 5 (1983): 96. "Morhange me dit que je devrais préfacer votre livre prochain, je lui réponds que cette préf. appartient à Supervielle qui est votre inventeur français. Et qu'elle appartient plutôt encore à quelqu'un de votre génération, une génération doit désigner elle-même dans son sein celui qu'elle élit, comme "Maître de préf." Une génération doit se suffire. Dans votre génération vous avez l'admirable aristocrate qu'est Jouhandeau. D'ailleurs SI VOUS SAVIEZ COMBIEN MA VOIX EST PEU ECOUTE, peu entendue! Je suis littéralement écrasé par les écraseurs. Il est vrai que c'est ainsi depuis 25 ans!"
A GEORGES, GHIKA. LLP, 97. Ploaré, 31 août 1927. "LES SURREAL. M'ENVOIENT QUELQUEFOIS DES INJURES MAIS JAMAIS LEURS LIVRES. M. Leiris qui me devrait bien le sien ne m'envoie pas même le bonjour. Hertz a écrit quelque chose qui est plus surréaliste que le roi: son livre est très bien. Je vous l'apporte."
GUIETTE. Op. cit. "Si Max se plaisait à briller dans le monde, à assister aux fêtes d'art... SON OEUVRE N'ETAIT CONNUE QUE DE SES AMIS. ON L'IMITAIT SANS EN CONVENIR."
LACOTE, RENE. "M.J., Audiberti." Lettres Fr. 1320 (4-10 fév. 1970): 8. "Dans ses dern. années, conscient de sa grandeur, M.J. SE SENTAIT MECONNU."
LANNES. "M.J." Art, op. cit. "M.J. A ETE PUREMENT & SIMPLEMENT OUBLIE PENDANT SEPT ANS. Oh! bien sûr, on en parlait encore & sur le mode affectueusement facétieux. Quelques poètes d'âge tendre allaient le voir ou lui écrivaient. Mais les zones litt. de la capitale l'avaient toutes unanimement rangé parmi les ombres. Il avait sa chance lorsqu'on évoquait Montmartre, Carco, le cubisme & le Bateau lavoir. Pour le surplus, & quant à son oeuvre, silence total & salutations."
LML, 46. Quimper, 6 mars 1937. "Si j'ai des paroles amères ce n'est ni de ta faute ni de la mienne; elles sortent de toutes les plaies d'un vieil homme trahi, ulcéré dont tous les jours ont été des découvertes amères sur l'homme, les hommes & les amis. Combien de fois ai-je pris le bateau doré de l'amitié & combien de fois ai-je dû courir aux pompes, radouber les écoutilles, les planchers & les quilles, me sauver à la nage avec autant d'eau de larmes & que d'eau de larmes. Alors JE NE COURS PLUS SOUS LES VOILES DE MON COEUR SANS APPREHENSION, NI CRAINTE."
"La Mort." MR. T.r. 9; Gallimard. 43-44. "EXAMINONS MAINTENANT LES FAIBLESSES QUI FAISAIENT CROIRE A SA BONTE & le manque de cran à se laisser voler qui fit croire à sa générosité;" à Massot, 19 avr. 1923. Op. cit. "SI VOUS AVEZ DU TALENT, ON VOUS VOLERA VOS INVENTIONS."
NOTRE TEMPS (Bruxelles) (29 août 1976). "Le jongleur de notre temps" par Jacques Schneider. "Il saute avec une virtuosité d'acrobate du surréalisme saugrenu à la méditation verlainienne. 'J'entends par lyrisme, cette exaspération de plusieurs sentiments élevés qui ne sachant comment s'exprimer, trouve un exutoire une sorte de mélodie vocale.' On reconnaît les termes prisés par A. Breton & LES SURREALISTES QUI […] VONT PILLER LE CD, stupéfiante prose poétique à mi-chemin entre le rêve & le réalisme fantastique. Ils s'en défendront avec mauvaise foi. Reverdy, le converti de 1914, & l'élégant équilibriste Cocteau y glaneront aussi à pleines mains, sans le nier."
PERARD. Op. cit. 29. "COMME PREVU PAR MAC ORLAN, DADAISTES, SURREALISTES, RAMONISTES, PATAPHYSICIENS, FANTAISISTES DE TOUT GENRE ONT ‘TAPE’ A L'ENVI DANS LE CD. Et pourquoi ceux qui le méprisent l'imitent-ils?" [Cf. Beaucoup de remarques de M.J. & de ses amis & critiques, voir aussi l. à Manoll].
LRV, 113. "Cahier des Maximes", Ecrit en 1893. "MA CHATTE EST LA SEULE QUI NE M'AIT JAMAIS GRIFFE QUAND JE L'AI CARESSE."
MEDISANCE, AMITIE, AMOUR & REMORDS
ACT. ET. "La Geôlière." 190. "Oeil, avant-garde de l'enfer, m'aimes-tu pour son goût pervers? Ou seulement pour te distraire?" J'ai deux amours." 194. "je suis banni de la bouche que je désire./ Animaux qui gardez l'ordre au Septentrion/ barrissez mon amour lequel fait que j'expire." "Marine." 203. "Le pauvre corps est tout l'enfer./ [...] c'est moi-même que je vilipende./ [...] Mais Vous voyez sur nos amis/ combien la langue nous démange!/ Comme est le coeur par trop d'amis / tondu, pelé! & quelles vidanges!" "Poèmes mystiques." XX. 245. "BRULER MON CORPS POUR Y DETRUIRE L'AMOUR, les cendres se déplaceront pour tracer Votre Nom."
AUTOPORTRAIT. Belaval. Op. cit. 16-17. "[...] une bonne personne bavarde, méchante en paroles vengeresse, commère [...]."
[MEDISANCE DANS LES L. A COCTEAU & A PROPOS DE COCTEAU].
AUTOCRITIQUE. MR. T.r. 76-77. "Bénéfice de Dieu." "La médisance & la calomnie fleurissent dans mes conversations [...]." Gallimard, 104.
BRASSEUR, PIERRE. Ma vie en vrac. Calmann-Lévy, 1972. 165-66. Paroles de M.J. à propos de Cocteau & le théâtre: Les Parents terribles & La Voix humaine. "[...] il était attirant, mais un astre qui voulait se faire passer sur scène pour un bonhomme comme tout le monde. Mettre un mot à la place d'un autre c'était pour lui le comble de l'humour, la pirouette qui rétablissait les choses, c'était la saveur de son déséquilibre que les uns appelaient génie, & les autres artifices; moi je dis talent, car il faisait tout cela avec le son du talent comme sa voix, comme ses gestes, sans raison d'être; par contre je n'aimais pas qu'il imite Bataille."
A COCTEAU. LJC, 119. [2 mars 1927]. "Je suis très content que tu conserves mes lettres. Brûle-les avant de mourir, car IL NE FAUDRAIT PAS QUE L'ON SUT TOUT LE MAL QUE JE PENSE DE TANT DE GENS ;" MJ/JC, 506.
---. 78. 2 oct. 1926. "MOI JE TE DEMANDE DE FAIRE AVEC MOI LE PACTE que j'avais fait jadis avec Picasso. 'Je n'écouterai pas ce qu'on me dira de toi & tu n'écouteras pas ce qu'on te dira de moi!'" [Malheureusement ils ne se tiennent pas à ce pacte. Note d'Anne Kimball] ; MJ/JC, 446.
---."LES RATURES donnent du mystère aux lettres, celle-ci n'est qu'un remords de médisance."
---. INTR. LJC. A. Fraigneau & J. Denoël. "La publication de ces l. de M.J. à J.C soulève pour l'éditeur un problème assez délicat: celui des noms cités à chaque ligne & fréquemment suivis de jugements contradictoires dictés par l'humeur changeante de leur auteur. Fallait-il s'en tenir aux initiales pour tout le monde? C'était restreindre grandement l'intérêt de textes où 20 années de vie littéraire sont comme réfléchies au jour le jour dans le miroir d'une sensibilité ombrageuse, impulsive, passionnée mais toujours passionnante. - L'on a donc décidé de prendre humblement parti pour l'Histoire & de conserver les noms de tous ceux qui, vivants ou morts, y émergent à des titres divers."
---. COCTEAU. Ibid. Préf. "Max pratiquait, comme Proust, le compliment massif - mais il ne résistait pas au coup de patte. - J'ai choisi les quelques l. où le compliment à mon adresse était le moins massif, le coup de patte sans ongle. [...]. J'ai laissé une phrase déplaisante sur Apollinaire parce qu'elle montre les positions intenses d'une époque où rien ne permettait le tiède. Une époque de feu, d'injustice, de haine & d'amour."
GUIETTE, R. "Notes pour un portr." Disque Vert, no. spéc. 53. "[…] il aime les amis & en dit du mal comme autrefois."
JE MEDIS. DT, 164."Examen sur la charité." ‘Je dois dire que je l'eusse bien gâté moi-même [l'amitié] par la promptitude avec laquelle JE MEDIS DE CEUX QUE J'AI LE MIEUX CAJOLES [...].’
MEDISANCE. VM, 98.Cet Examen de conscience [in DT]date de la période 1910-1914. "Paroles contre mes amis."
LML, 11. INTR. "D'AILLEURS SA FANTAISIE & SA MECHANCETE, JUSTEMENT CELEBRES, VIENNENT A POINT NOMME REDONNER DE LA COULEUR A SES LETTRES, & s'exercent dans les jugements percutants qu'il prononce facilement sur autrui."
LUA, 32. Roscoff, 29 juill. 1924. "[...] nous disons du mal des gens que nous avons connus [...]."
"Mes paroles sont dégoûtantes, […] ma méchanceté ne peut être vaincue. La médisance & la calomnie fleurissent dans mes conversations […]." MR, Gallimard, 104.
SINCLAIR. [Pseud. de René Dulsou]. "Sur M.J." Arcadie 192 (déc. 1969): 573. "Max avait la hantise du plagiat - que ne disait-il pas de Jean Cocteau: 'Il m'a tout volé', etc... - travers commun à cette époque où les peintres cubistes s'accusaient mutuellement pour un collage, un paquet de cigarettes introduit dans une toile."
MEDITATION & ORAISON
A PROPOS DE SES MED. LJColle, 54. 20 juill. 1942. "Si tu as toujours l'intention de recopier mes ms en vue de publications futures, je te demande de ne pas recopier les méd.; tu peux en faire ce que tu veux mais je tiens à ce qu'elles ne soient pas publiées. 1. parce que c'est toujours la même chose. 2. parce que ce n'est pas présentable."
AUTODENIGREMENT DANS SES MEDITATIONS. Mêmes textes in Rfl & Coll. de Quimper. Rfl 119 (sept. 1981): 23. «Voici le monde: […] les rivalités, les jalousies, la haine, l’envie.» Coll. de Quimper. Gilles Baudry. «Entre paradis & enfer. Max & son combat de Jacob.» 95-96. Méd. communiquée par Mme F. Mégret. 1. «[…] j’ai commencé par la colère, la désobéissance, la gourmandise, la paresse, continué par la luxure, par l’ambition, la cupidité, fini par la bassesse, la lourdeur, le désespoir & la faiblesse.» 2. «Quelle pétaudière que mon âme! & comme je mérite peu les grâces patientes du Bon Dieu! A H. Dion. Doc. du Val d’Or (mars 1945): 35; Coll. de Quimper. 98. «Le plus odieux des péchés, c’est l’INGRATITUDE. Méd. communiquée par Mma Vve F. Mégret. Rfl 119 (sept. 1981): 23. 3. SENTIMENT DE CULPABILITE. 92. «A son ami Jules le sabotier il confiera en larmes: ‘J’ai tout fait, mon vieux Jules, sauf de tuer !’»
"C'EST LE GRAND SOUTIEN; sans méd. on dégringole tout doucement insensiblement. [...]. La méd. est un rappel des grandes vérités fondamentales pour amener l'adhésion du coeur à ces vérités, pour incruster la foi en nous, l'éveiller. Quand je n'ai pas fait ma méd. je pèche toute la journée. [...]. L'oraison est une conversation avec Dieu, une union silencieuse avec Dieu. La méd. est un escalier d'arguments pour nous convaincre. Les mêmes arguments peuvent revenir chaque jour s'ils conviennent dans le but qu'on cherche: réveiller ses convictions, revivre à la vie cath." MJ/JC, 362. Quimper, 24 oct. 1925.
L'ORAISON. Abbé Maurice Morel. "Notes sur les 'Méd." "On rapporte [...] que quelqu'un, ayant vu un paysan immobile devant l'autel, lui demanda ce qu'il faisait là: 'Je l'avise & Il m'avise.' Ce paysan donnait la définition de l'oraison. Dieu & moi, voilà l'oraison. MR. Gallimard, 24.
MENSONGE VITAL
A N. BARNEY. PJ, 475. St.-B. 30 janv. 1941. "Vous ne savez peut-être pas ce qu'est le 'mensonge vital'? C'est un amour secret en dehors de la vocation avouée: la collection de timbres du Sous-préfet."
A BRIANT. LTB, 116. 12 août 1941. "[...] j'ai renoncé à tout, ni peinture, ni argent, ni littérature, ni gloire, ni poésie, ni carrière. Renoncement, Renoncement.- Oui - & plus que Dieu & moi le croyons tous les deux. J'ai perdu le MENSONGE VITAL."
LLP, 148. 5 avr. 1937. "A quoi bon vivre quand on ne s'intéresse plus ni à l'argent ni a l'amour [...] & je n'ai plus de mensonge vital."
MA. Op. cit. 245-46. (Poissons, prem. décan). "Toute existence a un centre, un but, un moteur: c'est sans doute ce que les médecins psychanalystes nomment 'le mensonge vital'. Eh bien, le mensonge vital de Mme Coffin est l'amour"; Dames de Décans. Ill. Erni. Paris-Bièvres, 1970. 152.
R. PLANTIER. C'était il y a trente ans. No spéc. 58. "Vous aviez désappris le 'mensonge vital', renoncement, renoncement."
METIER - GAGNE PAIN.
BELAVAL, op. cit. 120. 27 juill. 1927. "Rien n'est indigne d'un homme, un métier n'est jamais méprisable. Esope était esclave, Epictète aussi. Un cerveau magnifique peut être contraint à faire le balayeur. D'ailleurs, un cerveau magnifique peut transformer le balayage, inventer le 'Vacuum-cleaner.'"
LML, 83. 25 déc. 1939. "La plupart des Saints ont fait des métiers. Saint Paul faisait des tentes. Saint Joseph était menuisier, etc... Les prêtres travaillent durement. Ils bêchent leur jardin, tiennent des comptabilités infinies;... & les moines!!! plusieurs sont des ouvriers d'usine, véritablement. Cependant, j'ai grande pitié de toi: je me souviens d'avoir eu des emplois de ce genre & des préceptorats & des secrétériats."
MIRACLE QUOTIDIEN
LRV, 51. 55, rue Nollet, 21 oct. 1933. "Ne t'en fais pas. Dieu ne m'abandonne pas & je vis du miracle quotidien, ce qui est la vraie vie."
MONTPARNASSE - NE JAMAIS Y ALLER
ANDREU. VM, 121-22. "Depuis le baptême, il n'a fait aucun progrès; il pèche toujours ignoblement &, avec la paix revenue, les amis dont il ne peut se passer vont l'entraîner vers les plaisirs interdits. [...]." Il écrit en juin 1918 dans "Méd. sur ma mort": 'amoureux, amoureux, amoureux, amoureux accessible au vice.' Passage coupé de la DT. "
FABUREAU. Max Jacob. Op. cit. 40. "De méchants démons le harcèlent. 'Le soir, je retombe dans les grandes horreurs, parce que je ne sais vivre sans certains de mes amis & qu'ils ne savent pas vivre sans horreurs...’ "
GABORY, op. cit. 22. [17 rue Gabrielle] «sur le mur autrefois blanchi à la chaux, écrit au crayon gras, le commandement: ‘Ne va jamais à Montparnasse!’ [commendement parfois transgressé. Rejoindre ses amis au Café de la Rotonde ou au Dôme].»
GUIETTE. Op. cit. 90. "Sa vie désordonnée, il eut bien de mal à la discipliner. De vieilles habitudes mondaines & la liberté des moeurs venaient sans cesse combattre ses nouveaux sentiments chrétiens."
---. SALMON. "L'air de la Butte." Paris: Ed. de la Nlle France. 1945. 60. "On le voyait, de jour, à Montparnasse assez souvent pour qu'après l'apparition du 22 sept. 1909, qui décida de sa conversion [...] mon ami ait pu, redoutant je ne sais exactement quel piège du démon écrire à la craie sur le mur [du 7, rue Ravignan]: Ne pas aller au Montparnasse!"
MORT DE MARTYRE. SA MORT PREVUE
BALLADES, 140. "Méditation." "Or depuis mon saint baptême/ j'attends plus ferme encore/ le balai noir de ma mort."
A. GAUILLAUME. "habitue-toi à l'idée de la mort. Tout est passage sur terre."LLG, 190. 19 ou 20 janv. 1944.
A JABES. C'était il y a trente ans. 43-44. "Il faut nous attendre dans le cours des siècles à retrouver le martyre dont le sang féconde. Quant à moi, j'y suis préparé depuis longtemps & comme juif & comme catholique fervent." Dans une dernière l. "Je suis hors du monde. Je ne puis que subir le martyre"; LEJ, 76. janv. 1939 & 77. 1er mai 1939.
A MASSOT. Op. cit. 33. 27 juin 1922. "Je quitte ce monde où il faut que le coeur se brise ou se bronze." Mot de Chamfort mourant.
A MORICAND. LTB, 101. 29 juill. 1940. "Pour moi je suis prêt à tous les martyres..."
A ROUSSELOT. Op. cit. 17. "Ici je me persuade doucement, […] qu'on en arrivera bientôt à la fusillade de tous les Juifs en masse [...]. La mort en martyr ne me déplaît pas. Si je ne l'ai pas comme Juif, je l'aurai (après) comme cath. C'est plus beau que le gâtisme qui me menace ou la mort bête sur un lit de fer à l'hôspice de St.-B. En somme, tout va très bien, comme disait cet homme précipité d'un toit avant d'atteindre le pavé. D'ailleurs, saint François de Sales a dit [...]: 'Si vous n'avez pas mérité celle-ci, vous en avez mérité d'autres;'" Lagarde, op. cit. 40.
GUILLOUX, L. "M.J." France-Asie, 358, 360. "Max passa huit jours chez moi, au mois de juill. de cette même année (1939)." "Il prophétise […] 'Le balais noir de ma mort...' " [Voir, Ballades, 140] & annonce la guerre, annonce sa mort."
MORT! MORT! ELLE EST LA SIGNATURE DE LA VIE. MR. T.r. "La Mort." 9; Gallimard, 43; "Election de la vie dévote." T.r. 37; Gallimard. 66. "J'ai horreur du monde, de ses papotages, de ses folies, de ses brutalités, je suis bien désolé d'en être encore & je déplore mon impuissance à vivre intérieurement."
LA MORT DU VER. "La Mort." Ibid. T.r. 11; Gallimard, 45. "Moi, haricot, je fus brinqueballé dans des wagons clos & scellés, je meurs content d'être délivré de la terre. Je remercie d'avoir connu le purgatoire & je suis prêt au Paradis. Qu'ils se débrouillent! Harassé de pécher, voilà mes pénitences. J'espère en Vous en qui j'ai toujours cru; vous êtes Dieu, vous êtes la patience; j'espère en Vous. Et c'est la mort du ver."
MORT MORALE
APPARITION & MORT MORALE.
"Cette apparition miraculeuse détermina ma vocation chrétienne. Je changeais d'inspirations. C'est ce qu'on appelle 'la mort morale' ou fait de changer de ciels. A dater de cette époque (sept. 1909) & pendant quelques années, je SUBIS à toute heure du jour & de la nuit le défilé d'images dont vous parlez très bien. J'essayais plus tard de faire renaître cet étrange vocabulaire avec l'opium & l'éther, j'obtins d'autres hallucinations, mais celles-ci, extérieures & différentes..." L. à un confrère, le 1er août 1943. In Les Autogr, 45, rue de l'Abbé-Grégoire, Paris, mai 1993. In LCHG, 56, n. 15.
CONVERSION DE M.J. MORT MORALE: UN COUP DE FOUDRE. LRV, 24-25. Roscoff, 8 août 1924. "Interroge-moi par l. je te répondrai mais l'essentiel de ma conversion la 'Défense' te l'apprend ou Saint Matorel [...]. - P. 27. 13 août [1924]. "Ma conversion a été un coup de foudre dû à une apparition absolument inattendue que j'ai contée. Un coup d'oeil m'a fait mourir & renaître."
DEUXIEME PLAIE DES "DIX PLAIES D'EGYPTE & LA DOULEUR." Op. cit. 18. "La terre d'Egypte fut couverte de grenouilles. Pour participer du sang de l'agneau pascal, pour bénéficier du sang esprit, il faut mourir à soi-même & renaître un autre homme. Et qu'est-ce donc qui meurt pour renaître? La lune! La lune croît, diminue, meurt & recommence. Ainsi la grenouille est-elle une image de la lune. [...]. On a retrouvé sur une lampe d'église chrétienne des prem. siècles le dessin d'une grenoulle, avec cette inscription en grec: 'Je suis la résurrection.' Mourir pour soi-même c'est la mort morale, qui est le centre de la religion. - La naissance immaculée du Seigneur n'a pas d'autre explication que celle de la naissance d'un homme nouveau dans un homme encore vivant. - Mourir & naître! Comme la lune, dont la grenouille est le symbole. Dans la 2e plaie d'Egypte, les grenouilles en recouvrant la terre, annoncent la mort morale des Chrétiens, qui n'approcheront le véritable agneau qu'au prix de la douleur." - Ibid. 5e plaie. Une peste horrible décima les animaux. Pour arriver à l'agneau, il est nécessaire de tuer le démon. [...]. Séparons-nous donc, par la douleur & la pénitence, de l'animal vivant en nous & de ceux qui nous entourent, pour arriver à J.-Ch., agneau de Moïse." Trad. de J. Cordoba.
--- EGALE 'REVOLUTION MORALE', 'MORT A SOI-MEME'. 'CHANGEMENT D'ESPRITS' DANS LA TERMINOLOGIE JACOBIENNE. M.J. "emploiera tour à tour les termes de révolution morale, de mort à soi-même, de changement d'esprits, dont les connotations sont différentes, mais qui tous signifient le véritable renouvellement de tout l'être, inaugurant le 3e âge de sa vie." PR, 68; à Villard LRV, 28, il écrit: "J'ai vieilli une fois à 23 ans, une autre fois à 33 depuis que j'ai eu 45 ans je vieillis chaque jour & je reste pourtant un petit enfant très joyeux sous ses chagrins." F, 19. "Nous sommes tous à la fois gibier du Diable & ange de Dieu: tuons le gibier, l'ange vole."
MORT MORALE - L'ANGOISSE & LA SOUFFRANCE. A F. G. Rosenthal, St.-B. 28 juin 1923. PJ, 172. "En mystique [...] 'la mort', qui est le symbole du 'meilleur vivre', est précédée d'angoisses. Frère, il faut mourir!... donc vivre angoissé! Continue de souffrir, c'est à cela qu'on reconnaît les gens qui sont quelque chose; il est probable que F. Carco ne souffre pas, Henri Duvernois non plus peut-être."
LA MORT MORALE & LES ETRES D'ELITE. LLP, 88-89. St.-B. 6 mai 1927. "Vous savez mieux que moi ce que c'est que la 'mort morale'. Cela est rare & n'arrive qu'aux êtres d'élite comme vous ou Georges. La mort morale n'a rien à voir avec la religion (non plus d'ailleurs que des cas de possession diabolique, d'amour, de vices, etc.). C'est simplement un changement de caractère, d'opinions, d'inspirations, de vie, dû à une grande joie ou à une sensation violente. Cela commence par un besoin insensé de solitude, le manque de sommeil, d'appétit, l'activité d'esprit & parfois même des monologues à haute voix & des gestes désordonnés. Encore une fois tout cela n'a rien à voir avec la religion."
LA MORT MORALE - RENAISSANCE DE L'ETRE. Albert Géguin cite ce vers dans Poésie de la Présence: de Chrétien de Troyes à Pierre Emmanuel. Seghers, 1957, 276. "La mort est un printemps qui n'est pas éphémère." [Ce vers des DP exprime le concept de la 'mort morale'].
LA MORT MORALE. LE COUP DE LANCE IN "LE VRAI SENS DE LA RELIGION CATH." Op. cit. 29. "[...] Saint Jean Baptiste a eu la tête tranchée dans ce moment sublime de l'esprit qui commence par la mort morale, symbolisée par la naissance immaculée & la mise au monde sans péché de la Ste Vierge, qui se continue dans la fuite & l'enseignement en Egypte, pays de la science, dans le baptême, dans le jeûne & dans la transformation de l'eau en vin, ou de la matière en esprit." Texte trad. de l'esp. par Cordoba.
MORT MORALE. DT an indication of M.J.'s poetic evolution." Cah. M.J. 3 RLM, 50. J. Morgenroth-Schneider. "To become a new man, Jacob had to come to terms with the personages of his past." [Résumé en fr. p. 53]. "L'évolution poétique de M.J. est analogue à l'expérience du converti. Afin de faire de lui-même un homme nouveau, le pénitent doit se réconcilier avec les personnages de son passé."
U. PFAU. "Portr. de l'artiste en dévôt." Op. cit. 11. "Un homme qui, par la volonté de se perfectionner, s'est transformé, a en lui deux personnes: celle qu'il était & celle qu'il est maintenant. La prem. recule pour que l'autre remue, mais elle est toujours là. [Voir F, 19]. M. Dur c'est l'ange de Mme Lafleur, Mme Lafleur c'est la bête de M. Dur. Op. cit. 12. Tout a été créé en série dans la nature, même les hommes; aussi, un homme est-il pareil à tous ceux de la même série." 14. "[...] l'homme appartient à deux royaumes & est susceptible de se transformer suivant qu'il se tourne de lui-même vers l'un ou l'autre de ces 'royaumes'."
MOTS - L'AMOUR DES MOTS - COMMENT ECRIRE AVEC DES MOTS? - MOTS CONCRETS - SYNTAXE
ACCES A L'ESSENCE DIVINE PAR LE VERBE. LML, 13. Intr. "Sans doute est-ce son intuition d'écrivain, autant que ses études astrologiques & cabalistiques, qui amène M.J. à se croire capable d'approcher, grâce au verbe, l'essence divine de l'univers." - "Le monde est le livre de Dieu. Ceci n'est pas une image. Tout est lettres ou nombre. De là, la valeur du nom! Le nom du Seigneur est sacré & toute existence est attachée au nom: nommer c'est créer. [...] épeler est une opération magique. La diction!!!" 60. 28 juin 1937 chez le dr Benoiste, Lorient, Morbihan.
AIMER LES MOTS - KABBALE.
Disque Vert 1:2 (mai-juin 1953): 93. A Béalu. Lorient, 5 juill. 1937. DV, 121. "Aime le mot. Il faut aimer le mot. La Kabbale enseigne que la couronne de Dieu, ce sont les 22 lettres de l'Alphabet sacré & que l'univers produit par le verbe n'est qu'un livre (ceci non poétiquement) car tout est nombre & le nombre est la lettre. Tout se réduit donc à la lettre, & quelques lettres sont la synthèse du monde. Vois donc l'importance des mots. - Il faut connaître & employer les mots courants & aimer les plus beaux, les plus sonores, les plus harmonieux."
"AIMER LES MOTS. AIMER UN MOT. Le répéter, s'en gargariser. Comme un peintre aime une ligne, une forme, une couleur. (TRES IMPORTANT). CJP, 35; cité par Le Quintrec. "Le Centenaire de M.J." Op. cit. 620. "Mais il aime les mots. Ils descendent en lui en étincelles lyriques;" voir Dupriez. L'Etude des styles ou la communication en litt. Paris: Montréal/Bruxelles: Didier, 1969. 126.
AUTOUR D'UN MOT, SE COAGULE UNE PHRASE, un vers, une strophe, une idée. Ah! quel beau mode d'extériorisation! Et extérioriser, c'est tout." CJP, 35.
"CE QUI TE REND 'UNIQUE' C'EST QUE LES POETES FONT LES POEMES AVEC DES MOTS & TOI TU LES FAIS AVEC DES OBJETS. Objets que tu comprends (mots qu'ils ne comprennent pas toujours). Ces objets donnent un charme qui attache à jamais, de sorte qu'on y revient quand on aime la terre, la vie, la saveur de la vie... D'ailleurs, le cath. est cela, & tu es un poète cath., que tu le veuilles ou non." A Follain. 12 fév. 1942, Cah. Bleus no. spéc. 59; ibid. no. spéc. 1994, 97.
COMMENT ECRIRE? LBEG, 13-14. 17 mai 1924. "Le 'verbe' est au littérateur, ce que le marteau est au cordonnier, c'est un instrument de travail. Etudier pour nous, c'est apprendre notre langue, connaître le maximum de mots usuels, notre grammaire & un grand nombre de formes syntaxiques de manière à n'être pas enchaîné par des questions de mécanique. Un littérateur est d'abord & avant tout un 'ouvrier du verbe'. Quand l'ouvrier est aussi un penseur, & un homme complet, on a un grand écrivain."
---. A. SALMON. SSF I. M.J. raconte à Salmon que SUR SON CARNET DE BLANCHISSEUSE, IL ECRIVAIT LE ROMAN, OU LES NOUVELLES QU'IL ETAIT EN TRAIN DE FAIRE, quand il marchait à pied jusqu'à la place de la Nation [...]. Les idées qu'il avait trouvées lui semblaient sacrées, il n'y changeait pas une virgule.
COMMENT ECRIRE UN POEME?
Belaval, 27-28. "M.J. abordait une leçon de poétique - à prendre cum grano salis. 'C'est très facile', disait-il. 'Sais-tu chanter? Non? Enfin, chantonner: par exemple Au clair de la lune? Cela suffit. Je tiens le truc d'Apollinaire. Tu n'as qu'à chantonner & à mettre des mots dessus. Et, pour avoir les mots, il faut lire le dictionnaire. Je lis chaque jour du Larousse. Que de mots étonnants que nous ne connaissons pas ou que nous oublions. Tu prends un mot, tu le casses, tu le tournes, tu le returnes. Ainsi: le cormoran, le corps Morand [...]. Mais n'oublie jamais de chanter..."
LA DENSITE. LE MOT MIRACULEUX. LEJ, 65-66. [Fin janv. 1938]. «Fais en moins, & serre davantage. Le nombre de pages ne compte pas, mais la qualité & la densité: c'est-à-dire le mot miraculeux, inattendu & surtout expressif; en poésie expressif de l'inexprimable.»
DEROUTER L'AUDITEUR. LJC, 15. 17, rue Gabrielle. 4 juill. [1920]. "Dérouter l'auditeur pour l'amour d'un mot ou pour un coup de folie légitime" ; MJ/JC, 57.
ECRIRE AVEC DES OBJETS & DES MOTS, AVEC DES OBJETS & DES MAUX. Armen Lubin. Les Logis Provisoires. Rougerie, 1983. 111-12. "J'écrivais à Follain qu'il écrit avec des objets & aussi avec des mots. Toi, tu écris avec des objets & aussi avec des maux, tu maintiens dans ce règne du concret une finesse de souffrant & une 'pêche à la ligne' d'idées rares exquises."
ECRIRE AVEC DES OBJETS & DES SENTIMENTS. Intr. J. Lanoë aux PMG, 12. "N'écris pas avec des mots, mais avec des objets & des sentiments…" Il le dira à la veille de sa mort.
EGALISER LES MOTS COMME DES CHEVEUX. Marcel Raval. Disque Vert, op. cit. 51. "Il sacrifiera le 'point' qui pourrait nuire à la grâce de la courbe. Egaliser les mots comme des cheveux: ses poèmes sont les mieux coiffés que je connaisse."
"EMOI DES MAUX/ J'AI PEUR DES MOTS." Cah. Nouv. de Fr. & de Belgique (fév.-mars 1939).
EMOTION - LES MOTS
Belaval, op. cit. 29. "Il faut vivre avec émotion ce que les mots nous disent, même si nous ne le comprenons pas. On comprend autrement."
L'EMOTION EST TOUT. Merle, op. cit. 19."Surtout n'oubliez jamais que l'Emotion est tout, absolument tout."
FAIRE LA JONCTION ENTRE LES MOTS & LES MAUX, LA JONCTION ENTRE LA TETE & LE COEUR. Emie, D, 168; Andreu cite de cette l. de 1941. P. 269. "il le disait déjà, quinze ans avant à Jouhandeau: 'Etablir le téléphone entre son cerveau & son coeur.' "
LES GESTES PRELIMINAIRES DU TRAVAIL: 1 se séparer du monde. 2 silence. 3. ignorer ce qu'on a appris. CJP, 38-40. "Le prem. geste du travail est la séparation. [...]. Creuser un abîme entre toi & le moi, bâtir une citadelle du moi [...]. Le 2e geste du travail est le silence. [...]. Eh bien! Taisez-vous. Le 3e geste du travail est l'ignorance. L'ignorance avec une formidable érudition. Dès le prem. mot érudit, posez-vous la question 'Le sait-il? Comment le sait-il? D'où lui vient cette connaissance?’ De là, une révision constante des valeurs. Alors, vous viendra cet éclat de rire que suggèrent le monde, la science, la phil., les sciences, les philosophies. Cet éclat de rire est la sagesse, qui est l'escalier vers Dieu."
LE GOUT DES MOTS. "Images de M.J." Le samedi 24 juin à 21 h. France-Culture, "Le Cabinet noir". Adaptation de M. Manoll. "Max avait le goût des mots, qu'il appréciait avec un raffinement de gourmet: "Tu prends un mot, tu le casses, tu le tournes, tu le retournes... C'est à partir de là que ça commence."
"IL 'AIME LES MOTS', se livre à des expériences, même au niveau des phonèmes, il 's'en gargarise' [...]. Mais dans son oeuvre, 'tout passe par le gouffre du sérieux'. Ses calembours, ses cocasseries, ses invectives, les reparties de ses figurants sur les planches du faux-semblant litt., ne représentent qu'une convention [...]. Malgré ses jeux & ses jongleries, le poète est toujours prêt à retrouver l'étoile fixe, à atteindre [...] l'humain qui frémit & résonne." V. Cingerova. C'était il y a 30 ans. 22-23
"IL TE MANQUE UNE CERTAINE RICHESSE DE VOCABULAIRE INDISPENSABLE. Il faudrait (c'est à moi que je parle aussi bien qu'à toi-même) employer tous les mots non-néologiques de la langue fr., tous les mots usités. Fais des exercices là dessus tous les jours une heure de gammes & d'arpèges." LML, 88. 4 mars 1940.
L'IMPORTANCE DU DICTIONNAIRE. Cadou, Esth. 59-60. "Un poète sans dictionnaire est un explorateur sans boussole. Moi qui vous parle j'ai eu le tort de ne pas assez m'y asservir. Certes je ne serais pas devenu mendiant comme je suis ou gris-perle si j'avais toujours eu Larousse à mon côté à la hanche de l'épée."
JEUX DE MOTS VS STRUCTURE IN LA COTE & SM. "Enfin, le poète joue avec maîtrise, dès ces deux ouvrages, [SM & OB], de ce que G. Bounoure appellera plus tard sa 'métaphysique du coq-à-l'âne'. Il jongle avec les mots, crée par écho, par homophonie, ou simplement par le rappel de ritournelles populaires, des résaux insolites qui substituent à la cohérence du discours l'ordonnance d'une structure." Décaudin. "Trois poètes", op. cit. 228.
«LES MEILLEURS MOTS SONT LES MOTS CONCRETS: table, chaise, tenailles. LEJ, 67. Fin janv. 1938. Hélas! il n'y en a pas un seul en 150 pages. Travaille avec sur ta table des objets: équerre, tenailles, vieilles clefs, tiroirs, etc... c'est très sain pour l'esprit. Descends! le ciel est en bas! - L'absence de mots, de mots concrets donne la monotonie." P. 66. "Ça coule, ça coule!! Ce laisser aller peut te contenter mais non le lecteur. Dans le genre sentimental surtout lequel ne peut vivre que de mots, de style, de serré, de serrures. - Un poète se plaignait à Mallarmé de n'avoir pas d'idées. Mallarmé répondit: 'Ce n'est pas avec des idées qu'on fait des p., mais avec des mots.' Réfléchis à cette très importante parole. L'un n'empêche pas l'autre.»
LE MOT NE DEPASSE PAS L'EMOTION: LE SECRET DE SON STYLE DENSE. G. Desse. Op. cit. 7. "C'est aussi qu'il ne laisse jamais le mot dépasser l'émotion, la pensée: sa phrase le revêt étroitement & sans aucun effet de draperie. D'où chez lui, cette qualité si rare du style, qu'il appelle: la densité." Desse cite André Gide à propos de M.J.
LES MOTS. LE DICTIONNAIRE. LCB,12 mai 1943. [15]. "Les mots sont la palette du poète. Que dire d'un peintre sans palette? Que dire d'un poète sans mots? Il y a l'eau de carafe & le sirop. Sans vocabulaire le poème est une eau de carafe. L'Océan Atlantique a une densité qui porte le nageur - dans la Méditerrannée on n'est pas porté, on coule. Est-ce à dire qu'il faille de la truculence rabelaisienne? Non! Mais il faut avoir tous les mots usuels présents à la main. Le dictionnaire est aussi utile que la pioche & la pelle au terrassier. [16]. Bien entendu, il y faut du tact & de l'intelligence. Là est le talent! Savoir se servir du dictionnaire. […]. Soyez concrète! Descendez dans l'estomac!"
LES MOTS, REVES, OBJETS, SENTIMENTS. Pérard. 21. "Ils [les mots] doivent être usuels, concrets, directs, nombreux: Max renvoyait au bûcheron, à la cuisinière, à la concierge, comme Malherbe renvoyait aux crocheteurs (portefaix) du Port au Foin, ses maîtres en langage.- 25. 'Si j'avais aujourd'hui, … août 1943, à former un poète, je ne lui dirais pas comme j'ai dit en 1937 à M.B.: 'Utilise tes rêves de la nuit. Ecris comme une cuisinière & place tous les mots de la langue usuelle sur cette table de hachoir!’ Non! Je lui dirais seulement ceci: ‘1. N'écris pas avec des mots, écris avec des objets & avec des SENTIMENTS [...]."
LES MOTS - LES REALITES SENTIES. A A. Lubin. 31 juill. 1942. Armen Lubin, l'Etranger. Cah. Bleus (été-aut. 1984): 51."Quelle joie de trouver sous la pluie de recueils poétiques abondants, quelques pages qui reposent sur des réalités senties. Au lieu du monde imperturbable de l'abstrait, du mot. En toute franchise, j'aime vos définitions d'objets, de gens mêlés aux objets & de températures mêlés aux gens. Vous avez le sens du tableau vivant, du mannequin vivant avec un ensemble. Vous définissez sans définir comme les peintres modèlent le vide pour arrêter les objets [...]."
LES MOTS SONT LA PALETTE DE L'ECRIVAIN & ils ont la même magie que les couleurs; nous sommes des marchands de mots." Cadou. Esth. 30.
MOTS TYPIQUES QUI DEPEIGNENT LE PERSONNAGE. Andreu, VM, 163-64. Il cite de AP. 19. "Il faut mettre dans la bouche d'un personnage qui juge les comparses, uniquement les mots qui le peignent lui-même, car on ne juge que d'après son propre idéal & c'est cet idéal qui est le caractère. Un fonctionnaire ponctuel dira de son inférieur: 'il est ponctuel'. Une dame du monde dira de sa camarade: 'elle est très distinguée.' […]. On n'écrit pas le dial. dans le style de Chateaubriand, mais on l'écrit dans celui du personnage qu'on fait parler. Les bouts d'allumettes de la conversation peuvent être remplacés par une phrase. Cette phrase peut & doit révéler un caractère, puisque vous ne pouvez le révéler ailleurs. Le dial. écrit doit avoir une intensité psychologique que n'a pas celui de la rue. M. X.... dit: 'Asseyez-vous.' M. Z... dit: 'Veuillez vous asseoir.' M. Y.... dit: 'Tenez, voilà un bon fauteuil près du feu.' Mme Z... dit: 'On ne paie pas les chaises comme à l'église ici.' Dans le monde, paraît-il, on désigne une chaise d'un geste. En Allemagne, on dit: 'Prenez place, bitte sehr.' Le dial. écrit observe ces nuances que le passant n'observe pas... Chrysale ne parle pas comme ses filles, ni Harpagon comme Dorine." - Note 1. "A la fin de sa vie, Max donnera les mêmes conseils au 'jeune poète': 'Un orgueilleux doré se sert de mots orgueilleux & dorés. Un prêtre parle comme un prêtre, un ouvrier comme un ouvrier.'" VM, 163, n. 1. "En 1924, Max avait révélé son secret à F. Lefèvre: ' le 'parler' doit être plus écrit que la prose objective. Selon lui chaque parole d'un homme le révèle en entier.' En 1923, Max écrit à Leiris: 'J'ai utilisé quelques mots ou phrases de tes l. pour le caractère d'un j. homme dans un roman que je fais (HCH), je te prie de m'en excuser […].'"
LES MOTS USUELS. CJP, 22. "Quand vous aurez une belle collection de syntaxes, ayez aussi tous les mots usuels [...]."
PENSER FORT SES MOTS. LAUA, 41. 2 oct. 1924. "[...] surtout penser fort ses mots. Ecrire en mots concrets. Un point, c'est tout!!! Ainsi donneras-tu une oeuvre saignante. Ne pas penser à l'esth., au beau, aux règles, c'est l'essentiel. Ne pas avoir peur du mot qui frappe, qui colore, qui concrétise surtout, qui synthétise."
