MAX JACOB
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MAX JACOB
by MARIA GREEN
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COLLOQUES - II. AMIS, ECRIVAINS, LECTURES
ACHARD, MARCEL (1899-1974)
GUIDE ILLUSTRE. 138. Né à Lyon incarne la sensibilité & l’ironie. Ses personnages se ressemblent tous: ce sont des êtres sentimentaux & tendres, un peu naïfs, sans épaisseur, à peine marqués par la passion, glisssant dans un monde facile où tout finit par s’arranger. Ce charme de M.A. est inimitable; il se manifeste surtout dans Jean de la Lune (1929), sa meilleure réussite. D’une trentaine de pièces délicates & humoristiques, on remarquera Voulez-vous jouer avec moâ ?(1919), La vie est belle (1928), La belle Marinière (1929), Pétrus (1933), Le Corsaire (1938), Colinette (1939), Nous irons à Valparaiso (1947). A vrai dire, M.A. ne cherche pas à se renouveler: dans Patate (1956), dans L’Idiote (1960) son art consommé joue toujours aussi habilement avec les sentiments du bon public.
MJ/JC, 146, n. 3. Fin déc. 1922. «Gold & Fizdale vont jusqu’à dire que parmi ses [de Misia Sert] ‘fils adoptifs on comptait: M.J., Marcel Achard, & le peintre Christian Bérard, entre autres.’ » (Misia. Gallimard, 1980, 338); 535, n. 2. L. [mai 1927]. «Elu à l’Académie Fr. en 1959, il siègera en même temps que Cocteau.»
ADES, JOSIAH-V, NE EN 1899
ADES. Paris: Chroniques du Jour. 1922. 15 p. de texte par M.J. & 20 reproductions par Adès. Dern. date de 1932. expo a eu lieu à la galerie de Pierre Colle en fév. 1933. Note in LTB, 260. «L’astrologue est allé voir le peintre Adès: je ne vous demande pas votre âge, vous pouvez avoir 36 ans… Un critique d’art dirait qu’il est un fils du Midi puisqu’il est Egyptien, qu’il est d’une vieille & forte race puisqu’il est d’une origine Israélite.»
---. AVOCAT AU CAIRE, puis à Alexandrie, il consacre à l’art ses loisirs. La révélation de Cézanne fera de l’amateur un artiste. Paris l’attire où il se fixe dès 1921. Dans l’étude qu’il lui consacrait en 1933, M.J. vantait en poète ses qualités de coloriste & la profondeur de son sentiment. Adès a figuré au Salon d’Automne & au Salon des Tuileries depuis 1926, ainsi qu’aux Indépndants.
ANDREUCCI, PR, 511. Intr. de M.J. à Adès. 12. «Ce que l’on recherche dans une œuvre, c’est bien le sang même de son auteur.»
BEALU. Le chapeau magique. Paris: Belfond, 1980. 204-05. “A la recherche de ses oeuvres, je découvris les quelques pages de monographie qu’il consacra à un peintre de ses amis. Max ne parut pas ravi de ma trouvaille. “A Marcel, en lui demandant de ne pas le lire”-écrivit-il en dédicace. A quelque temps de là, Jean Cocteau vint à Montargis afin d’y terminer en paix sa pièce Les Parents terribles. L’acteur Jean Marais, alors inconnu, le peintre en question & Roger Lannes qui l’accompagnait, s’en furent chercher à St.-B. leur ami M.J. Les deux poètes, l’un montant, l’autre descendant (prendre ces expressions dans leur sens littéral: il s’agissait du grand escalier de l’hôtel de la Poste), se jetèrent dans les bras l’un de l’autre. Ils ne s’étaient pas revus depuis dix ans. – Tous se rassemblèrent un soir chez moi & Cocteau était en train de démontrer devant nous, en une improvisation pleine de charme (comment mieux dire?), le mécanisme de la gaffe, quand le peintre en question, s’avisa, tandis que pérorait l’auteur d’Orphée, d’extirper de ma bibliothèque le livre le concernant. On imaginera mon inquiétude. Je n’eus pas le temps de lui retirer des mains que déjà le curieux avait lu la funeste dédicace. De teint pâle, il pâlit encore davantage. R. Lannes, qui s’était approché, laissa tomber son monocle. Moi, je ne savais où me cacher. Enfin, la victime prit le parti de dessiner, au-dessus de la phrase trop explicite, la tête de Max qui, en face de lui, ne se doutait nullement de la catastrophe, &, sous ce croquis peu flatté, il griffonna une phrase qui se voulait vengeresse: ‘A M.B. le portrait de l’auteur de ce livre, en lui demandant de ne pas le regarder.‘– Ce n’est pas tout. A ce moment, Max, s’apercevant de l’attention dont il était l’objet, s’approcha. Et magnifiquement impassible, il dessina à son tour, en quelques traits, sur la page malencontreuse, sa propre figure… rectifiée. En dessous il précisa, conclusion de cette histoire: «M.J. par lui-même, fév. 1938.» Ce petit fait, amusant en soi, sans plus, est typiquement jacobien & l’exemple même des mésaventures dont débordait sa vie. Peut-être cette curieuse fatalité qui semble le poursuivre […] vient-elle de ce que Max, en tout ce qui concerne le côté pratique de l’existence, était appliqué à la manière des enfants: laborieux dans les détails, mais d’une négligence absolue dans l’essentiel.»
ALICE AUX PAYS DES MERVEILLES PAR LEWIS CARROLL (1832-1898)
CADOU. ESTH. 75-76. «J’ai eu une révélation, j’ai connu ‘Alice aux pays des Merveilles’. On m’avait dit: ‘c’est la Bibliothèque rose des petits Américains!’ ‘Dans toutes les familles à côté de la Bible, etc…’ Oh! mais c’est bien mieux que ça! Bien mieux & même très bien. […]. Il y a là-dedans une caricature de la classe à l’école.’ Cours de dérision, cours d’anonation, ambition, distraction & enlaidification!’, il y a aussi des caricatures de rapports de maître à domestique, le maître étant un lapin qui met & retire ses gants, une caricature de thé dans le monde – où on verse du thé bouillant sur la tête des convives & surtout un procès qui est une splendeur. Il y a là-dedans Swift, Ubu-Roi & surtout les dessins animés au cinéma qui en sortent entièrement. Splendide! & quelle bonne humeur! C’est dommage de donner ça aux enfants, on devrait plutôt le donner aux poètes pour leur montrer ce que c’est que la fantaisie… ou la philosophie. Je suis ravi de ce livre. J.E. Blanche disait: ‘l’événement artistique du XXe siècle ce sont les dessins animés!’ Soit! mais les dessins animés c’est exactement Alice aux pays des merveilles.»
AMON, MARIE
LML, 82. St.-B. 3 juill., 1939. «Les critiques? Quels? Il n‘y a pas un seul critique. Une Marie Amon a écrit le plus beau livre de l’époque on en ‘parle’ au point de vue moral, au point de vue Hitler.» 149, n. 7. Barrières, roman de Marie Amon trad. de l’allemand venait de paraître.
---. PJ, 456. A N. Barney, St.-B. 31 mai 1939. «J’aime, d’un livre récent, (Barrières par Marie Amon) que la pauvre héroïne éveillée à l’intellectualisme ne sut plus dire que la vérité, mais la vérité toute nue, grotesque.» Note, p. 457. «Romancière allemande. Son livre Barri Arès, dont la trad. fr. Barrières (par Albert Paraz. Paris: Denoël, 1939) bénéficiait d’une excellente critique comme étant le plus beau livre de l’époque au point de vue moral au moment de l’hitlerisme triomphant, avait été fort apprécié par M.J» ; 496. A Gaston Criel. [1943]. «Il y a beaucoup de talents nouveaux & des originalités. Surtout en prose! Des femmes! Marie Hamon [sic], Marie Le Hardouin, Dominique Rollin [sic], qui ont des succès compréhensibles.»
APOLLINAIRE, GUILLAUME (1880-1918)
APOLLINAIRE. Claude Bonnefoy: La Poésie fr. Seuil. 1975. 371. «M.J. fut, avec ses amis Apollinaire & Picasso, un de ceux qui brisèrent les vieux moules de l’expression artistique.»
«APOLLINAIRE A ETE UN GRAND AMI.» L. INED. A DUMOULIN. 24 avr. 1941. «Il disait que j’étais la seule personne à Paris qui sût rire. Et, de fait, nous avons énormément ri ensemble: nos soirs de rires sont mes plus beaux souvenirs; mais il n’avait guère d’estime littéraire à mon endroit. L’amitié m’a mis souvent dans les mêmes revues & l’amitié seulement la même m’a mis dans ses magnifiques poèmes lyriques. […]. Apollinaire aux temps actuels? Il irait visiter les villes dévastées, pleurerait longuement sans cesser de regarder, de noter les détails curieux, édifierait des théories, prophétiserait sur le sort futur de l’Europe &, finalement, écrirait un nouveau recueil de poèmes.» - Carte s.d. à Dumoulin. «On m’a souvent parlé d’écrire des mémoires. Je ne le ferai jamais! La vérité est un obus à gaz! […] j’ai fait l’expérience de la vérité lors d’une conf. sur A. On doutait de sa naissance. Je l’ai révélée indubitablement. J’ai fait scandale! Mes meilleurs amis étaient contre moi.» [M.G. La vérité est que M.J. s’est trompé affirmant que le banquier Weil, l’amant de la mère d’A., était le père du poète. Weil n’était que de huit ans plus âgé que G. Apollinaire!] ; au même, 14 oct. 1939. «J’ai eu le malheur de dire la vérité sur la naissance d’Apollinaire, c’est-à-dire de tuer la légende de sa filiation d’un cardinal. Je me suis fait autant d’ennemis que possible. Ne touchez pas à la reine. Voici que Stanislas Fumet me demande un article sur l’évolution d’Apollinaire en 14-18. Je lui réponds que je suis ‘à la retraite’ […]. Je n’aime pas les coups d’encensoir sur les cercueils. Ils n’ont pas l’estomac de connaître la vérité. La vérité n’est pas faite pour les poètes & leur public. On vous assomme si on dit que Marie-Antoinette était laide & n’a jamais su un mot de français.» [M.G. M.J. aurait-il voulu prouver que G.A. était d’origine juive?].
APOLLINAIRE ANNONCE LA RENOMMEE DE M.J. VM, 53. «Le 25 avr. 1908, G.A., dans une conf. prononcée au Salon des Artistes indépendants […]: «La renommée viendra bientôt prendre M.J. dans sa rue Ravignan. C’est le poète le plus simple qui soit & il paraît souvent comme le plus étrange. Cette contradiction s’expliquera aisément lorsque j’aurai dit que le lyrisme de M.J. est armé d’un style délicieux, tranchant, rapide, brillamment & souvent tendrement humoristique.»
APOLLINAIRE & M.J. Ibid. 91. L’AMBIGUITE DE LEURS RELATIONS [qui] «fut illustré […] par la publication au mois d’août (1913) dans La Phalange de 5 poèmes de M.J. Malgré les deux Matorel & La Côte, Max avait continué à ne rien publier […] autour de lui tout le monde, & Apollinaire en premier, s’était habitué à son silence. Max s’était laissé arracher ces poèmes par son cher ami H. Hertz qui s’était empressé de les donner à Royère (dans son récit d’Europe, H. ne parle que d’un ‘long & beau poème’, mais on sait qu’à 50 ans de distance, les souvenirs se troublent). Apollinaire qu’un M.J. admiratif & silencieux, éternel bouffon, éternel second, ne gênait pas & qui considérait La Phalange comme une chasse gardée, le prit très mal. Il entra dans une violente colère. ‘Lorsque Guillaume le vit’, écrit Hertz, ‘il ne put contrôler sa fureur. Quel orage sur Max, Royère & moi!’ […]. Jacques Chardonne a raconté à H. Sauguet qu’on conservait le souvenir chez Stock d’une visite d’Apollinaire apportant un ms. de M.J. & disant en même temps qu’il n’était pas bon & qu’on perdait son temps à le lire.’ – 119. «Max veillera plusieurs nuits auprès du corps de son ami. Est-il vrai, comme il s’en accusera plus tard, qu’il gardera les yeux secs? Plainte sincère ou perpétuel souci de s’accuser… Il écrit à R. Fauchois ’Je ne savais pas qu’il était ‘ma vie’ à ce point’.»
APOLLINAIRE & PICASSO. J. Oberlé. Op. cit. 103. «C’est au moment où je débutais comme critique d’art», écrit M.J., «que je connus les deux hommes les plus admirables que j’aie jamais rencontrés: Apollinaire & Picasso. La poésie & la peinture. Quelles merveilles! Quels génies! Il n’y aurait jamais eu de poésie moderne sans Apollinaire, il savait tout, il comprenait tout. Si la guerre ne l’avait pas tué, ni Cocteau, ni Salmon, ni Reverdy, ni personne n’aurait existé. Ni moi non plus. Nous n’avons fait que l’imiter, faiblement. Pauvre, cher Guillaume, je l’aimais tant! Il est mort le 11 nov. 1918, le jour de l’armistice, & tout le monde, dans les rues, criait:’A bas Guillaume!’ Quant à Picasso, je le vois très rarement, il vit bourgeoisement, il a des millions & une Rolls-Royce. L’autre jour je l’ai rencontré. Je lui ai dit: tu es riche maintenant & moi je suis resté pauvre. Et Pablo m’a regardé en ricanant & il m’a dit: ‘Non, Max, tu n’es pas pauvre’.»
APOLLINAIRE & M.J. EGAUX, MAIS M.J. NE PARTAGE PAS SA GLOIRE. Guy Foreau. «M.J.» Envers & Revers (17 mai 1974). Dans son article il cite M. Nadeau qui nous assure qu’il [M.J.] est l’égal d’Apollinaire même s’il n’est pas appelé à bénéficier de la même gloire.»
APOLLINAIRE EST LE PLUS GRAND POETE. A DOUCET. Corr. I. 132. 30 janv. 1917. «Nous ne parlerons pas des gens de ma bande, bien que le poète G. Apollinaire soit à mon goût le plus grand poète que nous ayons eu en France depuis Ronsard. Il l’égalerait s’il avait écrit dans un style aussi exactement approprié aux choses que le sien, mais il le surpasse par un éclat lyrique que ni Ronsard, ni personne n’a eu avant lui. J’entends par l’éclat lyrique, cette folie, cette exaspération de plusieurs sentiments élevés qui, ne sachant comment s’exprimer, trouve un exutoire dans une sorte de mélodie vocale dont les amateurs de vraie poésie sentent les dessous, la légèreté, la plénitude, la réalité: cela est du lyrisme: il y en a très peu de par le monde & très peu même chez les très grands poètes, il n’y en a pas chez Hugo, ce rhéteur»; 149-50. 31 mars 1917. «La trempe dont le prince des poètes assaisonna Ernest Lajeunesse appartient à l’histoire. Chez l’oiseau du Benin on buvait ferme & les manifestations d’après le Pershot, n’étaient pas exemptes d’une certaine brutalité. J’ai vu Marie Laurencin, pleurer sur le bord du trottoir, les pieds dans le ruisseau. Apollinaire, quand il lui proposa le mariage, fut reçu par ces mots: ‘Tu as trop mauvais caractère!’ C’était beaucoup dire en peu de mots.»
APOLLINAIRE SUR M.J. Rousselot. Vie & Langage. 441. «G. Apollinaire l’avait bien dit: ‘La renommée viendra bientôt prendre M.J. dans sa rue Ravignan!’»
APRES LA LECTURE SUR APOLLINAIRE. LJF, 254.9 janvier 1936. «Je ne peux paraître devant mes amis après la honte de ma lecture d’hier soir. Ne sois pas poli ni injuste par amitié. Cet acte d’impuissance manifeste me jette dans l’égoût: j’y reste à jamais puisse cet égoût n’être pas l’enfer.»
AUTOUR DE N.C. BARNEY. L. autogr. 3 fév. 1939. Op. cit. 43-44. «Apollinaire me considérait comme l’homme ‘le plus bête’ de Paris (sic). Picasso ne disait pas non. Voici la liste incomplète des gens qui m’ont nettement dit que j’étais ‘fou’. ’Tu es un fou!’ c’est par ordre de dates: 1. Bernard Zimmer. 2. Maurice Constantin-Weyer. 3. Roger Lannes. Gaston Gallimard me l’a fait savoir indirectement. On excuse tout des fous, des bêtes & des ridicules.»
COCTEAU QUAND IL VEUT SAUVER M.J. EN 1944. Hasquenoph. Op. cit. 163-64. «Je dirai de M.J. que c’est un grand poète si ce n’était pas un pléonasme, c’est un poète tout court qu’il faudrait dire, car la poésie l’habite & s’échappe de lui par sa main sans qu’il le veuille. – Avec Apollinaire, il a inventé une langue qui domine notre langue & exprime les profondeurs. Il a été le troubadour de cet extraordinaire tournoi où Picasso, Matisse, Braque, Derain, Chirico s’affrontent & opposent leur armoiries bariolées.»
COMPARAISON AVEC APOLLINAIRE. E. Henriot. «Il y a 25 ans le poète M.J. disparaissait.» Historia 268 (mars 1969): 97. «Littérairement, que vaut l’œuvre? Bien moins importante en messages & en jet poétique que celle d’Apollinaire dans ses grands moments; devançant par endroits le surréalisme dans les expressions instinctives du CD; prodigue en vers de mirliton soigneusement voulus tels, alternant avec de beaux cris de douleur non feinte ni voilée; répudiant toute ordonnance & toute logique; […] elle donne, prise dans l’ensemble, une impression de lâché, & de décousu, qui me paraît porter en soi, dès l’origine, son dangereux pouvoir de désagrégation, mais c’est aujourd’hui ce qu’on aime.»
DANS LA PREF. AUX LJC, Cocteau écrit: «J’ai laissé une phrase déplaisante sur A. parce qu’elle montre les positions intenses d’une époque où rien ne permettait le tiède. Une époque de feu, d’injustice, de haine & d’amour » ; 77. 2 oct. 1926. «Cette lettre-ci me rajeunit de 20 ans. Cubisme, revolvers, échos dans Paris-Midi, calomnies Apollinaire – mais je ne pleure plus, je ris, tu vas en faire autant.» MJ/JC, 445; 86. 13 déc. 1926. «Encore y a-t-il des détails très jolis dans ce Voleur d’enfants [de Supervielle] qui a le rare mérite de ressembler à mon cousin G… Ce qui me fait croire enfin que ce cousin (surnommé ‘Rafayel’ par Apollinaire qui a eu une fois de l’esprit dans sa vie) ressemblait à quelque chose. Triste retour des choses d’ici bas.» MJ/JC, 462.
DECAUDIN, MICHEL. «GUILLAUME APOLLINAIRE & M.J.» Coll.de Pau. 239-45. A la p. 244-45 le p. de M.J. pour le no Apollinaire: ‘Le départ du Marin & la mort du Poète.’ A la p. 246-48 lire la chronique d’Albert Flament: ‘La Conf. de M.J. à la Bibl. Litt. J. Doucet’ sur Apollinaire le 22 janv. 1938…’
---. 239. «A UN REPROCHE dont nous ignorons les termes, M.J. répond: «Ne me dis pas de choses cruelles. Tu n’as pas d’ami plus dévoué que moi & je compte bien que la réciproque est à peu près vraie. Les deux vérités coïncident: ‘il y en a toujours un qui aime plus que l’autre’ disait un substitut ridicule à une très brave femme de ma connaissance qui pouffait de rire à son nez. Ceci n’est pas le but de cette lettre: tu ne poufferas pas de rire au nez de ma lettre & j’en ai dit assez.»
GIVRE. Alice Halicka. Hier Souvenirs. Paris: Eds. du Pavois, 1946. 270; J. Lafranchis. Op. cit. «Avec Apollinaire, M.J. fut un des poètes aimés de Marcoussis. ‘Givre.’ [In Lafranchis s.p.]. ‘Nous aimions à fixer le génie de Pablo, Lui, derrière un quadrilatère d’arbres & les yeux derrière un bandeau de cheveux, l’aile noir d’un oiseau, c’était l’Olympe. Salmon, Apollinaire & moi c’était la pente, le sentier qui conduisait à la sérénité’. »
HOMMAGE A APOLLINAIRE. «Le poème ‘Le départ du Marin & la mort du Poète’ se termine ainsi: ‘C’est ainsi que la nature pleure avec tous ses yeux/ l‘âme du poète qui va s’unir à Dieu.’ «Hommage à A.» Revue de Genève 24 (15 nov. 1923): 15.
L. A F. LEFEVRE. PJ, 193. St.-B. 28 oct. 1923. «A. est le seul poète lyrique de langue française.»
LAL, 104. 18 déc. 1924. «Apollinaire disait que les poètes sont médecins.» «Apollinaire. Cat. B.N. 1969. P. 50. «M.J. & C. Moricand s’amusèrent un temps à définir métaphysiquement leurs amis. Apollinaire était ‘le camembert céleste’ » ; 82, n. 2. «Dans une l. à Mendès du 6 juin 1924 M.J. écrit: ‘Je n’ai rien envoyé parce que j’ai fait une gouache pour la vente Apollinaire. […]. Il s’agissait d’ériger un monument funéraire; divers artistes ont alors fait des dons, œuvres ou ms.[…].»
LBEG, 45-46. Longue l. à propos d’A. comment il a fait sa connaissance. «A. était entouré de vagues messieurs du genre employés ou voyageurs de commerce. Il leur parlait sans doute de Néron ou de Caracalla, s’appliquant peut-être à démolir l’Histoire officielle pour lui substituer une Histoire faite de documents à lui. Il continua son discours en me tendant une patte de tigre, sa main. Puis le silence venu, il se leva & nous emmena, Picasso & moi, dans l’une de ses larges périgrinations vagues que, à partir de ce jour-là, je devais expérimenter quotidiennement. Car nous ne nous quittions plus guère. […]. »
LEJ, 32. Chez Mme Moré, Boussy St. Antoine par Brunoy, S. & Oise jusqu’à fin sept. 1935. «Etudiez A., notre seul grand poète, au sujet des voyelles, des consonnes, des diphtongues. – 37. S.d. en 1935. L ‘essentiel est qu’on te sente davantage & on te sent vraiment à travers ‘le vieux futurisme apollinarien’ ; 65. Fin janv. 1938. Apollinaire jugeait sur une seule ligne un auteur.»
L. A H. DUVERNOIS. PJ, 470. 29 fév. 1940. «… je suis heureux devant, malgré mes pantoufles de vieillard, collaborer au numéro d’Apollinaire, d’offrir ainsi un hommage non seulement au Poète Immortel, mais aussi au groupe sympathique & vaillant du P.C. [Poètes casqués].»
L. DE COCTEAU A YVES LEROUX. 22 oct. 1961. Connaissances des hommes 2 (janv. 1962): 4. «Grave & multiple, il [M.J.] l’emporte sur Apollinaire, troubadour de l’Ile-de-France & des rives du Rhin, car les mystérieuses architectures de Picasso trouvent mieux leur réponse dans le CD que dans Alcools & Calligrammes.» «M.J. & J. C.: images convergentes» par Jean Touzot. Max Jacob no 7. Actes du coll. Internat. St.-Etienne: 27-30 sept. 1983. 170.
LJF, 265. «M. Roland de Renneville [sic] me met à la suite d’Apollinaire dans l’Histoire. J’ai commencé en 1898 & j’avais déjà fini en 1905 quand j’ai entendu le nom d’A. & vu sa chère face pour la prem. fois.» - 267. St.-B. 2 juillet 1936 «J’entame le chap. «A… pollinaire» depuis hier. C’est dur la prose: je me fais l’effet de préparer le concours des dentistes de ton frère.»
LJRB, 135. Fin déc. 1911. «Il y a […] des cailloux dans le style de tes nouvelles qui le rendent bossu: tu es trop riche pour avoir besoin de cailloux, fussent-ils du Rhin comme ceux de G.A.»
LLG, 85. 3 fév. 1942. «J’aime assez que les étudiants trouvent le CD jeté dans la boîte des quais, cette ‘boîte aux lettres’ du hasard mais je t’avoue être bien peu flatté quand on cite mon nom à cause d’Apollinaire» ; 90. 18 fév. 1942. «A propos du manque de cliché, nous pensions Reverdy & moi dans nos lettres à la carrure de Walt Whitman qui a eu, paraît-il tant d’influence sur Apollinaire.» – 93. 13 mars 1942. «A. portait un seul vers pendant ses interminables promenades.»
LML, 13-14. Intr. «La couleur de l’époque est la gravité, & la queue du «Chat Noir 1881» ou surréalisme est déchue. Je me demande si l’avenir prendra au sérieux Mallarmé & son immense suite: les jeux de Valéry, les hésitations de Gide ou l’humour d’Apollinaire qui ne fut tragique qu’à ses heures.» - 91. St.-B. 12 avr. 1940. «Ne vas pas croire que je t’accuse de couler ta sensation (le mot est mauvais) dans un rythme préparé d’avance (comme le faisait Apollinaire, oui, oui, qui écrivait sur une phrase de musique toujours la même).»
LMM, 109. 22 mars 1942. «Le Tasse chantait dans sa prison: les vers les moins inhumains d’A. sont ceux de la cellule [….]. Je crois que les deuils humanisèrent la poésie.»
---. 77. 4 mars 1941. «EN POESIE & PAR INVENTION PERPETUELLE quand on est soi-même un poète original; on s’invente soi-même. Ex.: Laforgue ou Apollinaire qui n’ont rien inventé qu’eux-mêmes ou Verlaine – mais celui-là objective & crée chaque fois: personne n’est plus objectif & plus subjectif à la fois. Baudelaire a inventé si c’est ‘inventer’ que de prendre en Amérique son bien.» 92-93. Début juin 1941. «Lutte contre l’orgueil! sois […] un humble grand poète prêt à dorer de son talent les tâches les plus ingrates comme firent Apollinaire, V. Hugo, Shakespeare.»
---. 35. 17 du 1937. «Je ne vois pas très bien en quoi nous sortons du naturalisme. A part les disciples de Coppée (les Ponchons, Franc-Nohain, & leurs sous-disciples), à part Apollinaire. La poésie a été très ‘poésie’ toute sa vie.»
---. 38. 19 janv. 1938. «J’arriverai à Paris pour une conférence sur A. à peine préparée.» [M.G. C’est le cas de le dire!]
---. 58. Déc. 1939. «En tout cas, ni A. ni Reverdy ni tel & tel n’ont jamais demandé de préf. à personne. Quelle faiblesse! »
---. 60. 26 mars 1940. «Je ne ressemble pas au divin Apollinaire. […]. D’ailleurs A. n’est pas tout au monde: il est un grand poète livresque; ni Rimbaud, ni même Laforgue (si mince) n’ont été livresques. Rien de vraiment humain que le décor & les mots concrets (certes!) Picasso est de même en peinture. Il y a à trouver mieux.»
---. 123. 9 janv. 1943. «Apollinaire était un génie de la poésie & n’était sympathique que lorsqu’il voulait l’être.»
---. 95. Fin juin 1941. «Votre Reverdy n’a pas apporté de nouveauté, il a fait de l’ancien. Ce que j’aime en lui, c’est un accent de vérité envers soi-même […]: il a plus de vie intérieure que n’en a eu Apollinaire, ce sublime doreur de vieilles pendules mythologiques.»
L. A JEAN ROUSSELOT. ROEPING. No spéc. 117-18& Cahs. du Nord, no spéc.210. L. 2 juin 1942. «Nous étions aussi pauvres d’argent que d’érudition & Apollinaire nous étonna facilement parce qu’il lisait des vieux dictionnaires: Bayle & Moréré. Ce n’est pas difficile, l’érudition, & ça fait un effet transcendantal sur les populations & les éditeurs. Gallimard me disait: ‘Donnez-moi un roman historique & je l’imprime.’
L. A MARGUERITE MESPOULET SUR APOLLINAIRE. M.J. no 4. 39. «Je dis & hautement qu’A. est le seul poète fr. dans l’histoire qui ait eu l’idée du lyrisme, qui ait perdu pied, & se soit livré à la grande incantation. Personne que lui n’a eu ce don […]. »
L. A MARCEL OLIN. PJ, 32. S.d. «Apollinaire va être furieux de l’édition de mon livre par un éditeur – celui de l’Enchanteur Pourrissant – qui semblait ne devoir appartenir qu’à lui […].»
M.J. DEDIE SM en 1911 à Apollinaire. Palacio. «M.J. & A. » 469, n. 5.
M.J. & APOLLINAIRE. EGALE A APOLLINAIRE NE PARTAGE PAS SA GLOIRE.
M.J. L’EGAL D’APOLLINAIRE. G. Trolliet. «Le souvenir de M.J. & Raison d’être en 1919.» Points & Contrepoints 109 (déc. 1973: 39. «Sa fantaisie, sa muse fantasque & son sens du fantastique, son esprit allègrement sorcier & ses dons chatoyants de sourcier de la poésie, sa fécondité multiple sinon sa rigueur, font de lui l’égal de G.A.»
LA METHODE D’APOLLINAIRE. Cadou. Esth. 34. «Une bonne conduite intérieure aussi c’est de faire des vers sur un air de musique bref & répété à l’infini: c’était: la méthode d’A. Il chantait les vêpres.»
«M.J. & APOLLINAIRE.» APOLLINAIRE disait ‘IL FAUT PECHER.’ » Jean de Palacio. Op. cit. 473. L. inéd. à H. Lasserre, [juill. 1942]. Coll. Palacio.
---. M.J. CRITIQUE L’ŒUVRE D’APOLLINAIRE. 470. «Mais l’œuvre échapperait-elle totalement à l’irritation que la personnalité & la royauté poétique d’A. faisaient naître chez M.J.? Une l. à J. Cocteau, datée du 11 Oct. 1920 […]. ‘Nous venons de découvrir qu’Alcools est le plus mauvais livre de la génération spontanée ou non.’ » LJC, 16; MJ/JC, 11 oct. 1920.
M.J. CRITIQUE & BLAME APOLLINAIRE. VM, 82, n. 2. «[…] dès le milieu de 1911, Max songe à publier par l’entremise d’Apollinaire Le Phanérogame au MF. Une l. d’A., reproduite dans le livre d’Adéma fait état d’une démarche manquée auprès de Rachilde – écrivain & femme d’A. Valette, dir. du Mercure - dont Max toujours ombrageux & méfiant, attribuait l’échec à l’absence d’enthousiasme de son ami.»
M.J. DANS L’ECHELLE DES VALEURS. Secrétain. «Le Mythe M.J.» Créer No. Spéc. 45. «P. Andreu pense, comme H. Sauguet, que M.J. fut le prem. poète de ce temps. Nous ne jouerons pas à ce jeu. Nous ne lui jetterons pas dans les jambes une douzaine de noms, fût-ce au hasard d’Apollinaire à Saint-John-Perse, en passant par Claudel, Tzara, Aragon, Eluard, Cocteau, Reverdy, Michaux, Milosz, Le Tour du Pin. Ce qui est sûr, c’est que plus qu’un autre il aura fait avancer la poésie, changé les mœurs & les méthodes poétiques. Il me semble que son influence, qui a été considérable, directe, rapide, éminemment subjective, tient d’avantage à son esthétique, à l’originalité de son formulaire, à son attitude devant l’art & la vie qu’à la vertu spécifique de son œuvre.»
---. 41. «DE SAVOIR OU EST LA PLACE, DANS LA LITT., de cet antilittéraire, briseur de traditions, casseur de beau style, d’idoles, d’académies, hippy de la litt. Il est clair qu’il était anti-littéraire par excès de littérature. Que de litt. dans cette bohème qui nous jette maintenant de loin les feux de sa joyeuse misère, où le dieu de tous les cultes & anticultes était le génie! Pour en rester à ce qu’on a nommé ‘le triumvirat de l’art moderne’, Picasso s’en tirait par une litt. agie, mythique sans aucun doute, une sorte de mutisme qui éclatait en violence, en fantaisie grave, en démiurgie picturale.‘Auprès de Max, Picasso était un brutal. Apollinaire le plus sensible des trois au virus, acceptait mieux.’ L’enchanteur pourrissant’ était sauvé par une pureté qui se propage sur une ligne nervalienne & qui est celle d’un certain lyrisme. Max était infiniment plus complexe.»
M.J. EGALE APOLLINAIRE. A. Béguin. Poésie de la Présence. 1957. Seuil. 1957. 275. «Destin de M.J.» «[ …] n’oublions pas qu’il (M.J.) fut d’abord l’un des poètes les plus originaux de son temps, un inventeur de poésie aussi nouveau que son ami G. Apollinaire.»
M.J. & APOLLINAIRE. Andreu. M.J. 110. «H. Sauguet pense que M.J. a été le prem. poète de ce temps. Je le pense aussi, moi qui écrivais, en avr. 1944, sous l’occupation allemande, que la Fr. venait de perdre son plus grand poète depuis la mort d’Apollinaire. Cadou, que Max aimait tant, le croyait aussi, qui soutenait […] que ‘Le siècle d’Apollinaire’, mériterait d’être appelé: ‘Siècle de M.J’.»
---. G. BOUNOURE. «Une complainte mystique.» Monde 7523 mars 22 1969. «La légende de M.J., on en parlait déjà avant 1910, quand on voyait en lui […] un homme renchérissant sur Apollinaire pour saisir & dominer les complexités surprenantes de ‘l’esprit nouveau’.»
---. GEORGES-PAUL COLLET. «M.J. & J.-E. BLANCHE: UNE CONFLUENCE INATTENDUE.» Coll. de Quimper. 138. L. 14 août 1940. «On ne m’envoie plus le document mensuel du moulin à pensées-dilettantes [NRF]. C’est pour bien souligner la haine qu’a fait naître une conf. trop véridique sur la naissance d’Apollinaire.» [Le 19 janv. 1938 à la Bibliothèque J. Doucet, M.J. a prétendu à tort que le banquier Jules Weil était le père de G.A.].
M.J. & BRETON. Paul de Swaef. Le Peuple [Bruxelles] (30 mai 1972): 13. «Un génie qui reste à prospecter: Max Jacob, l’insaisissable.» «Voilà un nom qui prend pas mal de monde au dépourvu. Les meilleures mémoires le situeront sur un mode mineur, quelque part entre Apollinaire & Breton, dans les turbulences du début du siècle. Et c’est bien, en effet, le malheur de M.J. d’avoir vu son étoile éclipsée par les grands phares de la litt. contemp. - Sort injuste pourtant, & dû à de multiples causes. La légèreté affichée de l’auteur, […], une absence totale de vanité, un côté touche-à-tout & une paradoxale conversion rel. après une existence dissolue, ont empêché M.J. d’être pris au sérieux. Le malentendu dura longtemps pour la raison que l’auteur fut, déjà de son vivant, peu ou mal publié, donc résumé à une fausse renommée.»
M.J. & PICASSO RENCONTRERONT APOLLINAIRE «au bar ‘Austern Fox ‘, en nov. 1904. C’est au Salon des Indépendants que la conf. [d’A.] aura lieu, le 25 avr. 1908. Apollinaire y présentait les jeunes poètes de ‘La Phalange Nouvelle’ succédant à la ‘Phalange symbolique’. » L’Echelle de Jacob, 188, n. 2.
M.J. PRECURSEUR COMME APOLLINAIRE. Cadou. «La vie du poème.» Op. cit. 142 ; Cahs. du Nord, no spéc. 188. Selon Cadou on devrait présenter M.J. «comme un précurseur, au même titre qu’Apollinaire […].»
MJ/JC, 190. 8 fév. 1924. «Je disais récemment [à Nino Frank ?] que l’Hérésiaque était le meilleur des livres parce que l’Hérésiaque contient autant d’idées littéraires que de pages.»
LA METHODE DE M.J. P. Méral. Disque Vert no. spéc. 61. «Apollinaire essaya hâtivement de résoudre le problème de l’architecture littéraire dans ses Calligrammes ; mais la réussite extérieure (j’allais dire linéaire) ne vaut pas celle - mécanique & intérieure – de certains poèmes du CD.»
M.J. SAVAIT APOLLINAIRE IMMORTEL PAR SON ‘PLAFOND’
PALACIO. «MAX JACOB & APOLLINAIRE.» Op. cit. 472. «Cette notion de plafond ou d’œuvre plafonnante, M.J. la précise dans une importante l. inéd. qui vient compléter celle écrite à Messiaen quelque neuf ans auparavant. Il y distingue soigneusement entre la poésie philosophique, vouée d’avance à l’échec, & celle qui repose sur la pensée, seule condition de l’œuvre plafonnante. – ( L. inéd. à Francis Guex-Gastembide, 19 juin 1942, coll. pers.): «Qu’est-ce qui donnera du plafond à une œuvre poétique, c’est l’habitude de la pensée chez ce poète. Ex.: A. de Vigny si palot en vers mais soutenu par son plafonnement & [allons y] Rimbaud & Apollinaire qui valent par le plafond mais quel chant chez Guillaume & quelles épithètes chez Arthur.’ –On saisit ici sur le vif ce qu’il faut bien nommer le classicisme de M.J., hérité, non de la génération des poètes maudits, mais avant eux de ce ‘classicisme des romantiques’, Musset & surtout Vigny, dont le célèbre ‘Poésie! O trésor! Perle de la pensée‘ semble être passé directement dans les préoccupations de Jacob. »
---. 472-73. «Ceci [le ‘plafond’] pourtant n’eût pas suffi à faire d’A. un poète majeur s’il ne s’y mêlait autre chose; & en lui décernant cette qualité fondamentale du chant, M.J. précise ce qu’il avait déjà abordé dans la prem. partie de la lettre. La poésie ‘moderne’ (entendons postérieure à A.) lui semble caractérisée essentiellement par son subjectivisme, c’est à dire un lyrisme ‘économique’ & ‘concentré’ qui se réduit à l’épithète au lieu de s’épancher dans le vers entier ou la strophe. A cette avarice lyrique, M.J. oppose une autre forme, ‘ce lyrisme si rare & dont Apollinaire fut l’exemple’, aujourd’hui disparue & qu’il définit ainsi: ‘J’entends par lyrisme le mot, le vers, le poème issus mélodieusement d’une conflagration de plusieurs impressions’, admirable formule, dont il trouvait l’illustration, non seulement chez le poète d’Alcools […], mais autant & peut-être plus encore chez P. Eluard […]. »
---. 471. «Mais si M.J. contestait à A. ce destin d’initiateur du cubisme, il lui reconnaissait en revanche deux qualités majeures, dont l’alliance paraît bien être la définition même du génie lyrique. La prem. est ce qu’il a successivement appelé ( 1933) ‘l’idée artistique’ ou encore ‘l’idée trouvaille’ & plus tard (1942) le ‘plafond’. Dans une l. inéd. à A. Messiaen du 7 août 1933, il exhortait son jeune disciple en ces termes: ‘Reste bien concret tout en évitant la grossièreté. Inutile de mettre ‘putain’, etc. Exerce-toi à la ‘trouvaille’. L’idée artistique n’est pas l’idée philosophique. Ex. d’idée artistique mettre du papier collé sur les tableaux cubistes… Idée dans un poème d’A., d’avoir figuré les mannequins d’un magasin de confection comme des guillotinés… L’idée-trouvaille, c’est ce qu’il y a de plus important à mon sens’. » (Coll. pers.).
---. 474. L. inéd. à Lasserre, 29 juill. 1942. «Ne crois pas qu’A. m’ait tellement chéri: il me jugeait stupide & ne se plaisait à moi que parce que je savais rire, chose qu’il prisait fort & ne trouvait chez personne. Il disait aussi qu’on pouvait tirer de moi parfois des renseignements.»
---. 467. «Si M.J. n’a jamais marchandé son admiration à Apollinaire poète, dont il a constamment proclamé le génie (encore que certaine l. à J. Cassou, datée de 1930 & récemment mise en lumière - note 3. Elle figurait au cat. no. 318 de la Libr. Auguste Blaizot, no. 9001, p. 15 - extr.), ait pour dessein apparent de minimiser quelque peu le rôle joué par le poète de Zône dans la constitution du mouvement cubiste), il a fréquemment, & ce non sans amertume, marqué les limites de la sympathie qui l’unissait à l’homme. Peut-être faut-il se rappeler cependant que la corr. à laquelle nous ferons appel date surtout des années 40, c’est à dire de la fin de la vie du poète & d’une époque où la guerre, la solitude, les persécutions & une condition matérielle précaire ont pu sensiblement altérer sa sérénité du souvenir.»
---. 472. «L. inéd. à H. Lasserre, 2 sept. 1942. Coll. pers. ‘On ne peut vivre éternellement sur Apollinaire Rimbaud & Mallarmé. Ce n’est pas une raison parce que les symphonies de Beethoven sont des chefs d’œuvres pour qu’on ne donne que cela au concert. Les Surréalistes ont amusé 20 ans. A vous de trouver autre chose. Renouvelle toi! Cultive toi!’ Note 1. Le même conseil était donné à E. Jabès, de laisser percer sa propre personnalité poétique à travers le ‘vieux futurisme apollinarien’.» (LEJ, 1945 éd. 21).
---. 470. «[…] dans une l. à J. Cassou […] c’est non seulement la sienne [son influence] mais encore celle d’A. qu’il tâche de restreindre en faisant l’historique du mouvement: ‘Aucun mathématicien n’a servi le cubisme & A. a été aussi surpris que moi de sa naissance. Le cubisme est né un matin, ou plutôt un soir. Apollinaire, Picasso & moi dînions chez Matisse lequel montra une statuette nègre. Picasso la regarda longuement & le lendemain en arrivant au 13 de la rue Ravignan, je trouvai sur le plancher de grandes feuilles de papier, études au trait du canon nègre. A partir de ce jour, P. s’enfonça dans la méditation & le silence… Bien entendu A. mit de la très belle littérature autour de ce chou nouveau, comme il en avait mis autour des arlequins. Je crois que ceci se passait en 1906’. »
---. 470. APOLLINAIRE & LE CUBISME, M.J. & LE SURREALISME L. à un correspondant. Extr. «Je ne collaborais pas à la Phalange. Apollinaire ne m’a révélé qu’en 1907 & d’ailleurs ce que je faisais ne plaisait, n’a jamais plu à cet ami qui avait raison de défendre la poésie qu’il aimait & les revues de cette poésie… ». 471. «L’agacement de M.J. face du Surréalisme, notons-le, sera de même nature, puisque l’impitoyable renouveau dont se prévalait, après Dada, l’art surréaliste laissait injustement dans l’ombre le CD précurseur & cueillait des lauriers dont la semence ne lui appartenait pas toujours. Mais si M.J. contestait à Apollinaire ce destin d’initiateur du cubisme, il lui reconnaissait en revanche deux qualités majeures, dont l’alliance paraît bien être la définition même du génie lyrique. La prem est ‘le plafond’, […]. »
---. 473. LE LYRISME VRAI CHEZ APOLLINAIRE. «Le lyrisme vrai, à part la prose de Rimbaud, ça commence à Apollinaire: ‘Tous les mots que j’ai dits se sont changés en étoiles!’ On n’a pas le droit de dire ces vérités-là.» Corr. II. 199. - Palacio, 473. «Lyrisme, celui-là, de ‘l’homme devant l’univers’, qu’Apollinaire a d’autant mieux traduit ‘qu’étant chef de toutes les écoles il n’était d’aucune’ (Corr. II. 154) & dont il a emporté le secret avec lui: ‘Pas assez de musique méridional (sic) depuis la mort du romain Apollinaire’. » [L. inéd. à Lasserre [29 juill. 1942]. (Coll. pers.).
CONCLUSION
---. 472. SE ‘DEHYPNOTISER’ DE LAUTREAMONT, DE RIMBAUD, DE MALLARME, D’APOLLINAIRE. «L’association de ces trois noms – Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire – est très significative. Excédé de voir les deux premiers perpétuellement invoqués comme terme de référence, c’est en fait le droit à l’originalité & à être soi-même que plaide M.J. face à eux ou Apollinaire. ‘Qui nous débarrassera de Rimbaud’? demande-t-il à Jouhandeau, après s’être exclamé, devant les ravages exercés sur la nlle génération par l’auteur des Illuminations: ‘Il faudrait tuer Rimbaud encore’. (Corr. II, 207)- écrit-il à M. Leiris. ‘au lieu de lire Rimbaud, lis donc Murger ou Musset’, est le conseil constamment prodigué à M. Leiris à la même époque. Dans tout ceci, ce sont évidemment beaucoup moins les poètes eux-mêmes que le sot bétail de leurs imitateurs qui se trouvent visés. M.J. eût pu dire en ce sens qu’il faudrait tuer Apollinaire.»
---. 474. LE RESSENTIMENT N’A PAS OBSCURCI SON JUGEMENT CRITIQUE. «Ceci [la longue l. inéd. A H. Lasserre] paraît […] le ‘testament’ de M.J. en ce qui concerne le cas Apollinaire. […] c’est l’expression dernière - & la plus haute – de ce ‘plafond’ qu’il tentait la même année de définir. Mais à cette reconnaissance sans réticence de la suprématie d’A. poète vient se joindre le dernier écho d’une amertume pacifiée : ‘Ne crois pas qu’A. m’ait tellement chéri…’M..J., conscient du mépris déguisé où l’auteur d’Alcools tenait celui du CD, n’a que rarement laissé son ressentiment obscurcir son jugement critique; mais il n’a pu éviter parfois de trouver & de dire injuste cette condescendance dédaigneuse qui le reléguait à jamais au rang des épigones.»
PASCAL PIA. Carrefour 1018 (1964): 20. «Sur A. […] il s’est répandu en éloges quand il estimait ne pas pouvoir faire autrement, mais je ne saurais oublier que, vers 1921, il affectait en privé de tenir Alcools pour un recueil de vers au-dessousdu médiocre. […]. Je ne vois à cela qu’une explication: c’est que la jalousie dévorait M.J. Elle lui rendait insupportable le succès, si modeste fût-il qu’obtenait tel ou tel de ses compagnons de jeunesse, alors que lui-même en était encore à solliciter les éditeurs & à rechercher des acheteurs pour ses gouaches.»
PLANTIER. L’Univers poétique. Intr. 9. «Parmi les poètes qui s’illustrèrent durant les années qui vont de la prem. grande guerre mondiale à la seconde, il en est qui ont acquis une renommée importante. Apollinaire a ses fidèles […] Claudel bénéficie du même traitement. Dans le groupe d’A., M.J. n’a pas encore trouvé sa juste place, sans doute à cause de la faveur accordée à Apollinaire, mais aussi pour d’autres raisons qui tiennent à l’originalité de l’œuvre & au contexte littéraire. Rejeté par le mouvement surréaliste après sa conversion au cath., alors qu’il est un authentique initiateur de ce mouvement, M.J. s’est heurté à l’incompréhension de l’avant-garde litt. comme à celle des tenants de la tradition […]. L’interdiction de publier ses livres, pendant les années de l’occupation, parce qu’il était juif, contribuait à l’écarter du mouvement poétique. Sa mort brutale au camp de Drancy ramena sur lui l’attention de ceux qui ne connaissaient que le CD. […] il apparaît dans les ouvrages d’Hist. de la Litt., comme un poète inégal, mystificateur ou instable. Il suffit de relire les pages que lui consacrait M. Raymond, en 1952: «Se libérer du réel, c’est ce que tenta Apollinaire, & en même temps que lui M.J., non moins ‘curieux homme’ […]. Le non-conformisme atteint avec M.J. ses conséquences ultimes: c’est en son propre moi que l’homme refuse de se reconnaître.» (De Baudelaire au surréalisme. Corti, 1952 253.).- 10. De là une certaine complaisance des critiques à évoquer un ‘Ariel ‘, tantôt brillant & tantôt grimaçant, un chercheur possédé du besoin de l’invention gratuite, un être aux métamorphoses perpétuelles & donc, peut-être, incapable de ‘rien créer de sa propre substance’. »
POEMES SITUES. VM, 112. In «Les mots en liberté.» Nord-Sud (oct. 1917). «ceux [les poèmes] de G. Apollinaire, magnifiquement inspirés le sont toujours [situés].» 91-92. «Dans ses CJP, en 40 petites pages, Max cite 4 fois, avec admiration, Apollinaire. ‘Guillaume écrivait – pas tous - ‘des vers sacrés’ ou parfaitement musicaux. ‘Voie lactée, ô sœur lumineuse/ des blancs ruisseaux de Chanaan’ & il [Aollinaire] avait raison d’avoir horreur de la ‘poésie parfaite.’ Comme avec Picasso, qui a été le plus généreux? »
PRESENTATION DE REVERDY A LYRE & PALETTE déc. 1916. MF 344 (janv.-avr. 1962). «G.A. prétend que je suis un mauvais critique. G.A. se trompe, car si j’avais été un mauvais critique, je ne luis avais pas prédit à ses débuts sa gloire actuelle.»
ARIOSTE, LUDOVICO (1474-1533)
LML, 87. 24 janv. 1940. P.S. «Je lis le Roland furieux, de l’Arioste, c’est frais, jeune, héroïque. Un panier de poèmes à foison. Je ne peux pas m’en détacher.»
MJ/JC, 427. 30 juin 1926. «Je lis Roland furieux de l’Arioste. C’est mieux que Fantômas, vraiment mieux. Je trouve ça tout à fait beau & amusant – des contes de fées, de faits.»
PR, 352-53.«Nombreux sont les poèmes qui mettent en place une allégorie servant à expliquer les mystères de la foi. Ici l’accès de fureur dont fut saisi Roland selon l’Arioste dans Orlando furioso, ne sera rappelé que pour signifier en une comparaison éclairante les bienfaits de la confession.» Voir le poème ‘La folie de Roland’. Fontaine 19-20 (avr.-mai 1942): 259.
ARLAND, MARCEL (1899-1986)
LMJ, 166. 21 déc.1924. Dans son article sur HCH, Crevel rapproche l’œuvre de Jouhandeau à celle de M.J. «Le fait même d’avoir pris en épigraphes certaines phrases des Evangiles & des psaumes révèlent entre l’auteur des Pincegrain & M.J. une ressemblance plus secrète & plus profonde que celle déjà notée de savoir prêter des mots savoureux aux petites gens. ‘Dieu éternel tourment des hommes…’ écrivait M. Arland l’hiver dernier.» (Crevel, 75).
LUA, 19. St.- B. 4 oct. 1923. «Marcel Arland, c’est aussi très bien.»
MJ/JC, 406. 14 mars 1926. «J’ai lu Monique de M. Arland. Il y a un caractère d’homme qui donne l’impression du ‘sans fond de Dostoïewsky. Etre arrivé à ça, c’est énorme & la ridiculement nommée Monique est très bien; ce n’est qu’une surface, mais c’est bien dessiné. Je serais Goncourt que je lui donnerais mon prix.» 407, n. 5. «Monique de M.A. venait de paraître à la N.R.F. ‘L’homme sans fond’ de Jacob est incarné par Lucien qui, incapable de se contenter du bonheur réel de vivre avec sa femme, détruit son mariage & son épouse» ; 441, n. 15, l. [8 août 1926]. «M.A., né en 1898, était encore à ses débuts, mais il était déjà connu comme fondateur des revues Aventure & Dés. En 1923, il a publié son prem. roman, Terres étrangères, &, en fév. 1924, son essai ‘Sur un nouveau mal du siècle’ (N.R.F.) a suscité un vaste débat.»
ARNAUD, CELINE. ( ? 1952). Poètesse femme de Paul Dermée, auteur de Images dans le dos du cocher. Poèmes à claires voies. 1920. Les Réseaux du Réveil. 1937.
L’ART VIVANT
ARTICLE DE FLORENT FELS. «De la danseuse de la Revue nègre à la prostituée noire de Bousbir; du fétiche pahouin à l’ivrogne accroupi du Musée de Terveren, il y a, dans les manifestations, dans l’attitude des Noirs une dignité incontestable. Il semble que le rythme de masque ou de danse appartiennent au même ordre supérieur que celui qui rythme les saisons & les grands événements naturels. Le cubisme bénéficia de cette jouvence puisée aux sources africaines.»
---. Revue mensuelle internat. de l’art des Elégances & du Tourisme. Un peu de tout: des pages d’art décoratifs, de mode féminine & masculine, tourisme, spectacle, gastronomie, ventes publiques, guide du collectionneur, etc. [1925]. Dir. Fondateur: Jacques Guenne, Réd. en chef Florent Fels.
AUDIBERTI, JACQUES (1899-1965)
GUIDE ILLUSTRE, 120. (Né à Antibes) est un autre phénomène de la poésie moderne. Ses romans & ses théâtres ont contribué à sa réputation, mais ses poèmes, moins connus s’abandonnent plus franchement au fantastique. L’œuvre d’Audiberti est un torrent verbal, qui charrie toute l’expérience poétique du Moyen Age à nos jours, dans la volonté d’embrasser à chaque instant la totalité de l’univers. Poésie éloquente remplie d’attentats à la langue & au ‘bon sens’, farouchement insurgée contre tout conformisme. On lira principalement: Race des hommes (1930), Des tonnes de semence (1941), Toujours (1944), etc. A la fin de sa vie, il se consacra de plus en plus au théâtre. – P. 276. Audiberti est l’auteur d’une dizaine de romans explosifs, qui n’ont d’autre sujet que le vagabondage d’un esprit doué d’une imagination & d’un génie verbal phénoménaux. Toutes ses hstoires fantastiques: Abraxas, Carnage, La Nâ, Le maître de Milan, La Poupée, Les tombeaux ferment mal, récompensent ceux qui n’hésitent pas à épouser leurs méandres jusqu’à Dimanche m’attends (1965), paru quelques mois avant sa mort, un dimanche matin… P. 335. Il a d’abord causé beaucoup d’étonnement. La Bête noire, devenu La Fête noire (1945), Quoat-quoat (1946), Les Femmes du bœuf (1948) charrient toutes sortes de richesses désordonnées & peu accessibles. Mais Le mal court connut dès 1947 un grand succès, qui se renouvela brillamment dix ans plus tard grâce à Suzanne Flon. Cette force philosophique pose tout le problème moral de l’Orient & de l’Occident: l’innocence & la vertu étaient du côté de l’Orient; mais l’Occident lui a appris que le Mal existe; alors l’Orient jouera aussi le jeu du Mal. Malheureusement, Audiberti eut de plus en plus tendance à ramener ses investigations parapsychologiques à la fonction de simples recettes pour faire rire; il a recherché le grand public, qui de fait est venu à lui au fur & à mesure qu’il lui faisait des concessions (La Hobereaute, 1958, L’effet Glapion, 1959, La Logeuse, 1960, La Fourmi dans le corps, 1961).
AUDIBERTI. «Il y a beaucoup de jeunes; je ne connais pas un qui apporte quelque chose de nouveau, sauf Audiberti, mais il n’a ni fond ni gratuité véritable. Un style! oui! comme tous les poètes français, un style! » LTB, 136. 26 mars 1942. A Moricand.
LAROUSSE. Litt. fr. II 1968. 350. (L’essentiel de l’œuvre publié chez Gallimard). Le Méditerranéen J.A. oppose au surnaturalisme claudélien un naturalisme à la Lucrèce de facture baroque. Un hymne panique à l’amour, avec des dissonances & un luxe d’harmoniques qui sont d’un écrivain gourmand de vocables & de tours syntaxiques insolites, court à travers son théâtre. Une fantaisie débridée, une verve séminale, une écriture savoureuse, caractérise Quat-Quat (1946), Le mal court, (1947), La Fête noire, (1948), Pucelle, (1950), Les Naturels du Bordelais (1953), La Hoberante (1958) L’effet Glapion, (1959), La Logeuse, (1960), La fourmi dans son corps, (1962), Pomme, Pomme, Pomme, (1962), Cavalier seul, (1963). - Sa poésie. 359-60. Il tire du langage une fête solaire, un torrent de musique & de couleurs, une explosion redoutable & généreuse. Le solennel, le délire, le truculent, le populaire, le tragique & l’humour, toutes les tendances de l’homme, toutes les possibilités du langage animent l’œuvre poétique – comme l’œuvre théâtrale si extraordinaire & l’œuvre romanesque, si personnelle d’Audiberti. Il a écrit: ‘La poésie est l’énergie du monde.’ :Empire & la Trappe, (1930), Race des hommes, (1937), Vive guitare, (1946). Rempart. Des tonnes de semence, (1941), Ange aux entrailles, (1964).
MJ/JC, 589-90. «Je lis parfois tes admirables chroniques de Comoedia quand Salmon m’envoie ce journal. Audiberti a des trouvailles dans son fatras» ; 591, n. 10. «J.A., poète & romancier connu pour ses inventions & son délire verbal (cf. surtout Des tonnes de semence). De 1941-1943 il a fait la ‘Chronique de cinéma’ pour Comoedia.»
BALZAC, HONORE DE (1799-1850)
AP, 24. «Une bonne méthode pour paraître un écrivain profond: faire parler des hommes supérieurs. Mais comment faire? leur faire trouver en un instant ce qu’on met deux heures à découvrir, les faire prévoir juste à tous coups, leur donner tous les succès de l’esprit & de la maîtrise de soi. Balzac.»
---. 24. BALZAC & BAUDELAIRE. «Des hommes importants pour les mœurs & pour les idées pourraient être, & peuvent être de mauvais écrivains & de mauvais poètes.»
AVENTURES DE L’ESPRIT. L à N. Barney. 105. S.d. «[…] je n’aime que les livres qui résument une vie entière (la vie étant achevée à l’âge de 12 ans); j’ai horreur des historiettes, fussent-elles signées Balzac.»
A BELAVAL. Op. cit. 55.23 juill.1942. «Je prends Balzac pour ce qu’il est: le roi des conteurs & sans style, ni ligne. C’est écrasant comme un pavé… L’art n’est pas ça.»
A BRIANT. LTB, 60. 3 juill. 1936. «Le passage de Balzac n’est pas CD…c’est le Cornet qui le regrette, bien sûr [...].»
A DOUCET. Corr. I, 133. 30 janv. 1917. (Parlant de la situation ou marge). «Je préfère Georges Sand à Balzac, les comédies de Musset à beaucoup d’autres choses!»
A FRANCIS MIOMANDRE. PJ, 220. St.-B. 4 mai 1924. «Personne ne sait créer une destinée; je me demande si jamais Balzac l’a vraiment fait. (Je n’aime pas Balzac).»
A LOUIS GUILLAUME. LLG, 79. «Balzac & Proust sont des conteurs. Une personnalité est un parti pris de voir tout sous un angle: choisis cet angle.»
LMJ, 179. 30 mars 1925. «Balzac n’est qu’un conteur marchand de soupe qui a vendu la robe collante de N.S. pour un coup de dés.»
LMM, 77. 4 mars 1941. «Ne pas confondre ‘création’ avec le fait d’avoir mis un nom sur un type inexistant. En fait c’est l’histoire de Balzac. Personne ne connaît Rastignac ou Vautrin que de nom: ce n’est pas de la création.»
MJ/JC, 155. 17 mai 1923. «Lucien de Rubenpré qui ne vaut pas Giraudoux dans Balzac avait été élevé par un chanoine […] lequel n’était autre que Vautrin déguisé lequel avait été ramassé comme mort dans un fossé poudreux. (c’est le chanoine) proprement dépouillé de sa perruque /en Espagne/ qui cachait le fer rouge de la marque infamante. Quel malheur qu’on ne puisse pas écrire des histoires comme ça. […]. Quelle profondeur on met dans ce Balzac! oui on peut trouver aussi de la profondeur dans les contes de Perrault. Ce sont de ces choses où le lecteur met ce qu’il veut.»
---. 112. 29 août [1922]. «(Moi j’ai lu du Balzac, c’est fou, les gens aiment ça à cause de Tortoni [un café d’autrefois rendez-vous des écrivains boulevardiers, il disparut en 1887] & des révélations sensationnelles sur les dessous de la duchesse, etc. … Fantômas est mieux).»
---. 189. 5 fév. 1924. «Si tu vois Poulenc & Auric, dis leur combien leurs succès me font plaisir. – Juger Balzac d’après ses hommes de génie. Il y aurait quelque chose d’humoristique à écrire.»
---. 501. 26 fév. 1927. «Et je pense pour me faire me lever à 5 heures que Balzac commençait sa journée à minuit. Penser à Balzac est un signe de folie ou d’impuissance sexuelle.»
---. 505. «Pierre Colle montrait des goûts si nets (la haine de Balzac qu’il dit fait avec de la poussière & du tabac à priser etc… etc…) qu’il m’intéressait.»
PR, 371, n. 1. «Balzac disait: ‘Une nuit d’amour c’est un livre de moins’. »
BANVILLE, THEODORE (1823-1891)
A MAURICE RAYNAL. Corr. I. 102. 23 sept. 1914. «Je lis Vigny qui est très haut, très pur & Banville qui vaut plus & moins qu’on ne croit, plutôt moins; c’est un fabricant.»
PJ. A PIERRE BERTIN.16 mars 1930. 329. « … en 1900, à l’exposition tout le monde chic achetait les soies japonaises brodées, genre chef-d’œuvre. Or, il y avait un coq bleu & or & rouge, la seule broderie moche. Elle avait été achetée par les Rotschild, je plaignais leur mauvais goût, mais on me dit qu’ils étaient obligés d’avoir toujours l’article riche, ce qui me fit penser aux vers de Banville.»
BARRES, MAURICE (1862-1923)
LFF, 46. Mars 1919. «Je t’avoue qu’il me dégoûte & tu peux le lui dire: Il n’aura pas mes livres.»
LMJ, 272. 2 oct. 1926, n. 2. Une nouvelle de Barrès parut dans les NL (2 oct. 1926) intitulé ‘Sous le signe de l’esprit’ & fait partie du Mystère en pleine lumière, Plon, 1926. «Barrès y raconte un incident qui arriva en 1921, & qui semble être une représentation allégorique du départ de M.J. pour S.-B. (cf. Barrès, 49-54). »
MJ/JC, 221. [mars 1925]. «J’ai écrit une assez ‘jolie’ pensée sur Barrès /cette nuit/: ‘Barrès avait quelquefois le ton TON, Tontontontainettonton’. »
BAUDELAIRE, CHARLES (1821-1867)
ANDREUCCI. PR, 497. «Baudelaire est le client de Gautier pour le rayon boucles d’oreille.» In l. à H. Hertz., 1906. Palacio. RLM no. spéc. Max Jacob 1. 178, 188. Frag. Inéd. 16 mai 1906. 497, n.15. «Les jugements sur Baudelaire sont aussi en grande partie d’ordre moral. Jacob lui reprochera hantise & complaisance à l’égard du péché. […] on pourrait aisément souligner l’influence d’une œuvre tant dénigrée sur celle de Jacob. Jean de Palacio l’a du reste décelée sur les poèmes du CD.» Voir Ibid. «La postérité du Gaspard de la Nuit de Baudelaire à M.J.» 157-83.
ANTOINE, GERALD cite M.J. Op. cit. 21. «Quant à B., victime de ses ‘Correspondances’, il a confondu ‘parabole’ ou ‘fable’ avec p. en prose.
L’ESTHETIQUE même de la ‘surprise’ chère à Baudelaire est à ses yeux dépassée: ‘Surprendre est peu de chose, il faut transplanter’. »
A LOUIS GUILLOUX. «M.J.» France-Asie no. spéc. 357. A Saint-Brieux, l’été de 1926, M.J. disait à Jean Grenier & à L.G.: «Tous les littérateurs sont des ruisselants. Et ceux qui, par hasard ne sont pas des ruisselants, ce sont des grands: Dostoïewsky, Jean Jacques. Le type du ruisselant Diderot. Je suis moi-même un ruisselant.» ‘Et Baudelaire, Max !’ «Baudelaire – Ce professeur! »
AP, 24. «Des hommes importants pour les mœurs & pour les idées comme Balzac ou Baudelaire pourraient être, & peuvent être, sont peut-être de mauvais écrivains & de mauvais poètes.»
CADOU CITE M.J.. «La Vie du Poème.» Op. cit. 132. «Baudelaire, ce vicieux protestant littérateur.»
HOTEL DROUOT. 19-20 nov. 1987. Lot 128. A un destinataire non identifié. ‘J’ai commencé par aimer B. Un très grand homme m’a ouvert les yeux sur le côté PERVERS, ARTISTIQUE & DILETTANTE, de ce méprisant démon. Je ne le lis plus. Il lui reste le très grand mérite d’avoir révélé Edgar Poë… Daumier & Constantin Guys.’ ‘Son influence est «immense & néfaste, toute l’artisterie du 19e siècle vient de lui… Cependant Rimbaud n’estimait guère que lui parmi les poètes & Racine… Il ne faut pas être artistique, c’est antihumain, il faut être en communion avec l’humanité ou avec le ciel.’ In 2e l. ‘Baudelaire est un ‘poseur’. «Jacob considère’l’artisterie’ ‘comme une tare’. ‘L’art est une communication avec l’humanité. L’artisterie est la volonté de voir l’humanité en pittoresques, en étrangetés, en surprises; ça a commencé avec l’époque Flaubert-Goncourt.’ L’artisterie ‘c’est tout le contraire d’une pensée généreuse animant une œuvre ou de l’évolution d’un caractère étudié. Tout ce qu’on lit n’est plus qu’un catalogue de curiosités, en vers comme en prose.’ Baudelaire ‘n’a vu dans le génie de Poë que l’étrange.’
LML, 72. St.-B. 27 oct. 1938. «Je suis désolé de l’air amateur, contemplateur, assistant, descriptif, qu’on a depuis Baudelaire.»
LMM, 155, NOTE 1 à la lettre XXVIII. «Durant toute sa vie M.J. a systématiquement dénigré Baudelaire, ce ‘vicieux protestant littérateur’, ‘ce professeur’, ‘ce littérateur descriptif, victime de ses ‘correspondances’, qui en guise de poème en prose, n’a offert que ‘paraboles’ ou ’fables’. Il conteste son originalité: ‘Baudelaire a trompé tout un siècle. S’il n’y avait pas eu Poë, il n’y aurait pas eu Baudelaire. Quelle tristesse de devoir tout à un mort.’ (Esth. 52). Il déplore son influence: «Je suis désolé de l’air amateur, contemplateur, assistant, descriptif, qu’on a depuis Baudelaire. (LML, 72). Cependant Baudelaire a eu une certaine influence sur son œuvre. Jean de Palacio examine les modèles avoués ou méprisés de Jacob: les p. en prose d’Aloysius Bertrand & de Baudelaire & montre que tout en reprenant les thèmes, les titres, les tournures de ses prédécesseurs, Jacob a réussi à en donner une version personnelle & moderne. «La Postérité du Gaspard de la Nuit: de Baudelaire à M.J.» RLM MJ 1, 157-89. [161, n. 10 de Palacio]. ‘La seule sympathie que je pourrais avoir pour ce littérateur descriptif de Baudelaire c’est qu’il y a eu là un effort d’invention.’ L. inéd. à A. Messiaen, 24 mai 1937. 186, note 10. [Coll. Pers.]. G. Kamber aboutit à la même conclusion. «Sources» dans M.J. & The Poetics of Cubism. Baltimore/London: Johns Hopkins, 1971. 76-99 & 144-45;77. 4 mars 1941 à Manoll. «Baudelaire a inventé si c’est ‘inventer ‘ que de prendre en Amérique son bien.»
MJ/JC, 114. 5 sept. 1922. « […] un vrai poète ne peut pas changer de peau & ceci montre que Baudelaire & Hugo pouvaient se déshabiller de la pelure poétique, ce qui n’et pas à leur louange.»
BEALU, MARCEL (1908-1993)
GUIDE ILLUSTRE, 239. Il s’est signalé par une poésie nocturne, onirique, marquée par une liberté totale de la forme & de la pensée (Mémoires de l’ombre, 1943, Journal d’un mort, 1947, L’expérience de la nuit, etc.). – PUF, 1968. 373. Son domaine se situe, dans la surréalité, entre le conte fantasmagorique & le p. en prose: L’araignée d’eau, 1948, La Pérégration fantasque. Il a donné, en vers, Cœur vivant, 1941, Ocarina, 1952, & procuré une Anth.de la Poésie fr. depuis le surréalisme (1952) & une Anth. des Poètes femmes contemporaines (1954).
LML, 87. P.S. Lettre 24 janv. 1940. «M. Béalu fait des progrès mais ni lui, ni Manoll n’ont de goût, & le goût (surtout celui de ne pas avoir de goût), c’est très important. C’est l’intelligence du poète.»
144. Note VIII. «M.J. devait revenir sur ce jugement hâtif écrit quelques jours après sa prem. rencontre avec M.B., puisque après sept année de corr., en fév. 1944, il lui dédicacera ainsi l’un de ses livres: «A Marcel Béalu, dont il faut tout attendre de ce qui est beau, grand & bien.»
LMM, 136. Oct. 1943. «J’aime Béalu: j’ai confiance en mes attractions.» - 128. 19 juin 1943. «Béalu a écrit au moins une chose ‘inventée’ ce qui est fort rare chez les plus grands. C’est le p. des femmes qui tissaient des toiles d’araignée artificielles. Ça, c’est digne d’Andersen ou même de Poë & c’est supérieur à ce bas-philosophe qu’est Baudelaire en prose.»
LTB, 104. 8 sept. 1940. «Oui Béalu est venu à bicyclette de Montargis. Son amitié a pour longueur d’onde 90 km […] la mienne aurait plus de km encore. Sa présence me rajeunit & j’ai bien failli pleurer de joie en le voyant. Il paraît qu’on a longuement parlé de lui dans la T.S.F. Je serai heureux quand il aura la notoriété que méritent son sentiment poétique & son noble désir d’ascension in excelsis, son talent & son caractère en un mot. Je crois formidablement à son avenir.»
VM, 237. «En 1937 de nouveaux amis entrent dans sa vie, ceux que M. appelle d’abord un peu dédaigneusement ‘un groupe de jeunes (de) Montargis’, ‘ville de fleuves, de canal, de rivière, de verdures, de ponts, d’écluses & de murs trempant dans l’eau,’ M.B. ‘beau & lumineux’ 238. «Max entreprit non seulement de convertir Béalu – ce à quoi il dut renoncer assez vite, du moins sous la forme d’une conversion au christianisme – mais aussi de guider de la manière la plus sérieuse & la plus poétique sa démarche de jeune poète. Des l. que Max lui écrivit pendant ce printemps & cet été 1937, on pourrait aisément tirer une Esth., comme Cadou le fît de celles qu’il reçut. […]. La prem. l. qu’il luit écrit - elle sera suivie de tant d’autres - le 13 avr. 1937 est, en deux pages, un Traité d’esth. accompli.» - 240. Quarante ans après, M.B. écrira dans ses beaux souvenirs, Enfance & apprentissage, que M.J. «fut son seul maître dans l’art d’écrire. »
BEAUDIN, ANDRE (1895-1979)
ANDRE BEAUDIN, originaire de Seine-et-Oise a fréquenté à Paris l’Ecole des Arts Décoratifs & commencé par divers métiers, tout en faisant des dessins pour des journaux de mode. Il fit la connaissance d’André Masson qui le conduisit chez M.J.; en 1925, M.J. écrira une préf. pour la prem. expo. de tableaux de Beaudin.
LAL. 50. «[…] je vois qu’avec Beaudin ça a marché: tant mieux! ce charmant garçon doublé d’un grand artiste méritait qu’on l’aidât.»
LMJ, 173. L. à Leiris 21 sept. 1922 M.J. écrit. «Je voudrais… que tu connaisses A. Beaudin qui est un savant dessinateur, mais à qui il manque la grâce & qui l’aura quand il aura compris que la géométrie n’est pas tout. Il faudrait qu’il apprenne à chanter, à danser à marcher sur les mains une fois le temps.» Corr, II. 122-23; LMLE.