POSSEDER TOUS LES MOTS. VM, 270. "Max, comme il le fait pour tous ses corr. poètes (Jabès, Cadou, Béalu, Manoll, demain Rousselot) donne au 'jeune poète' [à J. Evrard] les conseils les plus pratiques & les plus judicieux. Le poète doit posséder […] tous les mots usuels, […] les mots de l'épicier & de la crémière & user de toutes les formes syntaxiques. […]. Comme un jeune chevalier, M.J. a armé le jeune poète […]."
S'AGRANDIR AVEC UN DICTIONNAIRE. Cadou. Esth. 51. "Tu devrais t'agrandir avec des dictionnaires."
LE SECRET DES MOTS. Pour en revenir à M.J. 57. Rousselot cite A. Breton, "Il faut obliger les mots à livrer leur vie secrète & à trahir le mystérieux commerce qu'ils entretiennent en dehors de leur sens."
SENTIMENTS PROFONDEMENT SENTIS. Merle. op. cit. 21. "Combattez contre vous-même au nom d'un idéal quelconque. L'art ne sort d'un homme que par de telles luttes & de sentiments profondément sentis."
VARIER LE STYLE: SYNTAXE. CJP, 22. "Pour éviter le style description scientifique, variez avec soin votre syntaxe d'une phrase à l'autre. Je faisais jadis collection de formules syntaxiques: on n'en a jamais assez à sa disposition. La richesse du style est là; son naturel est là; son intérêt, son amusement est là."
MUSIQUE - LA VOIX DE M.J.
CH. A. CINGRIA. "M.J." Parisienne (avr. 1953): 551. "MAX AVAIT UNE VOIX TIMBREE JUSTE & EXCELLENTE lorsqu'il chantait. Les cantiques avec la masse ou bien seul sacomplainte du Chevalier de la Barre. Aussi quelques chants bretons mais en fr. [...]."
"M.J. PENSAIT EN MUSICIEN, SINON EN MUSIQUE." Sauguet. "M.J. & la musique." Revue musicale 210 (janv. 1952): 152. "Du détail, de l'infiniment petit détail, naissait l'ensemble; comme de la croche, de la division de celle-ci, naît l'ensemble d'une partition. Le mot faisait naître la phrase, plus encore que la phrase, l'oeuvre, & souvent même l'idée, l'essentiel de l'idée de l'oeuvre, qui poussait ainsi, pas à pas (comme note à note) & littéralement inspirée par sa propre démarche. La composition des p., comme des proses poétiques (& pourquoi pas de certains romans?) naissait ainsi des rencontres, des hasards des mots; ainsi le musicien est-il amené à modifier le cours de son ouvrage à la faveur d'un soudain éclairage harmonique, d'une rencontre de voix."
M.J. TRAVAILLAIT EN CHANTANT. Ibid. 152-53. "Comme un ouvrier du bâtiment, M.J. travaillait en chantant & quiconque l'a approché, ne fût-ce qu'une fois, a emporté avec le souvenir d'une rencontre inoubliable, un couplet, un air faux-breton (il en composait d'extra- ordinaires), une mélodie détachée d'une opérette d'Offenbach ou d'Halévy […]."
OPERETTE. A Poulenc. 12 oct. 1922. Op. cit. 25. "Si un jour j'ai un bon livret d'opérette qui me sort je te le donnerai... on a le temps! Vois d'abord si celui de Roland Manuel te plaît, bien que vieux jeu."
---. "ET S'IL ME PLAIT A MOI DE FAIRE DES OPERETTES! Je n'ai jamais été des gens qui résistent aux sollicitations de la fantaisie. J'écris donc trois opérettes: "Le dernier amour de Titien" avec Henri Sauguet, "Les impôts" avec Cliquet-Pleyel, & une autre avec M. Roger Desormières. Je trouve que les poètes ne se sont pas assez servis de l'opérette: c'est un genre qui peut tout recevoir, même la pensée. N'oubliez pas de dire que la musique est la soeur aînée de la poésie." N. Frank. "M.J., Retour de Saint-Benoît-sur-Loire." NL (28 avr. 1928).
OPERETTE D'HERVE: LA PERICHOLE. LMM, 63-64. 2 août 1940. "Cette amitié devant le buffet me rappelle une opérette d'Hervé appelée La Périchole. Il y avait une l. à ce sujet qui était encore célèbre avant la prem. guerre 14. - Voilà comme j'ai été élevé... dans l'opérette (sic) & mes parents me reprochaient de n'être pas sérieux."
---. H. SAUGUET. "M.J. & LA MUSIQUE." Rev. Musicale 210 (janv. 1952): 153. "Arthur Honegger possède aussi un livret de M.J. & Maxime Jacob, devenu le R.P. Dom Clément Jacob O.S.B."
LA RADIO. LJF, 277. "Pendant que je t'écris j'ai la radio, les voix roulées, roulantes de ces dames avec tous les vieux trucs de cette vieille musique qui 'prend' toujours: le genre oriental, le genre pastoral, le genre XVIIIe, le genre classique, le genre grand opéra, le genre virtuose, […] le genre tchèque-Liszt, le genre nocturne lune mystère, le genre amoureux lyrique, le genre amoureux intime, & sans jamais aucune surprise pour personne. La radio dégûtera l'univers de la musique & ce sera enfin un progrès de l'humanité. Dans ma candeur j'ai longtemps cru que le piano était seul coupable, je m'aperçois que toute la musique est le receptacle du cliché 'Mère' & de la solide bêtise humaine sous l'azur cloué, vissé, immuable. La grande duperie pour empêcher qu'on regarde derrière tous les Stavisky en tous genres, le vrai démon qui a intérêt à la bêtise."
MYSTIQUE
DEPUIS LE CANTIQUE DES CANTIQUES, l'époux & l'épouse […] s'abandonnent l'un à l'autre sur le mode de l'amour conjugal. […] Or les 'colloques' de Jacob refusent la métaphore érotique & l'énervement passionné de la tradition." PR, 670.
ECOLE MYSTIQUE. Ibid. 407. "Il mentionne fort peu l'école espagnole: à peine Thérèse d'Avila pour ses méthodes spirituelles (voir DV, 160) & Saint Jean de la Croix pour émettre un avis critique sur le symbolisme incompréhensible de sa langue!! (Emié. D, 175). En revanche, il se montrera plus attiré par les écrits spéculatifs de Jacob Boehme, d'Eckhart, de son disciple Tauler. [...]. [Voir son p. in DP, 54. "Connaissez-vous Maître Eckhart?" Leur mysticisme spéculatif, parfois proche des kabbalistes.]"
LE QUOTIDIEN COMME IMAGE DANS LA POESIE MYSTIQUE. Ibid., 647. "Mais l'univers de la matière & du quotidien reste la réf. omniprésente par rapport à laquelle le plan mystique se définit. [...] l'horreur de l'enfer [...]: coliques interminables ou rages de dents sans médecin [...]. 660. Cette réf. au quotidien tente de rendre vivante la présence infernale [...]. 'Séparés de Dieu' (SI, 152), […] brossent [d'abord] un tableau évanescent de l'univers paradisiaque aux couleurs d'or & de blancheur [...]. Mais à l'inverse, l'univers des malheureux privés de la grâce, a les couleurs du quotidien. 'Ils couchent sur un lit d'épingles /[...] au réveil l'injure est leur shampoing/ & la rancune est leur cuisine."
MYTHOLOGIE
PLANTIER. "La mythologie." Op. cit. 54. Intr. "Parmi les grands mythes inséparables de la création poétique, &, plus largement, de la création artistique, celui des Enfers avec le voyage des ombres ou la reconquête d'une seule ombre par Orphée, celui d'Apollon & des Muses, celui de la nature-mère, Cybèle [...], le cortège de suivants ou suivantes de Dionysos, éveillent non seulement les images des souvenirs, à travers la litt. enseignée, mais plus encore le pouvoir de susciter, au moment du poème, un visage actuel & vivant." - 62. "Les muses sont dans les rêves, elles sont les rêves."
---. ANDROGYNE, HERMAPHRODITE - MYTHE DE TOTALITE. Op. cit. 87-88. "La réunion de l'esprit & de la beauté, telle est l'union d'Aphrodite & d'Hermès: l'Hermaphrodite ou l'Androgyne. Ce mythe de la totalité, de la perfection, a joué un rôle important dans la pensée & dans la vie du poète. [...]. En fait, chaque fois que nous avons évoqué l'antagonisme des puissances naturelles & des exigences de pureté, de maîtrise; chaque fois que l'ombre & la lumière se sont heurtées: Orphée, Euridyce, Apollon & Daphné, nous étions au coeur du mythe de l'androgyne, revendication de l'unité perdue. Et l'on aurait grand tort de parler de perversion, ou de classer sous la rubrique de l'anormal, cette poignante & profonde famine de l'être."
---. APOLLON & DAPHNE. Ibid., 67. [Dans leur mythe] "le laurier devient [...] symbole de l'ultime sauvegarde. La nymphe - âme en fuite du péché -, c'est l'éternelle jeunesse de la grâce divine & de la grâce antique: beauté spirituelle & vivante beauté."
---. CENTAURE - LE CHEVAL. Ibid. 80. "[...] le thème du Centaure-cheval apparaît, & même le mot 'centaure' devient le substitut de cheval (VI, 70), recoupant en cela l'emploi du mot Pégase. L'hist. des Lapithes est liée par M.J. aux désirs de la chair, à la brutalité des instincts. La myth. devient alors moyen de voiler la confidence & de créer la parabole en éloignant le lecteur du moment actuel, vers les temps antiques, vers des représentations concrètes certes, mais déjà sublimées par l'art. [Cf. Marge]. Les centaures invités aux noces de Pirithoos/ enlevaient toutes les femmes & même l'épousée./ Par vengeance la race fut tuée par les Lapithes/ Et moi je suis mordu par l'amour qui m'habite." "Myth. présente." CD II (Une suite).78.
---. EROS, VENUS - FAUTE DE LA CHAIR. Ibid., 86. "Par le nombre des réf., l'amour l'emporte, avec les noms d'Eros-Cupidon, de Vénus-Aphrodite & de Diane. La représentation classique du dieu enfant porteur de flèches est inséparable, dans la vision de M.J., de la faute & de la chair."
---. LE MONDE INTERIEUR & L'ESPACE AU DEHORS. Ibid., 95. "Inspiration, respiration: le puissant accord du monde intérieur & de l'espace au dehors: tel est le p. avec ses réf. myth. Le terme de 'réf.' n'est propre qu'à la commodité du dépouillement des textes, pour la constitution d'un index & pour le classement des mythes. Dans l'oeuvre, c'est le feu qui brûle. [...] Dans toute l'oeuvre se révèle le miracle antique, mais par les yeux, par les mains, par les lèvres & par les cris d'un être vivant,
présent, dominateur, maître du temps & de l'espace poétique. Il y a un phénomène de possession par la beauté."
---. MYTHE DE LA PURIFICATION: CYBELE & DIONYSOS. Ibid., 69. "Dans la filiation mythique entre Cybèle & Dionysos, on sait que la déesse joue un rôle de purification."
---. 85. "LA MYTH. REVELE LA COND. HUMAINE. ELLE CONCENTRE SUR UN NOM LA RICHESSE DES ASSOCIATIONS CREEES PAR L'IMAGINATIION."
---. LES MYTHES S'INSURGENT CONTRE LA MORT. Ibid., 53-54. "Il fallait donc rechercher toutes les réf. [myth.] dans les recueils publiés, y ajouter le dépouillement d'une centaine d'inéd. de la coll. Didier Gompel [publiés récemment], pour constituer un index des noms se rattachant à la myth. grecque & latine. [...]. Rituel d'unité, rituel de permanence: les mythes s'insurgent contre la mort."
PALACIO A PROPOS DE LA MYTH. DANS L'OEUVRE POETIQUE DE M.J. PAR PLANTIER. "Liminaire", 5. "R. Plantier fait de l'élément myth. une étude exhaustive, suivie d'un copieux index alphabétique, & approfondit à ce propos le mécanisme de la création poétique."
---. REPRESENTATION DE LA BEAUTE HUMAINE - SEDUCTION DU CORPS. Plantier. Ibid., 96. "Mais cette beauté de la Face imprimant sur chaque être le reflet divin se heurte à la simple beauté humaine, portée à sa plus haute signification dans les mythes. Apollon, Vénus, Eurydice, les ménades & les nymphes révèlent la puissante séduction des corps, les plaisirs de la passion. La myth. est alors le signe de la discorde intime, le signe de la 'double postulation'."
---. SM, OB, SJ. Ibid., 97. Selon Plantier, pour intégrer le mythe dans l'oeuvre "le moyen le plus simple consiste à citer le personnage myth. par son nom seul, sans l'accompagnement d'une 'anecdote' ou du mythe qu'il représente. Il est alors vivant, en tant que personne, c'est l'emploi qui apparaît le plus souvent dans les oeuvres marquées par le burlesque: SM, SJ, OB. Vesta, Junon, Jupiter rencontrent Abacuc & saint Mathieu."
---. LES SOURCES MYTH. N'EXPLIQUENT RIEN. Ibid., 95. "Parler de souvenirs, parler de culture, évoquer les livres lus, les systèmes étudiés, les mystères de la Kabbale ou des sciences occultes, c'est créer dans l'entreprise poétique une psychologie de 'l'emprunt' qui n'est point la démarche du poète. Le poème ne peut être qu'un soleil présent, un point de fusion actuel:
'Je n'ai pas le mal du pays/ dieux nus, de vos bocages mythologiques. J'habite à volonté auprès/ d'Iphigénie; l'ombre d'Hector traînant autour de mes murailles/ c'est l'ombre inspiratrice/ & le bûcher de Troie brûle dans mes entrailles.'" (Coll. Gompel).
---. L'UNITE DE L'ETRE. CONCLUSION. Ibid. 95-96. Selon Plantier, la myth. dans l'oeuvre de M.J. n'est pas 'ornementation', "apparence flatteuse ou simplement séduction, mais poignante découverte de l'unité de l'Etre: vie & mort, que sommes-nous, où allons-nous? D'où venons-nous? Dès lors le mythe c'est le visage. Le visage regardé, façonné, déchiré, le visage du corps, le visage-esprit: 'Les cornes & les pieds des bêtes/ fouillent le silence du végétal/ Les dieux ont choisi ma tête/ pour guider le bien & le mal.' (Coll.. Gompel). Apollon ou Narcisse ne représentent point les masques de la fuite. Ils sont l'affrontement actuel de l'ombre & de la lumière. [...] du mystère ou de la certitude. Ils disent. Ils confessent. Ils mentent. Ils se consument de peur ou d'angoisse. Comparaisons, métaphores, images, antithèses, allégories ou symboles constituent les mailles du vrai filet. Orphée-M.J. descend dans ses enfers. Apollon, Narcisse, Prométhée, l'Androgyne, Dionysos révèlent M.J.: désirs, rêves, fautes, lâchetés, échecs & révoltes. Nous avons insisté sur les obsessions créant 'le mythe personnel' pour reprendre l'expression de Charles Mauron: la faute & le péché affectant l'être dans sa totalité d'homme-poète. Et l'on sait que M.J. fonde cette totalité sur sa foi religieuse. Il est image de la Face. De là l'importance de l'expression du reflet, de l'expression de la filiation en Dieu."
NON-CONFORMISME
DV, éd. Calligrammes. 78. "Le quiproquo, la maldonne, furent toujours monnaie courante de sa vie. Déconvenues, mésaventures, son irréductible non-conformisme s'ingéniait à les faire naître. En tout cas s'y aiguisait le pathétisme, fond de son être."
NOUVEAUTE, ORIGINALITE
AP, 16-17. "En matière d'esth. on n'est jamais nouveau profondément. Les lois du beau sont éternelles, les plus violents novateurs s'y soumettent sans s'en rendre compte: ils s'y soumettent à leur manière, c'est là l'intérêt"; Charpier & Seghers, op. cit. 464.
AP, 17. "Les rimes trop riches & l'absence de rime, les voyages, les noms de rues & d'enseignes, les souvenirs de lectures, l'argot de conversation, ce qui se passe de l'autre côté de l'Equateur, les déclenchements inattendus, l'air de rêve, les conclusions imprévues, les associations de mots & d'idées, voilà l'esprit nouveau. 'Incohérence' disent nos ennemis. Pourquoi donc les meilleurs poètes modernes sont-ils absolument inimitables? c'est parce qu'ils ont l'unité de sentiment & le goût. La poésie moderne est une preuve qu'en matière de poésie, la poésie seule importe. Tout art se suffit à lui-même."
ATTITUDE ESSENTIELLE. M. Jouhandeau. "Le Mage." Disque Vert, no. spéc. 60. "Ainsi chaque être apparaît-il au Mage dans l'absolu de son attitude essentielle […]."
LA LITT. RENAIT COMME LE PRINTEMPS. Corr. I. 169. A Doucet, 25 mars 1918. "La litt. est aussi comme le printemps. La mienne chaque mois renaît de ses cendres."
LE 'MOT' D'UNE JEUNE PAYSANNE DOUEE. "J'appelle avoir du talent ne pas être obligé de s'arracher les boyaux pour écrire la moindre plaisanterie. De sorte qu'on n'en fait plus, de manière à ne pas attraper une entérite, un ulcère à appendice ou une simple péritonite. J'appelle avoir du talent être comme cette jeune paysanne qui répondit si joliment à son amoureux. Le paysan: 'je vous jure, Marie, de ne pas vous tromper avec les autres.' La paysanne: 'Eh bien moi, Joseph, je me jure de ne pas tromper les autres avec vous.' Marivaux n'aurait pas trouvé ce marivaudage-là." A F. Poulenc. Op. cit. 32. St.-B. 30 mars 1926.
ORIGINALITE DE M.J. Guiette, op. cit. 131. "Max prétend n'avoir aucun souci de l'originalité, ni dans les idées, ni dans le style. 'Si j'ai été original', dit-il, 'c'est que je ne pouvais faire autrement.'"
---. M. BEALU. "M.J. poète." Cahs. du Nord, no. spéc. 199-200. "Il y a deux sortes d'originalité: l'une qui est l'expression directe d'une nature profondément originale & l'autre toute en surface, fabriquée de ces oeuvres pleines d'esprit sous lesquelles il n'y a que le vide. Elles ont souvent la même apparence gracieuse & enjouée. Comment ne pas les confondre? A ceci que la prem. qui est bien celle de M.J. dépourvue de concessions au commun, de clins d'oeil à la foule, tombe difficilement dans la vulgarité. La nature ne saurait être vulgaire, c'est l'usage que l'homme en fait qui la vulgarise, comme la vie la plus humble ne saurait être banale, mais la peinture qu'on en donne. […]. L'originalité, sincérité, l'art de M.J. est dans ces deux mots pour lui synonymes. Il fut de ces écrivains dont l'expression ne dépasse jamais la pensée, mais lui sert de tremplin."
"PLUS QUE 'MODERNE' & 'D'AVANT-GARDE', le poète est l'écrivain d'une synthèse, riche d'expériences contradictoires, mais aussi de traditions acceptées ou transfigurées. Il n'est pas un écrivain de rupture, il n'est non plus un écrivain d'obéissance, c'est le maître d'un langage qui s'enracine dans les siècles & se dépasse dans un homme." Plantier. "Au service de M.J."41.
VARIETY OF GENRES. LJF,224. Intr. "We can appreciate the diversity of M.J.'s work, the scope of his intelligence, his mastery of a bewildering variety of genres, & the richness of his visual & auditory memory only when we realize that there is a whole world in his imagination, a world that he must transform &, ultimately, save."
OBJETS
FAITES LA POESIE AVEC DES OBJETS. CJP, 28. "On demandait à Rockefeller comment il avait fait fortune: 'En cherchant comment on peut faire fortune avec chacun des objets que je touchais.' Idem pour la poésie, la littérature."
M.J. AMI DES OBJETS FAMILIERS. PROSAISME QUOTIDIEN. Disque vert, no. spéc. 49. R. Crevel. "La mysticité quotidienne de M.J." "Ami des objets familiers, il sait aux pensées futiles mêler la plus belle gravité. Un p. commence ainsi: 'Flegmatique & sensuel, je l'étais, je le reste/ Si je digère mal, c'est que je suis si mou,' & s'achève: 'J'offre cet océan, la foi un coeur de pierre;/ Mon espérance au front la couronne de lierre.' "
"M.J. SAIT TIRER PARTI DES ACCOINTANCES LES PLUS DOUTEUSES. Le prosaïsme est de celles-là. (Et j'oublie cette intimité avec le calembour!) Le goût du risque lui sert de balancier dans ces aventures: Un dialogue de petites gens, un fait-divers, il les retourne, comme un gant, jusqu'à la poésie." Marcel Raval. "Le Coup de dés chez M.J." Ibid, 51.
"LES OEUVRES A THESE MEURENT quand la thèse n'est plus d'actualité. On ne lit plus le Contrat social si on lit encore Germinal." "AP. "Art chrétien." 74.
OEUVRE FERMEE
CLASSICISME DE M.J. - OEUVRE FERMEE. Antoine. Op. cit. 18. «Le pire serait de commettre sur les mots de M.J. le genre de contresens que lui-même fit subir à ceux de Buffon. […]. 'Le style ou volonté crée, c'est-à-dire sépare. La situation éloigne, c'est-à-dire excite à l'émotion artistique; on reconnaît qu'une oeuvre a du style à ceci qu'elle donne la sensation du fermé; on reconnaît qu'elle est située au petit choc qu'on en reçoit ou encore à la marge qui l'entoure, à l'atmosphère spéciale où elle se meut [...]." [M.G. M.J. reprend avec une permanence opiniâtre cette double définition, celle du style & de la situation].
M.J. DISAIT A J. GRENIER & A L. GOUILLOUX: 'SI UNE OEUVRE D'ART TE DONNE LA SENSATION D'UN POING FERME IL PEUT Y AVOIR tous les défauts possibles: c'est un chef d'oeuvre.' Guilloux. France-Asie, 357 ou 358.
OEUVRE FERMEE COMME UN POING. Antoine, op. cit. 19. «M.J. ne perdait en tout cas nulle occasion, attestent ses familiers, de revenir à ce précept. Nous devons au dr Szigeti, qui fut l'un de ses confidents assidus au temps de St.-B, ce témoignage: 'Regarde', lui disait le poète en tendant son poing droit bien serré & l'emprisonnant dans les doigts noueux de sa main gauche, 'regarde: voilà comment ça doit être, une oeuvre qui a du style, bouclé & fermé comme mon poing. [...].’ […] aucun geste d'une valeur aussi puissamment démonstrative n'est venu illustrer […] ce que M.J. entendait par ‘la situation (qui) éloigne […]».
OEUVRE FERMEE. Pérard, op. cit. 20. "Une oeuvre a du style quand 'elle donne la sensation du ‘fermé’ ('un poing fermé), comme les oeuvres classiques.'"
OIGNON
BALLADES, 158. "Pierres dans le torrent." "Craquement général du grand universel oignon"; Claude Roy cite ce vers. Ballades, Préf. 11.
L'OEUVRE D'ART - OIGNON - RACCOURCI DE L'UNIVERS. Antoine, op. cit. 19. "Un jour il compare l'oeuvre de style à 'un noyeau nouveau dans l'univers'; une autre fois à un 'oignon' qui serait 'le raccourci de l'univers.'"
"L'OIGNON MON CHER AMI, SERA UN JOUR CONSIDERE COMME UN DIEU si l'hypothèse des cercles est acceptée [...]. Il est certain d'autre part qu'une idée plus lourde est plus difficile à retrouver qu'une légère [...]. Les idées ont poids en rapport avec leurs trajets […]." Corr. I. 34-35. A Apollinaire. 23 juin 1909.
PILLING, CHRISTOPHER. «Max & the Onion.» London Magazine (oct.-nov. 1995) : 29-42. Illustrated article. M.J. & his theories on art, including translations of poems by M.J.- by Ch. Pilling of extracts from ‘For children & sophisticates’ & ‘Avenue du Maine’ & by CH. PILLING & DAVID KENNEDY: ‘War’; ‘Fantomas’; ‘Lives of the Poets.’ Intr. to The Dicecup. London : Atlas Press, 2000. A translation of the first part of Le Cornet à dés by Christopher Pilling & David Kennedy.
PELURES DE LA SPHERE. LML, 60. 28 juin 1937 de Morbihan, chez le Dr. Benoiste. "J'apprends que les fameux sept jours de la Création sont les nombres, lesquels nombres sont les pelures de la sphère, les ciels infinis qui sont sept, plus trois: la Sagesse, l'Intelligence & l'Ordre (je crois)."
"QUANT AUX ENSEMBLES MATHEMATIQUES C'EST A L'OIGNON QU'IL AVAIT RECOURS pour les expliquer [...]. L'oignon est un tout, en effet, par l'étroite imbrication des lamelles bulbaires qui le constituent... 'Quand l'oignon sera l'objet d'un culte, quand l'oignon sera le raccourci de l'univers, alors seulement nous cesserons d'ignorer les forces que nous subissons, en comprenant les Ensembles qui représentent autant d'univers à distinguer.'" Merle. Op. cit. 20.
OPINION POLITIQUE & LA SAGESSE
VM, 265. "Le 13 mars, pleine lune, 1941, il écrit à Béalu: 'Faut-il croire comme vrai que les Russes s'opposent au passage d'Hitler en Bulgarie & massent des troupes en Turquie? Ce n'est pas invraisemblable. Attendons. Moi je n'attends que la grâce de Dieu!"
OSMOSE
DU DEMON A DIEU. Lagarde, op. cit. 57. "Osmose! Il s'agit de passer du démon à Dieu, lesquels en nous ne sont séparés que par une feuille de papier à décalquer."
ENSEIGNEMENT DE M.J. Combat (5 mars 1970). "Surréalisme & l'enseignement de Max." "L'hist. litt. compte peu de poètes qui aient enseigné aux générations nouvelles, la nature & le mouvement de leur art... (moyen d'éprouver le devenir des choses), comme sut l'enseigner toute sa vie M.J. - Aristote fixa avec force & rigueur les fondements de la poétique; le bon monsieur Despréaux codifia en fr. les idées du maître grec en y apportant les amendements nécessaires par la modification des structures linguistiques & sociales. - Fiers ou insatisfaits de ces deux mouvements rhétoriques, les poètes ajoutèrent au bouquet anthologies des floraisons grasses aux parfums quelquefois très capiteux: correspondance romantique, voyance symboliste, esthétisme parnassien: tout cela proféré avec la gravité des gens qui se prennent au sérieux. - 'Ne vivrons que les oeuvres non superficielles, je veux dire celles qui ayant l'apparence du superficiel ont passé par le gouffre du sérieux’, écrit M.J. SOYEZ DONC PERMEABLE, c'est-à-dire sérieux.' - La perméabilité du poète est le prem. résultat d'une vie intérieure intense, mais aussi une énergie, une volonté d'homme gouvernant son inspiration, & non une membrane poreuse, atone, laissant filtrer en tous sens les liquides... C'est l'enseignement de Socrate au jeune Phèdre: c'est toujours par amour qu'on apprend à recevoir les choses pour ensuite mieux les offrir. - Tout doit se résoudre au jeu second dans l'amour des mots: 'Aimer les mots, aimer un mot, le répéter, s'en gargariser. Comme un peintre aime une ligne, une forme, une couleur' - écrit M.J. Du mystère à la magie, le poète franchit le pas & résume le teneur exact de son amour."
M.J. A EXPLOITE D'UNE MANIERE TRES CONSCIENTE SON DON OSMOTIQUE. Rousselot. "M.J. & la 'situation des mots." Op. cit. 152. ‘Une métaphysique de coq-à-l'âne', a dit G. Bounoure. Pourquoi pas? [...]. Si le CD est à la fois 'particulariste, phonographique & protéiforme' (B. Crémieux, no. spéc. Disque vert), on peut en dire autant de tout ce que M.J. a dit, écrit, vécu, été. Le processus est toujours celui de l'osmose [...]."
M.J. & L'OSMOSE. Ibid, 151. 'Comme je ne pouvais rien pénétrer, vous m'avez voulu osmotique & d'autres se sont imprimés sur moi heureusement.' "Cette porosité, cet osmotisme, voilà bien ce qui permet à M.J. d'être un mime extraordinaire. Il ne dissèque, ne dépeint, ni n'imite; il pénètre, se substitue, s'incarne. [J.R. donne des exemples du TB]. 152. C'est par ce même processus osmotique, autrement dit par capillarité, par identification, qu'il en remonte les rampes, en envahit les circonvolutions, en traverse les cloisonnements & les couches de vide qui en tiennent éventuellement lieu." - Il parle du " colimaçon, la vie, le labyrinthe, la spirale & tous les emboîtements auxquels il identifie l'univers spirituel."
---. "LES DIX PLAIES D'EGYPTE & LA DOULEUR. Op. cit. 13. I. "Un peu de Métaphysique." Mais le ciel & l'enfer ne sont pas si éloignés. Les prêtres pourraient très bien nous faire comprendre les superpositions de ces mondes, leurs OSMOSES RECIPROQUES, & la limite que Dieu a voulu mettre à notre vue. Tout ce qui est semblable ou de même essence s'attire. Tout ce qui n'est pas semblable ou pas de même essence se repousse. C'est ainsi que se forment des univers en apparance isolés, mais qui cependant communiquent. Selon l'état dans lequel nous nous trouvons, nous nous approchons de l'un ou de l'autre de ces mondes. Et nous nous approchons & nous éloignons d'eux sans que notre matière corporelle s'en aperçoive, au moins en apparence. Mais quelle importance? LA MATIERE N'EXISTE PAS. Les philosophes & les savants l'ont parfaitement démontré. Et la distance non plus, car elle est une mesure fausse qui se fonde sur les besoins de l'homme: & pourquoi pas sur ceux des fourmis? - Seules les essences existent, la médecine homéopathique est basée sur ce fait, & les mages & occultistes le savent bien; il est bien connu que ceux qui ont cherché la pierre philosophale ont invanté la chimie moderne."
---. S'APPROCHER DU CIEL OU ENFER. LES SENS EST UNE AFFAIRE D'OSMOSE. Idem. "La preuve que ce sont nos sens qui nous séparent de ces autres mondes est que quand leur force diminue, nous devenons plus proches d'eux. Ces mondes sont superposés mais ils ne sont pas éloignés. S'en approcher est une affaire d'osmose. Quand nous dormons, nos rêves d'une certaine façon nous transportent dans ces mondes, car les sens ne nous surveillent plus & nous laissent la voie libre. L'action des anesthésiants que l'on dit toxiques, parce qu'ils tuent précisément ce qu'il y a de terrestre en nous, est semblable à celle de notre sommeil. Nos sens ressemblent à l'ange à l'épée de feu qui interdisait à Adam & Eve l'entrée du Paradis Terrestre. - Conclusion, 19. "Ni le ciel ni l'enfer ne sont loin de nous, & les hommes n'ont pas de longs chemins à parcourir pour les atteindre. Ils échappent à nos sens; mais si nous nous abandonnons à eux, nos sens nous conduisent à l'un de ces mondes. La Croix, qui est l'acceptation de la douleur par la raison & par la volonté, nous conduit à l'autre, au milieu de satisfactions qui ne sont connues qu'après la privation, & par elle."
---. 'MA NATURE EST POREUSE & EMBOITABLE' écrivait M.J. dans la DT. 'Comme je ne pouvais rien pénétrer, vous m'avez voulu osmotique & d'autres se sont imprimés sur moi heureusement', dira-t-il à son dieu, en 1941, le jour anniversaire de 'l'apparition' de sept. 1909. – ‘D’autres’? Quels autres? Des êtres, bien sûr. Mais aussi des sentiments, des idées, des sons, des images, des choses d'ici, des choses d'ailleurs [...]. M.J. ne 'mime' pas plus qu'il ne dissèque ou ne dépeint les 'autres'; il les fait se fondre en lui comme il se fond en eux. [...] tout M.J. ou presque s'explique par le don osmotique qu'il a reçu & qu'il a su exploiter avec autant de lucidité que d'ingénuité en un 'laboratoire central' [...]" Rousselot. Pour en revenir à M.J. 56. "M.J. & l'osmose."
LE PARADIS
CIEL & ENFER SONT DES ESSENCES. "Les dix plaies d'Egypte & la douleur." Op. cit. 13. "De même, nous approchons du ciel & de l'enfer selon que nous avons plus ou moins de spiritualité, le monde ciel & le monde enfer sont des essences: si notre essence est esprit, nous sommes attirés par le monde ciel, si notre essence est matière, c'est le monde enfer qui nous attire. Et pas seulement après la mort, mais durant notre vie même."
"LE PARADIS N'EST PAS AUTRE CHOSE PEUT-ETRE QUE LE RETOUR A SON PRINCIPE, la possession de son vrai coeur, de sa vraie âme en dehors de toutes les démonialités." PJ, 177. A René Mendès-France. Quimper, 20 juill. 1923.
PARIS
"L'AMITIE DE M.J. & DE V. MOREMANS." Op. cit. 42-43. «A mesure que nous approchions de Paris pour lequel M.J. semblait éprouver une sorte d'aversion physique, je sentais que le poète n'était plus lui-même. D'angélique qu'il était à St.-B., je le vis bientôt sous des traits quasi diaboliques. - De fait, il se comporte en homme incapable de conjurer les maléfices de la capitale. - 43. Après avoir juré de ne pas quitter son ami un seul moment de la journée, M.J. avale en hâte à la terrasse de la Rotonde les dernières bouchées de son petit déjeuner, hèle un taxi, se fait conduire rue de l'Université où il rencontre une jeune femme qui en grand mystère pénètre dans le taxi sans saluer V. M., qui décontenancé, profite d'un arrêt pour s'éclipser & regagner son hôtel où il plie bagage. - M.J. 'en état second' s'est à peine aperçu de la chose.» (Souvenirs inéd. de V.M.). - Un mois après, une l. du poète rejetait sur Paris tout le poids de la faute. 'Comment peut-on garder un sentiment humain dans cette ville & les égards dus au prochain. Tu as vu la vie que l'on m'y fait! Maintenant au moins tu sais la vie de Paris, la vie littéraire à Paris. Pour la connaître tout à fait sache que tous les gens avec qui tu m'as vu sont capables de me trahir pour le plus mince intérêt & parfois même sans aucun intérêt ou au contraire capables de fabriquer une gloire éphémère pour rien, sans aucun prétexte même qu'un peu de sympathie. Voilà Paris!’»
"A LA CAMPAGNE ON PERD LA GAITE & la gaîté, surtout la triste, est le feu divin." AP, 72; cité par Salmon in M.J. poète, peintre, mystique & homme dd qualité. Paris: René Girard, 1927. En exergue après avoir cité: «La faiblesse de l’art à Paris vient de ce qu’on y a trop d’amis. Vive la solitude!…»
"A PARIS CE QU'ON PERD DE TEMPS EN REPAS AMICAUX. Je crois que la décadence de la France vient de ce qu'on y mange trop bien & en trop bonne compagnie." Cat. Bonet. no 258, op. cit.
"A PARIS NOUS AVONS TOUS UNE PASSION DOMINANTE qui sert de classement: ce n'est pas cela l'humanité selon moi, c'est la fonction & les moeurs." A Kahnweiler. Corr. II, 16. [Fin juin 1921].
"A PARIS OU L'ON EST EN SOMME BEAUCOUP PLUS SEULS QU'A LA CAMPAGNE." LLP, 89. St.-B. 6 mai 1927; ibid. 98. Chez le Lieutenant Vaillant, Compiègne, s.d. [fin 1927]. "[...] Paris destructeur, imbécile [...]."
«ASSEZ! J'AI TROP SOUFFERT, RENDEZ-MOI A MA TERRE.../ Je ne suis pas de l'art, moi, je suis paysan!/ Et de mon coeur honnête Paris fait un ruffian./ Rendez-moi ma patrie, chant d'un vieil opéra, /Ou laissez-moi mourir! » Corr. I, 22. Quimper, Hôtel de l’Epée. A Charles-Louis Philippe, 12 déc. 1901.
"AUSSITOT QU'ON Y VIENT AUTREMENT QU'EN TOURISTE c'est la Bête-à-mille têtes venimeuses." LMM, 100. 17 oct. 1941.
BIOGR. IMAGINEE A KAHNWEILER. SM texte de Prospectus. "Plus tard il a vécu à Paris, la vie romanesque de ceux qu'une vocation irrésistible destine aux arts. [...] le spectacle de Paris lui a enseigné l'ironie [...]. Corr. I, 54. S.d.
"COMMENT ME SEPARER DE L'AURORE? NON! il n'y a pas d'aurore à Paris: cela s'appelle dans votre pays: le petit jour (mot affreux)!" Corr. II, 158. A Mme H. Hertz. 11 mai 1923.
"CROIS-MOI, PLUS DE SOLITUDE DANS UNE JOURNEE, plus de carnets, plus de fantaisie, plus de craquant & de croquant dans l'esprit. Il est bon de fréquanter les poètes & de vivre loin du monde, mais il faut que ça serve." Corr. II. 179. A Leiris, 11 juill. 1923; LMLE.
"DANS LA SOLITUDE, ON SENT MIEUX. La télégraphie sans fil est vieille comme Adam séparé de son Eve. Je t'ai senti environné d'une gloire ‘repoussante’, prends ce mot dans un sens étymologique. Les flammes du nimbe atteignaient celles de mon pauvre coeur, ou plutôt ne les laissaient pas briller." Corr. II. 156. A Roland Manuel, St.-B., avr. 1923.
"DEPUIS CINQ JOURS, nous avons un ciel bleu: bleu. J'AI PEUR DE PARIS & DES CLOPORTES QU'ON Y RENCONTRE. Quand je pense à nos lettres, à ce pont blanc jeté pardessus cette masse d'ordures - je ne souhaite jamais nous revoir dans une ville. Un jour, nous vivrons ensemble à la campagne." J. Cocteau à M.J. Pramousquier. 18 oct 1922. MJ/JC, 138.
"DIEU M'A SORTI DE PARIS plein de tentations [...]." MR. T.r. 76; Gallimard, 103.
"EN ESPRIT, JE VIS A PARIS." LRR, 30. 26 mai 1923; 102, n. 31. «Un tel aveu peut surprendre car ailleurs M.J. refuse catégoriquement d’admettre qu’il continue de vivre en esprit à Paris, alors que ses commentateurs ont toujours prétendu qu’il avait un besoin presque vital de la capitale. Les lettres & les visites de ses amis parisiens leui permettaient de conserver le lien.»
"ET PUIS, L'ERMITE DE ST.-B. GARDE SES YEUX & SES OREILLES FIXES, BIEN QU'IL S'EN DEFENDE, SUR PARIS." LLP, 11. Préf. de J. Chalon.
"ETRE UN HOMME QUAND ON EST UN POETE, C'EST ETRE UN GRAND POETE. Malheureusement, il y a Paris qui détruit tout, rapetisse tout, décourage, amollit & ramène au néant. Méfie-toi de Paris." Corr. II, 148. A Leiris, 5 mars 1923; LMLE.
"LA FAIBLESSE DE L'ART A PARIS VIENT DU CE QU'ON Y A TROP D'AMIS. Vive la solitude! Les modèles viendront toujours à point poser dans ton désert & tu verras mieux si tu vois moins." AP, 71-72.
"FUIR PARIS, OU JE NE PEUX DECIDEMENT RIEN FAIRE, fuir à tout prix cette ville de pirates & de faussetés. A la campagne je me révèle à moi-même." LTB, 54. A Moricand. 9 sept. 1935.
"J'AI AIME PARIS AU POINT DE NE PAS ALLER EN VACANCES POUR NE PAS LE QUITTER 'D'UNE SEMELLE'. J'y ai tellement souffert des gens que j'ai pensé à vivre avec des paysans. Les paysans jusqu'à présent ne me déçoivent pas." L. inéd. à Dumoulin. 14 oct. 1939.
"J'AI REUSSI A QUITTER PARIS COMME UN ANIMAL REUSSIT A SORTIR D'UN BUISSON DE RONCES." LJRB, I. 142. 2 août, [1912].
"J'AI SI PEUR DE PARIS & DE SES ATTRAITS QUI BOUCLENT A JAMAIS LES DOSSIERS LITTERAIRES. J'ai si peur aussi d'être obligé de quitter mon travail adoré! Alors je mets les bouchées décuples & je fais une année en trois mois." LLP, 27-28. 23 sept. 1921.
"[...] J'AI TOUT LE TEMPS DE SONGER AUX OEUVRES FUTURES. Elles diront si le systèmede l'isolementest préjudiciable ou non à l'art & donneront peut-être à mes amis le goût de m'imiter. Non vraiment! le remous des conversations & des bars ne me semble pas devoir aller avec une renaissance de la grande littérature, & je crois que Paris fait mourir plus d'oeuvres qu'il en fait naître." A Doucet. 26 déc. 1921. Corr. II, 67.
"J'APPREHENDE & DESIRE A LA FOIS ST.-B. [...] IL Y A BEAUCOUP DE LA FAUTE DE PARIS, VILLE INHUMAINE & MONSTRUEUSE."A H. Hertz. Paris, 5 janv. 1923. Ibid, 136.
"JE FAIS DES VUES DE PARIS en abîmant des photos [...]." LRR, 31. 26 mai 1923; Ibid. 163.
"JE FAIS MON FEU MOI-MEME & JE CIRE MES SOULIERS UNE FOIS PAR MOIS. Purgatoire! mais je le préfère à Paris, enfer [...]." A Andreu, de 1937. VM, 236-37.
"JE HAIS PARIS ses pompes & ses oeuvres." LLP, 85. 10 avr. 1927.
"JE N'AI PAS LA TETE ASSEZ SOLIDE POUR SUPPORTER PARIS où je perds tout sang-froid." LUA, 67. 6 mai 1927.
"[...] JE NE DEMANDE A DIEU QU'UNE CHOSE: FUIR PARIS, OU JE NE PEUX décidément rien faire, fuir à tout prix cette ville de pirates & de faussetés. A la campagne je me révèle à moi-même." LTB, 54. A Moricand. Boussy Saint-Antoine par Brunoy (S-et-O.) Chez Mme Moré, 9 sept. 1935.
"JE NE PEUX PAS QUITTER PARIS: JE PERDRAIS LE FIL D'ARIANE SUR LEQUEL JE DANSE. Je danse avec tant d'influx que le fil est devenu moi-même. Si je le quitte l'un de nous casse & ce ne sera pas lui." 30 janv. 1933. LUA. 87.
"JE NE PEUX PLUS HABITER PARIS: j'y suis trop faible & trop paresseux. [...] vous n'attendez pas de moi que je vous décrive tout ce, de Paris, qui m'est devenu intolérable. Les importuns devenus une des douze plaies d'Egypte comme les sauterelles, les mendiants & quémandeurs devenus la treizième, 'le monde' (vous savez très bien ce que je veux dire par le monde, ce sont les maisons où l'on va sans amitié, sans plaisir & sans même utilité), le monde étant la quatorzième, & enfin Satan & ses alcools étant la quinzième. Donc, je fuis Paris, me réservant le droit d'aller à Saint-Germain si l'on y veut bien de moi de temps en temps." LLP, 29-30. St.-B. 25 oct. 1921.
"JE NE PUIS VIVRE A PARIS SANS PECHES." LJC, 24. [25 janv. 1926]; MJ/JC, 381.
"JE NE SUIS PAS DE CE QU'ON APPELLE MONTMARTRE, JE N'EN AIME PAS L'ESPRIT, JE N'EN AIME PAS LES MOEURS & LA PLUPART DE SES HABITANTS ME REPUGNENT IMMENSEMENT." A la revue Images de Paris. 7 janv. 1922. Corr. II, 71.
"JE N'IRAI PLUS A PARIS malgré la présence de quelques fidèles amis dont vous êtes: je ne peux plus supporter même l'idée de Paris - sans en souffrir. " A Mme Guéraud. St.-B. 27 déc. 1938. PJ, 452.
"JE SENS BAISSER LE NIVEAU dans ce caniveau/ j'épuise le potentiel dont JE PUIS DISPOSER DANS LE VASE OU LA VASE DE PARIS./ Le public se raréfie. Ma sympathie pour lui aussi." LJF, 257. 7 avr. 1936.
"JE SUIS ENCORE BIEN PEU SAINT MAIS CERTAINEMENT MEILLEUR CHRETIEN QU'A PARIS." LLP, 26. reçue 22 août 1921.
"JE SUIS HEUREUX DE MA SOLITUDE ENSOLEILLEE & je voudrais bien ne jamais rentrer à Paris." A Roland Manuel. 5 sept. 1921. Corr. II, 37.
"JE SUIS EN PLEINE LUMIERE, MAIS COMMENT FAIRE PENITENCE A PARIS, & comment supporter davantage cette ville de trahisons & de brigandages. Non! J'y ai trop souffert, chaque pavé y porte une trace de mon sang, ou de la sueur tombée, ou de mes pas boueux, ou d'une de mes larmes." A Pérard. 6 janv.? Le Soir 7:35 (5 fév. 1956):2.
"JE TRAVAILLE TOUT LE TEMPS. [...]. IL VOUS FAUDRAIT PARIS & LES CAMARADES DE LA LITT.! ce n'est qu'en fréquentant les poètes qu'on apprend l'art de la poésie. [...]. A Paris il y a la misère pour les poètes pauvres mais il y a la Bibl. Nationale. [...] à St.-B. il n'y a pas de progrès à faire: il n'y a que mon affection [...]." A N. Frank, 23 juin 1923. Corr. II, 175-76; LNF, 25-26.
"JE SUIS SUR QUE JE M'AMUSERAI BEAUCOUP A TA REVUE, MAIS PARIS ME COUTE TRES CHER avec ma petite troupe d'inconnus qui me suivent." LEL, 60. 30 déc. 1924.
"JE T'AI DIT QUE J'ETAIS REFUGIE A QUIMPER CONTRE TOUTES LES HAINES, LES MEDISANCES, les trahisons, les abandons, les vols matériels, & spirituels d'une époque plus maligne que moi. Je pense aux moyens de perpétuer mon séjour ici & le paisible travail près de cette fenêtre entre le lit & le feu de bois: ce n'est pas complètement impossible." "118 l. inéd." NRF oct. 1976. A Denoël. Quimper, 21 nov. 1935. P. 76.
"JE TE PROMETS DE T'ENVOYER DES NOMS DE MECENES, MAIS SACHE QUE JE SUIS FACHE AVEC TOUT PARIS & LA PROVINCE." LJF, 249. Quimper, 8 déc. 1935.
"LAS DE PARIS, DU MONTPARNASSE./ Je vis dans un milieu très doux/ jusqu'au milieu d'août" - écrit-il à Jabès de Lausanne. LEJ, 36. 12 août 1935; s.d. mais de 1935, p. 38. […] rentrer idiotement à Paris, le seul endroit du monde où l'on soit mal & où on n'ait pas le temps de travailler, au milieu des canailles de tous genres;" 20 mai 1937, p. 59. "J'aimerais vous avoir ici: on est plus près les uns des autres à la campagne qu'à Paris, on parle mieux, on se connaît plus profondément."
"MAIS COMPRENDS BIEN QUE PARIS N'EST PLUS RIEN POUR MOI. Puisque je sens bien souvent la haine des jeunes & que je ne sens plus que rarement l'amitié des anciens, non, Paris ne m'attire plus. J'irai à Paris vers le 15 mars faire jouer une petite pièce à ce Vieux-Colombier. Le monde & les dîners en ville, c'est un supplice odieux. J'aime mieux la fièvre typhoïde! Alors quoi! travailler! mais oui!" A Kisling. 21 fév. 1922. Corr. II, 90.
"MA SOLITUDE AVEC 6 PERSONNES EST ASSEZ ABROUTISSANTE & ne laisse pas que de me faire souffrir par insuffisance. Mon temps se gaspille autrement qu’à Paris mais n'est pas à l'abri du gaspillage." LMJ, 175. 8 fév. 1925.
"LE MONASTERE DEVIENT PENSION DE FAMILLE. Je n'y reste guère que par paresse de trouver autre chose, car Paris je ne peux plus! Je ne veux plus pouvoir." 4 oct. 1923. Leiris. Corr. II, 213; LMLE.
"LE MONDE PARISIEN EST STUPIDE & LES GENS D'ESPRIT S'EN ECARTENT." "Paris n'est utile que comme les halles centrales qui sont les mieux apprivisionnées du monde. LUA, 22. 19 nov. 1923; 23."Il est vrai que j'ai beaucoup souffert à Paris mais j'y ai eu d'immenses joies, des illusions, des espérances qui sont toute la vie, des amours, des amitiés, flatteurs, immérités, charmants, des fêtes, des découvertes formidables en moi & dans les autres, toute une vie qui parfumera ma retraite jusqu'à ma mort"; p. 28. 18 mai 1924. "De près, à Paris, tout se perd en propos vains" ; 73-74. Roscoff, 2 oct. 1927. "Cette perte d'un article sur moi sent la haine, cette inexplicable haine errante dans Paris contre moi & dont j'ai de belles preuves encore plus tangibles. Cette haine me trouble plus que ses résultats."
"[...] NOUS PENSONS PLUS AUX AMIS LOINTAINS QUAND NOUS SOUFFRONS QU'A NOS AMIS PRESENTS parce qu'ils représentent pour ainsi dire l'espérence & que l'espérance n'est bonne qu'aux moments malheureux; quand nous coulons des jours heureux nous sommes tout aux amis qui partagent nos joies. Or, s'il est vrai que mes parisiens sont toujours avec moi, il n'est pas vrai malheureusement qu'ils partagent mes joies." Kahnweiler. 28 avr. 1910. Corr. I, 42-43.
"OUI! JE CONNAIS LES GENS DE GOUT (ach! och! hi hi hi! ah ah ah! éclats de rire du ventre, colique) ils n'ont jamais ni découvert personne ni aimé personne ni soutenu personne. C'est la race hideuse, squameuse, visqueuse qui s'appelle le Tout-Paris des Premières & qu'il faut forcer à coups de bâtons d'admirer ce qui est beau." LJF, 241, s.d; 247, s.d. "Les gens ne se lassent pas de voir bafouer les poètes."
"OUI! JE SUIS TRES ABANDONNE mais je sais qu'il me reste quelques rares affections & la vôtre m'est comme celle de mon ange gardien. Regardez ce que m'a fait Jean Cocteau - ces ignobles caricatures de moi dans son Album! [Note d'Anne Kimball: peut-être "Album des Eugènes" dans Le Potomak, in Soc. Litt. de France, 1919]. Ceci ne l'empêche pas d'ailleurs de me faire demander d'écrire le 'Prière d'insérer' qui annonce ses Poésies Complètes. Quelle audace!! ou faut-il qu'il me croie plat & lâche? J'ai fait le Prière d'Insérer comme on s'arrache le coeur pour l'offrir à Dieu: & il ne s'en doutera jamais, quel bonheur!! - quelle tristesse que ces gens si parisiens qui n'ont même plus une lueur de conscience pour adoucir leur imbécile cruauté." LMJ, 170. 31 déc. 1924.
"PARIS DEFORME & BANALISE après quoi il rejette sans pitié la cire qu'il a amollie, démolie. Son moyen d'action est le 'parisianisme' ou démoralisation, voluptification, scepticisme. Or il n'y a que les caractères qui lui en imposent: c'est pourquoi il s'y attaque. Quand on a résisté à ses succès, il vous adore. Ceci tient à cela. Le talent est le caractère, le caractère c'est la raideur. Il y a dans le fait de la production un geste de prendre les choses pour se les jucher sur le nez: c'est la production; or si vous n'avez plus de nez!..."Ibid., 164. 21 déc. 1924.
"PARIS est une ville où l'on est content d'arriver & d'où l'on est encore plus content de partir." LMM, 130. 29 juin 1943.
"PARIS est un poison pour tout le monde." Cat. MJ & P, 181, n. 14. L. à Kisling. 16 août, 1921; Corr. II, 30.
"PARIS m'a d'abord semblé un paradis mais quand j'ai vu qu'on ne venait plus chez moi que pour se moquer de moi, m'exploiter, aussitôt que j'ai pu réunir un peu d'argent, je suis arrivé à Quimper où j'ai trouvé de la bonne volonté de paix & d'entente." LLP, 133. Quimper, 8 nov. 1935; 132. "Je ne suis pas 'venu à Quimper'. J'ai fui! J'ai fui, lâchement, j'essaie de fuir Paris, ville épouvantable où j'ai souffert aux larmes depuis un an, volé, volé, volé, insulté par verbe & par imprimé (lisez le livre Alias de M. Sachs) couvert de blandices par des traîtres immondes, abandonné sans un protecteur, sans un ami (sauf ce pauvre Pierre Colle). Philoctète sur son rocher au milieu de la tempête (je ne ris pas)."
"PARIS me coûtait cher, car je n'y pouvais jadis éviter une escorte de dîneurs & de déjeuneurs; Dieu merci, la jeunesse m'aime moins: au tour d'un autre de s'offrir la gloire! Paris d'ailleurs me semble très changé, c'est une ville plus sage: la médisance est un instrument de justice; il est assez facile de ne pas tomber sous ses coups en se privant du plaisir d'être sincère. Paris devient une ville cath.: on s'y renseigne sur la mystique & la théologie dans les bus & les hauts logis. J'ai même un ami qui est devenu une espèce de saint, ce qui lui donne un bon prétexte pour exercer sa méchanceté éternelle: il le fait au nom du puritanisme." A Moremans, op. cit. 43-44.
"PARIS me fait peur & horreur. Tout excepté Paris." LAL, 26 mars [1927].
"PARIS me paraît un hammam pestilentiel l'été, & un enfer sans feu l'hiver. St.-B. même, qui est la plaine calme, ne me faisait d'ailleurs pas échapper à la fièvre des vacances." A René Mendès-France. Quimper, 20 juill. 1923. Corr. II, 184.
"PARIS me semble loin, loin, & je me demande si quelque jour je ne trouverai pas le moyen de n'y jamais retourner. Si ce n'était que j'aime mes amis autant que la littérature, je resterais dans cette ville comme employé de greffe ou clerc de notaire; hélas! mon coeur est à Paris, & mes amis ne savent pas ce qu'il m'en coûtera d'abandonner les trésors de cette ville féconde en bonnes histoires, en poésie toute vivante, de cette ville pieuse, chaste & immonde pour aller me donner à eux. Ah! le plus tard possible... Hélas ou presque hélas! mon seul chagrin ou plutôt le plus voisin de vous de mes chagrins est de ne pouvoir les appeler, les inviter, les recevoir; [.…]." A Kahnweiler, Quimper, 1910. Corr. I, 50-51.
"PARIS ne m'attire plus. Le monde & les dîners en ville, c'est un odieux supplice!... J'aime mieux la fièvre typhoïde..." Merle, op. cit. 21.
"PARIS ne me vaut moralement rien & je n'ai pas perdu l'espoir de devenir un chrétien passable." A Moramans, janv. 1929. 44.
"LES PARISIENS NE SONT PAS MECHANTS, ils sont indifférents, c'est-à-dire sans pitié ni sympathie. Parfois, ils se mettent à avoir des crises des crises de jalousie ou des crises d'indignation ou des crises de grossièreté. Croyez-moi: tout cela ne compte pas du tout. Tout d'un coup, ils voudront vous prendre votre dernier bâton de sucre d'orge, vous en avez un seul, ils en ont mille: ce n'est pas de la méchanceté, c'est seulement que quelqu'un leur a fait remarquer que vous aviez un bâton en sucre d'orge […]. A la vérité, mon cher ami, si vous êtes intelligent les plus intelligents que vous vous trouveront idiot; & les autres vous traiteront d'intellectuel. Si vous avez de l'esprit, vous déchaînerez la haine - Cocteau est haï. Si vous n'en avez pas, vous déchaînerez le mépris. Moi. Si vous êtes bon, on ne s'en apercevra pas. Si vous êtes méchant, on vous fuira comme la peste. Si vous avez du talent on vous volera vos inventions, si vous n'en avez pas, on le dira. Aussi faites-vous une cuirasse. Continuez de travailler, faites de votre mieux, tâchez de trouver des éditeurs & de vivoter comme vous pourrez en prenant de la gloire ce qu'elle vous donnera. Dites-vous bien que les Parisiens (ou les 40 personnes qui se donnent ce nom) ne font guère que les modes, que les modes passent, & que les hommes restent, les oeuvres aussi." Op. cit. 31. A Massot, 19 avr. 1923; Arfuyen 1 (printemps 1975): 42.
"PAR UNE PEUR MALADIVE DE MOURIR SANS CONFESSION, JE NE PUIS ALLER A PARIS […]." Barney. Aventures... Op. cit. 107. L. s.d.
"POUR CE QUI EST DE PARIS, faites ce que vous voudrez. Prendre une responsabilité, c'est bien difficile... Devenez ‘quelqu'un’, je veux dire un homme pensant devant les autres hommes, sentant aussi avec le creux du coeur [autant] que possible. Si vous êtes un 'homme' pensant, sentant, déchiffrant sans cesse son intestin, voulant & voulant le bien, vous pouvez être cela aussi bien en Italie qu'à Paris." Frank. 31 août, 1923. Corr. II, 203; LNF, 36-37.
"QUAND JE ME REMEMORE LES HORREURS DE L'EXISTENCE PARISIENNE, je me demande par quel miracle on peut s'y maintenir en bonne santé." LAL, 103 . 18 déc. 1924; 119. 31 juill. 1925. "[...] il faut aux Parisiens au moins un long séjour par an à la campagne."
"RIEN DE CE QUI EST SERIEUX NE PEUT SE DIRE A PARIS en admettant que cela puisse se faire." A Leiris. 28 janv. 1923. Corr. II. 140.
"SAINT BENOIT DE VIEILLE VIGNE/ Poligne en Orléanais/ Ta plaine calme & le Loire bénigne/ ME FERONT OUBLIER PARIS & SES ATTRAITS." Cité in Roeping no spéc. 20.
"[… ] SI MES EDITEURS M’ENVOIENT DE L’ARGENT sans que je sois contraint d'aller leur en demander de vive voix, PARIS NE CONTREBALANCERAIT PAS AVEC SES ATTRAITS la joie que j'éprouve à produire loin des dîners en ville & des 'premières' des camarades." PJ, 109. A Raymond Talma. St.-B. 17 sept. 1921.
"LE TEMPS PASSE VITE & JE HAIS PARIS où il faudra retourner." A Kahnweiler, 2 sept. 1921. Corr. II, 36.
"VILLE TRES AIMABLE! Il ne faut pas s'y fier!" LMM, 100. 17 oct. 1941.
LES PAUVRES
AIMER LES PAUVRES. DT. 122. "Ai-je pu vivre chez les aristocrates, moi qui n'aime que le peuple? Ai-je pu vivre chez les millionnaires, de toute espèce, moi qui n'aime que les pauvres?"
L'AMI DES PETITES GENS. J. Oberlé. Op. cit. 102. “L’ami de Picasso & d’Apollinaire était aussi l’ami de l’ébéniste, du colleur d’affiches, du baignat. A chacun il parlait son langage: & son don d’imitation, son sens de ce qu’il fallait dire & du ton qu’il convenait de prendre, sa voix même qu’il changeait, selon qu’il parlât à une vieille chaisière du Sacré Coeur ou à un ouvrier parisien, son attitude aimable le mêlaient si intimement aux êtres les plus divers qu’il n’avait plus qu’à transcrire pour composer ses romans, à moins qu’il ne se contentât à raconter. Il était le roi des conteurs & ses amis passaient des heures entières à écouter Max imiter, mimer, jouer une véritable comédie [...]. Il était étonnant quand il imitait l’accent breton.”
AP, 73. "Malheur aux artistes riches! L'argent, c'est le démon. Au moins qu'ils comprennent le pauperi in spiritu & le pratiquent."
LE COTE FRATERNEL & PATERNEL DANS LA CORR. RLM, Max Jacob no spéc. 3. Note 11. R. Plantier. “La métaphore mystique dans les poèmes de M.J.” 100-01. “L’énorme corr. de M.J. en est une preuve, elle établit un réseau d’amitiés ou de simples échanges qui multiplie les visages dans la solitude de St.-B. Il y a chez M.J. tout un côté fraternel, & aussi paternel, qui ne laisse pas indifférent. Tous les malentendus de la corr., les explications, les rectifications montrent une singulière passion de bienveillance & d’accord. Il en est de même pour les méd. envoyées dans les lettres. Au-delà du désir de faire partager sa foi, M.J., inconsciemment sans doute, cherchait un acquiescement humain, une marque d’intérêt, l’assurance d’une proximité entre son lecteur & lui, alors que profondément il sentait la rupture qu’il avait consommée entre Paris & St-B., entre les incroyants & lui, entre les sceptiques & lui. Ce besoin d’atténuer les oppositions, voire même parfois cette plasticité de l’esprit qui le faisait entrer dans les désirs & dans l’attente des autres, n’est qu’une manifestation supplémentaire d’une immense fringale d’amour & de compréhension.”
HEUREUX LES PAUVRES EN ESPRIT… LTB, 118. à Moricand. 10 janv. 41. “Bien entendu, il ne s’agit pas des imbéciles. Il s’agit des gens qui ont l’intention de vivre pauvrement.”
JE SUIS AVEC LE FAIBLE & JE VEUX Y RESTER. Vers du poème “Indifférence.” PMR, 230.
JESUS, SA MERE, SA FAMILLE SONT DE PETITES GENS. Julien Lanoë. C’était il y a trente ans. 45. “Ce qui le touche le plus dans la religion chrétienne, c’est que Jésus, sa mère, sa famille, ses compagnons étaient de petites gens.”
LA PAUVRETE VOLONTAIRE EST UNE VERTU ESTHETIQUE LA CHASTETE AUSSI. AP. “L’Art chrétien.” 1922. 69. “La pauvreté volontaire est une vertu esthétique. La sobriété est une vertu esthétique. La chasteté est une vertu esthétique. L’apostolat n’est pas une vertu esthétique, mais ce n’est pas une vertu chrétienne autrement que par exception de vocation.”
PECHES. A Doucet. Corr. I.123. 17 janv. 1917. ”J’ai renoncé à mes péchés; je mène une vie plus retirée. Quelquefois je me réjouis avec mes amis; alors il m’arrive d’oublier la bonté que le Seigneur a eue si exceptionnellement pour moi.”
PECHES. LTB, 89. A Moricand. 18 avr. 1939. “Ce qu’il faut c’est savoir que l’on pèche, avoir le sens du péché & le regret c’est beaucoup, la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse.” PJ, 254. A Georges Ghika. St.-B. 22 janv. 26. “Vous m’avez fixé longuement, tendrement, puis vous avez détourné la tête brusquement. Il y avait tant de choses dans vos yeux: tant d’étonnement, de tendresse discrète, de reproches! J’en étais bouleversé [...]. Je pense que notre ange gardien nous regarde ainsi après un péché!”
PITIE POUR LES PAUVRES. LLP, 16. ”Malheur aux pauvres! Quand il s’agit de les faire tuer c’est vite fait, mais pour les sauver y a plus personne. Ce que c’est que la maladie pour eux: les rebuffades du petit personnel, le mépris complet du grand & pas un ami dans la salle [d’hôpital]. Il ne faut pas s’indigner c’est une question de chimie: le bien nourri attire, la viande sans carbone repousse & voilà la loi des sympathies de tout l’univers. A moins qu’on veille à remplacer les courants matière granulée par les courants esprits qui sont encore plus ‘aimant’.” Hôpital, 22 fév. 1920.
PEINTURE
PEINTURE. L. inéd. à Dumoulin. 8 janv. 1939. “J’y peins [à St.-B.] à la méthode géométrique que j’ai découverte ou redécouverte: ce n’est ni Ingres certes ni son violon. C’est pour être peintre que j’ai une prem. fois quitté le monde [...]. La litt. m’a pris à la peinture puis la peinture à la littérature de sorte que je n’ai vraiment réussi ni l’une ni l’autre.”
PEINTURE. BLANCHE, J.E. Carte inéd. au même. Vendredi 29. “La peinture de J.E. Blanche est plus mondaine qu’orgueilleuse. Il a écrit une multitude de romans, de critiques, de souvenirs que j’aime beaucoup. Il écrit ses mémoires. Ce sera très intéressant car il a de l’esprit & il a tout vu, tout connu, depuis 1870 & avant. [...]. J’aime les mémoires sur mon temps.”
PEINTURE B0NNARD. Idem. “J’ai toujours eu & je garde une admiration spécifique pour Bonnard. C’était, sa peinture, l’intelligence & la sensibilité même. Mon amie Misia Sert avait une coll. de Bonnard très célèbre.”
PEINTURE BRAQUE - BONNARD, MATISSE. L. inéd. au même, 30 sept. 1943. Je vous ai conté la prem. naissance du Cubisme. Braque est devenu l’élève mais ce qui prouve son exiguïté, c’est qu’il n’a pas évolué pendant que le maître inventait tous les matins autre chose. Braque a tapé dans le clou doré. […]. Bonnard est délicieux. Je n’ai jamais vu les mérites de Matisse. Tout cela me semble bien vieux & moi aussi bien vieux.”
PEINTURE. MARCOUSSIS. Pierre Tuarze. Op. cit. 23 sept. 1921. A Leonardi. “C’est Marcoussi qui me donne ton adresse. Le brave & gentil Marcoussi auquel je ne puis penser sans sentir un grand élan dans mon vieux coeur racorni de bête au labour.”
PEINTURE. MARCUSSIS, GALANIS. Ibid. 102. L. 4 mai 1940.”Marcoussis est mort d’un cancer & Galanis a perdu son fils mort en mer.”
PEINTURE MATISSE. L. inéd. à Dumoulin. 4 juin 1943. “Je n’ai jamais aimé la peinture de Matisse. C’est un peintre de ‘Salon’ sur lequel les théories de Maurice Denis sont tombées & qu’il a poussées. Il n’a jamais fait la soudure. […]. Moi, j’ai le droit de préférer la chaussure Bonnard qui me va à la chaussure Matisse qui ne me va pas. Il se donne maintenant des allures grandioses qui me font rire. C’est un cabotin. [...] Le cabotin froid est le pire cabotin.”
PEINTURE. COPIES DES PEINTURES ROMANES. Au même l. inéd.14 nov. 1940. “C’est une petite peinture que je vous enverrai. Peinture qui pour être assurée de vous plaire est une copie d’un chef-d’oeuvre roman du IXe ou Xe siècle. Je fais de ces copies pour essayer d’apprendre la composition, ce qui n’est pas une petite affaire” ; LTB, 99. A Moricand. 20 juill. 1940. “Je fais de consciencieuses copies de peintures romanes: ça se vendra un jour peut-être - qui sait? J’ai bien vendu jadis une peinture de Pompéï bien imitée.”
PEINTURE - GEOMETRIE. VM, 231. “J’ai découvert la grande composition géométrique en peinture.” (L. de 1938).
PEINTURE – GOUACHES-A- FINANCES. Cité par P. Merle. “Le cas M.J.” Op. cit. 17, n. 4. “J’ai dû interrompre Le Tableau de la Bourgeoisie pour faire de la gouache-à-finances” ; LJF.Oxenhändler. Intr. 234. “Max knew constant financial tribulation & was often involved in lengthy negotiations with his publishers; meanwhile, of course, he was making a precarious living by the sale of his gouaches.”
PEINTURE - HOMME UNIVERSEL. Adès. P. 8. “Songeons aux théories de Leonardo de Vinci qui prétendait que pour être peintre il faut être un homme universel.”
PEINTURE. JE FAIS DES GOUACHES & J’ECRIS DES POEMES. LJF,266. St.-B. 14 juin 1936. “Je perfectionne enfin mon esprit défaillant/ depuis quelques années par la gouache & le temps/ & par les catastrophes qui sont comme couleuvres/ plutôt que je n’écris des oeuvres./ Pourtant j’écris parfois des poèmes en prose/ dans leur brume emperlée où s’effeuillent les roses.”
PEINTURE. A LEONARDI. Quimper le 29. Tuarze. Op. cit. 115. “En ce moment, Level me prend tout à 400 francs (ne le dis pas) & je n’arrive pas en faire assez pour le satisfaire: […] pour lui faire une infidélité, il faudrait que j’y trouve un grand bénéfice. Pense que mes gouaches se vendent 1500 f. dans Paris!!!”
---. ---. IBID. 79. 23 SEPT. 1921. “[…] je travaille comme une brute. Je n’en ai jamais tant fait depuis le temps de la jeunesse & des études forcées. C’est des dix heures par jour!!! de table & de chaises. Je n’ai pas fait de peinture parce que si je commençais, ce serait fini de la littérature. La peinture est une maîtresse exigeante. Or, j’ai besoin de finir un roman & j’ai une autre commande encore.”
PEINTURE. LMM, 125. 20 avr. 1943. “Depuis que je sais quelque chose en peinture, ma vie est empoisonnée & je ne vends plus rien […] - quand je ne savais rien je vendais toute ma production; ibid. ”Pour le moment j’exécute minutieusement des dessins au crayon d’après des cartes postales bretonnes […].” 110. 22 mars 1942.
PEINTURE. A Poulenc. Op. cit. 24. 29 sept. 1922. “La peinture marche aussi. Je suis en train sur le tard de devenir un vrai peintre... horrible! Quelque chose entre Corot & Monet - pas modeste. C’est pas de ma faute.”
PEINTURE. Roussselot. Op. cit. 157. “La peinture n’est qu’un accouchement au fer ; je vis dans le désespoir pictural; ah, mon cher, la peinture, quel tracas! je n’en dors plus, je me lève la nuit pour changer ce gris, ajouter ce rouge, allonger cette ligne; c’est à devenir fou!”
PEINTURE - TOILE DE PENELOPE. [j’ai] ”cette toile de Pénélope qu’est la peinture dont la navette emporte les pensées mécaniquement fort loin des contingences atmosphériques. - Il fait à St.-B. une bise glaciale… ” Réf. ??
PEINTURE - UN ACCOUCHEMENT AUX FERS. R. Szigeti. “Amitié de M.J.” Europe no spéc. 33. “La peinture n’est qu’un accouchement aux fers. Depuis un an ou deux j’ai compris ce qui est bien, mais il m’est impossible de rien faire d’autre ou de rien tenter d’autre [...]. Tu vois le martyre, le supplice de Tantale [...].”
PEINTURE. VISITATION & PAYSAGE BRETON. LTB, 150. A Moricand. 17 fév.? 1944. “[…] j’ai réussi une visitation qui plaît à la fois aux connaisseurs & aux paysans. Joie!... Je suis sur un paysage breton depuis un mois & je n’en sors pas: c’est atroce. Les joies des Beaux-Arts coûtent cher.”
PEINTURE LE “VOL AU VENT FINANCIER.” L. à Nehmé Eddé. Délirante 4-5 (aut. 1972): 78. 28 mai peut-être [1930].
PRIX DE SES PEINTURES. LJRB II. Mars [1919]. 150. «[…] je donne dans la peinture qui me le rend bien, Dieu merci. Je suis ce qu’on appelle un nouveau riche & comme tel je fais étalage de mes revenus; 1918 a été particulièrement bon; j’ai atteint 11 000 f en 12 mois. Les 2 prem. mois de l’exercice 19 ont atteint 1500 f. »
PELERINAGE
LJF, 268. 2 juill. 1936. “La pluie a décrépi les roses. Le 12 est le jour de mon soixantième anniversaire c’est aussi le jour dimanche du Grnd Pèlerinage qui est un maximum d’ennui & de corvées - ça va bien.”
PELERINAGE. A Poulenc. Op. cit. 24.10 juill. 1922. “Nous sommes en plein pèlerinage à St.-B. Il y a 98 personnes dans la maison: comtes, comtesses, abbés mitrés, grands docteurs, grands professeurs, etc... généraux. Sainte Garden Party, priez pour nous!”
PELERINAGE. LRV, 60. 15 juill. 1936. St.-B. “Depuis une huitaine, c’est un enchaînement de voitures d’amis (?). Je suis devenu un but d’autos désoeuvrées. J’espère qu’après ces fêtes (Pèlerinage de St.-B & 14 juill.) je vais retrouver mon heureux calme.”
PELERINS. LJC, 70. 19 juill. 1926. «En principe les pèlerins sont des rhinocéros à qui l’on graisse les plis du cou pour huit jours.» Ibid, 67. 8 juill. 1926. “Ici chambardement annuel: pèlerinage qu’on se prépare à recevoir du 11 au 18. On nettoie enfin quelque chose & j’attends des ombrelles de garden-party, de surprise-party. Quand seront-ils partis? Nous aurons des oblats en dominos avec moustache cigares, souvenirs de guerre, de gares, de garages. Odieux, odieux! aux dieux. Ma cellule envahie, haïe, aïe! Pas moyen de m’en aller sans scandale» ; MJ/JC, 435, 430.
PERLE
CHERCHEZ DIEU EN VOUS. J. M. Schneider.. Clown at the altar. Op. cit. 61. “Trouvez votre coeur & changez-le en encrier. Le coeur c’est Dieu. […] Dieu est la Perfection. Cherchez donc Dieu en vous-même […].” Esth. 19.
DIEU EST AU CENTRE DE NOUS. NOISETTE-PERLE. DT, op. cit. Notes. 277-78. “Cette obstination à revenir toujours sur les mêmes sujets était peut-être inspirée à Max par sa représentation judaïque du monde. [Plantier n’est pas d’accord avec Blanchet en ce qui concerne la rerpésentation judaïque du monde]. Dieu est au centre de nous; encore faut-il que nous descendions au fond de nous pour l’y trouver. Or, un ’mur de béton’, élevé par le péché, nous sépare à la fois de nous-mêmes & de Dieu, nous maintenant au niveau animal, périphérique. Percer ce mur, ce sera redevenir, l’Homme parfait. (l’Adam primitf, le Christ), & passer de l’animalité à l’humanité, de la bêtise à l’intelligence. […]. C’est précisément la méditation qui nous donnera ‘l’horreur de ce qui est animal en nous.’ Rien ne sert donc de s’amuser […] avec une multitude d’idées. […]. Il s’agit de se creuser soi-même en profondeur, de viser en soi ‘le mille, le point mort, la perle’, en se servant, comme vrille, d’une idée quelconque. La méditation […] est la ‘descente d’une seule idée nue plus bas dans le ventre aux convictions […]. Il s’agit de passer du démon à Dieu, lesquels en nous ne sont séparés que par une feuille de papier à décalquer.’ (Textes cités par P. Lagarde, op. cit. 55-57). Cette feuille de papier n’est pas sans rappeler les ‘pelures’ ou ‘écorces’ du Zohar, qu’il faut traverser pour atteindre enfin l’amande ou la noisette. [M.G. Cf. quelques peintures où le Christ enfant tient à la main une noisette]. Il [M.J.] vit dans un univers où Dieu n’est pas extérieur à la création, mais au centre de chacun & du Tout. ” Voir le p. dans Les Doc du Val d’Or no spéc. (mars 1945). “On me dit que le siège de mon Dieu est en moi./ Faut-il donc me détruire pour me trouver?/ Alors, des pioches! des pelles!/ La faulx pour séparer ma poitrine./ C’est là, c’est là./ Terrassiers, chirurgiens, venez me mettre en pièces/ Et cherchez ce trésor... / Mineurs, découvrez-moi cette noisette blanche,/ Le Seigneur caché.”
L’EMOTION. TROUVER LE COEUR OU VENTRE. Pérard. Op. cit. 19. “On ne doit jamais travailler avec la tête seule, mais on doit chercher & trouver le coeur, transformer les idées en sentiments, en convictions: les idées senties, ressenties, ne sont plus des idées, ce sont des forces.” [...]. “Creusons nos corps, nos coeurs.” “Fends-toi le coeur.” Il insiste sur le mariage de l’intelligence & du cœur ; VM. Op. cit. 239. A Béalu, 13 avr. 1937. ”Il s’agit d’émotion, & c’est l’essentiel, mais d’une émotion plus profonde que celle du voisin, celle qui vient non de tes sens & de tes nerfs, mais de la rencontre enfin! de ton humanité à toi. Or, chose curieuse, cette humanité, perle à dégager, est l’image même de Notre-Seigneur Jésus-Christ.”
FELLINI: “THE PEARL IS THE AUTOBIOGRAPHY OF THE OYSTER.”
GODHEAD IN MAN. Colin Wilson. The Outsider. London: Gollantz, 1961. 64. Wilson quotes Hesse’s Steppenwolf. ‘In the heart of his own being man discovers the godhead.’ This is a formula from the Upanishads.
PERLE. DT. 35. Le ‘centre de l’œuvre doit se confondre avec le centre de l’homme’, descendre au fond, y séjourner. Alors seulement le sujet sera mûr pour en ‘sortir’. Il faut du temps, beaucoup de temps, le temps d’assimiler les coordonneés, de s’accrocher à son passé, à tout ce qui dort d’images en lui.” [A Doucet, Corr. I., 126].
PERLE. VM, 175. “En 1958, Hugnet a raconté pour la Radio leur prem. rencontre: ‘Je me revoyais adolescent faisant la connaissance de l’homme qui était pour moi l’auteur du CD chez Marcel Jouhandeau, puis littéralement ébloui, dînant le soir même en leur compagnie dans un restaurant italien de la rue des Martyrs, que Max affectionnait. Pendant le dîner, je fis observer à Max qu’il avait 30 ans de plus que moi, ce à quoi il me repartit qu’il valait mieux qu’il en eût trente de plus que trente de moins. Je ne sais pourquoi, Max fut amené à se comparer à une huître, cette huître donnait des perles.’ ”
LA PERLE EST EN TOI & JETTE LA DANS LE MONDE. EXTERIORISE-TOI. C’est ce qu’il a dit a ses jeunes amis poètes. Andreu. MJ. Op. cit. 95. “C’est ce toi-même, écrit Max à Béalu, que veut le public. C’est un anthropophage; comme Dieu veut ton toi-même & non ce qui l’obstrue, le public veut ton toi & non le souvenir des autres poètes. [...]. Il veut une perle d’un orient unique & cette perle est en toi.”
LA PERLE INTERIEURE. M. Béalu. DV, 24. “En quête de l’âme à convertir, de la vocation à révéler, du caractère à découvrir, Max était toujours à l’affût, dans chaque visiteur, de la ‘perle intérieure’.”
PERLE. CE QUI COMPTE EST LE ‘TU’. LCB, s.p.12 mai 1943. “Ce n’est pas ce qui est dit qui compte mais ce qui est ‘tu’.” [Avant cette phrase]. “Les oeuvres valent pour la qualité de l’auteur. L’habitude de la méditation de tous sujets leur donne leur beauté.”
PERLE - NE PAS IMITER. VM, 239, n. 1. “En 1923, il écrivait à Leiris: ‘Quand tu sauras que tu imites, tu seras sauvé.’ ”
PERLE - VENTRE. Extr. des l. à Béalu. Roeping. No spéc. 131. “C’est précisément ce mimétisme qui ne cessera que par la découverte de Dieu en toi. Le mille, le point mort, la perle. Pour cela faire des exercices de pleurs, développer les sentiments, s’y exciter comme si on était acteur. ‘Comment exprimerais-je ceci ou cela’ & faire passer par le creux de l’estomac. Ne jamais travailler avec la tête.”
PERLE - VENTRE. Andreu. MJ, 93. “En 1941, dans ses CJP, Max reprendra cette image [la perle], mais il lui donnera cette fois une acception très différente: ‘Demandez à un prof. de chant ce que c’est que placer la voix. Placez la vôtre au ventre comme un tambour. Ce qui ne vient pas du tambour n’est qu’un enfantillage’. ”
PEARL - SYMBOL. J. M. Schneider. Op. cit. 82. «[…] a few symbols reappeared with a constant significance in his writings, related especially to the cabbalistic image of the cosmos of concentric circles. In the VI, hell was represented by the figure of a ring ‘formée de deux serpents qui saignent. (B, 84). » - Recurring symbols: Cosmos=concentric circles, Hell=figure of ring, yet could also mean= heavenly sphere, whose luminous centre in Zohar= PEARL.
PERMANENT IMAGE “of the SELF is to be found in ABSOLUTE OTHERNESS, that is, in GOD.” Ibid.114.
PERSONNALITE - ERREUR PERSISTANTE.
AP, 1922. 10. “Une personnalité n’est qu’une erreur persistante.”
ROGER SHATTUCK. Banquet Years. Vintage. Revised Ed. 1968. 39. “Conventionally, a work of art is considered to be the product of a different self from the one displayed in habitual action & ordinary living. A few courageous members of the avant-garde set out to extend the artistic, creative self until it displaced all guises of habit, social behavior, virtue, & vice. When our entire life stems from our one deepest self, the resulting personality is usually so startling & abnormal as to apppear a mask or a pose. It is the ultimate paradox of human character. This was very much the case with Rousseau & Jarry, with Jacob & Satie; in each of their lives one feels a deep-seated force such as possesses a lunatic or a saint.”
UNE PERSONNALITE -PERMEABILITE. Pfau, op. cit. 24. “Perméable means that the ‘idées’ do not remain ‘idée reçues’, but they change, they are integrated, absorbed, they can be changed by new ideas. This is the difference between a bourgeois & an artist (poet). A poet is always receptive to new ideas.” [Trad. M.G.]
PETITES GENS
FERNANDE OLIVIER. Picasso & ses amis. Op. cit. 67. “Max savait flatter l’amour-propre de ses voisins, la vanité de ses voisines, à qui il tirait les cartes, disait la bonne aventure, & par cela, malgré elles-mêmes peut-être, se les attachait. Il aimait particulièrement la société des petites gens de son quartier qui lui faisait respirer comme l’air d’un coin de province.”
LA PETITE SERVANTE
Anecdote de la petite servante que Nino Frank devrait raconter à Picasso. “Une petite servante de quinze ans. La patronne lui apprend à ranger les souliers sous l’armoire: ‘on met le pied droit à droite & le pied gauche à gauche. Elle répond: ‘Est-ce que je sais, moi, comment sont les pieds des gens?’ N. Frank. Mémoire brisée. 1967. 162-63.
DV, 70. «LA SALAMANDRE & LA PETITE BONNE.» Nlle éd. L. à Béalu, juin 1941. «La petite domestique Aimée pleure parce qu’on veut lui faire essuyer des traces de merde de chien : ‘Ce n’est pas moi qui l’ai fait, ce n’est pas moi de l’essuyer.’ Je ne souligne pas le côté comique. Elle ajoute: ‘C’est toujours comme ça’, posant ainsi le douloureux problème de la domesticité. Il est certain que c’est nous qui salissons & le domestique qui essuie. Est-ce juste ? Quel triste métier que celui d’essuyer la crasse des autres. On me dit que c’est dans les domestiques qu’il y a de plus de suicides: je comprends.»
PHRASE, PARAGRAPHE, FORMES SYNTAXIQUES
DIVISER SON SUJET EN PARAGRAPHES. CJP, 45. “On m’a enseigné ceci au collège: 1. diviser son sujet en paragraphes, en réservant le plus important pour le milieu & en dégradant vers la fin. 2. un paragraphe pour le thème le développe & conclut en reprenant la prem. phrase sous une autre forme. Je ne me moque pas du tout de cet enseignement; c’est là que malgré toutes les fantaisies, il faut revenir...”
ENRICHIS TON VOCABULAIRE; Esth. Op. cit. 29-30. “un poète doit se servir de tous les mots usuels & - chose que ni toi ni les autres ne faîtes - se servir de toutes les formes syntaxiques: Il y a longtems que... Décidément... Pas besoin de... Sont ils si loin les... des... des... des (souhaits). Consulte pour cela Shakespeare & les plus grands poètes. Tu n’y perdras pas ta personnalité; au contraire tu l’éveilleras” ; cité par Plantier. “Notes sur la versification & la rythmique dans l’oeuvre de M.J.” Cah. M.J. 5. 63, n. 22.