LRR, 51. 23 avr. 1925. «Quand Beaudin saura allier la chair avec le style, ce sera un grand peintre. En attendant c’est une âme tendre, fidèle & fervente que j’aime.»
PR, 171, n. 1. «A. Beaudin, peintre cubiste, sculpteur, graveur, cartonnier de tapisserie. Suzanna Roger, sa femme, illustra de lithographies le conte breton de M.J. La Couronne de Vulcain, paru aux Eds. de la Galerie Simon à Paris (déc. 1923).»
PREFACE DE M.J. CAT. GALERIE PERCIER. Janv. 1923. 47-49. Dessin de Beaudin: ‘M.J. dormant.’ 1924. Coll. particulière.
VM, 156. «Le 15 janv. 1924, il assiste au vernissage de la prem. expo. d’A.B. Il a écrit, en s’excusant de son ignorance en peinture, lui qui a été l’ami de Picasso, de Modigliani, de Braque & de Juan Gris, un très joli texte de présentation: ‘B. est l’un des trois ou quatre peintres qui ont profité de la leçon du cubisme. B. étudie & ne laisse rien au hasard’. »
BELAVAL, YVON (1908-1988)
LUA, 97. St.-B. 15 nov. 1936. «Oui, Belaval est mon ami. C’est un malchanceux au début de la vie ce qui prouve un avenir ‘après.’ Il a le goût des idées & l’envie de l’art.»
MJ/JC, 524. [avr. 1927] l. de Cocteau à M.J. «Si tu autorises Belaval à venir te voir, tu connaîtras un garçon adorable – avec un accent – mais, passé l’accent de Montpellier, on rencontre une âme très haute & très dure & très tendre. Il est d’une franchise superbe. Après 8 jours de Max, il vaudra de l’or.» M.J. répond, 12 1927. 526. «J’ai déjà écrit à ce charmant Belaval de venir. J’aime ses lettres. Je lui ai dit que s’il ne vient pas j’irai à Montpellier. Oui! » 533. 27 avr. 1927. «Yvon est un enfant charmant & je suis content de le connaître: il ressemble à ses lettres […] & qui réussira par la sympathie qu’il inspire. Il est modeste jusqu’à l’humilité, capable de force, curieux de tout ce qu’on appelle ‘élevé’, il aura même de l’esprit.»
PR, 473. L. à Béalu: «Il est beau & bon d’aller à Dieu par le cœur mais si le cœur est seul le cœur ramène au péché & tout est à refaire» ; Belaval, 121.
DR. BENOISTE-PILLOIRE
CHEZ LE DR. BENOISTE-PILLOIRE. (Ce devait être plus exactement à Kerpape dont le docteur dirigeait le Sanatorium). Max m’avait parlé de cette résidence, sachant que je fus Lorientois deux fois de 1937 à 1940, puis en 1943. [Référence?].
LLP, 123. 2 sept. 1934. «Le Sanatorium de Kerpape dont le médecin est mon ami occupe plus d’un km sur la plage. Ce sont des châlets énormes en granit; il y avait mille malades soignés par deux jeunes internes vraiment gentils & le dr. Benoiste qui a là un manoir & d’immenses pelouses parsemées de plates-bandes de loin en loin. Il y avait chez lui de petits enfants bouclés, de grands enfants non bouclés, des jeunes femmes & des grands-pères de mon âge. Je ne suis, hélas! pas grand-père. – 150. St.-B. 30 mai 1937. «Je pars mercredi pour Quimper & je me ménage une porte de sortie sur Lorient où j’ai le sanatorium de Kerpape & le dr. Benoiste (encore un médecin dans ma vie mais ma santé est bonne).»
VM, 241. «Max passe les mois de juin & de juill. [1937] en Bretagne, à Lorient chez son ami le docteur Benoiste, puis à Quimper, chez ses parents.»
BERGSON, HENRI (1859-1941)
LMJ, 208-09, n. 4. 4 août 1925. «Jacob n’a jamais été très amateur de Bergson; dans une l.à Cocteau du 4 juill. 1922, il dit: «Nietzsche sera comique dans vingt ans & Bergson l’est déjà.» Corr. II. 104 ; MJ/JC, 91.
LNF, 22. 12 juin 1923. «Est-on philosophe parce qu’on a lu les livres de Bergson? »
MJ/JC, 271. 1 mai 1925. «Il est vrai que les surréalistes étant Bergsoniens nient l’Esprit […].»
PR, 531. Selon M.J. «l’esprit chrétien est l’esprit de Fabre analysant les insectes & non celui de Bergson.» Cité d’une l. à F. Guex-Gasambide, 24 jun 1942. PJ, 486.
BERIMONT, LUC (1915-1983)
L. A BERIMONT in Alain Germain. «R.G. Cadou ‘en liaison avec M.J’. » Coll. de Quimper. 295. «Toute création doit sous-entendre le Cosmos & n’en jamais parler.»
VOIR 3 L. A BERIMONT in Cah. Bleus no spéc. (1977): 66, 73 & ibid. 1994. 104-06. Bérimont était de l’Ecole de Rochefort.
BERNARD, TRISTAN (1866-1947)
GUIDE ILLUSTRE. 57. Il fut un spirituel humoriste, parfois profond, toujours très adroit à confectionner des comédies légères, mais morales. Ses plus grands succès théâtraux datent d’avant 1914: Le Prince charmant, (1913). Jules, Juliette & Julien, (1929). Le Sauvage, (1931) & trente autres comédies, saynètes ou farce très réussies, maintiennent sa renommée jusqu à sa mort. Certains lui suivront: Monsieur Codomat, (1907). On a repris avec bonheur Le petit Café.
---. DICT. OF MOD. EUROPEAN LIT. London. 1947. Fr. dramatist, novelist & wit, born at Besançon. Changed his name from Paul to suggest his melancholy. Contributed to Revue Blanche in 1889 &his novel Les mémoires d’un jeune homme rangé & short comedy L’Anglais tel qu’on le parle both met with great success. – His later novels such as Le mari pacifique (1901) were widely read & through their power of observation & pessimism influenced the novel of that period. – Most famous for his hilarious comedies.One of his best-known plays, Triplepatte, (1905) shows a man unable to make a decision as to marriage because of too much advice from his many friends. Le Prince charmant (1921) portrays a young sympathetic man who is unreliable financially. Le Petit Café (1911) is about a waiter who will inherit a fortune on condition, that he remain with his employer for 20 years. Some other comedies are: Daisy (1902), M. Codomat (1907), Le danseur inconnu (1909). La Gloire ambulancière (1913), Les petites curieuses (1920).
LONGMAN COMPANION TO 20TH C. LIT. BY A.C. WARD. 1970. 67.Né Paul Bernard, born at Besançon. Author of plays & novels which had a great vogue in France where he was chiefly noted as a humorist & wit. – 62. Everyman’s Dict. of European Writers. W.N. Hargreaves et al. Aldine Press Dent, 1969. 62. Fr. novelist & dramatist. Going to Paris he soon became an established wit & raconteur, & much of his dry brittle humour finds its way into both his novels & his plays. Of the former his best are Le mari pacifique (1901), Le secret d’Etat (1908) Le Voyage imprévu (1928); of the latter L’Anglais tel qu’on le parle (1899), Le Danseur inconnu (1910), La Volonté de l’Homme (1917) & Jules, Juliette, & Julien (1929). He died in Paris. – P. 100. The Reader’s Encyclopedia. London: Adam & Charles Black.1965. Pen name of Paul Bernard. Best known for his popular, traditional comedies, such as the two he wrote with A. Godferneaux: Triplepatte (1908), Monsieur Codomat (1907). His own comedies include: Le Petit Café (1911), Jules, Juliette & Julien (1929) & Le Sauvage (1931).
LMM, 77. «Il y a invention quand il y a trouvaille, mais ça n’a pas de rapport avec la création. Marcel Achard ou Tristan Bernard pouvaient avoir des idées de théâtre de lutte; on ne peut pas dire que ces médiocres aient créé un type. Il y a des créateurs qui n’ont rien inventé. Les pièces de Musset sont créées: il n’y a là aucune invention. (il a tout chipé). La création est une extériorisation complète: & c’est assez rare. Ne pas confondre ‘création’ avec le fait d’avoir mis un nom sur un type inexistant.»
MJ/JC, 598, n. 1. L. 20 janv. 1944 «Sacha Guitry soutenait le régime de Vichy & il avait de nombreuses relations parmi les Allemands haut placés; il a donc pu sauver des prisonniers tels que Tristan Bernard & sa femme. Cependant, il ne réussira pas à se faire entendre dans le cas de M.J.»
BERTIN, PIERRE (1891-1984)
ACTEUR, SECRETAIRE DE LA COMEDIE FR., puis de la compagnie Renaud-Barrault. Très lié avec M.J. dont il avait joué les pièces. «Trois nouveaux figurants au théâtre de Nantes», «La Femme fatale», «Ruffian toujours, truand jamais», Les Pétroles du Belouchistan [pièce, qui n’a pas été jouée, retrouvée chez lui par sa femme].
MJ/JC, 55, n. 10. Janv. 1920. «Ruffian toujours, truand jamais » pièce en 1 acte jouée par P. Bertin, & musique écrite spécialement pour la pièce par E. Satie. Elle sera représentée à la Galerie Bernheim le 8 mar & accompagnée par la musique du groupe des Six » ; APPENDICE III. Chap.13 de Carte blanche; 23 juin 1919. «Demain soir 24 juin, dans la galerie Barbazanges […] P. Bertin organise une séance dite d’avant-garde. […] le programme annonce une Nouvelle dialoguée en 1 acte , de M.J.: «Trois nouveaux figurants au théâtre de Nantes.»
PJ, 81. L. à Vandeputte, s.d. «Bertin a la bonté de corriger mes pièces de théâtre. Bertin est très occupé.»
BLAKE, William (1757-1827)
LMM, 76. Fin fév. 1941. «La Poésie est une Mythologie, une Mythologie moderne non pas qu’il faille habiller une idée mais il faut habiller un Système gigantesque. C’est pourquoi William Blake est l’un des grands poètes & non pas votre Rimbaud, simple penseur voyant sans enchaînement, grand arlequin pour vos décadences à surprises & non pas l’Homère qu’il nous faudrait.»
---. 115. 10 sept. 1942. «La grandeur de W. Blake vient de ce qu’il a une vaste conception mythologique de l’univers. C’est de là qu’un grand homme se relève, les œuvres valent par la conception du monde qui les entoure […]. Et je pense que nous commençons une époque. Parlons donc de Wiliam Blake ou comme William Blake.»
BLANCHE, J-E. (1861-1942)
COLLET, G-P. «M.J. & J-E Blanche…» Coll. de Quimper. 141. extr. des l. inéd. L. s.d. LA COLERE. ‘Je me méfie toujours des insulteurs: la colère n’est jamais que contre-soi-même; les hommes forts sourient & se taisent.’ LE GOTHIQUE. s.d. A propos de la cathédrale St-Etienne de Bourges. ‘Du gothique beau comme Racine: un œuf: ça commence, ça finit & ça rassasie.’ A propos de l’ENNUI. ‘Dieu inventa l’ennui comme le plus grand des maux. A l’enfer on s’ennuie une éternité.’ 22 intr. & 141. GALLIMARD. 141. ‘Gallimard m’a roulé, m’a lié à son vaisseau qui ne vogue qu’aus pôles Goncourt, pôle qui ne sera jamais le mien.’ - «M.J.a fait paraître dans le mensuel Formes 2 pages fort amicales & amusantes intitulées simplement «A propos de Jacques-Emile Blanche.» ‘Jacques-Emile Blanche a beaucoup d’histoires; elles sont de l’histoire & l’histoire n’est pas blanche si Jacques-Emile l’est’. »
LAL, 69, 16 déc. 1923. ‘J’ai eu aussi le temps de lire quelques-uns des livres que l’on m’envoie […]. Entre autres un livre de J.-E. Blanche signé du pseud. de Beslou Idéologues & qui est son meilleur, très amusant d’ailleurs’ ; 70, n. 3. «J.-E. Blanche, fils du célèbre docteur Emile Blanche, était à la fois un peintre, un critique & un écrivain. Peintre, il fut surtout un portraitiste: Anna de Noailles, A. Gide, M. Proust, F. Mauriac, Max Jacob posèrent devant lui. Critique, il publia Propos de peintre chez Emile-Paul en 3 vol. Ecrivain, il était l’auteur d’Aymeris, paru au MF. Idéologues. Recueil de 4 nouvelles.»
LPM, 72, n. 10. L. 16 mai 1931. «Blanche fit le portrait de la plupart des grands écrivains de l’entre-deux-guerres, y compris celui de Cocteau.»
MJ/JC, 257. «A propos de Blanche, il est en Angleterre & à Lyon pour faire des portraits de lords & peut-être, j’imagine, celui d’Herriot revenu. Il me promet gentiment de venir à St.-B. – c’est avec toi un des rares gens bons foncièrement que j’ai connus. En admettant qu’il ne soit que poli, ce qui est faux, une certaine politesse est une expression de la bonté.»
BLOCH, JEAN-RICHARD (1884-1947)
LJRB, II. 149. Printemps 1918. «C’est en somme un livre de psychologie, science où tu es maître; & un livre de psych. des races, science encore toute neuve & qui n’a été admise dans la litt. que par Gobineau des ‘Pleiades’, à ma connaissance […]. Je déplore que tu n’aies pas traité la scène entre cette merveilleuse Hélène Le Pleynier & les femmes juives.»
PJ, 203. 25 déc. 1923. « […] je n’écris jamais d’articles sur aucun livre, fussent-ils écrits par mon père, ma mère, mes sœurs ou mes cousins (Francis Gérard, J.-R. Bloch, sont du nombre).»
BLOY, LEON MARIE (1846-1917)
FRENCH NOVELIST & ESSAYIST. B. was a Catholic author who attacked contemporary society & prophesied an impending transformation in Le salut par les Juifs (1892) Femme Pauvre (1897), Le Pèlerin de l’absolu (1914). Born at Périgueux in near poverty which dogged him for most of his life, he appeared in 1884 with Propos d’un entrepreneur de démolitions, which showed him to be an uncompromising opponent of the falsity of politics & society. Of particular quality are Le désespéré (1886). Le Sang du Pauvre (1909). Au seuil de l’Apocalypse (1916). His letters are of much interest. He was early influenced by Barbey d’Aurevilly, whom he glorifies in his autobiographical novel Le désespéré, 1884, a book attacking the establishment of his time.
ANDRE PEYRE. Op. cit. 77. M.J. à A Messiaen: «C’est un homme [Bloy] d’une mauvaise époque.»
LMM, 42. «Seule raison d’aimer L.B! Un prosateur! »
MJ/JC, 489, n. 3. L. 3 fév. 1927. «Léon Bloy. […] , auteur de romans, de pamphlets & d’un journal, était connu par se violence de polémiste. Or, il a vécu au 12, rue Cortot, maison que Reverdy a habité jusqu’à son départ pour Solesmes.En fait c’est A. Salmon qui aurait voulu s’installer dans l’appartement de Bloy, mais celui-ci a refusé de quitter son logement malgré son expulsion par l’huissier.»
---. 509. 5 mars [1927]. ‘Par l’astrologie on arrive à ceci : Carco & la princesse Ghika sont une même personne […] Léon Bloy & moi ‘ ; 511, n. 10. «Malgré certaines ressemblances entre les deux hommes – la pauvreté, ‘la conspiration de silence’ [i.e. de la critique] dont Bloy se plaignait, leur conversion – il existe entre eux des différences éclatantes.»
PR, 282. Dans AP «’Art chrétien’ n’est autre que l’art moderne, illustré non par les grands représentants du courent cath. que sont Bloy, Verlaine, Claudel ou Jammes mais par des artistes athées Picasso & Reverdy. Provocation pour les deux camps […].»
BOILEAU-DESPREAUX, NICOLAS (1636-1711)
A M. Raynal. Corr. I, 102. 23 sept. 1914. «Boileau valait bien La Bruyère: L’Art Poétique l’a tué.»
LNF, 193. 12 oct. [1943]. ‘Mais me diras-tu, la poésie n’est pas un exercice. Pardon!… ‘cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage’, dit Boileau ‘ ; 194, n. 5. «La citation est presque exacte; ‘Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage’.»
PJ, 350. A Gouy d’Arcy & Russell Greeley. 29 août 1931. «J’ai rêvé cette nuit que je vous écrivais & ‘ce qui vient du rêve est un ordre des cieux’, comme aurait pu dire Lamartine ou Boileau.»
BOUHIER, JEAN (1912-2000)
CHEMALI, CHRISTINE. Jean Bouhier ou ‘Croire à la vie’. Thèse de doctoratsous la dir. de Jean-Yves Debreuille. Le 19 déc. 1997. Presses de l’U. d’Angers, 1999. « ’Croire à la vie’ est le titre d’un recueil de p. publié en 1954 par J.B. C’est aussi toute l’œuvre poétique d’un homme qui a souvent été trop facilement assimilé à l’Ecole de Rochefort, mouvement poétique né durant la guerre & dont il a été le fondateur. – Pour chacune des périodes de sa vie, l’expression ‘croire à la vie’ a pris une signification nlle: tout d’abord une affirmation de sa propre volonté, puis un élan vers les autres avec l’Ecole de Rochefort pour s’opposer au mal engendré par la guerre. La paix revenue, le poète éprouve le besoin de multiplier les raisons de ‘croire à la vie ‘dans un engagement politique qui renforce la solidarité entre les hommes. Mais le doute s’insinue dans son œuvre qui se tarit pendant le temps où l’homme est maire de Fay-aux-Loges & renaît du pouvoir des mots dans le cadre restreint de l’octain. ‘Croire à la vie’ signifie alors redoubler d’attention au mondre signe de vie manifestée par les ‘entours’. Cette acuité n’empêche pas cependant un désir de dépasser les limites imposées de créer une vie au-delà de la réalité, dans un monde imaginaire. Après cette ‘salve d’avenir’, l’œuvre devient jeux d’ombre & de lumière entre la mort & la vie où le poète se transforme parfois en peintre ou en sculpteur pour laisser éclater les étincelles d’une vie qui se rétrécit. – J.B. est donc un homme aux multiples facettes & un pooète protéiforme qui répond au besoin fondamental de l’homme moderne, perdu dans un monde sans repères, qui cherche à échapper au ‘vivier aux hoquets’ de l’angoisse en s’accrochant aux dernières Etoiles d’une poésie encore humaniste.» Texte de Ch. Chemali.
GUIDE ILLUSTRE. 229. Né en Vendée fut avec René Guy Cadou, l’initiateur de ’ l’Ecole de Rochefort’, qui réunit entre 1940 & 1950 la plupart des poètes bretons, poitevins, charantais & vendéens.
LLG, 78. 18 déc. 1941. «BOUHIER n’a pas tort quand il dit qu’il ne faut pas travailler. C’est-à-dire qu’il faut travailler tout le temps, retenir les gestes, les regards, généraliser les situations, les transplanter dans les lois de la nature. Se faire une expérience humaine, étudier l’histoire au point de vue des situations humaines. Que pensait Jeanne d’Arc en montant au bûcher? Que pensait Napoléon quand il n’a pas trouvé son poulet froid & sa bouteille de Chambertin (avalés par un diplomate étranger)? » ; PR, 509.
LMM, 89.20 mai 1941. «J’ai horreur de publier, je suis écoeuré. J’ai refusé Bouhier ce que je refuse à toi. - 86. Pourquoi ne pas accepter un domaine [L’Ecole de Rochefort], quand on vous l’offre & l’entourer d’un bon mur garni de tessons. Bouhier sera difficile: noblesse oblige.»
---. 156. Note 1. LETTRE XXXII. «L’ECOLE DE ROCHEFORT était un rassemblement d’amis créé par Jean Bouhier & R.G. Cadou en 1941 pour rallier les poètes de la zone occupée qui se refusaient à tout asservissement. (L’anthologie des Poètes de l’Ecole de Rochefort contient des poèmes représentatifs de 25 poètes. Prés. par Jean Bouhier. Seghers, 1983).»
---. NOTE 2. «JEAN BOUHIER […] fut le compagnon de Cadou, Manoll, Rousselot, Bérimont. Il est, selon l’expression de Jacob, un ‘poète de pleine poitrine’, accordé au rythme de notre vie profonde.» [Voir sa bibliographie dans les Poètes de l’Ecole de Rochefort, 336-377].
PUF, 560. Poète, un des animateurs des ‘Amis de Rochefort’, auteur de Dompter le Fleuve, Toile de Fond, Calvaire, De mille Endroits (1952)que suivront La Bataille du Poète, puis La Paix du cœur, la révolte de la conscience devant l’inhumanité du monde acquiert une fermeté d’accent digne d’Eluard.
QUELQUES LETTRES INED. DE M.J. A J. BOUHIER. Coll. M. Green. Don de J. Bouhier.
BOSCHERE, JEAN DE (1878-1953)
GUIDE ILLUSTRE, 25. Il a délibérément cultivé l’hermétisme avec une constance orgueilleuse & immuable, qui force l’admiration. Lumières sur l’obscur, Héritiers de l’abîme, 1950.
HIST. LITT. DE LA FR. II. 1913-39. Eds. Soc., 1979. 337. […] telles œuvres aussi de J. de B., comme Marthe & L’Enragé (1919) bousculent, sous des formes diverses, les lois de la vraisemblance & de la logique traditionnelles, mais participent peut-être d’une même quête, celle d’un univers magique, merveilleux & terrifiant, n’obéissant qu’aux libres associations du langage, du rêve & de l’imagination, & qui confine parfois à l’empire de la mort.»
LAROUSSE. LITT. FR. II. 197. «Il s’abandonne avant 1914 au paysage & au légendaire symboliste. Il représente l’accomplissement du symbolisme. Beâle-Gryne (1909), Dolorine & les ombres (1911) dans une transposition allégorique de ses rêves & de ses visions. (Cf. Gustave Moreau). – Il fut l’ami de Milosz. Il publia Derniers poèmes de l’Obscur en 1948. Poète de l’exigence métaphysique.
LMM, 36. 29 sept. 1937. «J’ai lu l’Obscur à Paris de J. de Bosschère.»
«MAX JACOB.» par Jean de B. France-Asie no. spéc. 521-22. «Je pense toujours de lui ce que j’écrivais, en 1935 dans mes Portraits d’Amis: «Voici, mon grand Max mes deux renoncements en ta faveur, mais je te rends justice. Les Imagistes, dont on me donne le parrainage fr., sont bien à toi, qui pourrait en douter encore qu’il ne connût que le CD. Et si, en 1910 je peignais comme Miro dix ans plus tard, & faisais la louange de Uccello, dans tes poèmes d’avant cette date était contenu tout l’objet & le fond du dadaïsme qui allait s’en émouvoir.»
IBID. Il cite ce qu’il a écrit sur M.J. en 1935: «Tu es poète parce que le plus homme de cœur que nous connaissions pour l’aimer. Et nul n’a vécu plus exclusivement pour & par la poésie, je dis donc pour la vie profonde exaltée dans le sens humain. A côté ou tissée dans cette ivresse suprême de la vision de la vie dans son chant éternel, tu possèdes la tendresse, car il n’y a pas de plus intense amitié que la tienne.»
---. IBID. MOUCHES A MIEL était la revue que, tous les mois, faisait paraître à Paris Jean de B., la rédigeait entièrement lui-même. – Note, 521. «Une lettre» (sur M.J.). Denoël a édité deux livres par Jean de B. L’Obscur à Paris, Portraits d’amis. Il parle de M.J. dans ce dernier.
BOUSQUET, JOE (1897-1985)
LJF. fin juin ou début juillet 1935. 241. ‘J’ai lu aussi J. Bousquet, un des seuls vrais poètes de l’époque & sans école ni Sorbonne.’ 241-42, n. 15 d’Oxenhändler. «J.B’s major works include: Les Capitales (Paris: Le Cercle du livre, 1955); La Connaissance du Soir (Paris: Ed. du Raisin, 1945); Avec René Daumal. Carlo Suarès : Critique de la raison impure. (Paris/Bruxelles: Stock, 1956) ; Le Fruit dont l’ombre est la saveur. (Paris: Ed. de Minuit, 1947) ; Fumerolle (P.A. Benoît, 1951) ; Le Mal d’enfance. (Paris: Denoël, 1939) ; Le Médisant par bonté. (Gallimard, 1945) ; Le Meneur de lune. (Paris: J.B. Janin 1946) ; Mon frère l’ombre. (Cannes): Cah. No 1 de l’Ecole de Rochefort, 1943 ); L’œuvre de la nuit. (Paris:Montbrun, 1946) ; Le Passeur s’est endormi. (Paris: Denoël, 1939) ; La Tisane de sarmente. (Paris: Denoël & Steele, 1936) ; Traduit du silence. (Gallimard, 1941).
BRETON, ANDRE (1894-1954)
A PROPOS DE CE QUE PENSE M.J. & J. COCTEAU DE BRETON, lire les lettres innombrables en ce qui le concerne dans MJ/JC.
LFF, 112, n. 38. «L’émotion fait naître, enlevez l’émotion à Rimbaud que reste-t-il ? Il reste Breton. » L. inéd. à P. de Massot. Coll. P.-A. Benoît. BLJD.
LMJ, 152. 12 oct. 1924. «J’ai eu bien de l’aigreur ces jours-ci à propos du surréalisme. On étale les hallucinations de l’œil, de l’ouïe de M. André Breton, son travail en demi-sommeil & ses calembours mystiques, j’ai passé ma vie à travailler ainsi ! & c’est lui qui a le bénéfice de cette découverte pour l’avoir décorée d’un mot qui est d’Apollinaire» ; Schneider. Op. cit. 125 ; Corr. II. 335.
LPM, 54. 8 oct. 1930. «[…] on est tojours raté de quelque chose. V. Hugo voulait être Shakespeare & Breton un composé de Bakounine, Robert ce pierre & V.H.»
PJ, 236. A René Gaudier. S.d. [1924]. «On m’envoie la revue surréaliste, quand elle contient une ordure sur moi […]. La dern. fois l’ordure n’était sur aucun de nous deux, elle était sur elle-même. Le pontife insignifiant, qui se croit Barrès ou Chateaubriant, le pauvre A. Breton – vraiment pauvre & chargé de reliques de tous les saints qu’il a pillé – expliquait sa politique. Alors on a vu l’orgueil & le néant […].»
PR, 104. «[…] il est certain que son ralliement [de M.J.] à l’Eglise, symbole d’un ordre réactionnaire, l’a séparé des mouvements qui vont suivre, tout particulièrement le surréalisme »; 105. «Certes, le rejet vient surtout de Breton. R. Crevel, Ph. Souppault en effet acceptent de collaborer au no d’hommage du Disque Vert consacré au poète en 1923. – Leurs articles ne sont pas trop élogieux, M.J. les évoque à Jouandeau comme: «un tohu-bohu d’éloges & de méchancetés voilées. » (LMJ, 83).
BRIANT, THEOPHILE (1891-1956)
GUIDE ILL. 376. Le Goéland revue poétique de Bretagne est animée avec une persévérance admirable par l’excellent poète Th. Briant.
LML, 36. à J. Denoël 7 déc. 1936. «Son journal me plaît.»
LMM, 153, n. 6 «Théophile Briant […]. Poète, essayiste, auteur de Légendaires, (Rougerie, 1983), ancien marchand de tableaux à Paris, il s’était retiré à Paramé où il dirigeait Le Goéland, journal mensuel de poésie &d’art fondé en 1936. Luc Bérimond, René Guy Cadou, Charles Le Quintrec, Angèle Vannier y firent leurs premières armes. S.J. Collier a édité les l. de M.J. à Briant & à C. Moricand. (Oxford: Blackwell, 1966).»
LRV, 73-74. 27 janv. 1937. «Le Goéland qui paraît à Paramé […] est un journal mensuel très joli, très dilettante, très accueillant. Très breton. – Je t’assure que c’est très distingué comme publication & d’excellent goût pas trop moderne. – UNIQUE ;74, n. 2. «T. Briant révéla dans sa revue de nombreux jeunes écrivains. […]. Le Goéland fut fondé en 1936.»
MJ/JC, 422, n. 4. «Th. Briant deviendra codirecteur d’une galerie de peinture avec Pierre Robert. M.J. y exposera dessins & gouches.»
PJ, 436. «Briant avait adopté le pseud. de Saint Ydeuc dans ses chroniques du Goéland.»
BRIZEUX (1803-1858)
LMM, 66. 21 août 1940. «Je lis des vers de Brizeux.» Note p. 153. «Brizeux a chanté la Bretagne dans le poème «Marie» & dans l’épopée rustique Les Bretons.»
BUTLER, SAMUEL (1835-1902)
LJF, 259. 17 Rue St. Romain 28 avr. 1936. ‘Je coupe les pages de l’intéressant Buttler (sic) avec plusieurs sourires.’ Note 68. «Max is referring to Samuel Butler, but does not give the title of the book he was reading. He was still reading Butler on July 5, 1936. » –269. L. 5 juill. 1936. St.-B. ‘Je lis Samuel Buttler avec un goût acide. Ça me plaît.’
PJ, 419. 8 nov. 1936. A Mario Prassinos. «Lisez Chesterton, Samuel Butler.»
BRONTE, EMILY (1818-1848) & CHARLOTTE (1816-1855)
NRF (oct. 1976): 75-76. «Cent dix-huit lettres inédites.» A Paulhan. St.-B. 18 janv. 1928. «Je te remercie de tes livres […]. Cette biographie des Brontë m’a remué. Quelle belle époque que la nôtre. Dieu merci! notre vallée de larmes n’est plus une colline de landes sous la pluie & les poitrinaires vont mourir au Mont-Blanc. Les poètes n’attendent pas à quarante ans la célébrité, il n’y a plus de pasteurs protestants que dans les scènes de music-hall & les pensionnats ne ressemblent pas aux Asiles de Nuit. Que de progrès moraux depuis 1855! »
BYRON LORD, GEORGE GORDON (1788-1824)
LEJ, 70. 21 fév. 1938. «La revue égyptienne ne me déplaît pas, surtout l’article sur Byron, personnage qui me passionne, auteur de ce chef d’œuvre qu’est le don Juan.»
LMJ, 107. 2 juin [1924]. ‘Je ne vous dis pas cela pour que vous me croyiez un de ces messieurs byroniens dont j’ai horreur […]’ ; 108, n.5. Dans le TAB.B (215), M.J. «définit & illustre sa conception du byronisme. […] dans une l. à Cocteau, 11 juin 1926 Jacob dit, parlant de Monsieur Godot intime:‘…le héros est byronien, d’où une gêne qui est peut-être une beauté; de plus le byron déborde le personnage lequel n’existe plus […] ‘. »
LMM, 72.16 fév. 1941.«Une formidable insignifiance dans toutes les œuvres alors que la chrétienne Russie & d’autres pays religieux ont donné Dostoïevsky, E. Poë & Byron » ; PR, 258.
LRR, 43. 28 août 1924. Clos Marie Roscof, 28 août 1924. «le mal de dents est comme le mal de mer! aucun amour ne tient devant ces horreurs là. Byron le constate dans le premier chant du Don Juan qui est un grand chef-d’œuvre amusant (le cas vaut être signalé)! ; 104, n. 47. C’est en effet le thème non au chant I mais au chant II du Don Juan : Le pauvre Juan s’embarque en songeant à sa bien-aimée mais le mal de mer l’emporte sur les romantiques pensées du jeune homme. ‘L’amour qui voit couler le sang avec héroïsme, recule devant l’application d’une serviette chaude […]. Le mal de mer lui est mortel.’ (Don Juan, Chant II. Paris: Aubier, 1954. 173).»
PALACIO. «Un précurseur inattendu de M.J.: Lord Byron.» Op. cit. 192. «Mais comme Cervantès, comme Byron, si M.J. se hâtait de rire de tout, n’était-ce pas pour n’en point pleurer? […]. 207. M.J. […] n’aurait pas récusé la ‘fraternité’ avec Byron, auquel le lient de multiples analogies: […] la plus frappante reste peut-être d’avoir eu ‘l’humanité entière dans l’œil.’ [L’expression de M.J. in DV, 245].»
---. ---. 195-96, n. 8. «Tous deux (Byron & M.J.) partageaient la même indicible méfiance envers les critiques de profession.»
---. «M.J. & APOLLINAIRE.» 469. «M.J. trouva le temps de composer un long poème de 47 vers «A la mémoire de G. A.» […]. ‘Enfant prodige favorisé par Apollon & dont la place est marquée au Parnasse Avec Shakespeare, Cervantès & Byron.’ – Note 4. «Ce paradis des écrivains ne manque pas d’intérêt. Ce n’est pas la seule fois que M.J. a évoqué Byron à propos d’Apollinaire […]. M.J. semble avoir assidument pratiqué Byron, comme en témoigne la corr. avec Béalu.»
CADOU, RENE GUY (1920-1951)
CASSEL’S ENC. OF WORLD LIT. LONDON. 1973. 242. A schoolmaster, C. spent the whole of his life in Western France near Nantes. The war fostered the decentralization of literary activity & in 1941, a group of poets including M. Manoll, Frank Martin, M. Béalu, J. Rousselot & J. Follain formed around Cadou the Ecole de Rochefort. Cadou is distinguished by the purity & freshness of his inspiration, & is one of the successors of Apollinaire & M.J.
COLUMBIA DICT. OF MODERN EUROPEAN LIT. Jean-Albert Bédé et al. N.Y.: Columbia U Press, 1980. 134. His childhood & his youth are at the core of his poetry. In 1937 first were published Les Brancardiers de l’Aube. Soon aferwards he became part of the Ecole de Rochefort. The two poets who influenced him most were M.J. & Reverdy. Like his father elementary-school-teacher. Until his death he taught in different villages & published a book of poetry almost every year. La Maison d’été (1955) was Cadou’s only attempt at a novel. Seghers published his complete works in 2 vol. in 1973. Poet of simple life, Nature & love for mankind predominant themes. Poems about animals, trees, flowers houses & schools where he lives & teaches. As a lyric poet, Cadou is in the tradition of Ronsard, Francis Jammes & Charles Péguy. Cadou’s memoirs Mon enfance est tout le monde, written in 1947 & published in 1969, are a superbly lyrical evocation of his younger years in the country. See spec. No of L’Herne (l961), M. Manoll. René Guy Cadou. (1969) ; spec. No of Poésie 11 (1970). Texte by Jean-Claude de Martin, Brooklyn College, City University of N.Y.
DICT. DE LITT. CONTEMP. Eds. Universitaires sous la dir. de Pierre Boisdeffre, 1963. 236-37. Cadou a publié 10 recueils, de Brancardiers de l’aube (1937) à Hélène ou le Règne végétal (1952). Des Poèmes choisis (1950) ont paru chez Seghers qui a aussi publié un recueil posthume: Le Cœur définitif. – En une brève saison de 30 années, C. a parcouru le chemin que d’autres ne parviennent pas à suivre tout au long d’une vie; il l’a fait sans violence & sans fureur, sans hâte inutile, en paysan, sûr de mener à son terme cette quête qu’il avait commencé dans l’éblouissement de la prem. enfance. Ses richesses sont celles que le plus humble peut goûter: le vent qui siffle dans les arbres, le feu qui pétille dans l’âtre, la table & le lit, le ‘pain simple’ & le ‘lit plat’. Il a trouvé son inspiration dans les classes campagnardes & dans les auberges de village, dans les chemins que l’aubépine ne fleurit pas toujours. Il a su très tôt tout ce dont il se privait en refusant de quitter son Ouest natal – tout ce que Paris aurait pu lui apporter, mieux qu’une Ecole de Rochefort, baptisée pour rire, & qui ne fut jamais qu’une cour de récréation. – 238. Il savait aussi ce qu’il devait sacrifier pour que le meilleur de lui-même fût préservé. – ‘Pourquoi n’allez-vous pas à Paris ? Mais l’odeur des lys! l’odeur des lys! Tu périras d’oubli & dévoré d’orgueil. Oui, mais l’odeur des lys la liberté des feuilles.’ – Cadou, communiste & chrétien. Cadou a mis longtemps à s’approcher du Christ. Il est mort en croyant, mais sans passer par une Eglise: c’est un itinéraire que seuls les enfants très purs peuvent se permettre. (Texte de Pierre Boisdeffre).
GUIDE ILLUSTRE, 228. (né & mort près de Nantes) dont l’art parfait demeurait pourtant très humain, est mort trop tôt. Mais son œuvre si probe, si pure, fécondée par l’amour de la vie & enrichie d’images très originales n’a cessé de grandir & d’exercer son influence. L’essentiel est réuni dans Hélène ou le règne végétal (1952-53). Un roman, La Maison d’été (1955), commente familièrement les thèmes de sa poésie. En 1941, il est le principal fondateur de l’Ecole de Rochefort qui regroupa les principaux poètes de l’Ouest (M. Béalu, M. Manoll, J. Rousselot…) & défendit les droits de la poésie libre & personnelle.
LMM, 42, oct. 1938. «J’aime profondément Cadou sans littérature & avec elle » ; 83, 19 mars 1941. «Pas de danger aux petits découragements de Cadou: il est ‘né’ & rien ne l’arrêtera» ; 107. 9 mars 1942. «Cadou a sa grâce si humaine» ; «Je corresponds beaucoup avec Cadou», «Cadou a raison d’être des vitalistes & tu as encore plus raison de n’en être pas.»
LNF, 182. 10 mai 1941. ‘M. Manoll & R.-G. Cadou sont les grands poètes de demain sous l’égide de P. Reverdy’ ; 184, n. 15. «Outre poèmes, romans qu’il a publiés, Cadou a fait un ouvrage sur Jacob, Esth. & un article qui donne son titre à l’ouvrage que les Amis de M.J. ont fait paraître, Pour en revenir à M.J. » Voir aussi «La Vie du Poème». Rougerie, Poésie présente, XVII, 1975. 129-52.
PR, 543. «[M.J.] osera affirmer à Cadou que ‘la lecture des mystiques est le seul conseil d’esthétique’ ; «le pédagogue affirme à Cadou que trouver son cœur, son propre cœur, c’est trouver Dieu, & que c’est en travaillant à partir de ce fond que l’on produira la seule poésie valable.»
VM, 241. [En été 1937]. «De Lorient, il a écrit à un j. homme de 17 ans qui lui a envoyé ses premiers vers. C’est René Guy Cadou & ce sera une des dernières gandes amitiés de sa vie. Il envoie en tremblant des poèmes à Paulhan, ‘bien inquiet comme un adolescent qui a écrit ses premiers vers.’ - 268. A Cadou, qu’il plaçait au premier rang des jeunes poètes des années 40, Max disait: ‘Est-ce possible que nous ayons cru dans ce sanscrit, cet hébreu’ ? » [Allusion aux p. en prose du CD].
WORLD AUTHORS, 1950-70. H.W. Wilson Company, N.Y, 1975. CADOU, RENE GUY. Fr. poet, born at Sainte-Reine-de-Bretagne, attended lycée at Nantes where he failed the final stage of the baccalauréat. He had a happy childhood & was very attached to his parents whom he lost early in life. In his poetry he refers despondently to their early deaths & speaks of the joys he shared with them. Before age 18 he published his first book, Les Brancardiers de l’aube (1937). Later came Forges du vent (1938) & Retour de flamme (1940) . In 3 further books published in 1941 Années Lumière, Morte-Saison, Porte d’écume, he speaks of the privations endured during the German Occupation. To learn to write he said, one must learn to live, & suffering was part of his apprenticeship. He was fervently religious & believed that he would die young, a conviction that was to prove true. In his writing life of only 14 years, he wrote over 30 books. After the war Pleine Poitrine (1946) & Les Visages de Solitude (1947) appeared, followed by the passionate love poems. Quatre poèmes d’amour à Hélène (1948). In 1950 he published a collection of his works, Poèmes choisis, 1944-50, his reputation already high with other poets, began to grow with the general public. C. never liked town life though he lived in Paris in his last years. He had come under the influence of the surrealists but he complained that surrealism had taken the wrong road & developed into a kind of Morse telegraphy. C. is at his finest as a lyrical & romantic poet, sometimes narrowly avoiding the oversentimental. Les Biens de ce monde (1951) & after his death, in 52 & 53, appeared part 1 & 2 of Hélène ou le règne végétal which many regard as his most important work.
CALDWELL, ERSKINE Né 1903
LLG, 65-66. «Je lis peu de choses. Mais on m’a prêté un livre d’E. C. sur la misère des fermiers d’Amérique dont les fils émigrent aux usines. La brutalité mêlée de religion de ces gens m’a rappelé La Terre de Zola. La faim! L’entêtement au sol ingrat faute d’engrais qui coûte cher. Il y a dans ce livre une evangéliste, type de Tartuffe femelle, naïve qui est un type très humain & naturel. J’ai lu aussi W. Faulkner Sanctuaire livre très divertissant. C’est une espèce de contre-pied des romans policiers. Une fille enlevée qui se plaît avec ses brigands ravisseurs & tombe amoureuse de l’un d’eux. La famille de l’enlevée ne s’en occupe nullement. Le policier est un peu bébête: on parle surtout de la famille de cet avocat. Le maquereau est impuissant sexuellement & au lieu de réclamer de l’argent, c’est lui qui couvre la fille de cadeaux!! J’ai lu aussi une brochure de P. Eluard toujours très fin. Enfin je retourne souvent à Kierkegaard.»
CAMUS, ALBERT (1913-1960)
A BELAVAL, op. cit. 60.«J’ai été enthousiasmé par une étude (jamais faite) de l’homme insensible aux réalités présentes, étude qui vient juste à point à l’époque actuelle qui est une époque socialiste, c’est-à-dire abstraite. Excellente étude & simple comme ce qui est grand. Ce que j’admire surtout c’est cet apparent déséquilibre du lyrisme en prison, ce que les gens sans psychologie ne comprennent pas. Ce genre d’homme une fois démasqué par une catastrophe devient bavard, emballé, etc… Le lyrisme de la prison est une trouvaille de génie.»
DV, 278. «Si tu trouves un livre intitulé L’Etranger par Albert Camus, lis-ça. C’est le type même de l’homme inconscient comme nous sommes tous & que l’inconscience mène au crime.»
LLG, 140. «Regarde L’Etranger de Camus. Quoi de plus clair & quoi de plus inattendu: on peut discuter ce caractère à perte de vue: c’est là le vrai, la fin du beau le beau du fin. Je me suis engueulé avec Coulon de Viglain à propos de L’Etranger. Oh! que j’aurais été fier qu’on s’enguelât à propos des personnages du Cinématoma.»
LUA , 85. 28 sept. 1932. «M. Camus m’apparaît comme un jeune homme d’avenir, il montre une foi dans l’art qui pourrait bien se transformer en d’autres fois. Les artistes ne parlent pas de foi, ils parlent d’art & inconsciemment – ou envoient leurs œuvres – la foi qui n’agit pas. etc… »
MAILHAT, LAURENT. ALBERT CAMUS OU L’IMAGINATION DU DESERT. 63. «M.J. a eu tort de définir L’Etranger comme l’étude d’un homme insensible aux ‘réalités présentes’; Meursault n’est sensible qu’à elles!» M. Lebesque cite Camus par lui-même. 44.
CARCO, FRANCIS (1886-1958)
A DOUCET. Corr. I, 133. 30 janv. 1917. «[…] je vous signale […] un vraiment charmant & distingué conteur qui reste bien en dehors de son œuvre, le jeune F. Carco que le MF édite & qui commence à avoir la notoriété qu’il mérite plus qu’aucun romancier d’aujourd’hui.»
CARTE INED. A DUMOULIN. S.d. «Le souvenir de Carco me fait plaisir, envoyez-lui le mien bien amical & affectueux. Je souhaite qu’il travaille; moi, c’est bien fini.»– Carte inéd. s.d. au même. «Le livre en question est le meilleur de Carco concernant le sommet de la Butte 1905-1906. L’auteur a été un peu trop aimable pour moi qui ne suis pas cet ange ni ce ‘comique’. En tout cas, ne croyez pas que je sois grand’chose dans les succès de Picasso qui ne les doit qu’à son génie & à sa volonté intelligente. Personne ne peut rien pour personne & moi surtout qui ne suis que faiblesse.»
LTB, 83. à Moricand, 11 mars 1938. «A toi je demande ceci: as-tu une adresse de Carco? Il est très gentil pour moi dans ses Souvenirs… »
MJ/JC, 89, n. 6. «François Carcopino-Tusoli, dit F. Carco, né en Nlle-Calédonie […], peignait dans ses romans le monde de la pègre. L’Académie Fr. lui a décerné le Grand prix du roman en 1922 pour L’Homme traqué (Albin Michel). […] le Grand prix du roman est […] attribué à un auteur ‘pour une œuvre d’inspiration élevée’. »
CASANOVA, GIOVANNI JACOPO (1725-1798)
LETTRE A GERARD ROSENTHAL. PJ, 161. S.d.. «Tous les Don Juans que j’ai connus, sont incapables d’écrire une ligne sur les femmes. Y compris Casanova, dont les mémoires sont à ce sujet d’une pauvreté insigne.»
IBID, 141. A H. Martineau. 10 août 1922. «Parlons de Casanova. Je ne le connais pas! Je le connais peu! Je ne dois pas le connaître: je vis dans un monastère plus moral que réel & Casanova n’est pas présentable.»
CATTAUI, GEORGES
MJ/JC, 212. 19 mars [1925]. «Mr. Cattaui qui m’a plu. (un peu trop plu, je me méfie des gens tellement sympathiques). Je sais certainement ce qu’il vaut: il a tout à apprendre mais quel amour! quelle ardeur! quelles réserves & quelle étoffe. Je voudrais qu’il vienne un mois ici – ne serait-ce que pour lui prouver qu’il n’attend plus le Messie. On ferait quelque chose de Cattaui si on s’y mettait: les gens à ardeurs prophétiques sont très difficilement disciplinables, on ne peut jamais les faire renoncer à l’in excelsis, l’in extremis qui est le contraire du beau. – 224. 28 mars 1925. «Je reçois une l. de Cattaui qui me déclare qu’il ne peut quitter Israël, qu’il est dévoué au Sionisme. Tant pis pour lui. C’est fâcheux » ; 209, n. 6. «Georges Cattaui, diplomate égyptien, écrivain & critique fr. (cf. notamment ses ouvrages sur Proust).»
CELINE, LOUIS-FERDINAND (1894-1961)
LJF, 261. 24 mai 1936. «J’ai reçu une l. de Céline en réponse à la mienne, lettre plutôt douloureuse, nerveuse, flatteuse.»
LMM, 97. 18 juill. 1941. «Je souhaite que tu éclaires la nuit littéraire si écoeurante qui nous débarrasserait de l’exercice de style à la Giono – du pittoresque modernisme de Sartre – de l’éloquence sociale de Céline - de la question des loyers & des contributions de Jules Romains – de la praline sans amande de Duhamel & des mondanités de Mauriac… etc… Je ne vois qu’un homme aujourd’hui dans cette gabegie, c’est F. Kafka, & il est inimitable.»
LTB, 135. A Moricand. 26 mars 1942. «Et ce Céline qui m’écrivait un jour: ‘Vous ne savez pas ce que c’est que de ne rien hasarder sans se demander si ça plaira au public’. »
L. à R. QUENEAU. Cah. de l’Herne 29 (1975): 218-19. 2 juin 1936. «La création c’est d’être au-dessus de son œuvre, il y a peu de livres dont l’auteur soit au-dessus – quand bien même le livre serait ‘fabriqué’ l’auteur. peut ne pas être au-dessus, exemple Céline; il fabrique & reste dedans.»
PR, 199. «Comme bien d’autres Israélites, Jacob adhère, dans sa honte mal guérie, à l’antisémitisme […].» Note 58. «Philippe Murray dans son Céline (Paris: Denoël. Méditations, préface), rappelle que presque tous les écrivains de la prem. moitié de ce siècle, qui parlent de tout & de rien, souvenirs d’enfance, avenir de l’homme, impressions de voyage, […], de droite, de gauche, chrétiens, athées, n’importe quoi, […] même s’ils sont hostiles à l’antisémitisme, […] campent des personnages de Juifs ‘typiques’ […].» 370. Murray affirme dans son livre sur Céline qu’une ‘vague idée du Mal’ est communiquée par ‘éclairs aux êtres’.
---. 375-76. «Mais si l’attitude existentielle de M.J. ressemble à celle d’un Céline, ou bien encore d’un Kafka, voire d’un Sartre dans la Nausée ou d’un Beckett dans Fin de partie, les réponses que propose immanquablement chacune de ces consciences malheureuses, sont totalement différentes.»
CERVANTES, MIGUEL DE (1547-1616)
LMJ, 91. 25 fév. 1924. «Faut-il attendre d’avoir vécu comme Cervantès pour écrire le Don Quichotte? Ce serait l’idéal. On s’engage comme mousse, à bord d’un bateau marchand; on échange à cause du change dans les ports des louis d’or & on fait fortune. Alors à nous la Méditerranée & Montecarle. Une nlle vie de millionaire commence. Puis c’est la ruine, la vie de gêne à Gênes derrière des haillons de fenêtre. Pensez tout ce qu’on peut écrire après tant d’avatars! quand on a eu la puissance d’attendre & de n’être qu’un reporter de soi-même (eautonreportoumenos) […]. Le système Cervantès est dangereux parce qu’on risque d’être démodé si on présente en 1945 ce qui fut conçu en 24. L’insuccès profond de Bouchaballe vient de ce que je publiai en 21 ce qui avait été conçu en 03.»
LUA, 47. S.d. [1924]. «[…] j’ai la grippe aspirine, tisanes & chaleur étouffante: la fièvre installe des visions assez intéressantes: une hyène à la porte du monastère quand j’y passe. Ce qui est curieux c’est qu’elle a été dessinée par Cocteau dans cet album merveilleux qui vient de paraître & ‘que je ne connaissais pas.’ C’est ainsi que j’ai trouvé dans le théâtre de Cervantès la description d’un démon qui est décrit dans Matorel.»
CHANEL, GABRIELLE DITE COCO (1883-1971)
CHARLES-ROUX, EDMONDE. L’irrégulière ou mon itinéraire avec Chanel. Paris: Grasset,1974. 349-50. «Elle connaissait très bien M.J. qui l’amusait prodigieusement. Il l’a consultait sur le choix de ses chemises, lui tirait son horoscope, lisait dans sa main, l’entretenait de l’admirable coiffure qui était celle du Christ lorsqu’il lui était apparu & conseillait à Coco de ‘lancer’ une coiffure semblable. Enfin, il l’avait fait rire aux larmes en lui racontant comment il avait été promu, à la fois, guide en superstitions chez Poiret pour ce qui était des couleurs qui portent bonheur, & directeur de conscience auprès de la princesse Ghika chez qui il passait ses vacances. […] alors qu’il se rendait à l’0péra pour applaudir les décors de son ami Picasso, une voiture l’avait renversé, place Pigalle, c’étaient Gabrielle & Marie Laurencin qui étaient accourues & s’étaient relayées à son chevet.»
---. IBID. L’AMOUR ORAGEUX DE P. REVERDY & de COCO CHANEL. 337-53. «Reverdy avait rencontré Gabrielle […] chez Misia Sert. […]. Il l’avait connue en mars 1917, l’année où il fonda Nord-Sud. – Le 30 mai 1926, après avoir brûlé nombre de manuscrits en présence de quelques amis qui ignoraient les raisons de cet audodafé, il se retira à Solesmes, dans une petite maison toute proche de l’abbaye. Il allait y vivre 30 ans, avec sa femme, mais seul néanmoins.»
---. IBID, 584-85. L’ATTITUDE DE CHANEL PENDANT L’OCCUPATION. Elle avait un amant allemand Spatz. «C’était cela son damnation, son enfer. Tout ce qu’elle disait n’était que plaidoirie, accusation, révolte ou effort désespéré pour se justifier. – Or, Reverdy lui avait pardonné. […] R. qui pour des vétilles avait rompu avec ses meilleurs amis, n’avait pas rompu avec Gabrielle. Pourquoi ? Peut-être l’explication se trouve-t-elle dans la réponse qu’il fit un jour à un journaliste qui l’interrogeait: ‘Quel est votre Saint préféré ?- Saint Pierre. – Pourquoi – Parce qu’il a trahi.’ A ses yeux Gabrielle avait trahi. – En 1949 elle reçut un exemplaire de Main d’Oeuvre avec la dédicace suivante: ‘Voilà, Coco très chère/ ce que de ma main/ J’ai fait du meilleur/ De moi-même/ Bien ou mal fait/ Je vous le donne/ Avec mon cœur / Avec ma main/ Avant d’aller voir / Au plus sombre chemin/ Si l’on condamne ou/ Si l’on pardonne./ Et que vous savez que je vous aime.’ – P.R. mourut à Solesmes, le 17 juin 1960. ‘Ne prévenir personne, ne pas céder à l’anecdote‘. »
LLP, 101. S.L.N.D. [Après l’accident de M.J.]. «Chanel me fait offrir une maison de santé de suite: je lui réponds (c’est une femme admirable) que je ne peux plus bouger.»
MJ/JC, 574-75, n. 5. «C’est dans cette rue [Cambon] que se trouve la somptueuse maison de Chanel. Elle y possède aussi un appartement que Cocteau & Desbordes ont habité en 1928. Pas loin de là se trouve le Family Hotel où Maurice Sachs prenait de temps en temps une chambre pour échapper à ses créanciers. En 1928-29, Chanel a engagé Sachs pour qu’il lui crée une belle bibliothèque. Seulement quand Sachs y ammène Reverdy celui-ci s’aperçoit que la bibliothèque est une escroquerie, & qu’au lieu de livres chers & rares, on n’y trouve que de vieux livres d’occasion. Chanel congédie donc Schs à la fin de l’été 1929, & […] il n’y a plus de relations entre eux.»
---. 599. 2 fév. 1944. «J’ai envie d’écrire à Chanel.Tu pourrais toi peut-être aller la voir. A vous deux, ma sœur serait sauvée.»
PJ, 577. A YVONNE NETTER. 27 mars 1933. «Je pense à votre belle œuvre, [‘Le Foyer Guide féminin’]. J’en parle à chacun & n’ai nullement besoin d’éloquence pour y intéresser mes auditeurs, tant son but est clair & fort. J’arriverai jusqu’à Chanel, dont la splendide générosité m’est connue.»
VM, 286-87. «Le 4 janv. 1944, Myrté-Léa qui vivait terrée à Paris, est arrêtée. […]. Pendant tout ce mois de janv., ce mois de cauchemar, Max écrit à tout le monde, à Coco Chanel, à Cocteau qui verra Guitry […], à Salmon, à Anatole de Monzie, […] à l’évêque d’Orléans à d’autres notabilités religieuses […].»
«THE GREATNESS OF COCO was that she designed clothes to suit herself; she could not design for anyone else, & those who wore her fashions simply looked like her. Women, however are ‘narcissists’. Real invention require that narcissism should bear a multitude of new & varied fruits, narcissism is being strangled.» Theodor Zeldin. The French. London : Collins, 1983. 312, 315. «Chanel & her famous little black dress.»
CHAGALL, MARC (1887-1985)
CARLO RIM. C’était il y a trente ans. 60. «Un étudiant autrichien, Hans Vogel (qui sera tué quelques jour plus tard), eut ce mot: on dirait du Chagall en musique [à propos du CD].»
MARITAIN, RAISSA. CHAGALL OU L’ORAGE ENCHANTE. Genève/Paris: Ed. des Trois Collines. 1948. 142. «Voici M.J. il ressemble à un juif. Il m’apparaissait ainsi à côté d’Apollinaire. Un jour, nous sommes allés ensemble déjeuner non loin de ‘la Ruche’. Je n’étais pas bien sûr qu’il aît seulement 40 sous dans sa poche.» [M.G. Dans l’autobiographie de Chagall Ma Vie il y a une description plus détaillée de cette première rencontre, que R. Maritain a pudiquement supprimée].
MJ/JC, 449, n. 4. La Ruche «se trouvait au 2, passage de Dantzig à Paris 15e. Le bâtiment principal était une rotonde à 3 étages composée d’ateliers disposés circulairement, comme dans une ruche. Elle hébergeait des artistes débutants ou récemment arrivés en France, dont Léger, Chagall, Lipschitz, etc., qui en ont fait un centre artistique important du début du siècle.»
CHATEAUBRIAND, FRANÇOIS (1768-1848)
AP, 23. «Peu de femmes sont assez belles pour se montrer en déshabillé, peu d’hommes ont un assez beau naturel pour le montrer. Stendhal était un honnête homme dans tous les sens de ce mot; Chateaubriand n’est sympathique qu’en tenue de cérémonie.»
FOLLAIN, JEAN. Monde mars 22 1969. «Entre le badinage & la gravité douloureuse.» «Il m’a maintes fois dit sa grande admiration pour Chateaubriand.»
LEJ, 52. 9 janv. 1937. «Je voudrais que tu lises du Chateaubriand pour voir comment on écrit bien avec le mot propre & comment on voit le monde de haut & de loin avec intelligence.»
LLG, 51-52. 3 sept. 1941.«J’aime aussi le Chateaubriand des Mémoires d’Outre Tombe. Il y a un vrai beau style. Est-ce dans la Vie de Rancé ou dans Mémoires qu’il y a le magnifique tableau de Gand pendant Waterloo & du départ du Louis XVIII offrant une place à Chateaubriand dans sa berline: ‘ Je ne peux pas, j’attends ma femme & mes bagages! ‘ Après quoi il se repent: ‘Si j’étais monté dans la berline, j’avais une place de ministre.’ […]. Chateaubriand écrit fort parce qu’il pense fort. Il fait sa phrase dans sa tête avant de l’écrire.»
CHIRICO, GIORGIO DE (1888-1978)
LCHG, 78. 16 SEPT. 1930.Tréboul-par-Douarnenez, Finistère. Pension Cariou. «Si tu trouves le livre de Chirico Hebdomeros lis-le: c’est étonnant & c’est beau.»
MJ/JC, 275. 3 mai [1925]. ‘Chirico […] est en ouate […]’ ; 277, n. 7. «Giorgio De Chirico, peintre italien […] qui a longtemps habité & travaillé à Paris. Ses œuvres de cette époque influencèrent les surréalistes» ; 578. 11 mai 1932. «Tu as inventé une critique bien nlle […]. C’est comme un concours à qui mieux mieux & l’auteur d’Hebdomeros est obligé de songer à ton livre s’il veut grandir encore» ; n. 2. Chirico était l’auteur d’Hebdomeros, roman-poème, (Eds. Carrefour, 1929). Or, non seulement L’Essai de critique indirecte comprend Le Mystère laïc qui parle de Chirico, mais aussi il traite de Chirico & des peintres.»
PJ, 420. A Mario Prassinos, 8 nov. 1936 «Paul Guillaume qui, lui, ne les devait [ses succès, sans appartenir aux ‘écoles’] qu’à son flair de marchand & à son intelligence créatrice, qui a lancé Chirico, Modigliani & d’autres.»
CINGRIA, CHARLES ALBERT (1883-1954)
CAH. M.J. 1. 74. Note de Plantier aux l. de M.J. à H. Ferrare. Cingria «fut lié à J. Paulhan, H. Sauguet, J. Follain, J. Lurçat. Parmi ses oeuvres: Autobiographie de Bruno Pompose, La Civilisation de Saint Gall. 65.Dans une l. à Ferrare Benodet, 2 juin 1930 M. J. écrit:‘Cingria est l’être admirable, musicien inouï! Le meilleur prosateur de ce temps avec la langue bien placée! Une sensibilité productrice de mémoire forte, un sens du pittoresque & de la signification profonde des choses, excellent cœur, du caractère, une érudition énorme, un artiste digne de ce nom! Sa pauvreté le rend intéressant. Bref mon ami. […]. Révisez votre jugement sur lui ’. »
CASSEL’S ENCYCLOPEDIA OF WORLD LIT. London: Cassel, 1973. Cingria led a wandering life with two home ports: Paris & Geneva. His books tell the story of his travels, his comings & goings, his encounters through which the supernatural springs from the natural, imagination & the imaginary have their starting point in reality. He has written several learned works in which truth is sacrificed to originality & inventiveness. The letters which he sent to his friends illustrate his extraordinary talent as a raconteur.
CINGRIA & SUPERVIELLE sont venus rendre visite à M.J. à Hôtel Nollet.
CINGRIA DECRIT SA VISITE A M.J. A SON FRERE DU 29 sept. 1922. «Je viens de passer 10 jours au bord de la Loire, dans un cloître bénédictin devenu une vague pension. Belle église romane. Vendanges. Population admirable. Les paysans sont comme des lords. Civilisation intense.» Corr. Gén. T. II. Lausanne : L’Age d’Homme, 1975, 36.
DUNOYER CITE CINGRIA qui appelle M.J. «Un baroque éternel.» Monde no 7810. 21 fév. 1970. II. «[…] les principales manières d’un poète que Ch. A. Cingria définissait ‘un baroque éternel. ‘ Le miracle demeure: virtuose ou pauvre, scintillante ou terne, pathétique ou cocasse, l’écriture de Max toujours inimitable, traduit toujours une terrible sincérité.»
GUIDE ILLUSTRE. 142. Le Suisse Ch. A. Cingria (voir l’hommage de la NRF de mars 1955) fut un esprit puissant & cosmopolite. OC en 10 vol. 1967.
HIST. LITT. DE LA FR. TOME VI. Paris: Eds. Sociales, 1982. 505. C. écrit des oeuvres hybrides, plus poétiques que romanesques, plus proches de la chronique que du récit ordonné. (Stalactites, 1941, Bois sec, 1948).
LAROUSSE. LIT. FR. II. 386. C. demeura toute sa vie un bohème, épris d’aventures, curieux des expressions littéraires les plus neuves, érudit à ses heures, mais avec une totale liberté à la fois d’information & de fantaisie. Son œuvre est pour une bonne part éparse dans des revues. Qu’on lise ses Pandeloques alpestres (1929), ses Stalactites (1941), ses Florides helvètes (1944), ou Bois sec, bois vert (1948), chacune de ses œuvres atteste les dons les plus rares de la sensibilité & du style. Textes: C.A. Cingria. L’Age d’homme. Lausanne, 1967-68. 4 vol.
L. A PIERRE BERTIN. PJ, 329. Quimper, 16 mars 1930. «Cingria! Oui! […]. Un homme d’expression & de sentiment de la tête au pied, alors que les Giraudoux & autres ont la division en deux ‘l’homme de lettres & l’autre homme.’ Apollinaire était aussi de la tête aux pieds, toi, moi, c’est très rare.»
MJ/JC, 271. 1er mai 1925. ‘Cingria n’est guère mon ami, tu sais qu’il y a les amis qu’on aime, ceux qu’on n’aime pas & ceux qu’on déteste. C. est trop amibgu pour que je l’aime. Il communie & il est communiste. On ne sait de quelle caste, de quel pays il est! il n’est même pas homme de lettres ni poète ni musicien bien qu’il ait de grands talents dans tout cela […].’ Note 5. 273. «C. a été élevé dans la trad. cath., & était resté croyant & pratiquant. Il était révolutionnaire aussi, ce qui, pour M.J., était contradictoire.»
VOIR LETTRES DE CINGRIA A M.J. Cahs. de la Pleiade XII (août 1951-print. 1952). «Vieille l. à M.J. & réponse.» L. de Cingria. Monaco, 26 oct. 1924. Réponse de M.J. St.-B. 29 oct. 1924 à propos du bourgeois & du ‘bourgeoisisme’; «Quatre lettres à M.J.» NRF 12:139 (1er juill. 1964): 185-92; Ch.-A. Cingria. Corr. générale. Texte établi & annoté par E. Laufer. T. IV. Lausanne: L’Age d’Homme, 1979. 5 l.
CLAUDEL, PAUL (1868-1955)
A DOUCET. Corr. I, 134. 30 janv. 1914. «Une œuvre doit être pensée, ce qui ne veut pas dire obscure à la manière de Claudel, ni précieusement tendre à la manière de ce faux bonhomme de Francis James […].»
ANDREUCCI, CHRISTINE. M.J. acrobate absolu. Op. cit. 118. «On connaît son aversion pour les œuvres de Claudel ou de Jammes, à qui, s’il veut bien reconnaître une certaine valeur, ce ne serait assurément pas parce qu’ils parlent de Dieu: «[…] je ne crois pas nécessaire de parler de Dieu & de la Sainte Messe pour être un artiste chrétien; Picasso, Reverdy & le douanier Rousseau sont plus chrétiens que Maurice Denis.» In AP, 55.
A GASTON CRIEL. PJ, 499. S.d. [1943]. «J’aime beaucoup l’œuvre solide & saine de Bernanos, qui est sans doute le meilleur romancier de l’époque. Claudel est plus brillant. C’est un grand prosateur & un grand poète, un grand penseur. Il représente magnifiquement la litt. fr. […].»
CLAUDEL TROUVE COCTEAU ‘Profondément. Superficiel.’ Baudry. «Entre Paradis & enfer… » Coll. de Quimper. 93.
LAMBERT, JOISSIN. A Moremans. Fév. 1926. Op. cit. 48-49. «Claudel est un homme grand & simple dans lequel il y a du paysan, du vigneron. Il a une intelligence directe, spontanée, éclairante & un verbe intense coloré qui me plaît. Il est pareil à son oeuvre bien qu’il croie dans celle-ci devoir avoir des prétentions, des tours de clef qui ne viennent pas de lui mais des livres. C’est un mangeur, un buveur, un père de famille d’un genre qui me plaît. Son amitié me touche, m’intéresse. J’ai dîné avec lui à Rome dans un restaurant de colline qui dominait la nuit. Sa fille était là, ainsi qu’un de ses amis & admirateur M. Paul Petit, secrétaire d’ambassade & amateur de Bergson, & Claudel qui n’aime pas la philosophie a la charité de répondre à d’interminables lettres à ce sujet. J’ai revu Claudel à St.-B. où il est arrivé parmi les vassaux trouvant un mot pour chacun & déjeunant sans façon avec nous & ses enfants. Je l’ai revu aux environs de Blois dans un grand château loué pour l’été où je suis retourné pour le voir sans succès. J’étais accompagné alors d’un jeune homme que je convertissais & n’avait pas encore ‘bon genre’. J’ai peur que Mme Claudel n’ait été choquée de notre boue, de notre pauvre auto & de la société d’une vraie cousine qu’elle aura prise pour autre chose. Voilà pour Claudel.»
LASSERRE, HENRY. «Le cinéma des Muses. Deux jours chez M.J.» L’Ecole (cycle d’observation) (27 avr. 1963): 672. «Claudel… j’aime tout ce qu’il écrit. On se le représente ordinairement comme un ogre. A l’occasion d’un banquet, je me trouvais à sa droite. Eh bien, il ne cessa de plaisanter & de faire des jeux de mots.»
LJC, 25. 25 janv. 1926. «J’ai reçu un livre de Claudel. Feuilles de Saints. Je trouve cela complètement illisible; je ne sais pas si c’est obscur ou non, mais c’est mortel. Albertine disparue est un vaudeville à côté! Pourtant Dieu sait que cette analyse continuelle sans un seul événement n’est pas bien drôle; mais enfin! on sent le mérite Agricole tandis que Claudel c’est juste assez chef-d’œuvre pour avoir l’air d’être fait facilement» ; MJ/JC, 382.
---.299-300. 25 MAI 1925. «C’EST UN BRAVE HOMME DE ROCHER QUI AIME A RIRE COMME TOUS LES SENATEURS. Il tient dur à ses opinions, il est au courant, aime Mathias Lubeck énormément & reproche à Morhange de courir après ses idées tout fier d’en attraper une. Il a le ridicule de dire du mal de Paul Bourget. /Il dit que P.B. est en tulle grec vernis de boutique de mercerie/ comme si ce n’est pas plutôt de Valéry ou (d’A. Breton) qu’on en doit dire. Il défend mollement Valéry & soutient qu’il appartient à la trad. Boileau ce qui n’est pas si mal dit.»
LMM, 135. Oct. 1943. «Claudel est illisible à force de rhétorique.»
LNF, 91. 3 juin 1925 de Rome. «Je n’ai vu que Claudel, Bontempelli. […]. Claudel est mon ami; c’est un rocher dans son genre.»
LETTRE A SALMON. 30 déc. 1943. Jacqueline Gojard. «M.J. & A. Salmon : 40 ans d’amitié.» Coll. de Quimper, 70. «Claudel est un grand homme soufflé & pas même grand homme. C’est toujours fabriqué & souvent illisible. (Tout son théâtre est assommant). Il y a un moment dans la vie d’un artiste où il est mûr pour la grande gloire… alors on la lui fabrique. Guillaume n’a eu ça qu’après sa mort. Bientôt ce sera le tour de Cocteau… ça chauffe.»
LETTRE DE CLAUDEL APRES AVOIR RECU MORCEAUX CHOISIS. «P.C. ne pouvait pas s’écarter d’un hommage rendu à M.J. Quand celui-ci a publié ses Morceaux choisis, il lui écrivit ces lignes, qu’il nous autorise à publier.» Aguedal, no spéc. 1939. 102. «Paris, le 13 janv. 1937. Merci, cher M.J., d’avoir superposé cette pastille d’encens à ce brasier de beaux poèmes & de chairs humaines que vous m’avez envoyé. Jai respiré le tout avec délices dans ce mélange d’attendrissement & d’exhilaration que procure à la fois aux yeux & aux narines cette émanation puissante de fantaisie, d’amour & de fumée. Vous avez à la fois les dons d’un poète & les grâces d’un chrétien, rien nulle part d’artificiel & de méchant, mais partout ces belles vertus qu’on appelle l’humilité & la charité, celle-ci dans son double sens. Affectueusement & fraternellement vôtre. Paul Claudel.»
---. TRAD. EN ANGL. PAR OEXENHANDLER. Looking for Heroes in Postwar France…Op. cit. 102. «Claudel knew M.J. slightly & visited him at St.-B. A journal entry for July 16, 1925, transcribes an account of the famous apparition & conversion. [P.C. Journal I (1904-1932). Gallimard, 1968. 681]. The style is as flat as if Claudel were recording the weather. In the same affectless style a journal entry for Nov. 28, 1944, records the poet’s death as reported by Mme Yanette Deletang-Tardiff, who interviewed the attending physician at Drancy. [Journal II (1933-1955). Gallimard, 1969. 502]. – The sole existing l. from Claudel to M.J. gives more insight into Claudel’s ambivalence toward the poet who was 10 yrs his junior. C. wrote on receiving a copy of Jacob’s Morceaux choisis (1937): ‘Thank you, dear Max Jacob, for having superimposed this lozenge of incense [the inscription to Claudel] upon this brazier of beautiful poems & of human flesh that you have sent me. I breathed it all in with delight in that mixture of tenderness & exhilaration that produces at the same time in both the eyes & the nostrils this emanation of fantasy, of love & smoke. ‘[P.C. Œuvres en prose. Gallimard, 1965. 1487]. »
LMJ, 251. 26 janv. 1926. «C’est une plaisanterie, n’est-ce pas ? nous n’allons pas nous piquer […] pour ce jeune homme qui se jette comme un bœuf sur nous en mugissant le nom de Claudel. J’ai reçu une l. d’excuses où il m’explique sa misanthropie: il méprise l’humanité parce qu’elle ne ressemble pas à Claudel.» [Le jeune homme est Paul Petit]..