L’IMPORTANCE DE LA PHRASE. A Kahnweiler. 1912. Corr. I. 78. “Tant que tu n’auras pas la phrase tu ne feras rien. L’inspiration ce n’est rien quand on n’a pas la phrase!... & comprends-moi bien: le métier ce n’est rien! le métier ajoute à la phrase, mais il n’est pas la phrase.”
---. LEJ, 37. [août] 1935. «Je vais te donner un bon conseil: fais des phrases en vrai, c’est dans la syntaxe que se révèle l’individu: si tu n’as pas ‘forme’ de phrases dans la tête, prends-en dans Shakespeare ou bien là où il y en a: dialogues d’Aristophane. La phrase en dialogues masquées [sic]a de la vivacité & c’est des phrases. Le mot est beaucoup, la phrase porte l’émotion. Continue de ne pas avoir le doigt sur la couture du pantalon, mais fais des phrases.»
LA PROSE EST UN METIER. Rousselot. Op. cit. 81-82.“1. Prendre le style cuisinière sans argot ni vulgarité. C’est à dire mettre d’abord sa pensée à l’état populaire ou enfantin, & poser sur ce fond, avec précaution, des mots auxquels on tient particulièrement. 2. Varier la syntaxe d’une phrase à l’autre. Si tu écris: ‘Je suis poète’, la phrase suivante n’est plus du même moule. Exemple: ‘Que ne suis-je poète ?’ La 3e phrase dira: ‘Est-ce que je suis poète ?’ La 4e phrase dira: ‘Pourquoi ne suis-je pas poète?’ Tu trouveras des formules syntaxiques dans Shakespeare plutôt que dans les auteurs fr. qui sont tous plus au moins conventionnels. […]. 3. Ne pas perdre de vue le sens du paragraphe. Le poser au début & reprendre à la fin la prem. ligne avec une allure différente, mais bien le même. Quelle que soit la fantaisie du texte, tout n’est jamais que paragraphes. Un chap. est composé de plusieurs par., & un livre de plus. chap.”
PLAFOND L’IDEE ARTISTIQUE, IDEEE TROUVAILLE.
JEAN DE PALACIO. “MJ & Apollinaire.” Op. cit. 471. “Mais si M.J. contestait à Apollinaire ce destin d’initiateur du cubisme, il lui reconnaissait en revanche deux qualités majeures, dont l’alliance paraît bien être la définition même du génie lyrique. La prem. est ce qu’il a successivement appelé (1933) ‘l’idée artistique’ ou encore ’l’idée trouvaille’ & plus tard (1942) ‘le plafond’.- Dans une l. inéd. à A. Messiaen datée du 7 août 1933 (coll. de Palacio): […] “L’idée artistique n’est pas l’idée philosophique. Ex. d’idée artistique: mettre du papier collé sur les tableaux cubistes... Idée dans un p. d’Apollinaire d’avoir figuré les mannequins d’un magasin de confection comme des guillotinés. - L’idée trouvaille, c’est ce qu’il y a de plus important à mon sens.” - P. 472. Dans une l. inéd. à Francis Guex-Gastambide, du 19 juin 1942. (coll. de Palacio). «Quest-ce qui donnera du plafond à une oeuvre poétique, c’est l’habitude de la pensée chez le poète. Ex. Alfed de Vigny si palot en vers mais soutenu par son plafonnement & [allons-y] Rimbaud & Apollinaire qui valent par le plafond mai quel chant chez Guillaume & quelles épithètes chez Arthur.»
PLAFOND. LMM, 117. 5 nov. 1942. “Poésie & vérité (de Eluard) est un livre où il y a plus d’air que dans d’autres recueils, & plus de plafond: il lui coûte des menaces dit-on.”
PLAFOND. Rousselot. Op. cit. 139. “Eluard & ‘ses intimités’ manquent un peu ‘de plafond, de générosité, d’envergure’, du moins jusqu’à Poésie & vérité 1942.”
PLAGE
LA PLAGE DE BRETAGNE. “Douarnenez à la plage.” “Regardez-la avec son maillot de bain!/ Sa grand’mère avait deux jupes de dessous/ Ma fille est en maillot de bains! son dos par chacun/ est vu à volonté:/ chacun connaît sa peau.” PMG, 150.
SAINT-BENOIT DEVENU ‘VILLE D’EAU. VM, 281. “Max écrit à Rousselot qui a reproduit la l. dans son livre sans préciser la date, 42 ou 43, plutôt 43: ‘Les eaux de la Loire s’écoulent, les ponts s’écroulent &, finalement, on me laisse en proie à toutes les estivantes oxygénées & à tous les hommes en short & en costume de bain…’ [Voir l. à M. Manoll, 29 juin, 1943].
LA SAVEUR DU REEL. POESIE & VIE CONTEMPORAINE. Henri Béhar. “La saveur du réel.” Europe (juin-juill. 1982): 106.- H.B. cite du SM “Gueux fou fougueux, chaste nuque qui est l’eunuque, etc. & y voit “le mouvement de fond qui rapproche la litt. & singulièrement la poésie - de la vie contemporaine, en lui faisant admettre la même pratique ludique, en n’excluant pas le hasard, l’incongruant, le spontané, la facilité. Jeux de mots & collages verbaux sont désormais de même nature, puisqu’ils travaillent le même signe linguistique.”
POESIE & PUBLIC
PJ, 409. A P. Lagarde. St.-B. 4 juin 1936. Marcel Liévin est chanteur-diseur. “Il ne chante que ce qui s’approche de la poésie ou ce qui en est. [...] Piqûres de poésie dans le bois du public...”
POLENTA
ROUSSELOT. Cahs. du Nord. no spéc. 212-13. L. à lui, 24 fév. 1943. “Polenta! J’ai horreur de la cuisine italienne ou espagnole; pendant trente années! J’ai suivi mes amis Apollinaire & Picasso dans toutes les gargotentas peninsularas de Paris & j’ai mangé de la malaria gangrenata de luxe ou des poverellos. Rien que l’idée de la macaronata me lève le coeur. Ça sent la poisse, l’émigration au patchouli. Il fallait suivre l’amitié au prix de la savatellone & on ne me consultait pas sur les goûts, moi qui n’aime que les crêpes bretonnes, le bouillon & l’boeuf & les côtelettes de mouton pré-salé... Ne me parle pas de polenta ou parle m’en pour me faire apprécier le bonheur de manger des légumes du pot-au-feu & la langue de boeuf sauce moutarde.”
PORTE-BONHEUR
LRR, 17. L. 27 déc. 1921. P.S. “Je porte bonheur formidablement aux gens qui m’aiment.” - 55. 27 fév. 1927. “[…] les artistes qui ont eu mon amitié & mon admiration ont tous réussi: je porte veine!… ” LUA, 14. 28 juill. 1922. “[…] j’ai remarqué que tous les gens que je rencontre sont destinés à la réussite. C’est mystérieux & c’est vrai! Surtout ceux que j’aime, j’ai une sympathie spéciale pour la réussite future. On me rencontre généralement la veille d’un succès.”
PORTRAIT DE M.J. PAR ANDRE FRAIGNEAU
“Un être absolument singulier.” Propos recueillis par Laurence Cossé. Quotidien de Paris 698 (23 fév. 1982). “Il existe une fleur qu’on appelle le désespoir-du-peintre, parce que c’est une véritable mousse d’antennes, d’une subtilité presque impossible à reproduire. Eh bien, M.J. avec toutes ses facettes & ses contradictions, est le désespoir du poète.”
POSTE & POSTIERE DE SAINT-BENOIT
LA CORR. DE M.J. R. Szigeti. “Amitié de M.J.” Europe no spéc. 34. “Le courrier l’attendait à la Poste, dont la rue, depuis, prit le nom de M.J. Immédiatement il répondait à toutes les l. qu’il venait de recevoir. Et chacun pouvait alors penser qu’il était le seul & l’unique ami” ; J. M. Schneider. Op. cit. 113. Selon elle Rousselot (Chap. ‘M.J. Epistolier’ op. cit.) pense que la corr. de M.J. est une entreprise de prosélytisme autant qu’une création de l’esprit, par contre selon elle c’est plutôt un désir d’établir un contact avec soi-même à travers les autres, par le besoin de renforcer le fait qu’on est là à travers le dialogue.
POSTE DAME. VM, 282. On trouve l’anecdote dans toutes les l. du moment. [Cf. L. à Manoll]. ”Le facteur auxiliaire de St.-B. est requis. La vieille demoiselle des postes que Max, en raison de son abondant courrier, rencontre presque tous les jours, le lui conte, en affirmant que puisqu’il ’faisait partie de l’Administration, c’est illégal’, & Max commente: “La pauvre ne sera convaincue de la vie réelle que lorsque l’Administration & elle-même iront fabriquer à Postedam les briques qu’elles y mangeront”; p. 297. [Selon] le témoignage tardif de M. Julien London [...] “Durant ses dernières heures, M.J. nous dit que de grands arbres ne cessaient de défiler devant ses yeux, & il lançait les mains en avant pour les saisir. Puis, il proférait des fragments de phrases dans lesquels revenait la postière de St.-B.”
PRIERE - ORAISON - CONTEMPLATION
BUCKLEY, M.J. “17th c. Fr. Spirituality.” “Contemplation is an awareness and presence of God & of things divine which is simple, free, penetrating, certain & proceeds from love & tends to love.” (Doctrine spirituelle, VII, 4-5 #1m348).[Publié où ? J’ai lu cet article en ms. M.G.].
DONNEZ-MOI LA FOI SI VOUS EXISTEZ! LEJ, 74. 8 déc. 1938. “Quand j’étais jeune & pauvre, je disais: ‘Si vous existez mon Dieu, donnez-moi la foi!’ Il m’a exaucé & donné non seulement la foi mais bien d’autres choses’; Andreu. VM. Annexe VII. [312] l. à lui. 19 sept. 1940. St.-B. “Avant d’être converti je disais: “Mon Dieu, si par hasard vous existez faites que je crois en vous.”
LA FOI DE M.J. Dunoyer. Max Jacob & Méditations écrit & éditées par R. Plantier. Monde mars 11 1973. “La foi n’est pas un phénomène ancré dans l’histoire, mais vécu par un homme assumant ses propres contradictions.” “M.J. entre le diable & Dieu.”
MYSTICISME ORIENTAL & L’ORAISON DE M.J. LML, 12. Intr. “Ta sensibilité deviendra plus exquise; les mots t’apparaîtront comme une fleur; un vers aussi deviendra ver luisant, tu jouiras du toucher des choses [...]. Que sera le reste de la vie quand tu auras goûté l’absorption dans les choses, les animaux & l’absorption en Dieu?”
PRAYER & POETRY TRANSCEND DUALITY. J. M. Schneider. Op. cit. 115-16. She quotes from OB (1912). “Chacun marche précédé de son double reflet …].” Every man is preceded not by one but by two doubles, who are positive & negative poles, like Marguerite & Faust, smiles & frawns, peacefulness & horrible despair, truth & its opposite. Dialectically, the division within the subject internalizes the opposition of external reality [...], while the cosmic oppositions [...] reciprocally project the self (‘reflet’, ‘ombre’). […] the double, participating in both the natural & supernatural worlds, remains partially independent & beyond the control of the speaker, who hopes for outside assistance. P. 120. Confession was the mode chosen by M.J. to tanscend duality, & the mirrors in which he sought his undivided image were prayer & poetry.”
PRAYER. IT DRAWS THE PERSON INTO A PERFECT ASSIMILATION INTO CHRIST. Buckley, M.J. Prayer is the highest affetive realization of human love for God, & Francis actually identifies prayer with that ‘mystical theology’ which is a loving conversation with God, comprehending all the acts of contemplation. Francis follows the classic pattern of discursive meditation gradually & organically giving way to the simple gaze of contemplation: ‘Contemplation is simply the mind’s loving, unmixed, permanent attention to the things of God.’ (Treatise VI,3, 275). - ‘Prayer of quiet’. Sometimes this repose goes deep in its tranquility that the whole soul & all its powers remain as if sunk in sleep.’ (Treatise VI.8, 2901). Why need we represent in an image, whether exterior or interior, him in whose presence we rejoice.”[Publié où ?? Je l’ai lu en ms. M.G.].
PRIERE - AUTOPORTR. PFAU CITE DU C “Le portr. de l’artiste en dévôt.” Op. cit. 18. “Certainement, la prière me fait de l’effet & même formidablement: une espèce de bien-être comme si on vous enlevait des petits poids de bêtises de l’estomac, peut-être davantage, sans compter, quand on est affolé, le calme dont elle vous emprègne...” Selon Pfau “Moins aisé à reconnaître mais pourtant reconnaissable, malgré certaines modifications de détail, est le portr. de M.J. fait de lui-même dans C: 80. “Le Monsieur qui se mêle de ce qui ne le regarde pas.”
PRIERE – INVOCATION MAGIQUE.. LTB, 63. A Moricand, 12 déc. 1936. «Toutes les fois que je prie sérieusement pour toi, tu m’annonces une aubaine. […]. Je m’ouvre les veines pour que tu aies de la veine… Pélican.» Dans une autre l. il remercie Moricand des 72 noms de Dieu.
LA PRIERE - LA FOI. LJF, 261. 24 mai 1936. “La prière est une projection magique de volonté, très puissante”; LTB, 63. 5 déc. 1936. “Sers-toi de la prière, c’est une invocation magique” ; Manoll. “L’Aventures poétique….” Op. cit. 9. Dans une l. à lui: “Demande à Dieu la foi & son secours: demande les dons de l’Esprit. Je t’assure que c’est quelque chose que ces dons. Crois bien que la prière est une arme formidable, dans la lutte pour la vie. La Foi en Dieu est un éclairement de l’intelligence, indispensable à tout homme, aussi bien au poète qu’au boucher. Tout homme doit être catholique. La Foi en Dieu est sous-entendue, en poésie & ailleurs” ; VM, 273. “La prière est une projection de volonté, une opération magique.”
PRIERE. LTB, 78. A Moricand, 17 août, 1937. “Dieu veut de la persévérance. Il veut être conquis &, les prem. ramparts franchis, il vous fait des présents infinis, même les plus matériels.” Ibid. 85. 21 juin 1938. “C’est un vrai miracle que, aussitôt que je mets un peu plus de ferveur à mes prières pour toi, je reçois une l. m’apprenant quelques nouveaux succès. J’avais entrepris une croisade d’invocations à ton intention...”
PRIERE. Les Convertis du 20e siècle. Bruxelles: Foyer Notre Dame. Figaro Litt. 19 déc. 1953. Le docteur Carrel, qui mit au point la réparation des tissus par la greffe. “L’influence de la prière sur l’esprit & le corps humain est aussi aisément démontrable que la sécrétion des glandes.”
PRIERE. A ANDREU. 19 sept. 1940. VM, Annexe VII. [311]. “La puissance de la prière est quelque chose d’inimaginable: on arrive (j’en fais l’expérience quotidienne) par la prière à vaincre des inimitiés tenaces, à guérir (moi pas mais d’autres le font) des malades même incurables. Je reçois des l. inattendues de gens pour lesquels j’ai seulement prié. La prière crée un pont, crée des ponts métaphysiquement parlant, elle utilise le fond infini des forces disponibles du vide (ou prétendu vide) [...] mais il faut être en état de grâce […] récemment confessé… & … communié.”
PRIERE. LJC, 10 juill. 1926. St. B. 68. “La force de la prière - miracle ou non … mais explique ceci: J’expose ma situation à tel saint, je lui demande /le matin/ une somme de… comme dit Doucet. Je vais à la poste, le mandat y est… Miracle ?...ou pressentiment.… Or tous les jours je suis exaucé de cette façon ou presque” ; MJ/JC, 432.
PRIERE. LTB, 48. A MORICAND. 16 sept. 1934. “Jésus-Christ bien connu protège même contre la destinée. En matière d’esprit c’est indubitable. Autrement cela dépend de la volonté, c-à-d de nos prières; au même, 5 déc. 1936. P. 63.Mes prières ont l’effet magique... sers-toi de la prière”; l. 13 ou 12 avr. 1940. P. 95. “Il faudrait aussi que tu saches la force formidable de la prière bien faite (ex imo corde). Récemment je demande du charbon. Une heure après j’entre au Presbytère. M. le Curé me dit: “ M. Jacob, j’ai un excédent de charbon.… si vous en avez besoin, prenez- en.”
PRIERE. LLP, 79. 11 mars 1927. “Puisque (comme moi qui ne vis que par la prière même matériellement) vous croyez à la prière, priez Dieu de vous donner la grâce du vrai & entier pardon.”
PRIERE. “Le vrai sens de la rel. cath.” Cah. M.J. 5. 21. De la revue Cruz y Raya. Trad. par Jean Cordoba. “La prière est une arme formidable pour nos luttes quotidiennes en ce monde.”
PRIERE - SON EFFICACITE LITTERALE. LML. 64. St.-B. 11 sept. 1937. “La volonté minutieuse & la prière!! Tu sais que la prière est une magie aidée de Dieu. La prière est une projection du désir dans la nappe de l’esprit cosmique & l’Esprit a tout pouvoir sur la matière. Prie donc. Si la méd. qui cherche l’idée est une fatigue, l’oraison qui fixe seulememt la Sainte Face en silence est un repos & un calmant” ; LML, extr. Intr. 12.
PRIERE DE MAX JACOB. M.J. ajoutait à la litanie des Saints: “Cinq cents francs, priez pour nous.” Marie-Alain Couturier. La vérité blessée. Plon, 1984. 243.
PRIVE D’IMPRIMATUR.
A Andreu, VM, 286. Mai 1943. “Un poème parfois offre un bouton de sein, sous-seing privé, privé d’imprimatur: les poètes naissent & fleurissent loin de moi. Ainsi choit-il.”
PROGRES
PROGRES. A Andreu. Oct. 1939. VM, 258. “Notre dignité d’homme n’est ni dans la richesse ni dans l’ambition mais dans les progrès sur nous-mêmes & l’accomplissement des devoirs journaliers.” P. 284. “Il y eut encore en 1943 quelques escapades, [...] il put se rendre à Montargis chez Béalu & de ce voyage reste cette page étonnante que Béalu a conservée précieusement. “Quel est le but de votre vie? FAIRE DU PROGRES EN TOUT ” ; in Roeping, no spéc. 87. ibid. 132. “Maximes pour Marcel.” 16. “L’humilité est la prem. condition du progrès.”
PROGRES. M.J. SE CONNAIT LUCIDEMENT. R. PLANTIER. “M.J. & le plus grand amour de Dieu.” Op. cit. 9. “Il n’a jamais cessé de progresser dans sa recherche intime. Il a peur de lui-même. Il n’a pas confiance en lui. Il a d’autant plus peur que son pouvoir de création, par le jeu de sa sensibilité, augmente la puissance de ses souvenirs, de ses impressions, de ses pensées, de ses fautes surtout. A la mesure de ses fautes correspond la mesure de son dégoût de lui-même.”
PROGRES. Lagarde cite M.J. Op. cit. 55. “La méd. doit être un instrument de progrès car le progrès est l’état normal du chrétien & qui n’avance pas recule.” 56. “Notes sur la Méditation.” “Humilité, clef du progrès. Humilité: connaissance de nous-mêmes parfaite.”
PROGRES. LJC, 18. 27 oct. 1921. “Les prêtres m’entreouvrent les conscicences fumantes comme le sang des victimes pour me faire faire des progrès. Je finirai, nous finirons dans la peau d’auteurs dramatiques plus ou moins repentis” ; MJ/JC, 71. 27 [déc.].
RESPECT DE SOI A CAUSE DU RESPECT DE DIEU NON PAS SEULEMENT PEUR DE DIEU. Plantier. “M.J. & le plus grand amour de Dieu.” Op. cit. 9. “Et plus que la peur, plus que la crainte, il y a un sentiment que l’on n’a pas assez mis en valeur, c’est celui du respect: le ‘respect de soi à cause du respect de Dieu.’ Nous ne manions pas le paradoxe en écrivant que l’extrême dégoût de soi-même que semble posséder souvent M.J., nous est une preuve du respect qu’il se porte à travers Dieu. Il ne peut parvenir à Dieu que par une méd. forcenée sur sa laideur de bourreau, sur ses actes quotidiens de bourreau. Cette méd. est un moyen. La fin pousuivie n’est pas d’entrer en tremblement devant un Dieu implacable, c’est au contraire le devoir de l’amour. ‘Le respect & non la crainte sont vos ailes’. ”
PROSATEUR - ROMAN EN GENERAL
L’ACTION PARLEE PAR LES PERSONNAGES. PSYCHOLOGIE VENTRILOQUEE. G. Bounoure. “M.J. romancier.” Intentions 2:18 (sept.-oct. 1923): 19. “Tout prend forme de mouvement & valeur dynamique. 20. Pour parler en termes galants, le moyen de M.J. est la suggestion psycho-motrice.” “M.J. donne tout au dynamique.” P. 18. “[M.J. possède] les aspérités, les points d’accrochage, les inflexions du parler. Trouver le ton de la conversation, & y rester, voilà l’ajustement qui donne le naturel. […]. C’est cette justesse de ton […] qui situe le personnage.”
---. 14. L’AMOUR RABAISSE A LA PETITE HISTOIRE SEXUELLE. “Il a un peu de cette malice des ecclésiastiques toujours jaloux de se venger de la nature en nous faisant sentir que nous participons à la commune infirmité & en rabaissant l’amour à la ‘petite histoire sexuelle’.”
ATTENTIF AU LANGAGE DES AUTRES. Serge Brindeau. Rev. de l’Ass. Corporative Syndicale de la Librairie & d’Ed. du Corps Enseignants 66 (sept.-oct.1976): 20-21. “M.J. travaille à varier son style, son vocabulaire, ses tournures syntaxiques, la structure de ses textes. Il se montre constamment attentif au langage des autres.”
CLASSIQUE - IL S’AGIT DU THEATRE DANS SA PROSE. M. Leiris. “St. Matorel romancier & moraliste.” Cahs. litt. 7:2 (11-24 oct. 1968): 29. “[…] les marionnettes auxquelles il donne le branle (car il s’agit bien ici d’un théâtre) [...] ces fantoches soliloquant ou s’affrontant en de vertigineux dialogues constituent des figures cohérentes, des ‘caractères’ complets & non de simples agrégats de notations psychologiques. […] il se montre classique & bien dans la ligne de ce qu’on nomme pompeusement le GRAND SIECLE, c’est-à-dire d’une époque où ne sévissait pas, comme de nos jours, la manie analytique & où l’on ne s’était pas encore efforcé de réduire en poussière de réactions mécaniques les grands ressorts humains.”
DANS LES ROMANS PAS DE DENIGREMENT PESSIMISTE. BOUNOURE. Op. cit. 6-7. «La gentille humilité, l’aisance, la grâce souvent tout chez M.J. ; ces rares vertus font peindre la laideur, la sottise, la bassesse & le vice, sans qu’il tombe dans le lourd ennui, le dénigrement pessimiste.»
---. 13. L’HUMANITE DE CES ROMANS EST REDUITE A DEUX DIMENSIONS: “ce sont des personnalités infiniment plates qui glissent sur un plan géométrique; ce sont des projections sur un écran lumineux; des êtres cinématographiques.”
LE DIALOGUE REVELE LE CARACTERE. AP, 1922. 59-60. “On n’écrit pas le dial., me disait un maître. Cette théorie est une des causes de la médiocrité du théâtre moderne. On n’écrit pas le dial. dans le style de Chateaubriand, mais on l’écrit dans celui du personnage qu’on fait parler. Les bouts d’allumettes de la conversation peuvent être remplacés par une phrase: cette phrase peut & doit révéler un caractère, puisque vous ne pouvez le révéler ailleurs. Le dial. écrit doit avoir une intensité psychologique que n’a pas celui de la rue. M. X dit: ‘Asseyez-vous.’ M. Z... dit: ‘Veuillez vous asseoir.’ M.Y..: ‘Tenez, voilà un bon fauteuil près du feu.’ Mme X.… dit: “Prenez une chaise.” Mme Z... dit ‘On ne paie pas les chaises comme à l’église, ici.’ Dans le monde, paraît-il, on désigne une chaise d’un geste. En Allemagne on dit: ‘Prenez place, bitte sehr.’ Le dial. écrit observe ces nuances que le passant n’observe pas. Il s’ensuit qu’une bonne comédie est amusante, grasse, facile à lire là où le rapport d’une conversation serait mince & fastidieux. Gardons le ton de la conversation, mais veillons au vocabulaire de nos héros, Chrysale ne parle pas comme ses filles, ni Harpagon comme Dorine.”
DIVINATION DES CARACTERES. MA. Préf. 11. “Il appartenait à l’auteur du LC & du TAB.B de nous livrer, avec cet art dans le symbole & ce sens de la divination des caractères humains qui n’appartiennent qu’à lui [...].”
L’HUMANITE MECHANTE. Selon le Père Blanchet les personnalités de ses romans étaient des ‘doublets de ses méd. sur l’enfer & le péché.’ [DT, 20]. Il représente la partie démoniaque de lui-même. Leurs défauts qu’il leur attribue, il les discerne dans ses examens de conscience. Son pessimisme est clairvoyant. Voir DT, 152. “Examen de conscience fait sur l’Humilité.” ‘J’aime aussi à me plaindre du genre humain, pour que l’on sache que je lui suis supérieur: de ma concierge [...] de mes voisins, de mes anciens chefs, professeurs, protecteurs, de mes confrères, des bourgeois, etc. Tout ceci pour que l’on sache bien que je ne tiens à la terre que par le corps.” Voir Pfau. Op. cit. 51. Pas un seul mariage (couple) dans l’oeuvre de M.J. où les partenaires s’aiment. Si on s’aime, c’est dans une situation en dehors du mariage.” P. 69. A peine représente-t-il des liaisons amoureuses qui soient déterminées par des sentiments sincéres. [M.G. Résumé].
IRONIE. Pérard, op. cit. 72, 74. “Nous voilà loin de l’ironie fermée, sarcastique (Voltaire), sacrilège (Anatole France), étroite comme une prison (Marc Twain, Jérome K. Jérôme) portée à la révolte (nos modernes). 73. Définition de M.J.: ‘une étincelle qui voile les émotions, répond sans répondre, ne blesse pas & amuse…’ ‘Il ne s’agit pas d’être drôle, il s’agit d’être gai’ a dit Marcel Achard. 74; CJP, 81.‘L’humour est le gai résultat de plusieurs pensées ennuyeuses [...] [il] est attendri & charmant.’
M.J. COMPARE A PROUST, STENDHAL, Andreu. RLM M.J. 2. No spéc. “M.J. romancier.” 23. “Immédiatement après la guerre de 1914, M.J. était tenu partout pour le grand romancier. Dans […] Le Disque Vert [no spéc.] il est autant ou plus question du romancier que du poète. Mac Orlan y écrivait qu’il préférait TB […] aux livres de M. Proust, & Franz Hellens qu’en lisant TB il avait songé à Stendhal. ”
M.J. EST NOTRE LA BRUYERE. Cadou. “La vie du poème.” Op. cit. 143. “A propos de La Bruyère & du C, sache que le C & Le CN sont uniquement des études de caractères […].”
M.J. MORALISTE. M. Leiris. “Saint Matorel romancier & moraliste.” Cahs. litt. de l’ORTF 7:2 (11-24 oct. 1968) : 29. “M.J. prosateur est, essentiellement, un moraliste & un auteur de caractères. Pas un de ses romans qui ne poursuive, à travers ses mille incidents de route, un but apologétique & dont le propos ne revienne, en dernière analyse, à dépeindre la misère de l’homme sans Dieu.”
M.J. ROMANCIER. J. Brenner. “Cornet accoustique.” M.J. no spéc. 2. RLM, 16-17. “Ce qui paraît certain, c’est que l’on ne publie pas tant, coup sur coup, sans espérer forcer la réussite & s’imposer par un succès public retentissant. Or, la réputation de M.J. romancier ne dépasse pas les milieux littéraires parisiens &, là même, on le considérait comme un excentrique. Ecrivain célèbre & méconnu. Dans un p. de R (1931) intitulé précisément : “Vous n’écrivez plus?” (phrase que M.J. dut entendre souvent) on lit ceci: ‘Pour insister vers l’Institut/ Il me faudrait de la vertu :/ mes romans n’on ni rang ni ronds/ & je n’ai pas de caractère.’ Le mot ‘ronds’ doit se comprendre, je suppose, au sens populaire: un roman qui ‘n’a pas de ronds’ est un roman qui ne rapporte pas d’argent. Mais si les romans de M.J. n’ont pas de rang, c’est qu’ils occupent une place unique. M.J. a déconcerté parce qu’il était inclassable. Il nous retient aujourd’hui pour cette même raison.”
“M.J. SAIT DRESSER UN PORTRAIT COMME UN LA BRUYERE, traquer l’esprit de province comme un Stendhal, reconstituer une conversation comme un Proust. Il reconnaît ces influences d’une manière plaisamment appuyée en utilisant à l’envie la dérision & le pastiche. [...]. Il puise son inspiration dans ce que la vie a de plus authentique & en retour, il nous livre souvent celle-ci au sein même d’une invention ludique.” Ch. Pelletier. “Un écrivain sans purgatoire. ” Monde 9 juill. 1976. 12.
METHODE DE TRAVAIL. PLANTIER. Cah. M.J. 2 (1979): 124. “Inédits.” “L’art du dialogue épistolaire s’y trouve mêlé à l’art du romancier, observateur inlassable des hommes & grand animateur de paroles. Ces l. [2 lettres à Saulny] renforcent, par les exemples qu’elles donnent, l’analyse d’H. Henry, dans le no 1, sur les transformations, sur les apppropriations du réel, sur le mouvement entre les faits observés & la saisie intime, sans oublier les écorchures subies par le vieil homme de St.-B.” Note 1, p. 126. “Point de départ intéressant qui montre que l’imaginaire de M.J., s’il accomplit une ‘transplantation’ & s’il construit une ‘situation’ s’appuie sur tous les détails de la vie quotidienne. Le résultat n’est pas une copie conforme!”
NI ROMANCIER, NI ESSAYISTE, MAIS PSYCHOLOGUE. Cadou. Poésie présente. Op. cit. 146; Cahs. du Nord no spéc. 191. “Faire un roman, […] c’est un métier comme celui de faire des chansons: on n’est pas forcément un artiste parce qu’on fait des romans. Etonnons-nous maintenant qu’il y ait si peu de psychologie dans les romans, si peu de style, & des caractères si vraisemblables, je veux dire si faux. La psychologie, le style, la vérité des caractères c’est de l’art, le roman c’est autre chose…”
LES PROPOS DES GENS REVELENT LEUR CARACTERE. Cadou. Esth., “Les propos des gens révèlent leur caractère. Il faut écrire le dialogue & dans ce sens-là. A moins d’être possédé par un personnage.”
PROSATEUR. André Billy. Huysmans & Cie, Bruxelles: Renaissance du Livre, 1965. 219. Selon M.J., ‘son livre était fini au bout d’un mois. Les 11 autres mois passaient à le refaire.’ ‘Chaque jour, je reprends chaque page pour me rendre compte du son qu’elle rend...’P. 225. “Comme peintre de moeurs & de types, il sera au tout prem. rang des conteurs & des humoristes. Comme auteur mystique, sa survie paraît mieux assurée encore. C’est sur ce plan que son nom me paraît appelé à grandir le plus.”
PROSATEUR. CREER DE TYPES VIVANTS. AP, 1922, 73-74. “Ce qu’on apprécie le moins maintenant, c’est la création de types vivants fortement marqués, généraux, nouveaux, fouillés & simples. Il semble pourtant que ce soit un but digne d’intérêt. Voilà la vraie psychologie & non ces petites querelles d’amants qui font l’occupation des écrivains psychologiques.”
PROSATEUR - METIER DU ROMANCIER. Rousselot. Op. cit. 156. “[…] avant de prendre la parole ‘pour’ & ‘par’ [ses protagonistes, M.J. s’est livré] à une consultation zodiacale, physiologique, psychologique, etc...” ‘le verbe’, a-t-il écrit à B. Esdras-Gosse, ‘est au littérateur ce que le marteau est au cordonnier, c’est son instrument de travail... Une oeuvre d’art est un ensemble de moyens en vue d’un effet. Les artistes ne sont pas des pénitents qui étalent leurs péchés; ils sont des fabricants qui vont à un but; ils ont un métier & un roman se fait comme un habit, avec coupures & patrons. Ce qu’on y coule de soi, c’est tant mieux, mais il faut apprendre comment cela se fabrique…’
PROSATEUR - PRESENTATEUR DE PERSONNAGES. Jacques Brenner. “Un Peintre de voix.” Paris Normandie, Plaisir de lire (21 juill. 1976). “M.J. est un présentateur de personnages... comme on dit présentateur de marionnettes. Présentateur de personnages bien vivants qu’il appréhende de l’intérieur puisqu’il se met dans leur peau afin de parler par leur bouche. ‘Portrait d’une voix’: c’est ainsi que Marguerite Yourcenar qualifie certains de ses récits.”
PROSE DE M.J. “Le don de M.J. Il avait l’air de ramasser dans un ruisseau de province des récits & des l. dont il sauvait la trivialité par une ironie du coin de l’oeil ou par un caprice hurluberlu, par les tendresses sans larmes d’une invention pourtant tragique. On eût dit que le haut de Virgile & le bas de Scarron s’étaient rencontrés dans M.J. Il étalait bizarrement ses moitiés bizarres.” Roger Judrin. “Prose des poètes.” NRF 245 (mai 1973): 83-84.
---. Judrin compare la prose de Verlaine & de M.J. Il trouve que tandisque Verlaine est un médiocre prosateur [...], M.J. en a le don.
PROSE ECRITE A COMPTE-GOUTTE. Emié. D, 58. “ma prose de roman qui paraît si naturelle est écrite au compte-gouttes.”
PROSE & VERS. LJF, 243. L. de Boussy St. Antoine, 19 sept. 1935. “Je souffre ma prose. Mais comme vers j’ai fait des choses épatantes.”
LA RECETTE DE LA PROSE. J. ROUSSELOT. “M.J. OU LA ‘SITUATION’ DES MOTS.” Vie ou survie du langage Op. cit. 150. “Oui, la prose est un métier, comme la peinture. Voici la recette que j’avais quand j’étais écrivain. 1. Prendre le style cuisinière sans argot ni vulgarité. C’est à dire mettre d’abord sa pensée à l’état populaire ou enfantin & poser sur ce fond, avec précaution, des mots auxquels on tient particulièrement. 2. Varier la syntaxe d’une phrase à l’autre. Si tu écris: ‘Je suis poète’ la phrase suivante n’est plus du même moule. Exemple: ‘Que ne suis-je poète?’ La 3e phrase dira: ‘Est-ce que je suis poète?’ La 4e phrase dira: ‘Pourquoi ne suis-je pas poète?’ Tu trouveras des formules syntaxiques dans Shakespeare plutôt que dans les auteurs fr. qui sont tous, plus ou moins conventionnels... je n’insiste pas... cherche toi-même. 3. Ne pas perdre de vue le sens du paragraphe. Le poser au début & reprendre à la fin la prem. ligne avec une allure diff. mais bien le même. Quelle que soit la fantaisie du texte, tout n’est jamais que par., & un livre de plusieurs chap.”
LE ROMAN EST UN GENRE FAUX SELON LAUTREAMONT. Rousselot. Vie et langage. II. Op. cit. 484-85. “Le roman est un genre faux, parce qu’il décrit les passions par elles-mêmes, écrivit Lautréamont. Mais, ces passions, est-ce bien les décrire [que M.J.] a voulu? Il a bien plutôt appliqué à les éprouver lui-même pour nous les montrer vivantes, sur sa page comme sur sa peau. C’est cette application même qui constitue la moralité, la profonde moralité de son oeuvre romanesque, indissociable de son oeuvre poétique, de sa corr., de ses propos &, pour tout dire, de sa vie.” [La fin de la citation de Lautréamont est la conclusion morale qui est absente. Décrire les passions n’est rien. Il suffit de naître un peu chacal, un peu vatour, un peu panthère...].
SA POROSITE FAIT DE LUI UN MIME. Rousselot. “M.J. & la sit. des mots.” Vie et survie du langage. Op. cit. 151-52. ‘Comme je ne pouvais rien pénétrer, vous m’avez voulu osmotique & d’autres se sont imprimés sur moi heureusement.’ Cette porosité, cet osmotisme, voilà bien ce qui permet à M.J. d’être un mime extraordinaire. Il ne dissèque, ne dépeint, ni n’imite; il pénètre, se substitue, s’incarne. Mme Gagelin, M. Dur, le ‘gars Gibourg’ ne sont pas de portraits, encore moins des pastiches, mais des lui-même au naturel. Et peut-être en va-t-il du Christ de la rue Ravignan comme de tous ces personnages réels & non réalistes dont il intercepte le courrier dans son CN […] s’il est absolument certain que le colimaçon, la vie, le labyrinthe, la spirale & tous les emboîtements auxquels il identifie l’univers spirituel; c’est par ce même processus osmotique, autrement dit par capillarité, par identification, qu’il en remonte les rampes, en envahit les circonvolutions, en traverse les cloisonnements & les couches de vide qui en tiennent éventuellement lieu.”
SATIRE. Saint-Thomas. Thèse. Op. cit. 13. “M.J. use de cet esprit d’ironie dans sa satire de la société. Le réel & l’idéal réapparaissent dans ses romans satiriques. Cette 3e période abonde d’attaques contre la complaisante & artificielle société bourgeoise; &, sur le plan plus individuel, c’est la satire psychologique des personnages. Ce qui confère à l’oeuvre satirique de M.J. une qualité de sympathie de sorte qu’elle n’est jamais cruelle.”
LES SUJETS ME CHERCHENT. A Doucet. 17 janv. 1917. Corr. I. 125. “Vous m’indiquez joliment & avec le sens artistique qu’on vous connaît ou qu’on vous reconnaît à Paris, des sujets d’étude. J’ai le malheur ou le bonheur de ne pouvoir chercher les sujets. C’est une espèce de maladie. Les sujets me cherchent, ils s’imposent presque douloureusement à moi; & je respecte cette disposition. Les études qui ne viennent pas de l’instinct, c’est à dire du plus profond de nous-mêmes perdent beaucoup en qualité: elles n’ont pas la conviction, ni la force, ni la sensibilité. Le centre de l’homme se confond avec le centre de l’oeuvre & ce qui en vient se trouve harmonieux si l’homme est harmonieux.”
UNIVERS PARLE. Jean Cassou. Il y a trente ans. No spéc. 20-21 “La réalité était, pour lui, essentiellement drolatique. Et cela sous forme moins de choses & d’événements que de langage. Son univers est un univers parlé. Ce n’est que par ce parlage - plutôt que langage, le parlage étant les mille variétés possibles du langage - que lui apparaissait la vivante réalité totale. Ainsi en est-il chez les plus grands maîtres du comique, Molière, […] Cervantès […]. Et chez Balzac, Galdos, Dickens [...]. Tout le génie de M.J. est donc dans son verbe intarissable, cocasse, étourdissant, la pluralité de ses voix, un fantastique de pure espèce orale. Un tragique aussi. Car le vacarme humain saute sans cesse du registre burlesque au registre de la souffrance & de la pitié.”
VIVACITE DE LA LANGUE PARLEE. U. Pfau. “Portr. de l’artiste en dévôt.” Op. cit., 19. C’est la vivacité de l’expression qui semble jaillir de la langue parlée & l’alternance avec les dial. qui font le charme de ces mémoires.”
ROMANS EN GENERAL
‘A CHEVAL SUR DEUX PLAGES’, disait M.J. à R. Secrétain qui écrit dans “Le potager de St.-B.” Mail no spéc. 231.”On ne sait jamais si Max est du côté de l’âme ou du côté de l’esprit, du côté sérieux ou du côté plaisant des choses. Peut-être n’en sait-il rien lui-même. Ou plutôt, il est toujours des deux côtés à la fois [...].”
L’AUTEUR DU ROMAN DOIT ETRE VENTRILOQUE. AP, 30. “J’ai essayé de lier conversation avec le héros de ton livre, mais il est ventriloque. Toi seul devrais l’être.”
“CETTE VOIX TOUR A TOUR QUI CLAIRONNE & QUI FLUTE, QUI NASILLE & VIOLONE, L’INERRABLE VOIX QUI BOUFFONNE & SE MOQUE, IMITE EN LES MARIONNETTISANT ses voisins la concierge & le boucher, le notable & le grand, puis se brise & murmure, parle pour elle-même, & bourdonne en sourdine, voilée de larmes, mais si elle craint qu’on l’ait surprise, repart en onomatopées railleuses. La voix du Frégoli des oiseux dans le ciel, bizarre croisement de merle & de cacatoès, de saxon chanteur blanc & de vieux perroquet sarcastique, de pie voleuse de voix & d’alouette ivre de sa légèreté. Ce mélange incessant de Mozart & de Polichinelle [… ].” Claude Roy. Préf. aux B, 7.
COMME ROMANCIER M.J. EST OBSERVATEUR & MIME. A. Billy. Huysman & Cie. Bruxelles: Ren. du livre, 1965. 214. “Si l’art du roman est, comme le théâtre, art de composer & de mettre en scène, M.J. n’est pas romancier, mais si le romancier est avant tout observateur & mime, M.J. a été le plus prodigieux romancier de sa génération. C’est toute une Comédie humaine qui mène son train dans le CN, Le RB, F, Bourgeois de France & d’ailleurs & Le TB.”
---. 215. GESTES & PAROLES DANS SES ROMANS. “[Il avait] le génie d’un contemplateur dans la mémoire de qui les gestes & les paroles s’inscrivaient comme dans un appareil enregistreur. – […] son style d’un bonheur constant, réussite étourdissante […] il a le don d’une ‘diction’ simple, naturelle, rapide, d’une vivacité entraînante, tout à l’opposé du style littéraire & artiste. Cela n’a pas l’air écrit, mais plutôt ‘parlé’, & cependant il est rare qu’une page de lui donne l’impression du négligé, du bâclé. Ce jaillissement verbal cache un effort si bien dirigé qu’il n’en transparaît absolument rien [...] rien n’est plus difficile & n’exige plus d’expérience que ce mélange de naturel & de densité où se réalise la perfection du style français. – Une question se pose au sujet de ses romans, si on peut appeler romans ces rapsodies étourdissantes dont les morceux ne tiennent entre eux que par l’unité du fond & du ton.”
CONCEPTION GENERALE DE L’HUMANITE. A Luc Bérimont. 26 juill. 1943. Cah. Bleus no spéc. 73. Ibid. no spéc. 1994. 105. “Il n’est de grande oeuvre que venant d’une conception générale de l’humanité. Un poème en 4 lignes doit sous-entendre le cosmos & n’en pas parler, n’est-ce pas?”
«LA CONSTRUCTION DES ROMANS DE M.J. reste classique & il me semblerait plus juste de dire qu’ils sont expressionnistes.» Andreu. RLM no spéc. 2. 24.
DEBORDANTE INGENIOSITE DANS SES ROMANS. R. Secrétain. “Le mythe de M.J. Créer no spéc. 45. “Ses romans débordent d’ingéniosité, dans l’abondance des péripéties, dans le téléscopage de la fantaisie intellectuelle & du réalisme vivant, que transcendait son imagination.- 46. M.J. un La Bruyère détendu & facétieux jusqu’à la pitrerie, non moins aïgu, non moins cruel.”
EN PROSE M.J. IMITE LE TON DES HUMORISTES ANGLAIS. “Conseils & confidences ”, extr. des ltrs. à L. Emié. Boîte à clous no spéc. [4]. “En prose, il n’y a pas d’originalité. J’imite le ton des humoristes anglais […].”
L’EXEMPLE DE LA BRUYERE. Rousselot. Vie et langage. Article II. Op. cit, 485. “Si la poésie était pour M.J., tantôt un ‘cri habillé’, tantôt un ‘rêve inventé’, il semble qu’à l’ex. de La Bruyère il n’ait jamais eu en vue, lorsqu’il composait des romans ou des confessions apocryphes, que de ‘rendre au public ce que celui-ci lui avait prêté.’ [A propos du TB]. ”
IL NE GUIDE PAS LE LECTEUR. Disque Vert no spéc. 33. “Son comique triste éveille un demi-sourire, dont peu de gens sont capables; peut-être parce qu’il laisse parler ses personnages sans les commenter, ne souligne jamais. Rien de plus dangereux pour un écrivain aussi individuel, que de se dissimuler, que de feindre de ne pas guider le lecteur, au moins par la ligne de la composition.” J.-E. Blanche. “Le multiple génie de M.J.”
«IL Y A DANS MA TETE UNE ABEILLE QUI PARLE.» Cité par Sidney Lévy. Sub-Stance, 1972. 33.
IRONIE. [Dans le “Cah. des Maximes”] il s’essayait déjà dans l’ironie à froid, & s’exerçait dans ce genre mi-sérieux, mi-fantaisiste, qui a fait la fortune de ses livres (sinon la sienne) & sa réputation d’écrivain ironiste, presqu’unique dans notre litt. moderne.” R. Villard. “M.J. à Quimper: histoire d’une classe de lycée.” Op. cit. 82.
LANGAGE DIFF. PAR LA COMPLEXITE DES CARACTERES. «[…] l’émotion esthétique, c’est le doute. Le doute s’obtiendra par l’accouplement de ce qui est incompatible […], par l’accord des langages différents, par la complexité des caractères: montrer l’homme dans le héros, la vertu dans le vice, comme dans Racine & Molière. En poésie, l’intérêt naîtra du doute entre la réalité & l’imagination, la perturbation dans les siècles & les habitudes positives. La musique & la peinture n’ont pas d’autres lois. Le doute voilà l’art!” A Doucet, sept. 1907. Corr. I. 31.
LA LANGUE DES ROMANS DE M.J. Cassou. “Un poète habité par la grâce.” Monde no spéc. 1976. “Une étourdissante jacasserie.” “L’humain espèce dure tant qu’elle parle, & il n’y a rien de plus essentiel à en connaître que ses langages. Le génie des plus grands auteurs ‘comiques’: Rabelais & Henri Monnier, Molière & Balzac, Cervantès & Dickens, a été de capter ces langages & de les fixer en forme éternelle. - La méthode de ce profond moraliste est donc de rendre gens & choses manifestes par leurs seuls langages.”
M.J. NARRATEUR L’EGAL D’UN RABELAIS, D’UN CERVANTES, D’UN BALZAC OU D’UN TSCHEKHOV dès qu’il s’agit de capter les propos tenus par les gens. Poète, il donne, comme l’a dit J. Cassu, ‘la parole à la parole-même.’” Rousselot. Vie du langage. II. 486.
M.J. PRECURSEUR DU NOUVEAU ROMAN.
MIME, OBSERVATION, PASTICHE, HUMOUR. Rousselot. “Le sel dans la plaie.” Op. cit. 136. “L’oeuvre de prose n’est pas moins belle, neuve & surprenante. M.J. y fait, tour à tour, & souvent simultanément chroniqueur provincial [...] il y met en oeuvre ses dons extraordinaires de mime, d’observateur, de pasticheur, &, bien sûr, de poète, d’humoriste” ; Vie & langage. II. 484.
L’OEUVRE EN PROSE DE M.J. Rousselot. Vie et langage. II. 484. “A. Billy a pu voir, en l’auteur de F, du RB, de HCH, du TB, du P, de Bourgeois de France & d’ailleurs, du CN, de C & de SM, ‘le plus prodigieux romancier de sa génération’.”
SATIRE DE LA BETISE HUMAINE, MYSTICITE, MISERICORDE. DEDOUBLEMENT DE M.J. A. Billy. Huysmans & Cie. Op. cit. 216. “D’un côté, un humoriste féroce, qui contrefait avec une adresse diabolique les démarches de la bêtise humaine & même, à l’occasion, celle de la bêtise ‘bien-pensante’ ; de l’autre un dévot confit en mysticité, en bonté, en miséricorde.”
SON OEUVRE EST PRATIQUEMENT ECRITE A LA PREM. PERSONNE. J.-M. Dunoyer Monde no spéc. 1976. 11-12. “Le récitant, c’est le mot, y intervient sans cesse, montreur de marionnettes qui n’a pas peur de s’exhiber en train de tirer les ficelles. Ses personnages, il les interpelle, commente leurs actions. Doué d’un prodigieux mimétisme & d’une mémoire infaillible - il est vrai qu’il happait au vol les conversations du petit peuple, des bourgeois de France & d’ailleurs, & prenait ses notes. - Il s’efface & leur cède le micro. C’est là qu’il convient d’évoquer Protée, Max encore, Max toujours, par personnes interposées. Max, déchiré & narquois, implacable & débonnaire, d’une inaltérable bonne humeur dans les pires“ moments. Et d’une ironie vengeresse envers soi-même, d’une mea-culpabilisation qui ne coupe pas les ailes à l’élan mais le ponctue, lui confère une nlle coloration.”
‘TO PLAY UPON THE SURFACE OF HUMANITY.’ J. de Palacio. “Un précurseur inattendu de M.J.: Lord Byron.” Op. cit. 203. “C’était le dessein du Don Juan. DJ XV, 60; c’était aussi celui de C, du CN & du RB […].”
LES ROMANS DE MAX JACOB
BRENNER, JACQUES. “Le cornet acoustique.” RLM 2 no spéc. 12. “[…] dans la liste de ses ouvrages qui figure au début de HCH,on voit qu’il qualifie de ‘romans’ le prem. SM (1910), Le P (1918) & La DT (1919). - P. 15. On a beaucoup dit qu’il n’y avait dans ses romans de progression dramatique, mais une succession de morceaux brillants, reliés par un fil assez lâche ou une intrigue aussi extravagante que celle des feuilletons populaires ou policiers qu’il lisait. […]. Les romans de M.J., avec leur mélange de réalisme & de farfelu, échappent au jeu des comparaisons. Ce ne sont sans doute pas de vrais romans. Mais qu’importe? Nous avons vu que ‘romancier’ n’était pas le titre que M.J. revendiquait. On dirait plutôt qu’il est l’inventeur & l’animateur de toute une comédie humaine.”
DT. Gallimard, 1964. Intr. 19. “[…] chaque personnage des romans de M.J. est défini, non seulement par les traits de son caractère, mais par sa situation spirituelle. De là une étonnante diversité. – 20. […] ces créations étaient des doublets de ses méd. sur l’enfer & le péché.”
---. LA POETIQUE DE M.J. 13. “Pour lui, l’univers est un, comprenant à la fois le visible & l’invisible. Et le monde visible n’aurait aucun intérêt s’il ne servait à ‘évoquer’, […] à ‘rappeler‘ le monde invisible qu’un malheur en a éloigné ou que nos yeux aveugles ne savent plus voir. Le poète rétablit la communication par des ‘moyens chosis’, des formules talismaniques. Il dispose certains mots dans un certain ordre. Dans ce piège à divin, l’Esprit vient se prendre.” [Plantier n’est pas d’accord avec Blanchet en ce qui concerne les ‘formules talismaniques’. Voir la Conclusion de son Univers Poétique].
---. TARTUFE AVEC UN ‘F’. Titres d’abord prévus: 1. Le Christ à Montparnasse. 2. Monsieur Tartuffe. 3. Défense de Tartuffe ou portrait de l’auteur en martyr. 4. Tartufe. [Pour désigner quelque’un qui rappelle le personnage de Molière, elle est la seule correcte, d’après le Dictionnaire de l’Académie].
---. TRISTES HEROS DE SES ROMANS. DT, 20. “[…] ses tristes héros lui ressemblent. […]. La haine dont il paraît les poursuivre, c’est la haine qu’il porte à lui-même ou plutôt à la partie démoniaque de lui-même. Les défauts qu’il leur attribue, ce sont ceux qu’il discerne, dénonce & maudit dans ses interminables examens de conscience. Le pessimisme est donc chez lui clairvoyance. […] ‘Nous sommes tous à la fois gibier du diable & anges de Dieu’ - écrit-il dans F. […]. Un mot de Max fournit la clef de ses romans. ‘Il n’y a pas de destin vulgaire.’ ”
L’HOMME DE CHAIR & L’HOMME REFLET. “Notes &commentaires.” Philosophies 1:3 (15 sept. 1924): 335-37. “Mon roman n’est pas un roman. Aucun de mes romans n’est un roman. C’est pourquoi on me reproche de ne pas composer... de ne pas composer de romans. L’Homme de chair est une étude de psychologie, de ‘psychologie dynamique’. Le mot est de M. Gabriel Bounoure qui par cette heureuse épithète, sépare justement la psychologie révélée par paroles & gestes de l’autre. Il est bien fâcheux qu’on n’ait pas un mot pour l’ethnographie des individus. Psychologie dynamique en est un.”
«M.J. ROMANCIER» PAR P. ANDREU. RLM 2. 1976. 23. “[…] en 1918, il avait publié une oeuvre de prime jeunesse, Le P, dont L. Aragon écrivait dans Sic qu’elle le faisait penser à La Bruyère. - P. 33, n. 1. Le P est à la page de 1905 où il fut écrit: ’c’est mon prem. ouvrage & le meilleur peut-être puisqu’il me montre entier dans cette gaîté de la prem. jeunesse qui est l’âge d’or de l’art.” (Corr. I. 171).
---. “Parlant du P, il écrit: “C’est mon prem. ouvr.: il date de 1905 & a coûté des années de travail.” (Corr. I. 121). La même formule reviendra... à propos... du C, dans une l. inéd. à Marcel Raval: “Les pages du C m’ont couté des années de travail.” (11 fév. 1921, coll. Palacio) & à J. Doucet du TB: “J’y ai travaillé plus de dix ans & il n’est pas encore absolument achevé.” (Corr. I, 121). Il y a un travail de gestation. - “Ma prose... compte-gouttes.” (Emié, D, 58). Palacio. “Le sang & la crucifixion.” Op. cit. 595.
SM. “NOUS SOMMES DANS NOS OEUVRES COMME JEHOVAH DANS LES SIENNES.” PROLOGUE. S.P. IN KAHNWEILER ED. ILL. D’EAUX-FORTES PAR PICASSO. Ed. Gallimard, 10.
TB. “[…] ce sont moins des romans que des galeries de portraits, des suites de caractères, de son propre aveu. Et des chroniques. La plus célèbre, ou en passe de le devenir, réanime sa ville natale au temps de sa jeunesse. Guichen, c’est Quimper qui, dans quelques jours, va célébrer son anniversaire. […] querelle tragi-comique du TB, enjeu d’une lutte sans merci entre bourgois progressistes & bourgeois conservateurs - ils ont tous existé - dont aucun ne trouve grâce aux yeux de leur historiographe.” J.-M. Dunoyer. Monde 1976, no spéc. 12.
---. ROUSSELOT. MORT & SURVIE DU LANGAGE. “M.J. & LA SIT. DES MOTS.” I. 149. “J. Cassou du TB: ‘l’assourdissant ramage de l’énorme, stupide comédie humaine.’ (in Simoun no spéc.), il s’agit d’un ramage patiemment recrée, mis au point, non d’un enregistrement phonographique ou d’un reportage plus ou moins malicieux. Le TB […] ‘une oeuvre de jeunesse retouchée pendant vingt années.’ […]. ‘Mon volume est fini au bout d’un mois, je passe les autres mois à le refaire; chaque jour je reprends chaque page pour entendre comment elle sonne.’ (Rapporté par le Chanoine Fleureau dans Val d’or.).
---. Frédéric Ermengen, (pseud. de Franz Hellens). Essais de crit. intuitive. Bruxelles: Soc. Gén. d’Ed. 1968, 80-81. A propos du TB, Hellens pense à “Stendhal... celui des Mémoires d’un touriste, d’Henri Brulard.”
UN GENIE DE MONOLOGUE. ORTF RADIO FRANCE-CULTURE. LA MATINEE LITTERAIRE. 25 mars 1972. RB. Roger Vrigny, en compagnie de Jacques Brenner, & de Christian Giudicelli, c’est entretenu avec Jean Denoël. “J.D. nous assure que M.J. avait réellement le don de comédien, un génie de monologue. Il y avait aussi chez lui, ce don de dédoublement de sa personnalité: pouvant être à la fois une concierge, un épicier, un banquier. J. Brenner suggère qu’on pourrait le rapprocher de M. Jouhandeau à cet égard. Jouhandeau était toujours présent, alors que M.J. s’effaçait devant son personnage réplique J.D. - J. Brenner dit que M.J. se méfiait de sa sensibilité... il apparaissait presque toujours masqué. J.D. Il savait entendre & tout particulièrement la conversation des gens modestes. Fantaisisme qui s’appuyait toujours sur le réalisme, précisa J. Brenner.”
RELIGION, PSYCHOLOGIE & PEDAGOGIE, PEDAGOGUE RELIGIEUX
LE BONHEUR DU PEDAGOGUE. LML, 41. St.-B. 26 janv. 1937. “Vous apprendre le peu que je sais, quel bonheur ce serait!”
CONSEILLER POETIQUE. LOUIS GUILLAUME. “R.M. Rilke & M.J.” Lettres no spéc. dédié à Rilke. 1952. 104.-05. “Peut-être est-ce dans leurs ouvrages didactiques que les grands esprits donnent le meilleur d’eux-mêmes. Tout écrit, aussi parfait soit-il, n’est jamais qu’une approximation. [...]. Mais le vrai visage des auteurs n’est-il pas plutôt reflété par les livres ou reflété par les livres où ils signalent pour d’autres […] les causes de leurs succès & surtout de leurs faillites, avouant enfin leur impuissance? [...]. Son livre est un manuel, un recueil de recettes, un monologue, en somme. [...] pour devenir un grand homme, il est d’abord nécessaire d’apprendre à être un homme.”
ESTHETIQUE DE M.J. LE PEDAGOGUE. L’UNITE. Serge Brindeau. Rev. de l’Ass. Corporative Intersyndicale de la Librairie & d’Ed. du Corps Enseignant. 66 (sept.-oct. 1976): 21. “Mais à travers la diversité observée, cultivée [...] c’est à l’unité qu’aspire M.J. [...]. Ce qui importe [...] c’est de se rejoindre. Atteindre le point de convergence de tous les langages supposerait une autre inspiration que ‘l’inspiration’ poétique. [...] Max n’avait pas son pareil pour décortiquer un poème, montrer comment c’est fait, comment il faut s’y prendre. Reste toujours à déchiffrer les signes! Les “Conseils à un jeune poète” nous rapelle; “L’échelle de Jacob s’appuie sur Dieu.” Sans doute, mais c’est Max qui le tient.” Cet article fut écrit en cette année 1976 à la célébration du centenaire de la naissance de M.J.
DON DE PSYCHOLOGUE RENFORCE PAR LA MED. Père Jean. Rfl no spéc. “M.J. ou les chemins de la conversion.” 7. “Le vieil homme lucide est intransigeant pour lui-même. L’habitude de l’examen de conscience a renforcé en lui ses dons du psychologue.”
DON DE PSYCHOLOGUE, PEDAGOGUE RELIGIEUX. VM, 249. “[...] dans maints passages de sa corr. le pédagogue poétique se doublait pour la plupart d’entre nous d’un pédagogue religiex. Max enseignait, en même temps, comment écrire & comment prier. Poésie & Religion.”
L’INFL. SUR LES POETES. Table ronde. Revue des Lettres 4 (oct.-déc. 1975): 19-20. “R. Szigeti parla de la ‘vocation pédagogique’ de M.J. à qui des générations de poètes & d’artistes doivent d’avoir trouvé leur voie & leur style.”
M.J. PEDAGOGUE. CONSEILS AUX JEUNES POETES. M. Béalu in DV : “M.J. aimait les poètes dans l’oeuf. Sage-femme de la jeune poésie.” Les jeunes poètes lui ont soumis leurs premiers poèmes. M.J. a répondu tout de suite. Rousselot dans son M.J. au sérieux décrit la critique jacobienne: il a toujours loué la nouvelle poésie par des expressions générales pour ne pas décourager ses jeunes amis. Pfau, op. cit. 157; Il déclarait à André Beucler. Op. cit. 147. “Car je suis [...] un éducateur né comme je suis un acteur né, mais personne ne veut m’écouter.”
MENER A BIEN LES PROJETS! LJF, 253. 27 déc. 1935. “Les projets non exécutés se rouillent & salissent l’âme.Vas-y d’arrache-pied. Aie beaucoup de projets & exécute-les.”
PASSE D’EXAMENS ETANT JEUNE. LTB, 85. 21 juin 1938. A Moricand. “Si tu ne passes pas d’examens étant jeune, tu en passeras un tous les jours de ta vie.”
PEDAGOGUE. Carte inéd. à Dumoulin. S.d. “Je reçois des poèmes ms de jeunes, c’est toujours la même chose! A des degrés différents. Là aussi il y a le certificat d’études, le baccalauréat, la licence & même l’agrégation (celle-ci fort rare). Je suis professeur, étant comme les ténors qui n’ont plus de voix.”
PEDAGOGUE - LE REEL. Guiette. Op. cit., 131. «Cet art mystérieux, Max ne le tenait point secret. Il en réjouissait ses amis en public, aux galeries du Cirque Médrano, chez le bistrot, sur l’impériale de l’omnibus, dans l’atelier de Picasso… Les initiés seuls le comprenaient alors. Les autres s’exaspéraient ou se désespéraient. C’est un art dont la vie même a donné la formule. [italique de M.G.]. Il est fait de mystification, de séduction, de mystère & de profonde désolation.»
LA POESIE CHANGE, MODIFIE LES AMES. Manoll. “Aventure… ” Op. cit. 9. “Il avait la conviction qu’elle [la poésie] a pouvoir de modifier les âmes & les oeuvres, par une conception nlle de la Beauté. C’est pourquoi il ne cesse, dans sa corr., dans son AP dans ses CJP, de nous proposer des points de repère, inventoriant ses richesses & mettant à jour des filons jusque-là insoupçonés. D’où une poésie à facettes, portant en elle toutes les scintillations de la vie, éclatante de vie & dont rien, semble-t-il ne saurait ternir l’éclat. ”
PRONONCIATION MUSICALE DES LETTRES. LTB, 96. A MORICAND. 12 ou 13 avr. 1940. “Le ‘ou’ se dit avec le ventre, le ‘o’ avec la poitrine, le ‘i’ avec l’oeil, un ‘hé’ avec la gorge, l’autre avec les tempes.”
PSYCHOLOGIE - PETITES HISTOIRES SEXUELLES. AP. 1922, 24. “Ce qui a fait le plus de tort à la psychologie, c’est la petite histoire sexuelle. On néglige tout ce qui n’y va pas ou n’en vient pas.”
PSYCHOLOGIE & PESSIMISME. “Cahier des maximes.”1893, 28 mai. P. 102. LRV. ”La litt. psychologique à la longue a produit ce phénomène: les jeunes gens d’aujourd’hui ont plus de pessimisme & d’expérience que les vieillards d’autrefois.”
PSYCHOLOGIE. “118 l. inéd.” NRF 286 (oct. 1976): 74-75. “La psych. ne peut guère être qu’une description; c’est une géographie, science naturelle, & les explications sont toujours hypothétiques.” A Paulhan, 18 janv. 1928. St.-B.
REALISME
L’APPARENCE DU REALISME. Disque Vert no spéc. 33. J.-E. Blanche. “Le multiple génie de M.J.” “Enfin, deux écueils redoutables aujourd’hui: l’apparence du réalisme, la psychologie dans le vulgaire; le quotidien, le terre-à-terre. Sa stylisation, si l’on peut encore avoir recours à ce mot, est subtile, savante & si spontanée à la fois, que l’on est dupe de l’artifice. Max recrée un monde qui a la physionomie du réel, une vraisemblance...”
L’ART POPULAIRE OU QUE VEUT LE PEUPLE? AP, 1922. 64. “De ceux qui agitent la question un peu ridicule de l’art populaire, la prem. erreur est de croire que le peuple veut des ouvriers socialistes sur la scène. Ils prouvent ainsi qu’ils ignorent ce que c’est que l’art. Qui aime les millions de Monte-Christo? Le pauvre. Les contes fantastiques? Les paysans de la terre. Les histoires de bandits? Les honnêtes gens. Ce qu’il y a de plus populaire en art, c’est le conte de terroir.”
COMPARAISON AVEC LA REALITE. Texte de M.J. sur Reverdy. MF 344 (janv.-avr. 1962). «Celui qui compose véritablement, c’est à dire qui crée un objet ayant une autre existence que celle que lui confère la comparaison avec la réalité. (Par ex. croire que Mme Bovary est un chef d’oeuvre parce qu’on y rconnaît des Mme Bovary).»
CREATION DES PERSONNAGES REELS & NON REALISTES. Corr. II. 79. A Kahnweiler, janv. 1922. “Tu as parfaitement compris l’objet de mes recherches. Création de personnages réels & non réalistes. Cette idée est formidablement cubistique [...]. 80. Il n’y a qu’un littérateur cubiste dans la profonde tradition cubiste: on le saura ‘plus tard’ si le ‘plus tard’ s’occupe de nous. Pour le moment les jeunes m’enterrent sous les fleurs (sous trop de fleurs) & les vieux, sauf A. Gide ou deux ou trois m’ignorent”; voir l. à F. Mégret. Rfl (sept. 1981): 21.
CUBISME. “LE CUBISME EN PEINTURE EST L’ART DE TRAVAILLER LE TABLEAU PAR LUI-MEME EN DEHORS DE CE QU’IL REPRESENTE, [...] ne procédant que par allusions à la vie réelle. Le cubisme litt. fait de même en litt. se servant seulement de la réalité comme d’un moyen & non comme une fin. Ex. : mon CD & l’oeuvre de Reverdy.” L. à sa mère, 4 juin 1927. Folio no spéc. n.p.
CUBISME, REALISME, LE REEL. Dom Claude Jean-Nesmy. Op. cit. 59. “Quant au cubisme, M.J. en a donc retenu surtout qu’il ne fallait pas tant imiter que créer. Mieux encore que réaliste, il cherche à atteindre au réel, de sorte que le poème évoque l’objet même; révélant par exemple dans les romans la psychologie par la façon de parler ou de gesticuler du personnage. Et l’on sait combien M.J., excellent imitateur, captait la singularité de chacun.”
CUBISME, REALISME. LJC. “Je tends à rejoindre la réalité par la courbe depuis 1903 [...]. C’était le but cubiste: arriver au réel par des moyens non réalistes.” [Voir l. à sa mère]; MJ/JC.
DE SES EXPERIENCES VITALES, M.J. NE GARDE RIEN. Cassou. “M.J. & la liberté.” Op. cit. 458. “De ses expériences vitales, qui, pourtant, furent d’une richesse & d’une variété légendaire, M.J. semble ne rien garder. C’est que son empire est ailleurs: sur les nuages. A peine si une légère vapeur de ses aventures semble surnager à la surface de ses ouvrages [...]. Rien de ce que fait M.J. ne touche terre […].”
FAIRE LE REEL SANS ETRE REALISTE. G. Bounoure. “M.J. romancier.” Intention 2:18 (sept.-oct. 1923): 13. «Tout le grossier appareil de sensations du roman réaliste ou naturaliste est banni de ces œuvres.» Faire le réel sans être réaliste: il écrit à Cocteau (en 1922) (voir VM, 146). “Je ne me suis jamais senti si cubiste que depuis que je fais ‘du réel’. C’était le but cubiste. Arriver au réel par des moyens non réalistes. Beaucoup de contes du RB n’ont d’autre but.”
FUNAMBULE AU RAS DU SOL. H. Henry. “M.J. & Quimper.” Cah. de l’Ir. 3 (juill.-sept. 1962): 136. “H. Hertz, qui connaît bien Max, le définit excellement comme un ‘funambule au ras du sol’. Son inspiration se nourrit de détails vrais & y revient sans cesse.” [A propos des romans, surtout TB. Voir les remarques de Rousselot, ses romans, à la La Bruyère].
HIGHEST REALITY IN THE SUPERNATURAL. G. Kamber. “André Gide & M.J.” Folio no spéc. 43. “Le mystère est dans cette vie, la réalité dans l’autre; si vous m’aimez, si vous m’aimez, je vous ferai voir la réalité.” (CD, 65). “Ordinarily we associate reality with ‘this’ life, mystery with the ‘other’, or afterlife. The first sentence, contradicting this order and coupling mystery with ‘this’ life & reality with the ‘other’, owes its effect to chiastic reversal. Illuminism or occultism asserts typically that reality- the highest reality- resides in the supernatural, & it affirms, moreover, that there is much too that is mysterious in ‘this’ life (aside from what the surrealists were to call le merveilleux quotidien). ”
IL FAISAIT UNE DIFF. FONDAMENTALE ENTRE LA NATURE A L’ETAT BRUT & LA REALITE «en quoi la transforme le regard créateur du poète, qui peut dès lors, sans craindre de tomber dans l’ornière du naturalisme, employer tous les procédés rationnels du réalisme. (y compris l’entomologie, l’analyse spectrale, la photographie) pour saisir au mieux & nous transmettre au plus juste ce qu’il voit.» Rousselot, op. cit. 142.
IMAGINATION - REALITE. Merle. Op. cit. 18. cite M.J. “En poésie l’art naîtra du doute entre la réalité & l’imagination… La musique & la peinture n’ont pas d’autre loi. Le doute, voilà l’art.”
J’AI HORREUR DU REALISME, DU NATURALISME. Corr. I. 133-34. A Doucet, 30 janv. 1917. “Vous avez déjà compris, cher M., que j’ai horreur du naturalisme, du réalisme & de toute oeuvre qui ne vaut que par la comparaison qu’on peut faire avec le réel. La question matière est aussi importante en litt. qu’en peinture: une oeuvre doit avoir outre sa marge & son objectivité une qualité réelle au toucher de l’esprit. Une oeuvre doit être pensée, ce qui ne veut pas dire absurde à la manière de Claudel, ni précieusement tendre à la manière de ce faux bonhomme de Francis Jammes; elle doit être claire parce que l’obscurité est un signe de faiblesse de l’esprit qui n’a pas su aller jusqu’au bout, mais pensée parce que la pensée donne la matière du style. Il y a une densité du style! de notre temps Ch. L. Philippe a eu un style dense mais quelle affectation! On exige la psychologie dans un conteur, parce que la psychologie est la seule pensée qu’il puisse se permettre. ”
LOIN DE LA TERRE. Disque Vert no spéc. 15. B. Crémieux. “M.J. & le p. en prose.” “Aux moments où elle semble le plus réaliste, l’oeuvre de M.J. est loin de la terre. Le CD en donne la preuve la plus évidente, & c’est en se souvenant de lui qu’on s´épargnera bien des erreurs dans l’inteprétation du CN ou du RB.”
MELENGEONS RAIDEUR & FRIVOLITE. A Doucet. 25 janv. 1917. Corr. I. 130. “Frivolité & raideur égalent manièrisme. J’ai, ajoutons encore, que tous les baptèmes du monde ne m’empêcheront pas de supporter les tares juives qui sont de ma race: la raideur est aussi une tare juive.”
MEPRISER LA COULEUR TROP VOYANTE DES GONCOURT & DE TOUTE LEUR SEQUELLE. Ibid. Au même, 134. 30 janv. 1917. “[...] cette couleur dispense de toute pensée & que toute oeuvre doit être portée par la pensée. C’est le support qu’il faut chercher sous l’oeuvre & non le plus ou moins de vérités qu’elle contient... au point de vue art s’entend.”
OBSERVING REALITY OF SOCIAL LIFE. Lockerbie. Op. cit. 150. [Despite the statement made to Doucet about realism] “& much of his practice, there is a great deal in J’s work that testifies to his strong interest in social life & manners, & his considerable powers as an observer of society. A satirical depiction of human behaviour is a predominant feature of his prose fiction. […]. - It is a playful fantasy that fuses with observations of life to produce a relationship to reality for which a term like realism does not, on occasion, seem too inappropriate. It is not, of course, a realism like that of the 19th c. novel, with its case histories of typical figures, its searching analysis of character & situation, & its deterministic assumptions. It will be a much more intimate & evocative form of realism, concerned with conjuring up the ‘ordinary texture of reality’, with making us feel the atmosphere of everyday living in a given place at a given time. The expression ‘réalisme du quotidien’ has sometimes been used to describe it.”
OEUVRES PAREILLES A LA TERRE & SITUEES HORS D’ELLE. AP, 46. “Une oeuvre est créée quand chacune de ses parties le fait de l’ensemble, elle est objectivée quand chacun de ses mouvements, qu’ils ressemblent ou non à ceux de la terre, se passent loin d’elle. Il y a peu d’oeuvres pareilles à la terre & situées hors d’elle.”
QUELQUEFOIS AUSSI ON M’A REPROCHE D’ETRE MANIERE. Corr. I. 129. A Doucet. 25 janv. 1917. “La raideur & la frivolité constituent l’homme de lettres. La frivolité, même des hommes les plus graves parmi eux, parce qu’ils vivent dans l’irréel, la raideur parce qu’ils détachent tout de la vie pour en faire du matériaux: l’importance du détail pour l’art fait qu’ils le rejettent en avant & restent derrière lui sans s’y mêler. Voilà pour la raideur!”
REALISM. Pfau, op. cit. 137. The ‘realism’ of his novels cannot be taken either as a more or less critical or humoristic representation of society. [Résumé par M.G.].
REALISME & FANTASTIQUE DANS L’OEUVRE DE M.J. Béalu. Pour en revenir à M.J. No spéc. 50. “L’oeuvre de M.J., dans son ensemble, est beaucoup trop chargée d’humanité, beaucoup trop attachée à l’humus des villes, pour prendre place sur le rayon fantastique. Pourtant cette réalité l’oppresse. Un besoin constant d’y échapper se manifeste à tout instant, surtout dans les poèmes, où l’aspiration à s’élever devient une obsession.”
REALISME - LE REEL. Cadou. “La Vie du poème.” Op. cit. 136 ; Cahs. du Nord, op. cit. 183-84. On a dit ‘C’est un genre’ [p. en pr.]. Non! C’est un monde, fermé, mais du dedans, excessivement logique dans l’absurde, plus vrai que le réel, plus réel que le vrai, sans doute. […] “Au pied du lit, l’armoire à glace, c’est la guillotine, on y voit nos deux têtes pécheresses.”
REALITE, PSYCHOLOGIE COMME MOYENS. AP, 29. “Quel beau ‘moyen’ que la réalité! Quel beau ‘moyen’ que la psychologie qui ne se marque que par la vérité des paroles & des gestes & non par le pédantisme! Sois plus content de tes héros que de toi-même.” Voir “Arriver au réel par des moyens non- réalistes. L. à Cocteau [1922]; “création des personnages réels mais non réalistes.” A Kahnweiler, 30 janv. 1922. Corr. II. 79; Rousselot. Op. cit. 141. “Et B. Crémieux de dire très justement de l’œuvre en prose de M.J, si pleine de détails géographiques, sociaux, caractériels : ‘Il n’y a plus là copie de nature, mais création spirituelle, pure & absolu’. ”Disque Vert no spéc. 15.
SAISIR LES GENS DANS LEUR ATTITUDE ESSENTIELLE. Disque Vert, no spéc. 60. Jouhandeau. “Le Mage.” “Ainsi chaque être apparaît-il au Mage dans l’absolu de son attitude essentielle […].”
UNIVERS IMAGINAIRE - SATELLITE DU MONDE REEL. H. Henry. “L’absence de Locronan dans l’oeuvre de M.J.” Cah. Ir. 2 (avr.-juin 1969): 108. “[...] l’univers imaginaire de M.J., satellite du monde réel le frôle par allusions, mais par allusions seulement; la poésie, la liberté créatrice & l’invention ont chez lui trop de droits & de pouvoirs pour que la description, même amoureuse d’un paysage ou d’un monument aimé impose ses contraintes au maître du CD...”
UNIVERS PARLE. Cassou. «Un poète habité par la grâce.» Op. cit. «S’il parlait si bien, c’est qu’il savait faire parler les autres, sans répit, sans mesure, car il s’agit là d’une activité qui a le caractère de l’infini. L’humaine espèce dure tant qu’elle parle […]. Le génie des plus grands auteurs ‘comiques’ : Rabelais, & Henri Monnier, Molière & Balzac, Cervantès & Dickens, a été de capter ces langages & de les fixer en forme éternelle.»
REEDITIONS
LES AMIS DE MAX JACOB. Manoll. “Aventure… ” Op. cit. 9. “25 années se sont écoulées depuis la mort de M.J., mais l’affection de ses amis n’en est pas moins demeurée fidèle. Afin de faire rayonner son oeuvre & d’accroître, dans la mesure de leurs moyens, son audiance, ils se sont groupés en une Association, qui publie un Bulletin, comportant des inéd. du poète, des textes introuvables & des témoignages. Ils organisent des manifestations & des expositions dont les plus importantes eurent lieu, il y a environ un lustre dans la Bibliothèque & au Musée de la Ville d’Orléans, ainsi qu’au Musée de Quimper. Chaque année, ils se recueillent, à la Basilique & autour de la tombe du poète pénitent, comme ils le firent le 9 mars. Aux côtés du Président de l’Ass., Jean Denoël, s’étaient rassemblés les plus chers & les plus anciens amis de M.J.: M. R. Secrétain, maire d’Orléans, M. Le Maire de St.-B., Henri Sauguet, les docteurs Durand & Szigeti, &, Carlo Rim, J. Follain, M. Béalu, Max Frankel, R. Toulouse, H. Dion, J. Rousselot, L. Guilloux, J. Bouhier, de nombreux jeunes poètes, des prof. de Fac., des enseignants, une délégation d’étudiants, venus de Westphalie, etc. ”
CENTRE DE RECHERCHES M.J. No 1. 1978. 135. “Notes & Lectures” par R. Plantier. “ Créer no spéc pour le centième anniversaire de sa naissance. […]des reproductions de tableaux, des l. inéd. à Salmon, à Paul Petit, à Rousselot, à Béalu. Nous avons lu avec attention & avec beaucoup de plaisir les articles de R. Secrétain: “Le mythe de M.J.”, de R. Szigeti. “M.J. poète & peintre de Dieu.” [...]. L’intelligence, la perspicacité rejoignent dans ce no une affectueuse compréhension & la fidelité de l’amitié. Les chercheurs peuvent y trouver de nombreuses incitations & de nombreux renseignements. Le centre artistique & litt. de Rochechouart, dirigé par Raymond Leclerc donne aux amis de M.J. un très beau témoignage.”
C’EST SON TREPAS DANS LE CAMP MAUDIT QUI L’A RENDU ILLUSTRE, a écrit Roland Dorgelès. Clary. Op. cit. 74.
CE QU’IL FAUT FAIRE. Dunoyer analyse l’essai de R. Plantier “M.J. entre le diable & Dieu.” Monde, 1973. 12. “L’oeuvre de M.J. n’a pas fini d’être décryptée. L’essai de R. Plantier en laisse entrevoir les perspectives infinies. C’est un message chiffré que ne doivent pas éclipser les sortilèges poétiques, les proses pathétiques & farfelues. Un message que son auteur n’a émis que sous la pression d’impérieuses motivations personnelles.”
CE QUI N’EST PAS ENCORE REEDITE. R. Lacôte. “M.J., Audiberti.” LF 19 (4-10 fév. 1970): 8. Selon Lacôte AP, l’un des rares textes nécessaire, P, surtout C. [Entretemps, Elocoquent a réédité AP].
EDITIONS DE POCHE. CD. Ch. Pelletier. “Un écrivain sans purgatoire.” Op. cit. 12. “Le p. en pr. du CD ont touché un nouv. public en coll. de poche.” (1967).
M.J. EST ENTRE DANS LA LEGENDE. Dunoyer. Monde 15-16 mai 1976. “Relecture: Centenaire de M.J.” “M.J. cet amuseur public, ce drôle cachait sa misère dans la légende, mais le connaît-on? Sous la fantaisie parodique, les trouvailles ou les caprices du langage du CD, règne déjà l’esprit tourmenté d’un mystique en proie aux contradictions de la religion. [...] Son oeuvre abondante n’est pas entièrement publiée.”
M.J. NE TROUVE PAS D’EDITEURS AVANT 1919. J. Brenner. “Le cornet acoustique.” RLM no spéc. 2. 16. “Avant 1919, il n’avait trouvé que des éd. marginaux. Il avait publié le CD à ses frais; la couverture précise que l’on pouvait se procurer l’ouvrage ‘chez l’auteur’, & non pas même chez un libraire dépositaire. Son prem. livre à paraître à la NRF fut RB […].”
ON REIMPRIME M.J. J.-M. Dunoyer. Monde no 7810 21 fév. 1970. P. II. “On le réimprime peu à peu tout entier. Voilà ce qui est heureux, non seulement parce que cela prouve, conjointement aux autres manifestations organisées ça & là en son honneur, que le poète […] attire un nombre croissant d’admirateurs, mais aussi parce qu’il est enfin possible de se procurer des textes devenus introuvables.”
PUBLICATIONS DES OEUVRES DE M.J. & DES OUVRAGES SUR LUI. X. Grall. Op. cit. “M.J. a littérairement subi un certain purgatoire depuis sa disparition en 1944. [Mais voir l’article de Ch. Pelletier: ”Un écrivain sans purgatoire”]. ”Toute son oeuvre est loin d’être connue. Et sur ce qui a été publié, il reste encore beaucoup à dire. - Outre les travaux de Hélène Henry, nous pouvons signaler la parution plus ou moins prochaine de 3 thèses sur M.J. Maurice Pinguet. “Max & le rêve.” Plantier. «Etude de la mythologie & du bestiaire dans l’oeuvre de M.J», Palacio développera les études parues dans les cah. M.J. ”
PUBLIER LES PREM. MS. Disque Vert no spéc. 20. “Henri Hertz. “Avec M.J., en compagnie de la renommée.” “J’aimerais qu’un jour, on publiât, tels quels, les prem. ms. de M.J., afin qu’on embrassât le déploiement total de son esprit, imparfaitement analysables sans cela.”
QUE FAUT-IL ENCORE PUBLIER? Jean Guichard-Meili. “M.J. devin de lui-même.” Nlle Rev. 283 (juill. 1976): 84. “Les anniversaires sont une pavane que les mortels dansent devant le Temps… Que l’événement soit au moins l’occasion de formuler un double voeu: l’éd. de la Correspondance (vraiment) générale, d’une part, & d’autre part dans la ‘Pléiade’, où elle manque de façon criante, celle de la poésie & des oeuvres en prose.”
REEDITIONS, PEU D’EXEMPLAIRES. Lacôte. “M.J., Audiberti.” Op. cit. 8. “Ballades complète chez Gallimard la série des oeuvres du poète qui se trouvent désormais à peu près complètes en librairie.- Les recueils de M.J, “furent tirés à très peu d’exemplaires.”
LA SYMBOLIQUE DANS L’OEUVRE DE M.J. A. Peyre. Op. cit. 54. ”Il y aurait quelque chose de très important à rechercher: la symbolique dans l’oeuvre de M.J. Beaucoup de choses que l’on croit nées d’une pirouette, d’une sorte de jeu de mots ou d’esprit obéít en réalité à une symbolique.” H. Sauguet qui dit ces mots est certain qu’il y a toute une trame dans le fond de l’ouvrage de Max. Il avait par ailleurs une grande connaissance des légendes celtes, bretonnes & du folklore fr. en général.”