LML, 54. 21 juin 1937. Chez le dr. Benoiste (de Kerpape). «J’aime que Pascal ‘tienne sa foi à bras tendu’: on n’a rien dit de tel ni de si juste sur lui. Ni sur Claudel ‘qui crache des flammes sans prendre feu’.»
LNF, 89. 26 mai 1925. ‘Les petites églises sont charmantes surtout Santa Maria in Cosmedin qui est en colonnes antiques & le temple de Vesta. Tout le monde est de mon avis y compris Paul Claudel avec qui j’ai dîné hier soir.’ 90. Note 1. «C’est la prem fois que Jacob rencontre Claudel & il s’en excuse auprès de Cocteau dans une l. du 26 mai: ‘J’ai réussi à éviter d’autres rencontres… mais ça c’était impossible parce que je suis chez Paul Petit & qu’Eschyle [Claudel] est à l’ambassade toute la journée où il le voit & lui parle de moi. Ne m’accuse donc pas de viser à l’Académie Fr. ou à ma Légion d’honneur…’ ; 97. 20 juill. 1925. « Paul Claudel venu à St.-B. il y a 3 jours m’a poussé une colle. ‘Qu’est-ce qui vous a plu à Rome?… J’étais sur la sellette! bien embarrassé. Un courtisan aurait dit: ‘vous’. Je n’ai pas de présence d’esprit quelquefois. J’ai dit : ‘L’air campagnard de cette ville!’ il a fait la moue. Cependant je vais mercredi chez lui à Blois; » 133. Note à la l. 15 avr. 1927. «Cingria qui a été emprisonné depuis déc. à Rome a été gracié grâce à d’innombrables démarches jusqu’au Ministre de Justice italienne […] & au roi lui-même. Il y a eu Claudel, […] Paul Petit […], Marinetti, […] & tout ce qu’il y a autour de Kahnweiler.»
LUA, 71. Samedi [1927]. «Il paraît que tu nourris une admiration pour le brave Claudel. Je n’en suis pas aussi peu étonné que Julien mais tout de même… il me faut un petit effort pour…Voilà ce que c’est que de vivre à Naples. On ne sait plus ce qu’il est de bon ton d’admirer.» [Plus tard M.J. & Claudel se rencontreront à plusieurs reprises].
L. A NICOLAS BEAUDUIN. St.-B. 23 déc.1923. PJ, 201. «Claudel n’a jamais la faveur véritable des foules, il n’a conquis que le Snoboland comme écrit Divoire dans sa bien amusante Stratégie Littéraire.»
«L. A RAYMOND QUENEAU. » Cah. de l’Herne 29 (1975): 215. Paris, 9, rue Duras VIIIe. «Vous faites, sans vous en douter, partie d’un mouvement qui est le premier depuis le pauvre surréalisme, lequel ne fut que la queue du symbolisme & de Barrès. C’est un mouvement de ‘gros plans’. Il va de la cocasserie d’Ubu aux sublimités de William Blake. (Je ne dis pas de Claudel auquel vous m’avez tout de même fait penser parce que Claudel porte aussi le cocasse en lui mais il est plus littéraire hélas!).»
MAURIAC, CLAUDE. «Les écrivains du mardi.» Figaro 2 janv. 1972. «M.J. se trouve dans la liste que donne Pierre Unik [écrivain surréaliste] de ses admirations de jeunesse, à côté de Freud, Mallarmé, Proust, Apollinaire, Joyce & quelques autres. – Au dos de la couverture du catalogue des publications surréalistes, éd. par José Corti, figuraient en 1931, une nomenclature, Lisez-Ne lisez pas. Dans la colonne des livres à ne pas lire figuraient notamment ceux de Claudel, Péguy, Proust, Valéry, Mauriac & M.J.»
MERLE, PIERRE. «Le cas M.J.» op. cit. 20. «Jacob détestait Claudel. [Il cite d’une l. à Doucet: ‘Nous aimons l’art également & vous aimez (sauf la bande à Claudel) tous les artistes que j’aime]. Nous savons aussi qu’il a détesté Péguy. Merle cite Stanislas Fumet, Rfl (1970) qui dit que M.J. ‘griffe Péguy’.»
VM, 183. [l’été de 1925] «M.J. eut la visite de Claudel qu’accompagnaient trois de ses enfants. ‘Il y a de la grandeur dans la simplicité de cet homme-là. Il ne sort pas tout ce qu’il sait, il a plusieurs figures & une seule face; je veux dire que plusieurs faces également franches lui composent une belle figure de paysan affiné. Il n’aime pas ce que tout le monde aime & ne se croit pas pour cela phénoménal. – Au mois d’août, Max rendit sa visite à Claudel; il était accompagné d’un ‘jeune monsieur à convertir’. Claudel était absent, sa femme les reçut ‘dans un ahurissement complet’.»
COCTEAU, JEAN (1889-1963)
A PROPOS DE COCTEAU A J-E BLANCHE. Collet. Coll. de Quimper, 138. 1er déc. 1929. «Jean est une merveille, il est la perle de ce temps. Si on le perdait, qui le remplacerait ? ou plutôt comment le remplacerait-on […]. Le cher Jean, il fait partie de mes éblouissements: Apollinaire, vous, Picasso, feu Jarry, Jean.» ; Même l. «Les Enfants terribles est un chef-d’œuvre, il est contenu dans les autres Cocteau, mais pour le voir dans les autres Cocteau il fallait nos lunettes. Ici il éclate jusqu’à aveugler les aveugles.» Et quelques mois plus tard, […] du même ouvrage. «C’est un charme, une espèce de fleur.» 5 août 1940. «J.C. m’a envoyé un livre où il essaie de me révéler les raisons que j’aurais de haïr Picasso.»
COCTEAU & RADIGUET. DV, nlle éd. 89. «On ne peut pas dire la vérité’ me disait-il peu de temps avant sa mort, ‘tiens, la preuve: récemment, on m’a demandé des souvenirs sur Radiguet. Qu’est-ce que tu veux que je dise? R. était un jeune homme que Cocteau, moi & les autres avons tué! Voilà la vérité.»
COCTEAU A PROPOS DE M.J. Dict. des poètes & de la poésie. Folio Junior, 1983. 222. Jacques Charpentreau & Georges Jean. «Nul mieux que Max n’a réussi ce miracle: se rendre invisible, tromper l’œuvre à force de transparence & donner en pâture à l’époque un homme de paille qu’elle puisse brûler sans l’atteindre.»
COCTEAU CITE DES LETTRES DE M.J. Arthur King Peters. J.C. André Gide: An abrasive Friendship. New Brunswick/New Jersey:Rutgers. 1973. 136. Cocteau cite des l. de M.J. à Gide, mars 13, 1925. «Reality always wins out at the end – your life is an example. Because of all of us you alone are really what you seem to be [namely Cocteau].» 96. M. Raynal presents me as an enemy of Jean Cocteau… » L. de M.J. à l’éd. de Littérature. Même l. en fr. p. 95.
COLLET, GEORGES-PAUL. «Jean Cocteau & Max Jacob: deux poètes esthéticiens.» Littératures. McGillUniversity. Montréal, 5 (1990): 113-38.
G. GABORY, M.J. en apprenant la mort de R. Radiguet, aurait écrit à Cocteau : «Le monde était pour toi, Raymond, plein de valeur, & ton siège en plein ciel à de telles hauteurs! tu transformais nos vies en vérités célestes.»
LJF, 259. 20 avr. 1936. «Si Cocteau avait été moins habile il aurait été très Avril 36 – mais il a manqué l’auto-car. [Note 55: «This is a shrewd observation; C.’s relentless ‘wit’ seems dated].»
LLG, 90. «Je te recommande aussi comme modèle de ‘variabilité, de mouvement de gaîté, de vie ’le pauvre J. Cocteau si méconnu.’» 158. «C. continue à s’amuser & à amuser les autres. Pourquoi pas?» 180. 20 oct. 43. «Rien de beau ne me surprend venant de C. Il
est capable du meilleur & le cinéma est fait pour lui. (mélange de plastique & de littéraire) il a le génie de l’invention.»
LMJ, 82, n. 5. L.[ nov. 1923]. «Malgré maintes disputes & fâcheries, J. Cocteau était à cette date l’ami de M.J.depuis l’époque où celui-ci habitait Montmartre. Son nom revient constamment au cours de ces lettres, & quand Jacob sera emprisonné à Drancy en 1944, c’est Coctau qui écrira aux autorités pour demander qu’on relâche son ami. On a parfois insinué que cette amitié n’était pas exempte de jalousie; à ce propos on pourrait citer J. Rousselot qui connaissait bien M.J : «[…] la légèreté de Cocteau l’agace: peut-être parce qu’elle est parfois un pastiche de la sienne. De mauvaises langues disent-elles devant lui que ‘Cocteau ne se consolera jamais de n’avoir pas été M.J,’ il laisse dire, sourire en coin… » (Rousselot, op. cit. 138).
A PIERRE LAGARDE. 477. PJ 9 fév. 1941. A propos des pastiches de L. «Je ne connais pas la psych. de Victor H. ni de Jammes, mais je crois connaître Cocteau mieux que personne. Or, ce p. est une photographie de Jean. Avec son apparence décousue, il suit tous les méandres de son caractère. Je ne peux pas décrire ce caractère: ça serait une trahison […]. Il ne s’agit pas de dire du mal de l’admirable Jean, chacun porte son tempérament sur son dos comme un faix ou une croix, c’est cette croix que tu as dévoilée. […] il est révélé, tel qu’en lui-même.»
L. A ROUSSELOT, J. M.J. au sérieux. Op. cit. 138. «C. a l’esprit clair. C. est lumineux. C. est familier, précis, juste, agile, jamais embarrassé de clichés, apte à tout comprendre. Sa langue le fait oublier pour ne laisser penser qu’à lui-même ou à un thème, excepté quand, dans un jaillissement, il trouve un mot fantastique qui épingle à jamais sa compréhension. Cocteau est un vrai Français: il est au niveau du sol. Il y saisit tout ce qui se présente dans la vie. Il est plein d’ardeur pour défendre & pour attaquer; il n’est jamais ridicule, car tout ce qu’il défend ou attaque mérite d’être défendu ou attaqué. A une autre époque, C. c’est du Molière, mais Molière est impossible aujourd’hui car M. n’aurait pas de public. Quand on lit C., on se sent vieux tant il est jeune, & bête, tant il a l’intelligence grosse & fine… ». Mais, cette silhouette flatteuse», continue Rousselot, «il la reprendra souvent, par la suite, & pas toujours pour l’embellir.»
PR, 350, Andreucci cite d’une l. dans laquelle l’exemple de Cocteau était déconseillé. [PJ, 160]. A Francis Gérard Rosenthal 17 avr. 1923. «[…] ‘j’ai le bonheur de n’être que le spectateur douloureux de la ruine de tant de jeunes gens qui auraient dû prendre de bonne heure pour exemple l’admirable vie de Jules Romains, plutôt que celle de mon excellent ami Jean Cocteau.» Pourtant in PJ, 233 «Une heure avec M.J.» il dit: «Cocteau a un grand talent. Il tourne autour des idées & les saisit, les exprime avec une force & une couleur dont il est seul capable à l’heure actuelle. Il n’a pas seulement une raison, une clarté positives, il a le don de la poésie […] en renouvelant complètement la mise en scène; en réalisant ce que tout le monde cherche depuis tant d’années, l’union du music hall & du théâtre, l’union du Grand & du petit art pour l’ART.»
VM, 245. «En fév., c’est Paris qui va à M.J. Cocteau – l’année d’avant, Max avait écrit à la princesse Ghika: ‘Cocteau?… qui est-ce donc ?’ – qu’accompagne Jean Marais s’installe à l’Hôtel de la Poste à Montargis pour écrire Les Parents terribles. «[ils]se jetèrent dans les bras l’un de l’autre. Tout les séparait & tout les réunissait.»
LIRE: MAX JACOB JEAN COCTEAU : CORRESPONDANCE 1917-1944. TEXTE ETABLI & PRESENTE PAR ANNE KIMBALL. Paris: Méditerranée. 2000. La seule corr. bilatérale. Avec Index 645 p.
COHEN, ALBERT (1895-1981)
LNF, 83, [mi-avr. 1925]. «Le génie c’est le miracle. Nous n’avons pas fait de miracle. J’en connais un dans l’oeuvre de Cohen. – 85. 26 avr.1925. Pas de comparaison entre l’effort énorme de Morhange & les hallucinations d’Albert Cohen.» (86, n. 9. Dans Philosophies & la Revue Juive).
LPM, 54, 8 oct. 1930. M.J. vient de lire «le livre stupide de A. Cohen intitulé Solal. Une idiotie» ; n. 3. «Jacob n’aime pas ce livre, mais il aime & admire Cohen.»
LS, 105-06. 18 mars 1925. «Or, s’il est vrai que j’ai dit que Cohen avait essayé de m’attirer dans le sionisme je ne l’ai pas dit pour le blâmer mais au contraire ravi de mon importance. Si j’ai dit qu’il m’avait reproché véhémentement ma conversion, je l’ai dit avec admiration pour sa foi.»
MJ/JC, 208. 16 mars 1925. «[…] je te parlerai de l’homme prodigieux qui est le directeur de la Revue Juive; lequel n’a pas réussi après une journée cornélienne à me ramener à la ‘Religion De Mes Pères’ » ;214. 21 mars [1925]. «Cohen me reproche véhémentement ma conversion. Mon estime pour lui s’en accrut. Il m’a demandé ma collaboration. C’est ici qu’il me déplut quelque peu; plus je lui promettais, plus il demandait, il finit par me déclarer qu’il voulait me voir à la tête du Sionisme.» – 217. n. 8. 21 mars 1925. Dans une l. à Jouhandeau du 6 avr., Jacob écrit: «J’ai reçu une lettre affectueuse d’A. Cohen. Il y a de la grandeur dans cet homme-là. Et ce mépris de la litt. quand on a un talent pareil, c’est grand! » LMJ, 184-85; 208. 16 mars 1925.
MJ/JC, 209, n. 5. «Jacob venait faire la connaissance d’Albert Cohen, romancier juif. La Revue juive, publiée par Gallimard, parut 3 fois entre janv. & mai 1925. Voir la biographie de Cohen par Jean Blot (chez Balland) & Visage de mon peuple de D.R. Goitein-Galperin (Nizet, 1982).»
PR, 256. L. à Henri Ferrare. Max Jacob no 1, 59. «Si vous connaissez Albert Cohen […] sachez qu’il est mon ami & qu’il y a à faire là une conversion.»
CONFERENCES
LEJ, s.d. [janv. 38]. 63. «J’ai fait une conf. à l’Expo. qui a eu un plein succès & une autre sur Apollinaire.»
LRV, 78. 8 avr. 1938. «Je dois faire une conf. sur l’Art à Brest le 19 mai.»
VM, 241-42. «En nov. [1937], grand momentde poésie. Max parle de la Poésie aux ‘Mardis’ littéraires de l’Expo. C’est son ami Georges Charensol qui a la charge d’organiser ces manifestations & qui a pensé à lui. Max n’est pas seul, il y a avec lui, dans un curieux mélange, P. Valéry, Abel Bonnard, F. Carco & F. Gregh, mais il parle le dernier & c’est un vrai triomphe. La veille, Max avait essayé sa conf. sur ses amis de Montargis & son petit auditoire qui ne le connaissait pas encore bien avait été ébloui. R. Szigeti a assisté à la conf. de Max: ‘Tous ces gens étaient académiciens (note de P.A. pas F. Gregh qui n’était encore qu’académisable) à l’exception de Max & il n’y a que pour lui que l’auditoire s’est levé. Or, M. s’était rendu à cette manifestation avec crainte & humilité. Il m’avait dit: ‘Je n’irai pas. Ils vont me lancer des tomates sur la gueule. Je suis le seul calotin de la famille, personne ne peut plus me voir… ‘ C’est au début de son exposé que M. donna sa fameuse définition: ‘La poésie, c’est du rêve inventé.’ - 244. Le 19 janv. 1938 à la Bibl. Doucet M. fait une conf. sur Apollinaire, ‘à peine préparée’. «C’est dans cette conf. que M. a prétendu, avec beaucoup de légèreté, que le vieil amant de Mme de Kostrovitzky, le banquier ou pseudo-banquier Jules Weil, était le père d’A. La thése de Max n’a pas résisté à l’examen des faits, le père prétendu était un gamin lors de la naissance mystérieuse de Guillaume. […] sa conf. avait été très mal reçue; A. Rouveyre s’était étranglé d’indignation & même A. Salmon, l’ami toujours fidèle, celui qui avait été & serait toujours à ses côtés, l’avait trouvé mauvaise. Note 1. A. Sauvage dans ses ‘Carnets’ inéd., en a fait un plaisant c.r.»
---. 237. Le 28 fév. 1937, M.J. se rend à Nantes faire 2 conf., l’une sur «les 30 dern. années de l’art » & l’autre «Noé inventeur de la Vigne & père d’une ère nlle.» Max y développe ses vues sur la Symbolique qui, comme en 1910, domine sa pensée religieuse. ‘Comme la Vigne est l’Esprit, Noé est désigné dans l’anc. testament comme l’ancêtre de l’Esprit, écrit-il à Jabès. L’Arche au-dessus de l’eau, comme Vénus sortie de l’eau, est aussi esprit & le fait d’avoir exhibé ses parties sexuelles dans l’ivresse est aussi esprit, car la circoncision annoncée par ce geste est un fait d’esprit, le phallus étant la partie de l’homme la plus nerveuse ou la plus accessible aux influx de la terre.»
---. CONF. A BREST & A MORLAIX «EN 1938. 246. En mai 1938, il fait à Brest une conf. sur l’Art, conf. qu’il a préparée avec son ami André Sauvage. (n.1: Mme Sauvage conserve dans ses archives les précieuses notes que Max avait redigées pour cette conf.). C’est un immense succès: «Mayol avant la guerre.» Cinq cents personnes ‘intelligentes’ écoutent Max qui parle d’abondance pendant deux heures: ’Le lendemain, les gens m’abordaient au café où j’étais avec Salmon (là par hasard) & Saint-Pol-Roux. On était venu exprès des environs. Grand article dans La Dépêche. J’étais très élégant & très beau & très digne.’ – Quelques jours après, il parle à Morlaix. Là aussi grand succès. On était venu pour l’entendre de tout le département.»
FEV. 1937 DEUX CONF. A NANTES. «Max passe par Angers & Lorient & termine son voyage à Quimper, où il est encore en mars.- En nov. 1937, Max parle de la poésie aux mardis littéraires de l’Exposition […] conf. à Paris, sur Napoléon, en remplacement d’Octave Aubry. 19 janv. 1938 conf. à Paris à la Bibl. Doucet sur Apollinaire. Conf. sur l’art en mai 1938 à Brest. Autre conf. à Morlaix quelques jours après.» H. Dion. «Les logis de M.J». Cah. MJ 5. 75.
CORNUTY, ALBERT
LAL, 134, n. 4. L. 23 fév. 1926. «A.C., poète & vagabond, était un fanatique de l’œuvre de Verlaine; il se trouvait au chevet du poète au moment de sa mort.» M.J. a envoyé à André Lefèvre le 22 fév. 1926 cette: NOTICE. PJ, 256-57. «Les hommes de ma génération ont connu Cornuty. C’était un petit adolescent à qui ses mains & ses cheveux donnaient l’air d’une araignée ou de trois. Il semblait loucher en dedans. Il est mort de faim ou d’épuisement […]. C. avait traversé la France à pied du midi au nord. Une conf. qu’il fit à Béziers, avait été annoncée par des caricatures de lui & deux vers incompréhensibles de Rimbaud. La ville était soulevée. Sa famille le haïssait; il était parti avec un acrobate & trouva un jour à Lyon une femme-serpent qui lui donna à manger, puis l’empoisonna comme Putiphar eut voulu empoisonner Joseph […].»
CORBIERE, TRISTAN (1845-1875)
A DOUCET. Corr. I. 134. 30 janv. 1917. «[…] je trouve Corbière tordu.»
A H. HERTZ. S.d. [1909]. PJ, 28. «Et ce qui vous attache aussi Corbière & toi, mon vieux Jean Bart, c’est cette fleur ancienne cour auquel une certaine camaraderie donne sur soi-même le croc en jambe sympathiquement, mais toi sans dandysme ridicule, ni journalisme, seulement en poète marin & romarin.»
---. 487. A F. GUEX-GASTEMBIDE. S.d. 27 juill. [1942]. «L’homme qui a inventé le vers libre [T. Corbière avait publié Amours jaunes en 1873], a créé du coup un amphibie déliciex entre la prose & le poème, qui n’est pas le poème en prose – c’est très dangereux, car on a toujours le péril [sic] de tomber dans la prose tout simplement – ce terrible malheur n’arrive pas aux vrais poètes comme vous. Et puis une fois mort & célèbre tout paraît poésie. – Il faudra que je relise souvent l’âme & les mains [recueil de Guex-Gastembide, Debresse, 1942] & que j’y pense.»
MJ/JC, 372. 1er déc. 1925. «Un quiconque qui a lu les Feuilles libres dern. no me dit: ’C’est très bien Reverdy, mais il aurait pu au moins vous ‘les’ dédier! Au moins voilà un chrétien qui n’a pas la manie du scrupule, il y a même un titre pris au CD (lequel d’ailleurs l’avait pris à Corbière).» Note 6. «Reverdy avait publié ‘Poèmes en prose’. Feuilles libres (oct.-nov. 1925): 298-305.[L’admirateur de Jacob & peut-être Jacob lui-même semblent trouver que Reverdy doit tout à Jacob].» Note 7. «Ce n’est pas tout à fait exact: l’un des poèmes de Reverdy est intitulé ‘Ça’, alors que celui de Jacob s’appelle ‘Cela’.»
CREVEL, RENE (1905-1935)
COLUMBIA DICT. OF MODERN EUROPE. N.Y: Columbia U. Press, 1980. Fr. essayist & novelist, born in Paris. Joined surrealists & experimented with hypnosis, dream transcriptions & functioning of language, & published philosphical treatises & militant tracts on surrealism in La Revue Surréaliste. In L’Esprit contre la raison (1928) & Le Clavecin de Diderot (1932) he called for the liberation of the mind from the barriers of reason & the strictures of bourgeois society. On the eve of the Congrès des Ecrivains pour la Défense de la Culture he committed suicide, an act attributed for his futile effort to conciliate the surrealists & the Marxists. He emerged posthumously as an avant-garde novelist, possessing a realism that combines brutality & beauty.
GUIDE ILLUSTRE, 110. René Crevel a beaucoup écrit jusqu’à son suicide héroïque, déterminé, semble-t-il, par le désespoir de voir séparés ses amis surréalistes & communistes. Détours (1924), Mon corps & moi (1925) sont de difficiles entreprises de synthèse poétique. Il réussit mieux dans sa satire de la bourgeoisie: Etes-vous fous ? (1929), Les pieds dans le plat (1933), etc. Le Clavecin de Diderot (1932, rééd. en 1966) fait preuve d’une belle violence dans un esprit de totale liberté. Avec Vaché & Rigaut, Crevel est un des ‘héros’du surréalisme.
LMJ, 165. 21 déc. 1924. «Crevel n’est pas sans éclat, il a du sens & de la raison; il est capable de passion, c’est un homme, un homme clair. Si je le connaissais, j’aurais de la sympathie pour lui » ; note 2, 166. Carya Jouhandeau connaissait bien Crevel; elle raconte dans Le Lien de ronces que c’est elle qui avait soigné Crevel lors d’une prem. tentative de suicide» ; 317. L. de M.J. à elle: «Figurez-vous que m’étant entretenu avec Crevel chez les Beaumont du dîner de mercredi, Marcel Herrand nous a dit qu’il voudrait dîner avec nous! Il me charge de vous demander de l’inviter.»
MJ/JC, 249. 10 avr. 1925. Note 15. «Crevel était un passionné, un esprit indépendant que fascinait Lafcadio, le personnage des Caves du Vatican (1914) qui a délaissé la morale traditionnelle pour affirmer la liberté individuelle.»
CURE D’ARS (1789-1895)
MJ/JC, 26 mai 1925. 300. «Après la canonisation du Curé d’Ars où j’irais pour voir le pape je filerai vers Naples […].» Note 11, le nom du curé : Vianney, saint Jean-Baptiste Marie (1789-1895)
CYPRIEN
LMJ, 316, n. 2. [Début oct. 1928]. «En 1915, Jacob avait pris comme nom de baptême, le nom de Cyprien Max Jacob. Pendant un temps il a même essayé de se faire appeler par ce nom signant Cyprien ou C. Max Jacob, mais cela ne dura pas longtemps.»
PR, 148. «Cyprien de La Légende dorée qui avait été mage & consacré au diable, c’est sous le signe de cette vocation satanique, mais renié, que le poète choisit de rejoindre l’Eglise.»
«VENUS-CYPRIS, c’est l’accroissement par le bas, l’accroissement de la chair, tandis que Cyprien, c’est l’accroissement par le haut, l’accroissement de l’esprit […].» VM, 102. [C’est le nom de baptême que M.J. avait choisi].
DABIT, EUGENE (1898-1936)
LCHG, 54, n. 7. (1898-1936). «Peintre & écrivain autodidacte. Auteur de nouvelles & de romans dont les deux plus connus, autobiographiques, sont: Petit-Louis & Hôtel du Nord, Journal intime. Gallimard, éd. complète. 1989.»
LLG, 156. 13 mai 1943. «J’ai intimement connu Dabit & surtout Béatrice Appia sa femme, pianiste virtuose, nageuse virtuose, caricaturiste étonnante, généreuse nature. Il l’a abandonnée, elle a un chagrin violent & se console je crois avec un époux légitime. Dabit avait l’air d’un cierge éteint. C’était un ancien apprenti du canal St-Martin devenu peintre puis écrivain. Il a décrit sa maison natale dans Hôtel du Nord. J’aime beaucoup ses livres, surtout un Mort tout neuf.»
LE MONDE M’ENNUIE TANT & j’ai si hâte de vous voir, êtres vivants enfin! A Béatrice Appia & E. Dabit, 4 janv. 1929. Gérard Turpin. «‘La Dame aux pêches’ Chronique d’une amitié.» Max Jacob. Galerie de la Poste. Op. cit. 75-79
PJ, 318. 21 déc. 1929. A Dabit. «Voilà un beau coup d’essai! Beau sujet! Faire vivre un hôtel, c’est faire vivre un quartier & faire vivre un quartier, c’est faire vivre une ville» ; 343. Rue Nollet, 1931. «Tes types sont d’un relief unique, d’une nouveauté fraîche & directe; ce sont des synthèses formidables, le livre qui aurait pu être monotone est d’un intérêt passionnant, de ces livres qu’on ne peut pas quitter. Chaque détail est significatif, chaque parole est psychologique. Tu dépasses ou tu atteins les plus grands maîtres du réalisme. […]. C’est la réussite & beaucoup plus que la réussite, c’est la beauté.»
---. 339. Rue Nollet 22 déc. 1930. «L’émotion me plaît plus que le pittoresque. Peut-être le Petit-Louis est mieux écrit encore que l’Hôtel. […].Vous avez de la veine d’être un homme alors que nous ne sommes que de sylphes.»
DECAUNES, LUC (1913 ?- 2001?)
GUIDE ILLUSTRE, 229-30. Né à Marseille, instituteur, animateur avant la guerre de la petite revue révolutionnaire Soutes, prisonnier de guerre, a commencé par des poèmes violents, nettement surréalistes: L’Indicatif présent (1933). L’âge & la captivité ont donné à son œuvre un accent plus doux & plus intime: A l’œil nu (1942). Air natal (1946). Le Droit de regard (1951). Musique & poésie ininterrompues (1959). Il est aussi l’auteur d’un roman triste: Les idées noires (1946).
LAROUSSE. LITT. FR. II. 362. [Il] a repris la leçon révolutionnaire & amoureuse du surréalisme dans ses livres aux images ardentes. Indicatif présent, A l’œil nu, Le cœur en ordre, Le droit de regard, L’Amour sans preuves.
DELTEIL, JOSEPH (1894- 1978)
LNF, 77, 26 JANV. 1925. «Delteil c’est comme Chateaubriant & Jarry » ; 78, n. 10. «J. Delteil écrivait des romans truculents comme Choléra (1924) & des vies romancées comme Jeanne d’Arc (1925).»
LMJ, 120. Début juill. 1924. «J’ai beaucoup aimé Delteil à cette visite en auto: il a l’air d’un homme sensible surtout la finesse même: toutes les finesses! »
MJ/JC, 336. 5 août [1925]. «A propos de Jeanne d’Arc de Delteil. «Le chapeau cloche & les bas de soie c’est Giotto mais le jeûne & la puberté pour les visions c’est /plutôt/ Taine (mitaines). – 338, n.10. Réf. A la Jeanne d’Arc de J. D. Grasset,1961. Cf. la description de J. d’A. faite prisonnière: «Eh! oui, J. d’A, c’est une jeune fille de 18 ans, en chapeau cloche avec ses bas de soie.» 112; 175. 23 déc. 1923. «Ce Choléra c’est un conte de Voltaire écrit par Lautréamont. Il y en a comme ça qui sont à la page. Ce Delteil est ‘à la page’. Funeste! il ne fera rien de bien » ; 177, n.5. «J. Delteil […] a suscité beaucoup de controverses autour de ses romans truculents. […]. Jacob admire le torrent de mots & d’images, mais semble trouver le fond trop léger.»
DENOEL, JEAN (1902–1976)
BELAVAL, YVON. C’ETAIT IL Y A TRENTE ANS. No. spéc. 16-17. «La gloire, me disait J. Paulhan, dépend d’un ou deux amis têtus.» «L’on sait à quel ami têtu l’on doit la rééd. des œuvres disponibles, la publication des Méditations, les commémorations. Il manque la Correspondance générale empêchée par toutes sortes de difficultés.»
DENOEL, JEAN. Ibid. 8. «Je me souviens d’un soir de printemps 1937; au cours d’une promenade sur la levée de la Loire, nous évoquions Apollinaire, sa postérité assurée, disait Max: ‘Alors que la mienne sombrera avec moi dans le trou noir.’ Non, cher Max, ton œuvre, son universalité comme ton souvenir demeureront bien vivants dans le monde.» J. Denoël Président des Amis de M.J. à l’occasion du trentenaire de sa mort.»
DEPECHE 6 fév. 1972. «La Poésie de M.J.» par Jean Lebau. «Toujours fidèle à la mémoire de M.J., qu’il ne cesse de servir, J.D. vient d’assurer la rééd. de ses oeuvres de poète, depuis longtemps introuvables.»
EXPO MONTMARTRE, Catalogue. Robert Szigeti. «LES AMIS DE MAX JACOB.» [3]. «Ses dern. lettres en font foi, son dernier souci fut celui de l’organisation & de la réussite de cette expo. du Musée de Montmartre où Max est célébré à travers ses œuvres & les documents qui s’y rapportent. - C’est à J.D. que nous devons la fondation de notre assoc. Son prem. but était de donner à Max la sépulture décente qu’il désirait, à St.-B.- Les ‘Amis de Max Jacob’ trouvèrent alors leur raison de survivre en publiant ou en aidant la publication d’œuvres de M.J. & de travaux l’ayant pour sujet ou pour objet. - C’est à J.D. que nous devons la rééd. de toute l’œuvre écrite de M.J., chez Gallimard, dans les quinze dern. années. C’est encore grâce à lui & à la générosité de Mme Florence Gould que fut fondé & distribué le ‘Prix M.J.’ de poésie. – Hier, je lui écrivais que tout serait prêt le 25; qu’il n’aurait qu’à être là à présider les cérérémonies Il n’y sera pas là physiquement. Mais dans l’esprit, le cœur, la prière de chacun, l‘évocation de sa mémoire maintiendra sa présence au milieu de nous. Le nom de M.J. & celui de J.D. nos amis resteront indissociables.»
FONDATEUR DE FONTAINE en Afriquedu Nord, président des Amis du poète, & qui vient de disparaître avait décidé de marquer ce centenaire.
FRANCE-CULTURE, 25 mars 1972. Roger Vrigny, en compagnie de Jacques Brenner & de Christian Giudicelli c’est entretenu avec J. Denoël. «J. Denoël qui depuis plusieurs années assure l’édition complète des œuvres de M.J […]. Il ne restait plus, signala J.D., qu’à reprendre dans cette œuvre un tout petit livre important & capital: son art poétique.»
JEAN CASSOU parle (à l’occasion de l’inauguratoin de la salle M.J. à la bibl. d’Orléans) du «‘sacerdoce’ entrepris par M. Denoël pour réunir les amis d’un poète qui demeure une figure unique de son siècle.»
JEAN DENOEL & rééd. de M.J. Jacques Brenner. «Un peintre de voix.» Paris-Normandie 21 juill. 1976. «Ses œuvres les plus importantes sont actuellement disponibles chez Gallimard où elles ont été rééd. par les soins de J.D. Le célèbre CD se trouve dans la coll. de poche «Poésie» avec une préf. de M. Leiris.»
JOURNAL DE GENEVE I, 1973. «Une bonne fée ou un bon ange vient d’inspirer à Gallimard de rééditions des récits depuis longtemps introuvables» – écrit J-Ch. Gateau dans son article: «Trois générations de bohèmes. M.J. & son petit homme courtelinesque.»
LACOTE, RENE. «M.J. Audiberti.» Lfr 4-10 fév. 1970:8. «La situation aujourd’hui faite à son œuvre est celle dont M.J. avait rêvée & qu’il n’espérait plus. Ses livres, qu ‘on ne réimprimait plus, sont maintenant tous en librairies. Quelques-uns de ses amis & spécialement J.D. ont tout fait pour qu’il en soit ainsi on ne leur rendra jamais suffisamment hommage. – Les lecteurs d’aujourd’hui réparent la profonde injustice des contemporains de M.J.»
«MAX JACOB L’HOMME DU SECRET.» R. Plantier. «Au service de M.J.» Pour en revenir à M.J. 42. «J.D. le feu prés. de l’Assoc. des Amis de M.J. qui avait une connaissance intime du poète & qui savait par cœur toute son œuvre confiait à Plantier que pour lui il reste ‘l’homme du secret.’ De sa part Plantier nous confie qu’après «six ans de relecture en relecture, de fiche en fiche, il peut témoigner que les secrets sont nombreux. […] il y a un immense travail à entreprendre ou à poursuivre […] l’oeuvre est une tentative de libération & de découverte de soi. C’est la somme des exercises spirituels multipliés par un homme qui avait peur de mourir sans visage.»
«MAX JACO» par Théophraste. Lfr 1176 (30 mars-5avr. 1967). «Il faut dire que si le souvenir de M.J. reste aussi vivant, que s’il y a presque un culte du poète, c’est à J.D. qu’on le doit. Jamais prés, d’une assoc. d’amis fut aussi efficace, jamais poète n’eut de lecteur aussi attentif que ce prés. qui connaît par cœur toute l’œuvre & sait tout de la vie de son grand homme.»
POUR EN REVENIR A MAX JACOB. Monde 5 avr. 1974. «Pour le 30e anniversaire de sa mort paraît un recueil de témoignages, édité sous l’égide des Amis de M.J. dont le prés. est J.D. & où l’on trouve les signatures de Marcel Arland, J. Cassou, J.M Dunoyer, L. Guilloux, M. Leiris, Claude Roy, etc.»
DERMEE, PAUL (1886-1951)
PJ, 48, n. 4. «[…] pseud. de Camille Janssens, poète belge d’expression fr. , mari de la poétesse Céline Arnaud. Il fonda à Liège, sa ville natale, la Revue Mosane. Fixé en France, il participe aux aventures de l’avant-garde littéraire, adhérant au dadaïsme & collaborant à des revues (Nord-Sud, Esprit Nouveau qu’il fonda en 1920 avec Ozenfant & Le Corbusier). Il fut également l’un des pionniers de la radio au journal parlé en 1924.»
VM, 66 n. 1. «P.D., poète & critique d’origine belge, a joué un rôle important dans l’avant-garde poétique entre 1910-1920. Il inaugura plus tard la prem. critique littéraire à la radio.»
DESBORDES, JEAN (1906-1944)
HIST. LITT. DE LA FRANCE. Paris: Eds. Soc. 622. «Il [Cocteau] s’est aliéné une partie de l’opium en défendant le livre de J.D. J‘Adore (1928).»
LLE, D, 134. «Cocteau ne se trompe pas sur Desbordes; il pousse un ami & se fait une 3e gloire (il avait d’abord écrit ‘une 2e gloire’). D’ailleurs j’aime le livre de D. à cause d’une grande humanité & d’un étiage très terrestre qui est fort rare. Radiguet était aussi bien intelligent & sensible…»
LMM, 36. 29 sept. 1937. ‘J’ai lu le livre de J.D. qui est plein de mouvement & de chaleur, qualités bien rares.’ Note 3. p. 145. «Découvert par Cocteau, J.D. publie, à l’âge de 21 ans, un recueil d’essais J’Adore, dont la préf., rédigée par C., est un tissu de louanges hyperboliques. (Grasset, 1926). M.J. participe au lancement du livre par la rédaction d’un article enthousiaste qui scandalise Reverdy. […] J.D. joua un rôle important dans la Résistance & mourut des suites des tortures infligées par la Gestapo. – Le livre auquel Jacob fait allusion s’intitule Les Tragédiens. »
MARGARET CROSLAND. Jean Cocteau. London: Peter Nevill, 1955. 76. «But literary editors did not share C’s enthusiasm about J’Adore. Some even refused to accept paid advertisments […]. Cocteau refused to accept defeat. He attacked editors & booksellers, putting all his effort into making the book a literary and fiancial success. He has no difficulty persuading M.J., who adored him, to write an astonishing page about Desbordes. He took it to M. Martin du Gard, who was the ed. of NL… M.M.du G. was uneasy abut [Jacob’s] panegyric… Cocteau was furious, took the article away & it was finally published by Pierre Brisson in Annales Pol. & Litt. »
MJ/JC, 535. n. 5. «[…] Desbordes écrira un roman J’Adore (Grasset. 1928) dont le sujet est son amour pour Cocteau. Par amitié pour C., Jacob acceptera d’écrire un c.r. élogieux de cet ouvrage de piètre qualité, mais M. Martin du Gard le refusera pour les NL. La note sera finalement publiée par Jean Brisson dans les Annales Pol. & Litt. 23:15 (1er août 1928): 113. «L’apparition de Jean Desbordes» par M.J. fac-sim. in PJ, 304-05. Voir l. de Cocteau à M.J. mai 1927. MJ/JC, 534. «[…] l’enfant roi J.D.– qui t’adore parce que je t’adore.» - Desbordes mourut sous la torture, en héros de la Résistance durant la 2e guerre mondiale.»
VM, 209. «Le livre de J.D., J’Adore, paru au début de l’été [1928] & que Cocteau avait préfacé, sera à l’origine d’un nouveau & violent incident entre M.J. & P. Reverdy. Ignorant toute hypocrisie, J.D. ne cachait pas qui il aimait. Le dernier récit du livre était bref & révélateur. […]. Max avait donné quelques lignes enthousiastes aux NL: ‘Elle (la véritable intelligence) mélange des sentiments comme le sang & l’eau coulaient sur la poitrine de Jésus parfait. Un grand artiste est une intelligence véritable. Le génie est une intelligence directement divine. La véritable intelligence connaît les idées (les pauvres idées) & s’en sert quand elle souffre. – C’est de l’admirable J.D. que je parle.’ P.R. avait dû très violemment réagir […]. M. lui avait écrit: ‘Si j’aidais à cracher à la Face de notre Dieu’. il ne m’exaucerait pas comme Il fait en convertissant par ma voix & profondément le poète Lavastine. Je ne crois pas que le livre de D. J’Adore, soit un mauvais livre & je ne rougis pas d’aider à sa diffusion. Je crois que la conversion de la France doit être un changement d’intelligence… Le livre de D. me semble un monument de l’intelligence nlle, perdue, retrouvée…’»
DIAGHILEV, SERGE DE (1872-1929)
LMJ, 52. 31 mai 1923. «Toute ma vie fut ‘ballet russe’ avant St.-B. & mes origines pour n’être pas ‘ballet russe’ me préparaient cependant à le devenir»; 54, n. 5. Les ballets russes, dirigés par Serge Pavlovitch Diaghilev entre 1908 & 1929 attirèrent une admiration mondiale, mais provoquèrent aussi de violents scandales non seulement esthétiques mais aussi politiques & même sociaux. M.J. connaissait la plupart des musiciens qui travaillaient avec Diaghilev & pour lui: Poulenc, Satie, Milhaud, Auric, Stravinski, etc., & il a travaillé avec certains des peintres qui créaient les décors pour les ballets: Derain, Braque & Picasso par exemple.»
MJ/JC, 279, n. 4. 6 mai 1925. «Serge Diaghilev, mécène & dir. d’une troupe russe à Paris, créateur des Ballets Russes. Hors saison sa troupe répète & prépare la saison à Monte-Carlo. Mais M.J. ne s’arrêtera pas pour voir D. & ses danseurs.» [Lors de son voyage en Italie].
DIETRICH, LUC (1913-1944)
LLG, 94. «Dis lui (à Denoël) que je suis très emballé par L’Apprentissage de la ville par L.D. Livre très remarquable.»
DOSTOIEVSKI, FEDOR (1821-1881)
A LA MEMOIRE DE DOSTOIEVSKI. Les Veillées du ‘Lapin agile’. Paris: Ed. fr. illustrée, 1919. 35. Incipit: «Quand le tramway eut passé sur le pont de Saint-Cloud, l’ancien acteur… »
A DOUCET. Corr. I, 139. 21 fév. 1917. «La religion n’aime pas le bafouillage de Dostoïewski. Elle enseigne à se taire comme l’a fait Racine, le poète de la France, cette fille aînée de l’église.»
A EMIE. D, éd. Festin, 89. «L’unique mérite de Dosto est d’être plus humain que nous, Français… St.-B-les gouaches, 26 mars 1926.»
A LOUIS GUILLOUX. «M.J.» France-Asie no. spéc. 357. A Saint-Brieux, l’été de 1926 M.J. disait à J. Grenier & à L. Guilloux: «Si une œuvre d’art te donne la sensation d’un poing fermé il peut y avoir tous les défauts possibles: c’est un chef- d’œuvre. Tous les littérateurs sont des ruisselants. Et ceux qui, par hasard ne sont pas des ruisselants, ce sont des grands: Dostoïewski, Jean Jacques. Le type de ruisselant: Diderot. Je suis moi-même un ruisselant.»
LNF, 39. 4 oct. 1923. «En imitant la manière de Mr Dur, vous n’imitez pas ma manière mais la sienne: chaque personnage chez moi a la sienne & je crois que je suis le seul écrivain qui sache faire cela depuis que le grand & inégalable & génial Dostoïewski est mort. J’essaie de loin de l’imiter.»
LS, 79. 30 nov. 1924. «Je lisais dernièrement les Karamazov de Dostoïevsky. On juge ce roman plein de digressions & touffu. Oui, il est cela, mais quand le roman est dans le roman, il n’y a pas un des mots des dialogues qui n’ait une formidable importance pour le procès & l’état d’âme des gens. Qu’on ne vienne pas me dire maintenant que des Français seuls savent composer, car c’est faux. Corr. II. 345. 30 nov. 1924.»
MJ/JC, 332, n. 11. L. 22 juill. 1925. «[…] D. décrit la profondeur psychologique & ténébreuse de l’homme où les actes & les réactions voisinent avec de brusques sautes d’humeur ou de conscience qui restent, tout autant pour l’individu lui-même que pour les autres, contradictoires & inexplicables.»
PR, 521 ; LLG, 168. «Aujourd’hui c’est du Freud: On est fier de fournir des documents à Freud, comme si c’était l’art que de fournir des documents. Je me demande si Shakespeare, Dostoïewsky, Racine, Sophocle ont pensé à fournir des documents. Il faut choisir entre la science & l’art.»
SCHELER, Lucien. «M.J. parle d’Eluard.» Lfr 454 (26 fév.-5 mars 1953): 5. L. à Paul Eluard. 5 avr. 1942. « […] Byron, l’excédé, mais il n’est pas méchant, & Goethe qui est encore moins méchant. Il s’agit d’une sorte d’angélisme. En litt., Homère! Si je savais le latin, je découvrirais peut-être que Virgile est à mettre dans les rageurs secrets comme je mets Léonard de Vinci. Il est, on dirait, impossible d’extérioriser sans une tentation de rage. Pourtant il n’y a pas de rage dans Molière, s’il y en a dans Gogol, pas trace de rage dans Shakespeare s’il y en a peut-être dans Dostoïevski (aussi Shakespeare est-il plus grand). Il y a trop évidemment de la rage dans Swift & pas de trace dans Sterne, ni dans ce doux Dickens. Balzac est plein de rage; il n’y a pas de méchanceté dans Verlaine mais Lautréamont est un démon & Baudelaire aussi. Je ne confonds pas du tout ironie avec méchanceté; quant à l’humour, c’est la bonté qui ne veut pas médire & qui se décharge en souriant. Mais il ne s’agit pas de cela. Il faudrait examiner la litt. entière au point de vue ‘anges & démons’, les anges peuvent être médiocres, mais ils sont anges & les démons peuvent avoir du génie bien que plaisant moins. Il y a des anges de génie comme vous! […]. Excusez-moi! excusez cette l. sorbonnarde & ridicule sans doute.»
DOUCET, JACQUES (1853-1929)
ADEMA. Guillaume Apollinaire le mal-aimé, 238, n. 2. Plon, 1952. «J. Doucet, couturier célèbre, avait un grand goût pour la litt. & les arts modernes. Il avait constitué une bibl. actuellement parmi les plus riches, en ms. du prem. quart de ce siècle.»
A DOUCET. Corr. I. 166. 28 nov. 1917. «Vos avis me sont toujours précieux, marqués comme ils sont par le bon goût uni au bon sens & à l’expérience des arts & des artistes: ensemble bien rare.»
LMJ, 165. 12 oct. 1924. «Découvrez-moi un génie dans une mansarde, comme me disait M. Doucet, couturier & mécène.»
MARTIN, HENRI-JEAN. L’histoire de l’édition fr. T. IV. Pro-modis, 1986. 483. «Vers 1919 J., Doucet veut constituer une bibl. litt. moderne, pour laquelle il demande à A. Suarès d’être son conseiller. Il s’attachera ensuite les services d’A. Breton & de L. Aragon jusqu’à sa rupture avec les surréalistes en 1925. C’est Marie Dormoy qui sera désormais la gardienne de la bibl. litt. Les coll. de la bibl. s’enrichissent à un rythme soutenu […]. J.D. achète imprimés & ms. Depuis plusieurs années l’activité du collectionneur se confond avec celle du mécène qui, outre ses conseillers, pensionne de jeunes auteurs comme P. Reverdy, M.J. ou Robert Desnos à charge pour ceux-ci de lui faire don en échange, de ms. originaux ou recopier pour la circonstance.» 515-16. «On est stupéfait de voir qu’en plein des écrivains célèbres se sont livrés par goût ou par nécessité à cette occupation décriée: la calligraphie & l’enluminure. Reverdy, M.J, Aragon, Julien Benda, André Suarès & bien d’autres ont vendu de magnifiques ms. à J.D. Souvent cette vente leur rapportera beaucoup plus que les droits d’auteur. Le plus assidu de ces enlumineurs fut M.J. A la fin de sa vie, réfugié à St. B. […] il mettait toute sa poésie, toute son imagination à parfaire au dessin ou à la gouache des pages superbes que lui achetaient quelques bibliographes.»
MJ/JC, 58. 4 juill. 1920, n. 8. «On trouve un admirable portrait de cet homme froid, dandy, concentré sur lui-même dans Jacques Porel. Fils de Réjane, souvenirs 1895-1920. Plon, 1951. 42-46. »
PJ, 112. 4 oct. 1921. A Maurice Martin du Gard. «J. Doucet est un homme admirable! Il fait du bien à de tas de petits poètes & de petits peintres. Il ne récolte que des impertinences, des incorrections, de l’ingratitude noire & il s’obstine. C’est très beau!! Il se tient au courant des nouveautés, à son âge, c’est très rare.Vive Doucet! »
PR, 37, n. 38. «Sur les rapports entre J. Doucet & M.J., voir François Chapon. Mystères & grandeur de Jacques Doucet. 1853-1929. Lattès, 1984.»
SSF, III (1920-1940). 214. «M. J.D., l’ancien couturier, l’ancien collectionneur de chefs-d’œuvre dûment homologués bazardant tout à l’Hôtel Drouot pour s’offrir des toiles modernes; J.D. ami des lettres autant que des arts, pensionnant quelques peu, mais très peu, des écrivains acceptant de lui adresser une l. mensuelle comparable à un fragment de mémoires. M.J. me disait à ce propos: ‘Ne voulant trahir personne, redoutant de trahir quand même, je ne lui parle que de moi ; c’est bien ce qui m’accable car, je te le demande, comment parler de moi sans parler des autres? »
VM, 105-06. «Depuis le début de l’année, Max entretient une corr. régulière avec J.D. Dans ces l. particulièrement importantes en 1917, pas moins de 20 l., il n’est pas question, l’on s’en doute, que de la vente des ms. & des remerciements excessifs d’un pauvre poète à son bienfaiteur.»
DRIEU LA ROCHELLE, PIERRE (1893-1945)
MJ/JC, 413. Fin mars 1926. ‘J’aime bien Duthuit, mais il est de la race Drieu la Rochelle – genre malaise – on ne sait sur quel pied penser.‘ 414, n. 3. «Pierre Drieu la Rochelle, romancier […]. Il luttera contre le matérialisme de la démocratie & rejettera le futurisme. Finalement, influencé par le fascisme, il dirigera La NRF sous l’occupation» ; 469. ‘Imagine cette épave sinistre – au ‘Grand Ecart’ – à une table – buvant en silence en tête à tête. Drieu la Rochelle & Tual – mari de son ex-femme’ ; 513. [mars 1927]. ‘Tout est foutu, annonce Drieu la Rochelle’ ; 514, n. 4. «En 1927, Drieu la Rochelle & Emmanuel Berle ont lancé un petit journal, Les Derniers jours, dont le 1er no a paru le 15 fév. L’article d’ouverture, ‘Le capitalisme, le Communisme & l’Esprit’, de Drieu la Rochelle commence ainsi: «Tout est foutu. Tout. Tout au monde, toutes les vieilles civilisations – celles d’Europe en même temps que celles d’Asie. Tout le passé qui a été magnifique & s’en va à l’eau, corps & âme.»
OXFORD COMPANION OF LIT. 225-26. […] a well-known writer of the period between the 1914-18 & 1939-45 wars. He published novels (L’homme couvert de femmes, 1926, Gilles, 1939, and also essays of a political (and especially Fascist) tendency. He was director of the NRF during the period of its publication under the German occupation of France, and guided its policy. He died by his own hand.
VOIR PAR PIERRE ANDREU. Drieu témoin & visionnaire. Grasset, 1952.
DUHAMEL, GEORGES (1884-1966)
LJRB, 142. 2 août [1912]. «J’ai reçu en quatre jours la visite de G. Duhamel accompagné de sa délicieuse femme, celle d’André Salmon avec sa mauresque, & celle d’un homme charmant que ta génération ignore Louis Latourette qui a été le commensal d’Oscar Wilde & que l’Anglo Saxon a tué. J’ai vu aussi notre grand Poiret […]. Poiret est parti emportant, dit-il chez Fasquelle, un ms. de moi. [Cinématoma]. [Le prem. titre «Mémoires apocryphes].»
PJ, 500. A Paul Bonet, 8-10 1943. «Georges Duhamel, de passage à Quimper & dans la boutique de ma famille, dit qu’il me tutoyait depuis 20 ans: ‘Ça ne veut rien dire’, lui dit ma sœur. Il tutoie beaucoup – Les artistes ne tutoient que leurs égaux & paraissent tutoyer tout le monde parce qu’ils vivent entre eux.»
DULSOU, RENE
LJF, 243 & n.17. Lausanne, 15 août, 1935. «Des nouvelles indirectes de René m’intéresseraient.» Note. «Max’s last great ’chagrin de cœur’ & the presumed reason for his departure for St.-B. in 1935; 253. 27 déc. 1935. «Personne ne touchera l’orgueil de Le Louët… sauf son prochain chagrin d’amour quand René l’aura laissé tomber, ce qui ne va pas tarder » ; 255. 26 mars 1936. «Je te demande aussi d’inviter René Dulsou […] à ta réunion de dimanche en lui disant que Du Plantier & Le Louët y seront, & sans lui dire que j’y serai » ; – 261. 24 mai 1936. «Fais! mes! amitiés à René! quand tu le verras! ne le dis pas devant d’autres : tu me comprends. J’ai pensé à lui dédier les Morceaux Choisis qui décidément paraissent mais j’ai peur qu’il le prenne mal & fasse du scandale. Annonce les Morceaux Choisis si tu Veux»; 266. 14 juin 1936. Quant à Le Louët & René… j’attends… espoir… »
L. A HENRI VANDEPUTTE. 24 sept. 1935. PJ, 398. «Le séjour à St.-B de sept ans m’a rendu grave à jamais & la période de richesse qui a suivi m’a donné des occasions de libertinage qui m’ont conduit à de véritables passions pour mon malheur, c’est-à-dire à d’effroyables douleurs morales, dont je porte la trace dans le cœur qui est tout arraché, saignant des larmes»; 399, n. 1. «M.J. venait de rompre ses relations amicales avec R. Dulsou, dont il avait fait la connaissance à la fin de l’année 1932 chez les Léon Merle de Beaufort, que fréquentaient ses parents.»
VM, 228. Fragment de l. inéd. à René D. 1er juill. 1936. «Tu a cru que l’amour est un bébé incassable & c’est une arme à feu. J’ai évité, j’évite l’arme à feu en te disant adieu. Je ne t’aime plus. J’ai le cœur émietté par les mensonges… J’appelle mensonge la petite trahison au téléphone: faire l’homme supérieur à mon dépens, devant L…L [Le Louët]. Je ne t’aime plus puisque je t’excède. Un homme piqué au vif n’est plus amoureux.» Coll. part. [Voir ‘Homosexualité’].
DUMAS, ALEXANDRE (1802-1870)
CADOU. Esth. 48. «En vérité le nom de Dumas est une patère à laquelle on a accroché tous les manteaux d’un idéal romantique de légèreté, de grâce, etc… Il le méritait peut-être… Je ne crois pas qu’on puisse prendre plaisir à lire une page signée Dumas & tout est là. Je me souviens de la note de mes bulletins d’écolier. ‘Pourrait mieux faire. Elève doué!’ C’est une note que je mettrais à Dumas si la critique était dans mes attributions.»
MJ/JC, 129. 28 sept. 1929. «Quelqu’un m’a dit que Bertin était admirable dans Henri III & sa cour » ; 130, n. 7. «Drame romantique qui a révolutionné le théâtre. Bertin décrit ainsi son expérience dans la pièce: «… je me suis beaucoup amusé dans la pièce, grâce à un lévrier apprivoisé, qui m’a servi d’une manière originale… On annonçait: ‘Le Roi… Messieurs’… La Cour se levait, s’inclinait & on voyait entrer mon lévrier! Il allait s’asseoir sur les marches du trône. Stupeur du public! Puis le Roi entrait lentement. L’effet était prodigieux! L’ancien théâtre raffolait de ces fantaisies d’acteurs. Le théâtre actuel est trop intellectuel. (Le Théâtre et/est ma vie. Paris: Le Bélier, 1971, 124).»
DUMAS FILS (1824-1895)
LMJ, 108. 2 juin [1924]. «Une perle de Dumas fils, poète. ‘Enfant qui n’avez bu de notre coupe amère que ce qu’elle a de miel.’» [A. Kimball n’a pas trouvé cette citation dans les p. publiés de Dumas].
MJ/JC, 88. 28 juin 1922. «Or si celui que tu appelles Dumafisse n’avait pas écrit La Dame aux Camélias il ne mériterait pas son nom. Tu me comprends -le père était un rossignol & il chantait mal, décidément oui, mal, très mal même - Relis-le.»
EHRENBURG, ILYA (1891-1967)
LETTRE A APOLLINAIRE. S.d. Billy. MJ, Seghers. 80. [Ed.1973].«Nous avons un assez grand poète russe. Elie Ehrenburg: il m’a traduit des vers de lui. Il se croit élève de Jammes & il te ressemble plutôt ou aux vers de Heine.»
PR, 105. Eluard exprime la reconnaissance de la jeune poésie fr. à M.J., mais seulement en 1942. Note 178. «Ilya Ehrenburg le rappelle dans Les années & les hommes (Gallimard. 1962, 244).
ELUARD, PAUL (1895-1952)
LEJ, 33. S.d. Chez Mme Moré Boussy St. Antoine par Brunoy S.& O. [1935]. «Soyez profond & non bizarre. Voyez Eluard.»
LLG, 97. 1er avr. 1942. «Vas-tu rivaliser avec Paul Eluard? mais Paul Eluard est plein, empli d’analogies subtiles, de surprises, de sincérité, (oui de sincérité). La seule valeur d ‘E. est sa force convaincante due à la sincérité.» – 66. 28 oct. 1941. «J’ai lu aussi une brochure de Paul Eluard toujours très fin.»
LMM, 113. 2 sept. 1942. «As-tu reçu l’étonnant petit livre d’E. Poésie involontaire & poésie intentionnelle? Ce sont des citations empruntées aux œuvres de tout le monde» ; 160. L. XLV, n. 1. «Le recueil d’E., publié en 1942, fut réédité dans l’éd. de la Pléïade, 1968, pp. 1131-1179. A la p. 1159, M.J. est cité deux fois.»
PR, 105, n. 178. «Jacob écrit à M. Béalu le 25: ‘Lettre de P. Eluard: surprise! ‘ (DV, 261), & rapporte plus loin que celui-ci l’accable de ses merveilleux petits livres en grisaille (263). En juill. Eluard rend lui visite à St.-B […].»
VM, 279. «P. Eluard vint voir M.J. à St.-B. Georges Hugnet & Pierre Berger avaient été les ambassadeurs des surréalistes repentis. Dieu sait s’ils l’avaient couvert d’immondices & de boue! Max, touché aux larmes, reçut Eluard à bras ouverts. Il ne semble pas, hélas, que sa visite ait eu pour seul motif le souci de racheter les injures du passé &, à défaut d’amitié, la compassion ou le remords, mais aussi une bibliophilie bien déplacée en cette saison. E. avait apporté avec lui les éditions les plus rares de Max &, pendant deux jours, Max les embellit de dédicaces, de gouaches & de dessins.»
EMIE, LOUIS (1900-1967)
GUIDE Ill., 234. L.E. a réuni en 1944 dans Le Nom de feu les poèmes religieux de son enfance. La matière d’autres recueils est encore éparpillée dans les revues. On y décèlera l’inspiration la plus haute dans une forme qui hésite entre Valéry, Claudel & M.J.
LOUIS EMIE. DIALOGUES AVEC MAX JACOB. A été reédités par Le Festin en 1994, Postface
par Christine Van Rogger Andreucci.
MJ/JC, 21 fév. 1926. 392, n. 2. «Jacob était allé à Bordeaux pour rencontrer L. Emié, poète, journaliste, traducteur & romancier fr. Le jeune homme avait publié un poème peu flatteur intitulé ’Portrait de M.J.’ Il faut lire la description très vivante que fait Emié de ce séjour qui devait être court mais a duré deux semaines, ainsi que le résumé amusant de la visite qui a eu lieu 7 mois plus tard. (Festin, 57-82). Les deux hommes ne se rencontreront plus qu’une seule fois (op. cit. 102-08), mais il entretiendront une importante corr. pendant de longues années.»
POETE FR., il s’inscrit dans la lignée des Métaphysiques fr. de Scève à Valéry, pour qui la poésie est expérience de spiritualité, la discipline classique de l’écriture préservant la pureté du timbre intérieur. Il a publié Amour de notre Amour (1940), Le Nom du Feu, L’Etat de Grâce, Itinéraire & la Mort, Romance du Profit perdu (1951), Plaintes (1951), L’Ange (1958), Invention de l’Amour (1961).
PJ, 262. 8 mai 1926. A Emié. «Aller à Bordeaux – hélas ! Je n’ai plus du tout de sous: il faut faire de l’argent. Espoirs! es-poires – je m’ennuie.»
PR, 151. «La foi & la quête artistique ouvrent deux voies fondamentalement contraires, & une importante l. de 1941
à L. Emié exprime avec la plus grande clarté cette opposition essentielle. D, 175.»
EMILE-PAUL FRERES, EDITEURS
MJ/JC, 91. [4 juill. 1922]. «[…] je suis en amitié chaleureuse avec les Emile-Paul qui sont des gens vraiment, vraiment gentils, corrects & sérieux. Ce qui me console c’est que je ne purrai jamais les tutoyer puisqu’ils sont deux. Sauvé!! »
VOIR LES LETTRES DE M.J. AUX FRERES EMILE-PAUL in Jean Gaulmier. «Sur un billet inéd. de M.J.». Bull. des jeunes romanistes [Strasbourg] 3 (mai 1961): 3-4; Jean de Palacio. «La publication du TB ou, M.J. chez les Canaques.» Max Jacob 2 RLM. 58, 66-73; «Répertoire II ». RLM 3.165; PJ, 196.
EMMANUEL, PIERRE, PATRICE DE LA TOUR DU PIN, LANZA DEL VASTO
MJ/JC, 593. 24 juin [1942]. ‘J’ai horreur de P.E., P.T.P., L.V.’ Notes 15, 16, 17. P. 594-95. «L’attitude de Jacob [à propos de P. Emmanuel] est un peu surprenante, étant donné que P.E. affirmait l’importance de la chrétienté devant sa hantise métaphysique de l’homme. E. était plus connu comme poète de la Résistance (cf. Jours de colère & Combats avec tes défenseurs, 1942), & Jacob n’aimait sans doute pas ce mélange de politique & de poésie, bien que l’esprit anti-Nazi de E. en fut l’origine.» [Quant à P. de La Tour du Pin] «Ce que Jacob dit ici représente un changement d’attitude, puisqu’en 1938 il avait écrit à Béalu: ’Je ne connais pas ce Patrice de La Tour du Pin, sinon par ses œuvres qui sont belles’. «Lanza del Vasto, penseur catholique & écrivain fr. d’origine italienne. Pionnier de la non-violance en France. Il fut le fondateur des Compagnons de l’Arche, groupe inspiré par le message de Gandhi & situé dans le sud de la France. Jacob connaîssait peut-être de lui un récit biblique, Judas (Grasset, 1938) & Le Chiffre des choses, poèmes (Marseille: Lafont, 1942).»
EMMERICH, ANNE CATHERINE (1774-1824)
A COCTEAU. 5 fév. 1922. Corr. II, 85. «J’ai lu un livre inouï, parmi ce que j’ai vu de plus renversant: les Révélations d’A.-C. E. trad. par Clément Brentano 1823; c’est le génie! de la mystique en couleurs. C’est fou! – «Le clef des songes». Philosophies 5-6 (mars 1925) : 574. – PR, 61; «La pauvre A.-C. E.[…] a voyagé comme Sainte Hildegarde dans tous les ciels sans quitter son lit de malade» in MJ/JC, 78. 3 fév., 1922; 80, n. 14. «Jacob se trompe, l’œuvre posthume de Clement Brentano, La Vie de la sœur Anne-Catherine Emmerich, religieuse augustine du couvent de Dulmen , fut publié à Annonay en 1862.»
A MORICAND. LTB, 94. 13 fév. 1940.
«[…] plus nous habitons les ciels de l’Esprit, le Ciel de Dieu le Fils, plus nous dominons les différents ciels des anges & des démons (descente de J-C. aux enfers). C’est ce qui explique les voyages des grands voyants tant sur la terre qu’ailleurs. A.-C. E. décrit minutieusement les ciels […].»
LRR, 74. Janv. 1939. «Si vous trouvez les oeuvres de Soeur A.C. Emmerich vous y lirez les merveilleuses visions du Paradis & la description de ces unions. – 110, n. 94. «M.J. a décrit dans ses méd. sur le paradis cette pure volupté: ‘Une union vaste, profonde, intime […]. Les élus sont suspendus en l’air comme par une hélice d’amour […].’ Et les visions d’A.-C. Emmerich, qu’il trouve plus belles que celles de Dante, lui en sont un témoignage.» Le 2 nov. 1938, il écrit à A. Messiaen: «Je veux te remercier des pages d’A.-C., parmi les plus belles – C’est bien supérieur à Dante, c’es vrai» ; Palacio. «M.J. & Dante ‘la spiritualité par en bas’.» RLM, M.J. 3. 106.
EVRARD, JACQUES
A MORICAND. LTB, 126. 27 juin 1941. «Que dis-tu d’une mère ? … on m’invite pour que je donne conseils de litt. au fils étudiant en médecine ‘Surtout ne le découragez pas!’ En somme la mère a raison, c’est la bonne manière de le décourager. Que les temps sont changés… Mais il y a gros à parier qu’avec de tels parents le gars ne foutra pas grand’chose. L’obstacle! »
CORRESPONDANCE ENTRE MAX JACOB & UN JEUNE POETE. Trois lettres inéd. à J. Evrard. Chez l’auteur: 65, rue Croix-Bosset, 92310 Sévres. Intr. José Naudor, Appendice: Un ‘Jeune poète’ parle par J. Evrard. 1993.
FABUREAU, HUBERT
CARTE INED. A DUMOULIN. S.d. «Un peu plus pittoresque mendiant que je n’aie été. Quand j’ai eu la visite correcte de la Gestapo, j’ai offert le Fabureau à son représentant. C’est à quoi il m’a le plus servi.»
LEJ, 39. 2 oct. 1935. «Je t‘ai
fait envoyer: 1. le livre de Fabureau sur moi. 2. le livre qui donne le mieux l’impression du milieu où j’ai passé les 15 années les plus importantes de ma vie, celui de Fernande Olivier & un autre livre qui te servira à parler de l’époque & te renseignera avec des documents & une érudition moderne (je veux dire une érudition non jobarde sur le siècle).»
LML, 60. 28 juin 1937. «Entre nous soit dit, le livre de Fabureau sur moi me déplaît énormément. J’ai horreur qu’on me prenne pour un type à la Callot. J’ai toujours visé à la sphère, au paradisiaque.»
MJ/JC, 5 avr. 1942. 588-89. «Le 4 nov. dernier, arrivée dans ma chambre d’un Monsieur […] accompagné d’un soldat: ‘Police’- Enchanté, approchez-vous donc du feu! […] Qu’est-ce que vous écrivez ? – Dommage que je n’aie pas de mes livres… Mais au fait j’ai tout de même une brochure de vers. Voulez-vous me permettre de vous l’offrir. […]. Puis il commence à m’intrviewer. Moi: Tenez! Monsieur! Voici […] le livre de Hubert Fabureau sur moi, qui répond d’avance à tout […]» ; 590, n. 2. «Le petit livre de H.F., Max Jacob, avait paru aux Eds. de la Nlle Revue Critique en 1935. Hélas, l’œuvre est plein d’erreurs, apparemment parce que Jacob avait indiqué de circonstances fantaisistes à son biographe, soit par caprice, soit pour s’amuser.»
FARGUE, LEON-PAUL (1876-1947)
EARLY WORK REFLECTS INFL. OF MALLARME’S SYMBOLIST SALONS. Born & died in Paris, & captured atmospheric qualities of Paris better than anyone since Baudelaire. In his lst vol. of vers Tancrède (1911) he proved that an inspiration derived from an honest acceptance of modern urban life as it was need not displace the classical concept. He helped to found NRF (1912). In same year Poèmes appeared. In his post-war poetry, there’s inceasing preoccupation with industrial life & outbreaks of kindly humour.This period opens with Pour la musique (1919) & continues with Sous la lampe (1930), D’après Paris (1931) & Le Piéton de Paris (1939). During WWII, cont. with Haute Solitude (1941) & Lanterne magique (1944), Méandres published the year of his death. In Tancrède he dramatized plight of a young man as an artist. In D’après Paris, factual accounts mingle with dreams, nightmares, & fantasies invented in the course of his wanderings through the sleeping city. A great experimenter with words, images & sounds, F. is of the lines between symbolism & surrealism. Basically, F. is an escapist; he finds a remedy for his sorrow in the dreams that haunt him The marriage of F’s parents opposed by his paternal grandmother, didn’t take place till he was 30. His professors included Mallarmé, Bergson. His acquaintances believed that he lives in bars & taxis, & accepted his assurance that his only ambition was ‘to enjoy my sensuous life lazily & any laziness sensuously.’ In fact, this pose masked a very hard-working, conscientious & cultured man of letters.
BOMPIANI, 492. Né & mort à Paris; on doit à son père la décoration florale céramique, style 1900, que l’on voit encore aujourd’hui dans la brasserie Lipp. (Son père dirigeait une fabrique céramique). Il hésita entre l’art de peindre & celui d’écrire. Prem. vers publié en 1894, dans L’art littéraire, revue éphémère à laquelle collabora Jarry. Il fréquenta le salon de Mallarmé chaque mardi. Dans Refuges il donne un récit précis de ces fameuses soirées. Prem. œuvre importante Tancrède, Roman lyrique en vers & en prose parut en Pan en 1895. MF publiait en 1896 no, d’avril ses poèmes qui allaient former le recueil Pour la musique (1914). Tempérament indépendant & bohème. Il collabore à la NRF. Ses Poèmes fut l’une des prem. publications de Gallimard. Ami de Gide, Valéry & Larbaud. Conversationaliste éblouissant. Malgré ses voyages (Europe centrale, Allemagne, Italie, Angleterre, les provinces de France) sa vie est insérée dans les limites de la capitale. De 1923 dirige avec Valéry & Larbaud la revue de luxe Commerce. Sa prose poétique publiée dans Espaces (1929), Sous la lampe (1930). Ressuscitant le temps des fiacres, l’omnibus Madeleine-Bastille, de la tour Eiffel naissante, il écrira D’Après Paris (1932), complété par Le Piéton de Paris, la somme de la vie parisienne pendant l’entre-deux-guerres. Haute Solitude (1941) poésie moins directe, le sommet de son œuvre. Pendant & après la guerre il fit se lever les grandes ombres du passé (doué d’une prodigieuse mémoire). Refuges (1942), La Lanterne Magique (1944), Méandres (1947), Portraits de famille (1947). Grâce à lui nous nous trouvons en compagnie d’Alfred Vallette, Marguerite Andoux, Ravel, Thibaudet, Mallarmé, Adrienne Monnier, Colette, Verlaine, etc. Dans Méandres, il rapporte comment, un soir de 1943, alors qu’il dînait avec Picasso au Catalan rue des Grands Augustins, il fut terrassé par une attaque d’hémiplégie qui devait le contraindre à vivre le reste de ses jours dans son appartement, cloué à son lit. Grand Prix litt. de la Ville de Paris en déc.1946, il mourut un an plus tard. Inhumé au cimetière Montparnasse il repose non loin de Baudelaire qui sut, lui aussi chanter Paris.