TIRAGE RESTREINT. Palacio. RLM no spéc. 1. 171. “Max lui-même était tout le contraire d’un bibliophile & s’est par ex. chaque fois récrié de voir paraître ses oeuvres en éd. de luxe à tirage restreint.” [Lui qui toute sa vie aurait voulu toucher le coeur d’un cordonnier, comme il l’a confié à Rousselot].
UNE VERITABLE BIOGRAPHIE N’A JAMAIS ETE ECRITE - souligne Béalu in no spéc. Il y a 30 ans 15-16. [Quand P. Andreu n’a pas encore publié sa biographie]. “Mais il semble que subsiste un malentendu, venu sans doute de l’ambiguïté de cette oeuvre & des multiples images que, de son vivant, il s’amusait à donner de lui, du converti qu’il avait été jusqu’au martyr qu’il allait être, du danseur ubuesque à chaussettes rouges, dans le Montmartre d’autrefois, à l’étrange & érudit cicerone de St.-B., coiffé du bonnet de sacristain. [...] une véritable biogr. n’a jamais été écrite. Le portr. fidèle de M.J., l’image totale de son personnage, qui engloberait avec sa légende la réalité d’une existence, avec ses pans d’ombre & de lumière, n’a jamais été fait. [...]. On se demande pourquoi, alors que tant de doctes études se sont accumulées sur son oeuvre depuis sa mort.” [A présent Rosanna Warren rédige la biographie de M.J.].
RELIGION
“AU FOND, JE CROIS QUE C’EST PLUS LA CRAINTE QUE L’AMOUR QUI ME POUSSE” - écrit M.J. dans DT, 117. [Une terreur habitait sa foi].
“CAR LA RELIGION... CE N’EST PAS LES FLONFLONS DE L’ORGUE dans les fêtes solennelles, c’est le sang du Christ.” Notes inéd., prises par H. Dion le 11 juill. 1942. Ren. de Fl. 23:86 (juin 1973): 41-49.
DEMON. “Le vrai sens de la rel. cath.” Cruz y raya. Trad. par J. Cordoba. Cah. M.J. 5. 22. “C’est lui [le Démon] qui a inventé l’habitude, qui réduit la dévotion à un mécanisme & à des formules & nous fait oublier le sens de la rel.; c’est lui qui substitue à l’amour de Dieu & aux élans qu’il nous inspire des querelles de clocher, de personnes & d’intérêts.”
L’ENTREPRISE APOSTOLIQUE. PR, 256. “Jacob s’adaptera à la personnalité de chacun pour parvenir au but unique: amener à l’Église. “Il faut prendre les uns par la raison, les autres par le sentiment, d’autres en les amusant.”
L’EXPRESSION DE SA CROYANCE. Pfau. “Le portr. de l’artiste en dévôt.” Op. cit. 21. “Précisément parce que M.J. n’était pas théologien (qu’on se reporte à l’expression de ses croyances qui ont une forme simple & populaire) & que chez lui religion ne signifie pas réflexion sur les doctrines philosophiques fondamentales auxquelles la religion est liée, il était amené d’autant plus aisément à examiner les mobiles de sa croyance & aussi à douter de son efficacité.”
LA FOI DE M.J. Raymond Trillat. “L’ecriture de M.J.” Pour en revenir à M.J. No spéc. 77. “Il possède une foi ardente, romanesque, outrancière, menaçante, & son amour de Dieu est toujours mélangé d’une crainte qui fait trembler sa plume avec terreur lorsqu’il trace ce nom redouté.”
MOI QUI SURVEILLE LE COURS DE MES SENTIMENTS. LLP, 78. ST.-B. 3 mars 1927. “Moi qui surveille à tout instant le cours de mes sentiments & de mes pensées, j’observe à tout instant aussi la trace des rênes de Dieu sur ma bouche ironique & l’empreinte de son doigt sur le sable de mon chemin.”
MYSTICAL UNION WITH THE BODY OF CHRIST. Oxenhändler. “Concealment & Presence.” Op. cit. 56. “The tremendous effort represented by his poetry, a hallucinating drive to change life, to change the world, to change himself (a drive that places him in the direct line of Rimbaud) was directed against his personal schizoid demon. And yet Jacob found a way of overcoming his almost organic limitation. He eventually found unity within self, unity between self & world. There is a reconciliation & a going beyond the finite limits of his own ego. He attains this by an appropriately Christian means. He evokes one of the strangest of Christian doctrines - that of the Mystical Body - the belief that all Christians participate in a mystical union that makes them members of the body of Christ.”
RELIGION, CONVERSION, FOI. Szerb, Antal. Utas & Holdvilág. Budapest: Magvetö, 1937, 1980. 48. “Olyan buzgó katolikus volt, amilyenek zsidók szoktak néha lenni, akikben az évszázadok öröksége még nem koptatta el a katolicizmus nagy megrendüléseit. Nem úgy volt katolikus, mint az áhitatos & szegénysorsú osztálytársak, akik naponta áldoznak, kongregációba járnak & egyházi pályára készültek. Azoknak a katolicizmusa alkalmazkodás volt, az övé lázadás, szembeszállás az egész hitetlen vagy közömbös világgal.”
LA RELIGION EST FAITE POUR CEUX QUI EN ONT BESOIN. PR, 429. “Ceux que Dieu appelle ce sont les malades, les lassés, les faibles & pourquoi appellerait-il ceux qui n’ont pas besoin de Lui.” Pérard, op. cit. 155.
SYMBOLES DE LA RELIGION CATH. LRV, 53. 17 rue St.-Romain, 19 fév. 1936. “Je serais très content de faire une conf. à la fac. cath. de Saint-Brieuc. Celle d’Angers m’a plu à faire. On m’a donné 500 fr. & payé mon voyage aller & retour. Ma conf. aurait pour sujet le même que celle d’Angers: Symboles de la rel. cath. & sa vraie signification. Personne de prêtres présents n’y trouva à redire”; au même 23 déc. 1936. 71. “Pour moi j’ai dû renoncer à faire paraître mes études exégétiques qui sont ce qu je préfère de moi car je n’aurais plus personne surtout en ces matières,”
LE REVE
CONFLIT DU REVE & DE LA REALITE. Plantier. L’Univers poétique. 405. “Le conflit du rêve & de la réalité s’est bien installé dans la sensibilité du poète sous les signes de la déchirure, & ce fut la prem. manifestation de la ‘famine’ poétique. Mais l’écriture quotidienne, sous les multiples aspects du poème, de la méd., du dessin & de la peinture a organisé les moyens pour survivre. Les rapports du rêve & de la réalité se développent dans une histoire. L’unité repousse la mort.”
CD & REVE. Dunoyer. Monde juill. 9 1976. 11. “Ces courts poèmes, à la fois renfermés sur eux-mêmes & ouverts sur l’imaginaire, où s’articule l’écriture du rêve, ‘un rêve inventé’.”
DEMYSTIFICATION DU REVE. Pinguet, RLM no spéc. 1.47. “En maîtrisant ainsi dans son écriture les artifices les plus retors mais les plus spontanés que chacun de nous, à condition de dormir, manie en virtuose, M.J. a démystifié le rêve. A relire ajourd’hui ses p. en prose, on voit que toute la litt. avant lui n’avait dit, à très peu d’exceptons près, que mensonges sur le rêve. Mensonges glorieux, somptueux - mais mensonges. Ne parlons pas du songe classique [...] ce n’est qu’un procédé d’exposition, de dramatisation d’une vérité clairement formulable. Pensons au romantisme [...]. Comment ne verrions-nous pas que sous ce nom il était question de tout autre chose? L’âme romantique n’est pas vouée au rêve mais au songe, à la rêverie. Bachelard l’a bien compris qui établit une distinction très nette entre la rêverie qui ‘nous aide à habiter le monde, à habiter le bonheur du monde’ & le rêve nocturne qui nous livre sans ressaisie du moi, sans cogito possible, à la fascination de l’image.” 50. “Bien des malheurs auraient été épargnés si Laïus & Jocaste avaient compris que l’oracle annonçant le destin de leur fils n’était qu’un poème en prose!- Le rêve, source de tout mentir, n’est-il pas aussi parfaitement candide comme le Crétois qui se disait menteur?”
DEUXIEME ETAGE DE LA POESIE DE M.J.: LE REVE. Belaval. Op. cit. 74. “M.J. se retrouve seul. Il dort. Il rêve. J’entends bien que ces rêves sont recréés. 75, 76. “M.J. écrit un poème qu’à l’imagerie onirique; mais la conduite du récit n’en transpose pas moins avec exactitude la conduite du rêve. [...] l’on reconnaît bien les thèmes- type des examens à repasser, des voyages qui se compliquent sans démarrer, etc. On pourrait quelquefois douter si l’on n’a pas affaire à une observation psychologique. 76. [...] A peu de distance du rêve, surgissent des visions que l’on dirait hypnagogiques: “C’est une encoignure de rue. Les prêtres s’y précipitent comme le vin dans l’entonnoir, ils ont des bandeux qui leur tiennent le chapeau & des mains qui tiennent le bandeau. Ils ont tous mal aux dents.”
«ENQUETE SUR LE SONGE.» Roseau d’or: Œuvres & Chroniques Chroniques 5 (1928): 67-68. «Je surprends les grises pierreries du songe/ Es-tu l’introducteur de l’éternité/ silence qui m’attendait, silence/ des douleurs, des bonheurs en poussière/ dans un monde raté qui repousse toujours?»
“IL A SU, COMME IL L’A DIT LUI-MEME ‘S’EXTERIORISER PAR DES MOYENS CHOISIS’, faire de la poésie, non plus une réalité composite de l’Art, mais, en véritable démiurge, un REVE INVENTE.” Cadou. “La vie du poème.” Op. cit. 138; Cahs. du Nord, 185.
JEUX DE MOTS - SURREALISME DE M.J. André Calas. “Les deux visages de M.J. ” [Publié où ??], 36. “ [...] dans sa prem. manière, M.J. le surréaliste affectionne les jeux de mots gratuits, les calambours. Les surréalistes cherchent derrière la réalité une vérité plus profonde, inconnue de la raison claire, celle du subconscient & du rêve.” - ‘La poésie est un rêve inventé mais comment concilier mon mensonge avec la sincérité qui est la force de toutes les grandes œuvres’? [ - se demande M.J.].
“MAX JACOB EN PRECURSEUR DU SURREALISME (mais renié comme tel par les maîtres de cette Ecole) expliquera ainsi sa démarche poétique:… ‘Je me suis appliqué à saisir en moi, de toutes manières, les données de l’inconscient: mots en liberté, associations hasardeuses des idées, rêves de la nuit & du jour, hallucinations, etc…’ ” Calas, 36; CD, “Petit historique du CD.” 16. Chambost. Op. cit.29.
M.J. PREDIT LA GUERRE - UN CAUCHEMAR. Jean Guichard-Meili. “M.J. devin de lui-même.” NRF 283 (juill. 1976): 82. “Les p. de guerre datent d’une époque qui ignorait la souffrance collective.” ‘J’ai prévu des faits: je n’en ai pas pressenti l’horreur.’ 83. “Au dire des témoins, la température était glaciale, ce 24 fév.” [Quand M.J. fut arrêté]. 84. “Ce poème-récit, [‘Les boulevards extérieurs, la nuit, sont pleins de sang…’] généralement lu comme la vision d’un cauchemar, la transcription d’une aventure onirique, s’il est bien cela au prem. degré, se révèle surtout comme l’un de ces éclairs de voyance au sein duquel, l’espace de quelques secondes, le temps, le songe & la vérité ne font qu’un.”
M.J. SUR LE REVE NOCTURNE & L’INSPIRATION. Merle. “Le cas M.J. ” Op. cit. 19. “(Il) ne croit pas à l’efficience de l’homme endormi comme force de création artistique. […]. ‘Méfie-toi des rêves nocturnes; ils sont toujours l’exagération orientale. Les rêves remplissent alternativement d’orgueil & de désespoir & l’on a que trop de tendances à l’un & à l’autre.”
PALACIO & PLANTIER A PROPOS DE L’ARTICLE DE PINGUET. Palacio. RLM no spéc. 1. “Liminaire.” 5. “M. Pinguet se livre, sous l’angle de la psychanalyse, à une investigation minutieuse des éléments oniriques dans le CD ” ; Plantier. Pour en revenir à M.J. No spéc. 44. ”Parmi les oeuvres de longue haleine, nous citerons les travaux entrepris par M. Pinguet dans le domaine immense du rêve & de la réalité, problème capital pour bien situer l’univers poétique de M.J.”
POESIE - REVE INVENTE. Peyre, op. cit. 100. R. Toulouse: “En 1937, 48 heures avant de donner sa conf. au Palais de Chaillot, au cours de laquelle il définit la poésie comme un ‘rêve inventé’, nous passions une matinée ensemble chez M. Béalu à Montargis. Max nous exposa l’essentiel de sa conf. & nous conta cette anecdote. 101. ‘Lorsqu’enfant, mes frères & soeurs se racontaient leurs rêves de la nuit, ils me mettaient en complexe. Je ne rêvais pas & je passais à leurs yeux pour un innocent. Un beau soir, je réfléchis & décidai de me fabriquer un rêve pour le lendemain. Je leur débitai le récit de ce rêve. L’un d’eux me dit: ‘C’est un rêve inventé!’ Ma résolution fut prise: ‘La poésie sera un rêve inventé’.”
LE RATE. Guiette. Op. cit. 95. “Les rêves ont toujours joué un grand rôle dans ma vie. Enfant, j’ai fait pendant des mois le même rêve. J’avais 4 ou 5 ans. Je rêvais que je me promenais à la campagne avec ma mère, mon petit frère dans une voiture & sa bonne. Resté en arrière pour voir des objets d’art merveilleux dans un buisson de houx, au moment où j’allais les prendre, des voleurs sortirent de derrière les autres buissons. Pris d’une peur affreuse, je courais après ma mère qui courait encore plus vite que moi. [...]. Je pense que c’était l’image de toute ma vie. J’ai découvert beaucoup de choses, & il y a toujours eu quelqu’un ou moi-même pour m’empêcher de le prendre. [Voir Y. Pelletier, M.J. le raté]. Quant à ma mère qui s’enfuit, je l’interprête comme l’idéal qu’on ne peut atteindre. C’est quelque chose comme la poursuite d’Apollon & Daphné.”
POINT D’ECART ENTRE LE REEL & LE REVE. M.J. RESTE ENFANT - POUVOIR D’EMERVEILLEMENT. Expo. Musée de Montmartre. P. 37. “Tout, dans la vie, lui est théâtre [à propos de ‘Au cirque’]. Il y avait en M.J. une sorte de pouvoir d’émerveillement qui lui était demeuré de son enfance. Tout, dans la vie, lui était théâtre & son imagination ne sut jamais faire le départ exact entre les données du réel & du rêve.”
REALITE QUOTIDIENNE. Pinguet. RLM. MJ 1, 23.“L’analyse d’un rêve n’est pas terminable. Il suffit que nous ayons reconnu la présence irréfutable de ces lois du rêve […] qui font que le désir ne peut jamais se formuler, se délivrer, s’éteindre dans une parole qui le communiquerait & le conduirait à se reconnaître, & qui veulent qu’il ne cesse pourtant jamais de s’aventurer sous les apparences revêtues. Nous pouvons donc identifier chaque image pourvu que reste méconnu le sens qu’elle insinue sans jamais le signifier. Toute la réalité quotidienne est là, éparse mais distincte: voici Quimper, le mont Frugy, les parents, les amis, la rue Ravignan, Fantomas, Jules Romains, l’exposition universelle de 1900, le lycée, Sarah Bernhardt, les paysages traversés, les livres lus, les événements rencontrés, - toute la vie de chaque jour, mais fragmentée en mille morceaux que recolle un semblant de hasard, ce hasard qu’invoque le titre du recueil, ce faux hasard qui dissimule des lois plus instantes.”
REVE DANS LE CD. Belaval. Op. cit. 85. «[…] le récit y importe moins que l’émotion intime qu’ils expriment. […] Elle ressaisit «toute vive, l’angoisse la plus solitaire, dans un monde où les choses se déconsistent, cessent d’être pour elles-mêmes & forment un mur d’inquiétude qu’on ne parvient pas à franchir. […] M.J. ne reconstruit pas ses rêves: toutefois, il sait en reprendre les procédés essentiels.»
REVE & LES MOTS. Pinguet, 23. “Le travail du rêve lacère les souvenirs, il lacère aussi les mots. A vrai dire, il ne sait pas très bien ce que doit être un mot, quand il en rencontre un dans la mémoire, il le traite comme une chose - & une chose pour lui c’est toujours ce qui en appelle une autre, au fil d’une association inlassable. De la diff. instituée entre le son & le sens, il ne veut rien savoir” ; 13-14. Pinguet cite le p. en prose: “Générosité espagnole” & il y trouve irréfutablement l’accent du rêve: ‘un discours qui semble proche & lointain, imprévisible, invérifiable, toujours brisé mais inlassable. Rêve rêvé ou feint? Peu importe: soudain, devant nous, le rêve même a dressé ses épouventements à faire rire, & le carton de ses décors. En l’absence de matériel associatif fourni par le rêveur, il n’est pas question d’analyser ce rêve ici. Marquons seulement les traits insistants qui identifient ce texte aux scènes que recèle & révèle chaque nuit de chacun de nous. - Soudaineté du rêve: […]. L’invraisemblance n’étonne pas la conscience rêveuse.” ; 26. “Toutes les gradations du rêve que reflète le CD, ne pourrait-on pas les représenter sous la forme d’une hyperbole ? Supposons un axe rectiligne figurant la vie diurne, le principe de réalité. Sous cet axe, l’hyperbole du rêve plongerait une de ses branches verticalement au gouffre de l’incohérence, de la fragmentation, de la frénésie. L’autre branche de la courbe serait asymptotique au réel, elle s’en raprocherait indéfiniment jusqu’à paraître l’effleurer, jusqu’à n’en être séparée que par une marge infinitésimale. Bien des textes du CD où le travail du rêve s’est fait invisible donnent cette impression de quasi-réalité.” [Voir ‘Silence dans la nature’].
REVE - RUPTURE SEMANTIQUE & GRAMMATICALE. J. Chambost. Op. cit. 37, 40. “Si la nuit était rose, si rose était la mer.” La discontinuité ne choque donc pas ici, puisque le dynamisme même de l’image convie le lecteur à entrer dans le jeu de la création. Mais nous pouvons énoncer cette règle générale: un système de rupture, grammaticale ou sémantique est toujours employé quand il s’agit de rêve.” […]. 40. Cependant,dans sa conclusion J. Chambost déclare que “Tous les sytèmes de discontinuités ne renvoient donc pas au rêve, mais l’onirisme ne saurait s’exprimer sans ruptures dans la perspective jacobienne. - Cette facilité avec laquelle M.J. brise la chaîne du discours révèle une profonde maîtrise du langage: l’apparence extérieure du poème - incohérences, ruptures - n’a pas d’importance; seule compte l’utilisation des moyens du langage de n’importe quelle façon, pourvu que ces moyens expriment le plus important: l’expérience poétique.”
REVERIE POETIQUE. Michel Ozenne. “M.J.: le joueur mystique.” Rfl (1969) no spéc. 20. “M.J. avait cette force des sages & des mystiques qui peut transformer beaucoup de réactions & ouvrir, à ceux qui accordent quelque attention à la sous-jacence des choses & des instants, l’univers des rêveries poétiques (c’est-à-dire consciente & transmissible.“
REVE SANS AGRESSIVITE. JEAN-BAPTISTE MORVAN. “SOUVENIR DE M.J.” Aspects de la France (8 juill. 1976):18. “Le rêve [...] peut devenir le signe d’une protestation contre le matérialisme plat, décevant & ‘fonctionnel’ du monde. [...] M.J. transpose dans une sorte de surréalité inquiète & burlesque la vision du monde & de la vie élaborée par une époque radicale-socialiste. [...]. On peut pourtant être frappé par le fait que la forme litt. inspirée par le tumulte intérieur du rêve ou du cauchemar ne recèle jamais chez M.J. une arrière-pensée agressive [...]. Le drame du subconscient tourmenté exigeait chez lui la solution suprême, celle de la conversion religieuse.”
ROMANS-GOUTTES. Béalu. Pour en revenir à M.J. 50. “Le terme de p. en prose choisi par son auteur est impropre pour désigner ces textes. Il s’agit plutôt de romans-gouttes, comme on devait dire plus tard romans-fleuves. Et ces gouttes souvent ressemblent à des diamants durs & noirs ou se gonflent, au contraire, pour s’iriser du merveilleux arc-en-ciel du rêve.”
REVUES
AGUEDAL. En 1938, écrit Jean Denoël, “Lorsque les directeurs d’Aguedal me demandèrent de composer un no de leur revue qui serait un hommage à M.J.; je dois dire qu’à cette époque Max étant un peu délaissé, c’est avec joie que j’acceptai. C’est à Michel Levanti que je demandais de vouloir présenter aux lecteurs d’Aguedal la vie & l’oeuvre de M.J., sachant sa connaissance parfaite (à mon étonnement) de l’œuvre du poète du CD. Pour sa documentation, je lui conseillais d’écrire au solitaire de St.-B., ce qu’il fit. De cette époque date une corr. entre les deux poètes qui ne devait cesser qu’avec la mort. Hélas! elle est en partie perdue, perdu aussi ce questionnaire que le jeune poète adressa à Max & auquel il répondit point par point; j’en déplore la perte, c’eût été un document intéressant pour l’histoire litt.”
---. LML. 72. St.-B. 27 oct. 1938. «J’aime sincèrement cette revue Aguedal. Son oeuvre de faire le pont Gibraltar est plus qu’utile.» P. 78. L. à Jean Denoël & M.L. «Tout cela je le dois à toi, J.D., envers qui je suis un roc d’ingratitude. Ce rude labeur que tu as labouré pour consoler mes solitudes. Et ce beau numéro clair, limpide & nourri, chaque p. a coûté des l. & des l. & des attentes & des soirées & de grands frais. Je le garderai moins comme un témoignage de mes pauvres mérites très exagérés par l’amitié que comme un témoignage de cette amitié. Et je dirai à 80 ans à mes héritiers: ‘Voyez comme ils m’aimaient!’ »
COMOEDIA. «Le quotidien paraissait à Paris; il contenait peu de nouvelles politiques; ses colonnes étaient consacrées au théâtre, aux livres, aux expos. Cepandant la politique transparaissait dans les critiques des pièces & des romans.» Ilya Ehrenburg. Les deux pôles. Air du temps, 1964. 179.
ANDREU.. VM. Annexe X. “Le 1er avr., Comoedia annonçait la mort de Max & osait écrire, sauvant l’honneur (?) des journaux de Paris, ‘tout ensemble humoriste, chantre mystique & dessinateur, (il) laisse aux j. poètes le souvenir d’une amitié pleine d’efficacité & de vertus. La publication de sa corr. devrait en apporter un jour le témoignage.’”
L. A F. SENTEIN. 6 mai 1943. Op. cit. 555. «On m’envoie parfois une ou l’autre revue ou des articles de vieux amis dans des journaux toujours jeunes comme Comoedia.»
COMMERCE. «La revue des esthètes parisiens.» Ilya Ehrenburg. Les deux Pôles. Air du temps, 1964. 181.
FEUX DE PARIS. LJF, 250. 21 déc. 1935. “Bravo pour la revue très distinguée & sans une faute de goût [1er no du 12 déc. 1935].”
LACERBA. LJRB. II. Note 81, p. 155. “Papini & Soffici avaient rompu avec la Voce en 1912, & avaient lancé Lacerba qui durera de 1913 à mai 1915. Cette revue florentine s’était placée d’emblée sur des positions d’extrême avant-garde, en compagnie de Marinetti & des futuristes, très proches des tentatives de regroupement politico-litt. de Mussolini avec sa revue Utopia.”
“LA LIGNE DE CŒUR était une petite revue de poésie dont J. Cocteau avait été le parrain, dont le dir. vivait à Nantes, qui s’imprimait à Alençon. Ses collaborateurs venaient des quatre coins de l’horizon & elle trouvait à Paris des lecteurs.” Préface des PMG, 9,
“LITTERATURE décerne à chacun les éloges qu’il mérite. 3:18 (mars 1921): 4. [Les votes pour M.J.].“Aragon: 1, Breton 0, Gabrielle Buffet 0, Drieu la Rochelle 10, Eluard 13, T. Fraenkel - 20, B. Péret 4, G. Ribemont-Dessaigne -7, J. Rigaut 1, Soupault 1, Tzara 3=0.127.”
“NORD-SUD. 16 nos du 15 mars 1917 à oct. 1918. Dir. Reverdy. Unir toutes les tendances modernes dans les lettres & les arts les groupant sous l’égide d’Apollinaire. Collaborateurs peu nombreux: Apollinaire, M.J., Dermée, Roch Grey, Vicente Huidobro, Marinetti, Savino & les futurs poètes Dada & surrealistes Soupault, Breton, Aragon, Tzara. Ils veulent mettre fin à toute trace du symbolisme.” “Reverdy, n’ayant pas voulu - ou pas pu - imposer un caractère surréaliste à cette revue qui, faute de moyens, cessa de paraître, les futurs “Dada’ créèrent Littérature, à laquelle collabora Reverdy, toujours admiré par Breton & ses amis.” Noëmi Blumenkranz. Dict. gén. du surréalisme. Dirigé d’Adam Biro & René Passeron. PUF, 1982. 302.
PAN, PHALANGE, VERS & PROSE. LJRB, II.152, n. 4. “M.J. est alors en relation avec Pan, rev. post-symboliste qui publiera en déc. sa Couronne de Vulcain; avec la Phalange (1906-1914) de Jean Royère, à laquelle collaborent Apollinaire, Salmon, Hertz & avec Vers & Prose (1905-1914) de Paul Fort, plus ouverte & dont les ‘mardis’ à la Closerie des Lilas attiraient la bande montmartroise de Picasso & de ses amis.”
REVUE DES JEUNES M.J. LES AIDE. VM, 211, n. 1. “Max n’a jamais refusé d’aider une rev. de jeunes, même la plus médiocre. Sa générosité était sans bornes. Quand il nous encourageait, Henri Philippon & moi, il donnait au même moment des p. à J. Maret pour ses Feuilles inutiles, à Louis Salou pour Raison d’être, à Julien Lanoë pour La Ligne de coeur & à tant d’autres.” [C’est l’année 1928].
SIMOUN. (Guide ill., p. 379) qui paraît à Oran, était devenue en 1953 la mieux faite revue d’Afrique du Nord. [Simoun a publié un no spéc. Max Jacob].
ROMANTISME, DESORDRE
ALLER CONTRE LA NATURE. LE ROMANTISME EST L’ABANDON A TOUTES LES PASSIONS NATURELLES. A Doucet. 21 fév. 1917. Corr. I. 138. “[...] le christianisme enseigne à aller contre la nature, puisque l’Antéchrist n’est rien autre chose que le démon du soleil (le 666, bête de l’Apocalypse est le chiffre de Sorath, démon du soleil ou création solaire, nature). Or, le romantisme est l’abandon à toutes les passions naturelles.- Un art nouveau ne peut être qu’un art chrétien […].- Au fond, mon admiration pour Ménilmontant & la scène que je vous ai décrite, c’est mauvais! nous n’avons plus le droit d’être romantiques. L’admiration pour les filles, les pauvres, les criminels & les faubourgs, c’est le culte du difforme. Le culte du difforme est un héritage du romantisme & le romantisme est le culte de la nature (nature est synonyme de difforme, comme art est synonyme de forme) & non pas comme on le prétend chrétien & sentimental.” Voir Belaval. Intr. LC. “Ses ennemis, prennent cet ‘air de rêve’ pour l’incohérence & le déclarent incompréhensible.”
LE POETE DEVRAIT DIRE L’INDICIBLE. VM, 271. “Le lyrisme est un état de pensée sans penser, de sentiments sans sentiments, prêt à nourrir une expression harmonieuse. Les mots qui viennent alors sont dits lyriques.” [Voir dern. page des CJP].
ROUGE
“LE DIEU EST ROUGE qui habite le cinquième ciel dans SM, 97. Mais alors Dieu le Père, le Dieu Rouge du cinquième Ciel, qui séjournait chez la Lune, envoya toute l’armée des anges.” - Dans un article publié en 1924 in Philosophies, M.J. souligne la signification de la couleur du ciel de Mars. L’esprit ou l’ange n’était pourtant pas du Ciel de Mars, mais cette couleur avait son expression dans l’ensemble significatif: elle convenait au temps dans lequel l’apparition avait lieu: elle voulait exprimer que la révolution morale qu’elle apportait était due à l’époque naissante alors du règne du ciel de Mars (lequel nous a valu la guerre & l’état d’esprit révolutonnaire du monde moderne). - Cette couleur active facilitait peut être la matérialisation de l’image.” [Voir VM, 68].
SYMBOLISME DE LA COULEUR. LRR, 112, n. 111. “Selon les trad. antiques, le rouge pour de nombreux peuples, est en effet la couleur du principe de vie, celui de la régénération de l’être.”
RUE MAX JACOB
“[…] située à l’emplacement de l’ancienne poterne des Peupliers, face à Kremlin-Bicêtre, où plane un souvenir balsacien. Elle traverse le parc Kellermann en train de naître & rencontre, aussi extraordinaire que cela puisse paraître, la rue Paul Bourget, avant de se terminer dans les sables & les excavatrices d’un futur boulevard périphérique. […]. C’est une échappée en arc de cercles, genre autoroute en construction […]. Pas de portes, pas de numéros, aucune boutique.“ Beucler, op. cit. 141-42
RUISSELER
L. GUILLOUX. “MAX JACOB. FRANCE-ASIE NO SPEC. 358. A Saint-Brieux, l’été de 1926, M.J. disait à J. Grenier & à L. Guilloux: “Tous les littérateurs sont des ruisselants. Et ceux qui, par hasard ne sont pas des ruisselants, ce sont des grands: Dostoïewsky, Jean Jacques. Le type du ruisselant: Diderot. Je suis moi-même un ruisselant; LMM, 150, n. 2.
Et Baudelaire, Max! Baudelaire -
- Ce professeur!”
LLP, 19. “J’ai adopté votre système [...] savoir ce qu’on veut dire & laisser couler. C’est très agréable...” LMM, 150, lettre XVII, n. 2.
LMM, 58. Déc. 1939. “il y a des écrivains qui digèrent les impressions & ceux qui rendent de suite en ruissellement (comme les femmes) il y a tout -. Il y a surtout ceux qui ont le pouvoir de construire avec de l’humain & ceux qui n’ont pas ce pouvoir.”
VM, 269. Andreu cite M.J. “Etre poète, c’est ruisseler c’est-à-dire sentir moins qu’on ne le dit.” D, 177. A Emié de 1941.
LE SABOTIER JULES MOREAU
LE SABOTIER DE St.-B. “beaucoup plus distingué que J. Cocteau, Giraudoux & Paul Valéry”, lit dans la chambre du poète les prem. chants de PMG, sans savoir qui est Morven: ‘Tiens, c’est original, ça c’est pas comme tout le monde.” Pérard, op. cit. 37.
---. A Lagarde. Chez le dr. Benoiste. Morbihan, s.d. [1937]. PJ, 435. “Le petit sabotier saint est mort: il est mort à 60 ans. Je ne peux m’en consoler. Ses enfants ont vu une grande lumière autour de sa tête au moment du dernier soupir. Ils ne comprennent pas ce que ça veut dire.”
---. LML, 50. 15 mai 1937. “Il y avait ici un petit vieux sabotier, chantre à l’église, ancien soldat, moustachu, humble, serviable jusqu’à la manie, aimant le chant grégorien, amateur de vieux marcs […]. Quand il est mort il a poussé un grand cri & sa fille [...] a vu une grande lumière derrière sa tête. Il a eu un enterrement comme Victor Hugo: bannières, drapeaux, fleurs; il y avait des riches, des pauvres, des gens de Paris, des autos. Ce qui prouve qu’il n’y a pas de castes quand l’Esprit s’en mêle. Je pleure de vraies larmes à son souvenir. Il venait chez moi tous les jours & m’apportait du café dans une bouteille thermos. Il avait été élevé jadis par des moines que 1901 a chassés & qui reviennent seulement maintenant.”
SACRE COEUR, COUP DE LANCE, CINQUIEME PLAIE DU CHRIST
L’Abbé Weill qui lui avait vanté le Sacré Coeur. (Il en riait de cette patisserie). [Cité par qui??].
A Emié. D, 169. (l’été 1941). «Il faut s’unir aux choses. Cette union est signifiée par la goutte de sang unie à la goutte d’eau qui sortent après la lance, l’eau & la matière, le sang & l’esprit. Si tu t’unis aux choses, tes mots descendront dans ta poitrine.”
Andreu. MJ, 97. Le sens de la plaie du coeur, telle est en effet l’origine de la dévotion de Max au Sacré-Coeur. «Cette jonction entre la tête & le cœur, dont Max dira toujours que les surréalistes ne l’ont pas faite – chez les surréalistes il n’y a que les mots, il y a les mots sans les maux […]. Les mots appellent les maux pour ne pas rester plainte inarticulée.»
AP, 11. “Le culte du Sacré-Coeur, le coup de lance ou cinquième plaie est le culte & la marque physique de l’intelligence profonde. Les grandes pensées viennent du coeur, dit un moraliste. Ce qui signifie qu’on ne pense bien que les idées devenues forces de conviction ou sentiment. C’est avec cette intelligence physiologique qu’il faut écrire.”
Boîte à clous no spéc. s.p. [14]. ‘Paradis.’ “La charité couvre une multitude de péchés, mais ai-je la charité, c’est-à-dire l’union avec les choses & les gens ?”
COMME LA LANCE DU SOLDAT PENETRE JUSQU’AU COEUR DU CHRIST – IMAGES EMPRUNTEES AU CHRISTIANISME. «LA POESIE DOIT PENETRER AU COEUR DES CHOSES, LES ATTEINDRE dans leur réalité vivante & les livrer vives dans le poème. L’eau & le sang mêlés symbolisent l’union de l’esprit & de la matière, la vraie réalité pour le poète: la réalité spirituelle. […]. L’émotion artistique est ainsi le signe que la vie prend conscience de la vie & y participe.» Marc le Bot. «M.J. esthéticien.» Europe no spéc. 51.
LE COUP DE LANCE. “Le vrai sens de la rel. cath.” Cah. M.J. 5. 29. “Un soldat, pour s’assurer de la mort du Seigneur, le frappa de sa lance au côté [...]. Et qu’est-il donc sorti de cette plaie ouverte? Du sang & de l’eau, nous savons le sens de l’eau, qui est la matière, & celui du sang, qui est l’esprit: voici donc réalisée l’union du sang & de l’eau. C’est comme si Notre Seigneur nous disait: ‘Quelles que soient vos perfections intellectuelles, si vous ne parvenez pas à l’union de votre esprit avec la matière, c’est comme si vous n’aviez rien.’ - Cette union est la compassion absolue. Le nouvel esprit apporté par J.Ch. au monde. [...] car la charité n’est pas seulement le don, mais la compréhension accompagnée par la compassion.”
“LE CULTE DU SACRE-COEUR date de la fin du XVIIe siècle, où l’Eglise l’institua à la suite d’une apparition christique de Sainte Marguerite-Marie qui rapporta les promesses du Seigneur ‘en faveur des personnes qui honorent son divin coeur’ selon les termes du Missel.” “Vin-sang-esprit.” Op. cit.
«LA LANCE QUI A TRAVERSE LA POITRINE DE NOTRE SEIGNEUR J.CH. EST LA LA FLECHE INDICATRICE DU CHEMIN QUE PRENNENT LES IDEES POUR DEVENIR VALABLES.» Rousselot, op. cit. 163 cite des CJP.
«IL FAUT D’ABORD ETRE HOMME, PUIS HOMME-POETE. CE SONT LA LES ETAPES D’UN ACCOMPLISSEMENT, PRESQUE LES DEGRES D’UNE INITIATION: l’exercise de la poésie demande un engagement total de l’homme. - Il enseigne d’abord une méthode de la vie intérieure parce que la beauté n’existe pas quelque part dans le ciel des images: elle se crée. L’art avant tout est invention, création d’idées poétiques. – […] le coeur du poète nourrit le poème, mais l’émotion n’est que le point de départ. La poésie n’est pas ce qu’on croit trop souvent le véhicule des émois, le p, le prétexte aux effusions sentimentales. […] les sentiments personnels […] n’intéresse personne.» M. le Bot. Op. cit. 47, 48, 49, 50.
JEAN ROUSSELOT, op. cit. 163, voit une contradiction entre l’explication du Sacré Coeur in CJP & les idées qui viennent du ciel des images. Explication dont M.J. veut faire l’argument décisif de ses CJP: ‘la lance qui a traversé la poitrine de Notre Seigneur Jésus-Christ est la flèche indicatrice du chemin que prennent les idées pour devenir valables.’ D’autre part, ‘le sang & l’eau sortis du coeur’ sont l’image de ‘l’union de l’esprit avec la matière qui est la seule compréhension valable.’ “L’union de l’esprit avec la matière dont M.J. nous dit voir l’image dans ‘le sang & l’eau sortis du coeur’, alors qu’il ne s’agit pas là d’une image, mais d’un symbole & de la plus belle eau chrétienne: l’image & le symbole, le poète & le croyant sont ici d’accord; Cosmos & Dieu ne font qu’un; leurs épousailles n’engendrent qu’eux-mêmes; ils naissent l’un de l’autre.”
L. A GUEX-GASTEMBIDE. Cahs. Bleus. No spéc. 65 ; nlle éd. 1994. 107. “J’appelle l’intelligence de Reverdy une intelligence chrétienne. Celle-ci est définie par le coup de lance après la mort du Parfait. Du Sacré-Coeur il sort de l’eau & du Sang. Qu’est-ce que l’eau? Est-ce la matière? C’est plus que la matière, c’est l’essence des choses. Vénus qui est la nature est sortie de l’eau. En occultisme on enseigne qu’il n’y a pas de matière, il n’y a que des essences [...] il est question dans l’Ecriture des ‘Eaux du désespoir’, des ‘eaux de la joie’ & Joseph est abandonné par ses frères dans une citerne pour indiquer que Jésus ira jusq’au plus profond de l’humain.- Quant au Sang, nous savons qu’il est l’Esprit ou compagnon de l’Esprit [...]. Que conclure? sinon que l’union de la matière & de l’Esprit sont l’essentiel de l’intelligence. Le corps du Parfait ne serait l’esprit parfait qu’après l’union de l’eau & du Sang. Intelligence Concrète! Voilà la leçon du Sacre-Coeur. Donner des exemples quand on explique. Avoir un style fait d’objets & non d’abstractions. S’opposer à l’esprit juif qui est un esprit philosophique. L’esprit chrétien c’est l’esprit de Fabre analysant des insectes & non celui de Bergson. Il y a plus de catholicisme dans Jean Follain que dans Lamartine. Reverdy fixant une lampe ou son reflet jusqu’à l’hallucination est un poète chrétien. Je crois que nous nous comprenons. - J’ai honte du terre à terre de cette lettre; je n’ai plus ombre de coeur; ça s’use. Assez pourtant pour aimer mes amis: Reverdy & vous.”
LJC, 46. 24 mars. 1926. “Un jour j’ai répondu à un séminariste de St.-B.: “Savez-vous ce que signifie le Sacré Coeur? Bé dame, oui! c’est la charité! Peut-être, mais c’est aussi autre chose!’ Et je lui ai expliqué la signification mystique du couronnement d’épines ou méditation (l’esprit de pénitence de Jean Baptiste), des clous aux mains qui sont l’intelligence terrestre percée, saignante, accomplie, des pieds qui sont le signe zodiacal des Poissons, signe de l’humanité & de l’Esprit religieux théologique. Toutes ces intelligences ne sont rien sans le coup de lance au coeur ou descente de tout cela dans la poitrine: foi, conviction, compréhension absolue: l’intelligence des poètes. Tu as mêlé ta tête & ton coeur [...]. Tu as mêlé chrétiennement ta substance à ton œuvre” ; MJ/JC, 411. 29 mars [1926].
LJF, 251.21 déc. 1935. “Oui l’intelligence est concrète. J’ai souvent expliqué, la goutte de sang & l’eau du coup de lance au Sacré Coeur comme l’union de l’esprit sang à la matière, eau, donc... concret.”
LLG, 54. 13 sept. 1941. “Si les chrétiens n’ont pas le grand amour bouddhique pour les bêtes, les plantes & les pierres c’est, qu’ils comprennent mal leur religion. Quand le Seigneur meurt il sort de son Coeur du Sang & de l’Eau, or l’Eau c’est la nature (plante, pierre & bête) & le Sang est esprit. Voilà l’union de l’esprit & de la matière c.à.d. l’amour. Voilà le sens du mot Charité, dont les théologiens essaient en vain de donner une définition. La sueur de sang dont il est dit qu’elle tombait jusq’à terre a le même sens & aussi les chutes de Dieu tombé sous la croix. Les chrétiens se bornent à admirer St. François d’Assise disant: ‘mes frères les poissons, mes frères, les oiseaux, mes soeurs les plantes’ sans d’ailleurs comprendre saint François d’Assise” ; France-Asie, no spéc. 364-65.
LLP, 86. 19 avr. 1927. “Chère princesse, j’apprécie ces énormes détails, c’est là qu’est la bonté, la beauté, la finesse, la vraie charité exquise, celle qui plaît à Dieu parce qu’elle est l’esprit mêlée au cœur! Comme la goutte d’eau s’est mêlée au sang de Jésus après le coup de lance à la poitrine: c’est le sens du culte du Sacré-Coeur, & le sens de celui que j’ai pour le vôtre.” [Il remercie un cadeau, des bonbons, des fruits confits].