GUIDE ILL. 91-92. Celui-ci ne s’est agrégé à aucune école bien qu’il les ait côtoyées toutes. Influencé par le symbolisme de Verlaine & de Laforgue, familier des peintres & des musiciens d’avant garde, très favorable même aux poètes surréalistes, ses amis Fargue n’a pas voulu choisir, il est resté lui-même. Tout au plus pourrait-on le classer dans les poètes de la NRF (dont il fut l’un des fondateurs) dans la mesure où ce groupe constitue une école. Ses oeuvres resteront car nul n’a su concilier mieux que lui l’humanisme & la vie moderne. Grâce à Fargue, les grandes villes & leurs machines s’enrobent de poésie douce. Des sensations nlles jaillissent en images vives, en mots clairs dont l’humour, souvent dissimule mal l’effusion d’un cœur trop tendre. Tancrède (1911), Poèmes (1912), Sous la lampe (1929), D’après Paris (1931), Haute Solitude, où le vers régulier alterne avec les vers libre ou avec la prose poétique, pâlissent auprès du Piéton de Paris (1932). Tous ses recueils poétiques sont réunis sous le titre Poésies (1963) avec une belle préf. de Saint-John Perse.
FARGUE, Léon-Paul. Portraits de famille. Paris: Janin. 1947. 197-200. L’ANECDOTE DE LA FICELLE AU 23 NOEUDS. «Cela remonte à plus de 30 ans, & la scène se passe à Montmartre où les peintres travaillaient encore sans hâte, avec le murmure de l’éternité dans les oreilles. Un assez gros lumbago avait traversé mon complet veston & s’était logé dans mon corps tel qu’un peloton de balles perdues. Je remontais la rue Lepic comme un R, tout courbé par le poids crochu de la chose. M.J., lui guilleret, l’œil bien ouvert, bien verni, le chapeau finement dessiné sur sa tête de vicaire populaire, descendait la même rue Lepic comme s’il eût été en route pour Cythère. Charitable, il s’arrêta, puis il me reconnut se mit à me plaindre avec cette bonhomie grave dont je n’ai jamais rencontré l’analogue. ‘Je suis mon cher, un peu sorcier, me dit-il: je vis avec des possibilités de sorciers & je crois que, même dans le cas parfaitement banal mais incontestablement douloureux d’un lumbago, il convient de faire table rase des constatations & de se jeter dans les métaphores. Je vais t‘enseigner un remède encore plus émouvant qu’obscur. Je n’en suis point l’inventeur & n’ai fait qu’ajouter mon nom au bas de la liste impressionnante des signatures. Tu vas de ce pas ou plutôt de tes deux mains, confectionner une cordelette pourvue d’un nombre impair de nœuds, par ex. 23, puisque nous somme le 23 mars & cette cordelette tu la fixeras sur la peau, à même le lumbago. Le nœud supplémentaire ne compte pas, bien entendu. Enfin tu guériras parce que tu m’as rencontré. Ma présence, même fortuite, ajoute beaucoup à la ficelle.’ Une semaine plus tard, comme mes reins étaient encore piétinés par des infanteries de gros sabots, je le fis savoir à M.J., lequel me répondit par un petit bleu: ‘Tu ne sais pas compter!’ Aujourd’hui cette petite phrase me restitue l’homme qu’il était, & je vois bien comment on peut s’élever d’elle jusqu’à la fameuse déclaration de Shelley: ‘Je suis l’œil avec lequel l’univers se voit lui-même & connaît sa divinité.’ Car cette cordelette de 23 nœuds était véritablement le bout de l’oreille du fil d’Ariane qui conduisit le cher Max à la mysticité & à la splendeur.»
MJ/JC, 422, n. 6. L. 18 mai [1926]. «Léon-Paul Fargue […].Opposé au surréalisme, il s’adonnait au lyrisme & à la demi-teinte. Fargue était un des membres du comité directeur de Commerce, avec P. Valéry & V. Larbaud. Il se chargeait de la gestion financière de la revue & y contribuait souvent lui-même.»
PJ, 474. 27 janv.1941. «Peut-on pasticher Fargue? Non! Mais on pastiche Franc-Nohain.»
FAULKNER, WILLIAM (1897-1962)
LLG, 65. 28 oct. 1941. «J’ai lu aussi de William Faulkner. Sanctuaire livre très divertissant. C’est une espèce de contre-pieds des romans policiers.»
FELS, FLORENT (1891-1977)
FLORENT FELS. LPM, 65, n. 2. 17 mars 1931. «Journaliste, critique d’art & de musique, rédacteur en chef d’Action. […] il écrivait pour les NL & était aussi rédacteur en chef d’Art vivant. »
LNF, 11, n. 4. Préf.. «F. Fels avait entrepris une collection bon marché intitulée les Contemporains; le CD était le no 3 de cette série» ; 80, n. 4.16 mars 1925. «Voir de F. Fels Peintres témoins de leur temps (1952); l’Art & l’amour (1953); Eros ou l’Amour peintre (1968).»
MJ/JC, 177. [23 déc. 1923]. «Fels est un bon chien dévoué. Il a ses ridicules mais il vaut mieux être ridicule qu’odieux comme tant de gens.»
MAX JACOB. Lettres à Florent Fels suivies de textes inédits de M.J. Préf. & notes de Maria Green. «Max Jacob» par Florent Fels. Rougerie, 1990. Œuvres de Florent Fels.137-38.
FENOSA, APELLES FRANCISCO ANTON (1899-1988)
«ARRIVE A PARIS EN 1921, il fut présenté à Picasso. Il réalisera de nombreux bustes de personnalités connues: Cocteau, Colette, Eluard, Michaux, Picasso, Supervielle.» LAL, 75, n. 2. L. 31 janv. 1924.
IBID, n. 3. «Max Jacob a écrit la Préf. pour le catalogue de l’expo. qui a eu lieu à la Galerie Percier en mars 1924. Voir dans Sud 18 (1976): 65, no spéc. consacré à Fenosa le texte de M.J.»
FERAT, SERGE (1881-1958)
HC, LIMINAIRE par Pierre Abert Birot. 9. «La baronne d’Oettingen & son frère S. F. étaient les grands amis de G. Apollinaire; c’est dans leur appartement que nous avons fait la plupart des répétitions des Mamelles […].» [M.J. dirigeait le chœur].
MJ/JC, 79, n. 2. L. 3 fév. 1922. «Hélène Jastrebzoff, baronne d’Oettingen, veuve d’un noble baltique qui habitait à Paris avec son frère de lait, le peintre Serge Férat. Elle était poète, romancière & critique, & écrivait sous les pseud. de Roch Grey & Léonard Pieux.»
PJ, 222, n. 1. 24 juin 1924 à R. Mendès France. «Serge Ferat, peintre venait de faire une expostion conjointement avec M.J. à la Galerie Percier du 10 au 24 mai 1924. Né Jabstrebzoff, d’origine russe, établi à Paris avant la prem. guerre mondiale.»
FEYDAU, ERNEST (1821-1873)
A DOUCET. CORR, I, 134. 30 janv. 1917. «Dans les écrivains du XIXe, j’aime aussi ‘Fanny’ [1858] d’Ernest Feydau [père de Georges Feydau], vaudevilliste de talent.»
FLAUBERT. GUSTAVE (1821-1880)
«FLAUBERT, c’est mauvais! » LNF, 37. 31 août [1923].
LMJ, 93, n. 4. 25 fév. 1924. «Flaubert n’était pas l’auteur préféré de Jacob, comme l’indique son orthographe [Flobert]; dans une lettre écrite à M. Béalu en 1937, Jacob dit: ‘Les grandes œuvres partent de l’optimisme. Depuis le 19e s., il n’y a pas eu de grandes oeuvres à cause du stupide pessimisme de Flaubert.’ DV, 112.
MJ/JC, 231. 3 avr. [1925]. Cocteau à M.J. «Pourquoi ne formons-nous pas le couple Bouvard & Pécuchet? nous fonderions une revue à 2 exemplaires dont chaque No serait un no spéc.[…]. Un scandale: 2 poétes hermétiques se mettent ensemble» ; 233. Réponse de M.J. «Le couple Bouvard & Pécuchet existe. Une revue sur papier d’ambre serait le vulgariser /crotter/. Les mariages écrits au ciel sont les seuls solides» ; 590. 5 avr. 1942. «Charles Trénet a passé ici! Il en a rejailli beaucoup de considérations sur moi. Flaubert écrit: ‘Emma servait les pots de confitures renversés sur une assiette, il en rejaillissait de la considération sur Bovary.’ C’est exactement ça… »
FOLLAIN, JEAN (1903-1971)
ARMEN LUBIN. Les Logis Provisoires. Rougerie, 1983. 111-12. L. de M.J. «J’écrivais à Follain qu’il écrit avec objets & aussi avec des mots. Toi, tu écris avec des objets & aussi avec des maux, tu maintiens dans ce règne du concret une finesse de souffrant & une ‘pêche à la ligne’ d’idées rares exquises.»
CAH. BLEUS no. spéc. (1977): 59, 1994 no. spéc. 97. 12 fév. 1942. «Ce qui te rend ‘unique’ c’est que les poètes font les poèmes avec des mots & toi tu les fais avec des objets. Objets que tu comprends ( mots qu’ils ne comprennent pas toujours). Ces objets donnent un charme qui attache à jamais, de sorte qu’on y revient quand on aime la terre, la vie, la saveur de la vie… D’ailleurs, le catholicisme est cela, & tu es un poète cath., que tu le veuilles ou non.»
CE QUE SES AMIS ne savaient pas alors, c’est que, de 1926 à sa mort, J.F. a pris des notes presque quotidiennes dans ses Agendas qui a été publiées sous le
titre: Jean Follain: Agendas : 1926-1971. Ed. établie & annotée par Claire Paulhan. Seghers, 1993. «Dans ses Agendas: il ne parle que très peu de lui - ‘il faut être prudent avec soi-même ! ‘-, mais raconte, avec charme, avec humanité ses rencontres, ses conversations insolites ou mémorables avec André Salmon, Max Jacob, Pierre Albert-Birot, Léon-Paul Fargue, Charles-Albert Cingria, Jacques Audiberti, Georges Duveau, Pierre Reverdy, Paul Eluard, Pierre Drieu La Rochelle, Marcel Jouhandeau, André Dhôtel; Henri Thomas, André Breton, Eugène Guillevic, André Frénaud, Eugène Ionesco, André Pieyre de Mandiargues, Marcel Arland, Jean Grosjean, & d’autres encore… » Texte au dos de la couverture.
FOLLAIN, JEAN né dans la Manche. La Main chaude (1933), Chant terrestre (1937), Exister (1947), Chef-lieu (1949), Territoires (1953), Tout instant (1956), Des Heures (1960), poésie complexe, où le symbole jaillit de détails réalistes & cocasses. Il existe des Poèmes & Prose choisis (1962) & de suggestifs ‘mélanges’: Appareil de la terre (1967).
--- EST NE DANS LA MANCHE, le 29 août 1903. 22 années plus tard, il vient vivre dans la capitale, dont il connaît déjà par cœur le plan des rues, & s’inscrit au barreau. Entre Montmartre & Montparnasse, entre le milieu de la magistrature, du journalisme & celui des poètes, des artistes, ce ‘piéton de Paris’ se prend d’une grande amitié pour Max Jacob, André Salmon & pour tout le groupe de la revue Sagesse. Cinq Poèmes & La Main chaude paraissent en 1933. J.F. se marie, l’année suivante, avec Madeleine, fille du peintre Maurice Denis, & donne en 1935, son prem. livre en prose, Paris, puis Chants terrestres en 1937, L’Epicerie d’enfance en 1938. Lauréat du prix Mallarmé, il publie pendant la guerre Canisy, proses sur son village natal, puis Usage du temps. Et encore Exister en 1947. Quelque temps après le bombardement de la ville de son adolescence, Saint-Lô, il rédige Chef-lieu. En 1951, il devient juge de grande instance à Charleville. Territoires (1953), Tout instant (1957), Des heures (1960), Appareil de la terre (1964), D’après tout (1967) paraissent chez Gallimard, «alors que dans les champs/ de son enfance éternelle/ le poète se promène/ qui ne veut rien oublier.» Le 10 mars 1971, cet homme sociable, infiniment curieux de tout, est écrasé par une voiture, à Paris. Espaces d’instants, sort en librairie quelques jours après sa mort. Piège du Temps, sortira en 1983 avec poème liminaire par Eugène Guillevic, gravure originale de Gilbert Bazard. Recueil imprimé à 500 exemplaires dont 50 numérotés contenant la gravure originale de Gilbert Bazard, dans les Eds. du Pavé.
---. «QUI VEUT, EN DEHORS DE SON OEUVRE – écrivait Henri Thomas en 1969 -, se renseigner sur J.F. au grand comptoir des conversations de Paris, rencontre plusieurs versions du personnage, parfois inconciliables, entre lesquelles il n’est pas nécessaire de choisir. Homme d’un terroir, homme d’une enfance qui le hante, ou voyageur sans regret – liseur infatigable, de la comptine aux Pères de l’Eglise, ou heureux par toutes choses qui se passent du langage – homme du monde & grand causeur, homme à l’écart & taciturne: J.F. est tout ela, sans donner pour autant l’impression d’être particulièrement déchiré.» Texte au dos de la couverture de Jean Follain. Agendas 1926-1971. Seghers, 1993.
LLG, 89. 18 fév. 1942. «Ce qui fait la supériorité & l’attrait réel de Follain, c’est qu’il écrit avec des objets & non avec des maux. Médite cette dernière phrase.»
LRR, 92. 8 fév. 1943. «Vous cernez, comme J. Follain, avec des objets plutôt qu’avec des mots – & cela est très bien.»
PJ, 432, n. 4. A Pierre Colle, 7 fév. 1937. «Jean Follain […] poète & écrivain fr. Avocat parisien puis juge à Charleville, il avait épousé Madeleine Denis (Dinès en peinture), fille du peintre Maurice Denis. M.J. disait de lui: ’Sa supériorité est d’écrire avec des objets, là où nous écrivons avec des mots.» A Maurice Rouam, 3 janv. 1943, 482 » ; 486. A Francis Guex-Gastembide. 24 juin 1942. «L’esprit chrétien, c’est l’esprit de Fabre analysant des insectes & non celui de Bergson. Il y a plus de catholicisme dans J. Follain que dans Lamartine.»
FONTAINE REVUE
LCB. LETTRES MYSTIQUES. S.p. Juill. 20 1942. «Il est certain qu’il n’y a jamais eu tant de brigands, mais je crois que le contre-partie co-existe. J’ai reçu une revue d’Algérie Fontaine, un no. épais qui a pour titre Poésie & Mystique, formidable enquête sur les rapports de la religion & de la Poésie. Une foule d’écrivains se sont intéressés à ce débat où il est dit des choses admirables. Croyez-vous que depuis un siècle ou deux cette enquête était possible? Non!»
LML, 25. Intr. «[…] [Levanti] exprime dans ses réponses aux enquêtes de la revue Fontaine, qui allait devenir un organe de la Résistance, un violent & hautain mépris à l‘encontre des envahisseurs nazis.»
FOUCHET, MAX-POL (1913-1980)
GUIDE ILL., 228. Il réunit ses meilleurs poèmes dans Demeure le secret aussi auteur des essais critiques. P. 355.
FRANCOIS DE SALES (1567-1622) & THOMAS KEMPIS (1380-1471) – LECTURE RECOMMANDEE
MJ/JC, 382. «M. le Curé est très violent. […]. Hier il a fait l’éloge de St François de Sales en chaire: ‘C’était le Saint du mouvement; il bougeait sans cesse’… Et il a développé ce thème à la joie des assistants » ; 455. «La princesse Georges [Ghika] est ridicule […] nos lettres à côté de l’Imitation de N.S. sur sa table! » Note 456. «Thomas a Kempis […] est connu pour sa piété simple & sa connaissance du cœur humain.»
PR, 217-18. «Deux textes […] sont […] la référence obligée de M.J. & rares sont les correspondants auxquels il ne les a pas vivement recommandés, sinon offerts. Il s’agit de: INTRODUCTION A LA VIE DÉVOTE & L’IMITATION DE JÉSUS CHRIST. »
FRAYSSE, JEAN disparu en 1941
DV, 296. «Tu sais peut-être que j’ai confié mes manuscrits à J. Fraysse qui devait les recopier ! & J. Fraysse a disparu.» [Il a disparu pendant la guerre].
FRAYSSE, JEAN chef de Cabinet de Albert Sarraut 1938-1939.
LJF, 250-51. Quimper, 21 déc. 1935. «Bravo pour la revue très distinguée & sans une faute de goût […]. Toi tu marches à grandes enjambées vers la perfection, la chaleur de l’allusion descriptive.» 272. Oxenhändler. «M.J. was the only major writer to contribute to Les Feux de Paris. The fact that he did so with his customary generosity is apparent from his l. to J.F. & from the list of his contributions, some of which were unsigned. These contributions include three major poems, only one of which has been reprinted, & an important fragment of Max’s memoirs, Le Tiers transporté. Because copies of Les Feux de Paris are rare (unlisted by Harvard, Yale & the Library of Congress), it seemed worthwhile to rescue these works from oblivion.»
LML, 49. St.-B. 15 mai 1937. «J’enverrai volontiers tes manuscrits à J.F. pour les Feux de Paris mais tout en ayant confiance en mon goût j’observe qu’il ne suit jamais mes conseils, ni ceux de personne. Il ne publie – c’est un fait – jamais ce que je lui recommande. Question psychologique assez claire.»
LPM, 112. 9 fév. 1940. «Notre ami J. Fraysse […] a un poste important & est très serviable pour les confrères» ; 115. 28 avr. 1940. «J’écris deux lignes à J. Fraysse; ne parle plus de moi à Jouhandeau ni à personne; ne viens pas me voir, ni toi, ni personne.» [La peur de M.J. devant la menace allemande est nettement révélée dans cette lettre].
MANIFESTO BY J. FRAYSSE
273. «LES FEUX DE PARIS placeront sous leur signe astral l’actualité d’un âge & ses franchises. A fleur de tête se manifesteront une à une leurs soirées victorieuses. ‘Trompette & Hasards’, accessoires solaires, sonneront des chasses à tir mais les enthousiasmes révélateurs lèveront les rideaux, ouvriront les poèmes, entendront les chants & libèreront les gestes prisonniers aux couleurs des toiles. Et des balcons ouverts voici surgir l’Hélianthe, la danse, inclinée sur Paris.»
---. 231. «LES FEUX DE PARIS, published from Dec. 12, 1935, to Jan. 12, 1937, by J.F. & Roger Lannes. Of the eight issues that appeared the BN possesses all but no. 5, the BLJD has numbers 2,5,6, & 7-8. A partial coll. is to be found at Quimper, copies also in the possession of R. Lannes. – In 1936 & 1937 J.F. was Dir. du Cabinet of the Minister of the Interior, the distinguished statesman A. Sarraut. Sarraut had at his disposal certain unclassifed secret funds, often used for propaganda or ‘information’. As he agreed that a literary review was not an unworthy instrument of national purpose, 7 numbers of Les Feux de Paris were unofficially subsidized by the Third Republic. […]. Jean was the son of the symbolist poet who wrote under the pseud. of Roger Frène. J.F. published lit LAL, 75, n. 3. L. 31 janv. 1924. tle during his short career – poems & articles in Les Feux de Paris & in a few other reviews, principally Les Marges, Les Feuillets inutiles, & Nlles Lettres françaises, all journals ed. by his friends. In addition the Fond Doucet possesses a brief présentation by F. to the exhibit ‘Guillaume Apollinaire & ses peintres’ , vernissage June 17, 1938, at he Gal. de Beaune in Paris. The plays to which Max refers in these l. cannot be located. […]. The war, which interrupted the careers of so many young men, put a tragic end to that of J.F. Separated from his wife, Germaine, he was living with an American woman […]. His mistress was arrested […] in Dec. 1941. F. imagined that he too was in danger. He left Paris for Nice & never returned. […]. Apparently he was killed, perhaps by the very smugglers who were ostensibiy helping him to cross the border into Spain.»
PJ, 444. A Fraysse, 10 janv. 1938. «Vous me touchez le cœur tous les deux. [Fraysse & Levanti]. En rentrant j’ai trouvé combien de l. à répondre; seule la tienne m’a fait plaisir, le bien aimé Michel va parler de moi; […] c’est toi qui l’animes»; 511. Le registre de la basilique de St.-B. «La signature de M.J. y figure à deux reprises: - la prem. rappelée seulement pour mémoire, date de sa visite du 9 août 1936, en compagnie de quelques-uns de ses amis : J. Fraysse, l’animateur de la revue litt. Les Feux de Paris, les écrivains Roger Lannes & Pierre Lagarde, le peintre Jean Oberlé – la seconde, le 20 fév. 1944, avec l’abbé Hatton, le poète Marcel Béalu & sa femme Marguerite. M.J. y a inscrit‘ 1921-1944.»
FRANC-NOHAIN (1873-1934)
VM, 23. M.J. écrit à Messiaen. «[…] Gourmont, Maeterlinck, Schwob étaient nos dieux à Apollinaire, Salmon & moi, avant que je n’en eusse qu’un: Laforgue m’a formé; j’admirais plus Franc-Nohain que V. Hugo & j’avais tort.»
FREUD, SIGMUND (1856-1939)
LMJ, 330. 7 nov. 1929. «[…] je lis Freud nuit & jour […].»
LNF, 149. 6 nov. 1929. «Je deviens freudiste: ça me passionne.»
PR, 505. «[…] il voyait naître une époque qui, à l’inverse, dévalorisant l’activité consciente de l’individu en s’appuyant sur les révélations récentes de Freud, allait mettre en avant l’impacte de l’incoscient, son rôle majeur dans la création artistique au même titre que dans toutes les formes d’expression» ; 521. «Aujourd’hui […] on est fier de fournir des documents à Freud, comme ci c’était l’art que de fournir des documents. Je me demande si Shakespeare, Dostoïewsky, Racine, Sophocle ont pensé à fournir des documents. Il faut choisir entre la science & l’art.»
FUNCK BRENTANO (1894-1966)
LLG, 156. 13 mai 1943. «J’achèterai aussi le Jeanne-d’Arc de Funck Brentano. Ce dernier ayant toute ma confiance en matière de vérité historique.»
GABORY, GEORGES (1899-1978)
FELS FLORENT. «G.G. avait le même âge que Radiguet, n’a pas réussi comme lui. Un de ses livres illustré par Derain. Sauguet a mis en musique quelques poèmes de lui.» - «G.G. ne réussit pas comme Radiguet bien que M.J. lui prédise une carrière supérieure à celle de ce premier. Radiguet était propulsé à la célébrité.»
GABORY, G. Op. cit. 64. A propos de Radiguet. «Nous n’étions plus amis; l’avions-nous jamais été, trop égoïstes, l’un & l’autre? Cinq ans plus tôt, nous partions tous les deux de la rue Gabrielle; il était arrivé. Son corps échappait au diable – & son âme? Soyons discrets. A son exemple» ; «La petite chambre de la rue Gabrielle devenait le Grand Central Poétique du siècle ou du moment, le rendez-vous de toute une génération qui cherchait ‘le lieu & la formule’. Où ai-je rencontré Radiguet, Artaud, Malraux, Pascal Pia… Florent Fels & tutti quanti.» 135; PR, 116.
---. IBID. 123. «Je ne connaissais Landru que de réputation, si je l’avais connu en personne & fréquenté quotidiennement, aurais-je fait son éloge? 134. […] je ne me prenais pas au sérieux. L’Eloge se terminait par une phrase provocatrice: ‘Il s’agit de défendre un précurseur.’ Un précurseur! Laissez-moi rire! J’aimais trop la femme.» [Il s’agit de l’article de Gabory, qui défendait Landru dans Action éd. par F. Fels].
---. 49. «Max avait promis quelque chose à la mère du musicien Daniel Lazarus, une dame économiquement & physiquement forte, qui voulait faire jouer chez elle une comédie enfantine; pendant mon séjour à St.-B. je l’aidai à brocher une bluette, une berquinade, en une après-midi: […] La fée des écoliers.»
PJ, 79. A Radiguet, 22 oct. 1920. «Gabory est très bien avec Malraux, directeur littéraire, & je pense que d’autres gens bien plus mal que nous, seront plus diligents que toi. – Va vite!» A Mme Aurel, 191. 25 oct. [1923]. «Le petit Gabory a du talent & il est sympathique aux publics.»
GALVEZ, MANUEL (1882-1962)
LAL, 129. [13 janv. 1926]. En p.s. M.J. recommande à A. Level la lecture d’un ouvrage de Manuel Galvez, romancier argentin: L’Ombre du Cloître.
GANZO, ROBERT (1898-?)
NE A CARACAS AU VENEZUELA peut être classé malgré son âge, avec les poètes de cette génération, car il a publié assez tard: Grénoque (1937), Rivière (1941), Domaine (1942), Langage Tracts (1947), etc. Sa poésie contient des éléments mallarméens & surréalistes. Toute son œuvre poétique a été réunie en 1950 (Grasset): elle témoigne d’une inspiration très haute & très calme. Guide illustré, 227.
POETE VENEZUELIEN D’ESPRESSION FR. Grénoque (1937), Lespugne (1940), Rivière, 1942, Langage (1947), Chanson (1950), Colère (1951) – réunis en 1957 sous le titre L’œuvre poétique – fixent en séquence de strophes classiquement équilibrées de luxuriants vertiges. P. 1484. Où ??
PANORAMA DE LA NLLE LITT. FR. Gallimard, 1966. 207. A publié tard & peu: quelques plaquettes: Poèmes (1942), Langage (1947). Sa poésie est soutenue par une somptueuse géographie dont les routes & les fleuves recoupent ceux de l’univers intérieur: mais elle est un langage concerté & précis plus que la mise à nu de richesses souterraines. Tout son effort consiste à faire entrer l’univers intérieur dans la trame du p. de telle sorte que rien ne gêne l’agencement précis des strophes & le mouvement parfait du vers. G. est un impeccable artiste. Il a le sens de l’ode classique, de mécanisme rigoureux de la prosodie. Pour lui la poésie est avant tout, un exercice de la parole (Poésie & Rhétorique).»
GARNIER, FRANÇOIS ABBE
LLG, 91. 7 mars 1942. «Le petit abbé F. Garnier est clos dans son séminaire: je ne vois cet ange qu’aux vacances.»
PJ, 478. A l’abbé Maurice Gouchault. 18 juill. 1941. «[…] je vous remercie de m’avoir envoyé ce Mr l’abbé F. Garnier, qui sera un ami véritable pour moi. Je crois qu’on ne peut rencontrer une âme plus pure, plus haute, plus préoccupée du sublime & en même temps assez solidement informée.»
GAVARNI, SULPICE GUILLAUME, (1804-1866)
ENCYCLOPAEDIA UNIVERSALIS. 1968. 762. Dit Chevalier. C’est au cours de ses nombreuses années de collaboration avec le populaire Charivari que G. connaît le meilleur de sa verve & cet immense succès dont Balzac, Sainte-Beuve & surtout les Goncourt ont tenu à témoigner. A partir de 1837 se succèdent ses plus fameuses séries consacrées aux Fourberies des femmes aux coulisses (1838), aux Artistes, au Carnaval, aux Actrices, aux Débardeurs (1840) au Bal Chicard (1839-43). La plus célèbre demeure celle des Lorettes ces belles filles demi-mondaines en qui se révèlent le mieux la dernière mode & l’éternel populaire & qu’il décrit avec minutie à toutes les heures de leur journée. Il a laissé des milliers de lithographes & de très nombreux dessins, aquarelles & ill. de livres. La peau de chagrin, Le juif errant, etc.- La précision de ses notations, l’ironie qui s’y exerce légère ou plus incisive mais toujours rapide, distinguent de tout autre cet observateur d’esprit. Illustrateur & critique, il n’est ni complaisant ni moraliste.
LAL, 74. 31 janv. 1924. «Je me rappelle souvent une image de Gavarni représentant deux cambrioleurs sur le haut d’un mur garni de tessons de verre: ‘Si les jurys sauraient le mal qu’on a dans nos métiers!’ Ce n’est pas seulement vrai pour les cambrioleurs» ; note 4. «Gavarni a laissé avec ses dessins un tableau spirituel & mordant de la société de son temps.»
GENET, JEAN (1910-1986)
«TROIS LETTRES A FRANCOIS SENTEIN.» Op. cit. 554. 6 mai 1943. «Quant au ‘cheval de retour’, Jean Genet… si vous avez lu Balzac, vous savez ce qu’on appelle ‘cheval de retour’… ce sont des récidivistes… il me fait peur! J’ai eu comme ça des récidivistes dans ma vie; je m’étais approché d’eux par curiosité de pittoresque ou de littérateur ou par apostolat. Ils m’ont occasionné des désagréments graves, non pas qu’ils ne me respectassent pas, mais ils ne respectaient pas mon entourage & je me suis trouvé complice des pires abominations ou dans des cas invraisemblables. Il est vrai qu’ils n’avaient pas de génie, mais le génie n’est qu’un accessoire & ne touche pas la kleptomanie qui subsiste.»
GIDE, ANDRE (1869-1951)
ALAIN MESSIAEN parle. Peyre. Op. cit. 77. «Je vous ai dit […] la répulsion que Proust inspirait à Max. Il en était de même pour Gide ‘malfaiteur moral & intellectuel de tout un monde qui a tout pourri & dont l’œuvre, comme Sodome & Gomorrhe, sera punie’. ; Andreucci. M.J. acrobate absolu.» 187, n. 26.
CINGRIA, Charles Albert. «Survie de M.J.» Labyrinthe (15 oct. 1944): 8. «Son jugement sur Gide n’était que le suivant:’c’est un incomparable polémiste’.»
LMJ, 194. 8 mai 1925. «Si tu vois Gide, dis-lui que j’adore ce livre des Faux Monnayeurs sans restrictions (ou si tu lui écris).»
LMM, 135. Oct. 43. «Gide est mort de culture: il aurait pu être.»
MJ/JC, 266, n. 1. 29 avr. 1925. In LMJ, 205. 1 août 1925. LES- FAUX MONNAYEURS «C’est un chef-d’œuvre!»
PJ, 368. A N. Barney. Rue Nollet. 12 oct. 1932. «Gide se diminue chaque jour à mon jugement.»
---. 419. A MARIO PRASSIONOS. St.-B. 8 nov. 1936. «Gide a plus de valeur comme homme que comme auteur. Ses débats intérieurs sont ou seraient intéressants, s’il était vraiment un grand homme, il n’est qu’un homme de bonne volonté. Or, je suis difficile pour les penseurs. S’ils n’apportent rien que de bons désirs & des vérités après tout élémentaires, je vais demander le reste à d’autres. Lisez Chesterton, Samuel Butler […]. Moi, je lis les Russes.»
GIRAUDOUX, JEAN (1882-1944)
GOJARD, J. «M.J. & A. Salmon… ». L. à Salmon, avr. 1943. «Le théâtre de G. m’ennuie. C’est l’Ecole Normale Sup. quand elle veut rire. Elle montre des dents gâtées ou à monture d’or. Mais cela plaît aux gens à la page, à la plage.» Coll de Quimper, 70.
LNF, 77. 26 janv. 1925. «Giraudoux c’est la litt. à cheveux courts comme Colette » ; n. 9. «G. ne fit ses débuts au théâtre qu’en 1928, de sorte que Jacob connaissait seulement les romans de ses débuts, non les œuvres impressionnistes ultérieures où l’humour domine. Et Colette à cette époque avait surtout écrit des ‘Claudine’ […]. Ainsi il doit penser au côté enfantin, proprette de ces œuvres.»
MJ/JC, 93-94. «[…] j’ai lu pour la prem. fois de ma vie du Giraudoux dans les Ecrits nouv. de Juillet. […] j’ai lu du Giraudoux, le passéiste G., le normalien G.; blague à froid, détails très ironiques & très choisis, l’immortalité Légendaire à l’usage des petites gens […]» ; 96 n. 5. « […]. J.G. était né à Bellac dans une famille bourgeoise. Il menait de front une carrière diplomatique & sa carrière écrivain & fréquentait surtout le monde des lettres, en particulier Paul Morand […].» Note. 8. «M.J. venait sans doute de lire ‘Le Signe’ […] au style élégant manieré typique de G.»
PJ, 329-30. 16 mars 1930. «Giraudoux & autres ont la division en deux ‘l’homme de lettres & l’autre homme !’»
GOETHE, JOHANN WOLFGANG VON (1749-1832)
LLG, 91. 7 mars 1942. «Pour ce qui est de Goethe, ce Joseph Prud’homme de génie, on peut dire que c’est une aussi belle figure que Hugo & plus fine» ; «Le Second Faust est une œuvre énorme & splendide qui a été mon point de mire à 18 ans & plus tard. Ce livre a été d’une influence considérable & a fait naître un siècle d’imitations comme La Dame à la faulx & toutes les Eves futures de l’Hamletisme. Il a contrebalancé chez les Tours d’Ivoire, tout l’Hernani du populo.»
MJ/JC, 218. 25 mrs 1925. «Le ton persan tout un côté de Goethe, tous les Ramapountalayanana ont formé Hugo» ; 219, n. 6. «C’est en 1814 que Goethe, à la fin de sa période classique, s’engagea dans le lyrisme d’inspiration orientale. La science orientaliste venait de naître en Europe & Goethe découvrait le lyrisme persan. Ainsi naquit Le Divan oriental d’Occident (West-Ostlicher Divan, 1919).»
MJ/JM, 87. Poème ‘Jeunesse lacustre.’ «Goethe en tricorne/ Frédéric roi de Prusse/ saltimbanques à qui l’or ne/ manque poètes russes […]. »
OBM, 257. «Chacun marche précédé de son double reflet… Douce image, Marguerite du Faust, toi qui marches devant moi, t’invoquerai-je comme mon double? »
PJ, 357. 13 avr. [1932]. «Un garçon coffeur m’a dit: ‘Qui est ce Mr Gote avec son centenaire? Est-ce que c’est qu’il est mort ? Qu’est-ce qu’il a fait ?’ ‘Il a fait Faust – ma réponse vaut bien la question.’ - ‘Ah !’
VM, 156. «Du très joli texte de présentation lors de la prem. expo. d’André Beaudin.» ‘Les œuvres éternelles sont des œuvres étudiées: il faut prétendre haut. Goethe disait: ‘L’âge mûr réalise les ambitions de la jeunesse’ ; LRT, 24. «L’âge mûr réalise toujours les espérances de la jeunesse.»
«UN […] CULTIVATEUR […] DE 40 ANS, voulant me parler ‘littérature’, me dit: ‘Connais-tu un auteur qui s’appelle Goethe ?’ – Oui. Pourquoi? ‘Parce que j’ai lu un livre de lui qui m’a intéressé.’ Il s’agissait du Faust. Goethe aurait aimé cette manière.»
GOFFIN, ROBERT (1898-?)
POETE BELGE. Journal des poètes. (Flouquet).
LLP, 150. St.-B. 30 mai 1937. «Je lis Swinburne, Samuel Butler & un livre sur
Rimbaud vivant de R. Goffin où il est donné la clef des ‘Illuminations’. Cette clef est un phallus lequel est l’œuf de Christophe Colomb. Tout s’explique!
… & tout s’arrange: je vais pouvoir enfin lire Rimbaud avec quelque chose à comprendre» ; PR, 315.
GOGOL, NICOLAI (1809-1852)
LAL, 127. 10 nov. 1925. «J’ai sur ma table un livre admirable: Récits de St-Petersbourg par Gogol, éd. Crès. Lis cela & recommande –le. Dire qu’on [n] écrira jamais de choses pareilles, c’est cela qui me tue le foie, la bile, etc… Je ne suis jaloux que des chefs-d’œuvre & non de leurs auteurs. (Saint Max ou le Tartufe moderne).»
GOLL, YVAN (1891-1950)
LMJ, 71-72, n. 7. L. 12 sept. 1923. «Yvan Goll […] érivit en fr., en allemand & en anglais. En 1922 il publia le vol. dont parle Jacob […] qui révéla à la France les grands poètes étrangers du 20e s. Le p. de la page 291, ‘L’Assassin’ est un p. indien rapporté par Mathilde Coxe Stevenson & trad. en fr. par Goll.»
MJ/JC, 160, n. 3. «Ivan ou Yvan Goll, un des prem. poètes surréalistes, surtout connu pour son œuvre autobiographique en plusieurs vol. La Chanson de Jean sans terre. M.J. parle dans une l. à J.C. 27 juin 1923. de son recueil. L’Anth. des cinq continents (La Renaissance du livre, 1922), destiné à révéler les poètes étrangers du début du XXe siècle.»
PJ, 185. A Mme Aurel de Clos Marie Roscoff, 12 sept. 1923. «Si vous me demandez la poésie que j’aime, je vous répondrai que j’ai lu des p. indiens de l’Amérique du Nord, qui me satisfont. (Anth. d’Yvan Goll, Les cinq continents). – P. 291 & suivantes. Oh ! Pas pour la couleur […]. Mais pour ce qu’il y a là du naïf, de naturel, de sûr, de profond! La profondeur, c’est tout!» ; 168. 13 juin 1923. A Rosenthal. «Connais-tu le livre d ‘Yvan Goll, l’Anth. des cinq continents ? J’ai trouvé du profit à le lire. On y trouve l’essence de toute poésie & de quoi se renouveler ou se créer ce qui est synonyme. Grâce à ce livre je suis en train de devenir enfin poète.»
GONGORA Y ARGOTE (1561-1627)
CADOU. ESTH. 76. «Connais-tu Gongora? C’est admirable: Mallarmé & Rimbaud dans un seul homme.»
GRENIER, JEAN (1898-1971)
GRENIER a rédigé une thèse de doctorat sur la «Philosophie de Jules Lequier.» Paris: Belles-Lettres, 1936. Philosophe né à Quimper en 1814. (Dans le Sang Noir de Louis Guilloux Turnier, le philosophe auquel Cripure (dont le modèle fut Palante) consacre une thèse est en fait Jules Lequier).
GUIDE ILLUSTRE, 353. «Il fut plus ou moins près de l’existentialisme sartrien.»
LUA, 99. St.-B. 5 janv. 1937. «[…] c’est tout à fait un personnage des romantiques de 1848. Cet amour, cette misère, ce suicide, ces conversations […] on dirait du Balzac & du Vallès. Le livre est toujours sur ma table: quand c’est toi qui parle, je te comprends, quand c’est Renouvier, je prends la loupe.- Merci de cette thèse alimentaire […].»
VM, 16. «J. Grenier, qui a été un des très proches & vrais amis de M.J.» - 172-73. L’été de 1924 «Grenier était à Saint-Brieuc, M. alla le voir, & de St.-Br. M. & G. allèrent à Perros-Guirec pour retrouver ‘un certain poète breton’, Pierre Guguen que Max voulait faire connaître à Grenier. ‘On a bu & mangé, roulé, vu des plages, des églises, des villas. J’ai ramassé des souvenirs de jeunesse & pleurniché en cachette comme un vieux.’ Un jour, les trois hommes décidèrent d’aller saluer le vieux ‘barde’ Charles Le Goffic. ‘L’entrevue fut des plus courtoises, a écrit Guéguen dans les Cahs. Max Jacob 5. Max Jacob & la Bretagne. 41 mais les deux poètes ne savaient que se dire, bien que fort bavard l’un & l’autre. ‘Au retour, J. Grenier & moi rîment fort de cet embarras & nous n’épargnâmes pas le pauvre Max assez marri.’» - 180. «Au mois de juin [1925], Max fit un grand voyage en Italie. Depuis près d’un an, J. Grenier qui enseignait à L’Inst. fr. à Naples, le pressait de venir le voir & depuis le début de l’année Max songeait à faire coïncider ce voyage de l’amitié avec le Jubilé romain.» - Max décrit ce voyage dans ‘Carnet de voyage’, publié par la T.r. en juin 1953. Grenier dans son article dans la NRF 215 (1er nov. 1970) ‘Avec M.J. à Naples.’ Anne Kimball suit avec précision le voyage en Italie. «Dépêches italiennes- 1: Parcours.» Max Jacob & la Création. Coll. d’Orléans. 135-43 & «Dépêches italiennes – 2: Inspiration.» Max Jacob poète & romancier. Coll. de Pau. 257-62.
GOUY, FRANCOIS DE
LPM, 69. 28 avr. [1931]. «Le comte de Gouy qui ne parle que de gentilhommerie m’a commandé pour lui-même une suite du CD: je l’ai faite. Il a été enthousiasmé & m’a donné un bouquet de fleurs qui appartenait
d’ailleurs à l’Hôtel. ‘Cette belle lumière argentée de l’Ile de France.’ moi : - ‘Il n’y a plus que la lumière qui soit argentée.’ Ce mot a été la seule vengeance du pauvre Max encore une fois déçu » ; 69-70, n. 3. «Jacob raconte cette histoire en plus de détail dans une l. du 10 juill. à B. d’Esdras Gosse; en voici la fin: ‘Le comte comprit & me fit de longues plaintes sur ses dettes, ses disettes, un héritage volé, etc… Une autre nuit il me fit admirer une montre de famille qu’il venait de recevoir parce qu’elle était en réparation […] depuis 10 ans. C’était une montre au cadran placé bas & tout granulé. La boîte avait la forme d’une gerbe épanouie dont les fleurs étaient des améthystes: je m’extasiais. ‘Elle est à toi, dit le comte. Tu m’as fait un cadeau princier, je te fais un cadeau royal’.» (LBEG, 25).
L. INED. A GOUY D’ARCY. Hôtel Drouot, 26 juin 1987, lot 30 & in PJ.
MJ/JC, 189, L. inéd. à Gouy, nov. 1924. «Je fais aussi un roman & Gallimard va rééditer mes vieux livres.» Note 7. «G. Gallimard était allé voir M.J. à St.-B. en oct. 1923, ‘avec des traités plein les poches.’ (VM, 167). Jacob était ravi, car il devait toucher une mensualité régulière de 500 fr. à condition de donner à son éd. 2 nouv. romans (VM, loc. cit.). Mais les difficultés n’ont pas tardé à venir puisque Jacob n’avançait pas dans ses projets de romans […]. »
PJ, 66. «Le Comte F. de Gouy d’Arcy, intime de J. Cocteau & de la princesse Georges Ghika, était un mondain entretenu par un riche américain M. Russel Greeley, qui possédait le domaine de Clavary près de Cannes.»
GRIS, JUAN (1887-1927)
CABANNE PIERRE. LE SIECLE DE PICASSO. 271. «Mais les relations entre les deux hommes [Picasso-Juan Gris] ne resteront pas longtemps cordiales; Pablo espérait avoir un disciple tout dévoué à sa gloire, & il voit naître un peintre qui acquiert son style propre, entre chez Kahnweiler & se présente comme un dangereux rival. Alors il change d’attitude; passe encore que son marchand ait d’autres peintres que lui, mais un autre Espagnol lui est insupportable! Dès lors, Picasso s’acharnera sur l’homme modeste & retiré qu’était Gris; toutes les occasions seront bonnes pour le dénigrer, & n’était l’attachement de Kahnweiler, il l’eut réduit à la mendicité! Quand Diaghilev lui commandera les décors & les costumes de Cuadro Flamenco en 1921, il interviendra pour qu’ils lui soient retirés & il se les attribuera sans que nul ose protester; malade, Gris n’a pas le courage de tenir tête à l’impitoyable Andalou qui ne se gêne pas pour dauber sur son compte. Ce qui ne l’empêchera pas, à sa mort, de manifester la douleur la plus sincère.»
MJ/JC, 330. 22 juill. 1925. «Juan Gris ne caresse un chien que de la main gauche afin de n’être pas gêné dans son travail s’il était mordu – ne l’abandonne pas & aimons-le.» [M.J. a souvent employé cette expression : ‘je ne caresse cette personne que de la main gauche’] ; 539. 21 mai 1927. «La mort de Gris a fait un effet d’épouvante sur Reverdy, ils s’étaient brouillés à mort, c’est le cas de le dire & c’est ce qui terrifie le pauvre Pierre» ; 539, n. 7. «Juan Gris est mort d’urémie le 11 mai 1927 […] après avoir beaucoup souffert.»
MJ/JM. Op. cit. 49. 17 mai 1927. «Reverdy est mortellement touché par la mort de Juan Gris parce qu’ils étaient brouillés» ; 50, n. 4. «Peintre cubiste d’origine espagnol […] ami du poète Reverdy, Juan Gris, de son vrai nom José Victoriano Gonzales, venait de mourir le 11 mai.»
ŒUVRES LITT. de M.J. NE COUPEZ PAS LA DEMOISELLE (SIC) OU LES ERREURS DES P.T.T. Plaquette de luxe ill. par Juan Gris. PJ, 349.
PJ, 145. L. à Kisling. 10 oct. 1922. «Juan Gris a encore été malade, il a été opéré à l’hôpital. Le pauvre n’a pas de chance.»
GUIETTE, ROBERT (1895-1976)
LETTRES A ROBERT GUIETTE. Prés. & annotées par Michel Décaudin. Lettres 1923-1940. Ed. des Cendres. 1996. 89 pages.
LTB, 66. 26 janv. 1937. «[…] les souvenirs publiés par R. Guiette à la N.R.F. l’ont profondément offensée [ma mère]. Le TB a été supporté à Quimper.»
MJ/JC, 171. 29 août 1923. «Je reçois des l. charmantes de 2 jeunes belges Robert Guiette & Eric Haulleville » ; n. 2. R. Guiette, professeur & écrivain belge. M.J. aurait peut-être lu quelque chose de lui dans Le Disque vert, revue dont Guiette deviendra membre du comité de rédaction en nov. 1923.»
PJ, 226. 5 oct. 1924. A H. Vandeputte. « […] les Flandres sont aimables; elles détachent de leurs terres des amis charmants: Pierre van der Meer de Walcheren, Fierens, Van Hecke, & de Ridder, G. Anthelme, Eveline Brelia, Eric de Haulleville qui m’est cher, les deux fréres Guiette […]» ; n. 2. Robert (écrivain), Paul (peintre).»
GUILLAUME, PAUL (1891-1934)
LNF, 161. 19 sept. 1936. «Je travaille à des poèmes & à une préface sur l’époque 1905-1930 - destinée à immortaliser un livre sur le marchand défunt P.G. Ce sont des souvenirs, il est bien possible que j’en écrive d’autres: ma vie commence!» ; 162, n. 2. « […] le marchand de tableaux & spécialiste d’art africain. V. La Sculpture Nègre primitive (Crès 1929). Guillaume préparait un autre ouvrage sur l’époque 1905-1930 pour lequel Jacob devait faire la préf. Mais Guillaume mort prématurément d’une intervention chirurgicale, […] ne termina pas l’ouvrage. Bien que le livre ne pût paraître, sa veuve demanda tout de même à Jacob de publier la préf. Jacob écrit à R. Villard le 9 avr. 1937: «J’ai mis plus de douze mois à fignoler la préf., mêlant des anecdotes à des considérations générales.» (LRV, 75). […]. En 1959, Picasso publia une Chronique des temps héroïques qui contient l’article [de M.J. paru dans Les Feux de Paris raccourci] & les chap. III-VIII de la préf.» (Paris : Broder, 1956).
OXENHANDLER. LJF. 305-06. Appendix to Tiers transporté. «Why was Max unable or unwilling to complete the essay on P. Guillaume, even though he had been paid to write it? The only explanation I have been able to find is that Max felt an antipathy toward P.G., apparently because he was under the impression that Guillaume had, for a number of years, been obtaining African statuary & objets d’art by writing to the governors of French colonial possessions, although not legally entitled to do so. The treasures Guillaume thus acquired were reputed to have made him a wealthy man.»
PJ, 422. 5 déc. 1936 à Michel Perrin. «Le livre Paul Guillaume touche à sa fin. J’ai repris la psychologie des signes d’eau que tu aimais, tu l’aimeras moins, mais l’importance de cette psychologie, qui est celle de l’époque entière, nécessitait de la force dans les affirmations & du ‘bien dit’. Plaise à Dieu que ceci ait l’importance que je lui prête. Je fais toujours de mon mieux. »
GUILLEVIC, EUGENE (1907-1997)
DICT. DE LA LITT. FR. CONTEMP. Jean-Pierre Delarge. 1977. 170-71. Né à Carnac. Enfance alsacienne, vit à Paris depuis 1935. Où il a exercé jusqu’en 1967 les fonctions d’inspecteur de l’Economie Nationale. Adhère au Parti Communiste Fr. pendant la guerre. Considéré comme un poète important depuis son prem. recueil. Terraqué (1942) G. vient d’accéder à la considération officielle en remportant coup sur coup 3 prix: en 1973 L’Aigle d’Or du Festival du Livre de Nice, en 1975, le prix Bretagne, & en 1976 le Grand Prix de Poésie de l’Académie Fr. pour l’ensemble de son œuvre. – Comme chez Follain dont G. reconnaît l’influence, l’écriture est une enveloppe tactile qui cerne l’espace, le domestique & le fait accéder à la vie.»
LMM, 107. 9 mars 1942. «Guillevic est un sympathique amateur: il y a un peu de franchise & de rayonnement dans son œuvre qui me paraît assez à lui & munie d’une certaine raideur qui est d’un producteur. Je ne crois pas qu’il y ait là une source mais il y a de ‘la chance’ & de la chance on peut tout espérer. Il fera peut-être des contes ou de l’érudition si l’amour de la gloire lui vient… » ; 159 n. 1. «Un des rares poètes au sujet duquel Jacob s’est trompé. Guillevic est un poète solide, d’une rigueur & d’une concision exemplaires, lauréat du Grand Prix de Poésie de l’Ac. Fr. en 1976. (Voir la bibliographie complète de sa poésie dans Les Poètes de l’école de Rochefort, p. 340.). On lui doit aussi la trad. de la poésie de Georg Trakl & Mes poètes hongrois (Budapest: Corvina 1967).»
MJ/JC, 593. 24 juin [1942]. «J’aime aussi Guillevic parce que ça ne ressemble pas à la petite plaquette quotidienne où il est question des mains de l’auteur, des livres peints ou non, d’automne, de caves & d’horizons» ; 594, n. 14. «Jacob connaissait peut-être de lui Requiem (Tschaun, 1938) & Terraqué (Gallimard, 1942), & plus tard il aurait sûrement aimé le poème Carnac (1961), une sorte de dialogue entre le poète & la mer.»
GUILLOUX, LOUIS (1899-1980)
CASSEL’S ENC. OF WORLD LIT. London: 1973, 601. Fr. novelist of humble birth, convinced Socialist. Worked at several trades before becoming a journalist. His novels are realist in tone & describe the lives of the workers & the lower-middle class. His more important books, Le Sang noir, (1935), Bitter Victory, Putnam, (1938), Le Pain des rêves, (1942), Parpagnacco ou la Conspiration, (1954), La Confrontation, (1968).
COLUMBIA DICT. OF MOD. EUROPEAN LIT. N.Y.: Columbia U Press, 1980. Fr. novelist born in St.-Brieuc, Brittany, to working-class parents. Although occasionally lived in Paris returned to birthplace where most of his novels were set. Published 5 early novels: La Maison du peuple, (1927), Dossier confidentiel, (1930), Compagnons, (1931), Hyménée, (1932), Angélina, (1934). Used deliberately simple style to present evolution of political consciousness of proletarians & small businessmen in provincial Brittany. His most important novel Sang noir, (1935) describes the last day in the life of an embittered lycée prof. in 1917. Althugh he is convinced of the rottenness of the world, he uses nothing to change it, & commits suicide at the end of the novel. Lucien, one of his former students, does not share his despair & passivity, & sets out for Russia to take part in the revolution. The conflict in Sang noir is largely between generations rather than classes as in his earlier novels. His later novels include Le pain des rêves, (1942), Le Jeu de patience, (1949), Parpagnacco, (1954), Batailles perdues, (1960), La Confrontation, (1967), but none of these are as powerful as Sang noir. His only play Cripure, (1962) based on Sang noir met with little success. Absent de Paris, (1952) & La Bretagne que j’aime, (1973) are travel & reminiscence vol. that contain autobiographical elements.
DICT. DE LA LITT. FR. CONTEMP. Claude Bonnefoy, Tony Cartano, Daniel Oster. Né à St-Brieuc de famille modeste: son père cordonnier, militant socialiste, lui montre la voie des luttes populaires. Vient à Paris en 1918 où il exerce divers métiers avant d’occuper un poste de lecteur anglais au journal L’Intransigeant de 1921 à 1924. Son prem. livre La Maison du peuple est publié en 1927 & lui vaut la Bourse Blumenthal. En 1935 il publie son chef-d’œuvre Le Sang noir; il est secrétaire du prem. Congrès des Ecrivains antifascistes; il fait un voyage à Moscou en compagnie de Gide, séjour d’où il reviendra déçu & marqué à jamais par les procès politiques qui règnent alors en URSS. Malgré son admiration pour la Révoluti1on russe & son engagement près des forces progressistes il a refusé toute adhésion au Parti Communiste. En 1942 il obtient le Prix Populiste pour Le Pain des rêves, & en 1949 le Prix Théophraste Renaudot pour le Jeu de patience. En 1967 il reçoit le Grand Prix National des Lettres pour l’ensemble de son œuvre. – Toute son oeuvre se veut un témoignage d’une existence – celle de l’auteur – & témoignage sur la vie des humbles, ceux vers qui il a toujours porté ses regards.
DICT. OF MOD. EUROPEAN LIT. Geoffray Cumberlege. London : Oxford: U Press, 1947. From childhood connected with socialism: father leading member of Socialist Party in St.-Brieuc, & G’s position was secretary of Augustin Hamon, socialist sociologist & translator of Shaw. Gorky & Rolland had great influence on him, as well as the philosopher Georges Palante, his lycée professor.
EVERYMAN’S Dict. of European writers. W.N. Hargreaves-Mawdsley, 1968. Dent & Sons, 238. Born of poor parents at St.-Brieuc he became a journalist & was the author of fictions set in working class. Compagnons, (1930), Angélina, (1934), Le Sang noir, (1935) ; Eng. Trans. Bitter Victory, (1938), Le Pain des rêves, (1942), Le Jeu de patience, (1949), Absent de Paris, (1952) & Parpagnacco, (1954).
GUIDE ILLUSTRE, 1977. Jean-Pierre Delarge. 128. Il avait peu écrit avant la guerre, mais l’un de ses livres: Le Sang noir (1935) reste l’un des deux ou trois meilleurs romans fr. de ces trente années. Dans une durée de 24 heures,
au milieu d’une petite ville bretonne. G. a planté une figure inoubliable de philosophe raté. Cripure &, autour de celui-ci, tout ce qu’on appelait durant la Prem. guerre ‘l’arrière’, c’est-à-dire un grouillement immonde de passion & de bassesses. Le calvaire de cet intellectuel solitaire au milieu de la cruauté & de la bêtise qui finalement ont sa peau, est digne du grand Flaubert. Ces autres romans sont honorables mais n’égalent en rien Le Sang noir. Ce sont La Maison du peuple, (1927), Dossier Confidentiel, (1928), Hyménée, (1931), Histoire de brigands, (1936), Le Pain des rêves, (1942). En 1949 Le Jeu de patience mêle 20 histoires en un chaos romanesque, grande œuvre d’un art subtil & d’une merveilleuse richesse d’âme. Parpagnacco, (1954) reste fidèle à l’esprit révolutionnaire, tempéré d’humanisme & de tendresse. La Confrontation, (1968), sous une affabulation romanesque d’une habileté géniale, fait le bilan de sa sensibilité & de sa vie.
LML, 73. 27 oct. «P.s. j’ai lu Le Sang noir de L.G., c’est magnifique, un peu dostoïewskien, mais on peut trouver des modèles moins grands.»
LMM, 145, n. 2. «Né à St.-Brieuc en Bretagne, province qui fournit le cadre de la plupart de ses romans, ce romancier du peuple, fils d’un cordonnier socialiste, est resté fidèle à l’esprit révolutionnaire malgré sa déception après un voyage en URSS. Son unique pièce de théâtre Cripure (1962) est tirée de son chef-d’œuvre Le Sang noir (1935) que Jacob trouvait ‘magnifique, un peu trop dostoïewskien… ‘ Dans Absent de Paris (1952) Guilloux décrit ses souvenirs & relate ses rencontres avec Jacob avec qui il a entretenu une longue amitié (pp. 148-87). Sa prem. rencontre avec le poète en 1926 est détaillée dans son Carnet (VM, 193). (Voir Hélène Henry. «A Saint-Brieuc, avec Max Jacob, Grenier & Louis Guilloux.» Cah. de l’Iroise (janv.-mars 1979): 7-10.»
LRT, 49. Quimper. 27 juill, 1939; Cahs. Bleus no. spéc. 1977, 75. «J’ai vécu 8 jours de bonheur chez Louis Guilloux auteur du Sang noir à St.-Brieuc, ville claire d’où l’on voit des falaises vertes, entrecoupées & un peu de mer au fond.»
MJ/JM, 46. «Je suis bien heureux que les pages du brave Guilloux vous aient touché. Je suis persuadé que c’est un homme nouveau & presque de prem. rang. En tout cas c’est le seul écrivain pathétique que nous ayons. Il est très pauvre, marié & bâtit une maison de ses propres mains dans un faubourg de St-Brieuc» ; n. 1. «Quant aux pages citées par Max comme ayant touché Jacques, il peut s’agir du texte intitulé ‘Sur l’Offense’ & publié dans le no 14 de Chron. du Roseau d’Or (18 mars 1927).»
VM, 193. «A la fin des vacances [de 1926], grâce à J. Grenier, Max rencontre L. Guilloux à St.-Brieuc. Le 12 sept. 1926, G. écrit dans son Carnet: «Après l’étonnante soirée d’hier passée au Café du Commerce, avec lui & Jean, sommes allés aujourd’hui à St.-Quay. Ne veut plus me lâcher. Entreprend de me convertir… Veut m’emmener à Nantes avec lui. ‘Tu m’apprendras à faire un roman & je te montrerai comment on fait un p. en prose. Nous parlerons de Dieu… Je t’expliquerai les Evangiles.’ Dit que sa vie est une lutte quotidienne contre le Diable. M’engage à faire une
confession générale au plus tôt… ».
HARRIS, SYBILLE
FLORENT FELS. Voilà. Fayard, 1957. 79-80. «Parmi nos relations, S.H., Américaine opulente qui réunissait à sa table des artistes, nous engageait à lui signaler l’occasion d’intervenir. On lui amena Satie que le côté burlesque de sa musique enchantait autant que la conversation spirituelle du Bon Maître. – que puis-je faire pour lui ? C’est ainsi qu’un soir, Satie invité chez notre amie trouva sous sa serviette un chèque de vingt mille fr., somme considérable pour l’époque. Il s’en acquitta en lui offrant le ms. d’une oeuvre récente. – Ayant appris mon intervention dans cette heureuse conjoncture, lorsque nous nous retrouvâmes dans la rue, il me dit joyeux: ‘Il faudra fêter cela’. On se retrouvera dans un coin bien à nous & facile à dénicher.»
GABORY. Op. cit. 129. «Mrs H. habitait Montparnasse avec ses 2 enfants, Ruth & Henry, & sa grosse cuisinière fr. […] - un grand appartement dans une maison neuve, rue Delambre, au coin du bd. Montparnasse & du bd. Raspail. […]. Excellente femme d’affaires, elle achetait les droits des pièces de théâtre du Boulevard que son mari faisait jouer à Broadway; personnellement, elle préférait ‘l’Avant-Garde’. Voir le chap. Mrs. Harris in Gabory. 129-31.
SAUGUET. Où ? Mme Harris, riche américaine, bienfaitrice connue. Elle a du goût pour les choses nouvelles. Amie des peintres, de Derain, Picasso, Cocteau, des musiciens (les Six). Elle a commandé une œuvre de Satie.
HASTINGS, BEATRICE (1879-1943)
A.R. ORAGE. Katherine Mansfield, Beatrice Hastings John Middleton Murray, S.S. Koteliansky, 1906-1957. London/Boston: John Caswell/Faber & Faber.1978. 93. «Her arrival clearly not been improvised, and she had plenty of introductions in both Montmartre & Montparnasse through M.J., who probably had as wide a circle of bohemian acquaintances as any man in Paris. From the beginning Beatrice wrote about artistic & literary Paris in one of its greatest periods as an insider, not a special correspondent.»
BEATRICE H.ASTINGS A PROPOS DE MODIGLIANI & M.J. The straight-Thinker. Worthing, Sussex. Jan. 23, 1932. 6. «Madame Six. (lit 6).» (‘An Englishwoman in a French hospital’, oct. 1920). Part II. «Two or three people have suspected me in Paris – Modigliani, Apollinaire, M.J., and two or three others. Modigliani suspected me; but he never knew distinctly of what until I abandoned him. Then, he knew that much, that I was capable of abandoning him. I myself can not say why I did, after having gone so far! My brother once saw a native woman, sick of carrying her baby about, throw it into a pool full of crocodiles. – M.J. & I had arranged our lives to run smoothly up in my little house & garden on the Butte of Montmartre. Dedo (Amadeo Modigliani) used to come drunk and break the windows to get in. If I happened to be drunk too, there was a great scene! But I was writing, usually, and just plagued to hear him ring. – Max was chien de garde for me, recompensed by his charming little room at the gate. (1925. Max’s anti-woman side was, and long remained a secret from me). He went to mass at six every morning worked all day in his famous den in the rue Gabriel (sic) & came in between ten & eleven with all the news and ten anecdotes of people who has dropped in on him during the day. 14-15. I think, noone, not even the most obscene of fat-heads, ever thought sinfully of us two. We were taken for granted – a literary ménage. – If Max were there when Dedo arrived – he was Dedo to us and no-one else – the chances were not altoghether against a peaceful conversazione & the witty exit of Modigliani to his own atelier close by. Alone, I could not be depended on to take things lightly. My health was run down. I was getting to dread, therefore hate, therefore ragefully resented the swoop of the Assyrian on my fold. Once, we had a royal battle, ten times up and down the house, he armed with a pot & me with a long straw brush. After that, he broke the shatters outside, which interested directly the landlord who standing guard for seveal nights over the property, finally secured my peace. How happy I was up in that cot on the Butte! Days went like summer sunbeams, intensely into nowhere.»
---. THE STRAIGHT –THINKER SUPPLEMENT. Dec. 1933. 68. «Today M.J. brought in M. Fels who invites me to contribute to his review Action. This is the review André Salmon spoke to me about one day when he brought me a fortune in carnations & white roses. I have never contributed to anything in Paris. Outside writing, a simple affair, which publishing is not, my love-affairs have taken all my time. It’s a pity. I would like to have my cake as well as eat it. Max, after a termporary opulence is poor again. He is the same as ever, frank & jolly. Possibly no-one but I would ever speak of Max as frank and jolly – but I am to be believed. He said to me once: ‘There’s a man dead inside me.’ This dead man occasionally speaketh, and above all, laugheth.’ And it’s a good heart, courageous, amusing among the ephemeralities. I would preserve while universes might go crumble. – Max told me that Hélène is coming to see me. (La Baronne Oetingen)… her book Le Château de l’Etang Rouge signed Roch Grey will be read by posterits a mixture of nobles’ life in old Ukraine.»
FLORENT FELS. L’Art vivant. Genève: Pierre Cailler, 1956. T. II. 110. «Mme B. H. une ‘farfelue qui trempai dans la Rotonde comme une prune dans l’eau-de-vie, couronnée de chapeaux de Gala & portant sur son cœur des paniers de belle jardinière jusqu’au petite lueur du jour qui la surprenait devant les guéridons des terrasses de Montparnasse. 115-16. Un jour Kisling étant à la Rotonde, vit B.H., qui fut un temps la muse de Modigliani. On la rencontrait assise près d’un guéridon, de marbre, coiffé d’un chapeau à brides, portant au côté un petit panier rempli de fleurs. Elle était habillée, costumée plutôt, avec cette audace qui est seulement admise à Montparnasse, d’une ravissante robe Kate Greeneway. Kisling l’invita à venir poser ainsi pour lui, & rendez-vous fut pris. La belle ne vint pas. Une nlle rencontre décidée, le résultat identique. Kisling rencontrant Modigliani & Béatrice, reprocha à celle-ci son abandon. ‘C’est moi’, dit Modigliani, ‘qui me suis opposé à ce que Béatrice vienne chez toi. Quand une femme pose pour un peintre, elle se donne.’ Temps merveilleux que le nôtre où la peinture touchait à ce point le cœur & l’esprit.»
LJRB, II fin déc. [1914]. 145. «J’ai fait la connaissance d’un vrai, grand poète anglais: Mme Hastings, ivrognesse, pianiste, élégante, bohême, habillée à la mode de Transvaal & entourée de bandits un peu artistes & danseurs» ; 147. 14 mai, 1915. «Nous avons dans notre Paris aussi une dame anglaise qui est un vrai grand poète: elle me traduit dans une revue le New Age qui m’envoie un peu d’or & je corrige les traductions qu’elle fait de ses poèmes qui sont intéressants, vivants & souples. La goûter, c’est l’adopter !»
LETTRES A K. MANSFIELD 1913-1918. J. Middleton Murray. Stock, 1951. 38. «Elle a acheté tous ses meubles d’occasion, ils sont jolis. La fidèle (sic) Max la guide dans tous ses achats. B. a un très joli appartement. Le loyer est de 900 francs par an, payable […]: quatre pièces, cuisine, un grand vestibule, un débarras, deux des pièces donnent sur le jardin. Dans la salle à manger, il y a un grand poêle de faïence, qui répand de la chaleur partout.»
«[…] MODIGLIANI never stayed there a single night. Pious & curteous M.J. lived in the little room at the gate, as I have told in ‘Madame Six.’». B.H. The Democrat 2 :8 (Jan. 1943).
SALACROU, ARMAND. DANS LA SALLE DES PAS PERDUS. Gallimard, 1974. 125. «Déjà, J. Dubuffet m’avait mis au pain & à l’eau un an auparavant, quand, accompagné d’une dame fatiguée, il m’avait rencontré dans une brasserie devant la gare Montparnasse: ‘Tu la connais ? C’est Béatrice Hastings. Voici un portrait d’elle par Modigliani. Elle le vend ce soir, car nous voulons dîner ensemble & nous sommes à sec, vingt francs.’ Je donnai les 20 fr., je pris le dessin que j’ai toujours & je dus sauter 5 repas pour rétablir mon budget.»
SSF, I. André Salmon. op. cit. 262. B. Hastings n’était pas l’Anglaise riche! «Et l’argent? Mrs. Hastings qui n’en pouvait gagner recevait de Londres une espèce de rente; malheureusement les chèques désirés ne parvenaient pas trop régulièrement. Rien n’égalait la fierté enfantine de Modigliani quand il pouvait remédier à la précarité du budget en remettant à sa maîtresse la petite somme que, recommençant de peindre, il avait pu tirer de quelque amateur ou de quelque marchand à la fois assez sensible, pour reconnaître le talent encore enveloppé d’obscurité, & assez hardi pour ne pas désespérer de voir quelque jour ce talent prendre force de valeur marchande» ; L. 24 juill. 1923. P. 14, note 34. «La vie passionnée de Modigliani » par André Salmon. Eds. Gérard & Cie, Vervier, Belgique, 1958. P. 274. «Selon le témoignage du peintre Henry Hayden, abandonné par Béatrice Hastings, Modigliani s’informant, interrogeant, battant l’estrade, conduit peut-être par quelque puissance mal connue des hommes, venait de découvrir le refuge de sa maîtresse. Béatrice Hastings refusait de lui ouvrir sa porte. Au plein de l’ivresse, traduisant son dépit en cris démentiels, il s’acharnait de tout ce que cette ivresse furieuse lui laissait de force, à moins que de l’accroître, à vouloir fracturer les volets du rez-de-chaussée où sa maîtresse se mettait à l’abri d’une passion trop véhémente. Blottie derrière ses volets, est-ce que Béatrice lui tirait la langue? Désespérant enfin de forcer la retraite, la drogue s’ajoutant peut-être à l’alcool, M. s’oubliant soi-même, perdit toute conscience, car vraiment était-ce lui-même qui à présent hurlait: ‘De l’argent !… De l’argent, pour que j’aille me soûler’.»
HERMANT, ABEL (1862-1950)
LMJ, 146. 2 oct. 1924. «Si vous saviez ce que c’est que les aristocrates! vraiment si la vérité est tout dans l’art, Abel Hermant mérite des palmes pour ses Courpières & ses Coutras: il a dit vrai & pas encore assez vrai. […]. Ces gens-là sont des porcs, à part qu’ils se cachent un peu mieux que les bandits professionnels» ; 147, n. 6. «Abel Hermant, écrivain […] & membre de l’Académie fr. à partir de 1927. Jacob parle ici d’une longue série intitulée Mémoires pour servir à l’histoire de la société & qui contient, par ex., Les Souvenirs du vicomte de Courpière (1901), Courpière marié (1905) & Le Cadet de Coutras (3 vol., 1909-1913).»
MJ/JC, 516. 23 mars [1927]. «Je me souviens des séances de portrait. Abel Hermant entrant & ne faisant pas attention au modèle & Blanche affectant de ne parler qu’à moi pendant une heure. Le pauvre Blanche a fait cent mille tentatives pour me donner des relations […] il n’a réussi qu’à précipiter le départ vers les St.-B.»
THE OXFORD COMPANION TO FR. LIT. Ed. Sir Paul Harvey & J.E. Heseltine. Oxford: Clarendon, 1959. 328. Born in Paris, novelist, also an essayist & critic whose studies on grammar & style, written under the pseudonym ‘Lancelot’, were for several yrs a feature of the newspaper Le Temps. His earliest novels were naturalistic, e.g. Monsieur Rabosson, 1884, a satirical picture of university life, or his much-talked-of attack on the army conditions of its day, Le Cavalier Miserey (1887). After these, until about 1938, he produced an almost uninterrupted succession of novels of sentimental analysis, light, satirical, often libertine pictures of rich Parisian life. Many were grouped into a series: Mémoires pour servir à l’histoire de la société. They were entertainingly, often elegantly written.
PJ, 212. 11 fév. 1924. A Mme Aurel. «[…] Morel est au moins supérieur à Abel Hermant […].»
HEINE, HENRI (1797-1856)
LETTRE A FRANCIS GERARD ROSENTHAL. PJ, 106. 2 sept. 1921. «[…] la litt. moderne a son origine dans H. Heine: il a inspiré Laforgue, Apollinaire, Salmon & d’autres. Or, quelle est la supériorité de Heine sur ses successeurs, c’est la Sagesse […] il n’y a pas un seul de [ses] poèmes qui ne contienne une pensée morale. Je ne te donne pas son athéïsme en exemple, mais sa pensée» ; 142. 24 sept. 1922. «J’ai reçu le mot du Rhin, mais il n’y avait pas le numéro de la rue […]. Alors! Je n’ai pas pu répondre ayant peur que ma lettre se perde comme la Loreley de Heine (pas d’Apollinaire); 172. 28 juin 1923. «Apollinaire avait tiré des journaux quotidiens une érudition moderne au jour le jour formidable; il savait ce qui se passe dans l’univers. Je voudrais que tu connusses les chroniques & les lettres de Heine sur la politique de Louis Philippe.»
LAL, 68. 20 nov. 1923. «Pendant que je vous écris, j’ai le lieutenant L.Vaillant à mon côté droit qui me reproche de ne pas m’occuper de lui. Cependant que M. Eric de Haulleville, poète belge, est près de mon lit à lire je crois du Heine.»
LEJ, 58. 8 mars 1937. «J’ai essayé d’expliquer [Valéry] sans me faire comprendre. Or ayant montré du Swinburne, du Heine & de l’Apollinaire, à l’un d’entre eux qui m’avait demandé d’expliquer Valéry, il m’a déclaré que cela était très beau & n’a pas demandé d’explication. Que conclure sinon qu’on n’exige d’explication que de ce qui ne vous a pas séduit immédiatement.»
LLG, 169. Le 20 août de l’an d’ennui 1943. «L’absurdité s’étend comme une tache d’huile sur la France. Je lis beaucoup Heine avec plaisir: comme c’est rare les belles choses»; 105. 19 mai [42]. «Oui pour Jean-Paul & Novalis. J’aime cet idéalisme. D’ailleurs il n’y a eu de vrai romantisme qu’en Angleterre & en Allemagne; en France la littérature tue tout l’humain. Même Rimbaud, même Verlaine en sont infectés. – Le beau de Verlaine est qu’il l’est moins que les autres. Rimbaud pose; il pose aux facettes du génie constamment, chose que tu ne verras ni dans Heine, ni dans l’humble Novalis & encore moins dans les grands […].»
LLP, 114. 6 janv.[1932]. Rue Nollet. «A
l’heure de la misère parisienne votre beau portefeuille arrive comme une ironie mais c’est l’ironie charmante de Heine. Je me souviens de mon plâtre immobilisant & de la musique militaire jouant chaque jour le Chant du départ. Il est très beau comme ce chant pour le paralysé. Merci! Je garde mes Heine, le Chant du départ & le magnifique portefeuille»; 127. 29 oct. 1934. 9, rue de Duras. «Je voudrais vous parler d’un livre étonnant […]. Ça s’appelle Sainte-Unefois (N.R.F.) & c’est du jus d’orange pressées par des anges […]. C’est délicieux ! Il y a longtemps que je n’ai rien lu de pareil… Depuis Heine peut-être ou Musset.»
MJ/JC, 234. 5 avr. 1925. «Et nous dirons enfin cette vérité que Henri Heine + sait très mal ; j’ai mis dix ans pour la découvrir. Apologue, parabole, petite romance qu’il n’a même pas le courage de laisser romance, sans mettre le demi-quart de sourire absurde derrière. Ça allait bien avec ce Schumann qui est pire que Beethoven avec sa couleur ‘si distinguée’» ; 236 n. 13. «H.H., le poète & l’écrivain allemand au début de sa carrière des poèmes lyriques d’un romantisme pur. Plus tard son esprit critique s’aiguisa, & on voit plus d’ironie, voire de satire ou de caricature dans ses œuvres. Malgré ce qu’il dit ici, Jacob était un grand admirateur de Heine; cf. à titre d’exemple une l. à F.G. Rosenthal, du 2 sept. 1921».
PR, 36, n, 34. «La prem. publication du texte de la conf. de La Phalange nlle mentionne deux titres pour les deux poèmes lus de M.J. ‘Brosse contre brosse’ & ‘Traduit peut-être de Henri Heine’ ; G. Apollinaire. Oeuvres en prose complètes. Pléiade, 1991. 1653.
SAUGUET, HENRI. La Musique ma vie. Librairie Séguier, 1990. s.p. [précède p. 289]. «Bravo! c’est l’émotion même & c’est la poésie. Henri Heine féliciterait l’autre Henri qui l’égale, le surpasse. Bravo. Excuse-moi d’être parti: j’avais ma dose» ; 271. «Ce voyage sur le Rhin, la Loreleï, les châteaux qui dominent firent sur moi grande impression – écrit H. Sauguet. J’étais alors épris des poètes romantiques, Jean-Paul, Schiller, que j’avais mis en musique, Heine dont M.J. m’avait souvent entretenu. Le paysage répondit aux sentiments qu’avaient fait naître en moi ces poètes qui les avaient exprimés.»
HERTZ, HENRI (1875-1966)
A HENRI HERTZ. Corr. II. 302. «Ce livre à coin-coin, mikadonal, comme aurait dit feu Guillaume, marsupial, dirais-je à mon tour s’il m’était permis de joindre mon criquet à sa manche à vent, ce pétale sur ma table comme une crise-anthème: il ne veut pas se fermer, il se soulève comme les laves d’un Vésuve jamais clos, toujours éclos, il se pince les mamelles (mamillas), il s’onuphre, s’arrache les mangeoires, les nageoires, le péritoine, l’antimoine & le glocester, il se tire-bouchonne comme une danseuse, se diapre l’écaille comme une tortue orthopédique &, comme moi-même, refiuse de conclure.»
HENRI HERTZ fit un « Max Jacob en dix minutes » (le 7 avr. 1921). LMJ, 60-61.
--- REÇUT LE PRIX MALLARME en 1938 pour l’ensemble de son œuvre. LNF, 153, n. 4.
LAL, 110, n. 13. Poète, romancier, journaliste, critique d’art, essayiste fr., fut l’un des prem. amis de M.J. H.H. dédia à M.J. un long poème de Lieux communs (1921): ‘Le rendez-vous de vingt-trois heures.’ Jacob dédia à Emma Henri Hertz un des contes du RB «Surpris & charmé.»
LJRB, 137. [1912]. «Je t’ai souvent parlé de la haute portée des efforts de mon ami H.H vers toutes les beautés. Hertz prépare une série litt. d’un journal politique La Démocratie Sociale qui est destinée à une vie longue fructueuse & intelligente.»
LMJ, 118. 30 juin 1924. «Juge merveilleux! je voudrais que vous connussiez le dernier livre de H.H. & que vous me disiez votre avis. Je tremble que l’amitié ne m’empêche de le juger droit.» 118-19. n. 9. «Henri Hertz, poète, journaliste, critique d’art, romancier & essayiste fr. M.J. connaît H.H. depuis longtemps déjà, ce qui explique sa réflexion. L’œuvre dont il parle est le Guignol Horizontal, publié à la Galerie Simon en 1923. Jacob écrit là-dessus une l. à Hertz qui est une chef-d’œuvre à sa manière, très amusante & fort probablement ironique.» [Voir l. Corr. II, 302].
PJ. LETTRES DE M.J. A H.HERTZ. 27-28, 48, 55, 56, 60, 74-75, 94 une lettre-poème, 188, 279, 284, 341, 384 ;
A M. & Mme H. H. 52, 53, 57, 110, 150
H0FFMANN, ETIA [ERNEST, THEODOR, AMADEUS] (1776-1822)
LAL, 59. Roscoff, 31 août [1923]. «On est stupéfait qu’un décor de maisons basses & blanches & toutes renfrognées à la mode bretonne découvre tout d’un
coup ces floraisons entre des rochers. Le golfe est océanien & fermé par une île de lilliputiens bretons. Pays extraordinaire qui dépasse Hoffmann & Poë!»
LLG, 156. 13 mai 1943. Quatrain inéd. ‘J’adore Hoffmann & je vais acheter le Chat Murr/ bien sûr délecter/ me rouler dans la saumure/ m’y faire les ongles des pieds.’
LMJ, 49. 27 mai 1923. «J’aime la couleur de ces Kraquelin, leur profondeur enfoncée; je n’aime pas les violonistes de génie ailleurs que dans Hoffmann, & j’ai horreur des ‘innocents de village’, des vagabonds.» - 50, n. 2. «Le conte auquel Jacob songe est ‘Le violon de Crémone’, écrit en 1816, publié d’abord sans titre dans Les Sérapion,[…] & finalement repris dans le recueil Contes Fantastiques […] sous le nom qu’il porte aujurd’hui.»
LRT, 91. 13 mai 1943. «Si tu trouves chez les libraires courants Le Chat mûr d’Hoffman & Jeanne d’Arc, chef d’armée de Funck Brentano achète-le-moi à des 40 F pièce.»
M.J. & THE POETICS OF CUBISM by G. Kamber. Intr. XII. Selon K., M.J. aurait choisi l’Ecole Coloniale (au lieu de l’Ecole Normale Supérieure qui était le choix de ses parents) car il avait une obsession des pays exotiques, probablement après avoir lu Mille & Une Nuits de Galland, Poë & Hoffmann – ou simplement à cause de son frère aîné qui travaillait en Afrique au service du gouvernement.
HOLDENBERG
LRR, 94. 21 août 1943. «J ‘ai connu tant soit peu le Bouddhisme par le livre
d’Oldenberg que vous connaissez sûrement, c’est un livre introuvable mais quelle perle ou plutôt quelles perles! 110 ms. traduits, etc… Il y a assez de christianisme là-dedans pour qu’on ait cru à des voyages de N.S.J.C. Ces voyages étaient inutiles à Dieu Je ne me souviens pas de ce qu’est le Vedanta» ; PR, 45. «Le livre d’Holdenberg fut probablement conseillé à M.J. par son cousin orientaliste Sylvain Lévi qui en avait écrit la préface.»
HöLDERLIN, FRIEDRICH (1770-1843)
LLG, 166. 7 août 1943. «Jean-Paul, Hölderlin sont des bouillons trop forts pour moi & sans profit (j’aime mieux alors de vrais philosophes).»
HOMERE
LFF, 36. 19 déc. 1918. «Un artiste c’est une coquette. Vois comme Homère s’attarde aux jolis détails, comme Racine se roule dans l’harmonie, comme Dostoïewski se complaît dans les paroles caractéristiques du dialogue [...].»
LMM, 76. Fin fév. 1941. «La recherche de l’épique! Personne ne le peut encore […]. Je n’ai pas plus de poumons que vous n’avez de biceps, mais l’idéal
c’est Homère» ; 115. 10 sept. 1942. «Hugo c’était: ‘moi le mage.’ Rimbaud c’était:’moi le génie.’ On n’a pas cette impression avec Homère & encore moins avec Villon» ; 136. Oct. 1943. «[…] où je ne te suis pas c’est quand tu crois à la naïveté d’Homère: je crois qu’Homère est comme le Dante ce qu’on appelait alors ‘un initié’! Je suis sûr de la signification du cheval de Troie & de ces armes enchantées ainsi que de la tapisserie de Pénélope.»
MAX JACOB. «Deux livres & un poète nouveau.» La Politique & les Lettres 1 (mars 1919): 9. [La poésie de Paul Méral & c.r. de son Livre des récitatifs & Le dit des Jeux du Monde.]. «Homère séduit, mais la séduction est la voile de la Beauté & non sa parure. Il est rare qu’on l’ait écarté quand on a travaillé pour le public & lui-même n’a pas songé à le faire. Certaines oeuvres qui ne doivent leur pureté qu’au désintéressement de leurs auteurs sont là pour montrer avec leur différence des autres celle qui sépare la Séduction de la Beauté. […]. Harmonie de la composition, abondance ou choix des images & des mots, détails qui évoquent la réalité, voilà la séduction!»
HONEGGER, ARTHUR (1892-1955)
«DANS LE DIT DES JEUX de MERAL, où se retrouvent les influences de Wagner, Schoenberg & Stravinsky (Oiseau de feu), est une partition pleine de hardiesse. La bonne de Honegger qui assistait à une représentation du Vieux Colombier, écrivit à ses parents qu’il les trompait, ne travaillait pas & tapait sur des casseroles. C’était la prem. œuvre importante d’A.H. qui obtint un succès énorme. L’orchestre était extraordinairement dynamique, parfois même de percussion seule.» «Les Six vus par Jean Cocteau.» Avant-Scène 365-66 (1-15 oct. 1966): 14. – «La musique de scène d’Arthur Honegger accompagne dix danses, deux interludes & un épilogue. C’est sa prem. œuvre orchestrale, exécutée par un orchestre de 25 musiciens solistes dirigé par Walter Stram, fit sensation.»
HUGNET, GEORGES (1906-1974)
MJ/JC, 297 [mai 1925]. «Le rêve de Hugnet est Kahnweiler. J’irai donc voir K. & je me permettrai de dire que Max etc. […]. Notre seul privilège est de pouvoir faire pour eux ce que nos aînés détestaient faire pour nous.»
---. 261. n. 3, l. 20 avr.1925. G.HUGNET «habitait le même immeuble que M. Jouhandeau qui a fait connaître les poèmes du jeune homme à M.J. (en oct. 1924). Hugnet racontera cette rencontre dans Pleins & Déliés. « […] Je ne sais pourqui Max fut amené à se comparer à une huître.» - 412. M.J. à J. C. «J’aime passionément le Bohémien de la Ligne de Cœur. C’est de la grande poésie & Georges [Hugnet] nous fait honneur.»
MJ/JM, 54, n. 3. «Georges Hugnet: proche des surréalistes, étaient l’auteur de plusieurs ouvrages dont 40 Poésies de Stanislas Boutemer en 1928, livre ill. par M.J.» ; 90. Poèmes de M.J. publiés dans le 5e no de Chroniques (1er mars 1928) (le no 24 de la série): 65-68. ‘Poèmes’, qui rassemble des textes de M.J., Paul Sabon, Georges Hugnet, Pierre Colle & Elie Gothchaux.
HUGO, VICTOR (1802-1885)
ANDREU. VM. 112. «Les mots en liberté.» Nord-Sud (oct. 1917). «Le style est une trad. fr. que V. Hugo représente avec force.» 238. L. à Béalu, 13 avr. 1937. «Le plus précieux de tous les dons du poète, proclame M.J., c’est le volume de la voix. ‘C’était le don de V. Hugo’.»
AP, 65. «A l’art Arlequin (Victor Hugo) substituer l’art Pierrot qui est l’A.B.C. du vrai grand art.»
BELAVAL, op. cit. 28-29. «[…] ce qu’il faut éviter plus que tout, c’est le pathos, par ex. à la Hugo. Il est aussi facile de parler couramment Hugo qu’anglais ou espagnol. Ecoute… Tu m’arrêteras quand tu en auras assez. Il se mit improviser en Hugo, sans une hésitation, décrivant le jardin où nous nous promenions – ombre rimait avec concombre – le coucher de soleil, me demandant de mes nouvelles, faisant le portrait d’un ami, etc; & tous les Hugo y passaient, celui des Orientales comme celui de la Légende ou de la Chanson des rues & des bois, & cet ‘A la manière de…’ prenait une surprenante force critique.»
CADOU. ESTH. 70. «Je n’aime ni Mallarmé, ni V. Hugo: j’aime la poésie intérieure de Rilke, Verlaine (oui !) & Milosz. Mon opinion ne fait pas loi. V. Hugo est le type de la poésie extérieure. J’ai horreur du récit en poésie. J’ai aimé Apollinaire parce qu’il n’a ni récit, ni description. Opinion personnelle.»
CORR. I. A Doucet. 132. 30 janv. 1917. «J’entends par l’éclat lyrique, cette folie, cette exaspération de plusieurs sentiments élevés qui, ne sachant comment s’exprimer, trouve un exutoire dans une sorte de mélodie vocale, dont les amateurs de vraie poésie sentent les dessus, la légèreté, la plénitude, la réalité: cela est du lyrisme: il y en a très peu de par le monde![…], il n’y en a pas chez Hugo, ce rhéteur.»
IBID, 63. A H. KAHNWEILER. 5 oct. 1911. «V. Hugo, dont la mémoire m’est chère, faisait rimer ombre avec sombre & orange avec ange, ne l’oubliez pas en excusant mes dernières volontés. O mon exécuteur testamentaire!»
FOLLAIN, JEAN. «Entre le badinage comique & la gravité douloureuse.» Monde 22 mars 1969. «Il m’a maintes fois dit sa grande admiration pour Chateaubriand. Par ailleurs, j’étais malheureux de la détestation qu’il gardait à V.H. Suite à une citation que Follain lui en avait faite sur une carte postale: «Oh! le menteur, le menteur!»
A LAGARDE. St. B. 27 janv. 1941. PJ, 474. A propos des pastiches de Lagarde: «Ton Hugo est magnifiquement bien attrapé, mais ce n’et pas à la louange de la vie intérieure de ce comédien qui a eu le génie de la comédie accompagné des plus grands dons du monde» ; Frédéric Lefèvre cite cet extr. de la l. à Lagarde Op. cit. in «Une heure avec M.J., poète, romancier & humoriste.» NL (12 avr. 1924; ibid. 53:2513 (29 déc. 1975). «Une lettre privée du 17e siècle est plus belle que tous les romans du V.H. réunis.»
LJF, 27 déc. 1935. 253. «Oh-Hugo! – c’est l’influence sur un siècle & quart qui est formidable. Je ne lis jamais cet homme d’un autre âge. Pas plus que Ronsard, ce grand ‘artiste’ si peu lyrique, le prem. des ‘artistes’ & la clôture de toutes les candeurs. Il fallut attendre le XIXe siècle pour la retrouver. Ne publie pas cette opinion, je t’en supplie.»
LLG, 155. «Victor Hugo m’a pillé! violé!» – 156. 13 mai 1943. «V.H. à petites doses comme les poisons» ; 158. 7 juin. «Tout à fait de ton avis contre Hugo qui est un faux grand homme: inférieur à tous les grands hommes.»
LMM, 135. Oct. 1943. «Je relisais Hugo, c’était déjà la culture (mais quelle malice!) & d’autres, de pire en pire. Il n’y a que les très grands hommes qui peuvent supporter ce poids.( E. Poë savait l’hébreu & le sanscrit; & Goethe!! mais Gide est mort de culture: il aurait pu être: & Claudel est illisible à force de rhétorique). Le mieux serait d’être un enfant.» - 115. 10 sept. 1942. «Hugo c’était: ‘moi le mage’.»
MJ/JM, 40. 7 mai 1926. «[…] le XIXe & le XVIIIe sont la grande décadence de la Poésie: on n’attendait plus le Messie de l’innocence; on avait reçu l’antichrist Hugo» ; 72. [15 août 1935]. «Hugo n’a été moral que parce qu’il voulait bien pour être populaire […]. »
ROUSSELOT. Op. cit. 85. Extr. d’une l. «[…] le lyrisme est rare, même chez Hugo. (car il ne faut pas confondre lyrisme & excessivisme verbal).»
JABES, EDMOND (1912-1991)
LJF, 265. 10 juin 1936. «Je ne tiens nullement à M. Jabès lequel ne m’écrit que lorsqu’il a un service à me demander, lequel est millionnaire & ne m’a même pas en reconnaissance acheté une gouache, & de plus est ennuyeux comme l’argent.»
LRT, 128. Cité des LEJ, 76. «Il faut nous attendre dans le cours des siècles à retrouver le martyre dont le sang féconde. Quant à moi j’y suis préparé dès longtemps & comme juif & comme cath. fervent. J’en parlais avant Hitler, j’en parlerai toute ma vie.»
PR, 41. «Le sentiment d’étrangeté &
l’hostilité de l’univers dans lequel l’homme est jeté, est évidemment renforcé pour un Juif, ou plutôt, la situation de celui-ci devient exemplaire & caricaturale de celle de tous; c’est pourquoi les écrivains juifs paraîtront développer cette thématique plus que les autres. C’est en ce sens probablement qu’en 1990, E. Jabès, qui fut l’ami & le disciple de M.J., peut dans son livre, Un étranger avec, sous le bras, un livre de petit format, faire du Juif & de l’écrivain l’étranger par excellence. (Gallimard, 24-25).»
---. 533. «LES MEILLEURS MOTS SONT LES MOTS CONCRETS table chaise, tenailles, (LEJ, 67) & le grand reproche fait à Jabès c’est justement de ne jamais songer à les employer. Si bien que pour le ramener aux dimensions du réel, Jacob en arrive à lui donner des conseils de peintre: «Travaille avec sur ta table des objets: équerres, tenailles, vieilles clefs, tiroirs, etc… c’est très sain pour l’esprit. Descend! le ciel est en bas.» (LEJ, 67).
---. 541. «Face aux événements tragiques que le siècle va vivre, la poésie risque de se couper de la population, non pas d’un public potentiel, mais de ce qui lui donne sa légitimité, de l’humain. La lettre à Jabès est très claire: il faut retrouver le langage des hommes dans une humanité qui prend conscience d’elle-même, qui se retrouve plus humaine parce que plus souffrante.» LEJ, 51.
JACOB, MAX. TEXTES IN MJ/JC
MAX JACOB. Vocabulaire par Jean Cocteau. (Ed. de la Sirène). Les Feuilles libres 27 (1922) : 216-17. MJ/JC, 609-10. Appendice IV; Prière d’insérer pour Poésies. 1916-1923 [par Jean Cocteau]. P. 612 ; 613-14. AppendiceVII. Poèmes de M.J. 1. Inc. « Marie-toi qui tu aimes… » 2. Inc. « Robe de lin du roi de l’Inde» ; Appendice VIII, 615. J’adore livre de Jean Desbordes. Compte rendu de Max Jacob.[Ms. de ce texte in PJ, 304-05].
JALOUX, EDMOND (1878-1949)
LNF, 76. 26 janv. 1925. «[…] je lis les livres que [tu] m’as laissés: E. Jaloux, etc… je ne suis pas capable d’en faire autant & cela me soulage car si je savais le faire, je le ferai [sic] ce qui serai [sic] triste» ; 77, n. 4. «Romancier & grand critique fr. Jacob veut-il dire qu’il ne pourrait écrire un roman traditionnel comme Jaloux ? Ou, puisqu’il est question de critique litt. ici, peut-être lisait-il l’ouvrage récent de Jaloux, l’Esprit des livres, publié chez Plon-Nourrit en 1923.»
JARRY COMPARE A MAX JACOBJ
ALAIN BOSQUET. Bosquet. «Relire les poèmes de M.J.» NRF 218 (fév. 1971): 59. «[…] plus versatile - donc plus riche que Jarry.»
JOUVE, PIERRE JEAN (1887-1976)
CASSEL’S ENC. OF WORLD LIT. 1973. 760. Born in Arras, reached his personal poetic inspiration by way of unanimism, Freudian psychology & religion. He is haunted by a metaphysical preoccupation with the catastrophic situation of a humanity caught between anguish & the longing for redemption. His verse is closely knit & rich in obscure beauties. The younger generation of poets have been deeply influenced by its intensity & sincerity. – Brilliant critic. Heures, (1919), Tragiques, (1923), Les noces, (1928), Le paradis perdu, (1929), Sueur de sang, (1933), Kyrie, (1938), La Vierge de Paris poems of the Resistance, (1945), Diadème, (1949), Langue, (1952), Mélodrame, (1954), Proses, (1960), Ténèbres, (1964). Translated also Shakespeare & Hölderlin. – Criticism of his work: H. Starobinski, (1946), R. Micha, (1955), M.M. Callander. The Poetry of P.J.J. (With bibliography) (1965), Girard, Richard.).
COLUMBIA, 413. Le Don Juan de Mozart, 1942 is a keen accessible analysis of Mozart’s genius as seen in a work that, through its concentration on the themes of love & death, mirrors J’s own principal preoccupation. Later works : Hymne, (1947), Diadème, (1949), Langue, (1952), Mélodrame, (1957), Inventions, (1958), Ténébres, (1965). He works constantly to obtain a poetry justifiable as chant, that will incarnate his spiritual concerns. In 1925 he turns to novels & short stories the heroine of Paulina 1880, (1925) tortured by eroticism & mysticism, echoes the themes & ideas seen in his poetry of the period.
THE CONCISE ENC. OF MOD. WORLD LIT. London: Hutchinson, 1963. 241. «To start with, he simultaneously explored Freudian psychology & christian mysticism. It was a prolonged effort of catharsis & reorientation. ‘I found myself turned (in En miroir, 1954) towards two fixed objectives: first, to forging a poetic language which entirely justified itself as chant 2ndly, to discovering in the poetic act a religious perspective – the sole response to the néant of our time. – He has always chosen exile & retreat & his concentration on themes of culpability, the coincidence of Eros & Death, catastrophe & apocalypse.
EVERYMAN’S DICT., 285. The disasters of the I WW have a profound effect on him, & his work is a slow pilgrimage from grief to the hopes of redemption. His difficult but strangely haunting verse is well exemplified in Tragiques, (1923), Le paradis perdu, (1924), Sueur de sang, (1933), Kyrié, (1938), La Vierge de Paris, (1945) inspired by Resistance, Diadème, 1949, which reveals his hankering after the solitude of his earlier years. Ode, (1951), Lyrique, (1956), Invention, (1958), Proses, (1960).
THE OXFORD COMPANION TO FR. LIT. Oxford U Press, 1959, 377. Was at one time associated with the Abbaye Group. An interest in freudian psych. & his conversion to Rom. Cath. (1924) were later, much stronger influences, to be seen in the mixture of eroticism & mysticism which characterized the bulk of his writing. The poems of Heures, (1919) & Tragiques, (1923) are of the earlier period. Thereafter, Les Mystérieuses Noces, (1925), Les Noces, (1928), Sueur de sang (prefaced by an essay on poetry & the unconscious), (1935), Matière céleste, (1937) contain some of his best work. Témoins, (1943) is a good representative collection. His poems of the war years & the Resistance (1940-45), such as Vers majeurs, (1942), are all included in the collection La Vierge de Paris, (1945). His novels of less value, were all written before 1939, e.g. Paulina 1880, (1925), Le Monde désert, (1927). P. 177.
THE PENGUIN COMP. TO LIT. 1969. 406. «The poetry of his mature years is religious in inspiration, & to its intense & mystical themes is allied a pattern of striking freudian imagery. [See works listed above] & Matière céleste, (1937). War was seen by J. in apocalyptic, visionary terms; there are flashes of prophetic apprehension in Kyrié, (1938) while La Vierge de Paris, (1946) his best known collection, private meditation is counterpointed by the public disaster in an attempt to integrate guilt, suffering & vengeance. Later books explore the potentialities of poetry & the role of language. Ode, (1950), Langue, (1954), Proses, (1960). He’s also an important novelist Paulina 1880, (1925), La Scène capitale, (1935), a considerable critic & essayist, a translator of Shakespeare, & the author of a measure of autobiograpy. En miroir, (1954). His powerful treatment of the themes of love & death & guilt, his strange, dense, haunting images & his integrity make him a remarkable figure.
READER’S ENC. London : Black, 1965. 530. At first closely associated with the Abbaye Group, inflenced by Unanimism & R. Rolland. Jouve wrote stories of the war & poems of pacific protest. His early poetry was collected in Heures (1919, 1920) & Tragiques (1923). In 1924 he turned to catholicism & to Freudian psychoanalysis. The resulting energetic mingling of religion & sexual imagery produced his best work: the poems of Les Noces (1928); Le Paradis perdu (1929); Sueur de sang (1933); Kyrié 1938) & the novels Paulina 1880, (1925); Le monde désert (1926); Histoires sanglantes (1931), La Scène capitale (1935).
TEXTES. De 1925 à 1938 Kyrié, les oeuvres de Jouve sont éditées chez Gallimard, puis Diadème (1949) & Ode (1950) aux éds. de Minuit. Wozzeck, (1953) chez Plon & ses dern. oeuvres à partir de 1954 au MF.
WORLD AUTHORS, 1950-70. N.Y.: 197. Fr. poet, novelist & critic born at Arras in Artois. ‘When I left the lycée about 1905,’ he said, ‘I had a profound contempt for poetry. Aptitudes of a scientific nature led me to believe that it was sterile & useless… It was Mallarmé who one day & at a single blow demolished my negative attitude by his Vers & Prose.’ In 1907, helped found literary magazine Les Bandeaux d’or where he published earliest poems. Closely associated with Jules Romain’s unanimiste mouvement. J. published 3 vols. of verse between 1910-1913, in Parnassian tradition – rich, musical, vigorous, but also juxtaposing abstract philosophical speculations & sharply visual imagery. Spent WWI in Switzerland where pacifism reinforced by Romain Rolland expressed in Vous êtes des hommes, (1915), Poème contre le grand crime, (1916) & Danse des morts, (1917). He said Romain Rolland vivant 1914-19, (1920) was ‘a poem & an act of faith.’ Tragiques, (1923) contained poems written during & after war. In Italy in 1923 underwent spiritual upheaval & returned to Cath. Church. Event reflected in 2 novels: Paulina 1880, (1925) & Le Monde Désert, (1927). In Noces, (1928), made public announcement of his renewed faith & rejected everything he wrote prior to 1925. Afterwards, main influence were Catholicism & Freud (in 1925 married psychoanalyst Blanche Reverchon). J’s subsequent poetry attempt to resolve conflict between Christ & Eros, to find chord expressing connection between death & sex. In Le Paradis perdu, (1929), fall of man ascribed not to Eve’s eating apple but to her sexual intercourse with Satan. Sqeamish critics have been disturbed by mixture of religious & erotic elements in Sueur de sang (1933). Poems grew increasingly austere & simple, seeking, he said, a condition of ‘nakedness’. His fiction, considered less important. Hecate, (1928) & Vagadu, (1931) are studies in sexual pathology. ‘Dans les années profondes’, of the stories in La scène capitale (1935) included touches which might have made even Freud raise his eyebrows a little.
PR, 281. «La prose est œuvre profane, réservée au profane. En revanche, le poème devient le mode privilégié par lequel la foi peut s’exprimer.» Il écrit à Jouve Cah. de l’Herne no spéc. Jouve, 1972. 120: il faut laisser ‘l’amour de Dieu (aux) poèmes & le cacher sous la prose. C’est une façon de le respecter que de le chanter ou de la taire’.»
VOIR LETTRES DE M.J. A JOUVE in L’Herne 10 (1972):119-22. 6 lettres de 24 juin, 20 oct. 1935; 4 juill., 5 nov. 1939; 15 avr. 1940.
KAFKA, FRANZ (1883-1924)
BELAVAL, op. cit. 55. 13 oct. 1942. «J’adore le peu que j‘ai lu de Kafka & je me plains de n’en avoir pas un seul livre.»
CADOU. «La vie du poème.» Op. cit. 143. «Jarry, Kafka & Poë, ces trois astres noirs, brillèrent un temps au-dessus de la rue Ravignan.»
---. ESTH. 48. «Je prends X pour un blagueur, ainsi que tous les surréalistes: ils s’amusent, c’est bien. Ils amusent les autres, c’est mieux, mais la poésie c’est Lorca ou Kafka. Il y a plus de poésie dans le sincère Salmon ou dans Milosz que dans aucun surréaliste.»
LLG, 159. 7 juin [1943]. «Oui ! j’ai vu Marcel [Béalu] le bien-aimé avec 3 dames dont la sienne. Son ms. est par trop Kafka. C’est scandaleux ou rigolo, on ne sait que dire d’autre. Il fera mieux.»
LMB, DV, 251. 3 déc. 1941. «Kafka est magnifique. Il aura sa place un jour.»
LMM, 156, n. 1. «A l’égard de Kafka, que Jacob trouve supérieur aux surréalistes, il n’a que des louanges.»
---. 81. 19 mars 1941. «SI TU TROUVES LA METAMORPHOSE de Kafka, vends ta dern. chemise & achète-le. C’est quelque chose qui rappelle les pièces humoristiques de Dosto… mais c’est plus moderne, plus rare, plus fou encore, en l’étant moins. D’ailleurs ce n’est pas fou du tout, c’est très réaliste. 82. Que faire si le subjectif s’exprime à plein & en gros ? Il faut laisser le plein & le gros parce que, s’il exprime profondément le subjectif, il est ‘enceinte’ & cette grossesse donne l’auréole indispensable à la beauté. C’est ce que j’admire dans Kafka […]. Ses reliefs viennent de l’ombre & en portent la marque. C’est cette auréole d’ombre que M. Paul Petit appelle la ‘réponse’ des œuvres. J’appelle ça l’anneau de Saturne ou la marge.» - 97. 18 juill. 1941. «Je ne vois
qu’un homme aujourd’hui dans cette gabegie, c’est F. Kafka, & il est inimitable.»
LNF, 187. [Déc. 1942]. «Je lis du Kafka près d’un feu de bois, provisoirement abondant.»
---. 189, n. 9. «FRANZ KAFKA écrivain tchèque de langue allemande dont Jacob a certainement su apprécier le côté parodie littéraire, mais son univers angoissant & absurde n’aurait guère pu le consoler dans un monde rendu absurde par la guerre. Les grandes œuvres de Kafka avaient déjà été trad. en fr.: Métamorphose en 1928, Le Procès en 1933 & Le Château en 1938.»
ROUSSELOT. Cahs. du Nord, no spéc. 212. 14 janv. 1943. «Béalu m’a laissé un livre de Kafka qu’on s’efforce de trouver mystérieux & qui me semble clair.»
KAHNWEILER, HENRI (1884-1979)
L’ECHELLE DE JACOB. 188, n.3. «Marchand de tableaux. Il a été un des prem. à s’intéresser aux peintres cubistes. Il se lancera également dans l’éd. & publiera M.J. Il éditera en 1911 SM, ill. d’eaux-fortes de Picasso, OB, ill. par Derain, SJ, ill. par Picasso. Il ouvrira pendant 1907 une Galerie, 28 Rue Vignon. Dépossédé de sa coll., pendant la prem. guerre, parce qu’Allemand, celle-ci sera vendue aux enchères en 1919. En 1920, il fondera une 2e galerie, la Galerie Simon (du nom de son associé, Simon Kra), rue Astorg.»
CORR. INED. EXTR. DE L. A KAHNWEILER IN MJ/JC.
1. P. 264, n.3. 27 avr. 1925.
2. 290, n. 6. «Tout d’un coup je me porte très bien. Les gens sont charmants & j’ai envie de dire du mal de personne pas même de Gallimard.»
3. Au même, n. 4.
4. 319, n. 2. «Je marche aussi pour Raphaël, vrai portrait du cubisme! 3 juin 1925. L. à J.C. 20 juin 1925.
5. 25 déc. 1926. P. 468, n. 1. L. 27 déc. 1926. A propos de Paul Sabon. Sabon s’est battu avec Roland Tual qui lui proposait d’aller faire visite à Breton.»
LAL, 38, n. 3. «Daniel-Henry Kahnweiler riche marchand de tableaux, a aidé peintres & poètes débutants, en achetant leurs toiles & ms. […]. M.J. réservera l’exemplaire no 1 de SM à Kahnweiler le dédicaçant ainsi: ‘A Henry Kahnweiler, soutien de l’art français & compagnon du Lys, je t’offre ce bouquet que toi-même cueillis.’ (Cat. de l’expo. au Palais des Beaux-Arts de Lille, avr.-mai 1965, no. 96). Une longue amitié a uni M.J. à H. K.; il y eut entre eux une longue corr.»
LRT, 27. 14 nov. 1937. «Tu as Gertrude [Stein], Kahnweiler & Picasso c’est-à-dire le roi & la cour» ; 40. 28 déc. 1938.
écrit pour le nouvel an à Kahnweiler. Je lui ai mis qu’il devait bien s’occuper de toi !» 43. 5 mars 1939. «Va voir Kahnweiler sans lui dire que tu es dans la mouise car lui aussi profiterait de cela pour te faire des conditions ignobles» ; 44. 23 mars [1939]. «Kahnweiler ne m’écrit plus parce que je ne suis pas assez communiste pour eux » ; 70. 20 mars 1942. « […] Picasso a des peintures de Lascaux chez lui achetées par lui-même Picasso à Kahnweiler» ; 115, n. 24. «R. Toulouse a eu de la chance de rencontrer Picasso & K., autant dire qu’il a vu le pape & l’empereur.» In DV, 131; 122, n. 77. «André Beaudin (1895-1968) appartient avec son épouse Suzanne Roger à ‘l’écurie’ de Kahnweiler chez qui il expose en 1935. M.J. rédigea la préf. de l’expo. […] à la galerie Percier en 1923 » ; 124, n. 93. «K. avait été en 1922 le prem. éd. de M.J. avec les Matorel, en même temps que le soutien de la génération cubiste. Max & lui ont été très liés. Il est vrai que le marchand s’approcha des surréalistes, mais sans les apprécier. Seul le peintre Masson & l’écrivain M. Leiris l’intéressent, & ce, sur les conseils même de Jacob. Sur le plan politique, K. est avant-tout anti-fasciste, plus que communiste […].»
VOIR LA BIOGRAPHIE DE KAHNWEILER. PIERRE ASSOULINE. D.H. Kahnweiler, l’homme de l’art. Folio, 1988.
KIERKEGAARD, SOREN (1813-1855)
BELAVAL, 45. «Kierkegaard se moque & fort bien de tous les systèmes philosophiques. Il se rapproche sans s’en douter du taoïsme & peut-être de la Kabbale (laquelle est à mon sens la seule philosophie vraie). 46 […] il est un entraînement merveilleux pour ce qui est de la vie intérieure, & tout ce qu’il dit sur la foi par les actes est excellent.»
ESTH. 60-61. «Le dictionnaire & la philosophie (l’Histoire des Idées) oui, oui. – Le manque d’os… ce n’est pas le dictionnaire qui le donne, certes, au contraire, c’est la facilité. – La philosophie est la nourriture du cerveau & jusqu’à un certain point l’ossature de la personne. Facilité aussi hélas!! Mais la force de cette ossature? je suis comme toi ! je la cherche avec toi, souffrant du même mal. C’est Kierkegaard qui m’a donné le remède: je te repasse le flacon & l’ordonnance pharmaceutique; peut-être sauras-tu t’en servir encore à ton âge! moi c’est trop tard peut-être ? ou bien le manque de courage, étant, ayant été un lâche!!! – Il y faut en effet plus de courage que dans les exercices de la guerre. – Le remède est dans une constante mise au point du ‘moi’. Où suis-je ? ma table ? mon papier ? ma plume? qui est devant moi ? un inconnu! Comment est-il ? Qu’est-ce que je lui dis ? Pourquoi lui dis-je cela ? Je suis un îlot. Tout EST LOIN DE MOI, même ce porte-plume que je tiens pourtant.»
LLG, 66. «Enfin je retourne souvent à Kierkegaard.»
PLANTIER. M, 30. «La lecture de Kierkegaard l’a conduit à une résistance de plus en plus grande à son penchant vers une culpabilité excessive.» Voir MJ par Plantier. 102
PR, 430-31. «Note inéd. sur Kierkegaard» citée par R. Plantier. MJ, 77. Note de10 lignes dont l’essence est: ’Si l’homme n’avait pas été dans le désespoir Dieu n’aurait pas entrepris de le sauver. Et s’il a entrepris de le sauver c’est qu’il n’est pas comdamné au désespoir’. [Commentaire au Traité du Désespoir de Kierkegaard].
---. 552. «ET C’EST A K. que le poète doit, sinon le principe, du moins la formule de cette double réflexion, conduisant au dédoublement permanent par rapport à soi-même qui revient à une mise à distance entre le ‘toi’ & le ‘moi’ […]. » ‘Quant au catholicisme, [écrit M.J.] il consiste dit K., dans la vie intérieure, c’est-à-dire le fait de se rendre compte de ce qu’on sent, de ce qu’on dit, de ce qu’on fait, multiplié par la double réflexion (c’est-à-dire se voir soi-même se rendant compte).» DV, 216.
KIPLING, RUDYARD (1865-1936)
MJ/JC, 171. 29 août 1923. «Kipling c’est extrêmement mince. Beaucoup de bruit pour rien ou presque. Je crois que je l’ai lu hier pour la prem. fois.»
PJ, 135. A Rosenthal. 10 mars 1922. «Regarde Shakespeare comme il est chaste, compare-le a Maurice Donnay & autres Bataille. Ibsen, Dumas fils? le Dante? Balzac, Kipling, … sont chastes.»
LACOTE, RENE (1913-1971)
GUIDE ILLUSTRE, 230-31. Il a su concilier l’amour de la nature la générosité humaine & ses exigences artistiques dans des poèmes pleins d’une langue rigoureuse, aux mouvements très équilibrés. Vent d’Ouest, (1942), Où finit le désert, (1952). Dans les Lfr, il est chaque semaine le vigilant observateur des talents poétiques nouveaux.
LAROUSSE LITT. FR. T. II, 1968. 362. R.L. a donné de beaux recueils où la nature & les privilèges de l’amour retrouvent sous un jour nouveau, leur alliance romantique. Vent d’Ouest (1942), Claude, (1943), Où finit le désert, (1952). Il appartient au nouvel humanisme poétique.
LMM, 94. Fin juin 1941. «Il y a un conteur dans René Lacôte;» 158, n. 2 à la l. XXXV. «Ses prem. recueils sont Frontière ; Métamorphoses ; suivis par Vent d’Ouest (1942); Lande (1943); Où finit le désert (1952). Ses chroniques des Lfr témoignent d’un intérêt constant pour la poésie.»
PANORAME DE LA NLLE LITT. FR. Gallimard, 1960. 216. C’est l’accent d’un lyrisme confidentiel que nous trouvons chez R.L. qui nous émeut par sa sincérité, sa voix parfois trébuchante comme une mue d’adolescent, une ingénuité qui s’allie consciemment à l’éclat un peu précieux des images, au réseau de brillantes métamorphoses, les paysages de l’enfance entourés de leurs landes & de leurs dunes balayées du vent d’Ouest, le mythe toujours repris d’un visage féminin. La littérature occupa dans Les Lfr une place de prem. plan. Notons l’intérêt constant pour la poésie (Chronique de R.L. & Pierre Seghers).
PUF, 222. De Frontière à Où finit le désert, son itinéraire, jalonné par Métamorphoses & Vent d’Ouest, (1942) l’a conduit de la quête solitaire du surréel à un humanisme ouvert & fraternel.
LA FONTAINE, JEAN DE (1621-1695)
A M. RAYNAL. Corr. I, 102. 23 sept. 1914. «La Fontaine en ses fables se diminue par sa moralité étriquée & laisse voir l’homme, le pauvre homme républicain.»
LLP, 150. 30 mai 1937. «La Fontaine auquel en somme il faut toujours revenir quand il s’agit de lieux communs faciles.»
LMM, 46. 4 fév. 1939. «Lis ‘l’Alouette & le Maître d’un Champ’ fable de La Fontaine. Ne t’attends qu’à toi seul […]. Le meilleur ennemi est notre meilleur ami parce que l’on compte en vain sur lui.»
LAFORGUE, JULES (1860-1887)
A DOUCET. Corr. I. 134. 30 janv. 1917. «[…] je trouve Laforgue trop explicite: il dit trop & ne sous-entend pas assez […].»
A FRANCIS GUEX-GASTEMBIDE. St.-B. 22 nov. 1943. «le mot […] il n’est pas là pour l’étalage; il n’est pas là pour faire une image de plus au catalogue, comme sont trop souvent les poèmes de nos amis. Ecole de Laforgue!» PJ, 504.
SSF. III. 1920-1940 par A. Salmon. 118-19. « […] une nuit de 1907, M.J. avait réveillé les dormeurs de la rue Ravignan, au cri de: ‘A bas, Laforgue!’ […]. M.J. qui, depuis longtemps, s’était expliqué. Non, il n’avait rien contre Jules Laforgue. Il avait seulement cru bon, après boire (avant sa conversion), se s’élever contre une tendance funeste, de manifester hautement contre le péril certain de ce qu’il définissait : l’hamletisme» ; LRT, 103. «Souvenirs sur G. Apollinaire.» «Tu connais l’anecdote: la rue Lepic dégringolée en parlant: ‘A bas Laforgue! vive Rimbaud!’ cri bien nouveau alors.»
LANNES, ROGER (1909-?)
CAHS. JEAN COCTEAU 10, Gallimard, 1985. Album no 9 L’Année poétique (1941) consacré à R.L, avec un portr. du poète par Mario Tozzi. R.L. avait écrit un roman Argelès ou la Solitude que M.J. recommanda à l’éd. Robert Denoël. P. 142. Préf. de M.J. Epigraphe.
Guide ILL., 237. Il a construit toute une machinerie féerique, qui lui sert à éblouir le lecteur, comme un feu d’artifice, un peu à la manière de Cocteau. Il ne peut empêcher pourtant qu’on n’aperçoive en lui une pointe d’inquiétude: Les Voyageurs étrangers, (1937), Le Tour de main, (1941), La Peine capitale, (1942), & des romans.
LML, 145, n. à l. 10. «R.L & Jean Le Louët dirigeait les NLF où des extr. du roman de Lannes, Argelès, parurent au cours de l’année.» - R.L. – ami de Cocteau collaborait à l’Aguedal. – R.L. poète fr. qui a publié Signe de reconnaissance, (1935), A fleur de tête, La Nuit quand même, Le Tour de main, La Peine capitale, (1942).
LMM, 76. Fin fév. 1941. «R.L., poète de circonstances, a mis du fait-divers en music-hall à lyrisme. C’est touchant.»
LRT, 34. Août 1938. «R. Lannes fera beaucoup pour ton avenir, il a de l’influence & il t’admire. C’est un homme supérieur & le seul de sa génération de poètes. Son roman Argelès est un chef-d’œuvre qui restera & je m’y connais en littérature. Tu n’as aucune bile à te faire: ta voie est tracée» ; 119-20. n. 55. «R.L. dirigeait avec Jean Fraysse les Feux de Paris auxquels M.J. a souvent collaboré. Ami de Cocteau, il vient en effet de publier en 1937 Argelès. Dans un autre roman, Peine capitale (1942), il décrira M.J. lors de son prem. séjour à St.-B., en fév. 1938, alors qu’il passait quelques jours à Montargis en même temps que Cocteau y séjournait. En août, il revient à St.-B. Il visitera l’atelier de R. Toulouse à l’automne.»
OXENHANDLER. Looking for Heroes. Op. cit. 121. «[…] I began to contact those Feux de Paris collaborators who still surived, notably poet R.L. Lannes was an invalid living in a rest home in Lausanne. […] Lannes […] wanted to help me, but suffering from a terrible illness that made it impossible for him to see visitors. Visitors gave him vertigo & headaches, casting him inevitably into fits of depression. [He visited him nevertheless]. 122. «We talked disjointedly at first. Then I came to the point of my visit. ‘Max wrote that you & yr friends represented a new direction in poetry. True? ‘Max called us the nouveau mouvement poétique, but it was boursouflage ; he was the only real avant-gardist.’»
ROGER LANNES écrit 3 articles sur M.J. «Max Jacob.» Poésie 44 20 (juill.-oct. 1944): 35-39; «Max Jacob après lui.» Cahs du Sud 273 (1945): 581-89; «Max Jacob.» Arts 1:1 (1945): 3. Il décrit aussi M.J. dans La Peine capitale, Paris: Denoël, 1942. 43. «Réfugié au bord des eaux, le poète M.J. cultivait les plaintes, les brouillons & les larmes en vue de prendre au piège les mystères du Seigneur. Sa méthode était des plus simples. Elle consistait à forcer le silence par le langage. Il monologuait éperdument. Reculant de ciel en ciel, Dieu n’en pouvait plus de ne pas répondre. A la fin il se livrait… (Ecrit lors de la prem. retraite de M.J. en juin 1921).» Intr. aux l. à Fraysse. Op. cit. 228.
LETTRE INED. A R. LANNES. 4 oct. 1938. Oxenhändler. Looking for Heroes. 138-39. «Tu es le premier d’une nlle lignée de poètes, inventeur de miroirs multipliés, signes purs d’absence, comme je suis fier d’avoir eu le privilège de te deviner… » [Lannes a envoyé cette l. à Oxenhändler de Suisse].
LANOE, JULIEN (1904-1983)
LANOE, J. C’ETAIT IL Y A TRENTE ANS. 45. «L’esprit de Dickens & de Dostoïevski habite M.J. Il a toujours été en communion avec les déshérités, les bouffons, les offensés, les contrefaits, les mauvais sujets. De SM à PMG & aux M cette pitié s’exprime en raccourcis poignants à propos des domestiques dans les féroces tableaux de la Bourgeoisie […]. 46. De tout son œuvre s’élève, comme la rumeur de la mer, la plainte, plus pitoyable que ridicule, des pauvres hères pour qui Max crie miséricorde, moins avec des mots qu’avec cet accent meurtri qui est la marque de son génie.»
---. «LES GAITES TRISTES DE MORVEN LE GAELIQUE.» Monde no. spéc. 1976. 12. J. L. cite M.J. «La gaité, surtout la triste, est le feu divin.»
EMIE. D, 126. «La Ligne de coeur» tenant sur les fonts baptismaux les prem. p. de Morven; elle en recueillit d’autres & l’événement ne passa point inaperçu.» - 117-18. Emié évoque l’importance de la Ligne de cœur. – 115. «[…] J.L. fit paraître à Nantes, entre 1925-1928 La Ligne de cœur.» D, Nlle éd. 126-27.
[En 1928 ] J.L. publia à Nantes une mince plaquette intitulée: Une querelle sur l’Amour. A propos de Jean Desbordes & de son livre J’adore, que J. Cocteau avait passionnément patronné, […] un débat s’était institué entre J. Maritain & le poète d’Opéra, fraîchement converti. Il y avait eu échange de lettres, de ‘lettres ouvertes’ entre ces derniers; mais à l’encontre du but qu’elle recherchait, cette corr. n’avait fait qu’obscurcir le malentendu. Or c’est ce malentendu que J.L. s’efforçait de dissiper dans son intervention lorsqu’il déclarait: «La rel. cath. repose sur une distinction: celle de la chair & de l’esprit. La rel. de Cocteau repose sur un calembour: elle profite de ce qu’un seul mot (le mot ‘amour’) désigne la passion charnelle & la communion spirituelle pour embrouiller l’un & l’autre... » – 117. [prem. éd.]. Emié écrit [de la Ligne de cœur] de J.L. «[…] je ne rouvre jamais un seul cahier de cette gracieuse revue sans en sortir rajeuni, clarifié, rafraîchi – désintoxiqué, en quelque sorte. Car ce fut justement à une entreprise de désintoxication que J.L. s’appliqua sagement & méthodiquement dans chacun des essais qu’il écrivit pour sa revue. Il dénonça les méfaits de la litt., l’esprit de lourdeur, la passion de la tristesse. ‘Ne soyons pas soucieux’, inscrivit-il en tête de Vacances, un de ses plus beaux messages. Sa prose était légère & déliée, nuancée à l’extrême, à peine marquée par les tics de la jeunesse; ses armes s’étaient durcies au contact des vérités les plus simples; sa lucidité s’éclairait encore d’innocence; il voulait être ’léger au combat’, avoir les mains libres […]. J.L nous proposait toutes les vacances possibles: vacances du sérieux, du mouvement, de la mémoire & du désir: ‘Trop d’ex-voto encombrent le cœur de l’homme: la gratitude pour les bonheurs anciens ne doit pas être une idolâtrie… Chaque jour, désormais, vient l’un après l’autre & c’est à nous de réchauffer avec notre cœur la lumière froide de chaque aube…’ La Ligne de cœur n’eut que 12 numéros […].»
L. A LOUIS GUILLOUX. «Tombeau de M.J.» Simoun no. spéc. 87. St.-B. 3 oct. 1926. «Lanoë est un grand talent qui n’est plus en bourgeon: il me fait lire une ‘Chasse à la Licorne’ qui n’a de pittoresque que le titre: c’est une étude de psychologie à mettre entre Proust & Jouhandeau. L. vit dans un hôtel particulier très correct, dans un quartier d’arbres, le tout très simple, très familier, sinon familial. C’est dans ce cadre qu’il faut le voir; je l’ai vu aussi à son bureau, au milieu d’une usine à ferrailles, le même, le même. Ce qu’il y a d’enfantin en lui est corrigé par son intelligence & son tact, c’est un homme très bien avec lequel je sympathise au tréfonds de nos rythmes cosmiques malgré les différences d’âge, de fortune, sinon d’art (mais ceci est complexe).»
LJF, 233, n. 31: «In 1926, at the suggestion of J.L, Max wrote the first of these [Morven] poems for Lanoë’s review La Ligne de cœur. The review was published at Nantes & Max hoped to initiate a Breton revival.»
LLP, 145. St.-B. 6 janv. 1937. «Mon cher Georges, si vous trouvez une revue
qui s’appelle ‘Pain blanc’ lisez y une étude de Julien Lanoë sur la future poésie, c’est très intéressant: suppression de l’abstrait, suppression du sentiment, suppression des images, suppression de l’érudition & du faste claudélien, beaucoup de suppression. Mais pas un seul exemple de nouveauté dans le reste de la revue.»
LRT, 71. 26 avr. 1942. «M. Julien Lanoë chez qui je suis resté deux nuits à Nantes s’occupe beaucoup de la peinture: il a des tableaux dont deux Sérusier qui sont beaux & aussi plusieurs gouaches de moi (sans parler de celles qu’il m’a vendues). Je lui ai parlé de toi sur mon ton habituel quand je parle de toi: il a dû t’écrire pour te demander d’exposer à Nantes en juin. […]. Il voudrait avoir le portrait du vieux de l’hospice à l’expo. de juin.»
LTB, 125. A Moricand. 27 juin 1941. «Va voir ce galant homme, conseiller général, négociant, père de famille de 6 ou 7 enfants, très catholique.»
LUA, 89. 8 août, 1933. Rue Nollet. «Tâche de te procurer la 2e série de la Ligne de cœur de Lanoë: ça vaut la peine! Julien Lanoë se révèle étonnant.»
LA LIGNE DE CŒUR, revue de poésie paraissait à Nantes sous la direction de J.L., son fondateur. M.J. y publia des p. sous le pseud. de Morven le Gaëlique, renouvelant ainsi la supercherie du faux barde Ossian.
MJ/JC, 412. 29 MARS [1926]. «J’AIME PASSIONEMENT LE BOHEMIEN DE LA LIGNE DE CŒUR. C’est de la grande poésie & Georges [Hugnet] nous fait honneur.».
---. 376. 9 déc. 1925. «LANOE M’ECRIT DES LETTRES CHARMANTES. J’ai corrigé un peu avec sa date de naissance 7 juill. l’horoscope que ton génie avait deviné. Tout changera en cet homme dans 2 ans» ; 377 n. 9. «Cocteau l’avait rencontré le premier au printemps 1925. […] Jacob a fait sa connaissance chez Cocteau un peu plus tard. En fait, c’est Cocteau qui trouve le titre pour la revue; une l. […] juill. [1925] commence ainsi: ‘Je pense à plusieurs titres. Par ex.: Ligne de la main ou La Ligne de cœur ou L’as de cœur. (Cat. de l’Expo. Julien Lanoë à Nantes 1984). Lanoë répond le 19 juill. ‘Merci de votre l. des titres. L’un d’eux m’enchante : La Ligne de cœur. Quel beau programme! Prouver que cette ligne de la main peut devenir la plus belle ligne de conduite. J’adopte le titre…’. » (l. inéd.).
---. 447. 2 oct. [1926]. «LANOE M’A LU UNE NOUVELLE d’analyse psychologique vraiment très bien: genre Proust ou Jouhandeau – plus mystérieux.»
---. 387. [29 janv. 1926]. «TU ES LE SEUL, écrivais-je à J. Lanoë dont les mots portent comme un obus parce que le canon est trop chargé si bien que – c’est fou!- il n’y a que toi qui par consanguinité - imites Rimbaud. – 429. 8 juill. 1926. «A propos de déception, Lanoë sort d’ici ou presque. – Nous nous sommes promenés & il me voyait dire des petits bonjours légers aux paysans. Passe un gros paysan; ‘Bonjour’ fait Lanoë. Je suis pris d’une quinte de rire; il venait de salouer un conseilleur général, futur maire, futur député, futur sénateur, futur etc… quelque chose comme si tu saluais Poincaré sans lever ta casquette ou en secouant les doigts dans l’azur! Ceci dénote un fâcheux don d’imitation involontaire ou manque de personnalité. L’épingle de Lafitte à l’envers: Lanoë n’ira pas loin.» – 431, n. 3. Jacques Lafitte, banquier & homme politique fr. Jeune, il fut recommandé auprès de la banque Perregaux. La légende veut que, d’abord éconduit, il aperçut une épingle en traversant la cour. Il la ramassa & la piqua dans son habit. Perregaux impressionné par cette preuve d’ordre & d’économie, lui donna le travail qu’il lui avait d’abord refusé.»
---. 439. [8 août 1926]. «HUGNET &
LANOE ont été ensemble je ne sais où. J’ai confiance dans l’avenir de Lanoë. – 440, n. 11. «Il a raison: Lanoë fit carrière non seulement comme homme de lettres, mais aussi comme négociant.» – 441. 24 sept. 1926. «J’ai découvert 2 poètes en Bretagne que j’ai confiés à Lanoë que j’ai vu à Nantes. Lanoë est très bien dans son cadre: un assez vieil hôtel dans une ave un peu Monceau ou Malesherbes – l’hôtel meublé par Dufayel lui-même: (impossible de trouver un papier qui traîne). Nous avons mangé aux bords des fleuves dans des guinguettes d’arborescentes, l’auto enlevait l’air Mimi Pinson. – 442. Lanoë est très profondément bien. Il m’a lu une espèce de psychologie remarquable d’un bout à l’autre: il n’y a pas moyen d’aller plus loin dans l’analyse; aucune émotion, mais c’est bien » - 443 n. 4. Il s’agit peut-être […] de ‘Trois siècles de littérature.’ Ligne de coeur (juin1926). La thèse de Lanoë est bien exprimée dans une de ses phrases: ‘Honte au roman psychologique.’ (p. 35). Dans la suite, «Nuit d’attente» Ligne de cœur no 7 (nov. 1926) Lanoë répond aux commentaires qu’a attirés le premier article. – 443, n. 5. Lanoë a publié 2 poèmes de Pierre Colle dans Ligne de cœur 7 (nov. 1926). «Topographie» & «Hydrographie». P. 52-53.
---. 412. 2 mars 1926 «LE PETIT FOMBEURE […] a débiné le truc ou deviné mais il n’a pas le temps d’avoir le temps; il appartient à ses examens, ce brave jeune homme. Lanoë l’adore; il adore Lanoë. J’ai aussi envoyé à Lanoë un gars de Bordeaux […]. Lanoë très emballé sur Pierre Robert. Je ne lui dis rien: il faut qu’il acquière par l’expérience la connaissance des gens. Pierre Robert y servira en lui jouant quelque tour. /D’ailleurs je ne boucherai les avenues à personne/.
PREFACE de Morven le Gaélique. M.J. écrit à J.L. «N’écris pas avec des mots, mais avec des objets & des sentiments.»
VM, 191. «Avant de quitter St.-B. [l’été de 1926], un jeune homme de Nantes qu’il avait croisé au printemps 1925 chez
Cocteau, était venu le voir. Depuis quelques mois, il avait fondé une revue de poésie, La Ligne de cœur, il s’appelait J.L. C’est le début d’une de ces grandes amitiés paisibles que l’on trouve dans la vie de Max & elle durera jusqu’à ses derniers jours. Quelques mois plus tard, il confiera à Louis Emié: ‘J.L. est un garçon bien élevé. Il est aimable & tendre: c’est un aristocrate. J’aime ce qu’il écrit. Pourtant, il me semble vivre dans une atmosphère mondaine très nuisible à la production, avec une famille ‘trop bien’. Il sortira de lui à travers ces chaînes quelque chose de ‘bien’: il a une humilité enfantine très bonne pour la production; il ne croira jamais que ce qu’il fait est bon… ‘ Et de conclure dans un chuchotement: p. 192. ‘J’ai une affection réelle pour lui… ‘ 192. «Le prem. no s’ouvrait sur un p. de Cocteau, le 2e sur un p. de Max, ‘Les deux bossues’, beau p. en prose qui n’a pas été repris dans le CD II.»
---. 197-98. «EN DEC. [1926], J.L REVINT A à St.-B : ‘Tout dort dans le presbytère, le poêle ne donne plus signe de vie, mais sur la table jonchée de lettres, de cendres & de couleurs, Max écrit. L’éclat de ses yeux verts à demi-clos me fascine plus que les mots tracés par sa main courte & potelée.’ Max, qui avait déjà proposé à J.L. de faire de la Ligne de cœur l’organe d’une renaissance celtique, écrit un p. breton. Julien l’ayant trouvé un peu court, Max en écrit un 2e ; ils seront suivis par beaucoup d’autres & il les signe mystérieusement Morven le Gaëlique.» 217. J.L. écrit la préf. des PMG en 1953. 217, n. 1. Max écrit en 1930 à Paulhan en parlant de Morven: «s’il en fallait d’autres, je les ferais cela me sort des doigts comme l’eau de la fontaine.»
MAX JACOB A ECRIT UNE CENTAINE DE LETTRES A JULIEN LANOE de 1925 jusqu’à 1944. La dernière date du 3 fév. 1944.
LASCAUX, ELIE (1888-1968)
LAL, 42. 28 août 1922. «Un jeune peintre s’est embarqué avec moi dont la charmante gaîté apporte une note nouvelle à St.-B. Mr. Lascaux a beaucoup de talent: il appartient à Kahnweiler» ; n. 3. «Peintre, lithographe & illustrateur, que M.J. connaît depuis ses années à Montmartre.»
LGL St.-B. sept. 1921. Op. cit. 3. «Sois gentil avec Lascaux qui est un homme malheureux comme tous les agités mais qui mérite qu’on l’aime. Crois-moi: il aime les gens & les choses. Il aime l’art & il travaille. Il est bon mais il est victime d’un excès de sang & de nerfs.»
LRR, 35-36. 4 oct.1923. «Les avis sont partagés sur Lascaux: il a un tempérament, il aime la nature. Je crois que vous le connaîtrez bientôt quand il sera à Paris.» 40. L. 17 mai 1924. «A Paris il faut d’abord que l’homme plaise ou intéresse & Lascaux a réussi autant par son caractère que par son œuvre. […]. Vous pourrez plaire à ce brave garçon très simple & très brillant parfois qu’est Lascaux.» – 46. 24 sept. 1924. «Lascaux est mon ami & c’est un homme peu ordinaire. Je veux dire qu’il est bon, courageux, serviable, dévoué, gai, fier, intransigeant, capable de tout le bien, intelligent, artiste, fort, tendre, sincère, etc. […] c’est un homme de feu, toute générosité & toute grandeur. Je l’aime profondémen[…].»
---. 103, n. 40. «E.L., PEINTRE & LITHOGRAPHE né à Limoges. Il expose au Salon d’Automne depuis 1921 & les amateurs le remarquent vite. M.J. a dédié ‘à Elie Lascaux, au charmant peintre, mon ami’ Les PMR. R.Toulouse nous a confié que M.J. ‘avait fait’ le mariage d ‘E.L. avec la belle-soeur de Kahnweiler. Il disait que la peinture de L. était un ‘bain de jouvence.’»
LRT, 70, 20 mars 1942. «Je lui [au dr. Benoiste] ai aussi parlé de Lascaux parce que Picasso a des peintures de Lascaux chez lui achetées par lui-même Picasso à Kahnweiler. Ledit Benoiste devra s’adresser galerie Leiris 29bis rue d’Astorg, VIIIe » ; 122, n. 78. «E.L. rencontre Jacob en 1921, & c’est l’auteur du CD qui le mettra en contact avec Kahnweiler, s’intéressant aussitôt à son travail. En 1925, il épouse la belle-sœur du marchand. Il rendit de fréquentes visites à Jacob à St.-B. […]. La corr. des deux hommes a été publiée dans la revue Centres no 1, Mortemart (déc. 1945): 58-61.»
PJ, 102, n, 3. L. à Marcel Herrand, 7 août 1921. « […] peintre de l’art naïf & lithographe. […]. Il fit de nombreux séjours à St.-B. au cours des années 1921 & 1922. Le portrait de M.J. était la propriété de D.-H. Kahnweiler, qui en fit don au musée de Quimper en 1961 pour la salle M.J. Elie Lascaux était le mari de Berthe Godon, dite ‘Béro’, l’une des belles-sœurs du marchand de tableau & la sœur de Louise Michel Leiris» ; 408. 31 mai [1936]. A Marcel Moré. «Dis à Lascaux que la ville entière garde son souvenir sympathique ainsi que Cingria.»
LA TOUR DU PIN, PATRICE NE EN 1911
IL AVAIT ATTIRE L’ATTENTION par un prem. recueil de poèmes. La Quête de joie (1933). Surtout parce que son lyrisme romantique & le classicisme de ses vers représentaient une rupture avec les surréalisme.
DV, 147. «Je ne connais pas ce Patrice de la Tour du Pin, sinon par ses œuvres qui sont belles; je ne crois pas que les miennes lui soient sympathiques.»
LAURENCIN, MARIE (1885-1956)
A DOUCET. Corr. I. 149-50. 31 mars 1917. «J’ai vu Marie Laurencin, pleurer sur le bord du trottoir, les pieds dans le ruisseau. Apollinaire, quand il lui proposa le mariage, fut reçu par ces mots: ‘Tu as trop mauvais caractère!’ C’était beaucoup dire en peut de mots.»
LMM, 71. 10 janv. 1941. «Je n’ai pas son adresse. Si tu veux me la donner je lui écrirai avec plaisir. Nous étions très amis jadis. […]. Laurencin est femme c’est à dire capricieuse; artiste, c’est à dire négligente.»
LRT, 97. 24 janv. 1944. «Marie Laurencin enverra un dessin à R.G. Cadou» ; 98. 27 janv. 1944. «J’avais parlé de sa misère à Marie Laurencin: elle m’envoie mille francs pour lui!» [Il s’agit de Marcel Gili qui avait des difficultés d’argent comme tous les atistes de cette époque].»
LAR0USSE XXE SIECLE. 1931. Peintre fr., née à Paris en 1885. remarquée par Braque & Picasso, Apollinaire & André Salmon, elle débuta en 1907 au Salon des Indépendants & se classa parmi les artistes d’avant-garde. Elle a brossé de nombreux tableaux pleins de grâce fantaisiste quant à la composition & où les harmonies en gris rose & bleu dominent. On lui doit aussi un grand nombre d’aquarelles & de dessins, des lithographies, des gravures, des modèles pour papier peint & des maquettes de décors & de costumes pour
La Comédie-Française & les ballets russes de Diaghilev. Parmi ses principales peintures: Le Cirque, (1911), Les deux sœurs, (1914), Espagnole, (1918), Le Cirque, (1919), La Forêt, (1920) & La Chevauchée, (1921).
LEIRIS, MICHEL (1901-1990)
DICT. DE LA LITT. FR. CONTEMP. EDS. UNIVERSITAIRES. Paris: Jean-Pierre Delarge, 1977. 203. Né à Paris. 1924-25 fréquente le groupe surréaliste & publie son prem. texte: Simulacre. Collabore à la revue de Georges Bataille, Documents. Il tire de son expérience de secrétaire-archiviste de la mission ethnographique Dakar-Djibouti un journal de voyage: L’Afrique fantôme, (1934) puis travaille au Musée d’homme, 1939. […] son œuvre autobiographique La règle de jeu, qui vient de s’achever avec un 4e volume, Frêle bruit, (1976), l’occupera pendant près de vingt années. En 1945, il séjourne en Afrique & collabore à la revue de Sartre, Les Temps modernes, marquant ainsi son engagement politique. De 48 à 62 divers voyages aux Antilles fr.-s, en Chine Populaire & en Afrique noire. En1967, devient membre du comité de rédaction de la revue L’Ephémère. En 1968 se rend à Cuba des Intellectuels. Mais chez L. plus que chez d’autres, c’est l’oeuvre elle-même qui interroge & construit la biographie. Tenté par le communisme, après l’intervention soviétique à Budapest, le doute s’installe & il continue à croire naïvement - il le sait- en l’avenir d’un communisme ‘déstalinisé.’ – Il écrit une autobiographie mythique.
LES LETTRES DE M.J. A MICHEL LEIRIS. Paris: Champion, 2001. Texte établi, présenté & annoté par CHRISTINE VAN ROGGER ANDREUCCI.
LLG, 166. 7 août 1943. «Depuis le surréalisme il m’a laissé tomber. Pourtant nous avons de l’émotion à nous retrouver. C’est un homme carré & triangulaire de figure avec une figure pâle & une brosse de cheveux assez étroite. Des yeux à la fois fixes & hésitants. Une raideur d’esprit & de caractère & de démarche (bien qu’active celle-ci). Il transporte vers sa raideur & dans son pot toute la nourriture de faits dont il a toujours faim. Je crois qu’il croit que tout s’apprend même la poésie: & il n’a pas tort. Il est probable qu’il est un homme averti, refléchi & intelligent (dans le sens compréhension plus que dans le sens philosophique), c’est un scientifique. Je voudrais bien lire L’âge d’homme [dans lequel MJ est mentinné]. Il ne me l’a pas envoyé à cause de la pudeur. C’est justement aux amis qu’on ne veut pas se montrer nu. Sa poésie est abondante, facile même quand elle ne l’est pas: ça manque de dorure d’une part, & de simplicité de l’autre il faut opter.»
LMJ, 107. 2 juin [1924]. «Quel Dieu donnera à ce cher Leiris le coup de pioche au ventre qui videra ce qu’il contient. J’ai si peur de lui avoir fait du mal: je ne l’ai pas compris, je l’ai aiguillé vers la poésie telle que je la croyais belle: un chant sans thèse, il n’a vu que ‘sans thèse’, car il n’avait pas de chant en lui.»
LRT, 113. «En 1922, il conseillait […] à M.L.: ‘Il est bon de méditer sur les objets qui t’entourent […] mais je t’engage surtout à les regarder comme s’ils avaient été fabriqués il y a deux mille ans.»
MJ/JC, 261, n. 1. L. 20 avr. 1925. «Michel Leiris, un des jeunes poètes qui entourent Jacob. Il écrit souvent à Jacob (cf. Corr. II), mais son adhésion au groupe surréaliste provoque un éloignement. […]. In La Révolution Surréaliste 3 (15 avr. 1925), Leiris a publié ‘Glossaire: j’y serre mes gloses.’ (pp. 6-7)» ; 405. 14 mars 1926. «Le […] docteur lit chez moi la ‘Révolution surréaliste’ qu’on m’envoie sans doute pour me narguer, pour que j’y trouve mes calembours musicaux signés Michel Leiris (& autres)» ; 407, n. 2. «Le docteur [Soleil] lisait le no 6 de La Révolution surréaliste du 1er mars 1926 dans lequel Leiris continue le ‘Glossaire’ commencé dans les numéros 3 & 4 du 15 avr. & du 15 juill. 1925.»
MARCHETTI, ADRIANO. «Le temps de l’écriture, l’écriture du temps.» Michel Leiris. Eds. de l’Université de Bruxelles. Composé par Paul Aron & Eric Van der Schueren. 1991.114. «Pour Leiris, l’écriture parsemée de fureurs froides est un exercice patient de convalescence, l’antidote contre le rêve métaphysique du sujet de s’approprier de l’être, c’est-à-dire de le penser subjectivement dans son être objet. Folie du sujet auquel il essaie d’opposer la règle, ‘la règle du jeu’. Mais ses défenses mêmes tiennent du sujet de l’expérience. Il aura fallu une bonne dose d’attention pour subir, sans se jeter à corps perdu sur les mots, les vertiges & les éclairs qu’ils peuvent provoquer.»
ŒUVRES DE LEIRIS. L’Afrique fantôme, Gallimard, (1934), (1951). L’Age d’homme. Gallimard, (1939). Haut mal. Gallimard, (1943). Nuits sans nuit & quelques jours sans jour. Fontaine, (1945). Aurora. Gallimard, (1948), (1977). La règle du jeu. I. Bifure, (1948), II. Fourbis, (1955). III. Fibrilles, (1966), IV. Frêle bruit. Gallimard, (1976), Brisées. MF, (1961).
VM, 208. «La dern. l. du nouveau CN, ‘Réponse de l’abbé X… à un jeune homme découragé’, était, à quelques mots près, la lettre que Max avait adressée le 24 nov. 1921 à Leiris. ‘L’abbé X’ … de 1928 nuance prudemment les propos conservateurs de Max royaliste de 1921. Il écrit: ‘Il se peut que 1789 ait été nécessaire pour donner une direction nlle aux esprits dans un sens voulu par Dieu, soit pour amener au pouvoir des classes mûres pour la direction, soit pour châtier des classes qui avaient abusé du leur.’ – 165. Vers le 20 août [1924 ], Max va retrouver à Plestin-les-Grèves un groupe de jeunes amis, les Masson, les Salacrou […] Michel Leiris. On se promène, on va à la plage. – 176. Après la Révolution surréaliste «même ses jeunes amis si chers, Limbour, Leiris, Masson, Francis Gérard, s’éloignent de lui. Bientôt Morhange les suivra; depuis des années, Aragon derrière Breton, lui a ‘fait mal’ en lui tournant le dos.»