LMLE. 1er nov. 1923. «L’épisode conté par Saint Jean, selon qui du sang mêlé à de l’eau coula du flanc du Christ lorsque le centurion le transperça de sa lance, constitue le fondement & le thème obsessionnel de l’esthétique & de l’éthique chrétiennes selon Jacob: il exprime la nécessité d’unir l’esprit à la matière & de développer une intelligence sensible.» Voir CJP, 25, LEJ, éd.Alexandrie: Scarabée. 50. «Descends! le Ciel est en bas!» N. 243.
LRR, 63. 22 juill. 1930. “Je vous recommande le Sacré-Coeur. La base de ce culte est le coup de lance donné au cadavre parfait. Il est sorti du sang & de l’eau, le Sang est Esprit, l’Eau est matière. Unissons donc l’esprit à la matière; c’est l’intellience chrétienne. Après l’apparition: ‘Je prie Dieu qu’il enlève l’eau que j’ai dans l’esprit.’ Note 81, p.109. “L’image du Sacré-Coeur pourrait permettre de résumer toute la pensée rel. morale & esthétique de M.J., tant il l’a chargée de valeur symbolique. Il l’explique un nombre incalculable de fois, & d’une manière précise dans cet article “Vin Esprit Sang” op. cit. s.p. ‘Le coup de lance & ce sang accompagné d’eau sont à l’origine du culte du Sacré Coeur [...] car l’eau étant matière & le sang, esprit, cette jonction des deux nous montre que l’esprit doit s’unir à la matière pour la vraie intelligence, laquelle est acte d’amour ou charité’ ”. La signification symbolique du Sacré-Cœur serait-elle à l’origine de sa vénération surprenante, chez un artiste qui a détesté le ‘bourgeoisisme’ & les saintes Sulpliceries, pour la basilique du Sacré-Cœur à Montmartre? ”
MAUVAIS GOUT selon Rousselot. Créer no spéc. 36. “Extr. d’une contribution à une esthétique de M.J.” “[...] son goût assez inexplicable pour le Sacré-Coeur. ”
MAX ECRIT QUELQUES LIGNES ENTHOUSIASTES(à propos du livre de Jean Desbordes J’adore). “Elle (la véritable intelligence) mélange des sentiments comme le sang & l’eau coulaient sur la poitrine de Jésus parfait. Un grand artiste est une intelligence véritable. Le génie est une intelligence directement divine. La véritable intelligence connaît les idées (les pauvres idées) & s’en sert quand elle souffre. C’est de l’admirable Jean Desbordes que je parle.” Et à P. Reverdy qui avait très violemment réagi M.J. écrit de Benodet: ‘Je ne crois pas que le livre de Desbordes J’adore, soit un mauvais livre & je ne rougis pas d’aider à sa diffusion. Je crois que la conversion de la France doit être un changement d’intelligence [...]. Le livre de Desbordes me semble un monument de l’intelligence nlle, perdue, retrouvée…’” VM, 209. “L’apparition de Jean Desbordes.” Fac. sim. PJ, 304-05. L’article publié in Annales politiques & litt. (1 août 1928): 113.
“M.J. poète & peintre de Dieu.” par R. Szigeti. Créer no spéc. 51. “[…] ce combat de Jacob avec l’Ange, sont, très exactement, le sujet & l’objet de son oeuvre. - Une phrase en est la clef. Ecrite. Dessinée. Répétée. La voici telle que ma mémoire la garde: ‘La lance qui transperce la poitrine de N.S.J.C. est la flèche indicatrice du chemin que doivent prendre les idées pour devenir valables.’ Et il commente: ‘Méfie-toi de l’intellectualisme. Le cerveau n’est capable que de fournir des idées qui, toutes, viennent du monde des idées. Or, il faut vivre de sentiments, qui siègent dans la poitrine, dans le ventre. Il faut transformer les idées en sentiments. Fais descendre!”
“LA POITRINE COMPREND MIEUX QUE LA TETE: c’est le sens de la plaie du cœur !” DT. 45. “Significations.”
POETRY UNITES MATTER & SPIRIT. J. M. Schneider, op. cit. 49. “[…] symbolical view of language […] provided quasi-scientifc support for Jacob’s intuitive belief that poetry united matter & spirit. - As an occult object, the poem’s function was to reveal the supernatural, & Jacob signified that poetic capacity by the terms ‘situation’ & ‘transplantation’ ” ; 58. “[…] the trajectory of the spear piercing Christ’s chest figured the passage of external stimuli into the poet’s psyche. ”
«LE SACRE COEUR DEVIENT LE SYMBOLE de la compréhension & de la charité chrétienne. La transposition de l’idée abstraite en émotion & en langage poétique concret. «Elles [les idées] cessent d’être des idées si vous les ressentez à mort, si vous les ressentez avec passion, avec expérience, si vous les transformer en sentiments. Cela est la signification du culte si méconnu du Sacré Cœur. La lance qui a traversé la poitrine de N.-S. J.-C. est la flèche indicatrice du chemin que prennent les idées pour devenir valables.» (CJP, 21). Pfau, 223. [Trad. M.G.].
SAGE-FEMME DES JEUNES ECRIVAINS. MIMETISME. Emié. D. 136. “Quel que fût le livre qu’on lui soumît, il ne le lisait jamais qu’avec la plus pointilleuse minutie [...] le mimétisme qui lui avait permis de ‘prêter sa plume’ aux héros de son C entrait en jeu à son tour, dès que, penché sur un roman ou un poème, il se mettait automatiquement dans la peau de son auteur.”
SAINT-BENOIT
G. GABORY. “Voyage à St.-B.” DISQUE VERT, no spéc. 40. “Je le retrouve exquis, affable (‘je suis un homme à fables’, écrivait-il à M. Paul Morand), gai, triste, enjoué, parfois un peu grognon, ‘tel qu’en lui-même’, comme nous le disions par plaisanterie, tel que je l’avais quitté. Il a fui Paris, les cancans, les histoires: Un tel a dit qu’un tel, etc., pourtant les obligations mondaines l’ont poursuivi jusque dans la campagne orléanaise. [...] quand il traverse la grande rue du village, […] s’il ne va pas ensuite chez le sellier, celui-ci lui tiendra rigueur de s’être attardé à causer avec le sabotier (un homme fort aimable, le sabotier & qui nous a offert d’excellent marc). Il a fui Paris, mais non pas l’ennui, non pas les soucis de la vie littéraire: envoyer des vers aux petites revues, corriger des épreuves, répondre aux enquêtes.”
LJF, 239. 14 juin [1935].“Ah! que ne puis-je toujours vivre en cette ‘plaine de grâce’ épithète terrestre & métaphorique de St.-B. & de la Ste vierge.” 242. [Juill.] 1935. “Dans trente ans, toi aussi, tu rechercheras un St.-B. & tu te souviendras de moi: ‘Ah!’ diras-tu ‘qu’est-ce qu’il a dû prendre aussi ce vieux-là!’
LTB, 49. 30 nov. 1936. “Je suis revenu à St.-B. où j’ai l’intention d’acheter un petit terrain au cimetière. Le forgeron & le sabotier m’ont promis d’y apporter des fleurs.”
A KAHNWEILER. Inéd. 30 sept. 1939. Album Pour D.-H. Kahnweiler. Stuttgart: Hatje, 1965. 305. «Je n’ai jamais pu vivre qu’avec les grands hommes; j’expie à St.-B. ce goût trop pimenté.»
A LEONARDI. P. Tuarze. Op. cit. 78. S.d. “J’ai habité 3 mois un presbytère dans la verdure. J’ai changé de domicile mais non d’adresse; je suis presque seul dans une immense bâtisse où j’aurais presque peur si on pouvait avoir peur en compagnie du Seigneur notre Dieu. Mon cabinet de travail a un étage presque de hauteur & deux immenses fenêtres sans rideau dans l’épaisseur du mur. Ma table occupe les deux fenêtres. C’est là que je passe maintenant des jours de paix, de soleil & de silence. C’est le bonheur absolu. Je suis si heureux que quelquefois je pleure de joie, en me demandant si cela peut durer & ce que j’aurai de plus au Paradis.”
LLP, 28. 23 sept. 1921. “[...] ici la prose, les vers coulent comme une rivière! Les oraisons aussi. On est si près de Dieu qu’on voit les hommes comme il les voit: & c’est cela la vérité.”
---. 23. 25 juin 1921. «Enfin! me voici dans une maison qui ressemble au petit Trianon. Je travaille dans une petite cellule grise & très claire, sans meubles, dont la fenêtre à petits carreaux me verse du soleil, l’odeur des lys & des roses & parfois une grosse mouche ou un papillon. La salle à manger où deux prêtres gais & polis sont servis par une servante distinguée est Louis XVI délabré! Nous sommes au bout du bourg & près d’une énorme basilique jaune & rose en plein champ (monument historique). Le bourg est raide, froid & cossu. Les gens sont pratiques, lourds, clairs, intelligents & beaux. Le pays est plat. La Loire dans les champs est ronde & calme.»
OXENHANDLER, Intr. LJF, 235-36. “His friends still came to visit him, at least for a time. Eluard, accompanied by Pierre Berger & Jean Fraysse, visited him in 1942 & Picasso in 1943. Max’s visitors had to come on his terms. While he continued to write & paint - the sale of his gouaches was a major source of income - his daily life was regularized by & adapted to the hrs of the Church. Every morning, sometimes with great effort, he wrote his daily meditation, heard two Masses, wrote & painted. He invariably treated his guests to a tour of the Basilica & a walk along the Loire. Inevitably, because this was his passion. Max tried to share his faith with his guests, adapting the tone of the catechism to an astonishing variety of registers - suiting it to a L. Emié, an Y. Belaval, a M. Béalu, a R. Lannes - wry, comic & serious in turn.”
LES PLUS LABORIEUSES ANNEES DE M.J. H. Dion. Max Jacob no 5, 43. “Si un jour je deviens célèbre, tu pourras dire que c’est là, à la fenêtre de droite du prem. étage, que je suis resté 7 ans; les plus laborieuses années de ma vie. Je ne perdrais pas une minute. On aurait entendu voler une mouche dans la chambre.”
SALIR DES LIVRES
ANDREU. VM, 280. “Après la visite d’Eluard, d’autres amateurs éclairés notamment le célèbre relieur Paul Bonet, prirent l’habitude d’envoyer à Max, en glissant un billet entre les pages, des exemplaires de luxe de ses oeuvres pour qu’il les orne de gouaches & de dessins. Il y gagna un peu mieux sa pauvre vie. Dans la dern. l. que Belaval recevra de lui, il fera allusion à ce petit trafic qui l’empêche de mourir de faim. ‘Oui! j’écris parfois des poèmes démodés. Le plus souvent je travaille à salir les exemplaires de mes livres que m’envoient les bibliophiles qui se souviennent de mon nom. Un livre de 300 fr. en vaut après cela 3000 & la dorure m’en reste aux doigts.” (Note 2. Consultez le très beau cat. de la vente P. Bonet, les 22 & 23 avr. 1970) & le cat. de la vente d’un ‘amateur’ (le colonel Sicklès) les 23 & 24 mars 1981.- En 1981, en vente publique, certains de ces livres atteindront cent mille francs (nouveaux).”
---. LCB, 28 juill. 1943. “Les libraires bibliophiles m’envoient des exemplaires de moi à décorer, à illustrer. La dorure m’en reste aux doigts. Je lis alors mes livres pour la prem. fois avec beaucoup de dépit… Je voudrais les refaire.”
---. LCHG, 22 sept. 1943. 84. “Des librairies de luxe m’envoient les exemplaires de feu mes livres à salir. C’est mille fr. à chaque coup.”
---. A LEONARDI. 5 janv. 1944.Tuarze, op. cit. 103. “On me donne des exemplaires de mes tiers à illustrer. Ils sont devenus rares & coûtent cher je les ai un peu salis & valent encore plus cher & il m’en reste un peu d’argent.”
---. LTB, 143. A Moricand, 18 août 1943. “C’est sans doute pour essayer d’atteindre ces zéros impressionnants qu’on se donne à salir des pages imprimées au lieu de 700 c’est sept mille alors, j’imagine. La dorure en reste à mes doigts, sous forme d’un billet de banque qui vaut 33 fr. en Suisse & mille à Paris.”
SANG
ADES. Paris: Chroniques du jour. S.d. 12. “[...] ce qu’on recherche dans une oeuvre, c’est le sang même de son auteur.”
“L’ADORATION NOCTURNE AU SACRE-COEUR DE MONTMARTRE.” DT, 184. “Le gâteau d’Amour est dans ton estomac,/ Et voici la présence en toi/. Qui a la fève du gâteau des Rois?/ C’est-à-dire l’absolue révélation de l’Amour:/ Celui dont le sang ruisselle d’onction/ Avec l’eau & l’impossible expression.”
AGUEDAL. No spéc. de 1939. 138. Paul Petit cite M.J. «Car la vraie poésie est faite avec du sang & non avec du vernis pour les ongles.» –«Un peu de beauté (si peu!) - écrit-il à Paulhan, coûte du sang.» 2 nov. 1919. VM, 118. (Quand il met au point le C 6 ans de travail en 6 semaines).
L’ANGE DE PARIS. “Passion… Compassion… une goutte de sang pour chaque homme.” MP, 19.
A UN DEST. INCONNU. Coll. Didier Gompel. “Quant au sang, nous savons qu’il est l’Esprit ou compagnon de l’Esprit. Le Sang répandu donne l’Esprit à la terre, dans le Sacrifice Divin. Comme dans les sacrifices - images de l’Ancienne Loi.”
“CAR IL SAVAIT QUE LE SANG & L’ESPRIT SONT MEME SUBSTANCE.” G. Bounoure. “Une complainte mystique.” Monde, mars 22, 1969, p. IV.
“CAR LE RELIGION, LA SAINTE REL., CE N’EST PAS DES ROSES BENITES QU’ON DISTRIBUE AUX ENFANTS; ce n’est pas les flonflons de l’orgue dans les fêtes solennelle... c’est le Sang du Christ.” H. Dion. MJ no 5, 40.
“C’EST LA PLUIE, LA PLUIE DU SANG DE JESUS/ l’homme est dans la rue, les dieux au-dessus./ […] C’est l’esprit, l’esprit!/ Que tous nos écrits/ de la science à l’art/ soient de Jésus-Christ le papier buvard!” HC. 35.
CHAQUE FLEUR SUR LE PAPIER/ A DU SANG SUR LES AILES,/ CHAQUE ANIMAL A DU SANG/ SUR SES PETALES. VI. Cité par Frank Onnen. “M.J. en de Muziek.” Roeping, 58.
“COCTEAU DIT quelque part que son sang, c’est de l’encre rouge. Avec M.J., c’est le contraire. Son encre rouge, c’est son sang.” Stanislas Fumet. “M.J. & l’humour sacré.” Vie intellectuelle (oct. 1950): 313; “Un écrivain doit écrire avec son sang.” Villard cite M.J. in “M.J à Quimper…” Op. cit. en exergue.
“COMME L’A BIEN MONTRE le P. Blanchet dans son Intr. à la DT, M.J. était sans doute fidèle à la trad. juive qui connaissait le sacrifice du Juste persécuté, du Serviteur souffrant d’Isaïe des Psaumes, que nous voyons s’appliquer exactement à J.Ch. - Il n’avait plus d’apparence humaine [...] etc [...] Cepandant [...] M.J. n’a vu qu’une face de la Croix: le côté horrible, qui est très exact. Il n’a pas vu le côté profond qui est l’âme du Christ. Elle est plongée dans les affres de l’angoisse, mais elle baigne dans la splendeur du dévouement absolu, dans le sacrifice rédempteur offert par amour pour le salut de ses bourreaux, & qui effectue ce salut.” Rfl no spéc. 16. “M.J. & la Croix.” Père Grégoire. “M.J., le Serviteur souffrant.”
“LES DEUX CHEVAUX “ POEME INEDIT. Le jeune cheval hennissait & montrait/ les dents:/ il disait au garçon d’écurie:/ ‘Vous me faites souffrir!’/ La vieille jument regardait/ son soigneur ou saigneur d’un oeil triste.” Monde no spéc. 1976. Dunoyer. “La légende allégée.”
“ETERNEL GAZON DE NOS TETES.” HC, 40. “En descendant la chair & le sang de l’Esprit/ dans la sphère cerclée par les dix infinis/ vous avez métamorphosé la créature/ le pâté du cosmos,/ ce bouillon de culture.”
“GUERISON DE L’AVEUGLE.” “Au feu sur l’eau je guéris ma blessure/ Avec Ton sang, Jésus l’Hospitalier.” Le refrain de ce p. est “Corps d’Apollon… je veux la Sainte Face.” Poésie 20 (juill.-oct. 1944): 34.
L’EAU & LE SANG. “ESSAIS & POEMES.” Roseau d’or (1951): 166. Méd. “Pourtant tu es là pantelant de douleurs & de joies. Ainsi es-tu fait pour mourir avant d’être mort & vivre avant d’être né! Et à ce qui n’est pas, dis adieu aussi. Ouvre ta fenêtre! C’est ton cercueil qui passe: voilà la vie, ta vie qui passe. C’était une eau. Eau par quelle lessive ouvrière. Souillée, par quelles sources minérales empoisonnées, vers quelle rivière, & quel océan céleste ou non, car il y a les eaux du ciel. Deux chevaux s’abreuvent: celui de Tancrède & celui de Klingsor. Deux chevaux boivent à ton bord. Heureux chevaux qui ont bu l’eau du ciel: j’ai souillé non pas l’eau mais le sang & l’eau du Seigneur. Tout passera comme l’eau d’Héraclite. Moi je compte beacoup sur les autres: est-ce qu’on va me laisser damner?” ; MJ/JM, 93. 6 (juill. 1931) avec quelques variations.
ESTHETIQUE DE M.J. Marc Le Bot. «M.J. esthéticien?» Europe, no spéc.49- 50. «La poésie n’est pas ce qu’on croit trop souvent […] le véhicule des émois, le prétexte aux effusions sentimentales. […] ‘ la poésie moderne est objectivée.’ dit M.J. […] ‘le poète moderne est ‘épique’. […]. Le monde de l’épopée dont parle M.J., c’est la totalité du monde, tous ses objets, tous ses signes, toutes ses forces. C’est la poésie ‘objectivée’. L’épopée, c’est la passion de la vie dans toutes ses manifestations. […]. La poésie est une exploration du monde qui demeure toujours à entreprendre. L’expérience poétique […] a pour objet la totalité du réel.»
“JESUS-CHRIST, EN TOMBANT SOUS LE POIDS DE LA CROIX, touche la terre, parce que la terre a enrichi l’esprit quand l’esprit s’est uni à elle.” “Les dix plaies d’Egypte & la Douleur.” Cah. M.J. 5, 16.
LJF, 239. 14 juin 1935. «Oui je te donnerai ‘Guillaume’ pour oct. Si tu faisais de gros bénéfices avec ces numéros tu pourrais peut-être donner un ‘tant pour sang’ à l’auteur. (Note 3. Typical play of words; i.e; tant pour cent. Note 2. First ref. in this corr. to the vol. Jacob was preparing on the poet Paul Guillaume. Note the ambiguity of the title “Guillaume,” which might refer either to the memoirs, concerned largely with G.A., or the commissioned vol. on P. Guillaume).»
---. P. 251. 21 déc. 1935. “Oui, l’intelligence est concrète. J’ai souvent expliqué, la goutte de sang & l’eau du Coup de lance au Sacré Coeur comme l’union de l’esprit sang à la matière, eau, donc... concret..”
LUA, 21. 28 oct. 1923. “Faire plus de vers que de prose, de vers même mauvais mais puisés au sang. Le sang parle toujours & se fait écouter. ”
NIETZSCHE AVAIT DIT: «Il faut écrire avec son sang.» Cité par Elisabeth de Gramont. Souvenirs du monde. Grasset, 1966. 409.
“PASSSION... COMPASSION.. .UNE GOUTTE DE SANG POUR CHAQUE HOMME.” MP, 19.
“PRIEZ DIEU QUE L’ON COMPRENNE/ LE BIENFAIT DU SANG SAUVEUR...” PMR, 54 (1925 éd.).
“LE RELIGION DE N.S. EST DANS LE SANG DE LA CROIX, dans l’horrible curée du Calvaire, dans les sublimes splendeurs de la Résurrection & de l’Ascension.” L. inéd. à l’abbé Legrain, doyen de Jargeau. Rfl no spéc. “M.J. & la Croix.” 14.
SANG ESPRIT, EAU LA NATURE. A L. Guilloux. 13 sept. 1941. “M.J. nous parle.” France-Asie, no spéc. 364-65. “Si les chrétiens n’ont pas le grand amour bouddhique pour les bêtes, les plantes & les pierres, c’est qu’ils comprennent mal leur religion. Quand le Seigneur meurt, il sort de son Coeur du Sang & de l’Eau. Or, l’Eau c’est la nature (plantes, pierres & bêtes) & le Sang est esprit.Voilà l’union de l’esprit & de la matière, c’est-à-dire l’Amour. Voilà le sens du mot charité dont les théologiens essaient en vain de donner une définition. La sueur du sang dont il est dit qu’elle tombait jusqu’à terre a le même sens & aussi les chutes de Dieu tombé sous la Croix. Les chrétients se bornent à admirer St. François Assisi disant: ‘Mes frères les poissons, mes frères les oiseaux, mes soeurs les plantes...’ ”
“LE SANG […] EST CHARGE D’UNE FORTE VALEUR SYMBOLIQUE. Dans son esthétique, il représente l’expérience individuelle, & la sensibilité personnelle: ‘Je trempe mon roseau dans le sang de mon coeur.’ (“Le kamichi” LC, 93.), tandis que dans sa pensée rel., le sang, toujours fondamental, symbolise l’esprit opposé à la matière.” LRR. 105-06, n. 57.
‘LE SANG EST UNE SEVE, IL NOURRIT’ – dit M.J. à R. Toulouse dans les années quarante.” (R. Toulouse l’a cité à Maria Green).
“LE SANG EST EN EFFET LE SIEGE DE L’AME & DE LA VIE POUR LES ANCIENS!” “Le vrai sens de la rel. cath.” Op. cit. 27. “En résumé, verser le sang, c’était verser l’esprit, changer l’esprit. Que personne ne se scandalise de me voir comparer ces ignobles sacrifices de l’antiquité païenne avec le divin & sublime sacrifice qui a purifié le monde. C’est notre Seigneur [...] qui nous a dit qu’il était l’Agneau Pascal, c.à.d. la victime de ce sacrifice que les Juifs faisaient à Pâques [...]. Mais il ne s’agit plus ici d’une image symbolique. Ce n’est pas une erreur comme celle des païens, qui croyaient se renouveler par le sang d’un taureau. […] son sang est Esprit.”
SANG, VENTRE. Plantier. M.J. 29. “M.J. est un artiste volontaire. Inspiré, mais volontaire. Tout doit passer par son corps & par son sang. Il n’est pas le secrétaire des esprits. Il y a dans les inéd. Gompel ce court fragment: ‘Et qui de vous ou de moi voulez-vous étonner par les symboles? ils se greffent sur votre pensée, ils l’empèsent: parlez simplement.’ “Nous voyons là un des principes de l’esth. du poète. P. 124. “La foi de M.J. n’est pas une élévation intellectuelle & abstraite, elle et charnelle [...].”
SANG - DEFINITION DES SURREALISTES
“Le cygne de mon sang a mangé toutes les groseilles du monde.” B.P. (Benjamin Peret). “Le sang c’est le tain du miroir. ” H.P. (Henri Pastoureau). Dict. abrégé du surréalisme. José Corti,1969. 76.
SENSUEL
“MAX ETAIT TRES SENSUEL. Sensuel de tout. Je me souviens, un de nos amis venait d’inventer le no 5 de Chanel & le flacon entre les mains de Max faisait deux jours, il était fou de parfum.” H. Sauguet in Lachgar, op. cit. 59.
SENTIMENT DE CULPABILITE
“AUSSITOT ADOLESCENT, LA LUXURE S’EST EMPAREE DE MOI & si on ne m’avait pas châtié j’y aurais perdu ce qu j’avais d’intelligence.“ «Les péchés.» Rfl no spéc. (sept. 1981): 23.
LE BIEN & LE MAL. Plantier. “M.J. & le plus grand amour de Dieu.” Rfl no spéc. (Pâcques 1968): 9. “M.J. se connaît lucidement. Il n’a jamais cessé de progresser dans sa recherche intime. Il a peur de lui-même. Il n’a pas confiance en lui. Il a d’autant plus peur que son pouvoir de création, par le jeu de sa sensiblité, augmente la puissance de ses souvenirs, de ses impressions, de ses pensées, de ses fautes surtout. A la mesure de ses fautes correspond la mesure de son dégoût de lui-même.”
“LA CONTRITION CONSISTE A SE VOIR VIVRE DANS TOUTE SON HORREUR […] lorsqu’on prend l’habitude de se regarder on s’aperçoit qu’on n’est pas une bien belle chose.” LMM, 66. 21 août 1940.
FLORENS, PAUL. Mail no spéc. 234. M.J. a fait cette confidence à P.F. «Je veux renoncer à l’ironie & faire œuvre mystique.»
“IL VIT LE CHRIST NON AVEC LES YEUX DE L’AME MAIS BIEN AVEC CEUX DU CORPS.” Billy. Max Jacob. Prem. partie. Seghers, 1945, 1969, 1973.
“J’AI DES MOMENTS DE DESESPOIR à considérer l’horreur de ma vie, tissu dont pas un fil n’est pur.” (Après son arrivée à St.B. en 1921, cité par M. Hasquenoph, op. cit. 153).
LAS,23. 14 oct. 1923. “Hélas! je porte le poids d’une vie de hontes! une vie qui m’a empêché de grandir d’au moins 2 cm. car ma croissance s’est honteusement arrêtée avec des vices précoces, une vie qui a perdu mes cheveux & mes dents, qui a rougeoyé mon teint, épaissi mes épaules, voûté mes épaules, blanchi mes cheveux, vieilli avant l’âge. Aujourd’hui, rien ne peut réparer l’irréparable: mais sans aller jusqu’à ce crime envers soi-même & envers les autres (car on peut être un scandale vivant) chaque pas vers le mal est en reflet sur le visage.”
LJC, 18, 27 oct. 1921. “Les prêtres m’entr’ouvrent les consciences fumantes comme le sang des victimes pour me faire faire des progrès. Je finirai, nous finirons dans la peau d’acteurs dramatiques plus ou moins repentis” ; MJ/JC, 71.27 [déc.] 1921.
---. «JE VOUDRAIS CHANGER DE PEAU TOUS LES MATINS.»
---. 27. [25 janv. 1926]. “On me réclame 657 fr.25 d’impots & comme je ne les paie pas, on va venir tout saisir. Cela me fait un immense plaisir. Si seulement on me débarrassait vraiment de tout! QUE NE PEUT-ON SAISIR AUSSI MES PECHES, mes souvenirs, mes oeuvres, & ma Légion d’Honneur” ; MJ/JC, 382.
LE QUINTREC. Op. cit. 620. «La contorsion, c’est sa gymnastique quotidienne ; l’ironie c’est sa nature; l’imagination, […] c’est son luxe.»
“MA CONSCIENCE EST UN LINGE SALE & c’est demain jour de lavoir. Ma pensée est un écheveau que quatre pics démêlent la nuit prochaine. Ma poésie est une ingrate & ma philosophie aussi.” Corr. I. 59. 11 janv. 1911. A Salmon.
R. SZIGETI.. “Amitié de M.J.” Europe, no spéc. 36. “Il aspirait au bien. Il avait une horreur du mal, qui l’attirait.”
SILENCE
CADOU. ESTH. 54. “Avoir une âme. J’appelle âme la surveillance de soi-même. Je ne dis pas que j’y parvienne, mais j’y tends. - Se rendre compte à tout instant du lieu, de la personne, des personnes, de soi-même. Saint éclat de rire, priez pour nous! - Des deux vies dont je parle (celle du silence des vestibules & celle de l’introspection) la prem. est la préférable car la seconde nous a déjà donné Y & Z & toute la séquelle de la violette dans le gazon & de la fumée de mon pauvre village, & toutes les ancolies de la mélancolie. La prem. est un terrain moins fréquenté. On y accède par le silence & la privation d’images & même l’absence de pensées. .... - Il faut comprendre ce rut de silence; je m’y essaie - en vain jusqu’à présent.”
SIMPLICITE
ALAIN BOSQUET. “Relire les p. de M.J.” NRF (218 fév. 1971): 61, 62. “NU, MAX L’EST DE DIVERSES FAÇONS: BIZARRE, EMOUVANTE, DROLE, ESPIEGLE, OSTENSIBLE, AMUSANTE. La sublime simplicité, il l’atteint quand il se dévêt de tous ses oripeaux chatoyants & se jette au pied de la Croix. – 62. Mais il reviendra à l’église, pour se purifier, & purifier son verbe. D’autres sont ivres de Dieu; lui est sobre de Dieu.”
ANDRE BLANCHET NOTE, DANS SON INTR. que ’l’esth. de M.J., assez peu cohérente en surface, est en son fond d’une telle simplicité, & si anachronique qu’elle déconcerte nos esprits modernes’, & citant M.J. ‘J’ai voulu recréer la vie de la terre dans l’atmosphère du ciel.’ Attal. Op. cit. 196.
AP, 8. “LES AUTEURS QUI SE FONT OBSCURS pour forcer l’estime obtiennent ce qu’ils veulent & pas autre chose” ; p. 45-46. “Les oeuvres obscures ou difficiles ne donnent pas l’impression de l’infini. L’infini est autour d’une oeuvre & non pas au-dedans. Plus on met dans un livre, plus on enlève à son cadre & l’insignifiance des grands livres classiques n’est pas pour faire mésestimer la valeur de leurs auteurs” ; p. 10. “Une femme se montre parée parce qu’elle n’est pas assez belle pour le faire autrement.”
“THE GREAT SIMPLICITY OF HIS FAITH & HIS POETRY is the result of manysided speculations.” Pfau, op. cit. 220.
“M.J. A UN SENS PRESQUE SURNATUREL DU NATUREL” R. Lannes. “M.J.” Art 1:1 (janv. 1945). “Sa prose chicane, commente, bavarde, s’embrouille & monologue avec un génie inimitable du bon vouloir des mots. Max, qui se défia de toute rhétorique avait un sens presque surnaturel du naturel, c.à.d. qu’il en décelait l’irrationnel avec une roublardise qui n’appartient qu’aux enfants ou aux prophètes bibliques une douzaine de fois centenaires.”
LE NATUREL: PREM. PRINCIPE POUR DEVENIR VERITABLE POETE. In thèse de doctorat de Pfister. 32. «Travaillez dans le sens humain & ne vous souciez pas d’être de votre temps ou plutôt du temps précédent. Croyez bien que vous avez vos chances étant absolument sincère de créer quelque mouvement, tandis que voulant être un peu mieux que vous-même (quelle erreur!) vous ne faites que suivre d’autres gens: c’est dommage. Vous êtes né ‘naturel’, cultivez donc ce naturel.» (Collection Pierre-André Benoît. L. inéd. 3 fév. 1923 à Massot) ; Arfuyen 1 (print. 1975): 41.
PUISSANCE BIBLIQUE & SIMPLICITE FRANCISCAINE. Hermas, Bastien. “L’information médicale & paramédicale.” Montréal (4 janv. 1977): 11-13. “Sa gamme avait de la puissance biblique & de la simplicité franciscaine.”
“QUAND JE MOURRAI, JE FONDERAI UNE ACADEMIE. Aux écoutes (24 mars 1961). J. Follain rappelait un passage de M.J. “Quand je mourrai, je fonderai une académie. On y louera les livres simples, sans fabrication, ni habiletés périmées, exprimant des choses senties, pensées directement. On repoussera tout ce qui est glycérine, glycine, glissage, réglisse, savonnette & développement du dictionnaire.”
SIMON DE CYRENE
ANDREUCCI, PR, 428. SA FIGURE L’A DURABLEMENT MARQUE. «un personnage discret mais essentiel sur la route du Calvaire. Simon de Cyrène, citoyen récalcitrant réquisitionné pour aider Jésus à porter sa croix devient la figure emblématique de la condition humaine, celle dont la faiblesse inévitable n’est cependant pas un obstacle au salut. […] Simon n’a pas su la qualité de la victime, il n’a pas même éprouvé de pitié pour lui. Pourtant il sera sauvé. L’épisode rend évidente la confiance que l’homme doit avoir envers son Seigneur.».
NOTES SUR LA PASSION. Pérard, 117. “Voilà pourquoi Simon prend la croix. Il est désigné comme figurant toute l’humanité, il l’est par son nom qui est un nom solaire, le même nom que Saint Pierre, il l’est par sa profession, cultivateur. Il l’est par sa natalité: Cyrène la ville des plaisirs. Il l’est par son refus d’accepter la douleur & la croix. Or, quel que soit ce refus, il sera récompensé de cette douleur & de cette croix, récompensé par ses deux fils: Alexandre & Rufus qui seront les prem. martyrs.”
SIMON OF CYRENE (A MEDITATION). HESITANT FIRE: SELECTED PROSE OF M.J. Op. cit. 211-12. “I am Simon of Syrene. I know I have displeased the Lord in every way: He put me under the wooden beam and I don’t know what is going to happen to me. I am the dead wood & I am carrying the dead wood & where is the wood being taken? I have looked at myself from every angle & seen nothing but weakness […] ” ; Pérard, 167-69.
SINCERITE
“L’ART EST UN MENSONGE, MAIS UN BON ARTISTE N’EST PAS MENTEUR.” AP, 9;Y. Belaval, Intr. LC. 11.
“AVOIR LE SUJET DANS LE SANG.” DV, 57. Béalu cite d’une l. à Belaval. Le souci de sincérité. Gallimard. 1944, 1967. 151-53. “La sincérité est la compréhension complète; l’émotion, c’est la compréhension... Ne pas tuer cette émotion à cause de brios, de tape-à-l’oeil, c’est la sincérité!” DV, 57, nlle éd. 89.
“CELA N’A JAMAIS EXISTE & NE PEUT EXISTER. CE QUE L’ON PREND POUR TEL, C’EST LA FORCE, C’EST LA NECESSITE DU MASQUE DE LA SINCERITE! [...] Il faut avoir l’air sincère, c’est un but à atteindre. Par quels moyens? [...]. Pour moi, c’est Amour & transposition. Amour, c.à.d. recul, contemplation & caresse de loin. Transposition, c’est invention, incubation, choix, composition.” LFF, 37. 19 déc. 1918. Ibid. 112-13, n. 39. “L’artiste sincère est celui qui n’a pas la sottise de faire des concessions à la mode” ;A Moremans, op. cit. 45.
“IL FAUT RESTER SINCERE EN MENTANT c.à.d. croire à ses mensonges, donner la vie en mentant. On ne peut pas être sincère... sous peine d’être improductif car on n’a pas toujours quelque chose à dire.” LLG, 93. 13 mars 1942.
LITERATURE & SINCERITY par Henry Peyre. New Haven: Yale U Press, 1963. 336. “M.J. in his AP hints that ‘sincere is a word endowed with sufficient force to make the illusion real.’ His friend Picasso proclaimed: ’Art is a lie that shows us the truth’ ; AP, 22. ‘Ce qu’on appelle une oeuvre sincère est celle qui est douée d’assez de force pour donner de la réalité à l’illusion’. ”
“J’ADMIRE CE QUI EST PERSONNEL, EMOUVANT! C’EST CE QU’ON APPELLE ‘SINCERITE’. «Problème de la sincérité! Il est à peu près évident que tous les artistes sont sincères. Pour ne l’être pas, il faudrait un déplacement dont personne n’est capable, mais ce qu’on appelle sincérité est une sincérité seulement qui parvient à s’exprimer telle, alors que ce qui ne paraît pas sincère est ce qui reste dans le dictionnaire, l’encrier ou les livres des autres. [...]. Le personnel est évidemment sincère, car s’il n’était pas sincère, il ne donnerait pas d’autre impression que celle du déjà vu, donc du dictionnaire (si fréquent aujourd’hui), de l’encrier & du livre des autres. L’émouvant est encore plus sincère, car on singe difficilement l’émotion.… à moins d’être un très grand acteur... & si on est un très grand acteur, on est encore plus sincère, car le grand acteur se prend à son propre jeu, par définition.” LCB, s.p. 20 juill. 1942.
---. 28 juill. 1943. “MERCI AUSSI DE ME CITER CES VERS DU LC. C’est bien triste de voir qu’on a eu cette sincérité, cette fraîcheur & qu’on l’a perdue pour avoir cherché le fin du fin, l’inutile!!”
“MOI, LE PLUS GRAND TARTUFE QU’IL Y AIT JAMAIS EU SUR LA TERRE, UN TARTUFE SINCERE, MAIS TARTUFE ? ” LMM, 103. 29 oct. 1941.
“LES MOYENS DU CREATEUR RENDENT UNE OEUVRE SINCERE. A Doucet. 17 janv. 1917. Corr. I, 125-26. “C’est ce que le public appelle la sincérité; le public se trompe: car une oeuvre choisie par l’artiste peut n’être pas sincère; il peut avoir choisi une oeuvre menteuse, mais elle cesse de l’être quand il l’a choisie. «Ce sont les moyens qu’il emploie qui la rendent sincère car il ne peut employer que ce qui est en lui» me direz vous. Cela me paraît juste! les moyens sont toujours sincères, & j’entends par moyens les détails qui composent. Mais s’il n’a pas choisi le fond, c’est que ce fond ne correspond pas au sien.”
“UNE DESCRIPTION MEME ADMIRABLE RAMENE CE GENRE [POEME EN PROSE] A UNE P. DE ROMAN REALISTE. Inventez donc, c’est le seul moyen d’être séparé du vrai: Le vrai est un instrument. La vraie vérité artistique est dans la force que l’on donne au faux. Il s’agit de s’entendre sur le vrai esthétique. Les “Contes de Perrault” sont plus vrais qu’un conte de Zola, étant plus forts. “Conseils & confidences.” A Emié. Boîte à clous. 4. Repris in D.
“LA VISION INDIRECTE D’UN M.J. & D’UN PREVERT s’explique par le fait qu’ils ne présentent jamais du monde un portr. entièrement executé de face. L’absence de composition est à la base de leur sincérité!” R. Shattuck. Les primitifs de l’avant-garde. Flammarion, 1974. 361.
“VOUS ME PARLEZ DES P. ‘SENSIBLARDS’ AVEC MEPRIS! & IL N’Y A QUE L’EMOTION QUI COMPTE DANS TOUS LES ARTS... & de poèmes de jeunesse !... & il n’y a qu’à vingt ans qu’on est poète. Après on est ouvrier. Vous me parlez gentiment de mes pauvres livres: c’est vrai que j’ai été honnête en litt. & que j’essaie d’y être chaste, mais qu’entendez-vous par sincérité? C’est un mot qui me trouble beaucoup. Pour écarter tout égarement de la question, plaçons-nous au point de vue théâtre. Qu’y a-t-il de sincère dans Shakespeare? Moi je crois qu’on ne peut dire sincère un homme qui se borne à dire ce qu’il a vu ou pensé, car tout le monde ne peut qu’en faire autant. Pas sincères les oeuvres truquées, or une oeuvre est forcément truquée?... Un artiste sincère est un artiste qui cache mieux les ficelles par lesquelles il amène l’intérêt que ceux qui ne les cachent pas. Au fond, ce n’est pas cela! Les artistes trop artistes ont l’air de n’être pas sincères & il le sont plus que les autres, car ils disent ce qu’ils aiment d’eux-mêmes & de la nature. J’ai appris de n’avoir pas l’air artiste, car je crois que ‘artiste’ c’est du petit art qui se démode. J’avais, j’ai de grandes ambitions… Diable! Un artiste sincère serait celui qui a plus de prétentions que les autres! Dites-moi ce que vous pensez de la sincérité en art. Est-ce que c’est de ne pas songer à plaire? Quel est celui qui n’y songe pas? Celui qui n’a pas la sottise de faire ces concessions à la mode… Je crois que nous y sommes. ” A Victor Moremans. Op. cit. 45.
SIRENE
“CHEZ LES EDS. DE LA SIRENE, OU COCTEAU FAISAIT LA PLUIE & LE BEAU TEMPS, AVEC CENDRARS…” Gabory, op. cit. 62 ; “Cocteau qui donnera sept titres à la maison, y conduit Radiguet & Jacques-Emile Blanche.”
“JE TRAVAILLE A FORCE DE RAMES (de rames de papier sans doute) [...] à la mise au point d’un ms. qui doit paraître à la Sirène. [...]. Quelle angoisse & quel bagne que cette littérature! La danseuse de corde audessus des chutes du Niagara est un pantouflard à côté du malheureux littérateur qui croit toujours que sa dernière oeuvre est sa dern. heure. Et il faut, bien entendu, le sourire de ladite danseuse, le sourire stéréotypé de la danseuse […].” Corr. I, 196-97. 26 oct. 1919. A R. Manuel.
SORBONNE, AGREGATION, BACCALAUREAT
“AH! N’ECOUTEZ PERSONNE, L’ECOUTAGE EST IMPIE/ N’ECOUTEZ PAS SURTOUT LES VOIX DE LA SORBONNE/ CE SONT LES PIS.” LJF, 265. 14 juin 1936; 262. 10 juin 1936. Hôtel Robert, St.-B. “Les haines mesquines de la Sorbonne qui confondent troubadour, amour avec discours.”
L’AGREGATION (RUE D’ULM). Plantier. C’était il y a 30 ans. 57. “Voilà que vous êtes devenu sujet de thèses & sujet d’un ‘examen pédagogique’, vous qui n’aviez que sarcasme & ironie pour les agrégés.”
“L’AGREGATION TUE TOUT CE QU’ELLE TOUCHE. Tu feras un poète d’un maçon plutôt que d’un Jules Romains.” LMM, 112. 14 août 1942.