LEVANTI, MICHEL (1916-1941)
DENOEL, JEAN. «Deux poètes morts.» Parisienne (avr. 1954). 413-14. «Dans les années avant guerre, paraissait au Maroc, à Rabat, une revue litt.: Aguedal, que dirigeait Henri Bosco & Christian Funck-Brentano. C’est dans cette revue que le jeune poète M.L. publia ses prem. poèmes. M.J., qui recevait la revue, remarqua les poèmes de Levanti, il m’en écrivit, me disant qu’il y avait là un vrai poète, que le ton y était. – Il a été publié un recueil de poèmes de M.L. en 1939, Feuilles au Vent. Rodez: Ed. de l’Ilôt, 1940. Il a collaboré à Aguedal, Fontaine, Regains, Le Point, Le Goéland.»
LLG, 68. 27 nov. 1941. «M. L. est mort loin du Maroc, son pays, loin de la mare & de sa mère […]. Je souis touché, touché par un touchant message […] il m’a fait dire son adieu en pensant à moi & à Dieu. […] cet adieu est une des choses de ma vie qui m’ont le plus ému, cet adieu de ce beau poète exilé […]. Note que nous ne nous étions jamais vus & aimés que par des œuvres & des lettres.»
LEVANTI SUR MAX JACOB. «Dans Aguedal il met en évidence le caractère ‘sérieux’ de l’œuvre. […]’M.J. est de ceux qui ont des bijux & portent le brillant côté paume.’ Et il remarque également l’acuité du regard du poète.» Intr. LML, 24.
LML, 10. Intr. «Parmi ces jeunes gens, tous plus ou moins apprentis littérateurs, un nom se détache: celui d’un garçon de vingt ans, M.L. Dans sa prem. l, adressée de Casablanca en janv. 1937, celui-ci avoue à M.J. qu’il espère apprendre beaucoup de lui. – 15-16. ‘D’abord il est indubitable que tu es un poète’ écrit-il lorsque Michel lui envoie la seule plaquette de lui qui ait été publiée, Feuilles au vent. - 17. Il meurt de la tuberculose, «du type que l’on appelait jadis ‘phtisie galopante’.» – 18.
«Et quand Jean Denoël est chargé par les éditeurs de la revue Aguedal de composer un no. d’hommage à M.J., c’est à M.L. qu’il confie la présentation de la vie & de l’œuvre du poète.» – 19. «Sur sa vie au Maroc […], on possède un précieux témoignage, un roman demeuré inachevé & sans titre.» – 23. «La mort [le 18 nov. 1941] a eu raison de la vocation litt. de M.L. L’œuvre qu’il nous a laissée représente pourtant plus qu’une promesse, les prem. signes d’une écriture poétique en train de s’épanouir.» – 24. «Sans l’intervention de J. Denoël qui prenait soin de les recueillir [ses poèmes], de les recopier & de les faire paraître dans les petites revues où il avait ses entrées, beaucoup d’entre eux seraient à jamais perdus.» – 36. «M.J. demande de J. Denoël la date de naissance de M.L. qui est le 24 oct. M.J. écrit à J.D: ‘Le 24 oct. est la date de Picasso! ‘Intelligence qui saura s’assurer un avenir paisible’, dit Ely Staar.’ Mais le Scorpion dit autre chose: désir d‘hypnotiser, de fasciner; prétentions médicales, chirurgicales. Moqueries, sarcasmes, besoin d’avoir quelqu’un en rancune, en mépris’.» 37. 12 déc. 1936.
LML, 90. St.-B. 12 avr. 1940. «Je vois que tu es un poète à ceci que tes poèmes ont une direction, un départ, un centre, une arrivée – dirais-je que tu as le ‘sens de la strophe’.»
LETTRE A LEONARDI. TUARZE. Op. cit.102. 4 mai 1940. «J’ai perdu aussi un jeune poète que j’aimais sans l’avoir jamais vu, qui habitait Casablanca. Il est venu mourir en Auvergne en suivant une femme qu’il a épousée in-extremis. C’est le curé du village où ils étaient qui m’a écrit que M. Levanti m’envoyait son adieu sur son lit de mort. J’ai été très ému & chagriné. Le curé ne savait même pas l’orthographe de son nom.»
PJ, 424, n. 2. A Denoël, 7 déc. 1936. «M.L. poète & écrivain d’origine corse, auteur d’ouvrages sur l’occultisme. Atteint d’une grave affection pulmonaire & venu rejoindre sa famille à Casablanca, il entama en 1937, à l’initiative de J. Denoël, une corr. suivie avec M.J. qu’il ne connut pas.»
VM, 237. «DE NOUVEAUX AMIS […] entrent [en 1937] dans sa vie: M.L., jeune poète vivant au Maroc, que M. ne rencontrera jamais, auquel il écrit la prem. fois: ‘Cher monsieur mon ami’ & un mois plus tard ‘Mon très aimé Michel.’»
LULLE, RAYMOND (1235-1315)
LAROUSSE ILLUSTRE 1984. P. 1485. «Théologien & écrivain espagnol, né à Palme. D’un savoir encyclopédique, il a écrit en latin, en catalan & en arabe, de nombreux ouvrages de philosophie, de théologie, de mystique & même d’alchimie. Il a élevé la prose catalane au rang de langue littéraire.»
LULLE emprisonné à Angers attira par sa voix l’attention du roi qui passait & qui le libéra.
VOIR LE LIVRE DE L’AMI & DE L’AIME, DU BIENHEUREUX RAYMOND LULLE, mis en français par Max Jacob, aux éds. Fata morgana, 1987.
MALDOROR PAR LAUTREAMONT [ISIDORE DUCASSE] (1846-1870)
LAUTREAMONT NE A MONTEVIDEO considéré par les surréalistes & les critiques contemporains comme un précurseur pour sa violence parodique & pour avoir pris pour sujet de sa création les procédés mêmes de la littérature. (Les chants de Maldoror, (1869), Poésies, (1870). Larousse ill. 1984. 1458.
LLP, 143. St.-B. 24 déc. 1936. «[…] je me livre à des lectures peu respectables : Maldoror que je ne respecte pas à cause de toute la machinerie romantique (galopades la nuit, anges & démons, chats, araignées sanglantes, pieuvres, blasphèmes & crimes à l’envers de Monte-Cristo) qui ne peut épater que Louis Aragon. Et Rainer Marie Rilke qui a découvert la pensée du cœur après Ch.L. Philippe. Ce sont mes livres de chèvre!»
MJ/JC, 115. 5 sept. 1922. «P.S. Une lectrice nous demande ce qu’il faut penser de Maldoror. Je réponds: on n’a jamais poussé plus loin le morceau, le beau soufflet, la volonté arrêtée d’être génial, cauchemardant, bizarre. Cet homme s’imaginait qu’il était sublime de s’occuper du pou, du crapaud, de l’araignée. C’est le seul romantique: c’est lui qui est Bodelaire, Rollinet, Rops. Ce n’est pas ennuyeux, c’est crispant: élève Maldoror: O! vous aurez un O. Et on aime cet écolier cancre.»
MALLARME, STEPHANE (1842-1898)
ANDREU. «Les mots en liberté.» 112. «Les poèmes de Mallarmé sont situés.»
CADOU. «La vie du poème.» Op. cit. 132. «Il annote ses lectures: Mallarmé, ce ‘guindé obscur’.»
LEJ, 67. Fin janv. 1938. «On est enchanté de trouver l’accent humain chez un poète moderne. Ceci te rendrait proche d’Eluard. Mais pourquoi imiter Mallarmé quand tu es riche toi-même» ; 66. «Un poète se plaignait à Mallarmé de n’avoir pas d’idées. M. répondit: Ce n’est pas avec des idées qu’on fait des poèmes, mais avec des mots. Réfléchis à cette très importante parole. L’un n’empêche pas l’autre.»
LJC, 15. 4 juill. [1920]. «Donc! réfléchissons! Ces nymphes… Ici l’auteur prend une pose d’Hamlet pour dire du Mallarmé (mal armé): j’avais pris quelques notes que je croyais banknotes & je les ai perdues.» MJ/JC, 56.
LMM, 158, 2. «Même jeu de mots au dépens de Mallarmé qu’il trouve mal armé.»
LRT, 83. 4 déc. 1942. «Je vais me mettre au portrait de Mallarmé d’après photo.»
LOCKERBIE. Order & Adventure in Post-Romantic French Poetry. Op. cit. 149. «J’admire profondément Mallarmé, non par son lyrisme, mais pour la ‘situation divinement géographique’ de son œuvre» ; L. à Doucet. Corr. I. 132.
MAN RAY (1890-1976)
MJ/JC, 119. Année 1922. «Man Ray est beau: il a une figure royale & des yeux dont le regard est effrayant: mais quand le soir tombe, il a l’air honteux.» 120, n. 1. «Man Ray, peintre & photographe américain qui participe au mouvement Dada dès 1917 avec Duchamp &
Picabia. En avr. 1922, Cocteau vante ses portraits photographiques dans Les Feuilles libres, & M.R. donnera un frontispice photographique à l’Ange Heurtebise (Stock, 1925). Ses photos de J.C. mettent surtout en valeur les belles mains du poète.» [La meilleure photographie de Max Jacob est par Man Ray].
MALRAUX, ANDRE (1901-1976)
GABORY, op. cit. 67. «La prem. fois que Malraux vint offrir à M.J. les prémices de son esprit, selon le rite observé par les nouveaux, à le voir si bien habillé: - gants de peau, canne à dragonne & perle à la cravate – on l’aurait pris pour un visiteur du dimanche, un homme du monde. - Dir. littéraire, à 18 ou 19 ans, des Eds. du Sagittaire, & chef de fabrication il y publiait des déchets de Jarry, Laforgue ou Laurent Tailhade […] travaillait également à La Connaissance, avec le mandarin René-Louis Doyon.»
«IL AVAIT ETE CONDAMNE LE 21 JUILL. PAR LE TRIBUNAL DE PNOM-PENH à 3 ans de prison pour avoir prélevé dans un temple cambodgien abandonné plusieurs pierres sculptées de très grande valeur. Clara Malraux… était rentrée en toute hâte à Paris pour mobiliser le monde littéraire en faveur de son imprudent compagnon. M.J. fut l’un des premiers auxquels elle
s’adressa… Le 15 août le journal L’Eclair publiait une lettre de Max.»
LNF, 145. [avr. 1928]. «Le livre de Malraux est beau, très beau.» Note 2. Les Conquérants. N.R.F., 1928.
LPM, 56. 18 oct. 1930. «Malraux porte les cheveux avec un fil tombant à l’épaule & un coin découpé au front très génie: Est-ce un complexe simple ou un complexe d’Œdipe? ou un refoulement? D’ailleurs très élégant» ; 57, n. 4. «Jacob & Malraux s’étaient rencontrés en 1919; le prem. livre de Malraux, Lune en papier (1921) est dédié à Jacob.Voir aussi son article, ‘Des origines de la poésie cubiste’, Connaissance (janv. 1920) : 38-43.»
MANOLL, MICHEL (1911-1984)
CJP, 32. «Michel Manoll, seul grand critique que je connaisse […] » ; D, 224.
GUIDE ILLUSTRE, 229. Né en Bretagne incarne bien cette poésie douce & profonde, calme & mystérieuse, qui semble le propre de l’Ouest de la France, depuis La Première chance, (1937) jusqu’au Vent des abîmes.
LAROUSSE. DICT. DE LA POESIE FR. CONTEMP. 157. Pseud. de Michel Laumonnier. Avec son premier recueil, la Première chance, (1937), il s’inscrit parmi les meilleurs héritiers de Reverdy. Comme celui-ci, il enchaîne en ses vers & p. en prose des images ‘venues sur leurs propres ailes’ dont l’accumulation engendre un monde pathétique & insolite tout ensemble. Mais il y a chez lui un élégiaque – au meilleur sens du terme – & un esprit religieux qui ont l’irrésistible besoin de dire leurs tourments & leur espérance. D’où le lyrisme mordant, fiévreux émouvant, qui soulève les images – très souvent marines & maritimes – de recueil comme Goutte d’ombre, (1944), En ce lieu Solitaire, (1962), dont chaque page semble arrachée au journal de bord d’une âme. M.M., qui appartient à l’Ecole de Rochefort avant été l’un des premiers initiateurs à la poésie de R.G. Cadou. Il a, dans Louisfert-en–poésie, composé à la mémoire de son ami, une série de beaux poèmes. On lui doit plusieurs autres recueils: Astrolabe, Thérèse ou la solitude dans la ville, Le Vent des abîmes & d’excellentes notes sur la poésie: Armes & bagages.
LMM. Max Jacob. Lettres à Michel Manoll. Préface de Michel Manoll. Rougerie, 1985. 7-27.
LNF, 182. 10 mai 1941. «Michel Manoll & René Guy Cadou sont les grands poètes de demain sous l’égide de Pierre Reverdy» ; 184, n. 14. «Michel Manoll, né à Nantes, fondateur des cahiers de poésie, Le Pain blanc. Manoll a publié des articles sur M.J. vers 1944-45. Depuis la guerre il a fait paraître poèmes, romans, ouvrages critiques (Carco, Cendrars, Reverdy, etc.).»
PANORAMA DE LA NLLE LITT. FR. Gallimard, 1960. «Une voix: selon le titre de son recueil, c’est ce que nous fait entendre G.E. Clancier – voix qui témoigne de la part du songe en même temps que de la part terrienne de la vie.»
PJ, 434. 26 juin 1937. L. à P.-L. Flouquet. «Nous avons en France un grand poète catholique encore à peu près inconnu: il s’appelle Michel Manoll. Il habite Nantes […]. Je sais qu’il a un recueil tout prêt. C’est vraiment une nature d’élection, délicate & forte, un caractère, une sensibilité spéciale. Je suis sûr si vous lui demandez un ms., ni vous ni moi nous ne nous en repentirions.»
PUF, 2503. «Poète fr., un des Amis de Rochefort. Il a publié plusieurs recueils lyriques: La Prem. chance, Gouttes d’ombre, Astrolabe, Le Vent des Abîmes, & des notes sur la poétique: Armes et Bagages, 1948.
MARDRUS (1868-1949)
LEJ, 55. 13 fév. 1937. «Que pense-t-on de Mardrus en Egypte? Chez nous sa trad. des 1000 nuits a été un enthousiasme. Il paraît oublié du gros public, mais les gens renseignés le tiennent pour un héros, moi je l’adore, bien qu’il soit calomnieux & paradoxal.»
LRR, 105, N. 51. «En 1939, […] il affirme encore que son livre essentiel est Les Mille & une nuits dans la trad. de Mardrus » ; VM, 285. Réponse à Béalu : ‘Quel est votre livre essentiel ?’ «Les Mille et une Nuits (trad. Mardrus).’
MARKOUS, LOUIS, CASIMIR LADISLAS, DIT MARCOUSSIS (1883-1941)
CRESPELLE, op. cit. 25. «Dandy & collectionneur, M., d’origine polonaise, devait à Apollinaire de porter le nom d’un charmant village d’Ile de France. Collaborateur du Rire, converti au cubisme par Picasso qui, a titre d’honoraires probablement, lui enleva Eve, sa petite amie. Il avait commencé par être dessinateur pour les journaux
d’humour.»
LAL, 23 déc. 1941. «On m’apprend des nouvelles souvent tristes, la mort de Marcoussis […]» ; n. 4. «Peintre d’origine polonaise, fut un des promoteurs du cubisme.»
LETTRE A MARCOUSSIS. CORR. II. 25-27. «Nous, hommes, pauvres producteurs à l’envers de tout & de tous, nous veillons quand les autres dorment, nous travaillons quand ils se reposent & nous reposons quand ils travaillent. Quant à moi, je mène depuis plus de deux mois une existence laborieuse & pleine: je poursuis l’achèvement d’un roman, bon ou mauvais. Je fais des vers en quantité & des p. en prose. Mais surtout je fais, dans mon presbytère, que mes vers appellent quelque part un ‘coffret dans l’herbe’ […] l’apprentissage d’une vie que je nommerais la ‘vie catholique’.» 26.
MAX JACOB a dit à Sauguet que : »Marcoussis a introduit le syphon dans la peinture.»
MJ/JC, 540. [fin mai 1927]. A propos des héros obscurs […] l’an dernier arrivèrent ici des gens: Marcoussis, le jeune peintre dont le nom m’échappe […] et tutti quanti […] » ; 542-43, n. 8.
Marcoussis, […] peintre & graveur polonais naturalisé fr. D’abord impressionniste & fauve, il rejoint le mouvement cubiste en 1912, époque où Picasso lui enlève sa petite amie, Eva. Marcoussis adepte du ‘papier collé’vers 1914, & plus tard est connu pour le style poétique, voire surréaliste de ses peintures sur verre. Il connaît M.J. depuis ses débuts à Montmartre en 1903. Il comprend bien le poète & éprouve beaucoup d’affection pour lui. En revanche, M.J. est conscient du côté dandy & collectionneur de Marcoussis.»
MARLOWE, CHRISTOPHER (1564-1593)
LFF, 31. 25 oct. 1918. «J’ai lu le Faust de Marlow & Till Eulenspiegel. Je ne vois pas pourquoi Kenilworth vous y fait penser.»
MASSOT, PIERRE DE
GERARD PFISTER. Thèse op. cit. 1975. 18. «P. de Massot raconte en quelle occasion précise, il fit la connaissance de M.J.» ‘C’est au cours de l’été, alors qu’on jouait au Théâtre Michel sa farce Isabelle & Pantalon que j’ai connu M.J. & de ce jour lointain jusqu’à sa mort, je n’ai jamais cessé de le voir ou de correspondre avec lui.’ «M.J. aimait les jeunes poètes & aimait donner des conseils & des leçons: mais pour Massot tout particulièrement il se prit d’une vive sympathie. A St.-B. M. eut un père spirituel qui le soutenait de ses recommandations & de ses encouragements dans les difficultés de la vie littéraire parisienne.»
VOIR LETTRES A P. DE MASSOT IN ARFUYEN 1 (print. 1975) : 39-42. L. de 1922 & 1923.
MERAL, PAUL (1895-1946)
A DOUCET. Corr. I. 184-85. 21 mars 1919. «Paul Méral, pour lequel je partage votre estime m’avait demandé cet été d’exprimer publiquement ce qu’une l. de moi exprimait de mes opinions sur ses livres. J’avais fait un article que je ne savais où caser. L. de Gonzague Frick me fit offrir des colonnes de la Caravane que dirige M. Charrier […]. La Caravane était en plein dans la transformation, & P.M. a attendu six mois mes opinions imprimées (impression de mes impressions si je puis dire). Je vais essayer de me procurer le numéro en question & je vous l’enverrai puisqu’il vous intéresse. […]. La Caravane qui s’appelle La Politique & les Lettres.»
ART & ACTION : LABORATOIRE DE THEATRE. Cat. Général ill. 1912-52. Pp. 9, 14, 21, 34, 46, 62: «Le Dit des Jeux du Monde» poème cosmique de Paul Méral, musique d’A. Honegger, monté par Jane Bathori, costumes de Fauconnet, chœurs de Louise Lara. (3 actes, texte couleur), chœurs (texte gris). Partition d’Honegger. Déc. 1918. P. 21. Programme du Vieux-Colombier. 2 costumes (l’Homme des Villes, le Rat) 26 aquarelles de Fauconnet pour costumes. La femme, l’homme, Le coryphée, le rat, L’homme qui crie, son ombre, Le 3e choeur, le soleil, La maison de village, une maison, le guerrier noir, le guerrier rouge, La terre, le sol, L’enfant, la mer, L’homme de village, l’homme des villes, Le nuage, la montagne, Le chœur invisible, coryphée premier choeur, L’affiche, Une pierre, la fleur.»
«DEUX LIVRES & UN POETE NOUVEAU» par MAX JACOB. La Politique & les Lettres 1 (mars 1919). «C’est un c.r. de l’univers par un enfant enfiévré & qui le découvre […]. ‘Il a dans la main la syntaxe du Cantique de Daniel & dans l’œil les images de Salomon.’ ‘Le Dit des jeux du monde’, drame ou ballet, a moins de personnages que le Cantique des Cantiques & autant de couleurs […]. [Il] reconstruit schématiquement l’univers: s’il le sait repeindre, c’est un grand créateur: tel était Richard Wagner littérateur tel est M. Méral. Le talent de l’un n’est pas plus séduisant que le génie de l’autre & c’est tant mieux. […]. Ce n’est pas la musique qui associe les deux noms ici […] mais une parenté entre deux constructeurs abstraits & riches»; LFF, 112, n. 35. «La musique de scène d’A. Honegger accompagne dix danses, deux interludes & un épilogue. C’était sa prem. œuvre orchestrale, exécutée par un petit orchestre très dynamique de 25 musiciens, dirigé par Walter Straram. Elle obtint un grand succès tout en faisant scandale. Cocteau raconte que la bonne de Honegger, qui assistait à la représentation, informa les parents du musicien qu’il était paresseux, ne travaillait pas & tapait sur des casseroles.»
LFF, n. 34. «Méral est le pseud. du poète Paul de Gutchenaere né à Gand […] correspondant particulier d’une Anglaise opulente, l’un des directeurs de La Lanterne, collaborateur de la Revue Européenne.» M.J. exprime son estime pour lui dans l’article ci-dessus.» Voir l’article de Méral, ’La méthode de M.J.’ Disque Vert op. cit.: 61-62.»
LAROUSSE DE LA MUSIQUE. «Le Dit des jeux du monde.» Cette œuvre marque un jalon important dans la carrière de Honegger. Musique de scènes pour la pièce de P. Méral montée au Vieux Colombier en 1918 par Jane Bathori & qui fait scandale.
«LE DIT DES JEUX DU MONDE.» Musique de scène pour la pièce […] constitue en 1918 une étape essentielle dans l’affirmation de la personnalité d’Honegger. Il va bénéficier du scandale provoqué par ce spectacle d’avant-garde au Th. du Vieux-Colombier.» Marc Honegger. Dict. de la Musique. 508. T. I. Bordas, 1970.
GABORY, op. cit. 35-36. «P.M. qui s’appelait van Gutchenaere, disait à Gide: ‘Un ami, c’est quelqu’un avec qui on serait heureux de faire un mauvais coup.’ Correspondant particulier d’une riche Anglaise, en 1918, pendant le séjour de Copeau en Amérique, il avait fait jouer au Vieux-Colombier une fâcheuse élucrubation dramatique Le Dit des jeux du monde‘ - le jeudi des Gens du Monde’, disait Cocteau, l’esprit toujours présent.»
« IL N’Y EST JAMAIS DE ROMAN DE PAUL MERAL Paul de Guchtanaere, dit P. Méral […], était le protégé de lady Rothemere. Il l’avait aidée à traduire Le Prométhée mal enchaîné de Gide. Jacob estimait beaucoup Méral à ses débuts, mais calui-ci après une brève réussite comme dir. de La Lanterne, mourra jeune, usé par l’alcool. Il n’existe pas de roman de Méral; l’œuvre à laquelle pense Jacob est peut-être son Dit des jeux du monde, sorte de poème fresque en mouvement, pour lequel Honegger a composé la musique. Cette œuvre fut un des prem. spectacles créés par Copeau au théâtre du Vieux-Colombier (le 2 déc. 1918) & la prem. représentation choqua le public; comme certains ouvrages de Cocteau, celui-ci déclenchait à la fois des cris de génie & des hurlements. Mais plus probablement, Jacob pense au roman chef-d’œuvre que Méral disait écrire & dont il ne laissa que quelques fragments, présentés par Franz Hellens. (Bruxelles: Eds. des Artistes, 1949) cf. son intr. 7-27. D’après Hellens: ‘Cet héritage [dont Méral disait attendre la liquidation, pour pouvoir emprunter de l’argent à ses amis] & ce roman, [qui devait être le che-d’œuvre de tout temps] n’étaient que mensonges, mensonges réels, dont il entretenait sa mythomanie... » MJ/JC, 48, n. 6.
IBID, 47. [4 sept. 1919]. «J’aurais dû écrire cette l. dans le style du roman de Paul Méral.» [Voir la note ci-dessus d’Anne Kimball].
LETTRE A ROLAND MANUEL. Corr. I. 181. 12 déc. 1918. «Représentation tumultuaire d’un poème dramatique avec chœur & ballets russes au Vieux Colombier. Musique d’Honegger, décors de Fauconnet, paroles de Paul Méral.»
LFF, 33-34. 4 déc. 1918. «Nous avons vu un opéra, genre ballet russe hier soir. Et comme l’auteur M. Paul Méral est un de mes plus zélés propagateurs de souscriptions j’ai dû faire acte de présence. […]. La pièce de M. P. M. n’en est pas une, c’est une récitation de fragments lyriques, cosmiques, où le soleil, la naissance & la mort sont loués en images & vocables inattendus & par des choeurs qui récitaient à blanc. Les chœurs d’hommes lisaient comme des enfants dans la coulisse. Deux chœurs de femmes répondaient sur la scène. Après chaque récitation, sur un fond de toile blanche apparaissaient des personnages déguisés l’un en arbre, l’autre en maison pour faire un paysage ou autre chose. D’autres personnages déguisés de la manière la plus inattendue venaient faire de la danse & de l’acrobatie (le crapaud ou la mer, etc., l’enfant etc…), le déploiement & le reploiement des coryphées, habillées les unes en genre ambulancière ou voiles grecs, les autres en nourrices futuristes couleur arc-en-ciel tenaient lieu de rideau. Quand elles se fermaient, les danseurs arrivaient derrière, alors elles s’ouvraient & on voyait la danse accompagner alors d’une musique d’Honegger qui est en somme très large, très dense, très forte, très savante, bien qu’elle ait mécontenté les dilettantes qui disent ‘Stravinsky & Fauré’. Le spectacle abondait en trouvailles & en nouveautés. D’abord la récitation à voix blanche, scandée d’une manière déterminée en coupant même un mot au milieu. Ensuite la récitation d’un même texte par des chœurs à l’unisson, la suppression du rideau, la nouveauté absolue de la conception du décor, la violence des couleurs des costumes, le remplacement de la danse par l’acrobatie, la poésie est ce qu’il y a ici d’accessoire & de moins bon c’est du Walt Whitman & du Claudel, mais il y a là de la force de création, une volonté d’être soi.»
MERAL, COLLABORATEUR de la Revue Europeenne écrit un compte rendu des Les filles du désir par Franz Hellens in no 3 (mars 1931): 293-94.
POUR LA PIECE ELLE-MEME, IL Y EUT DES APPLAUDISSEMENTS, DES SIFFLETS, des interjections de toutes sortes. C’était la douce folie, Mme Lara fit travailler les chœurs parlés, Mme Ronsay régla les danses, Marcel Herrand comédien, danseur & acrobate, Fauconnet fit des miracles au point de vue costumes & masques. [Publié où ?]
SANOUILLET. Lyre & Palette ou Art & Vie, devenu plus tard Art & Action. Compagnie dramatique animée par Louise Lara, ex-secrétaire de la Comédie française & son mari M. Autant. Les cours d’art dramatique & les théâtres de Paris faisaient pendant la guerre office de points de ralliement pour les artistes dispersés par les hasards de la guerre: citons pour mémoire les représentations des Mamelles de Tirésias (juin 1917), de Couleurs du temps (nov. 1918), de Cuirs de Bœuf (déc. 1918) de Georges Polti au Conservatoire René Maubel, du Dit des jeux du monde (déc.1918) de P. Méral au Vieux Colombier; de Parade (mai 1917), etc. Voir Cat. De la Collection Art & Action. BLJD, 50.282.
MES IMPRESSIONS DE SCENE
«LE PUBLIC ME FAIT L’EFFET D’UNE GROSSE FOURRURE CHAUDE, vivante. On distingue vaguement des figures. Il y a des figures qui font des efforts pour être remarquées. Ce sont les amis qui tiennent à souligner leur visite de condoléances. Ceux-là mêmes qui à l’entracte viendront poliment singer l’enthousiasme. Pendant le travail, ils applaudissent les mains au-dessus de la tête. Quelquefois j’avise une gueule sévère qui me dèsole ou une gueule sympathique à qui j’éprouverais volontiers le besoin de serrer la main.» Feux de Paris 4 (12 avr. 1936). Oxenhändler. Op. cit. 281.
MESSIAEN, ALAIN (1908-1992)
NE A PARIS. Fils de la poètesse Cécile Sauvage, frère du compositeur Olivier Messiaen, il a publié de nombreux recueils, notamment Les rues s’allongent comme des plantes, (1935), L’Ame dévorée (1936), Marche de nuit (poèmes de guerre & de captivité), (1942). Bestiaire mystique, (1948), Deux chants œcuméniques, (1951). Il a rassemblé dans Sous le soleil de mon désir, (1953) l’essentiel de son œuvre (1940-1950) & donné ensuite – en 1954 & en 1965 des interprétations poétiques d’oeuvres musicales de sa prédilection. (Histoire de la musique). – Son inspiration profondément religieuse, âpre & tourmentée le rapproche à la fois de Baudelaire & de Villon, de Max Jacob, dont il fut l’ami & de Léon Bloy. Il est employé de bureau.
LJF, 247. Quimper, déc. 1935. «Alain Messiaen est sublime.» - Note 29. ‘The following fragment, found with the letters, was apparently sent to Fraysse for inclusion in the review. It never appeared, however, in Les Feux de Paris, 248, note: «’Les rues s’allongent comme des plantes’ par A.M. C’est le prem. livre du poète. Il annonce une nature pathétique, un cœur douloureux partagé entre le besoin d’être aimé & le goût de la sublimité! Le poète a soif du martyre souffre de souffrir & aime la souffrance: il est cath. & sensuel. C’est l’un de ces livres qui font honneur à leur auteur quand celui-ci est parvenu au succès; quoiqu’il soit ce livre est plein & nous change des charmants radotages qu’on nous envoie tous les jours avec plus ou moins de rime ou de rythme.» A.M’s major works include L’Ame dévorée (Paris: Cahs. des jeunes, 1936), Bestiaire mystique, (1948), C’était toi le démon! (1936), Deux chants œcuméniques, (1951). Histoire de la musique, poèmes, (1954), Madrigaux, (1950), Marche de nuit, (1942), Le Miroir vivant, (1937); Orages, (1937); Spiritualité de Marie Blanchard, (1955), Sur le soleil de mon désir, (1953).»
PEYRE, ANDRE. Op. cit. 71-72. Messiaen parle: «J’ai connu Max rue Nollet. A cette époque-là, je faisais de la mauvaise poésie. Max, à qui j’avais soumis mes poèmes, me dit d’emblée: ‘C’est tellement moche qu’il est impossible que tu ne deviennes pas un grand poète.’ - 73. Quand il était en captivité, il lui envoyait des colis & ‘j’ai su qu’il en envoyait à d’autres’.»
LRV, 63. St.-B. 21 août 1936. P.S. «Je recommande à tes prières le copieux poète chrétien A. Messiaen qui a vingt & quelques années & qui ne parvient pas à sortir de lui d’admirables & rares qualités. Prie pour qu’il trouve sa voie.»
PR, 130. «Je prends mon bien où je le trouve.» Réponse qu’il donne à G. Charensol in «Comment écrivez-vous ?» Il la répète à Messiaen in l. inéd. citée par Palacio. «Un Précurseur inattendu de M.J.: Lord Byron.» Op. cit. 187.
VOIR EXTR. DE LA CORR. INED. DE M.J. A MESSIAEN IN Erika Tunner. «Die Denkende Klasse & Clemens Brentano-Emmerick Schriften.» Jahrbuch des Freien Deutschen Hochstifts.Tubingen: Detlev Luders & Max Niemeyer, 1980. 259-71.
MICHAUX, HENRI (1899-1981)
GUIDE ILLUSTRE. 1941. 119-20. Né à Namur, Belgique, ne se laisse classer dans aucune catégorie définie, bien qu’il s’apparente aux surréalistes. Depuis 1922 il écrivit dans de petites revues belges, mais il est demeuré inconnu au grand public jusqu’en 1941. (Cf. la plaquette: Découvrons Henri Michaux). M. est un phénomène de la litt., un monstre d’un genre de Lautréamont. Sa vie a côtoyé la religion, l’aventure. Il vécut en Asie & en Amérique équatoriale, il a beaucoup lu les mystiques & les saints, il a pratiqué la musique, la peinture (ses gouaches sont célèbres). Sa poésie, dit-il est une explosion; elle s’exprime en mots fulgurants, que parfois il crée lui-même & qui n’ont de sens dans aucun langage humain. Magnifique poésie barbare, renouveau absolu de l’expression verbale. On lira: Qui je fus, (1927), Ecuador, (1929), Un Barbare en Asie, (1932), tous poèmes nourris de Grande Carabagne, (1936), Plume, (1936), Au pays de la Magie, (1942), Epreuve, Exorcismes,(1946), Liberté d’action, Apparitions, Labyrinthe, Passages, (1950), etc. A partir de 1956, il fait l’expérience de la mescaline (Miracle Misérable, puis il renonce sans avoir calmé sa soif absolu. L’infini turbulent, (1957). Dans ces derniers recueils, il cherche à se libérer du monde réel, ce qu’il appelle la Connaissance par les gouffres, (1961), à travers les Grandes Epreuves de l’esprit & les innombrables petites, (1966). A défaut de son œuvre complète, d’une lecture difficile & affolante, on peut se contenter de l’Espace du dedans, morceaux choisis (jusqu’à 1944).
HIST. LITT. DE LA France. 1913-39. H.M. dans la poésie comme dans la peinture tente de capter le passage de l’être. Avec lui encore les frontières entretenues entre les deux disciplines paraissent poreuses, sont marquées de désuétude. P. 81. Cité de L’air des lettres par R. Kanters. Grasset,1973. La poésie, depuis les romantiques allemands, depuis Baudelaire & Mallarmé depuis le surréalisme, s’est vouée délibérément à l’exploration des voies nlles de l’esprit. H.M. est un de nos plus hardis & de nos plus heureux voyageurs. Il a mis à l’épreuves moyens dont il disposait, la poésie elle-même, le langage, la tradition ou les traditions de le vie mystique, puis les moyens courts & artificiels de faire oraison, la mescaline, les drogues, & récemment il a essayé la voie du rêve. De tout cela il rapporte une œuvre magnifique, une connaissance plus précise des abîmes & des gouffres qui menacent l’esprit libéré, & un pressentiment peut-être de ce qui le récompense. C’est une œuvre qui ne s’adresse pas aux nombreux, & qui souvent défie le commentaire & la critique.
HIST. LITT. DE LA France par C. Roubaud. T. VI. De 1913 à nos jours. Paris: Eds. Sociales, 1982. 645-650. H.M. prenait des drogues, mais cette tentative & son rapport avec la recherche de paradis artificiel ou la tentation médiocre de qui voudrait échapper au malheur. La mort de sa femme brûlée vive en 1948 le prouve. Le sens de son entreprise est clair: «Ceci est une exploration. Par les mots, les signes, les dessins. La mescaline est l’explorée.» Il a ajouté tranchant: ‘Les drogues nous ennuient avec leur paradis. Qu’elles nous donnent plutôt un peu de savoir.’ ‘Nous ne sommes pas un siècle à Paradis.’ Il a perçu que ‘tout est moléculaire dans la pensée.’ M. est même allé au risque de se perdre jusqu’à tenter de recréer & d’approcher la folie. Un de ses derniers livres Les Ravages, 1976 ‘pages venues en considérant des peintures d’aliénés’, le montre toujours préoccupé de pénétrer plus avant au coeur de ce pathétique mystère. Avec insatiable curiosité, il a exploré également l’inconscient, le rêve Façons d’endormi – Façons d’éveillé, (1969), Toujours face à ce qui se dérobe, (1975), il approfondira les rapports de l’homme avec la souffrance, se penchera sur tous les états de conscience, sur les perceptions déroutantes Bras cassé & la cénesthésie. Poussant plus loin les exigences de Baudelaire, de Rimbaud, de Lautréamont, il a ‘plongé au fond du gouffre, ‘enfer ou ciel, qu’importe, au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau’ ; il sait que le ‘combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’homme’, & il s’est fait voyant. S’efforçant de dilater les bornes de la connaissance, il est remonté des gouffres, intègre, lucide, sans suffisance. – M. entre en résonance avec tous les aspects qui intéressent l’esprit de recherche de notre temps, absolument moderne, il est admirable que ses exigences persistent, & que ça préserve en lui l’insurgé: ‘Que détruire lorsque enfin tu auras détruit ce que tu voulais détruire ? Le barrage de ton propre savoir.’ Il est engagé à jamais dans une quête passionnée celui qui déclare: ‘Qu’est-ce qui est pire que d’être achevé ?’ Ou: ‘C’est de réponses que l’homme meurt.’
LLG, 81. 26 déc, 1941. «J ‘aime l’art de Michaux.»
LMM, 157, n. 7. L. XXXIII. 20 mai 1941. «Un homme nouveau est ce qu’il y a de plus rare & c’est ce que j’admire dans Henri Michaux. J’avais déjà lu son livre Ecuador mais je ne lui ai pas écrit; si tu le vois, excuse-moi & dis lui mon estime passionnée.» «Quatre l. inéd. A Jean Paulhan.» N.R.F. Oct. 1976. 75. St.-B. S.d.
OXFORD COMP. P. 479. ONE OF THE MOST INDIVIDUAL OF CONTEMP. FR. POETS, born in Belgium, was educated partly & lived in France. The earliest of his many collections of poems & prose-poems belong to adventurous yrs of travel & by no means easy living, e.g. Qui je fus, (1927), Ecuador, Mes Pensées, (1929), Un barbare en Asie, (1932). His latest output includes Voyages en grande Carabagne, (1936), Plume, (1958), Au pays de la magie, (1942), Liberté d’Action, (1946). At its best the dialectical flight from reality which characterizes his work becomes a novel of lyricism. It can be studied in his 3 vols. of selected poems, Espace du dedans, 1944. Ailleurs, 1948, La vie dans le plis, (1951).
PR, 570. «Jacob accentue la tendance cath. à l’humiliation de la créature qui est précisément ce qu’Henri Michaux, élevé chez les Jésuites, en quête d’un essentiel secret qui rende à l’homme la force, juge intolérable comparé aux mentalités orientales.» Note 112. «Cf. notamment H. Michaux. Un Barbare en Asie, Gallimard, 1986. 30-31.»
VOIR FRAG. DE LETTRE: M.J. A MICHAUX. Labyrinthe (15 mars 1945) : 6. « … Vous êtes ce qu’il y a de plus rare: un homme nouveau qui soit un homme pourtant. Car l’excentricité inhumaine pullule. ‘Tous les matins un fantaisiste naît’, écrivait Flaubert. Un homme sans démonialité, Jésus après la flagellation ‘Ecce Homo! déclare Pilate s’adressant aux siècles. La plus fréquente expression de la démonialité en littérature est: le charlatanisme & la méchanceté.»
MILOSZ, OSCAR VLADISLAS de LUBICZ (1877-1939)
POETE, dramaturge & écrivain fr. D’origine lituanienne.» PJ, 456, n. 2.
A BARNEY, N.C. PJ, 455. St.-B. 16 mars 1939. «Le voyage du rhumatisme m’interdit tout autre voyage & me voici désolé de n’être pas avec vos amis & ceux du sublime (ah! Si digne de vous!) Milosz.»
C’ETAIT IL Y A TRENTE ANS. Henri Dion. «J’attends la paix du soir… » 28. «Hier j’ai entendu quelques scènes du Miguel de Mañara de Milosz, que Max considérait comme un chef-d’œuvre.» L. 23 déc. 42.
A GASTON CRIEL. S.d. [1943]. Cahs. de L’Ass. Les Amis de Milosx. No.27. 44. Eds. André Silvaire. «Oui j’ai connu Milosz. Il avait un grand visage curieux & coloré & une assez haute stature un peu voûtée. Il est venu me voir à l’Hôtel Nollet, rue Nollet. Il venait parler occultisme, mais il n’est jamais revenu. […] j’ai un livre de poèmes de lui que je lis souvent & j’ai eu les Sept Solitudes que j’ai perdu comme tout le reste de ma vie.» Note: Le Poème des décadences (1899). Les Sept Solitudes (1906).
LCB. St.-B. 26 oct. 1942. «Je crois qu’on a fait beaucoup en art au XXe siècle: il est d’immenses poètes comme Milosz, que vous ignorez, qui est mort il y a peu de temps, âgé» ;19 janv. 1943. Quant à Milosz, je le crois supérieur même à Apollinaire, moins doué mais moins livresque. Milosz est un immense poète, il n’est nullement somptueux, mais très sincère. J’aurais aimé voir dans votre énumération Rilke qui est mort comme Milosz, Lorca, Maïakovski, etc… »
MERLE, PIERRE. «Le cas de M.J.» Op. cit. 16. «Un poète [M.J.] rangé par J. Rousselot à côté de Milosz & de Rilke.»
SENTEIN, FRANCOIS. «Visite à M.J.» Op. cit. 54. «Milosz était ouvert sur la table quand nous sommes arrivés. Nous en lit, admirablement, un p. ‘O belle Karomama’. ‘Un poème’ dit-il ‘doit être habité.’»
MODIGLIANI, AMADEO (1884-1920)
ANDRE BEUCLER. Op. cit. 155. Il décrit le 22e anniversaire de la mort à Drancy de M.J., le 7 mars 1966 à St.-B. «A l’issue du déjeuner […] fut soulevé la question de savoir si le portrait de Max par Modigliani, acheté cinq cent soixant-dix mille francs lourds par le Musée de Düsseldorf, pouvait rester en France. Carlo Rim, toujours efficace, & Henri Sauguet, toujours opiniâtre, proposèrent d’échanger ce Modigliani contre un autre, mais cette transaction échoua, & le portrait de Max prit le chemin de l’Allemagne […]. Faut-il voir là un scandale ? Mais, dirait peut-être Max: les promesses de Dieu faites à Israël, autrement dit Jacob, pour le salut du monde, ne se réalisent-elles pas sous cette forme impénétrable? Ne faut-il pas plutôt voir là un symbole catégorique?»
LMM, 123. 9 janv. 1943. «Modigliani était l’être le plus antipathique que j’aie connu. Orgueilleux, furieux, insensible, méchant & assez stupide, ricaneur, infatué: n’empêche qu’il ne restera peut-être que Picasso & lui de cette époque de peintres.»
LRR, 30-31. 26 mai 1923. «Le portr. de Modigliani fut peint au crépuscule au printemps dans le jardin d’une dame anglaise [Beatrice Hastings] qui était sa maîtresse à Montmartre: je vous parlerai de leurs rapports & de M. quand je vous verrai. L’esquisse du portr. était la beauté même, tellement ressemblant! tellement réussi & sensible! nous le supplions de n’y pas toucher mais il avait un orgueil épouvantable & l’esprit de contradiction, il abîma ce portr. Dans un recueil de mes vers, il y en a deux que je fis pour ce portr.» […]. ‘Il a l’air à la fois du juge & du forçat/ Tel vers ce double but le peintre s’efforça.»
---. 32. 24 juill. 1923. «VOUS VOUS INTERESSER A MODIGILIANI. C’était un petit homme large, à profil vaguement dantesque mais à nez court. Il était juif. Il riait vite, clair & court. Généralement il était mécontent, indigné & grondeur. Sa figure était large, belle, très brune. Il avait la tenue d’un gentilhomme en haillons & Picasso disait que lui seul savait s’habiller. […]. A l’ordinaire il avait un exemplaire de Dante dans la poche, il arrêtait ses amis pour leur lire deux vers qu’il traduisait très lyriquement. […]. Sa femme en apprenant sa mort […] s’est jetée par la fenêtre.»
LRT, 42. 28 janv. 1939. «Il y a deux grands portr. de moi par Modigliani, l’un avec chapeau haut, l’autre sans. Sur celui-ci j’avais faut un distique imprimé dans un livre depuis» ; 83. 4 déc. 1942. «Je me rappelle des rires qui ont accueilli Cézanne & le douanier, il y avait pourtant des jurys à cette époque aussi !! non? & personne ne secourait Modigliani » ; 123, n. 86. «Les deux portr. de Modigliani ont été executés en 1916. L’un est conservé au Kunstsammlung Nordrhein–Westfalen de Dusseldorf, qui l’acquit malgré les protestations des Amis de Max Jacob, l’autre au Musé de Cincinnati (USA). M. vécut à Montmartre, puis à Montparnasse à partir de 1906. M. Raynal prétend que c’est M.J. qui l’aurait décidé à préférer la peinture à la sculpture.»
MJ/JC, 446. 2 oct. [1926]. «Jadis Modigliani a fait croire à Picasso (juill. 1912) que je passais la vie à dire du mal de lui – moi qui ai dévoué 15 ans de mon existence à sa gloire négligeant même le travail […] » ; 448, n. 8. Modigliani a connu M.J. à Montmartre où il s’est installé en 1906.»
---. 518, n. 9. «MODIGLIANI EST MORT dans la misère, mais de la tuberculose qu’il avait contractée dans son enfance. Des excès de drogues & d’alcool ont contribué à sa mort prématurée à l’âge de 35 ans.»
«MODIGLIANI» PAR C. MORICAND. «Cette préf., destinée à un recueil de dessins de Modigliani, éd. par Caresse
Crosby, qui a été demandée par H. Miller, contre rétribution de 50 ou 100 $, alors que je me trouvai à Monterey, avant de rejoindre San Francisco… J’ai livré ce texte en 48 heures … & je n’ai jamais touché la rétribution annoncée.» 28 mars 1948. No spéc. Pont de l’Epée 73/74 (3e & 4e trimestre 1981): 25-28.
MOLIERE, JEAN-BAPTISTE POQUELIN (1622-1673)
EMIE. D, nlle éd. 94. «Un des personnages de mon livre, [écrit Emié] avait particulièrement séduit Max. ‘Gilberte Ternet [lui écrit M.J] est notamment une importante création. Quand elle dit, en se relevant [du lit & des bras de son jeune amant]: ‘Ah! cette pauvre chair!’, ce mot est digne de Tartufe de Molière, c’est un mot sublime. Rien qu’un mot pareil peut être immortel.»
LJC, 14. L. de 1920. A propos de la Carte blanche. «A une autre époque, Cocteau c’est du Molière, mais M. est impossible aujourd’hui, car Molière n’aurait pas de public» ; MJ/JC, 58. [juill. 1920].
LMJ, 174. 7 fév. 1925. «La grammaire change avec les époques & l’usage d’un siècle y prime. […]. ‘Quoi’, dit Molière, ‘écouter impudemment l’amour d’un damoiseau & y promettre de la correspndance…’ ; George Dandin, Acte I, Scène 3.»
LPM, 77. 8 nov. 1931. «Méfie-toi de la tartine. Le bon style, c’et une bonne langue bien humaine ce qui ne veut pas dire naturaliste, la langue de Molière est la meilleure langue du théâtre.»
PJ, 96. S.d. [1921]. «[…] nous avons inventé les grossese différences depuis 60 ans & nous avons eu tort, mais ces gens-là [les auteurs classiques] avaient un public pour les petites différences; or notre public veut du gros poivre. Si Molière revenait on ne comprendrait pas !!!!! On lui en donnera, hélas» ; 110. A Gonzague Frick. S.d. [1921]. «Molière, Voltaire & d’autres furent élèves des Jésuites» ; 150. 5 janv. [1923]. A E. & H. Hertz. «Je viens d’être très malade. […] les médecins ne s’engraissent pas avec de l’eau claire non plus que les pharmaciens, leurs complices. Molière n’a pas tout dit; il n’a rien dit du tout.»
PR, 202-03. «Le poète s’est très tôt identifié au personnage de Molière, & la référence à celui-ci non seulement chapeaute l’ouvrage autobiographique publié en 1919, relatant sa conversion, mais également réapparaît à maintes reprises sous sa plume. […] cette parenté entre l’écrivain & le cagot de la scène […] alimente certes un plaidoyer en faveur du converti, assumant par provocation l’accusation lancée par les autres d’être un hypocrite. […] défendre Tartuffe se conçoit d’abord par une référence directe au personnage de Molière, sans songer à la signification commune du terme, comme une véritable réhabilitation qui tend à souligner, les tourments, & les faiblesses d’un chrétien, victime de son ambition mystique, de ses vices mal combattus, & de l’incompréhension des hommes» ; 212. «Et le poète habitué à jouer sur les mots en donnant pour titre à son ouvrage celui de Défense de Tartufe, a certainement compté volontairement sur l’équivoque dévoilant ce qui est une défense de Tartufe, c’est-à-dire à la manière de Tartuffe, un moyen, en s’accusant, de se disculper.»
MOREAS, JEAN (1856-1910)
CRESPELLE, op. cit. 38. «Celui que M.J., qui le détestait, appelait Matamoréas, & dont l’esprit corrosif était redouté dans les milieux littéraires.»
LRT, 105. «Souvenirs sur G. Apollinaire.» « On ne parlait pas encore de Montparnasse, ni des Deux Magots, ni de Flore, ni de Lipp. Mais il y avait boulevard Saint-Michel, le Soufflot, la Vachette. Paul Fort avait la Closerie, Moréas le Soufflot.»
MJ/JC, 505 [2 mars 1927]. «Tu ne m’as jamais fait connaître que des gens gentils & pas ‘loge’ du tout. Jadis c’étaient les grands peintres surtout qui étaient ‘loge’ & maintenant on sait ce qu’ils valaient; un pouffe de rire. Moréas était ‘loge’ aussi» ; 507, n. 3. «Moréas […], poète fr. né à Athènes, l’un des fondateurs de ‘l’école romane’. Moréas se parfumait & était très dandy & poseur, d’où ‘loge’.»
MOREAS pseud. of Jannis Papadiamantopouos. Fr. poet born in Athens, learned to love Fr. lit. Through Fr. governess. In 1878 published his 1st vol. of poetry including Fr. & Greek poems: Tourterelles & vipères. In 1879 returned to Paris & was identified with the ‘Hydropathes’ & ‘Zutistes’. Wrote several poems published in the Nlle Rive gauche. In his vol. of verse Les Syrtes, 1884, influence of Baudelaire & Verlaine is visible. In 1886 published Les Cantilènes, 2 novels in collaboration with Paul Adam & a manifesto (Figaro sept. 18) defending symbolists against conservatives. A new manifesto, a preface of Le Pèlerin passionné, 1891 suggests trend toward classical inspiration. Founded Ecole Romane, a school calling for return of classic poems, inspiration of Middle Ages, Ronsard, & of 17th c. It sought to discredit romanticists, Parnassiens, & symbolists, accusing them of breaking Gallic tradition. Ex. of new poetic manner: Enone au clair visage (1893) & Eriptile (1894). Also Les Stances (Livres I-III, 1899; Livres III-VI 1901). In 1903 Iphigénie published a drama in verse closely followed Euripides in action & content, but which showed originality in images & metrics. M. also wrote prose works: Esquisses & Souvenirs, 1908 & [published] 10 years after his death: Septième Livre des stances. His career was an evolution toward clarity, order & restraint; had he not been so faithful in imitation of Ronsard & Malherbe, so prone to weight his poems with myhological references, he might have gained a surer reputation. A great part of his existence was spent in Parisian cafés where his commanding presence, usually dominated a group of admiring young poets. Blind adoration from his disciples is offset by accusation that he was only a pedantic & servile imitator.
ABBE MOREL, MAURICE (1908-?)
CHRISTINE ANDREUCCI présente une l. inéd. à l’abbé Morel. Création 2 (1982): 82-84. «Pour moi je me suis servi des rêves du sommeil en les modifiant ou non, en y introduisant ou non une idée directrice. On peut imiter ces rèves. En principe il faut être humain & jamais intellectuel». 84.
DEDICACE. LC. «A l’abbé Morel, mon maître & mon élève, son maître & son élève.»
LRT, 9 fév. 1942. «J’ai eu la visite de l’abbé Morel qui veut faire intervenir P. Claudel pour sauver mon beau-frère» ; 131, n. 149. «Maurice Morel c’est lui qui présentera l’éd. des MR, Gallimard, 1947.»
PR, 179. «Ce dont rêve M.J. c’est d’une approbation publique de l’Eglise à son égard. Ainsi se trouve-t-il très affecté de l’anathème jeté sur Bouchaballe par un journal cath., & ambitionnera-t-il par la suite, dans les dern. années de sa vie, l’imprimatur, non seulement pour un livre d’exegèse biblique que devait publier Gallimard en 1939, mais également pour le grand recueil qu’il prépare avec l’abbé Morel en 1936.»
---. 428, n. 99. «RESTE L’ESPOIR DU PARDON qui fut octroyé au bon larron & à Marie-Madeleine pour leur foi.» (LMM, 65), M, 57 & Maurice Morel, «La Route du bon larron.» Cah. MJ 3. 109.
---. 562. « DES 1934, l’abbé Maurice Morel avait envisagé avec le poète la conception d’une anthologie cath. sous le titre Actualités étrnelles dont J. de Palacio a montré qu’il correspondait bien au vœu de l’auteur. Au départ le jeune abbé aurait été chargé du choix, mais l’entreprise n’ayant pas été abouti chez Gallimard […] en 1941 Jacob s’en occupe sans espoir de publication.» [Actualités Eternelles. Ed. prés. par Didier Gomper-Netter & annotée par Marcelle Gautrot. Eds. de la Différence, 1996. Voir également Jean de Palacio. «Prolégomènes aux Actualités Eternelles.» Max Jacob 3 RLM, 1981. 113-38].
MOREL, ROBERT NE EN 1922
GUIDE ILL. 287-88. Il dépayse le lecteur dans une prenante légende épique: Saga, 1945. Ce jeune écrivain, nourri de la Bible & de la litt. ésotérique, présente des talents variés. L’Annonciateur, L’Evangile de Judas, Vous aurez, Contre les hommes, Joyeuse, etc.
VOIR R. TOULOUSE, R.G. CADOU, R. MOREL. MAX JACOB. PAB, 1947.
MORHANGE, PIERRE (1901-1972)
SON LIVRE MAJEUR La vie est unique. Larousse Lit. Fr. II, p. 364.
LNF, 13. Intr. «Quand P. Morhange & Pedro Pruna viennent rendre visite à Jacob, ils le lui disent [à N.F.] (‘Qu’est-ce que tu fous ici ?), & Frank part presque aussitôt pour Paris.»
---. 56. 8 août 1924. «MORHANGE EST RECONNU MUFLE par tout le monde; c’est défaut d’éducation car il n’est pas mauvais.»
---. 60. 2 oct. 1924. VERS IMPROMPTUS: «Le jeune Pierre Morhange/ de la prose solide sous le nom de Brown/ devient un ange, un ange, un ange/ & sa psychologie pèse vingt mille pound» ; n. 1. «Morhange publie une sorte de manifeste sous le pseud. de John Brown intitulé «Billet de John Brown où l’on donne le ‘la’», dans Philosophies 3 (15 sept. 1924): 240-78. Jacob l’admire, écrivant à M. Jouhandeau le 7 oct. «Morhange a montré qu’il avait foi en l’art, foi en lui, foi dans la révolution littéraire, il a déclaré qu’il est mystique & a demandé qu’on attende ce qui sortira de lui.» LMJ, 148.
LNF, 62. 19 oct. 1924. «Ne dis pas de mal de Morhange qui est très appliqué & réussira bien avant peu, ne fût-ce qu’en faisant son profit de ce qu’on lui conseille sagement.»
---. 65. [fin oct./début nov. 1924]. «JE TE LAISSE TE DEBROUILLER avec Morhange. Il est vrai que son manifeste n’est qu’une manifestation de sa présence […]. »
---. 85. 26 avr. 1925. «PAS DE COMPARAISON entre l’effort énorme de Morhange & les hallucinations d’Albert Cohen» ; 86, n. 9. «Dans Philosophies & La Revue juive.»
LMJ, 108, n.1. «P.M., poète & essayiste. M.J. avait rencontré Morhange en 1923 par l’intermédiaire de J. Grenier, & il collabora pendant un certain temps à la revue éphémère Philosophies que dirigeait Morhange. Mais les deux hommes ne s’entendaient jamais très bien, & M. Jouhandeau […] dut plusieurs fois prendre la défense de M. dont Jacob supportait mal le judaïsme.»
---. 155, n. 2. «THEOPHILE DELAPORTE était le pseud. de Julien Green, né en 1900. Son ‘Pamphlet contre les catholiques de la France’ composait le prem. no de la Revue des Pamphlétaires que venait de fonder P. Morhange. Ce pamphlet parut le 15 oct. 1924, & fut rééd. chez Plon en 1968 avec une préf. de J. Maritain. M.J. enthousiasmé par ce pamphlet écrivit une l. de compliments à Julien Green.»
Dans «Philosophies 4 (15 nov. 1924): 373-79, M.J. publia des frag. du TB & une série de 6 ‘Psychologies’, petits poèmes ou définitions dédiés à Pierre Morhange.»
MJ/JC, 19. A. Kimball. Intr. «La question du sionisme est très prégnante à cette époque, & M.J., né juif, s’y trouve forcément mêlé. Il rencontre P. Morhange, dir. de l’éphémère revue Philosophies (devenue l’Esprit), à laquelle il collabore. Ensuite il fait la connaissance d’A. Cohen, qui dirigera La Revue juive, & de son ami, Georges Cattaui. Très attaché à Cohen, il ne lui en veut pas quand celui-ci lui ‘reprocha véhémentement [sa] conversion’. […] Mais il se vexe lorsque Cohen lui parle ‘des Chrétiens sur un ton vaguement désagréable’. […] 20. Au fond, Jacob n’est pas content d’être mêlé au sionisme.»
---. 217, n. 9. «P. MORHANGE, professeur de philosophie, poète & essayiste. […]. Les deux hommes ne s’entendaient pas bien, en grande partie parce que sa conversion avait éloigné Jacob du judaïsme de Morhange.»
---. 244, n, 11. MATRHIAS LUBECK. «Né en 1903 & mort en 1944, fusillé par les Allemands […]. Dans le no 5-6 de Philosophies répond ainsi à l’enquête sur Dieu. ‘Mon vieux Morhange/ Je ne sais pas comment Dieu est fait, mais s’il te ressemble, il doit être rudement moche’/ Toujurs à toi, MATHIAS LUBECK.»
---. 290, n. 8. «TROIS REVUES, Clarté, Philosophies & Correspondance (une revue surréaliste belge) se sont accordés pour produire un manifeste, ‘La Révolution d’abord & toujours’, qui exprime, malgré certaines diff. idéologiques (le groupe Philosophies n’était pas communiste, par exemple), leur opposition commune aux valeurs bourgeoises. Le 18 mai Morhange, Polizer & Desnos tiendront une réunion publique, ‘Ouverture de votre testament’, pour parler de la révolution; Eluard & Breton y prendront aussi la parole.»
---. 347, n. 4. «MORHANGE n’écrira jamais rien pour La Révolution surréaliste & Philosophies cessera d’exister, mais Morhange participe à la création de La Reue marxiste. »
---. 426, n. 5. «APRES L’ECHEC de Philosophies, P.M. est devenu directeur-gérant d’Esprit, une revue plus analytique qui n’a eu que 2 numéros, en mai 1926 & janv. 1927.»
MORICAND, CONRAD (1887-1954).
NUMERO SPECIAL CONRAD MORICAND. Le Pont de l’Epée 73/74 (3e & 4e trimestre 1981): 5-69. 5. «Sous son nom ou le pseud. de Claude Valence, C.M. n’aura publié que des oeuvres astrologiques. Son œuvre inéd. contient bien autre chose que des horoscopes.» Le no. contient : Présentation, Biographie, Bibliographie, C.M., homme du monde, C.M., critique, Modigliani, Varia. C.M., poète. L’affaire Miller. Autopsie du cas Miller. Mort de C.M.»
L. INED. A DUMOULIN. 14 nov. 1940. «Un de mes amis, grand astrologue, le seul qui ait prédit minutieusement les évènements actuels, peintre de plus, homme de grande cervelle & de grande culture; le pauvre cher admirable homme, qui posséda avant 14-18 une fortune de sept millions-or, est aujourd’hui si pauvre qu’il vient de rester 15 jours sans manger autre chose que du pain. Voulez-vous me permettre de lui envoyer le précieux billet ?»
LPM, 97, n. 2. « […] connu surtout pour ses œuvres astrologiques publiées sous le pseud. Claude Valence. […]. Moricand fut élevé dans un monde aristocratique & menait grand train […]. Mais il se ruina & mourut dans l’asile de viellards fondé par sa famille au début du siècle. Au début de la carrière de Moricand, M.J. avait fait la préf. de son prem. ouvrage Les Interprètes (Sirène, 1919). Cette œuvre était un ‘essai de classement psychologiques d’après les correspondances planétaires, ‘thèse liée à la théorie que Jacob voulait illustrer dans L’Homme de chair…[…]. Plus tard pendant la guerre, Jacob essaya aider Moricand en donnant sa collaboration à l’ouvrage Miroir d’Astrologie. (Gallimard, 1949).»
VOIR LES NOMBREUSES LETTRES DE M.J. A MORICAND IN LTB.
MUSSET, ALFRED DE, (1810-1857)
LETTRE A DOUCET. Corr. I. 133. 30 janv. 1917. «Je préfère Georges Sand à Balzac, les comédies de Musset à beaucoup d’autres choses !»
LNF, 80. 16 mars 1925. «J’aime Grenier à en pleurer, à en être malade comme Carmousine.» 81, n. 12. «Comédie de Musset (1850); Carmousine, amoureuse du roi (marié), se laisse mourir plutôt que de révéler son amour coupable.»
MJ/JC, 106. 19 août 1922. «Shakespeare & Musset ne sont pas des entraîneurs, c’est trop haut or j’ai besoin d’entraîneurs parce que je fais des choses trop différentes.»
---. 270. 1 mai 1925. «QUAND LES CONTEMPORAINS DE MUSSET avaient Musset ils ne s’en doutaient pas du tout. Si Musset avait voulu être Byron, il aurait pu l’être & ne s’en souciait pas, il aimait mieux du Musset tout court.»
---. 429-30. 8 juill. 1926. «[…] RAPPELLE-TOI LES TRIOMPHES & les rappels de toutes les pièces du dernier siècle dont personne ne parle plus & rappelle-toi la discrétion avec laquelle ont passé les pièces de Musset & autres.»
VM, 112. «DEUX QUALITES, qui assurent l‘éternité à un ouvrage, le font pour les comédies de Musset: création & situation.»
MUHLFELD, JEANNE
MJ/JC, 279, n. 9. 6 mai 1925; «J.M., la veuve du romancier & critique Lucien Muhlfeld (1870-1903). Elle tenait un salon qui attirait des écrivains célèbres, notamment Valéry & Henri de Régnier, & elle rêvait pour eux de la coupole. Comme Mme de M. était infirme des jambes, ses amis l’appelaient ‘la sorcière’; Cocteau la nommait parfois ‘Jéhanne la Courte.’»
VOIR L. DE M.J. A J. MUHLFELD. «MS. d’écrivains fr. du 19e & 20e s. Cah. d’inéd.» Prés. Jean-Luc Marcié. Université d’Ottawa, 1972. 139.
NIETZSCHE, FRIEDRICH (1844-1900) EN GENERAL & SON INFLUENCE SUR MAX JACOB
HIST. DE LA PHIL. T. III. ENCYCLOPEDIE DE LA PLEIADE. Gallimard, 1974. Sous la dir. de Yvon Belaval, par Michel Haar. Ressemblance frappante de N. & M.J. 1. P. 308. Inlassable échange de lettres que N. entretient sert de compensation à une solitude grandissante & répond à un besoin de communication immense & quasi désespéré. 2. 309. Il a aussi son double: Zarathustra. 3. 310. Il a un style polémique, poétique & aphoristique. 4. 310. On l’accuse d’être inaccessible, inabordable, masqué, méprisé par les ‘spécialistes’ qui trouvent sa philosophie ‘incohérente’. 5. 311-12. La plupart des mots clés du vocabulaire de N. révèlent une pluralité de sens qui produisent un éclatement dans la mesure où ils renferment des significations incompatibles & font éclater une identité traditionnellement admise. 312. Il a recours à la polysémie pour détruire les grandes identités traditionnelles & s’appuie sur une théorie de langage conçue comme machine à fabriquer de fausses identités. Et toute identité est fausse. Il faut ‘savoir danser avec les mots’, ‘danser avec la plume’. (Le Crépuscule des idoles). Cette écriture dansante veut faire vaciller, veut culbuter, disjoindre, éparpiller toute conformité. Avec ses jeux d’ironie, de parodie, d’interrogation, de sous-entendus, mais surtout de ruptures de décalages, de déplacements, etc. Le style vise à détruire, ou du moins à déjouer la
‘sérieuse’ logique & spécialement dialectique, dont le but est toujours de fixer des identités ou de révéler l’Identité absolue. 6. 313. Il manifeste une répugnance profonde à l’égard de toute systématisation. 7. 313. N. est hostile à l’idée d’une révélation ultime de la vérité ! (‘il n’y a pas d’interprétation seule béatifiante’). – L’aspect fragmentaire, aphoristique, éclaté du texte, correspond à la saisie nietzschéenne du monde: monde répandu en éclats, parcouru d’explosions, monde délivré de pesanteur, monde fait de surfaces mouvantes & légères, où le glissement incessant des masques s’appelle rire, danse, jeu. – Aussi le langage & la méthode de N. possèdent-ils une énergie explosive: ce qui est volatilisé, c’est toujours l’identité, sur laquelle repose tout système.- La volonté de puissance. 314-20. 8. 316. Pas de volonté: l’individu ne possède pas un vouloir identique, permanent, d’où découleraient ses actes. Ce qu’il appelle sa ‘volonté’ est une pluralité d’instincts, de pulsions, en lutte incessante pour la prépondérance. 318. La puissance est la loi intime de la volonté ou de la force, qui est ainsi faite que vouloir c’est vouloir son propre accroissement: être plus. Ou bien s’augmenter, se surpasser ou bien décliner, dégénérer. ‘Je suis ce qui est contraint de se surmonter sans cesse soi-même.’ La vie ascendante ou la vie décadente. 9. 340. Si l’art doit devenir la valeur suprême, c’est en tant qu’il correspond le mieux, qu’il est le plus adéquat à l’essence de la Volonté de Puissance comme accroissement permanent de soi. L’art est nommé par N. dès la Naissance de la tragédie (1872) ‘la plus haute tâche & l’activité métaphysique par excellence’, c’est le ‘grand stimulant de la vie’. L’art pousse le créateur à se surmonter lui-même, il élargit le monde parce qu’il le rend à son caractère explosif, chaotique: il est ivresse, fête, orgasme, rupture de l’identité, alors que la science se contente d’ordonner ce qui est dans le fond déjà acquis. 10. 340. La transmutation fait naître enfin l’idéal d’une connaissance qui ne serait plus ennemie de l’art, mais qui en se soumettant à lui se soumettrait directement à la volonté de Puissance. Tel est l’idéal du Gai savoir qui est en même temps un Savoir tragique. Le tragique pour N. n’est ni triste, ni pessimiste: il est l’état qui, grâce à la plus haute affirmation, est capable d’induire en soi & de revendiquer même la plus profonde souffrance. Déjà dans la Naissance de la tragédie, le tragique dionysiaque trouvait sa symbolisation dans le phénomène de la dissonance musicale, plaisir ressenti à travers la douleur elle-même. La souffrance cesse ainsi d’être un argument contre la vie. Or le savoir n’a été jusqu’ici que sérieux, douleur & labeur (tous les jugements de valeurs antérieurs ont été dominés par l’idée du travail.) Le savoir a été funèbre, mortifère, désir d’en finir avec la vie, volonté de mort. [Cf. Faust, remarque de Maria Green], ascèse individualisante & moralisante. Au contraire un savoir artiste, tendrait à briser les limites étroites de l’identité individuelle qu’avait su rompre la sagesse dionysiaque des premiers Grecs d’avant Platon. P. 342. Qu’enseignerait ce Gai Savoir sinon le suprême enseignement de N., ou de Dionysos – car il aura peut-être pour ultime effet de détruire l’identité même du nom propre de celui qui le profère: ‘l’innocence du devenir qui ne fait qu’un avec l’Eternel Retour de l’Identique.’ – P. 314. L’essentiel de la tentative nietzschéenne se trouve déjà présent de façon enveloppée, impensée & masquée, dans ce premier livre que N. ne cessera de repenser, de défendre & enfin d’accomplir: La Naissance de la tragédie. »
EMIE CITE M.J. D, 90. Nlle éd. «Nietzsche dit: «C’est un bon signe quand il semble à un écrivain que l’ennemi n’est pas assez abattu.»
JONES, ERNEST, BIOGRAPHER OF Freud. Freud «several times said of Nietzsche that he had a more penetraing knowledge of himself than any other man who ever lived or was ever likely to live.» The Enc. Of Phil. T. V. 505. Paul Edwards ed. Macmillan, 1967.- «Be yourself! You are not really all you do, think, and desire now. One must become what one is. The ‘true self’ is immeasurably high above you, or at least above what you usually take as your ego. He wants to make life significant & meaningful by generating the philosopher & the artist.»
LE LANGAGE PHILOSOPHIQUE N’EXPRIME PAS LA VERITE DU MONDE. Dans la Naissance de la Tragédie, N. affirme que la musique exprime l’essence intime des choses. L’émotion lyrique peut symboliser la musique.
L. A RENE LACOTE. 17 fév. 1943. LF 4056 (4-11 mars 1954). M.J. cite Nietzsche: «Malheur au livre qui est baptisé avec de l’encre.»
MJ/JM, 70. «Devant des esprits comme le vôtre […] je tremble d’humilité & de bêtise. ‘Qu’il est petit le pensoir d’un artiste’ dit Nietzsche avec vérité.»
MICHEL HAAR. 327. «Le ‘moi’ se révèle comme une simple illusion de perspective, dans la mesure où il est posé comme unité sous-jacente, centre permanent, instance de décision. Or le ‘moi’ & l’individu sont des fictions qui masquent un assemblage, une pluralité de forces en lutte.» Max Jacob exprime la même idée, d’une manière plus simple que N., quand il écrit dans son AP : ‘Une personnalité n’est qu’une erreur persistante.’»
NIETZSCHE exprime cette pensée séculaire: ‘L’artiste danse dans les chaînes.’ Les paroles de M.J.: ’Le but de l’art est l’émotion artistique.’ M.J. est préoccupé de N. Voir ses deux articles à propos de N. dans Nord-Sud et son p. en prose: «Dans la manière de Nietzsche in LC repris dans la «Cinquième plaie du Crucifié & la ‘connaissance tragique de Nietzsche.» Nord-Sud 4-5 (1 juin-juill. 1917) : 15-17.
NIETZSCHE – ET LA COURONNE D’EPINES. Nord-Sud 6-7 (août–sept.): 15-17. 17. «A propos de la ‘Connaissance tragique’ de N. j’ai décrit ici celle que symbolise la 5e plaie du Crucifié: je définissais la véritable intelligence une préhension des idées par le cœur pour la formation des généralités valables. [Voir aussi Ibid. 4-5 (juin-juill. 1917): 17]. Nous tenons ici la signification de la 5e plaie de Jésus Crucifié & de la ‘connaissance tragique’ dont parle N. dans L’Origine de la Tragédie. Les Evangiles prennent Intelligence humaine après la mort morale (naissance de Jésus & de l’homme nouveau) & la mènent de stade en stade jusqu’à la crucifixion ou perfection intellectuelle absolue, les mains étant le symbole de l’intelligence terrestre, les pieds celui de l’intelligence céleste (lavement des pieds), les clous celui de l’accomplissement. La couronne d’épines c’est le travail intellectuel.» - Ibid. 9 (nov. 1917) : 3-5. «Les mots en liberté.» 3. «N. exprime cette pensée séculaire: ‘l’artiste danse dans les chaînes.’»
PLAISIR & DOULEUR SELON NIETZSCHE. La volonté de puissance. II. Livre IV. Par. 8. p. 226. Gallimard. 1947-48. «La douleur n’a qu’une existence relative, elle n’est qu’une conséquence de la volont de jouir de la volonté de devenir, de croître, de construire des formes – c’est à dire du besoin de créer […]. On imagine un état suprême d’affirmation de l’existence où la douleur est impliquée: l’état tragique & dionysiaque.»
SOUFFRANCE – CREATION SELON NIETZSCHE. PERLE – POETE. Zarathustra. 101. «Créer – voilà le grand rachat de la souffrance & ce qui rend la vie légère. Mais pour être créateur il est besoin de peine & de force métamorphoses. – Pour que celui qui crée soit lui-même l’enfant qui vient de naître, pour cela il faut aussi qu’il ait vouloir d’être la parturiante & la douleur de la parturiante. 105. Ainsi me dit un jour le diable: ‘Dieu même a son enfer; c’est son amour des hommes.’ 149. Chez eux [poètes] l’on trouve assurément des perles; eux-mêmes n’en ressemblent que mieux à des mollusques. Et à la place de l’âme c’est une bave salée que j’y trouvai.» [Voir ce que M.J. dit de la ‘perle’ du poète dans une l. à Béalu & G. Hugnet raconte in Pleins & Déliés (318) que quand il a fait la connaissance de M.J. «Max fut amené à se comparer à une huître […] & je lui répondis que s’il était une huître, cette huître donnait des perles »].
OBERLE, JEAN (1900-1960)
«OBERLE, JEAN était dessinateur dans des journaux satiriques. Il a executé plusieurs portr. de M.J. dont l’un, à l’huile, est exposé en permanence au
Musée des Beaux-Arts d’Orléans. Voir également ceux du cat. de l’expo. Max Jacob & les artistes de son temps. 147, 148» ; LRT, 114, n. 17.
OBERLE, JEAN. «M.J. poète & martyr.» Op. cit. 102. «L’ami de Picasso & d’Apollinaire était aussi l’ami de l’ébéniste, du colleur d’affiches, du bougnat. A chacun il parlait son langage: & son don d’imitation, son sens de ce qu’il fallait dire ou du ton qu’il convenait de prendre, sa voix même qu’il changeait, selon qu’il parlât à une vieille chaisière du Sacré-Cœur ou à un ouvrier parisien, son attitude aimable le mêlaient si intimement aux êtres les plus divers qu’il n’avait plus qu’à transcrire pour composer ses romans […].»
LRT, 25. 17 sept. 1937. «T’ai-je dit qu’Oberlé avait aimé ton pigeon. Le fait est que ta sculpture révèle ta science & maintient ta fantaisie en respect. Oberlé m’a rendu en 33 lors de la crise de grands services. Je lui dois une reconnaissance que je lui rends avec affection.»
LRV, 62. 21 août 1936. «Oberlé, fort grand artiste & mon ami.»
VOIR J. OBERLE. Op. cit. 104; même texte in Régine Desforges. T. III. La Bicyclette bleue. Le diable en rit encore. Chap. in J. Oberlé. La Vie d’artiste. Denoël. 1956. 154.
OBLOMOV PAR IVAN GONTCHAROV (1812-1891)
LETTRE A FRANCOIS SENTEIN. 6 mai 1943. Parisienne (avr. 1953): 554-55. «L’oblomovtchina & ‘l’angoisse de l’acte’. J’aime à retrouver ces mots. Jean [Cocteau] a dû en effet bien rire de ‘l’angoisse de l’acte’, cette admirable philosophistication de la paresse. Le mot est de Bourla & voudrait la célébrité: c’est très humoristique. C’est comme si on appelait la gourmandise une ‘union avec le phénomène’ ou l’orgueil ‘l’insatiabilité du moi.’»
SENTEIN, F. «Visite à Max Jacob.» Contrepoint 34 (août 1980): 54. «Il nous révèle l’Oblomov de Gontcharov, qui ne sort plus de son lit, qui crie aux amis qui viennent le visiter: «Ferme la porte, tu apportes le froid de la rue!», qui épouse sa logeuse… Nihilisme, non de la bombe, mais du samovar & de la robe de chambre, & que les Russes appellent depuis lors l’oblomovchtchina, que Bourla traduit par une trouvaille, dans le style de nos milieux: l’angoisse de l’acte.»
OFFENBACH, JACQUES (1819-1880)
A GEORGES GHIKA. 20 mars 1926. PJ, 260. «L’Etat commence à gérer sos affaires en ‘bon père de famille’ comme dit le Code Civil. Pour nous obliger à ‘Recommander’ nos envois à prix d’or, il garde pour lui ceux qui n’ont pas coûté 3 F ou 4 F de timbres. […]. Ça commence comme sous Louis XVI: Sergents recruteurs, fermier d’impôts, douanes & toute la comédie-bouffe qui précéda de cent ans les ‘Brigands’ d’Offenbach.»
JACQUES OFFENBACH. «ORPHEE AUX ENFERS.» Opéra-bouffon en 2 actes 4 tableaux. Paroles de Hector Crémieux. Librairie théâtrale s.d. P. 56. «Quand j’étais roi de Béotie,/ J’avais des sujets, des soldats,/ Mais, un jour, en perdant la vie,/ J’ai perdu tous ces biens, hélas./ Et, pourtant, point ne les envie./ Ce que je regrette en ce jour,/ C’est de ne t’avoir pas choisie/ Pour te donner tout mon amour/ Quand j’étais roi de Béotie,/ tu serais reine sur ma foi!/ Je ne puis plus qu’en effigie/ T’offrir ma puissance de roi: / La plus belle ombre, ma chérie!/ Ne peut donner que ce qu’elle a./ Accepte donc, je t’en supplie, /Sous l’enveloppe que voilà, / Le cœur d’un roi de Béotie!»
LETTRE A COCTEAU. MJ/JC. 556. 16 oct. 1927. «J’hésite beaucoup à t’envoyer cette lettre; il est évident que si tu me parles de soucis d’argent il s’agit de 25 mille francs ou de 128 mille francs mais il se peut aussi que… Et puis il y a la fameuse scène des caissiers dans les Brigands d’Offenbach – Alors on ne sait jamais.» Note 3. «Opérette dans laquelle il s’agit, après de multiples déguisements, tours de force, etc., d’un brigand qui essaie de voler le coffre royal. Malheureusement le caissier l’a déjà vidé avant lui, & en a dépensé le contenu avec des femmes.»
---. ---. 362. Quimper, 24 oct. 1925. «CEPENDANT QUAND MA MERE CHANTE, elle chante juste ce qui commente ma pensée de la minute même & la chanson s’arrête avec cette pensée, une autre commence sur la pensée suivante. C’est effrayant !!!» [Sa mère aimait chanter les airs d’Offenbach].
LFF, 127. Texte de Fels. «Et puis, comme Apollinaire, Max chantait. Il chantait du matin jusqu’au soir, des airs d’Offenbach, & surtout la Langouste atmosphérique de l’opérette ‘L’œil crevé’[…]. Chansonnette de Crémieux, musique de Florimond Hervé, elle mérite d’être citée en raison de son caractère surréaliste.» Texte p.128. «Sur les rives de l’Adour/ Là si trouve oun pastour./ Doux, naïf, exempt de vices,/ Qui pêchait les écrevisses,/ Il disas: ô mon boun Dieu,/ Daigne ascoutarer mes vœux!/ Si tou m’accordas fortune,/ Ze te zoure par la lune,/ Sur les bords de ce canal,/ Zou bastis oun hospital […].»
A RAYMOND QUENEAU. Cah. de l’Herne 29 (1975): 218. 2 juin 1936. «Enrichis-toi de gloire, tu le mérites, mais n’anticipons pas, comme dit un héros d’Homère dans Offenbach.»
SAUGUET, HENRI. «Quand j’écrivais
une opérette avec M.J.» Théâtre I. Un amour du Titien. La Police napolitaine. Cah. M.J. 3 (mars 1953): 8. «Ah! si Chabrier avait eu un tel livret… ou Offenbach… Ceux-là étaient dignes de Max, de son génie fait du sel de la vie & du battement de l’âme.»
---. «M.J. & LA MUSIQUE.» 210 (janv. 1952): 152-53. «Comme un ouvrier du bâtiment, M.J. travaillait en chantant & quiconque l’a approché, ne fût-ce qu’une fois, a emporté avec le souvenir d’une rencontre inoubliable, un couplet, un air faux-breton, […], une mélodie détachée d’une opérette d’Offenbach ou d’Halévy.»
VM, 289. «Et pour maintenir le moral de ses malheureux compagnons, Max chantait avec un autre détenu [à Drancy] qui partageait ses goûts pour les opérettes du 19e siècle, Le Petit Faust & autres airs d’Offenbach.»
PASCIN, JULES (1885-1930)
LRR, 36. 4 oct. 1923. «Pascin est peut-être un grand peintre mais il a l’esprit de Toulouse-Lautrec que je trouve immonde & facile;» 104, n. 42. «Les paroles de M.J. ne rendent compte que d’un aspect de l’œuvre de Pascin: la fascination devant les prostituées avachies & les petites filles innocentes vouées à la corruption. Mais il n’a pas été sensible au témoignage sur la vie des misérables & des humiliés. Il n’a pas reconnu un frère dans cet autre déraciné qui dessinait comme en rêve, qui voyait le bizarre dans le quotidien, avait une fantaisie apocalyptique & dont la mort tragique, comme la vie, fut entourée de légendes. Les paroles de M.J. que R.Toulouse nous a citées explique l’absence de sympathie: ‘Il fait document, la peinture n’est pas un document, ce n’est pas une description, car à ce moment-là elle vous dirige. C’est au peintre de diriger l’opération. Chez Pascin rien de sacré, il parle, il parle.’
PAULHAN, JEAN (1884-1968)
CRITIQUE & éditeur de la NRF après la mort de Jacques Rivière.
LA REVUE COMMERCE fut fondée par J.P. en 1924, revue luxueusement imprimée, contenant des inéd. d’écrivains réputés.
A BARNEY. Aventures de l’esprit. Op. cit. 107. «J. Paulhan louait les Colloques. A son goût, qui est masculin, manquait le fil à couper, le bon (ou ce qu’il appelle tel); ce fil est chez vous.»
HIST. LITT. DE LA France. VI de 1913 à nos jours. Paris: Messidor, Eds. sociales, 1982. 203. «Si l’on croit J. Paulhan, l’ambassadeur allemand Abetz, arrivé à Paris en 1940 après les troupes d’occupation, déclara: ‘Il n’y a en France que trois puissances: les catholiques, le communisme & la NRF. Commençons par la NRF.’ Effectivement il s’en empara. – 205. La présence de J.P. à la tête de la revue favorisa les recherches sur le récit que lui-même pratiqua. Le Guerrier appliqué (1917), La Guérison sévère (1920), Progrès en amour assez lents, Jacob Cow le Pirate ou si les mots sont des signes (1921), Le pont traversé, (1921), Aytré qui perd l’habitude (1921), Les Fleurs de Tarbes ou la Terreur dans les Lettres (1941).
L. A J. PAULHAN. St.-B. 14 janv. 1928. In 118 lettres inéd. NRF (oct. 1976): 73. «Tu sais à quelle hauteur je te place dans l’échelle de l’esprit & des esprits. Admirer & aimer, c’est tout un pour moi.»
L. INED. A J. PAULHAN. 11 août 1921. Hélène Henry. «Le RB, une œuvre-confluence.» Coll. de Quimper. 234-35. «L’on s’est trompé, on a cru qu’il fallait surprendre par la richesse de la langue &, au contraire, c’est par sa pauvreté justifiée qu’on surprendra, par l’adaptation, non du mot à ce qu’il désigne, mais du mot à celui qui le prononce & à la situation. Le mot de la situation! Le cri du cœur! C’est bête ces deux clichés-là, & pourtant, toute la litt. est là… !»
LMM, 35. 17 du 1937. «Mes relations avec Paulhan sont à la fois affectueuses & tendues» ; 144, n. 1. «Du point de vue littéraire la corr. de M.J. à J.P. commencée en 1917 & terminée en 1941, est une des plus intéressantes de toutes celles qui restent à publier. En janv. 1928, Jacob lui écrivait: ‘Tu es le goût fait homme.’ (‘Quatre l. inéd. à J.P. NRF (oct. 1975): 73-79. Ami fidèle du poète, il le soutint lors de ses difficultés avec Gallimard.» [Heureusement la corr. avec Paulhan sera publiée sous peu par les soins de Anne Kimball].
LRT, 128, n. 123. «Les l. à J. Paulhan témoignent qu’en 1928, M.J. avait caressé le projet d’une publication des méditations en recueil chez Grasset, au même titre qu’une autre œuvre de création.» 118 l. inéd. NRF (oct. 1976): 73-75.
LTB, 109. A MORICAND. 109. 10 oct. 1940. «Nouveaux & brusques rapports avec Paulhan. Un long poème de 130 vers sur la guerre adressé à Paul Petit; il l’a montré à Paulhan qui le prend pour Mesures. Ci 1000 ou 1500 fr. Sur quoi tu auras un tant %. Ibid. s.d. 147. «Je connais les directeurs, impresarii & autres cochons… Il y a des exceptions & Paulhan est du nombre restreint des gens délicats.»
LUA, 65. 1927. «[ …] Paulhan, le noble, fin & bon Paulhan, est destiné par l’astrologie à la paternité avec les gens de ton anniversaire.»
MJ/JM, 16. «Dans une l. douloureuse à Paulhan, en janv. 1937, à la suite d’une attaque antisémite de Jouhandeau dans l’Action Française trois mois avant, Max s’écrie: ‘Les juifs pour durer doivent souffrir ; la douleur est le sucre qui conserve, comme tu sais. Chacun d’eux souffre, holocauste pour la race.»
NRF. «Fondée en 1909 par A.Gide, Schlumberger, Copeau & Ghéon, publiée par Gaston Gallimard, la NRF fut bientôt ce qu’était le MF pour la génération précédente, lieu d’accueil pour les écrivains, de révélation pour les talents nouveaux. Sous l’impulsion de Gide, de J. Rivière, de Paulhan, elle fut le rendez-vous des grands auteurs de l’entre-deux guerres; Passée sous la direction de Drieu La Rochelle pendant l’occupation, la NRF dû suspendre sa publication en 1944. Elle reparut en 1954 sous la direction de J. Paulhan & de Marcel Achard. Paulhan est un linguiste, professeur de malgache.»
VM, 207-08. «La NRF réédite en 1928 le CN & aussi le vieux C & publiera enfin, mais dans une éd. de luxe qui en sélectionnera les lecteurs, le TB. C’est le moment où Paulhan, dont l’amitié ne se dément pas, s’efforce, avec la plus rare application, de faire donner à Max la Légion d’honneur. Par lettres ou démarches personnelles, il intervient partout, au ministère de l’Instruction publique, à la Chancellerie, auprès d’Edouard Herriot, d’André-François Poncet. Il prend l’initiative d’une pétition d’écrivains en faveur de Max, il en rédige le texte: ‘En décorant M.J., Monsieur le Ministre, vous reconnaîtrez non seulement une des valeurs les plus authentiques de notre littérature & de notre art, mais vous sanctionnerez officiellement le puissant mouvement de pensée & d’art qui, sous les noms ‘d’esprit nouveau’ ou ‘d’esprit moderne’, apparaît dès maintenant comme la plus grande expression d’art de la France contemporaine.» - Ce n’est que 5 ans plus tard, en 1933, que toutes les préventions contre M.J. tomberont & qu’il sera enfin décoré, ce qui fera très grand plaisir à Mme Jacob mère. – 224. «On n’aimait décidément pas beaucoup Max en dehors de Paulhan & de Queneau, à la NRF. ’Si Paulhan a la grippe, la NRF m’a en grippe’, écrivait Max à B. Esdras-Gosse. – 227. Paulhan qui admirait Max depuis 1917, ne se consolait pas de constater combien l’œuvre poétique de son ami restait d’un accès difficile. […]. Paulhan pense que c’est le moment de les rééditer le CD, la DT & les Matorel. En 1934, Max signe un contrat pour l’éd. du CD, elle ne se fera que 11 ans plus tard, en 1945, après sa mort ; […].»
IBID, 279. [Après l’enterrement de Delphine], «à St.-B., il trouve sur sa table ‘un monceau invraisemblable de lettres’ & il se remet courageusement à la tâche pour répondre à tous ses correspondants avides d’anecdotes & de conseils. Et, dans ses lettres où il annonce les malheurs de sa famille […], il multiplie les plus purs conseils littéraires. Il parle des derniers livres qui viennent de paraître, Les Fleurs de Tarbes de Paulhan, - c’est un livre remarquable.»
PEGUY, CHARLES (1873-1914)
«Ah ! non pas Péguy! C‘est la platitude même!» Cadou. Esth. 36 ; PR, 98.
BEALU, M. «M.J. poète.» Cahs. du Nord. No spéc. 199. «On peut préférer un p. japonais de trois lignes à l’Eve de Péguy, qui a trois cents p., écrivait M.J. en 1916 (préf. au CD) & 30 ans plus tard, sur la p. de garde d’un ex. des VI: ‘Je n’aime de poésie religieuse que celle qui oublie & fait oublier toute littérature.»
MJ/JC, 25. Intr. «On pourrait appeler ‘lettres-jeux’ […] l’habitude épistolaire des deux poètes qui inventent de nouv. jeux de société. Jacob crée en premier le jeu des ‘gars’ qui consiste à diviser les hommes en ‘gars’ ou ‘non-gars.’ Ainsi, Péguy, Claudel, Maupassant & Reverdy étaient ‘gars’, Charles-Louis Philippe était ‘petit-gars’, Apollinaire était ‘gars zézéyant’, mais quand Breton veut faire le gars, il fait rire toute la salle.»
MJ/JM, 23. Sylvain Guena dans l’Intr. cite Maritain qui aime à défendre le combat spirituel des poètes. L’Intuition créatrice dans l’art & dans la poésie. Desclée de Brouwer, 1966. In OC, Vol. X, 1991. 214. «Les luttes & les aventures intérieures de Francis Thompson, de Hopkins, de Verlaine & de Max Jacob, de Milosz & de Léon Bloy, d’Eliot, de Claudel & de Péguy, sont aussi une partie essentielle de l’expérience spirituelle de la poésie moderne».
PERARD, JOSEPH
LTB, A MORICAND. 89. 18 avr. 1939. «Mme L… est une fermière ou se donnait comme telle quand elle me fut amenée par Joseph P…, rue de Duras: je la trouvais vulgaire. Depuis j’ai compris que c’est une femme intelligente & bonne & droite. Il est probable qu’elle est ou fut la maîtresse de mon ami P… […]. Elle écrit des livres d’un style violent & assez obscène, elle me les envoie, je lui réponds […]. Elle pouvait avoir ‘quelques sous’ mais pas beaucoup. J.P… est un ‘pauvre’».
PERARD a reçu une centaine de l. de M.J. 24 fév. 1926-13 sept. 1940. Voir des frag. inéd. in MJ l’Universel par Pérard voir aussi «A un prénommé Joseph» in Albert Guislain. ‘En songeant à M.J.’ Soir [Bruxelles] 7:35 (5 fév. 1956): 1-2. L. de 6 janv. & Salle des Ventes à Orléans. 21-22 avr. 1963. Fac-sim. d’une l. de St.-B. 18 août 1937. Fonds BMO.
PJ, 455, n. 1. «Professeur, écrivain, dramaturge fr. Résident à l’hôtel Nollet, il fréquenta M.J. à partir de 1928. Il écrivit ses souvenirs sur M.J.»
PETIT, PAUL (1893-1944)
CADOU. «L’œuvre de Max Jacob.» Cahs. du Nord. No. spéc. 181. C’est P.P., l’admirable traducteur de Kierkegaard qui préfaça les Morceaux choisis. – [En 1925] «A Rome, M.J. séjourne chez P.P., secrétaire à l’ambassade & grand amateur de littérature que Jouhandeau lui a fait connaître. C’est une grande amitié qui entre dans sa vie. Par Paul Petit, il connaîtra Kierkegaard.» (VM, 181. n. 2) ; LRT, 117, n. 36. «En 1942, P.P. sera arrêté pour ses activités dans la Résistance, & déporté à Buchanwald où il mourra.»
DEDICACE A PAUL PETIT. «Monsieur Paul Petit de la légation de France au Danemark, a bien voulu extraire les moins mauvaises pages de mes œuvres pour en composer l’anth. qu’on va lire, je lui dédie ce volume & comme un hommage de ma reconnaissante amitié à sa brillante personnalité & à ses talents. Max Jacob 1936.»
L. A JEAN FOLLAIN.
Cahs. Bleus, no. spéc. 59. 12 fév. 1942 ; no spéc. 1944, 97. «Je suis consolé par l’amitié de mes amis. Hélas! … que faire pour Paul Petit. Si j’avais l’adresse de Claudel qui est en zone libre, je lui écrirais. Je souffre dans la pensée du brave Paul Petit.»
LJF, 245. 7 nov. 1935. «L’Anthologie enfin aux mains/ de l’ami Jacques Maritain/ attend pour paraître/ le gré de ce maître.» Note: The only ‘anthology’ published in this period is the Morceaux choisis. Gallimard, 1936, selected by Paul Petit of the French Legation of Denmark. M. Denoël has confirmed that it went to Paul Petit via Maritain.»- 261. 24 mai 1936. 17 rue St. Romain, un jour avant son départ. «J’ai pensé à lui [René Dulsou] dédier les Morceaux choisis […] mais j’ai eu peur qu’il le prenne mal & fasse du scandale.»
LRT, 61.10 avril 1941. Roeping. No. spéc. 123. «Paul Petit est malade: il ne vient pas! il a à la fois l’instinct & la science & l’indépendance» ; s.d. [1938]. «A Paris on n’a pas d’amis, on a des rivaux mais je compte sur la fidélité de Salmon, de Paul Petit, du pauvre Messiaen & aussi sur Picasso qui me juge sévèrement mais m’a proposé de finir mes jours chez lui.»
---. 30. 11 janv. 1938. «M. P. PETIT A RENACLE comme exécuteur testamentaire devant la montagne de griffonnage à relire pour les éd. posthumes. Il dit que les amis me méprisent comme ‘poète misère’. C’est eux qui sont ‘misère’».
LRV, 71. 23 déc. 1936 de St.-B. «Paul Petit voulait un gros volume & seulement de vers. Il a été admirable de luttes & de dévouement. Non! il n’y a pas d’autre anthologie. C’est la même annoncée plusieurs fois. Soyons encore heureux d’avoir cela.»
LUA, 51. St.-B. 8 mai 1925. «En réalité le seul rendez-vous fixe est chez Paul Petit, le 21 mai: je dois gagner mon jubilé en 10 jour. Le reste du temps est à nous. Probablement j’irais d’abord te voir puis je reviendrai après le jubilé, blanc d’âme & rajeuni.» 62. 7 oct. 1926. «M. Paul Petit de Rome m’écrit qu’il est à Smyrne & que Jouhandeau ‘cherche le néant’ comme Gide, que ces messieurs manquent de santé. Je lui réponds en lui demandant ce que c’est que la santé en art.»
VM, 221. «L’Anth. sera publiée en 1936 par les soins de Paul Petit, grand admirateur de Max & en qui Max avait une grande confiance. ‘Il en met trop’, se plaignait Max. 234. «Dans les derniers jours de l’année (1936), grâce à l’obstination de P.P. que rien n’avait découragé ‘il a été admirable de luttes & de dévouements’ sortirent des Morceaux choisis, aujourd’hui introuvable […]. Dans une belle préf., P.P. écrivait: ‘Ignoré ou méconnu par les professeurs & les critiques, insulté par les voyous, méprisé par les pharisiens, brimé par les hommes d’affaires, M.J. m’apparaît, en ce morne Paris 1936, comme le vivant & réconfortant symbole de la poésie inextinguible.’ Ils apportèrent à Max une très grande joie.» - 277. «En fév. 1942 Paul Petit qui lui était plus cher qu’un frère, est arrêté.»
MADAME PERSILLARD
ANDRE PEYRE. Op. cit. H. Sauguet. 49-50. «La poubelle Persillard.» Quand H.S. voulut s’installer en appartement Max lui dit:’mais tu es fou!’ - Et moi de préciser: j’ai envie d’être dans mes meubles.- ‘Mais te rends-tu compte ? Tu vas être obligé d’acheter des poubelles & des balais… ‘ «A ses yeux c’était le comble pour un homme de se servir de poubelles & de balais.»
DV, nlle éd. 69-72. «La salamandre & la petite bonne [chez Mme Persillard].» «Il y a un événement ici [l. 16 oct. 1939 à Béalu]. J’habite la maison Persillard. […]. Après avoir mis le nez dans quelques rez-de-chaussée humides & paysans, je suis venu trouver Mme P. & sa maison rose sur la grande place. J’ai une salamandre, un tapis, un lit de pitchpin & une armoire à glace, des greniers & des caves. Tout cela me semble bien étranger.»
LLP, 153. St.-B., 3 janv. 1940. «[…] j’ai déménagé, j’ai une salamandre à censément feu continu qu’il faut refaire tous les matins. J’habite un ‘garni’ de garnison pareil à ceux des fonctionnaires célibataires, de MM les sous-lieutenants à Quimper, avec des tapis couleur cendre, une armoire à glace tout le genre guéridons de 1880. J’ai envahi cela avec mes chevalets, des rayonnages de livres au scandale de ma logeuse qui a été bien ‘obligée d’accepter car elle est très pauvre au milieu de ses élégances de 1880’, croiriez-vous… eh! bien pas du tout… ce n’est pas pour l’argent mais c’est une veuve qui ne peut supporter la solitude, qui en souffre à en mourir, qui s’entoure de malheureux mendigots plutôt que d’être seule. Alors pour que je ne m’en aille pas, elle me comble à toute heure de confitures & de petits cafés… oui même le café devenu plus rare que les diamants. En somme milieu roman russe… si je pouvais seulement décrire les laines qui entourent sa tête & son… ‘bonnet milanais’ (?) comme elle dit, ses fourrures plus que râpées. C’est une excellente personne qui a été bien élevée, veuve d’un docteur maire & conseiller général, riche en terres.»
LTB, 118. 10 janv. 1941. A MORICAND. «[…] ma pauvre logeuse qui ne vit en pensée qu’avec ses splendeurs passées ne sera jamais riche pas plus que son fils qui ‘joue les propriaitaires terriens’ & doit de l’argent peut-être au boulanger comme moi.»
LRV, 90. St.-B. 13 sept. 1939. «J’ai déménagé ce qui a pris une quinzaine de jours: j’ai maintenant une belle chambre avec deux fenêtres sur une grande place dans une magnifique maison en briques roses avec greniers pour les paperasses, caves pour le charbon & une bonne logeuse. Pendant que je t’écris, on me place une salamandre sur le tapis.»
LUCIEN SCHELER. «Max parle d’Eluard.» LF 454 (26 fév.-mars 1953): 5. L. à P. Eluard, 4 juill. De l’an des malheurs 1942, St.-B. «De quoi aurait-il besoin ? […] d’une hôtesse plus intelligente d’un foie qui ne le fasse plus grincher.»
OBERLE, JEAN. Op. cit. 104. L. du début de la guerre à Oberle, à Londres. «Il fait très froid. J’ai un bon feu, dans une salamandre à feu prétendu continu & qu’il faut refaire tous les matins. Je n’habite plus où tu m’as vu, mais chez la veuve d’un docteur, femme malheureuse, c’est-à-dire bonne, qui m’a loué la chambre de son fils mobilisé dans une maison qui fut jadis ‘une grande maison’: c’est-à-dire caves, greniers & tout un ameublement capitonné 1880, le tout vieux, démoli, sali, bien fait pour moi en somme. Compotes, confitures & petit café à toute heure. Je mange dans l’arrière boutique d’un boucher qui mériterait un long chapitre & même un livre; un gros blanc menteur, discoureur & obscène, d’ailleurs très bon. Il parle une espèce d’argot incompréhensible, le plus souvent vit dans une espèce de colère & le regrette constamment… On ne parle plus de ma poésie & je n’y pense pas. J’ai constitué cette année un fonds Max Jacob à la bibl. de Quimper: j’y ajoute de temps en temps quelque chose… » & en marge: je vends un peu… »
VM, 261, n. 1. «Depuis le mois de sept. 1939, Max était installé chez sa logeuse définitive, Mme Persillard […]. Mme P. me donne une brique chaude tous les soirs & des petits cafés dans la journée.’ Sur Mme P. & sur ses rapports avec Max, dont elle aurait volontiers fait un garçon de courses, rien n’a été écrit de plus juste & de plus plaisant que les pages d’André Salmon. [SSF III 1920-1940]. Chap. «St.-B. chez Mme Persillard].»
PICASSO, PABLO RUIZ (1881-1973)
A BLOCH L-R. LJRB, 134, fin déc.1911. «J’habite depuis huit jours 11 bd de Clichy chez M. Picasso, notre Picasso national.» - 144. 9 déc. 1912. «Mais la Butte a trouvé son Roi & sa Reine. Sur ce trône j’ai connu un prince terrible & charmant: Mr Picasso […].» - 147. Print. [1913]. P.S. «Picasso a perdu son père & nous en sommes tout attristés.» -142. Sept. 29, [1914]. «Kahnweiler est à Sienne […], Picasso travaille à Avignon dans, l’angoisse. […]. Apollinaire & Serge des Soirées de Paris sont à la Légion étrangère Orléans avec le dénommé Van der Pijl.»
A BOULLET, JEAN. 9 fév. [1935]. PJ, 393. «Picasso est un moine, un ascète qui s’est nourri 30 ans de légumes cuits à l’eau sans sel […] ; «Picasso peut se prendre d’amitié sans raison après une rencontre hasardeuse & bien hereux sont ceux qui sont choisis: ils font partie de l’Histoire de la Peinture, s’ils savent écouter.»
A CHARLES GOLDBLATT. LCHG, 86. Finistère, Pension Cariou. 22 sept. 1943. «[…] les amitiés comme la nôtre supportent très bien les silences. Picasso avec qui j’ai vécu 20 ans, ne m’écrit jamais.»
---. 77. 16 sept. 1930. A PROPOS DE FERNANDE. «Elle fut musette (& non pas muse) de notre grand génie très cher au souvenir du signataire ( à terre) de cette lettre. Elle vendit, la pauvre, ses bijoux de famille, ces souvenirs de dix ans de triomphe où elle écrasa de son orgueilleuse beauté & de la coquetterie organisée par Picasso, les jeunes gentilshommes sans argent.»
A DUMOULIN. L. inéd. 24 avr. 1941. «[…] il est vrai que j’ai été l’un des prem. amis fr. de Picasso ou même le prem. dans le monde litt. de 1901: il est vrai que je lui ai été d’un grand dévouement & lui ai fait vendre de la peinture (ce qui était difficile). Mais il est inexact que j’aie lancé le Cubisme, cela a été le rôle de Guillaume Apollinaire. Je n’y comprenais rien à l’époque […]. Mon plus grand mérite est d’avoir eu des amis grâce à la reconnaissance de Picasso laquelle l’a fait venir en 37 ici pour me prendre chez lui. Vous voyez qu’il a autant de cœur que de génie. Je lui dois absolument tout.» - Carte inéd. «[…] ne croyez pas que je sois grand’chose dans les succès de Picasso qui ne les doit qu’à son génie & à sa volonté intelligente. Personne ne peut rien pour personne & moi surtout qui ne suis que faiblesse.» - L. inéd. 30 sept. 1943. «[…] Picasso a un côté infernal, sarcastique & anguleux, jusque dans ses grâces & que Braque reste calme, gras, & assez tendre même. On peut aimer Braque mais on admire P.»
A ELUARD. Lucien Scheler. «M.J. parle d’Eluard.» LF 454 (26 fév.-5 mars 1953): 5. «Tout ce que vous m’apportez du sublime Pablo m’enchante;» 4 juill. 1942. «[…] aucune autre amitié plus flatteuse & délicieuse que la vôtre. […]. Je me laisserai bien aller à m’en croire digne si je n’avais le souvenir d’un axiome que j’attribuais jadis à Picasso: ‘Les grands hommes sont mal entourés.’ En ce temps-là j’étais l’ami des génies de la terre, vais-je croire que je suis l’ami des génies du ciel un peu avant ma mort: ce serait pécher par présomption.»
A FOLLAIN. Jean Follain. «Entre le badinage comique & la gravité douloureuse.» Monde 22 mars 1969. «Picasso: le seul homme qui m’en ait bouché un coin.»
A FRANCOIS DE GOUY D’ARCY. PJ, 361. 21 juin 1932. «L’expo. Picasso est une géniale torture.»
A MOREMANS, VICTOR. Op. cit. 40. 21 déc. 1924. «Qu’y a-t-il de plus brave homme que Picasso & j’ai vraiment la même idée de Pierre Benoît, lequel est un travailleur acharné, excellent cœur & idéaliste, comme pas un.»
A MORICAND. LTB, 142. 26 août 1942. «Picasso ne m’écrit jamais. Salmon reste des années sans m’écrire ni Pierre Colle – ce sont des gens sur lesquels je puis compter comme sur toi.» - 14 fév. 1941. 119-20. «Heureux les faibles, les déshérités – mais le sens de ‘pauvres en intention’ d’êtres pauvres (comme Picasso affectant de s’habiller avec ce qu’il achetait avenue de Maine) n’en est pas le vrai sens.» - 81. 13 fév. 1938. «[…] la vie de privations de M. Picasso: vingt ans d’aliments sans sel ni vin – & vois les résultats. C’est avec l’esprit, le sang, les larmes & la terre qu’on fait des œuvres d’art. Le péché n’a rien à y voir. De grands saints ont été de grands artistes & les champions en toutes boxes, d’art où autres se privent de tout.»
A MAURICE RAYNAL. Lettre citée par Rousselot. Op. cit. 156, n. 1. «Quand je connus Picasso, en 1898 je crois, il admirait mes dessins… la littérature ne me prit qu’en 1904.»
A PABLO PICASSO. «Ce laurier qui pare ma tête – Tu le mérites mieux que moi – Picasso, mon ami, mon maître – Roi des peintres & peintre des rois.» Orléans. Musée des Beaux-Arts.
A PROPOS D’UN ARTICLE D’ARMAND SALACROU. LETTRE DE PIERRE ANDREU au Figaro Litt. le 17 mars 1974. «J’ai lu dans le Figaro Litt. (16 mars 1974) avec un peu de peine les souvenirs d’Armand Salacrou sur Max Jacob. Ils donnent de Max une image bien fausse. M.J. n’était ni ce faux-dévôt, ce ‘Tartufe’, que certaines des anecdotes rapportées pourraient laisser supposer, ni surtout, d’aucune manière, quelqu’un que l’argent pouvait intéresser. C’était un pauvre qui gagnait difficilement sa vie, […] avec la vente de ses ‘Gouaches’. Sa générosité tous ses amis l’ont éprouvé, était inépuisable. On ne peut, hélas, pas en dire autant de Picasso. Le mot [de Picasso] cité par Salacrou: ’Quand il vient chez moi; il met de la seccotine sous ses semelles pour essayer d’emporter un des dessins qui traînent par terre…’ est simplement affreux & je pense que c’est faire preuve d’une rare indulgence que de dire que la ‘gentillesse’ n’était pas la prem. vertu de Picasso. Je connais moi aussi une petite anecdote […]. En 1932-33, M.J. […] me montra l’admirable Max Jacob lauré que Picasso lui avait donné & qu’il avait, même dans ses moments les plus difficiles, toujours gardé. Max me dit ‘ […]: ’J’ai demandé à Picasso de me prêter 10,000 francs – qu’était dès ce moment, cette somme pour lui – & il n’a pas voulu. Il me demande de lui donner le dessin, qu’en penses-tu ?’ J’en pensais que c’était cracher sur les années de misère du Boulevard Barbès. Je vous confie cette petite histoire qui permet peut-être de voir où était la générosité.»
A RENE GAUDIER. PJ, 204. St.-B. 27 déc. 1923. «Ne fréquentez pas Picasso! C’est démolissant & votre rôle est de conserver […].»
A TRISTAN TZARA. 26 fév. 1916. Corr. I. 115-16. Cité in Cat. «Hommage à M.J.» 1977. Expo au Musée de Montmartre. 14. (1901 rencontre avec Picasso). «Picasso a été mon ami depuis 16 années: nous nous sommes haïs & nous nous sommes fait autant de mal que de bien mais il est indispensable à ma vie» ; LMM, 151, n. 6.
AUX SALACROU. LS, 72. 9 oct. 1924. «[…] je ne gaspille pas le mot génie, je devine ce que ça pourrait être, je ne l’ai vu qu’en Picasso encore. Le génie c’est l’instrument de la fatalité, c’est l’émissaire de Dieu, c’est l’auteur de miracles, c’est celui à qui l’ange souffle ou qui devine, c’est le contraire du travailleur qui ne trouve des pépites qu’en piochant.»
BREUNIG, L.C. «M.J. & Picasso.» MF 333 (sept.-déc. 1957): 581-82. Il cite de l. à Doucet, 11 janv. 1917. Corr. 122. «Je n’ai rien écrit sur Picasso. Il a horreur que l’on écrive sur lui. […] Pour être complètement franc, j’avoue que je ne voudrais pas être devant la postérité ‘l’ami de Picasso’ & que je craindrais qu’un ouvrage sur lui forcément plus retentissant que les autres me réduisît à ce rôle dans le gros public.- [Voir aussi in Cabanne, op. cit. 314]. - 584. 1916 terme de leur vieille amitié. ‘Moi qui ai dévoué 15 ans de mon existence à sa gloire !’ – écrit-il à Cocteau. 585. Pas de rupture «La collaboration du poète & peintre se prolonge jusqu’en 1919 par des ill., pour le CD (1917), le P (1918), DT (1919). Ils se revoient de temps en temps, notamment au mariage de Picasso en 1917 & aux funérailles d’Apollinaire au lendemain de l’armistice. […]. En 1928, pour orner un cat. de gouaches du poète, Picasso fera un portrait intitulé ‘Max Imperator’, on le voit de profil à la manière d’un médaillon romain, le tout ceint d’une couronne de lauriers. – 587. M.J. à la Galerie Vollard, a vraiment découvert Picasso. […]. Tous deux étaient poussés par une sorte d’agitation spirituelle qu’ils semblaient incapables d’assouvir. […]. Plus tard Cocteau, dans Le Mystère laïc, devait d’écrire cet élan dynamique & angoissé comme un sentiment religieux en dehors de la religion. «On parle toujours d’art religieux. L’art est religieux. Une vraie crucifixion résulte des colères de Picasso contre la peinture. Œuvres faites de clous, de linges, de déchirures, de bois, de sang, de fiel.»
CABANNE, PIERRE. Le Siècle de Picasso. Op. cit. 155. A propos de la rencontre de M.J. & Apollinaire. «C’était, déclarera Picasso avec mélancolie, le temps où peintres & poètes s’influençaient tour à tour.»
---. 359. «MAIS QUAND P. DIT A M.J.: ‘Tu es le plus grand poète de l’époque’, il illumina sa vie jusqu’à la fin.»
---. 409. HOMOSEXUALITE. «l’Orgie est au sud! L’orgie est à Montparnasse! » clamait M.J. qui, fuyant St.-B. pour vendre aux terrasses des bistrots ses aquarelles ou ses souvenirs, prenait des mines affolées en détaillant ses aventures. ‘J’ai passé la journée en habit noir, souliers décolletés & chaussettes de dentelle à Montparnasse. Le soir, en prenant le métro, une voix m’a dit très haut: ‘Vous qui venez à moi, pourquoi me chasser de vous?’»
CAT. Expo. Musée de Montmartre. Hommage à M.J. p. 44, no 170. SM, 1911. p. 44. Dans prière d’insérer rédigé par M.J. «Pour les ill. nous avons songé au maître peintre Pablo Picasso.» Cat. P. 52, no 215. Portrait de M.J. ‘lauré’, 1928, dessin, Musée d’Orléans.
«COCTEAU a osé sur Max cet éloge: «les mystérieuses architectures de Picasso trouvent davantage leur réponse dans le CD que dans Alcools ou Calligrammes.» H. Henry. «M.J. & Picasso: Jalons chronologiques pour une amitié.» Europe (avr.-mai 1970): 192-93.
IBID. 191. «Voici deux hommes célèbres qui pendant près de 20 ans ont été presque inséparables, ont tout mis en commun, leur misère, leurs logements, leur génie. L’un, le poète, a beaucoup parlé de tout cela, presque trop car il se met très vite à ressasser des rancunes, à dévoiler sa jalousie. […]. H. Henry cite Breunig. P. 210, n. 3. ‘leur amitié est d’une complexité bien plus profonde & plus déchirante que ne le prétendent la plupart des biographes.’
CRESPELLE, JEAN PAUL. Montmartre vivant. Op. cit. 129. «Plus tard, au Bateau-Lavoir, son atelier [de Picasso] réunit de vastes assemblées où l’on vit, mêlés aux Espagnols constituant le vieux stock, les poètes Max Jacob, Apollinaire, Salmon & les peintres Braque, Derain, Vlaminck, Matisse, Metzinger…, auxquels se joignit, en 1906, Juan Gris.» - 115-16. «Retrouvant Alice Derain venue le voir [Picasso] à La Californie, il passa des heures à évoquer les amis & les évènements des jours de la Butte, chantant avec elle la chanson assez leste, dédiée par M.J. à Marie Laurencin: ‘Ah! l’envie me démange/ De te faire un ange/ De te faire un ange/ En fourrageant ton sein/ Marie Laurencin.’ – 144, 147. «Par jeu il [Apollinaire] avait affublé les membres de la bande de surnoms empruntés à la révolution de 89. Metzinger était Robespierre; Gleizes, Danton; Braque, Tallyerand; Gris, Fouquier-Tinville; Marcoussis Anarchiste Klotz; Max Jacob, Latude & Picasso, Voltaire après avoir été Bonaparte.»
DAIX, PIERRE. Picasso créateur. Seuil,1987. 44. «En témoignage une l. envoyée à Max Jacob [par Picasso] qui apparaît ainsi comme son premier & son meilleur ami français.» - 46. «Je pense à la chambre du Boul. Voltaire & aux omelettes aux haricots & au fromage de Brie & aux pommes frites. Mais je pense aussi à ces jours de misère & à la vie triste & je me souviens des Espagnols de la rue de Seine avec dégoût.» - 385. «Il faudra que le musée de l’hôtel Salé rattrape Max Jacob, Apollinaire, Reverdy, Breton, les surréalistes – pourquoi pas Cocteau pour qu’y puisse apparaître l’environnement intellectuel, la fantaisie, la poésie sans lesquels Picasso se serait étiolé.»
DEDICACE DE PICASSO DANS Imitation de Jésus Christ. «A mon frère Cyprien Max Jacob souvenir de son baptême. Jeudi 18 fév. 1915. Pablo.» [Don du Dr. Szigeti au Musée de Quimper].
ELISE JOUHANDEAU. Le Spleen empanaché. T. III. Flammarion, 1960.17. «Picasso practisait l’égoïsme comme une haute vertu.»
ENCYCLOPEDIE DE LA PLEIADE. HIST. DE L’ART. T. IV, 1969. Sous la dir. de B. Dorival. 636. «Dans les NL (12 sept. 1928), M.J. témoigne également de l’admiration de Picasso pour l’art nègre. ‘Nous dînâmes un jeudi soir, quai Saint-Michel [chez Matisse], Salmon, Apollinaire, Picasso & moi. Or Matisse prit sur un meuble une statuette de bois noir & la montra à Picasso. C’était le premier bois nègre. Picasso le tint à la main toute la soirée. Le lendemain matin, quand j’arrivai à l’atelier [de Picasso] le plancher était jonché de feuilles de papier Ingres. Sur chaque feuille, un grand dessin, presque le même: une face de femme un seul nez trop long confondu avec la bouche, une mèche de cheveux sur l’épaule. Le cubisme était né.»
DV, 105. Nlle éd. «[…] Max s’écria, une fois, comme nous regardions des dessins de lui datant de 1925 & qu’il regrettait cette fraîcheur: ‘C’est la géométrie qui m’a perdu… Il faudra que tu dises cette phrase, Marcel’. ’Qui saura la mal que Picasso m’a fait!’»
FLANNER, JANET. «One Man Group.» American in Paris. N.Y: Simon & Schuster, 1940, 81. «At one time he was so poor the he & M.J. occupied the same bed in turns. Jacob, who besides being a cultivated poet was an impoverished novelty-shop clerk, slept at night while Picasso worked.; when Jacob got up in the morning to let Picasso go to bed, the floor would be carpeted with drawings, which Jacob had to walk on & from which his footprints later had to be cleaned by art experts, since every early Picasso fragment eventually became so valuable that it could be sold.»
FOURNIER, ALBERT. DEMEURES DU TEMPS RETROUVE. Eds. fr. réunis, 1971. 304. «Les marchands de tableaux qui se vantent aujourd’hui d’avoir découvert Picasso le traitaient de fou:’Votre ami est devenu fou!’ me disait M. Vollard [écrit M.J.]. Un jour que Picasso était malade & j’avais été proposer un paysage à ce même M. Vollard, il me dit avec mépris: ‘Le clocher est de travers!’ & me tourna le dos. (Cahs. d’art, 1927. «Souvenirs sur Picasso» par Max Jacob. Zervos, 1927.
FOWLIE, W. Climate of violence. Op. cit. 161. FIRST EXHIBITION OF PICASSO. «In 1901, during Picasso’s 2nd visit to Paris, the Galerie Vollard on the rue Laffitte presented his first Paris exhibit. 75 pictures were shown. […]. It was chez Vollard, that he met Max Jacob, who was the lst real enthusiast for Picasso’s work & who became his closest friend during the early Paris years. – 165. M.J. had the deepest conviction concerning the entire group, ‘la bande à Picasso’, as it was to be called. He was the earliest historian or the earliest theorist for the ‘Ecole de la rue Ravignan’ the one the most anxious to teach that the new art, painting & poetry both, must comply with no authority, must follow no one leader.»
«GERTRUDE STEIN mentions in Everybodys autobiography, p.18 that Max had complained to her, during a visit, about the fact that Picasso had spoken to him as ‘you who were a poet’. This remark, coming from Picasso, had evidently wounded him deeply. Hence this tribute is far more personal than might first appear to be the case.» Annette Thau. «M.J’s letters to G. Stein.» Folio no. spéc. 53.
---. 53. «ETERNITE DU POETE.» «Il y avait un moment amer où l’on dit à M.J.:’Vous étiez poète ?’ Max a répondu: ‘Oui quand même, moi j’étais poète.’ C’était sa modestie qui l’empêchait de dire poète dans le passé, le présent & l’avenir. Enfin, il est poète, il a le cœur d’un poète & il écrit des pèmes, il fait sa peinture mais pas comme un peintre, mais comme un poète […].»
«GIVRE.» J. Lafranchis. Op. cit. s.p. «Nous aimions à fixer le génie de Pablo. Lui, derrière un quadrilatère d’arbres, & les yeux derrière un bandeau de cheveux, l’aile noire d’un oiseau, c’était l’Olympe. Salmon, Apollinaire & moi c’était la pente, le sentier qui conduisait à la sérénité» ; Alice Halicka. Hier: Souvenirs. Eds. du Pavois, 1946. 271.
GUINEY, MORTIMER. Cubisme & Littérature. U of Connecticut. 1972. 119, n.1. L. inéd. 9 fév. 1940 à J. Mourlet. «Il y aura l’an prochain 40 ans que je défends Picasso. Je me suis brouillé pour lui avec des gens, avec ma famille de Paris. Et pour lui aussi, je me suis fait ami de gens qui n’étaient pas faits pour moi & qui ont faussé ma destinée car j’étais né classique & grave… »
GUISLAIN, ALBERT. «En songeant à M.J.» Le Soir 7:35 (5 fév. 1956): 2. «Quant à Picasso […]. On a vendu 1 million un tableau de lui en Amérique. Songez à ce que vaut un croquis. Ne m’en veuillez pas plus que je ne lui en veux. Il est venu ici, le soir du 1er janvier, avec une dame [Dora Maar], un chauffeur & son fils. Nous avons eu une violente émotion, puis nous avons ri jusqu’à 11 heures du soir. Il habite, 23, rue de La Boétie, voilà ce que je puis dire & tout ce que je puis faire. Je ne veux pas me brouiller avec lui en enfreignant ses consignes.» L. 6 janv. à Joseph Pérard qui aurait voulu obtenir un croquis de Picasso par M.J.
JOUHANDEAU, MARCEL. Les Carnets de l’Ecrivain. Premier Carnet. Gallimard, 1957. XI, 68; Le Petit Crapouillot 13:7 (juill. 1958). «Max Jacob qui tenait Picasso pour un autre Michel-Ange, s’abandonnait parfois à dire dans un accès de perspicacité ou de désespoir: ‘Picasso? cet homme qui mâchonne tout le temps quelque chose de verdâtre qu’il a envie de cracher à la figure, veux-tu que je te dise ce que c’est: C’est l’avènement de la syphilis dans la peinture.’
LBEG, 12.15 mai 1924. «M. Picasso me dit que j’étais un grand poète. Il ne savait pas ce que c’est un grand poète, moi non plus […] . C’est ainsi que je devins homme de lettres. Mon premier ouvrage est un livre de prix pour enfants. Histoire du Roi Kaboul & du marmiton Gauvin (1904). Mon prem. ouvr. litt. est SM (1910).»
LJC, 78. 2 oct. 1926. «Moi je te demande de faire avec moi le pacte que j’avais fait jadis avec Picasso: ‘Je n’écouterai pas ce qu’on me dira de toi & tu n’écouteras pas ce qu’on te dira de moi!’- 113. L. 26 fév. 1927. Chaque fois que j’ai placé un peintre il s’est tourné contre moi comme Picasso qui ne m’adresse plus une carte […]. - 83-84. [22 nov. 1926]. Tu juges très bien Picasso. Il hait sa peinture comme on hait le démon, son démon, & la femme ‘adorée’. C’est l’homme de toutes les contradictions: à la même minute il rage de la vie qu’il mène & de l’idée qu’il en pourrait mener une autre. Tu dis bien: il déteste tout & se déteste lui-même: en même temps il aime tout & ses productions admirables aussi. Il est ce qu’on aurait appelé: un abîme, un chaos. Picasso n’est pas, il se fait, comme dit Vico de Dieu. Son œuvre seule existe & on est surpris qu’il sorte de cette brousaille faite homme quelque chose si pur. – 12 avril 1927. 134. L’amour-admiration (genre Madelaine-Christ) que j’ai pour V… [Vaillant], Picasso & pour toi & que tu as pour R. Radiguet est un amour admirable, un hommage rendu à Dieu dans ses créations réussies» ; MJ/JC, 446; 500 ; 454-55 ; 529.
LJCOLLE, 33, n. 4. «On a retrouvé des l. pleines d’affection de Max à sa logeuse & à son fils ainsi qu’un document daté de 1941 indiquant le nom des personnes à prévenir en cas d’accident (arrestation): ses frères Gaston & Jacques, ses sœurs Delphine & Myrté-Lea y sont mentionnés, ainsi que Moricand & Picasso.»
LLG, 93. 13 mars 1942. «Le Douanier Rousseau était une espèce de concierge en pantoufle: ’Combien que tu paies de loyer ici ?’ Quand il allait chez Picasso pourtant il disait ’il n’y a que deux peintres toi & moi!’ Oui répondit Picasso avec calme […]. 94. Un jour que Picasso & moi nous y allions [à son atelier] pour rire: nous y trouvâmes Apollinaire, grave & ému qui adossé au mur […] récitait un poème très applaudi.»
LMM, 60. 26 mars 1940. «D’ailleurs Apollinaire n’est pas tout au monde: il est un grand poète livresque; ni Rimbaud ni même Laforgue (si mince) n’ont été livresques. Rien de vraiment humain que le décor & les mots concrets (certes!) Picasso est de même en peinture. Il y a à trouver mieux.»
LRR, 111-12, n. 106. «Pour M.J.’l’amitié est un baptême, il faut l’excommunication pour en sortir’. Dans le cas de Picasso, on connaît leur jeunesse commune & l’esprit de sacrifice de M.J. envers son compagnon. Par la suite leur carrière si divergente les a séparés. La fidelité de M.J. à ses principes de jeunesse, sa pauvreté ont dû agacer le millionaire comblé de succès qu’était devenu Picasso. Quand ils se voyaient, ils n’avaient plus rien à se dire. L’esprit de moquerie qui était de mise quand ils partageaient la même misère, ne pouvait plus à présent que blesser M.J. Mais ce dernier a toujours tenu le pacte de leur jeunesse Tout ce qu’on te dira de moi ne comptera pas & réciproqement’. (A Béalu, 25 janv. 1943). Picasso a exercé une réelle fascination sur le poète, qui toute sa vie manifestera une admiration pour son génie. Dans une de ses dern. méd. inéd. sur sa mort, c’est Picasso qu’il imagine à son chevet & dans son S.O.S, envoyé à Salmon, il demande d’avertir Picasso. A P. Colle & H. Sauguet, venus lui demander de l’aide pour Max arrêté par la Gestapo, Picasso répondit:’Ce n’est pas la peine de faire quoi que ce soit. Max est un ange. Il n’a pas besoin de nous pour s’envoler de sa prison.’ Pour une analyse détaillée de cette amitié déchirante lire «M.J. & Picasso: jalons chronologiques pour une amitié» par Hélène Henry & L.C. Breunig. «M.J. & Picasso.» MF 333 (sept.-déc. 1957).
LRT, 43. 5 mars 1939. «Picasso a eu des jours sans pain, & il a été volé de tout ce qu’il y avait dans son atelier par un ‘impressario manager’ qui avait mis le loyer à son nom à lui Manach. Dieu a d’ailleurs puni ce misérable qui est mort dans une maison de fous. Picasso avait à peu près ton âge quand ce malheureux
vol est arrivé: il n’a pas perdu courage.»
---. 60. 10 avr. 1941. «J’AI AIME PICASSO AVANT DE SAVOIR CE QUI EST BIEN OU MAL: si on m’avait enseigné ce qui est bien j’aurais détesté toutes ses prem. œuvres & même d’autres qu’on aime aujourd’hui à cause des dernières. Donc laissons les gens à leur instinct & ne les enseignons pas. On conseille aux médecins de ne pas communiquer leur science & le processus de la maladie au malade.»
---. 77. 14 août 1942. «PICASSO A LA GRACE DE DIEU & il a réfléchi à tout.»
---. 89. 24 mars 1943. «J’AI ECRIT A DAHL DIRECTEMENT en lui conseillant de voir plutôt Picasso au restaurant ou au café de ma part. J’ai écrit à Vlaminck mon admiration & mon amitié pour Picasso» ; 139, n. 206. «Jacob avait été très irrité par les souvenirs de V. sur Picasso & lui. C’est à la suite de leur envoi & pour les rectifier qu’il écrit à V. (voir une l. 13 avr. 1943 très dure à l’égard du peintre dans LLG, 150).»
MJ/JC, 190-91. 8 fév. 1924. «Car /à mon avis/ Picasso n’a jamais fait que tâtonner sauf dans le manuel, le tripatouillage du métier où il est maître. Il ne sait pas où il va; il ne voit pas clair.» 191, n. 5. «Commentaire surprenant & méchant, mais non sans mérite: Picasso tâtonne, cherche toujours à se renouveler & y réussit, mais il ne se fixe jamais un but précis pour ensuite ne travailler qu’à le réaliser.» - 453. 20 nov. 1926. Lettre de Cocteau à M.J. «Picasso déteste tout & se déteste lui-même. Il veut faire l’infaisable & l’exige des autres. En somme, cet espagnol veut être un Saint & il enrage parce que ses dons l’obligent à prendre la route impure. Au reste il juge mal les lettres. Il ne comprend pas que sa révolution en peinture a été faite chez nous jadis par Rimbaud-Ducasse, etc… que le sang a coulé – que la révolte actuelle est un besoin de législation & d’amour. […]. Preuve - ces toiles où il cloue, crucifie des chemises, des ficelles, essaye d’assassiner la peinture.»
---. 278. 6 mai 1925. «P.P.P. [POULENC & PABLO PICASSO] sont à Monte-Carlo P.P. C [Claudel]! je l’ignore & passerai pardessus le viaduc ou aqueduc ouf ! vive l’indépendance voyageuse pardessus Diaghilev. Je vais au forum & pas à Picasso malgré mon amour réel & profond pour lui.» – 320. 25 juin 1925. «Si Picasso dit la belle parole de ta lettre, il est bien coupable de rester ‘chien’. Mais qui peut lui dire quelque chose? il prendra son sourire ironique… Le désaccord avec soi est la maladie des artistes.» Allusion à ‘chien’. 321, n 3, «Cocteau a dû raconter à M.J. l’histoire qui deviendra le Prologue de la Lettre à Jacques Maritain. Rome, en 1917, aux environs de Pâques. ‘Après 15 jours du travail de PARADE qui ne nous a laissés libres de rien voir, nous nous promenions, Picasso & moi. Picasso: Visitons cette église. (L’église est pleine de fidèles, de candelabres, de musique & de prière. Impossible de visiter). Moi: Visitons une autre. (Même jeu). Longue marche en silence. Picasso. Nous vivons comme des chiens.’ Op. cit. L. de M.J. [22 nov. 1926]. 455. «Tu juges très bien Picasso […]. Il hait sa peinture comme on hait le démon, son démon […]. Il a toutes les rages même celle de ne plus pouvoir se plaindre. […]. C’est l’homme de toutes les contradictions […].»
MR. «La Mort.» T.r. éd. 124. Ed. Gallimard, 1947. 142. «Voici quelques amis peut-être & peut-être mon frère & ma sœur, peut-être Picasso & Salmon ou Moricand ou Pierre Colle.»
OBERLE cite M.J. Op. cit. 103. «C’est au moment où je débutais comme critique d’art que je connus les deux hommes les plus admirables que j’aie jamais rencontrés: Apollinaire & Picasso. La poésie & la peinture. Quelles merveilles! Quels génies! […]. Pauvre cher Guillaume, je l’aimais tant! Il est mort le 11 nov. 1918, le jour de l’armistice, & tout le monde dans les rues criait: ‘A bas Guillaume!’ - Quant à Picasso, dit M.J. ‘je le vois très rarement. Il vit bourgeoisement, il a des millions & une Rolls-Royce. Je lui dis: ‘tu es riche maintenant & moi je suis resté pauvre.’ Et Pablo m’a regardé & il m’a dit en ricanant: ‘Non, Max, tu n’es pas pauvre.’»
ROUSSELOT, J.. Op. cit. 140. «Bien sûr, Picasso, qui ‘lui a apprit les constellations sur la toile à peindre’ est pour lui un très grand peintre, mais il le tient pour son révélateur plutôt que pour son maître &, à la fin de sa vie, il le dira ‘très entaché de musée’. Il lui préfère, au fond, Modigliani […].»
SECRETAIN, ROGER. «Notice.» Mail 5 (avr. 1928): 225. «Puis il rencontra Picasso (‘le seul homme de génie de ma vie’, dit-il parfois).»
VM, 142. «Dans une Méditation - inéd. -écrite pendant la guerre […] il décrit son lit de mort, entouré seulement de Louis Vaillant, devenu général & du ‘génie’ qui a traversé sa vie, Pablo Picasso.»
---. 39-40. «[…] SON AMITIE AVEC PICASSO, cette amitié si profonde & si touchante qu’il lui garda toute sa vie & que P. lui rendit vite si mal, jusqu’au jour où il eût fallu la lui rendre tout à fait & où il ne la lui rendit plus du tout. M. & P. s’étaient connus en juin 1901. – 47. Un de ses poèmes, ‘Le cheval’, eut ses heures de célébrité, dans les soirées montmartroises car, dédié à Picasso, on disait ‘le cheval à Picasso’, comme on dit la vache à Colas. – 86-87. En 1911, quand M. a été malade, Pablo l’a installé chez lui & Fernande l’a soigné. [Plus tard quand Eva Gouel est la nouvelle maîtresse]. On a installé Max dans une ‘chambre royale’ & comme ‘la table’ est elle aussi royale, [à Céret ou P. l’a invité] il travaille allégrement dans sa jolie chambre dont les fenêtres s’ouvrent sur un grand parc. […] . – 99. Puisqu’on est parti, grâce à Max, pour s’amuser, Picasso qui sera son parrain veut qu’à son baptême il porte le prénom de Fiacre.»
WARNOD, JEANINE. Le Bateau-Lavoir. Op. cit. 49. A l’occasion de l’expo. de Picasso chez Vollard M.J. fait sa connaissance. «J’avais été si émerveillé par sa production, comme critique d’art profesionnel, que j’avais laissé un mot d’admiration chez Ambroise Vollard. Et le jour même j’avais reçu d’un M. Manach qui s’occupait de ses intérêts, une invitation à le visiter. Dès ce prem. jour, nous avions senti l’un pour l’autre une grande sympathie.» […] Et Berthe Weill d’écrire à son tour: ‘Comme c’est amusant d’entendre notre Max crier comme un putois en un langage nègre pour se faire mieux comprendre de Picasso.’ 61. «Même quand il parlait à peine le français il était apte à juger, à goûter immédiatement la beauté d’un poème… Il a lui-même écrit des poèmes admirables en espagnol & en français. – 93. «Leur rencontre [Picasso-Braque] au Bateau-Lavoir, dans l’atelier de Picasso, est donc un événement capital pour l’hist. du cubisme, que M.J., très partial en faveur de P., relate en termes de poète :’Qui est l’inventeur du cubisme? Provisoirement ce furent les épaules de Saint Pierre Braque qui portèrent l’œuvre du Dieu Créateur… Bien que voûtées celles de Braque sont présidentielles, elles ont moins de viande que les épaules des deux canotiers de Bougival, Vlaminck & Derain & pourtant, comment imposer l’art noveau aux Indépendants, sans en imposer aux blageurs? Il est défendu de parler au pilote, c’est la réponse célèbre de Braque à un bavard (que Kahnweiler attribue à Picasso). Vous voyez bien que les calmes épaules du Protecteur devaient commander le silence aux doux plaisantins des vernissages. – Et voilà la nidification de l’Alcyon, Picasso sur la mère Georges Braque. L’œuf couvé, Picasso laissa le génie ailé de Braque onduler dans le sillage de l’Alcyon même & la cimaise de 1907 le cueillir le premier. – Max Jacob conclut: Picasso est bien de tous les moteurs le promoteur du movement perpétuel. Qu’il soit élu le premier & sans consort. A Braque, une couronne! elle est en météorite. Et qu’il ne bouge pas surtout, nous l’aimons tellement ainsi.»
---. 105-06.. «PICASSO M’A FAIT SOUFFRIR, & il fallait que mon amitié fût très forte pour avoir subi ce que j’ai subi ici. Il m’a renforcé ma poésie, & moi je l’amusais. Tu dois publier, me disait-il, & il illustra mes prem. livres. Moi je me promenais avec ses dessins & nous nous encouragions mutuellement. [paragraphe qui précède cette citation]. […] M.J. fut le prem. poète séduit par la prsonnalité de Picasso. Peu de temps avant de mourir tragiquement à Drancy, il eut l’occasion de revenir au Bateau-Lavoir. Il évoquait ses années de misère.»
---. 152. «POUR PICASSO, COMBLE D’HONNEURS vers la fin de sa vie, c’est le symbole de sa vraie célébrité: ‘Au Bateau-Lavoir, oui j’étais célèbre! Quand Uhde venait du fond de l’Allemagne pour voir mes peintures, quand les jeunes peintres de tous les pays m’apportaient ce qu’ils faisaient, me demandaient de conseil, quand je n’avais jamais le sou. Là, j’étais célèbre, j’étais un peintre pas une bête curieuse.’ [Rapporté par Jacqueline Picasso]. – A André Malraux Picasso dit en 1969 quand il lui annonçait… son intention de faire classer le Bateau-Lavoir. ‘Si on nous avait dit cela, quand nous y étions.’ [Le Bateau-Lavoir fut classé le 1er déc. 1969, le 12 mai 1970 s’abîmait dans les flammes].
---. 158? «QUEL TITRE PICASSO ALLAIAT-IL DONNER à cette œuvre [Demoiselles d’Avignon] qui fait table rase de toutes les conventions? […]. Le point de départ de cette toile est pour lui un souvenir de Barcelone, & précisément d’une maison close de la Carrer d’Avinyo. […] Salmon le prem. donne un titre au tableau: Le Bordel d’Avignon. Apollinaire propose ensuite: Le Bordel philosophique. Salmon décide enfin des Demoiselles d’Avignon. Mais M.J. n’ayant pas saisi le rapprochement entre Avinyo & Avignon s’exclame: ‘Ma grand-mère était d’Avignon’ & aussitôt une de ses demoiselles fut surnommée ‘la grand-mère de Max’.»
PLATON (428 ou 427-348 ou 347 av. J.-C.)
LMM, 126. 3 mai 1943. «Les oeuvres d’art ont leur copie au ciel des images, le 9e Ciel de Platon.»
LRT, 7. Préf. de Patricia Sustrac. 7. «La reproduction d’une forme est une opération de dévoilement qui en saisit l’essence, l’irreprésenté, ‘l’inexprimable qui seul compte’ écrit M.J.» ; 109, n. 3. «M.J. s’inscrit ici dans une tradition classique de l’esthétique. Chez Platon, la reproduction est ‘l’image d’une image’, une copie du monde sensible – pâle refllet de la vérité. Toute reproduction qui ne lèverait pas cet écart est l’œuvre d’un ‘imitateur, d’un charlatan’. M.J., on le sait, reçut un enseignement de grec, de latin & de philosophie; très influencé par un professeur platonicien, son esprit a été formé à une rhétorique, à une esthétique classiques comme la plupart des intellectuels fr. de cette époque.»
LTB, 93. 13 fév. 1940. A Moricand. «Je me souviens d’una époque où mes poèmes s’intitulaient ‘Préexistence de Formes’. Oui, ce que nous créons n’est qu’un appel à ce qui existe ailleurs […] il suffit de ne pas trop donner d’importance à la terre pour vivre avec les ‘films célestes’. […]. De là les prétendus délires qui ne sont qu’une introduction dans ce que Platon appelle ‘le ciel des images’.»
POE, EDGAR ALLAN (1809-1849)
BALLADES. Debresse, 1964. 10, n. «Le soldat qui disait: ’Je sais mener un train.’» «J’ai voulu créer un rythme neuf & cela seulement & non pas, comme dit Cadou ‘tourner autour du Poë’.»
BELAVAL. Op, cit. 57. «Ce qui distingue un maigre roman […] des chefs-d’œuvre, c’est qu’il ne comporte pas de conception génénérale de l’humanité. Lis les contes de Perrault ou d’Edgar Poë, est-ce qu’on ne voit pas d’un coup d’œil que cela émane d’un grand homme? Le beau est là & non dans le bon style ou autre qualité!»
CADOU. «La vie du poème.» 143. «Jarry, Kafka, Poë, ces trois astres noires brillèrent un temps au-dessus de la rue Ravignan.»
LJC, 111. 16 fév. 1927. P.S. «Je lis Edgar Poë, très inférieur à toi malgré la réclame qu’on fait à cet humoriste depuis cent ans environ. Quelle différence entre la mythologie en chapeau de Chateaubriant du Corbeau & tes miroirs. Il croyait qu’un seul méritait un poème parce qu’il était ovale. [Note: Cette l. répond à l’envoi par J.C. de son drame Orphée]» ; MJ/JC, 497. Note 3. «Réf. Probablement au conte de Poë, ‘Le Portrait ovale’ dans Nouvelles Histoires extraordinaires.»
LJF, 251-52. Quimper, 21 déc. 1935. «1. un cas, s’il est une révélation d’une loi ou s’il peut en être une, c’est une trouvaille. 2. un cas s’il est présenté comme une exception à une loi (monstres choisis, Jean Lorrain, E. Poë & les romans psychiatriques) est encore quelques chose. – En somme je suis, comme toi, partisan du général & du synthétique. C’est la théorie des très grands classiques à ne pas confondre avec le chromo du vraisemblable des romanciers de 1880 à 1900.»
LJRB, 135. Fin déc. 1911. «Tes nouvelles sont belles […] cela s’avance vers l’épopée sans jamais friser le ridicule. Rien à voir avec le courant Flaubert, ni avec l’autre courant que je ne nomme pas parce que tu m’intimides & que je ne veux pas dire de bêtises devant toi, mais que j’appelle le courant E. Poë quand je suis seul. […] ces deux hommes ont posé le siècle de la nouvelle horrible.»
LMM, 92. Début juin 1941. «Ecris des contes & envoie-les comme tout le monde. C’est comme cela qu’E. Poë, un des plus grands génies à mon sens, a ‘débuté dans la littérature’.» Ibid., 154 n. 3. «A Belaval, M.J. recommande la lecture de Poë […].»
---. 72. 16 fév. 1941. «UNE FORMIDABLE INSIGNIFIANCE dans toutes les œuvres alors que la chrétienne Russie & d’autres pays religieux ont donné Dostoïevski, Edgar Poë, Byron. […] B. est le père d’un siècle & demi. B. est un homme religieux puisqu’il croit au diable.» - 71. 10 janv. 1941. «Connais-tu les critiques d’Edgar Poë? Ça ne l’empêchait pas de créer de la poésie.»
---. 118. 5 nov. 1942. «TOURNER AUTOUR DU POE, dit Cadou – tomber dans le Poë, dis-tu. Je suis peut-être un peu responsable de ce pot pour lequel j’ai un culte inconscient & transmissible (cible) sans doute.» - 135. Oct. 1943. «Il n’y a que les très grands hommes qui peuvent supporter ce poids [la culture]. (E. Poë savait l’hébreu & le sanscrit)» ;
LA POESIE HONGROISE
LNF, 140. 8 oct. 1927. «Je lis une anth. de poètes hongrois» ; 141, n. 14. «Vraisemblablement L’Anthologie de la poésie hongroise contemporaine. Ecrivains réunis. 1927. Rédigée par Béla Pogany & révisée par Géo Charles.»
PONCHON, RAOUL
MEMBRE DE L’AC. GONCOURT. 1. La Muse frondeuse. Grasset, 1971. 2. La Muse vagabonde. Charpentier, 1947. 3. La Muse au Cabaret. Charpentier, s.d. – Ponchon a rempli 150,000 vers. 4. Marcel Coulon. Grasset, 1927. Raoul Ponchon. «Votre chaude critique, écrit Charles Maurron à Marcel Coulon – de ce beau & bon poète des vins de France, de ce fils de Ronsard, de ce neveu de La Fontaine ira au cœur de tous nos amis naturels aussi rapidement qu’elle est allée au mien.»