ANTIPATHIE A L’EGARD DES ERUDITS. LML, 15. “ […] il considère que la qualité prem. d’un écrivain est l’originalité. De là son antipathie à l’égard des érudits ‘pleins de suffisance parce qu’ils savent répéter ce que les autres ont trouvé’; au même 12 avr.1937. 48. “Oh! les érudits! les érudits! les érudits! Je crois que je les prends en grippe! Ils sont grisés de terminologie, ils se roulent dans cette farine [...]. Il n’y a rien qui vaille en cette matière que les grands novateurs, les grands découvreurs [...].”
L’AUTEUR […] ETABLIT UNE CLASSIFICATION DES INTELLIGENCES AU-DESSUS DESQUELLES SE TROUVE CELLE QUE LE COUP DE LANCE INAUGURE. “La cinquième plaie du crucifié ou la ‘connaissance tragique de Nietzche.” “Il sortit de la plaie de l’eau & du sang. Ceci est pour signifier qu’il n’y a pas d’intelligence véritable où il n’y a pas don de la sensibilité même de l’individu pensant.“ Nord-Sud 4-5 (juin-juill. 1917): 17. PR, 447.
“LE BACCALAUREAT, le journal quotidien & le service militaire ont collaboré pour enlever la saveur aux Français.” A Sentein. Op. cit. 6 mai, 1943. 554.
“C’EST PRODIGIEUX CE QUE TOUT LE BACCALAUREAT EST INUTILE. A peine une orientation vers le Beau fixe, fixé, fixatif, fictif.” Esth. 58.
“J’AI LU AUSSI JOE BOUSQUET, UN DES VRAIS POETES DE L´EPOQUE & SANS ECOLE NI SORBONNE.”
LPM, 94. 24 JUILL. 1933. “Pierre Lévy me tournasse les dos [sic] quand il me rencontre & sa femme soutient que d’aider l’humanité dispense d’aider les individus. Thèse soutenable en Sorbonne, surtout en Sorbonne.”
N’IMITE PERSONNE. LEJ, 39. 2 Oct. 1935. “Va donc ton chemin fleuri.” P. 52. 9 janv. 1937, St.-B. “[…] sache que l’originalité on l’a en soi & que nous ne devons ni l’un ni l’autre la cultiver; ça y est ou ça n’y est pas. Tu l’as.”
SAUGUET N’EST PAS SORBONNARD. LJF, 262. s.d. 1935. “[...] je t’enverrai des p. confiant plus dans ton goût - (que je respecte) que dans les haines mesquines de la Sorbonne [...]. Je te félicite d’avoir pris dans ta compagnie mon spirituel ami Sauguet qui mettra des dissonances à la critique car il n’est pas sorbonnard, lui non plus” ; au même 14 juin 1936. 266. “Gare à la dépersonnalisation par influence & par désir de l’inexistante perfection. Ceci est d’une profondeur que tu n’apprécieras que dans 30 ans. Quelle perfection? suivre qui? quoi? au nom de quoi? C’est être soi, toi, qui compte... non? Je ne nomme personne. Ton goût seul m’intéresse & non pas l’arbitrage.”
SORBONNE & RUE D’ULM. LTB, 68. A Moricand, 22 fév. 1937. “La rue d’Ulm, la rude Ulm!!”68-69. “Sacha Guitry prétend que tous les professeurs sont des imbéciles. Peut-être pas tous mes les trois tiers des gens qui vivent dans les dictionnaires grecs ignorent ce qui en dépassent la couverture. Ils devraient faire un peu d’astrologie laquelle vit sur l’homme même, ou se débattre avec des homme d’affaires comme toi ou la misère comme moi.”
“L’UNIVERSITE N’AIME PAS LES POETES.” LMM, 38. 19 janv. 1938.
SUICIDE
DES 1919 IL ECRIT: “Les querelles, l’accroissement de l’orgueil insatiable, toutes les ivresses ne font pas taire l’idée secrète & obsédante du suicide.” Jabès. C’était il y a 30 ans. 43; Palacio. Ibid. 57. (à Cocteau 20 janv.) “Si je n’avais pas le Seigneur, je songerais au suicide.”
LPM, 80. 7 juin 1932. “Pour moi il n’est pas possible de songer au suicide qui est une imbécillité. En tous cas il vaudrait mieux la Trappe ou une retraite définitive en province, que j’envisage assez sérieusement, étant las de bien des choses ” ; LCHG, 94, n. 19.
“PAS LE DROIT DE PENSER AU SUICIDE & LE MONASTERE EN EST UN.”
“TOUT EST SUICIDE DANS LA VIE, PUISQUE LA VIE EST UNE COMBUSTION.” P. Merle. Op. cit. 18, cite d’une l. à Cocteau.
SURETE DE SON JUGEMENT
“LA CLAIRVOYANCE & L’ACUITE DE SON ESPRIT, LA SURETE D’UN JUGEMENT QUI, PAR LA SUITE, se confirmait toujours [...] la vérité de ses pronostics.” D, 236 n.12.
DANS SON EXCES IL NE PEUT PAS SE TROMPER. Jacques Porel. “Le rire de M.J.” Disque Vert, no spéc. 35. “M.J. a cette légèreté, si différente de l’autre, qui s’attache aux pures vocations, cette liberté d’allure des vrais artistes qui dans leurs excès, au-delà même de leurs erreurs, ne peuvent pas se tromper.”
“JE NE ME SUIS JAMAIS TROMPE SUR PERSONNE.” LJF, 247, déc. 1935: “Tu as une merveilleuse carrière de théâtre. crois-moi; je ne me suis jamais trompé sur personne.”
JE SUIS MAUVAIS CRITIQUE. “Je suis capable d’ingéniosités quand les idées viennent de moi. Je suis incapable d’analyser les idées des autres à moins de remonter aux principes abérantes où je suis à mon aise.” Renaissance 14:12 (déc. 1921).
“TOUS LES GENS QUE JE RENCONTRE SONT DESTINES A LA REUSSITE. C’est mystérieux & c’est vrai! Surtout ceux que j’aime, j’ai une sympathie spéciale pour la réussite future. On me rencontre généralement la veille d’un succès.” LUA, 14. 28 juill. 1922.
SURREALISME
A CAUSE DE SA CONVERSION LES SURREALISTES CONDAMNENT M.J. S. Fumet. “Drôle de Frère Matorel pénitent & martyr.” Rfl (Pâcques 1969): 15. No spéc. “[...] les surréalistes, qui lui devaient beaucoup, l’avaient condamné en raison de sa conversion. Sa mort le rachetait aux yeux des mécréants comme elle le sanctifiait aux yeux des croyants.”
ANTERIORITE SUR LES SURREALISTES. LRR, 108, n, 75. “M.J. ne manque jamais l’occasion de marquer son antériorité sur les Surréalistes. Quant à l’utilisation du rêve dans sa poésie, il la réaffirme dans une l. inéd. à l’Abbé Morel (publiée ultérieurement dans Création 2 (déc. 1982): 84). ‘Pour moi, je me suis servi des rêves du sommeil en les modifiant ou non, en y introduisant ou non une idée directrice. On peut imiter ces rêves. En principe il faut être humain & jamais intellectuel. ”
L’ART GRATUIT DEPASSE. Préf. de M.J. Paul Dermée. Le cirque du zodiaque. Série Poétique. Collection 1937. No 38. 10 juill. 8. “Le temps n’est plus de l’art gratuit dont le XXe s. a abusé (& la fin du XIXe). Les jeunes veulent les oeuvres de plénitude intérieure, des oeuvres de conviction.” Cahs. Journal des Poètes 38 (10 juill. 1937).
COEXISTANCE DU MYSTIQUE & DE L’HUMORISTE. “Durant un portrait... interview de R. Toulouse par Claude Morgan. Créer, no spéc. 18. Question: Comment des êtres si divers qui étaient si profondément inscrits en lui ont-ils pu coexister? Le poète, le mystique, l’humoriste? Réponse: Il faut se reporter au CD qui est la pierre angulaire de toute son œuvre [...] certains de ses poèmes ont été écrits en 1903 & 1904, c.à.d. une dizaine d’années avant leur parution. Ils étaient la préfiguration du surréalisme. On voit Max tel qu’il était,... un homme qui s’engageait totalement. Lorsqu’il riait, il riait totalement. Lorsqu’il priait, il priait totalement. Lorsqu’il plaisantait, aussi. Il allait toujours jusqu’au bout des choses. Son élan créateur s’accompagnait de rires, de sourires, d’interrogations, de persuasion, d’introspection, d’une érudition prodigieuse d’une connaissance très profonde de la thora.”
COHABITATION DU CLASSICISME & DE L’AVANT-GARDE. Andreu. “M.J. & les mots en liberté.” Points & contrepoints 113 (déc. 1974): 75-78. ‘Au fond ce que j’aime, c’est la pureté classique’ (à Doucet, 30 janv. 1917). “La poésie de M.J. est tout à fait étrangère, bien qu’elle ait [...] ouvert, avec les grandes oeuvres d’Apollinaire & peut-être plus qu’elles, les voies de l’Avenir, aux préoccupations artistique, politique & morales du Dadaïsme & du Surréalisme. M. est un classique. Il l’a dit & écrit bien souvent, & il ne l’a jamais affirmé avec autant de force, qu’en 1917, au moment où il publiait, à ses frais, le CD, l’oeuvre, à mon sens la plus neuve de cette époque. Chez lui ménage difficile, le class. & l’avant-garde cohabitaient.”
CONTRE L’INCOMPREHENSIBLE. VM, 267. «Dans CJP [...] Max est revenu de ce qu’il y avait de trop raide ou trop théorique dans son prem. AP. 268. En 1940, Max pense qu’être incompréhensible ce n’est pas très bien & que ça a même de grandes chances d’être mal. A Cadou [...] Max disait ‘Est-ce possible que nous ayons cru dans ce sanscrit, cet hébreu?’ [...] En 1940 […] Max ne cesse d’inviter ses amis poètes à développer leur vie intérieure […].»
LE CD ANNONCE LE SURREALISME. Hommage à M.J. Expo à Quimper. 17 juin-15 août 1961. M. Jouhandeau. “Le CD annonce le surréalisme, dont il semble la préface.”
---. Béalu. “Les vrais miracles.” Pour en revenir à M.J. 50. “Tout le CD, publié en 1916, c.à.d. avant les prem. textes surréalistes, est de cette encre empruntée à la nuit. Il suffit de citer au hasard.”
---. ROUSSELOT. Que sais-je? Hist. de la poésie fr. des origines à 1940. PUF, 1976. 112. “IL FAUT DIRE ENFIN QUE, DES 1916, M.J. [...] avait par avance donné de la ‘chose’ nommée Surréalisme des illustrations qui lui vaudraient, à la fin de sa vie, la reconnaissance des survivants du mouvement. Mais à cet homme sans pesanteur, narquois & fervent [...] nulle étiquette ne saurait convenir. Breton bretonnant dans ses poèmes de la Côte (1911) dans ceux qu’il signe Morven le Gaëlique, mystique à mi-chemin du burlesque & de l’illuminisme dans SM ou VI, lyrique ému dans ses B. […] il égale La Bruyère dans C, feuilletonise avec génie dans F &, entre deux coq-à-l’âne, rédige des Méd. rel. parfois dignes de Pascal.”
“DANS L’ECRITURE DE MAX, & NOTAMMENT DANS LA FAÇON DONT IL A DEPEINT HCH, C’EST LE NOUVEAU ROMAN qui apparaît tout entier. Les surréalistes qui s’en sont moqués ne sont jamais parvenus à l’exceptionnelle liberté & à la profondeur de pensée auxquelles Max a atteint. […]. Moi qui connais bien son oeuvre, je considère que c’est un des écrivains les plus considérables de son époque. Avec cette apparence de légèreté, il est allé très loin dans les portraits comme dans l’incursion psychologique & humaine.” Peyre, op. cit. 54, 55. H. Sauguet parle.
HOSTILITE DES SURREALISTES. Max Jacob Dessins. Paris: Shakespeare & Co, 1978. 15. Marcelin Pleynet. “M.J. ne découvrit-il pas autour de 1909 la ‘vision’ du méssianisme chrétien, comme quelques années plus tard les surréalistes découvriront le messianisme marxiste? [...]. Je lirai [...] dans l’animosité de Breton vis à vis de M.J. un symptôme de la crise religieuse qui hante alors les pensées & les œuvres, un symptôme du refoulement des questions fondamentales qu’elle ne peut pas ne pas soulever, & qui faute d’être abordées de front, finissent par s’enliser (pour Breton), dans des misères ésotériques.”
INGRATITUDE DES JEUNES. VM, 169. En 1924 (?) Morhange écrivait présentant quatre poèmes de M.J.: ‘Depuis que M.J. est devenu populaire, tous ceux qui lui doivent presque tout, c.à.d. la plupart des jeunes poètes se montrent envers lui d’une ingratitude féroce [...]. Je serai satisfait plutôt le jour où les oeuvres n’auront plus la griffe de M.J. & les manières du surréalisme.’ P. 176. “La révolution poétique qui couvait depuis des années & dont M. avait été, 7 ans avant, avec le CD, l’initiateur, éclata à l’automne 1924 [...]. En quelques semaines, un inconnu s’imposa, le surréalisme [...]. De toute cette effervescence, de toutes ces créations, M.J. est absent; même des jeunes amis si chers, Limbour, Leiris, Masson, Francis Gérard, s’éloignent de lui. Bientôt Morhange les suivra; depuis des années, Aragon derrière Breton, lui a ‘fait mal’ en lui tournant le dos. Quelle déception pour M.J. [...]. Il semble que seul Artaud, le voyant, ne se soit jamais départi d’une admiration pour M.J.”
---. J. M. Schneider. Op. cit. 124. “Having encountered a number of M.J’s revealing comments on the Surrealists, diffused in various sources, I decided their assemblage might be useful to readers. These antagonistic yet often humorous remarks delineate his bitter sense of abandonment by the successful young poets, his resentment at not having received due credit as their precursor, & the bearing of his religious beliefs on their discord.” Voir Appendix ‘M.J. & the Surrealists.’123-27. Extr. de l. à Jouhandeau, Supervielle, Cocteau, Cadou, Béalu.
LJC, 40. 14 mars 1926. “Révolution surréaliste qu’on m’envoie sans doute pour me narguer, pour que, j’y trouve mes calembours musicaux, signés par d’autres” ; MJ/JC, 405.
LJF, 249-50. St.-B. 16 déc. 1935. “Les mouvements réels en art sont faits des affinités cosmiques (mauvaises ou bonnes) tu me comprends - il n’y a que celles-là qui comptent. L’intelligence n’a rien à y voir. Ce qui a manqué aux surréalistes ce sont les affinités cosmiques. Ils sont tous brouillés entre eux; les cubistes sont restés amis.”
LISEZ - NE LISEZ PAS! DES SURREALISTES. “Au dos du cat. des publications surréallistes, éditées par José Corti, figurait en 1931, une nomenclature: lisez, ne lisez pas. Dans la colonne des livres à ne pas lire figuraient notamment ceux de Claudel, Péguy, Proust, Valéry, Mauriac & Max Jacob.” Claude Mauriac. “Les écrivains du mardi. ” Figaro, 2, 1, 1972.
MANIFESTE SURREALISTE. J. M. Schneider, op. cit. 124. “Even while paying homage to Apollinaire, the manifesto underscored his refusal to sacrifice certain ‘médiocres moyens littéraires’.”
MAX JACOB & LE SURNATUREL. Béalu. Pour en revenir à M.J. 51. ’Secouez-moi! empoignez-moi, & toi terre chasse-moi. Surnaturel, je me cramponne à ton drapeau de soie […].’ “Surnaturel! Le mot est lâché, proche parent de surréalisme (qui ne veut rien dire d’autre), de bizarre, d’extraordinaire, d’étrange, etc., mots qui séparent des nuances, certes, mais qui tous désignent le même mystère. Le mystère (qui, dans un sens, est bien & sans jouer sur les mots, la seule réalité fantastique de notre existence!) - Ce que je voulais dire, c’est que toute vision mystique du monde est fantastique & rejoint par l’incroyable les délires de la science-fiction russe ou américaine.”
MAX JACOB’S LETTER TO HIS MOTHER OF. 4 June 1927 by J. M. Schneider. “[...] touches on a persistent source of bitterness. Jacob’s relations with the Surrealists, whom he accused of having appropriated (without acknowledgement) his own poetic devices.“ ‘Il y manque le ‘Manifeste du surréalisme’ & ‘Poissons solubles’ d’A. Breton en vente chez mon éditeur Kra 6 rue Blanche. Je le lui demanderais bien mais les surréalistes le sauraient. Ce sont mes ennemis & ça ferait une grande histoire. ‘Pourquoi?’ ‘qu’est-ce que ça veut dire? etc.’ ” [La prem. page de cette l. Folio, no spéc., la 2e coll. BMQ].
MAX JACOB & LES SURREALISTES. Attal, op. cit. 195. “Ne s’est-il pas vanté souvent d’avoir fait partie de l’avant-garde littéraire & artistique du début du siècle; ne s’enorgueillissait-il pas d’être l’inventeur du p. en prose; ne se considérait-il pas comme un précurseur du surréalisme (‘Les procédés surréalistes sont exactement ceux que j’ai suivis pendant vingt ans, mais mon nom n’est pas cité’.” D, 45).
---. Belaval. Table ronde 4 (oct.-déc. 1975): 19-20. Y. Belaval rappelle quant à lui que, “dès 1905, M.J. était le surréalisme même. Pourtant agacés par sa foi, les surréalistes refusèrent de voir en lui un précurseur. Du moins jusqu’en 1943 où Jean Rousselot en fut témoin, ils vinrent, par la bouche de Paul Eluard, dire leur reconnaissance à cet aîné.”
---. Claude Mauriac. “Les écrivains du mardi.” Figaro 2 I, 1972. “M.J. se trouve dans la liste que donne Pierre Unik de ses admirations de jeunesse, à côté de Freud, Mallarmé, Proust, Apollinaire, Joyce & quelques autres. Au dos de la couverture du cat. des publ. surréalistes, éditées par Corti, figurait en 1951, une nomenclature, Lisez, ne lisez pas [...] Max Jacob.”
MAX JACOB SURREALISTE DANS LA RELIGION. Tatiana Greene. “M.J. & le surréalisme.” French Forum 1:3 (1 sept. 1976): 251-67. T. G. se demande pourqui Breton, selon qui Baudelaire était ‘surréaliste dans la morale’, Jarry ‘surréaliste dans l’absinthe, n’a-t-il pas affublé M.J. par l’épithète: ‘surréaliste dans la religion’.“
“MAX RECOGNIZES THAT PAINFUL INTIMACY WITH SURREALISM IN THESE LINES FROM ‘LE TIERS TRANSPORTE’: ‘Alors pas la suite surréaliste! Quel dommage! D’ailleurs n’auront l’honneur de mon attention que ceux qui m’ont fait celui de la leur avec bienveillance. A ceux qui m’ont seulement prêté leur attention, je ne la rendrai pas. Pas les surréalistes, puisqu’ils ignorent mon nom bien qu’ils connaissent assez mes oeuvres... pour pouvoir les ignorer.” Oxenhändler, LJF, 234, n. 35: “Max means that he will not include the surrealists in his memoirs; although they have learned a great deal from him, they have shown him no kindness, and he will show none to them.”
ON M’A PILLE. VM, 307. “[…] les surréalistes m’ont volé cette expression.” [L. de Toulouse à Andreu].
---. A Marguerite Mespoulet. St.-B. 1940. Cah. M.J. 4. 39. “Ce que je pense du Surréalisme. Je suis gêné; j’en parle rarement. Ces homme m’ont traité avec mépris & j’ai des rancunes peu chrétiennes.”
---. ROGER-MARTIN DU GARD. LES MEMORABLES. 1920, 1957. “Une soirée à Montmartre avec M.J.” 105. “C’était M.J., grand poète & fort pillé: encore que méconnu.”
PARIS - ENNEMIS SURREALISTES. DV, 12. ‘A Paris, je n’ai que des ennemis…’ “aime-t-il dire aussi, bien que ce ne soit pas entièrement vrai. Il est constant toutefois que les uns gardent rancune à Max du sérieux de sa foi, les autres du sérieux de sa poésie [...]. La désaffection des surréalistes à son égard, apparemment plus justifiée, n’a pas d’autres raisons (quoi de plus surréaliste que le CD ou les VI ?). De ses anciens amis, seul André Salmon ne cessera de venir régulièrement deux fois l’an.”
RUPTURE AVEC LES SURREALISTES. VM, 111. “En oct. 1917, 2 mois avant la parution du CD, sous une forme plus polémique liée sans doute à quelques discussions ou querelles qui, hélas, ne nous sont pas parvenues, Max publiait dans Nord-Sud, un texte, ‘Les mots en liberté’, aussi important pour la connaissance de son esthétique que la préf. du CD. Au moment même où les ‘mots en liberté’, avec le dadaïsme, vont envahir la poésie fr.- ils y sont aujourd’hui solidement installés - Max dit clairement qu’il ne les aime pas, même s’il en a usé quelquefois. La rupture de Max & d’une bonne partie de la poésie contemporaine peut être datée de là. Ni ‘mots en liberté’, ni demain ‘écriture automatique’, mais choix, contrainte, volonté.”
---. IBID. 124-25. “Pendant toute l’année 1919, il collabore à peu près régulièrement à Littérature (1,4,6,8,9) à l’enquête “Pourquoi écrivez-vous ?”, il répond dans le no 10, déc. 1919 ”Pour mieux écrire” - mais il semble qu’un fossé se soit vite creusé entre lui & Breton, suivi d’Aragon, emboîtant le pas. Pourquoi? C’est difficile à dire. Je ne crois pas que l’esthétique y ait eu une grande part. Jacques Baron que j’ai interrogé pense que le cath. & les moeurs de Max étaient insupportables à Breton. - P. 125. Les dern. p. de Max dans Littérature parurent dans le no 15 (juill.-août 1920); 4 mois plus tard, oubliant Chipre & Anicet, Aragon le fera figurer dans la liste des ‘gens qui s’amusent dans la vie’, qui ‘s’en donnent à coeur joie’ avec toutes les têtes de Turc du dadaïsme, dans un mélange étrange où se rencontrent Charles Maurras & Pierre-Albert Birot, Paul Dermée & Pierre Benoît. Quand le groupe s’amusera au début de 1921 à noter les grandes figures intellectuelles du monde contemporain & du passé - le barème va de -25, la plus plus grande aversion à 20 l’adhésion sans réserve, en passant par 0, l’indifférence absolue - M.J. à qui tous ils doivent tant, sera l’un des plus mal notés. Sont total est de - 1.27. Breton lui donne 0, Aragon 1, Fraenkel –20, Drieu -10, Rigaut 1, Soupault 1, Tzara 3, Péret 4, Ribemont-Dessaignes 7, Germaine Buffet 0, Eluard 13. P. 126. Cette sotte haine que l’âge excuse mal, durera longtemps.”
SURREALISTE D’AVANT BRETON! Avis de Lausannne (10 avr. 1972): “Trois allègres récits de M.J.” “Absent pour beaucoup M.J. nous est rendu aujourd’hui avec la rééd. de 3 oeuvres dans lesquelles l’auteur du CD apparaît à la fois comme un nouvelliste talentueux, un surréaliste d’avant Breton & les Champs magnétiques, très proche d’Apollinaire il fut un intime & un poète. ”
LES SURREALISTES. J. M. Schneider. Op. cit. 123-24. “In my preface, I tentatively accounted for the general neglect of J’s later poems written primarily in the religious or confessional mode by the fact that the Surrealists had begun to ignore him. [...] something may have occured (perhaps the older poet’s retreat to St.-B.?) to prevent Breton from including the name of M.J. in his Manifeste du Surréalisme (1924). This omission [...] implies a motive beyond aesthetics. For although there were differences between J’s and the surrealists’ views on poetry, Breton did refer to other predecessors who displayed Surrealistic tendencies in some but not all features of their writing.”
LES SURREALISTES. MEPRIS DE LA JEUNESSE. A Jouhandeau. 12 oct. 1924. Cité par J. M. Schneider, 125. “Jai eu bien de l’aigreur ces jours-ci à propos du surréalisme. On étale les hallucinations de l’oeil, de l’ouïe de M. André Brton, en travail, en demi-sommeil & autres calembours mystiques, j’ai passé ma vie à travailler ainsi, & c’est lui qui a le bénéfice de cette découverte pour l’avoir décorée d’un mot qui est d’Apollinaire… Et personne ne dit rien, on l’encense & moi dans mon coin je deviens de plus en plus obscur & méprisé de la jeunesse. “ Corr. II, 335; LMJ, 152-53.
SYMBOLISME CHRETIEN
“L’ANATOMIE RELIGIEUSE. “Au-dessous du titre La Symbolique des Evangiles, Max a écrit: ‘Ce livre a fait l’objet d’une conf. chez Poiret le 26 janv. 1912’: c’est avant le baptême. Mais la 2e préf. de “L’Anatomie rel.” indique: ‘La matière de ce livre a fait l’objet de nombreuses conf.’, en particulier à Madrid, ‘en 1926 devant un public de cath. & de prêtres’. ” DT, 53, n. 3..
ARBRE DE LA VIE - LA CROIX DU SEIGNEUR. DT, 127 & PR, 634-35. “J’ai mon arbre aujourd’hui: cet arbre est la Croix! - Mangeant le fruit précieux, le croyant voit en lui pousser l’arbre de la foi, qui par sa verticalité assure la jonction du Ciel & de la terre, de l’homme avec le divin.” In SI, 158 - l’explosion de la foi semblable à celui de la sève. “Arrose & fais éclater le bourgeon de la Foi...” PR, 634. “Dès La DT, Jacob comparait la croix du Sauveur à un arbre, métamorphosant l’instrument de mort & de supplice en image de régénération.635. La métaphore est filée, & la croix devenue arbre investit le corps du croyant. ‘Des branches au nombril, c’est des fruits sous la main/ Avec un Arbre à moi, sans qu’on pût me le prendre/ Et dont le fruit repousse aussitôt qu’on le mange. ” DT, 127. PR, 635-36. “Jacob recourt au monde de la germination pour exprimer la foi qui grandit dans l’homme […] & c’est la même croissance que se réfère ce poème de SI consacré à l’explosion de la foi semblable à celui de la sève. ”
LES CHUTES DE DIEU - JESUS SE DONNE A LA TERRE. PR, 445, & n. 126. «[…] les chutes de Dieu durant le chemin de croix, […] expriment que Dieu ‘se donne à la terre’ (voir Pérard, 117), il ‘se marie avec elle.’ (Carnet inéd., coll Gompel). Le christianisme n’invite pas au détachement à la manière de la doctrine ‘égoïste’ du Bouddha oriental cherchant à dépasser la dialectique de la douleur & du plaisir, de la joie & de la tristesse pour gagner une sérénite libre.» «Votre Bouddha est un affreux égoïste & je ne l’aime pas.» «Dialogue sur les trente-deux signes de beauté du Bouddha.» Inéd. BLJD.
LES CORNES DU DIABLE. LTB. A Moricand, 102. 2 août, 1940. “[…] les cornes du diable sont extérieures au Christianisme. Consultez les estampes chinoises [...] les objets nègres, etc... La corne est un signe d’animalité & donc de démonialité. Au point de vue de la signification des formes le phallus producteur de vie est une corne. C’est pourquoi on dit d’une femme qu’elle fait des cornes à son mari [...]. Moïse qui représente la race juive est représenté avec des cornes.”
DESIGNATION DE DIEU PAR LES IMAGES DE LA LUMIERE & DU FEU. PR, 630. “ […] dans ‘Les Yeux au ventre’ le damné c’est celui ‘qui du soleil se bannit.’ (FE, 134). Cité in Anth. de la poésie précieuse par René Bray. Nizet, 1957, 267. - P. 637. In R, 193 ‘Ton Magnésium sert de véhicule à la foi.’ La lumière divine, ce feu blanc sur un mur (FE, 134)apparaît sous la fluorescence du magnésium.”
L’EAU EST LE SIGNE DE LA MATIERE. PR, 444, n. 119. “Le symbolisme jacobien fait de l’eau le signe de la matière & son exégèse révèle tous les passages de l’Anc.Test. qui s’en trouvent éclairés” ; “Le vrai sens de la rel. cath.” 25.
LITANIE COMPOSEE A L’AIDE DE TERMES EMPRUNTEES A LA KABBALE. LML, 81. St.-B. 3 juill. 1939. “Immense amour de tout un peuple./ Les Hayoth t’adorent...”
LTB, 95. A Moricand, 13 ou 12 avr. 1940. “Il y a des parties du corps de Dieu qui répondent à telles demandes: [dans la prière]: c’est à Ses Mains que doit parler la Terre ou qu’on doit parler de la Terre. Le Fils mourant, le Fils de l’Homme dit: ‘Je remets mon esprit entre Vos Mains!’ Pour les choses de la Philosophie ou du ciel c’est aux pieds de Dieu qu’on se jette. Marie Madeleine repentante lave & parfume les pieds du Seigneur...”
LA MAIN=L’ESPRIT. LJRB, I. 143. 2 août [1912]. “[…] la main c’est l’esprit en symbolique.”
MANUSCRITS SUR LA SYMBOLIQUE DES EVANGILES. 1. Remarques sur l’Apocalypse. 2. Dialogue sur les 32 signes de beauté du Bouddha. 3. Les Plaies d’Egypte. 4. Sur la Douleur. 5. Le Vin-Esprit. 6. Guérison de la Bêtise. Blanchet. DT, 53, n. 4..
LA NOISETTE BLANCHE - LE SEIGNEUR CACHE. PR, 657. “L’image: les mineurs extraient les substances précieuses & cachées de la surface. 656. In ‘p. sur la recherche de Dieu.’ Inc. ’On me dit que mon Dieu est en moi [...]/ Alors, des pioches! des pelles!/ La faulx pour séparer ma poitrine [...]/ Terrassier, chirurgiens, venez me mettre en pièces/ Et cherchez ce trésor [...]/ Mineurs, découvrez-moi cette noisette blanche/ Le Seigneur caché’. ”
LE SERPENT-SEXUALITE. SYMBOLISME OCCULTISTE. PR, 375. “Le Serpent symbolise […] la vie. Mais le serpent est aussi démon. […] les forces vitales, ce sont les forces mauvaises. […]. Il s’agit […] de connoter négativement la matière terrestre; c’est un ‘organisme de souffrance’ (VI, 105). ‘Satan la terrestre couleuvre.’ (HC, 38). – […]. Contre les forces vénusiennes d’expansion seront prônées les forces saturniennnes. ‘Saturne dévorant ses enfants fascine Jacob comme l’image de la répression nécessaire que l’on doit imposer à son corps, à ses instincts, à tout ce qui relèverait de la seule nature: ‘Dieu nous veut purs donc affamés [...]: règne de Saturne. Nous serons rassasiés par l’esprit si nous avons faim par le corps d’abord.’ – Note 17. Carnet inéd. de 1936. Coll. Gompel. L’auteur commente le passage de Saint Luc: ‘heureux ceux qui ont faim maintenant, ils seront rassasiés.’ (6, 21). Cette image de la faim nécessaire pour trouver Dieu se retrouve également chez Eckhart au XVIe siècle, & chez Simon Weil au XXe.[ Voir l’influence des gnoses]. ”
LE SERPENT - SYMBOLIQUE. Rousselot, op. cit. 166. “Les Chinois ne conçoivent point l’univers autrement que sous forme de cycles s’englobant l’un l’autre, à l’infini; la spirale du serpent est une représentation cosmique commune aux anciens Egyptiens, aux pré-Colombiens, aux sectateurs africains & américains du Voudoo & il n’est pas une religion du mystère dont la symbolique ne soit à base de labyrinthe, d’entrelacs, de cercles engainants & qui ne fasse du voyage à travers circonvolutions & anneaux ‘le processus nécessaire des métamorphoses d’où surgit un homme nouveau’.” Note 1. “Le thème de l’entrelacs & du labyrinte dans l’oeuvre de Léonard de Vinci, par Marcel Brion. Rev. esthétique (1952), cité par Jean Paris à propos de James Joyce & de Dédalus dans son James Joyce par lui-même. Seuil, 1957. [Voir Rousselot à propos du symbole de l’oignon].
SYMBOLIQUE DE LA CIRCONCISION. LTB, 102. A Moricand, 2 août 1940. “Je ne sais si je me trompe j’établis un rapprochement avec mon explication de la circoncision quand je disais autrefois qu’elle avait pour but de mettre le patient en contact directement avec l’influx terrestre.” [Moricand lui écrivit de la chaise percée de la Pythie & des émanations du rocher].
SYMBOLIQUE DES ECRITURES. VM, 248. “Dans les 2 années qui précèdent la guerre Max songe à écrire ce qui pourrait être la grande oeuvre ou le grand oeuvre de sa vie. Il reprend sérieusement son travail sur la Symbolique dans les Ecritures. Dès 1910-1911, immédiatement après l’Apparition, dans sa période mystique, Max avait entrepris d’écrire ‘un commentaire des Evangiles’[…] à l’aide des sciences occultes & de la clef traditionnelle des symboles des religions orientales.’ Dans une l. à J. Doucet en janv. 1917 il ajoute […] que son livre était hérétique. Mais ce que Max avait voulu faire, en 1910, en dehors du christianisme, ce qu’il avait renoncé à faire ensuite parce qu’il avait été baptisé, que les chrétiens l’avaient enfin reçu dans leur Eglise, il était maintenant décidé à le conduire jusqu’au bout. Depuis son retour à St.-B, il en avait plusieurs fois entretenu R. Queneau. Le 10 déc. 1936, il lui écrivait: ‘Oui! si j’ai encore quelques prétentions, c’est du côté de l’Exégèse, le reste a été passé au papier de verre.’ 248-49. Sûr de son christianisme & de sa Foi qu’il prouve tous les jours par ses actes, plus rien ne peut l’arrêter. Il n’hésite plus à s’avouer occultiste; il l’écrit à T. Briant, autre connaisseur des sciences occultes, qui publie en fév. 1938 sa l. dans Le Goéland. (15 fév.). - Il espère alors que Gallimard l’éditera [...] mais, en janv. 1939, il exprime [...] à Queneau qui semblait avoir suivi avec intérêt son projet, ses espoirs & ses doutes: ‘Oui, le seul livre que je voudrais faire c’est le résumé de mes conf. sur les Ecritures, mais Gallimard ne le publierait pas & je suis lié à lui pour la vie.- La Bibl. Doucet possède sous des titres divers [...] plusieurs liasses de ms. qui ne donnent qu’une idée assez vague de ce qu’aurait pu être ce livre […] il s’agit surtout de fiches, dont nous ne savons pas […] à quelle date elles ont été rédigées.”
SYMBOLIQUE DU CORPS HUMAIN. LRV. 1936 ? “J’ai envie de demander à une des revues si riches de médecins de me prendre quelque chose sur la symbolique du corps humain & des animaux.”
SYMBOLISME CHRETIEN. LMM, 47. 4 fév. 1939. “Je vais m’occuper avec la commande de Gallimard d’un livre sur l’Evangile & la Bible - question où j’accumule des notes depuis 1909 ou 10. J’ai de quoi faire un livre assez important où il y aura des nouveautés ne sortant pas de l’orthodoxie.”
LE SYMBOLISME DE L’EAU & DU SANG. PR, 447. In “La cinquième plaie du Crucifié ou la ‘connaissance tragique’ de Nietzche.” L’auteur y établit une classification des intelligences au-dessus desquelles se trouve celle que le coup de lance inaugure.’ Il sortit de la plaie de l’eau & du sang. Ceci est pour signifier qu’il n’y a pas d’intelligence véritable où il n’y a pas don de la sensibilité même de l’individu pensant’.” Nord-Sud (juin-juill. 1917): 17.
SYLLABES DECOUPEES
Henry Hertz. “M.J. la peinture d’un poète.” Art Vivant (15 mars 1927): 373. ‘Non, monsieur, non rien du ‘violon d’Ingres!’ Max était furieux.… le visiteur s’enfuit écrasé. Après quoi, Max fit deux out trois pirouettes aussi bien que Nijinski, & nous dit avec cette sombre allégresse shakespearienne qu’il a souvent, & en découpant ses syllabes à la manière que nous aimions pratiquer, en ce temps: - ‘Croyez-vous, violon d’Ingres! Violon d’Ingres?’ ” [Hertz écrit à propos de l’Expo des Quatres Chemins, succédant à plusieur autres].
SISYPHE
PEINTURE - SISYPHE - DIEU AUSSI. André Blanchet. La litt. & le spirituel. Op. cit. 70. “Certain tableau lui donne tant de mal qu’il en pleure ‘comme un collégien qui ne sait pas faire son thème grec.’ Il voit bien, parbleu, ce qu’il faudrait faire; quant à le réaliser! ‘Supplice de Tantale’, gémit-il, ‘accouchement au fer! Voilà ma vie! Avec Dieu c’est la même chose’! ” Voir aussi Doc. du Val-d’Or (mars-avr. 1947): 10.
---. “AH! LA RELIGION N’EST PAS UNE GUIRLANDE, fût-ce une guirlande de dialectique. Heureux celui qui, né brave homme, peut se passer des frontières de flammes qu’on y trace & bien malheureux les autres.” LJC, 64. 30 juin 1926; MJ/JC, 427.
---. A N. Barney: “LA PEINTURE… LA PEINTURE… LA PEINTURE CETTE TAPISSERIE DE PENELOPE.” Autour de Natalie Clifford Barney. Op. cit. 45. 5 fév. 1939.
---. A L. Guilloux. “Hommage à M.J.” France-Asie no spéc. 363. “Je me tue par la peinture pour laquelle je ne suis pas né & je néglige la poésie, la prose où je pourrais encore réussir si j’avais le désir” ; 365. Lettre 2 oct. 1941. 365. “Je te remercie d’aimer le petit cheval blanc qui éclate au beau milieu de la gouache. Merci d’aimer les dessins. Tout cela a été beaucoup de souffrances car quand on ne sait rien, il faut à chaque oeuvre tout réinventer, c.à.d. refaire l’oeuvre des siècles en une heure... du moins je l’imagine ainsi, & sans espoir de rien atteindre de beau, ou si peu, ou si mal. La voilà, la fameuse souffrance tant recommandée par les auteurs chrétiens. On ne souffre bien que de soi-même de sa propre bêtise, de ses propres péchés, de ses propres repentirs. L’écharde dans la chair dont parle St. Paul & que l’apparition du chemin de Damas lui a laissée, c’est la propre bêtise humaine, la sienne propre quand on a le malheur d’avoir juste assez d’intelligence pour s’apercevoir de la carence. ”
---. LML, 73. 27 oct. 1938. “Je suis absorbé par la peinture, c’est difficile... A se casser la tête au mur: quand on a vaincu une difficulté, mille autres surgissent, & puis il faut que ça ait l’air d’être fait librement. - Suicide!”
“LA PEINTURE. PENELOPIUM. BEALU. “Propos, souvenirs & anecdotes de M.J.” Boîte à clous no spéc. [32]. L. à une peinteresse bretonne : «j’appelle la peinture: un Pénélopium.»
«LA PEINTURE EST TONNEAU DES DANAIDES Cadou. Esth., 42: plus on en sait, plus on veut savoir & les connaisseurs trouvent tout naturel ce qu’on leur présente: ils prennent le ‘la’ & s’en servent pour réclamer mieux.»
ROCHER DE SISYPHE. Alain Bosquet. “Relire les poèmes de M.J.” NRF no 218. 60-61. “Tant de feintes, de déchirements couverts de roses & de calembours! Aussi, quelles que soient les périodes de sa vie, quel besoin de se retrouver au milieu de ses propres moi incompatibles jusqu’au ridicule. Max garde de ses origines juives le poids de peines millénaires; raison de plus pour que le rocher de ce Sisyphe se transforme en grosse bulle de savon.”
SYNTAXE
“FAIS DES PHRASES EN VRAI, C’EST DANS LA SYNTAXE QUE SE REVELE L’INDIVIDU. Si tu n’as pas de ‘forme’de phrases dans la tête, prends-en dans Shakespeare ou bien […] dialogues d’Aristophane. La phrase en dialogues masqués a de la vivacité & c’est des phrases. Le mot est beaucoup, la phrase porte l’émotion. ” LEJ, 37. [1935].
“POUR EVITER LE STYLE DESCRIPTION SCIENTIFIQUE, VARIEZ AVEC SOIN VOTRE SYNTAXE d’une phrase à l’autre. Je faisais jadis coll. de formules syntaxiques: on n’en a jamais assez à sa disposition. La richesse du style est là; son naturel est là; son intérêt, son amusement est là.” CJP, 22.
TABAC
“DANS UN COIN, LE PLUS NEGLIGE DE LA MEMOIRE, JE SUIS REPRESENTE SUIVANT LA FIGURE DU CANICHE (symbole de la fidelité libertine & intermittente) ou plutôt, un caniche offrant un paquet de tabac de soldat.” [C’est F. Fels qui se voit ainsi, car interprète à l’armée U.S.A. il a reçu des cigarettes qu’il offrait à M.J. & à d’autres amis]. Belles-Lettres 92:2 (1967).
FLORENT FELS. Voilà. Op. cit. 73. “J’étais déguisé en Américain &, j’en avais les prérogatives: haute paie, coopératives où je puisais à pleines mains vivre, tabac & cigarettes. Je fus ainsi la providence de mes amis les peintres; dans l’atelier de Juan Gris que fréquentait Utter, Valadon, Utrillo, Galanis & chez Max Jacob, où passaient s’abreuvant d’espérances, Paul Morand, Paulhan, Gabory & plus tard, Malraux, Cocteau & l’enfant Radiguet, j’ai joué au nabab, dilapidant mon butin de guerre puisé dans les cantines américaines. ”
“Je souffre beaucoup du manque de tabac” – écrit M.J. à ses amis pendant la guerre.
TARTUFE - CLEF DE L’ATTITUDE DE M.J.
PHRASE CLEF DE M.J. DANS DT : LA PREMIERE PHRASE. «Le poète cache sous |