SALMON. SSF. I. 199-201. «Marcel Coulon essayiste ne s’est occupé que d’un seul vivant: Raoul Ponchon &, cette fois, ce fut en apologiste. Il a consacré deux volumes importants, utiles à consulter, riches en détails sur la belle, longue & nonchalante carrière du poète des Gazettes rimées, lointain héritier de Saint Pavin. Le curieux est que la chose ait mal tourné pour l’apologiste sans mesure. Dans le second de ses livres, M. Coulon pour mieux exalter celui qui ‘avait composé plus de vers que V. Hugo’ imaginait quand il ne présentait pas nommément Ponchon, de dire, d’écrire Lui & Il, avec des majuscules, comme s’il s’agissait de celui qui règne dans les cieux. Ensuite de quoi R.P. dont le caractère ne fut jamais facile, invita Marcel Coulon à ne lui plus jamais adresser la parole.»
POIRET, PAUL (1879-1944)
Corr. I. 73. PR, 85. L. à Kahnweiler, 21 sept. 1912 raconte comment l’auteur a ‘pêché, chassé, ramé, canoté, bu, mangé, parlé, dormi, dansé & chanté, s’est chaussé, déchaussé, baigné, bu encore (sic) & acompagné des instruments à cordes sur un piano faux’ chez le couturier Poiret, sans en éprouver le moindre malaise intérieur, seulement de la fatigue. Or, plus tard, il ne supportera plus des telles dissipations. 118; PR, 86. «Je ne vais plus à Montparnasse où je pèche d’une manière ignoble, & je ne veux plus voir Poiret pour le même motif. Le confesseur trouve cela de petits sacrifices. Dieu saura seul ce qu’il m’en coûte.»
MJ/JC, 228. 7 avr. 1925. «M. Poiret ne faisait pas lever les gens, il les faisait coucher. Que préfère-t-il qu’on se lève ou on se couche?» 230, n. 1. «Paul Poiret, spécialiste de la silhouette féminine qu’il libère du corset & habille de vêtements inspirés de l’Orient & taillés dans des tissus somptueux. Poiret traitait M.J. un peu en bouffon, mais pendant les années à Montmartre il l’aida à vivre (cf. P. Bertin. Le Théâtre et (est) ma vie. Paris: Le Bélier, 1971, 74).- Poiret, le Pacha de Paris, régna sur tout-Paris de 1909 jusqu’à la grande guerre. A l’époque de cette lettre, il ne menait plus grand train. C’était un des derniers grands mécènes & un ami des artistes qui constituaient son entourage favori. En 1944, Cocteau préfacera le cat. d’expo. des toiles de Poiret à la Galerie Charpentier qui connut un grand succès. Cf. l’autobiographie de Poiret, En habillant l’époque. (Grasset, 1930).»
«PAUL POIRET, couturier & décorateur parisien. Secondé par une équipe de peintres (Vlaminck, Dufy…) il renouvela la couture en simplifiant le costume féminin. M.J. le connaissait depuis ses prem. années à Montmartre. P.P. l’avait invité en 1911 & en 1912 dans sa villa à l’île Tudy.» LAL, 110, n. 8.
PRASSINOS, GISELE (1920- )
LJF. Max Jacob. Du «Tiers tranporté». 295-96. «Surréalistes & Médiums.» «Parce que les idées extérieures déteignent d’un ciel surréaliste sur une petite fille d’Ecole Communale, elle qui n’a lu que Zola! Elle écrit, elle écrit sans fin! Elle nous convainc que les toenias bouclent les crânes des vieilles dames, que des noix s’incorporent à leur nez, que leurs articulations sont accrochées par des épingles à cheveux & des rubans roses, que sur les tas de sable à Bercy Châteaubriant se promène mort, nocher d’un chien vivant & avec son bicorne académique. […]. Mais G.P. (c’est son nom), comme un jeune cygne navigue avec ses 14 ans sur les reflets d’arbres qu’elle n’a jamais aperçus. Ah! ne relevez pas la tête vers le rivage des combats, mademoiselle! C’est un si grand plaisir de contempler le surréalisme démoucheté! Ne prêtez pas l’oreille aux parades, mademoiselle… vous entendriez des bruits de marteau & d’échelle qu’on déplace. Prenez garde à la méchanceté, jujube pour les gens de lettres, elle anéantirait votre chance de médium; la méchanceté scandalise! L’Esprit qui s’écoule sans dire adieu, & son départ est le signal des instruments faux du beau style. Médium, certes, G.P.! Quand son éditeur lui eut inculqué la nécessité de la nature des dédicaces, l’ignorante inspirée formula de brefs horoscopes & bien indiscrets si j’en juge par mon exemplaire de la Sauterelle Arthritique.»
---. 258, n. 53. THE DE LUXE REVIEW MINOTAURE (Winter, 1935), published in Paris by Skira contains poems by G. Prassinos introduced by A. Breton, entitled ‘La Grande Actualité poétique.’ 61-62. This article concludes: «L’auteur de ces poèmes, Mlle Gisèle Prassinos, est, en effet, âgée de 14 ans; nous avons pu nous assurer que ne lui était passé sous les yeux aucun texte de caractère automatique & que l’état de ses lectures ne différait aucunement de celui des jeunes filles de son âge. Je n’insisterai pas sur la qualité de la page qui va suivre. L’importance du problème qu’il résoud m’engage à laisser parler pour tous mes amis & pour moi ce document exceptionnel.’ There follow 8 poems by Mlle Prassinos. Her subsequent works include Facilité crépusculaire (Debresse, 1937); Le rêve (Fontaine, 1947-1950); Le Temps n’est rien (Plon, 1958); Une demande en mariage (G.L.M., 1935).»
PROUST, MARCEL (1871-1922)
ANDRE PEYRE. Op. cit. 72. Messiaen parle. «Il n’aimait pas les ‘intellectuels’ au sens ‘précieux’ du terme. Par ex., Proust, auquel il reprochait son manque d’esprit de pauvreté & de souffrance. Il ne comprenait pas l’engouement pour cet écrivain dans un pays qui se veut démocratique.»
CADOU. ESTH. 49. «Quant à la N.R.F. j’ai été ébloui par la page de Tolstoï. Ah! quel modèle d’humanité, de finesse! Mais ce qui est bouffon c’est le préambule! Alors quoi! On ne peut plus dire ‘psychologie’, il faut dire psychanalyse! Pour peu qu’on fasse un monologue, on parle de Proust, de proustien, de Balzacien, etc… Avoue que c’est comique, il y avait pourtant des psychologues avant Freud & Proust! non? il y aura en tout cas si j’en juge ici, des imbéciles en tout temps.»
EMIE. D, 236. «Proust est très, très bien – oui ! – Je ne crie pas au génie. Mais c’est un vrai penseur qui a appliqué sa pensée à l’étude de l’animal humain & sa sensibilité à la phrase. J’écrivais un jour à Cocteau que la phrase de Proust a la forme du cerveau»; ‘Dans sa l. sur Rivière, Coctau affirme: M.J. compare la phrase de Proust à une circonvolution du cerveau.’ MJ/JC. 10 avr. 1925. 250, n. 22.
LJF, 252. 21 déc. 1935. «En somme, je suis comme toi, partisan du général & du synthétique. C’est la théorie des très grand classiques à ne pas confondre avec le chromo du vraisemblable des romanciers de 1880 à 1900. La découverte des types, ça n’est pas chromo & Georges Ohnet n’est pas chromo. Même Paul Bourget ne l’est pas toujours. Mais Proust n’a rien découvert & c’est l’homme des cas par excellence. Il est lui-même un cas… cas… » ; cité in LMJ, 100.
LMJ, 99. 20 avr. 1924. «Il n’y a pas de types généraux, on ne l’affirmera jamais assez contre la ridicule & odieuse comédie classique & contre Proust» ; 1er août 1925. 206. «Je préfère les Faux-Monnayeurs à Proust & de beaucoup» ; 213. 17 août 150. «il y a Charlus […] qui épuise le sujet de la Genèse» ; 214-15, n. 4. «Le baron de Charlus, personnage principal & homosexuel type dans A la recherche du temps perdu de M. Proust» ; Article de L. Emié, dicté par M.J. 11 mars 1927. 294. «Marcel Jouhandeau: un Proust qui ne serait pas allé dans le monde, & qui croirait en Dieu, à cause de l’Enfer.»
LNF, 152. 1er déc. 1929. «Je lis beaucoup – de l’histoire – du Proust […] ; 152, n. 1. «Proust n’est pourtant pas son auteur préféré» ; 169. 30 déc. 1936. Je n’ai jamais compris le succès de Proust: ses topos sont assomants.»
PRUD’HOMME, JOSEPH
CJP, 20-21. «Les idées n’appartiennent pas à l’homme; elles viennent du ciel des images; on se les approprie. Rien de plus triste, plus pesant que les idées; elles sont toutes de M. Prud’homme & de M. Homais. Elles cessent d’être des idées si vous les ressentez à mort, si vous les ressentez avec passion, avec expérience, si vous les transformez en sentiments»; cité par Albert Béguin. Poésie de la présence. Seuil, 1957. 281.
PRUD’HOMME & M. HOMAIS. LML, 48. St.-B. 12 avr. [1937]. Parlant des érudits M.J. écrit: «Il n’y a rien qui vaille en cette matière que les grands novateurs, les grands découvreurs: les autres c’est M. Homais, Joseph Prud’homme. C’est celui qui leur est directement & immédiatement supérieur qu’il faut entendre quand il parle d’eux… & avec quel mépris!»
«PRUD’HOMME, JOSEPH, personnage créé par Henri Monnier pour caricaturer le petit bourgeois borné & stisfait de soi, & dont le conformisme s’exprime en de solennelles niaiseries.» Petit Larousse illustré. 1984. P. 1623.
«TO A CERTAIN EXTENT HE [THE BOURGEOIS] seems conditioned, if not determined, by various literary figures. Such as the Bovarys & the Prudhommes who convey an ironic & satiric background for his lifestyle & ambitions.» Renée Riese Hubert. Folio, no spéc. 41-42.
PRUNA, PEDRO (1904-1977)
«PEDRO PRUNA, peintre espagnol, que Picasso avait envoyé à St.-B. C’est Pruna qui a fait les costumes pour des Ballets russes. Pruna quittera la carrière de peintre pour entrer comme oblat dans un monastère en Espagne.» LAL, 75, n. 1. – «M.J. avait rédigé la préf. du cat., repris in Sud 18 (1976): 65, pour l’Expo. des sculptures de Fenosa & les peintures de Pruna à la Galerie Percier en mars 1924».
LAL, 23. Intr. L. 11 fév. 1924. 76. «Je vous referai des vues de Paris classiques & redresserai mes mauvaises voies, malgré l’avis de Pruna qui préfère celles-ci & me demande de faire des paysages» ; 74. 31 janv. 1924. «Que Pruna vienne. Pour le sculpteur [Fenosa] quelques photos me suffiront [pour rédiger l’intr. du cat.] si Pruna m’apporte le mois de la naissance, la naissance du sculpteur & d’ailleurs aussi la sienne propre. Pour le portrait moral c’est indispensable & je me demande comment font les autres critiques d’art qui ne s’y connaissent pas en astres. Ils se trompent & trompent le public» ; 83. 19 juin 1924. «Pruna me fait part de son mariage. Ce que femme veut… Ah! le pauvre! je crois qu’il est tombé entre bonnes mains: adieu au grand art! il va falloir qu’il gagne la pitance de toute une famille en plus de la sienne!!»
RABELAIS, FRANCOIS (1483 ou 1494-1553)
LFF, 29. 10 oct. 1918. «Je ne crois pas Rabelais un bon modèle. Trop de fantaisie» ; 111, n. 25. «Ne pas confondre densité avec truculence. Corneille & Molière sont plus denses que Rabelais.»
LMJ, 292-93. 11 mars 1927. «[…] j’ai découvert Rabelais – c’est vraiment bien! c’est étalé, libre, vivant. Il n’y a qu’à comparer avec ce qu’ont fait ses innombrables imitateurs pour mesurer. Voilà un artiste! Je riais parce que je pensais aux devoirs d’examen ‘Comparez les idées pédagogiques de Rabelais avec celles de Montaigne & les critiquer !’»
«LETTRES A R. QUENEAU.» Cah. de l’Herne 29 (1975): 224. «Tu as renouvelé le genre ‘de omni re scribili’, mort depuis Rabelais.» - 227. S.d. «Tu as un sens inné du comique lyrique & je pense même que tu crées un genre inconnu, la poésie n’ayant pas encore marché avec le bouffon: Le Père Ubu n’est pas de la poésie si Pantagruel en est.»
MJ/JC, 541. «Je lis souvent Rabelais: il a des plaisanteries stupides, vraiment idiotes. Il y a une dame à laquelle Panurge faisait la cour & qu’il abandonne parce qu’elle lui résistait. Alors quand il part elle lui envoie un diamant en verre avec ces mots: ‘Lamma Sabachtani!’ Ce qui veut dire: ‘Dis, amant faux, pourqui m’as-tu abandonnée.’ Je trouve ça idiot. Et toi?»
MJ/JM, 72. [15 août 1935]. «La parole de Rabelais: ‘Tout pour la tripe’ sépare l’âme du corps & loge le style dans le corps sous l’œil du menteur ou du magicien. C’est la théorie du classicisme, celle aussi des magiciens, Hugo, Wagner opposée à l’art des prophètes orientaux & des psaumes de David.»
RACINE, JEAN (1639-1699)
FEVRIER 1924. Réf. ?? «J’ai lu le livre de Morand [Les amis Nouveaux. Sans Pareil, 1924], ‘Pourrait faire beaucoup mieux !’ disent les notes des écoliers. Je ne crois pas que Morand pourrait faire mieux, il s’applique! Les époques ont leur module, un cadre où il faut que tout rentre ou se taise. Il y a eu le module Racine, qui est encore celui des ecclésiastiques dans leurs lettres. Il y a le module Parisianisme, mélange de décors luxueux, d’obscénités voilées & des mots spirituels.»
LETTRE A N. BARNEY. PJ, 455. 16 mars 1939. «Et voici une bonne transition (‘Transition passable’ mettait en marge de mes dissertations sur Corneille ou Racine le prof. de rhétorique au lycée de Quimper). Aux champs bêlants donc./ Une crise de rhumatisme/ le pied droit & l’épaule gauche.»
LMJ, 75. 28 oct. 1923. «Sans écrire moral on peut, on doit écrire chaste. (l’art de Racine). Je vous promets que vous y gagnerez.» - 76, n. 5. «Mais ailleurs Jacob dit de Racine : «… Racine ne m’épate pas: psychologie élémentaire, langue pauvre; l’harmonie, ça, oui! & le langage d’un séminariste qui saurait écrire.» [Cité dans Cadou. Esth. 62-63]. – 154. 26 oct. 1924. «Mon bon Marcel, pourquoi un pamphlet doit–il être court: ces pamphlets-là sont des satires comme celles de Agrippa d’Aubigné, Vauban, Racine, etc.» - 155, n. 5. «La ‘Lettre’ ironique & mordante par laquelle Racine répondit au janséniste Nicole qui avait écrit qu’un ‘poète de théâtre est un empoisonneur public.’ Plus tard Racine regretta vivement d’avoir ainsi attaqué son ancien maître.»
LPM, 79, n. 1. «Jacob exprime souvent ses propres sentiments par une citation comme cette réf. au vers de Phèdre (Acte I, sc. II) : «Tout m’afflige, & me nuit, & conspire à me nuire.»
LRT, 64. 24 nov. 1941. «Hier avec des pauvres calculs simplistes je voyais qu’en 1945, la France allait se trouver dans la même situation astrologique qu’en 1631 c’est-à-dire à l’époque de Corneille, Racine, Claude Lorrain, Poussin, etc. A vous l’honneur, mes amis» ; 130-31, n. 140. «Il a pourtant démenti à M. Béalu la possibilité de lire le destin astrologique d’une nation, dont on ne peut connaître la date de naissance […]. Moricand a bien raison de procéder par analogies historiques, mais encore faudrait-il que les facteurs fussent connus & qualifiés. Saturne & Jupiter étaient dans le Taureau lors du traîté de Cateau-Cambrésis en 1559, mais Henri II & Charles Quint ne sont pas Gamelin & Hitler. Alors ?» (DV, 191-92).»
L. A RADIGUET. s.d. PJ, 96. «Ces gens-là sont charmants [les prêtres de St.-B.]: ils sont instruits, doux & polis. On connaît d’avance leurs opinions sur toutes les questions, de sorte que la moindre petite originalité prend une importance formidable. Ainsi l’on voit d’où est né l’art classique & ce que c’est: une très petite diff. avec les grecs, une autre très petite entre Voltaire & Racine: nous avons inventé les grosses différences depuis 60 ans & nous avons eu tort, mais ces gens-là avaient un public pour les petites diff.; or notre public veut du gros poivre.»
L. A ROLAND-MANUEL. Ibid., 194-95. 28 oct. 1923. «Deux jours de wagons, de râles & d’hôtels interrompus par une visite à cette cathédrale de Chartres que Racine avait raison de trouver barbare.»
IBID., 114. LETTRE A ROSENTHAL, FRANCIS GERARD. 15 oct. 1921. «Que ceci ne t’empêche pas d’être un prophète juif dans ton for intérieur. Le prophète allumera les lanternes & Racine leur donnera la ferrure: gémis donc sur la captivité de Babylone, mais gémis noblement, en cadence & en bon style français.» - Au même. 161. s.d. «La vérité sur les femmes a été dite par les chastes, car les chastes sont aussi les philosophes. On a pu énumérer les maîtresses de Racine: la liste est courte. Au demeurant, c’était un père de famille.» - 171. S.d. «J’aime Esther Francis Gérard.» Note 2. «Allusion à l’héroïne de Racine (conversion de F.G. Rosenthal).»
RADIGUET, RAYMOND (1903-1923)
LETTRE INED. DE R. Radiguet. Gli inediti. Guanda, 1967, a cura di Liliana delli Ponti. Presentazione di Luigi di Nardis. 202. S.d. «Mon cher Max, J’ai bien tardé à t’écrire, & cela non par paresse, mais plutôt par amour du travail: quand on prend l’habitude d’écrire beaucoup, & que cela devient moins difficile qu’une lettre à l’ami le plus cher on hésite avant de teminer la prestance d’un poème. Pardon pour ces niaises excuses. Je vais revenir avec des malles fourrées de poèmes; c’est aussi un peu ma manie des vers, qui m’empêchent d’écrire pour la N.R.F., la note sur ton livre de poèmes. Si ces messieurs encore acceptaient la critique sous forme de poème; mais en prose, & de la vraie, non, c’est trop ennuyeux. – Il n’y a qu’une façon de parler de ton livre, c’est dire qu’il est merveilleux &, les gens vous reprochent qu’on n’est pas autorisé pour le dire. D’ailleurs tu connais mieux que moi les mœurs littéraires, & si je te dis sans détour que je ne fais pas la note pour la N.R.F. c’est parce que je sais la mince importance que tu attaches à cela. Ci-joint un charmant poème Cocteau. – Ton adorateur (pour employer le mot dans un autre sens,) Raymond Radiguet.» - 204. L. s.d. « Mon cher Max, Comment peux-tu mal interpréter mon silence? Rien ne pourrait altérer mes sentiments d’admiration & d’amitié à ton égard. La vérité est que je prends rarement la plume, & quand je la prends, c’est égoïstement, pour ‘écrire’ tout court. – Je commence un nouv. roman, qui je le souhaite, te plaira davantage que celui dont je t’ai lu les fragments. – Jean me lit tes lettres, ce qui fait que j’ai régulièrement de tes nouvelles. J’ai lu un admirable frag. de Bouchaballe dans les Feuilles Libres. – quand paraît-il ? L’art poétique est bon, je crois mais en as-tu fait le service à tes amis ? – Je ne vois dans cette phrase aucune amertume, sinon envers les éditeurs, si avares d’exemplaires. – Je t’embrasse Raymond.- 228. 22 oct. 1922 ou 1923. St.-B. «Cher Raymond, Franz Hellens m’ayant fait demander de la copie pour la nlle. Revue Les Ecrits du Nord, je lui ai envoyé ‘Edwige ou la litt. d’Art’ sans songer que tu avais collaboré à cette œuvre si importante. – Si tu veux que ton nom y figure il sera toujours temps de l’effacer sur les épreuves. F.H. paie, dit-on, ses collaborateurs. Dans le cas où il m’enverrait quarante sous il y aura donc un franc pour toi, & ainsi de suite pour 500,000 francs ou un million. – J’ai de tes nouvelles par Jean qui me dit que tu as écrit des choses surprenantes. J’en serais peut-être surpris mais je ne le serai pas qu’elle émane de toi de qui j’ai toujours tout attendu. Je vis dans une présence, sans un bruit autre que celui du vent qui est froid, noir & terrible. – Je suis malheureusement obligé de faire des gouaches, car le silence m’invite plutôt à imiter Shakespeare. – Crois en mon amitié sincère, & puisque tu es le nègre, comme on dit dans les familles, continue. – Je t’embrasse de mon froid dans ta chaleur. Max.» - 228. P.S. «J’embrasse Jean & Auric. Jean a une presse bien meilleure depuis quelque temps. Dis-moi s’il a reçu l’article de Souday dans ce temps: sinon je le lui enverrai. Je t’aime. Max.»
LETTRE A JACQUES DYSSORD. PJ, 203. St.-B. 25 déc. 1923. «J’ai voté, lors du Prix du Nouveau Monde, pour Radiguet! Il s’est trouvé que le clergé, qui sait tout, a ignoré ce petit fait ou ce livre. Pour éviter de pareils combats de conscience, je compte donner ma démission de ce jury.»
LETTRE INED. A RADIGUET. S.d. [1923]. Keith Goesch. Raymond Radiguet. Genève/Paris: La Palatine, 1955. 146-47. «Je suis allé à Paris exprès pour faire mon service de l’AP ;… «Je n’ai pas cru devoir y citer ton nom bien que tu y aies collaboré: tu étais d’ailleurs de cet avis: je te dois quelque chose & je ne t’oublierai pas à l’occasion.»
MAX JACOB TRAVAILLE AVEC RADIGUET SUR EDWIGE. « […] ‘ […] nous travaillions ensemble & nous fîmes paraître au Disque vert de Bruxelles une longue fantaisie qui s’appelle «Le Héros» & dont on n’a jamais parlé [année 1919 ou 20, mais pas au delà de 20].’ L. à Jean-François Pontalis. (14 janv. 1943). La Parisienne 26 (mars 1955): 301-03. «CABINET NOIR à la mémoire du poète dans la rubrique qui porte le titre de l’un de ses livres. Mars est le mois de sa mort, à chaque anniversaire nous écoutons sa voix. M.J. est le patron de cette rubrique.» Note 1. «Mort à Drancy, en 1944, le surlendemain de la Saint-Jacob, ou Jacobin, frère laïque confesseur peu connu, sinon des calendriers» ; Antonio Possenti. Il Lampionaio ei suoi reverbères. Rome: Ateneo, 93.
NL (15 juin 1952). (dumque quattro anni prima che apparissero i ricordi di Salmon: «M.J. & moi l’avions aimé pour les poèmes qu’il tirait chiffonnés de sa poche & qu’il fallait aplatir sur une table pour qu’ils reprennent leur relief » - écrit André Salmon cité in Antonio Possenti. «L’Enfant avec une canne» tra l’Angelo funambulo e l’Amitié divinatrice» : Raymond Radiguet/Max Jacob/Jean Cocteau. Ed. de Luca, 1979. 5-51.
RENARD, JULES (1864-1910)
DICTIONARY OF FRENCH LITERATURE. Sidney D. Brown ed. N.Y: A Premier Book, 1964. Drawing on his own experiences, this writer, in a style that can be called classical – in its economy of words & qualities of precisions – describes in his novels characters reminiscent of his family & those whom he knew in Nivernais & in Paris. Provincial lives & provincial types are his favorite subjects. L’Ecornifleur (1892) – his masterpiece- is the story of a parasite; Poil de carotte (1900)- later produced as a play & as a film describes an unhappy, if ungrateful child; La Bigote(1909) is a caricature of his own mother, while Le Pain de ménage (1899) portrays his own peaceful, bourgois life . His interest in nature & country life is seen in Histoires naturelles (1896), which contains portraits of animals. Henri Bachelin. Jules Renard: son œuvre. 1910; Léon Guichard. L’œuvre & l’âme de Jules Renard. 1935.
LMM, 108. 9 mars 1942. «J’ai lu à Montargis d’où je viens, le Journal de Jules Renard. - quel intérêt !! & quelle horreur que ce monde littéraire de1890 – nous valons mieux je crois.»
REVERDY, Pierre (1889-1960)
A DOUCET. 31 mars 1917. Corr. I, 149. «Reverdy est jeune & un peu entier dans ses opinions. Néophyte de la litt. il voudrait lui faire la place d’honneur & rugit devant les fantaisies typographiques de L’Elan & de Sic qui, selon lui, n’ont de mérite que pour l’imprimeur. La Simplicité d’allure du Nord-Sud, qui est excessive, a là une de ces origines; je conseillais aussi la simplicité; je l’aurais voulu plus somptueuse: nous avons l’air de pauvres débutants: cela rajeunit Apollinaire & moi. En fait, au point de vue litt. la protestation est bonne si le résultat est piètre comme réalisation d’art. Espérons qu’avec la réussite Nord-Sud s’embellira & ses débuts ne tourneront qu’à sa gloire & à celle de ceux qui les auront protégés. J’ai bien ri de la façon dont vous parlez de la lutte pindarique qui mit aux prises Pindar lui-même & le colosse que celui-ci aurait chanté: mettons le colosse de Panama au lieu du colosse de Rhodes. Croyez bien que les symbolistes ont dû avoir leurs petites histoires. Je sais des coups de poings aux temps de Paul Fort, auprès desquels la giffle de Reverdy est une histoire d’enfant.»
---. 155. 4 août 1917. «Reverdy fait un roman à la campagne, & m’écrit avec une gaîté qui ne lui est pas habituelle, je pense qu’il évolue… »
ALMANACH DES LETTRES FR. & ETRANGERES 1 (janv.-mars 1924): 358. «Louis de Gonzague-Frick, le très distingué courriériste littéraire de Comoedia nous apprend que M. P.R. le lauréat du Prix du Nouv. Monde s’est converti au catholicisme… La communion de M. P.R. suivit de peu (de près) la conversion de M. Max Jacob.»
GUIDE ILL.DE LA LITT. FR. MODERNE. Le Cercle du nouveau livre. Seghers, 1968. 101. Né à Narbonne, mort près de l’Abbaye de Solesmes commença à publier d’étranges vers dans des revues comme Sic & Nord-Sud. Il a surtout subi l’influence de Rimbaud. ‘Le poète, dit-il, se tient à l’intersection du rêve & de la réalité.’ C’est là que prennent naissance de bouleversantes images, dont R. est le magicien. Poésie hermétique, illogique, amorale, nature morte, qui provoque chez le lecteur une angoisse intolérable. Ses prem. poèmes (1915-22) ont été réunis sous le titre: Plupart du temps (1945). Autres recueils principaux: Les Epaves du ciel. (1924), Flaques de verre (1929), Ferraille (1937), Plein verre (1940), Sources du vent (1945) réunis dans Main-d’œuvre (1949). Les notes du Gant de crin (1927) & du Livre de mon bord (1948) éclairent son art.
HIST. LITT. DE LA FR. T. VII. 1913-à nos jours. Eds. sociales, 1982. Les o.c. de R. sont en cours de parution chez Flammarion. Sont déjà parus Plupart du temps, poèmes. 1915-22, Le Voleur de Talan, roman (1917), La Peau de l’homme, roman populaire & contes (1915-26), Le Gant de crin, notes. (1927), Risques & péril, contes. (1915-1928), Flaques de verre, p. en prose (1929), Note éternelle, écrits sur l’art (1923-1960), Cette émotion appelée poésie, écrits sur la poésie (1932-1960), Main-d’œuvre, poèmes (1913-49), & Le Livre de mon bord, MF, (1948), En Vrac, notes, Monaco: éd. du Rocher, (1956), La Liberté des mers, p. en prose Maeght (1959), Sable mouvant, ill. de 10 aquatintes de Picasso. Louis Broder, 1965, ‘Carnets’ dans Argile II. Ed. Maeght., Plupart du temps & Sources du vent, rééd. coll. ‘Poésie’, Gallimard. (J. Rousselot & M. Manoll. Pierre Reverdy. Seghers, 1963).
A FRANCIS Guex-Gastambide. PJ, 486. 24 juin 1942. «J’appelle l’intelligence de Reverdy une intelligence chrétienne. Celle-ci est définie par le coup de lance après la mort du Parfait. Du Sacré Cœur il sort de l’eau & du Sang. Qu’est-ce que l’eau? Es-ce la matière ? C’est plus que la matière, c’est l’essence des choses. Vénus, qui est la nature, est sortie de l’eau. En occultisme on enseigne qu’il n’y a pas de matière, il n’y a que des essences.»
AU COURS D’UNE SEANCE CONSACREE A REVERDY, à la Salle Huyghens, en 1917, M.J. dit le texte suivant, en déc. 1916, reproduit in MF 344 (janv.-avr. 1962) no. spéc. Reverdy. «Je retrouve dans les deux livres de M. Reverdy la pensée mais tue, mise en sa place qui est celle du silence, je trouve le verbalisme remplacé par l’objet nommé, je trouve l’apparence de l’exaltation, lyrique ou, du désordre rimbaldien amené par la composition. Celui qui compose véritablement, c’est à dire qui crée un objet ayant une autre existence que celle que lui confère la comparaison avec la réalité (par exemple croyez que Mme Bovary est un chef d’œuvre parce qu’on reconnaît des Mme Bovary) celui-là, dis-je, est amené à diversifier énormément un poème, en recherchant quels objets & quelles circonstances s’accommodent les uns des autres il fait des découvertes & paraît s’apparenter avec le désordre de Rimbaud alors précisément qu’il est au contraire. Reverdy rassemble en paraissant disperser, Reverdy est maître de lui-même c’est un poète conscient, c’est un classique. L’œuvre d’art classique est objective. Vous savez ce que signifie placer une voix à l’école du chant. Eh bien, une œuvre d’art classique est située, placée comme une voix. Or le poème de M. Reverdy est fait comme un tableau, ici un rouge, ici un [vers], rythme, là une espèce de vers ailleurs un vers complet (oh ! pas un vers classique, il en a presque horreur) & de ce fait l’œuvre devient un objet éloigné de son auteur. Est-ce donc que l’œuvre de Reverdy est froide? Cela c’était [l’erreur] le défaut des Parnassiens ils avaient compris la nécessité de l’objectivation mais ils avaient confondu objectivation de l’œuvre avec impersonnalité. Non, en transplantant l’œuvre hors de soi-même le grand artiste la nourrit de ses propres sentiments. Je pourrais ici citer mille exemples pris au 17e siècle. Reverdy poète objectif est sentimental, triste & tendre. Il est ayant ces deux qualités la chaleur & la froideur un très grand [poète] écrivain fr.; c’est le poète de la guerre & les époques de guerre sont des grandes époques d’art.» (Au commencement de ce texte:’ P.R. m’a prié de le présenter avec son interprète parce qu’il sait que je l’ai élu comme le meilleur d’entre les jeunes’).
CADOU. ESTH. 34-35. «La poésie de Reverdy est un témoignage qu’on peut être à la fois un homme & un poète. […]. Il y a l’Homme-Poète comme il y a l’Homme de la rue, l’Homme-Paysan, l’Homme-Savant […] je ne connais pas le grade: Homme-Artiste comme un des points de l’évolution. Et cet homme-là a les qualités de l’homme: sentiment, sensibilité, intelligence, énergie. Et il y a plus: invention, imagination…- L’Histoire litt. fourmille d’Homme-Poète. Ce n’est que depuis Rimbaud qu’on a inventé le poète comme monstre pour l’opposer à Goethe & à Hugo, Lamartine, les poètes-citoyens.» - 57. «Reverdy a un style passionné à la Diderot.»
CHAPON, FRANÇOIS rapporte que quand il se plaignait à Reverdy que par des ‘raidissements de caractère’ il pourrait faire souffrir ses amis, P.R. répondit (par écrit sur l’addition du restaurateur) ‘L’amitié, la véritable amitié qui dure du commencement jusqu’à la fin de la vie, n’est faite que de blessures.’ Arts 781 (29 juin-5 juill. 1960).
CHARLES-ROUX, EDMONDE. L’irrégulière ou mon itinéraire avec Chanel. Grasset, 1974. 348. «C’est à M.J. qu’il dut d’être converti. – 345. Baptême de R. le 2 mai 1921. – 348. [D’abord il] avait écouté sans beaucoup d’intérêt ce qui lui était apparu comme les facéties d’un incorrigible bavard. – 349. R. avait aussi eu droit au récit circonstancié du baptême de Max, puis à celui de sa prem. communion. […]. Et comme R., que ce récit intriguait, avait un grand désir d’approfondir & de comprendre, comme il pressait Max de questions, celui-ci, qui ne reculait devant aucune jonglerie lorsqu’il s’agissait de convertir ses amis, avait fait un récit mimé de la passion du Christ. Monologue dans la langue de chaque jour, mais où il entrait tant de rêve & de talent que R. qui était d’une émotivité extrême, avait fondu en larmes. C’est ainsi que tout avait commencé.»
---. 349. «Quand R. se fit baptiser à son tour, il voulut que M.J. fût son parrain. Or la mésentente vint, très vite, se mettre entre eux. Aux divergences d’ordre litt. qui l’avaient éloigné des surréalistes, succédèrent les désaccords spirituels qui l’éloignèrent des chrétiens. – 350. M.J. redoutait R. qu’exaspérait sa forme de piété: ’Je ne puis supporter cette vanité toujours en mouvement, ce mépris de l’authentique, cette dispersion jacassante, pour des triomphes de clownerie, disait Reverdy à Gabriel Bounoure. Propos recueillis dans ’P.R. & sa crise religieuse de 1925-1927’. MF 344 (janv. 1962): 207. Max prenait Bounoure à part: ‘je viens là pour fuir le regard de mon censeur & les douches glacées de sa réprobation. Comme il se prend au sérieux! C’est le péché des péchés.’ […]. Double confidence, scéne de comédie [qui se passe à St.-B]. Mais les acteurs étaient deux hommes qui entre 1906 & 1916 avaient changé les conditions de la vie poétique en France, ouvert un nouvel avenir, senti mieux que personne le drame historique & le mystère. ‘Pour moi rien de plus émouvant’ écrit G. Bounoure, ‘que ce désaccord […]. Je savais bien que la sainteté des poètes ne serait jamais la même que la sainteté des saints’.»
COLLET, Georges-Paul. «M.J. & J.E. Blanche… » Coll. de Quimper. 140. Evoquant Le Gant de crin de Reverdy. «Vraiment, je suis convaincu qu’un chef-d’œuvre c’est cela: faire pleurer les gens en leur parlant du temps qu’il fait.»
FUMET, STANISLAS. «M.J. & l’humour sacré.» Vie intellectuelle (oct. 1950): 307. «Ce n’est pas pour rien que M.J. avait touché au coeur un homme aussi différent de lui que P. Reverdy, par exemple, en lui racontant à sa façon la Passion du Christ.»
VOIR BIBLIOGRAPHIE DES ECRITS DE PIERRE REVERDY par Etienne-Alain Hubert publiée sous le patronage du Comité Pierre Reverdy. 1976.
LJC, 22 [1926]. «T’ai-je dit que j’ai reçu 4 pages d’injures d’une écriture fine & serrée [des surréalistes] où l’on me reproche tout au monde, y compris des calembours ‘parce que je n’ai pas autre chose à dire’? T’ai-je dit que Reverdy passe fièrement dans la rue à côté de moi […]. Les naïfs enfants s’imaginent sans doute qu’ils me coulent à jamais.»
LMJ, 201-02.18 juill. 1925. M.J. écrit à Jouhandeau après la visite de R. & sa femme avec G. Bounoure à St.-B. «J’avais 75 pèlerins, plus P. R […]. R. est très absorbant. Tout de même nous avons fini par parler métaphysique & nous avons retrouvé ‘la communication’.»
LMM, 33. Chez le dr. Benoiste, Kerpape. 21 juin 1937. «J’aurais voulu t’écrire à Solesmes pour que tu parles au cher Reverdy. Ma fidèle & silencieuse amitié – car nous ne nous aimons que dans le silence. Toute parole nous est une contradiction alors que nos cœurs sont amour.» – 43. 1938. «La question de la préf. est délicate. 1. R. ne peut pas me sentir: je sais à un mot près comment il parle de moi: «Jacob m’a fait trop de bien pour que j’aie le droit de dire ce que je pense de lui. 2. Il est avec les surréalistes & ceux-ci seraient capables de le lâcher s’il avait l’air de se présenter avec moi qu’ils haïssent.»
MJ/JC, 488. 3 fév. 1927. «[…] l’humour ne lui va pas si bien que les pensées.»
PALACIO. «M.J. & Apollinaire.» 474. L. inéd. à Henry Lasserre, 29 juill. 1942, coll. pers. «Reverdy converti vers 1920 ou 30 n’est pas resté cath. bien qu’il reconnaisse que la religion l’ait approfondi.»
ROUSSELOT, J. & M. MANOLL. Pierre Reverdy. Seghers, 1951. 19. ‘Quand ils auront l’âge, ils décideront’, «avait répondu M. Reverdy à quelqu’un qui lui demandait pourquoi Pierre & sa sœur, son aînée de trois ans, ne recevaient pas d’éducation religieuse. L’âge de la décision sonna pour le poète en 1926. Le poète s’installe à proximité de la célèbre abbaye de Solesmes. Il nous a dit dans Le Gant de crin (1927) & dans Le Livre de mon bord (1930-36) tout ce que signifient pour lui & pour nous son arrachement à l’air pétrifiante, irrespirable de sa vie parisienne, de sa vie publique, & le choix qu’il avait fait d’une solitude pleine de cloches & de prières, pleine aussi de verdure, d’eau vivante & d’oiseaux.»
SUD (oct. 1981). Colloque Bousquet, Jouve, Reverdy. M. Décaudin. «Reverdy & le poème en prose.» 279-88. Information sur la polémique R.-M.J. Au même colloque. Etienne-Alain Hubert. «Autour de la théorie de l ‘image de P.R.» 289-313. Il compare les œuvres de P.R. & de M.J.; Renée Riese Hubert. «Les fictions déformantes: une lecture du Voleur de Talan.» 317-42. Selon elle le livre révèle d’autres points de désaccord & de rencontre avec M.J & résume avec finesse les caractéristiques du conflit.
VM, 110. «Dans la dernière partie de sa préf., [CD] Max passait rapidement en revue – évitant de nommer Reverdy – ses prédécesseurs dans le p. en prose.» - 115. «Dans la préf. du CD, Max n’a pas nommé son jeune confrère Reverdy parmi les auteurs de p.en prose, à moins qu’il n’ait pensé à lui - & d’autres y ont pensé - en écrivant: ‘On comprendra que je ne regarde pas comme p. en prose les cahiers d’impressions plus ou moins curieuses que publient de temps en temps les confrères qui ont de l’excédent.’ Les relations entre Max & R., chaleureuses à l’arrivée de R. à Paris […] sont vite devenues ambiguës. Le jeune poète & le ‘vieil apprenti ‘ arpentent les mêmes terres, bientôt le même ciel & de tous les poètes qui l’entourent, R. apparaît à Max comme son seul rival. […]. Il a raconté à M. Manoll, R.Toulouse, etc. – que R. avait pris un jour sur sa table le ms. de ses poèmes en prose & que s’approchant du poêle, il avait fait mine de le jeter au feu en lui disant: ‘Est-ce que tu en as un double?’ & M. aurait répondu: ‘Non, mais j’ai un revolver.’ […] par la publication en 1915 par R. de son petit recueil Poèmes en prose […] l’irritation de Max venait encore plus du titre que du contenu des poèmes.» - 115-16. «R., sur le moment même, [de l’incident du ms. du CD] en a fait le récit dans un court ‘roman’ poétique Le Voleur de Talan paru en sept. 1917. Si on lit le livre comme il a été écrit en 1917, comme l’hist. symbolique de l’amitié des deux hommes & non comme R. aurait voulu qu’on le lût, à sa seule gloire, en 1959, on voit que R. gardait de Max en 1917 une image révérencieuse. ‘Le Mage Abel (Max Jacob) est l’homme qui écrit ’parmi les anges’, ‘dans une chambre profonde & noire comme un puits.’ Dans les ‘soirées mondaines, il récite les vers qu’il a faits & les donne ensuite aux autres qui en tirent leur gloire.’ ‘Le Mage Abel tremble qu’on le vole’ & R. dira à Maurice Saillet ‘cette obsession en suscite peu à peu une autre: celle de faire partie de ces gens malhonnêtes & sans talent qui ne vivent que parce qu’ils volent Max Jacob.’ […]. M.J. sera à Nord-Sud aux côtés de R. dans le rôle de grand aîné […], mais la revue ne parlera pas du CD & dans le dernier no. (oct. 1918), R. publiera une Note dont il est difficile de penser qu’elle ne visait pas aigrement M.J. ‘On a vu des écrivains ne s’occuper d’esthétique que sur le tard & en écrire quelques pages absolument en désaccord avec leurs œuvres propres. C’est que d’autres livres que les leurs avaient paru & que, avec l’aide des nouveaux venus, ils en avaient dégagé des règles […] qu’ils appliquaient seulement de travers.’ - 182. En juill. 1925, il «eut la visite de G. Bounoure, bientôt rejoint par P. R. & sa femme. R. qui venait de se convertir mettait dans sa nouvelle foi, sa violence & sa rigueur morale habituelles. Les contacts des deux hommes n’étaient pas faciles. Etrangement amis & étrangement ennemis, ils connaissaient dans leurs relations de chrétiens les mêmes difficultés que dans leurs relations de poètes. G.B., qui a été le témoin de cet été, a rapporté dans ses ‘Souvenirs sur M.J’, les confidences que Max & Reverdy venaient lui faire tour à tour. [Voir sur le même sujet ce que G.B. avait observé in E. Charles-Roux ]. ’Il croit – disait M.J. à G.B. – ‘que dépouiller le vieil homme se fait en une fois & que l’habit nouveau étant revêtu, on a le droit de donner des leçons à tout le monde.» - 209. «Le livre de Jean Desbordes, J’Adore, paru au début de l’été [1928] & que Cocteau avait préfacé, sera à l’origine d’un nouveau & violent incident entre M.J. & P.R. […]. Max avait donné quelques lignes enthousiastes aux NL. [finalement cet article ne fut pas publié par cette revue, mais sous le titre ‘L’Apparition de Jean Desbordes.’ In Annales politiques & littéraires (1er août 1928): 113; fac-sim. PJ, 304-05]. […]. P.R. avait dû très violemment réagir – nous ne possédons […] pas la lettre.[…] Max lui avait écrit […]: ‘Je ne crois pas que le livre de Desbordes J’Adore, soit un mauvais livre & je ne rougis pas d’aider à sa diffusion. Je crois que la conversion de la France doit être un changement d’intelligence… Le livre de D. me semble un monument d’intelligence nlle, perdue, retrouvée.»
RICHAUD, DE ANDRE (1909-1968)
LITT. FR. Larousse, 1968. 284. «poète original d’inspiration & de facture, auteur de Village (1932) & du Château des papes (1933).
A DUMOULIN. Carte inéd. s.d. de M.J. «Bravo pour votre amitié avec Richaud, unique lyrique de l’époque. Nature grandiose, excessive, autant d’intelligence que d’ingéniosité, bien plus admirable qu’Apollinaire par bien des côtés.- Etoffe splendide dans laquelle taille une foule d’œuvres lumineuses […]. Ah ! que seulement il veuille se garder des serpents qui sont ses passions.»
DENOEL, JEAN. «Deux poètes morts.» Parisienne (avr. 1954): 415. «[M.J.] écrit à M. Levanti, le 27 oct. 1938 de St.-B. «J’aime le poème d’André, j’aime qu’on revienne à cette espèce de simplicité-relief qui n’exclut pas la finesse: André est quelqu’un, bien que son livre m’ait paru un peu problème freudien (étant donné un trou d’aiguille, y faire passer l’invraisemblable). (Note: Il doit s’agir de L’amour fraternel); LML, 25, 72
LML, 147, n. 2 à l. XIX. «Un c.r. de La Barrette rouge d’A. de R. fut publié par M. Levanti dans Aguedal en déc. 1938.»
RILKE, RAINER MARIA (1875-1926)
A BEALU. Disque vert 1:2 (mai-juin 1953): 84-85. L. 4 mai 1937. «Je t’apportais la l. de Rilke pour les passages concernant le mode de travail & la vie intérieure. Cette l. me semblait & me semble primer mieux que je ne l’ai fait la nécessité de l’appropriation au monde extérieur par le poète. C’est pourquoi je la disais faite pour toi. […]. Notamment le passage sur la différence de la poésie des grands thèmes humains & la poésie intérieure, passage que je trouve très remarquable esthétiquement parlant.»
GUILLAUME, Louis. «R.M. Rilke & M.J.». Lettres (1952): 105. «M.J. enseigne comment faire un poème sans être certain que son élève devienne jamais un poète. Rilke explique à son correspondant pourquoi il est poète & le resterait, même si’il ne devait plus écrire jamais. Et, pour cela, il traite des problèmes les plus graves & les plus intimes, il expose, avec une simplicité plus convaincante que dans nul autre de ses livres, ses conceptions sur la vie, l’amour, l’art, la souffrance, Dieu » ; 104. «Certes, il n’est guère possible de trouver des êtres plus dissemblables que ne le furent les deux poètes.»
LNF, 132. 15 avr. 1927. «Dis-moi comment on peut se procurer les Cahiers de Laura Bridge [sic] de R. M. Rilke. [Cahs. de Malte Laurids Brigge]; 134. 21 avr. 1927. «Rilke est un génie pour moi»; 135. 26 avr. 1927. «Envoie-moi Vergers. […] Envoie-moi aussi Histoires du bon Dieu. Si c’est un cadeau de toi mets-moi une dédicace signée Rilke. Ce R. est justement dans le sens de mes recherches actuelles de poésie en dedans, comme tu en jugeras quand je pourrai t’envoyer ce FE.»
PR, 526. «Cahs. de Malte Laurids Brigge […] , pour lequel le poète de FE s’était enthousiasmé en 1928, [car] ceux-ci développent parfaitement l’idée de la maturation [...].»
RIMBAUD, Arthur (1854-1891)
A DOUCET. 30 janv. 1917. 134. «Rimbaud c’est le désordre dont j’ai horreur.»
ANDREU. «M.J. premiers poèmes.» Points & Contrepoints 110(mars-avr.1974): 40. Dans Préf. de 1906, «Les idées auxquelles Max donnera toute leur force & leur contour dans la célèbre Préf. de 1917, y figurent en germe, en un germe net & vigoureux. Le désordre rimbaldien y est vigoureusement rejeté. In VM. 108. Andreu cite l. à Doucet des prem. mois de 1917. «J’ai beaucoup de ms.! celui qui m’est cher davantage, celui que mes amis apprécient davantage! (certains même lui ont fait des emprunts indiscrets) est le ms. de mes p. en prose, genre que j’ai fait sortir du tableau pittoresque d’Aloysius Bertrand, de la parabole baudelairienne & mallarméenne & de l’impressionnisme désordonné de Rimbaud & des sous-Rimbaud pour le rapprocher de la composition rigoureuse des poèmes japonais & des jotas espagnols.»
ANTOINE. «M.J.: une doctrine littéraire.» Op. cit. 21. «[…] ce que reproche M.J. à Rimbaud – comme à Mallarmé auteur de p. en prose -, c’est de n’avoir pas su découvrir au juste les lois & les limites du genre: l’obscurité ne crée pas la marge ni la distance; elle empêche au contraire de les ressentir. – Quant à Baudelaire, victime de ses Correspondances, il a confondu ‘parabole’ ou ‘fable’ avec p. en prose.»
AP, 17. «R. venait de la multiplicité des idées, l’esprit nouveau n’aime pas les idées.»
Cadou. Esth. 35. «L’hist. litt. fourmille d’Homme-Poète. Ce n’est que depuis Rimbaud qu’on a inventé le poète comme monstre pour l’opposer à Goethe & à Hugo, Lamartine, les poètes-citoyens.»
---. «La vie du poème.» Op. cit. 132. «Il annote ses lectures: ‘Mallarmé ce ‘guindé obscur’; Rimbaud ‘qui ne conduit qu’au désordre & à l’exaspération’.»
GUILLOUX, L. «Max nous parle.» France-Asie no. spéc. 367. St.-B. 19 mai 1942. «Oui pour Jean-Paul & Novalis. J’aime cet idéalisme. D’ailleurs il n’y a eu de vrai romantisme qu’en Angleterre & en Allemagne; en Fr. la litt. tue tout l’humain. Même Rimbaud, même Verlaine en sont infectés. Le beau de Verlaine est qu’il l’est moins que les autres. R. pose: il pose aux facettes du génie constamment, chose que tu ne verras ni dans Heine ni dans l’humble Novalis & encore moins dans les grands (si ceux-là ne sont pas les grands, que dire des autres!). Rimbaud est assez puant de prétentions quand on le compare à l’humilité de Goethe qui passe pourtant pour un orgueilleux.»
LJC, 28. 29 janv. 1926. «Tu es le seul, écrivais-je à Julien Lanoë, dont les mots partent comme un obus parce que le canon est trop chargé si bien que – c’est fou! – il n’y a que toi qui par consanguinité – rencontres Rimbaud» ; MJ/JC, 387.
LETTRE INED. A MASSOT. Op. cit. 19 avr. 1923. «[…] ce qui est neuf, c’est qu’on n’invente rien, car toutes les générations ont inventé, mais depuis Rimbaud qui inventait on n’invente guère que des variations sur un thème: désossement, désorganisation, triomphe du subconscient de la tentation & de l’individu, sur le général & la raison. Et de ce fait que quelques-uns ont paru inventer sans inventer, tout le monde a cru le simulacre & les prétentions suffisaient. Je l’ai cru moi-même»; Arfuyen 1 (print. 1975): 39.
LLP, 150. St.-B. 30 mai 1937. «Je lis Swinburne, Samuel Butler & un livre sur Rimbaud vivant de Robert Goffin où il est donné la clé des Illuminations. Cette clé est un phallus lequel est l’œuf de Christophe Colomb. Tout s’explique! … & tout s’arrange: je vais pouvoir enfin lire R. avec quelque chose à comprendre.»
LML, intr. 15 & l. 84. 25 déc. 1939. «La beauté de R. est cette lutte contre le cliché.»
LNF, 37. 31 août [1923]. «Une seule page de Rimbaud: Les déserts de l’amour vaut à elle seule tout le reste de son œuvre parce qu’elle est humaine.»
MAX JACOB SUR REVERDY. MF 344 (janv.–avr. 1962). «Les descendants de Rimbaud croient que l’exaltation lyrique est toute la poésie.»
MAX JACOB. Tab. B. 1929. 35. «La bourgeoisie repousse:… Le TROP SERIEUX: le cassement de tête, le véhément, le transcendant, la profondeur des vues (Shakespeare, Spinoza, Gobineau, Rimbaud).»
PLANTIER. MJ. 145. «Y. Belaval a suggéré un rapprochement entre M.J. & Rimbaud. Ce rapprochement est plein de vérité. Il y a dans l’œuvre tout un système pour accroître la perméabilité à l’inspiration & pour la provoquer. La méthode du ‘tremplin’ en est une, la méthode du calembour en est une autre. L’exercice de la méditation avec la ‘composition de lieu’ […] pour M.J., le poète & le chrétien ne font qu’un. L’homme crée ses poèmes & sa vie. Le poète n’est pas un homme différent des autres. Cette recherche des moyens pour ‘se procurer la voyance’, chaque poète l’accomplit à sa manière. Dans la tentative occultiste comme dans la tentative gnostique, le parallélisme entre R. & M.J. n’et pas forcé. Y. Belaval a découvert là, une preuve de cohésion intime, une preuve, il faut l’écrire de bonheur, même si les souffrances multiples ont assailli le poète.»
PR, 302. «En général, Jacob déconseille la lecture de R., pourtant au jeune L. Guillaume il suggère de lire Rimbaud pour apprendre l’hallucination.» LLG, 77. 18 déc. 1941.
ROUSSELOT, op. cit. 85. L. extr. «Le lyrisme n’est pas un conflit de mots, mais un conflit de maux. Verlaine est le type du poète fr.: il y a d’autres poètes. Il y a plus de lyrisme chez Rimbaud & moins d’excellence (prix d’excellence). Je me suis bien mal exprimé au sujet de ‘situé’. En vérité, il ne s’agit que de la marge qui entoure une œuvre, même médiocre. R. n’est jamais médiocre, mais il n’a jamais de marge: c’est sa tare au point de vue ‘française littérature’. C’est un génie… alors on ne discute pas… & surtout on n’imite pas.»
VM, 110. «On sait que Max n’aimait pas Rimbaud dont, à la fin de sa vie, il reconnaîtra le génie, mais qui incarnait pour lui le triomphe du ‘désordre romantique’: ‘Rimbaud, c’est la devanture du bijoutier, ce n’est pas le bijou: le poème en prose est un bijou’.»
WHITEMAN, H.G. «The Poetics of Max Jacob.» Nonplus 1 (1959): 93. «Rimbaud, c’est le désordre dont j’ai horreur.» «L’impressionnisme désordonné de R.» «Il faudrait tuer Rimbaud encore!… Qui nous débarrassera de R. ?» «Le touffeur tropicale de R., non! non! & non! »
RIMBERT, RENE (1896 ou 1897-?)
LETTRE A SALMON. Créer no spéc. 22. «Je n’aurais même pas osé t’écrire du tout s’il ne s’agissait de te faire collaborer à l’éclosion d’un peintre. C’est une bonne œuvre. Les siennes aussi. Je voudrais que tu les voies chez Level, avenue Percier, au coin de la rue de la Boëtie, & je voudrais que tu t’en occupes.»
LAL, 19. «M.J. veut aider […] R.R. qu’il recommande chaleureusement & qu’il envoie à la galerie Percier» ; 83. «Montrez-vous comme vous êtes: enjoué, spirituel, un tantinet moqueur & taquin & vous plairez. A Paris il faut d’abord que l’homme plaise ou intéresse […] ; LRR, 40.
---. 96. 15 sept. 1924. «Je suis fier qu’il [Rimbert] vous ait intéressé. Vous ai-je jamais dit comme je l’ai connu?» […] un monsieur de Haïti m’écrivit un jour […]. Cette l. […] portait comme adresse: M. M.J., Paris, France & derrière: ces mots: Rimbert employé des Postes. […] employé amateur d’art connaissait mon nom & l’avait sauvé du rebut. Je remerciais l’employé des Postes par une l. adressée à M. Rimbert, employé des Postes. Elle lui parvint & je l’avais invité à m’écrire. […]» ; 153. 17 fév. 1927. « […] on peut intéresser le public qui aime les transformations magiques du Petit Poucet en lion de gloire. D’ailleurs les origines de mes relations avec l’employé des Postes sont dignes d’être rapportées à l’Histoire des Beaux-Arts dans l’Eternité.»
LRR, 7-12. R. Rimbert. «Mes souvenirs de Max Jacob. »
ROBIN, EMMANUEL
‘JE LIS … ENTRE AUTRE L’ADMIRABLE ACCUSE LEVE-TOI qui classe ce type bien haut.’ LNF, 151, n. 3. 21 sept. 1929. «D’autres étaient d’accord avec M.J., puisqu’un an plus tard le prix du Premier roman fut accordé à Robin pour cet ouvrage paru chez Plon en 1929.»
ROBINSON CRUSOE
ROUSSELOT, OP. CIT. 137. «Il trouve Robinson Crusoë un livre admirable.» (voir Emié. D).
ECOLE DE ROCHEFORT
HIST. LITT. DE LA FR. II. 1913-30. 302. Est née avec les prem. poèmes d’un jeune inconnu R.G. Cadou, avec Jean Bouhier., M. Béalu, J. Rousselot. Ces rapprochements, ces interférences de revue à revue sont le signe le plus visible d’un ‘après le surréalisme’ qui se cherche, plus qu’il ne s’affirme, dans les cheminements d’un lyrisme de la chaleur humaine & de la présence à la nature. Philippe Dumaine (1901), Edmond Humeau (1907), M.Manoll (1911), E. Guillevic (1907), Paul Gilson (1906-63), Alain Borne (1915-63) participent de ce mouvement.
LITT. FR. Larousse par A. Adam, G. Lerminier, E. Morot. 1938. «Ce groupe de poètes a pour centre la génération née avec la guerre de 1914-18. L’enfance de cette génération a été marquée par l’absence tragique (& parfois définitive) du père; sa jeunesse a coïncidé avec une seconde guerre, avec un nouvel écroulement, encore plus catastrophique du monde. Les poètes de cette génération, après avoir admiré les entreprises des surréalistes, ont voulu que les conquêtes de l’onirisme de la connaissance rationnelle de l’irrationnel, de la libération du langage des chaînes logiques, puissent s’intégrer à un lyrisme moins narcissique, & que soit retrouvée par le chant l’unité, non pas formelle, mais vivante du poème. Plusieurs lignes de forces peuvent être distinguées. A cette ‘école’ s’attache d’abord le nom de R.G. Cadou (1920-51). Villon, Verlaine, Apollinaire semblent veiller sur son œuvre sensible. Il écrivait: ‘la poésie n’est rien que le grand élan qui nous transporte vers les choses usuelles, usuelles comme le ciel qui nous déborde.’ Les fondateurs de l’école de Rochefort furent aussi de vrais poètes Jean Bouhier, M. Béalu, M. Manoll, J. Rousselot. M. Béalu né en 1908 est resté proche du surréalisme & d’une certaine veine de M.J. par son goût du fantastique. M. Manoll est un élégiaque sensible, un romantique moderne dont la poésie est toute de mélancolie & de musique.»
«LES POETES DE L’ECOLE DE ROCHEFORT. Anth.. Seghers, Prés. J. Bouhier.1983. (PUF, 149). LES AMIS DE ROCHEFORT. Groupe de poètes fr. qui se constitue un peu avant 1940. Ses principaux amateurs furent Luc Bérimont, J. Rousselot, M. Manoll & J. Bouhier. Leur esth. est en convenance avec celle que professait R.G. Cadou. Ils ont édité Les Cahiers de Rochefort.»
ROCHEGROSSE, GEORGES
M J.LE MENTIONNE DANS LE CN, «Le cousin Joseph.» «Il n’avait pas bonne presse, certes, mais une importante clientèle. C’était le peintre littéraire jusqu’à la substitution du sujet, au travail souvent maladroit & naïf. Qu’on songe qu’élevé par son beau-père putatif Théodore de Banville, Rochegrosse, enfant gâté commença à peindre & à exposer, & qu’en 1883 déjà Jules Laforgue lui consacrait une remarque assez dure, ce dont il était d’ailleurs assez fier. Il avait un cœur d’or & poursuivait sa vie dans le désir & la pensée d’aller rejoindre sa femme défunte pour qui il avait un culte minutieux. Je l’avais connu à Alger; il y possédait une magnifique villa sur les hauteurs où il avait fait dresser un cénotaphe pour sa femme & y devait la rejoindre à son tour. Sa pensée était de créer un musée Marie Rochegrosse &, pour cette institution, il offrait à la ville sa magnifique propriété.» René-Louis Doyon. Connaissance. 1953. 128
ROMAIN ROLLAND (1866- 1944) & JULES ROMAINS (1885-1972)
GUYON, ANDRE. «Un copain de Romains.» Coll de Quimper., 84, 85, 88. Lettres à J. Romains. 1. «A propos de l’apparition au 28 sept. 2. A propos de la Vie unanime. 84. 3. Mi-juin 1910 à propos de ses parents. ’Chez mes parents, je suis toujours l’enfant maudit à peine toléré: & quand on parle de malhonnêtes gens, de bandits, de gens qui vivent du jeu ou de femmes, les yeux de ma famille entière se tournent vers moi.’ 4. ‘Je m’ennuie immensément, sans savoir si je ne préfère pas m’ennuyer & vivre à m’amuser sans m’amuser & sans vivre. Tu ne t’ennuies pas, toi! tu as de la chance.‘» Toutes ces l. in Fonds J.R. à la B.N.
LFF, 31. 25 oct. 1918. «Evitez les pédagogues & la philosophie. Je mets Romains [Jules] & Rolland [Romain] dans cette catégorie.»
ROSENBERG, LEONCE (1877-1947)
A DOUCET. Corr. I. 22 mars 1917. 145-46. «L.R. avait réuni chez Lapérouse, les peintres qu’il pensionne en un banquet où les littérateurs furent admis par surcroît. Je veux dire Reverdy & moi […]. On alla finir la soirée chez Lhote, dont l’atelier est assez vaste […]. Pendant que nous nous animions de plus en plus dans l’atelier, Pierre laissait monter sa verve le long du mât de cocagne cubiste […]. Monsieur Ribéra se sentit insulté & le gifla sans égard pour son talent oratoire. Le jeune & ardent théoricien du cubisme dans lequel bat un sang généreux, se jeta sur l’insulteur & l’un & l’autre oublièrent le présent, les présences & les préséances. Reverdy arracha les cheveux de Ribéra en hurlant: la foule des invités se jeta sur les combattants.» - L. 31 mars 1917. 150. «Quant à Léonce!… permettez-moi de prendre la défense de ce pauvre L. que vous malmenez très gentiment & qui mérite, je vous assure, quelque indulgence […]. Songez que sans lui, nombre de peintres seraient chauffeurs ou ouvriers d’usine. Reconnaissons-lui une nature enthousiaste, un respect de l’art, & l’envie d’aider au mouvement. Il est comme Reverdy un peu jeune mais le poète porte sa jeunesse en dehors, lui la porte en dedans.» - 11 avr. 1917. 152. «J’ai cru devoir défendre R. parce qu’il me semblait qu’il était bon pour mes amis… mais vous le connaissez certainement mieux que je ne fais.»
APOLLINAIRE A M.J. 14 mars 1916 [3 jours avant sa blessure]. M. Adéma. Guillaume Apollinaire le mal-aimé. Plon, 1952. 215. «Dis Rose & merde/ A Rosember-gue/ Et ose Enfant/ A Ozenfant.»
BLANCHE, J.E. Hist. des arts plastiques sous la Troisième République. 1931. 296. «Je n’ai quant à moi guère cessé de désigner les poètes, & Cocteau au premier rang, comme les vrais révélateurs de l’univers sensible aux peintres & aux sculpteurs qui sans eux n’auraient pas pris conscience de leur secret instinct & des possibilités de leur moyen d’expression. A ce titre, rappelons les séances de musique, de litt., pendant la guerre, & qui avaient lieu parmi des ouvrages de tous les peintres cubistes & de pierres taillées d’Henri Laurens, en l’hôtel de M. L. Rosenberg, rue de Baume. Là Cocteau, Reverdy, M. Jacob, etc. présentaient les musiciens, E. Satie & le groupe des Six. Les concerts & les expos se suivaient devant un public restreint bien touchant, qui croyait accomplir un devoir religieux.»
CABANNE. Le siècle de Picasso. Op. cit. T. I. 293. «L. Rosenberg est secondé par son frère Paul qui deviendra, en 1918, le principal marchand de Picasso; 292. Certes, un nouv. marchand s’intéresse aux cubistes, L.R., qui a pris le relais de Kahnweiler. […] mais il n’a ni l’intelligence intuitive ni le sens commercial aigu du sourcier de la rue Vignon. On ne saurait pourtant lui refuser un réel courage car l’époque n’est guère propice, & le cubisme, qualifié par certains irréductibles de ‘boche’ est plutôt mal vu. – 320. L.R., qui l’avait [Kahnweiler] relayé auprès des artistes que la guerre n’empêchait pas de produire tentait de devenir le nouveau marchand des cubistes. Il acquit de nombreuses toiles de Picasso, Braque, Léger, mais aussi des cubistes de salon. – 333. Malgré d’excellents rapports sur le plan mondain, les relations entre Picasso & L.R. furent parfois difficiles. – 335. L.R. & son frère Paul lutteront pour imposer la peinture moderne. – 343. Rue de la Baume – l’antre du cubisme. René Gimpel en rendant visite à L.R. s’étonne «des cubes de toiles, des toiles en cubes, des cubes de marbre, des marbres en cubes, des cubes de couleur, des couleurs en cube, des cubes d’incompréhensible, l’incompréhensible en cubes.- 350. Expo Braque chez L. en 1919. – 362. «L’Effort moderne» chez L.R. rue de la Baume, galerie de son frère Rue de Béotie 21, à côté de chez Picasso. Dans cette même rue Paul Guillaume commence au no 108, puis en 59. – 364. En 1921 L.R. publie aux Ed. de l’Effort moderne, qu’il dirige (un bulletin & sa galerie portent également ce nom) un album sur Picasso tiré à 100 ex. 48 ill., le texte est de M. Raynal. – 377. L’Effort moderne avait, fort judicieusement, réuni un important ensemble d’œuvre des créateurs du cubisme, de leurs disciples & de leurs suiveurs […] mais quel ne fut pas l’étonnement des artistes d’apprendre que L.R. s’était fait désigner comme expert! Choqués de ce manque d’élégance, certains se rendirent à l’Hôtel Drouot le jour de la vente, & à l’entrée du marchand dans la salle, Braque […] lui décocha une série de coups de pied au derrière […]. Mais L.R. décida de prendre des leçons de boxe. [C’était avant la vente Uhde].»
COCTEAU. Le passé défini. Gallimard, 1983. 392. «Je pense aux caves de L.R. où s’entassaient les sous-cubistes- Herbin, Metzinger, etc.»
A COCTEAU. LJC, 12. [6 oct. 1919]. «Les matinées Rosenberg seront gratuites sur invitations lancées dans les aristocraties, & suivies de réclames dans le Gaulois. Marcel Herrand en sera l’impressario. Je travaille, j’ennuie [sic]. Reverdy a perdu sa mère. On a organisé des déjeuners dominicaux chez Baty, genre Concert Colonne. Satie met en musique ’Les Enfants qui vont jouer sur les marches’ » ; MJ/JC, 49.
ENCYCLOPEDIE DE LA PLEIADE. HIST. DE L’ART. 1969. 734. L.R. vend Fernand Léger, de Mondrian, Van Doesburg.
EXPO. BATEAU LAVOIR: Berceau de l’art moderne. Musée Jacquemart-André, 1975. 19. «L.R. fréquente le Bateau Lavoir dès 1913, après le départ de Kahnweiler. – Par Sauguet. «Il avait une galerie, se spécialise en cubistes intégraux.»
FELS, FLORENT. Le Roman de l’Art vivant. Fayard, 1959. 37. «La petite galerie de L.R. accueillait chaque mois l’élite parisienne pour écouter Ricardo Vinès interpréter Ravel, Satie & l’école espagnole contemporaine. Auric, Poulenc & Marcelle Meyer jouaient les œuvres de la jeune génération, & le soir on se retrouvait au ‘Bœuf sur le Toit’.»
---. L’Art vivant. T. I. Cailler, 1950. 244. «La peinture cubiste s’achète mais ne se vend pas.»
GABORY. Op. cit. 33-34. «L.R., dir. de L’effort moderne, donnait dans sa galerie des soirées & des matinées poétiques & musicales consacrées à la nlle école. Un passionné du cubisme, Rosenberg, & des précurseurs du cubisme.[…] un beau dimanche de printemps (1919) […] conf. de Dermée. […] il n’entend pas la rumeur sourde, le murmure improbateur: oser comparer des p. de Max Jacob à des poèmes de fous […] cités dans le livre de Marcel Réja: L’Art chez les fous! – 35.Vaincu & convaincu de trahison, d’apostasie, […]Dermée était resté jusqu’à la fin de la séance.»
LJC, 11. Corr. I.. 194. 6 oct. 1919. «L. R. refait sa trajectoire le 1er Nov. – On va vendre le séquestre Kahnweiler.– [26 avr.1919]. «Le dernier dimanche chaque mois a lieu, la réunion des Adorateurs du Sacré-Cœur. Cette réunion est d’une importance considérable pour moi & telle que si ma matinée chez R. ou la prem. de mon opéra comique avait lieu le dern. dimanche du mois, je n’irai pas à ma matinée ni a ma prem.» ; MJ/JC, 49, 42.
LITTERATURE n.s. (1er sept. 1922): 18. «Rosenberg porte le cubisme comme Jésus portait la croix» - disait Picabia. – «G. Braque est le bedeau de la Cathédrale, Picasso en est le bénitier, Rosenberg l’hostie, Kahnweiler le tronc pour les pauvres.» F. Picabia. «Billets de faveur.» n.s. 5 (1 oct. 1922) : 12. – No 1-20 mars 1919 - août 1921. Bonnet Marguerite. «Littérature & le reste.» J.-M. Place. 1978. P. VIII. « […] les galeries d’art où se donnent conf. & récitations poétiques, celle de Paul Guillaume, de Rosenberg. Littérature 2:13 (mai 1920). ‘L’Effort moderne’. L.R. Œuvres par Maria Blanchard, Braque, Csaky, Derain, Férat, Juan Gris, Herbin, Irène Lagut, Laurens, Fernand Léger, André Lhôte, Lipschitz, Metzinger, Picasso, Severini, Georges Valmier. – 19, rue de Baume Paris 8e. Auguste Herbin – Chez L.R. ‘L’Effort moderne’ oeuvres par les Maîtres du cubisme: Braque, Gris, Herbin, Laurens, Metzinger, Picasso, Severini.»
PENROSE, R. PICASSO. Flammarion. 1958. 248. «Un marchand parisien L.R., partisan convaincu du mouvement moderne, devint pendant la guerre leur intermédiaire auprès des acheteurs. Picasso lui confia toutes ses transactions jusqu’en 1918, époque où le frère de Léon, Paul R., avec lequel il s’était lié d’amitié, devint son marchand officiel pendant de nombreuses années. – 262. Léonce avait ouvert une galerie dans une rue voisine [de la rue de la Boétie]. – 287. La vente Kahnweiler se déroula en 4 vacations, de 1921 à 1923. La colère de Braque était telle qu’apercevant L.R., l’un des organisateurs de la vente, il alla à lui & le gifla.»
SANOUILLET, MICHEL. Francis Picabia. Paris: Losfeld, 1966? 76. «Les galeries de Paul Guillaume & de L.R. furent de véritables foyers d’activité intellectuelle & artistique. – 86. Matinée Reverdy chez L.R. – 104. Matinée en l’honneur d’E. Satie & de B. Cendrars le 19 fév. 1918. L. de Picabia à Tzara, 4 juin 1919. «Les petites réunions chez Rosenberg me font penser à des thés vaniteux & compromettant comme un membre de l’Institut: Victor Hugo lui-même avait une ignorance sympathique & une figure adorable de vieux con. – 487-88. Le potager Rosenberg est un cimetière juif, mais spirituel comme catholique; enfin un symbole, cathédrale moisie. – 562. L. de Reverdy à Tzara, 13 mai 1918. ‘Mais aujourd’hui après une conf. que ce maigre personnage (P. Dermée) a faite contre cette litt. qui part d’Apollinaire & M.J. jusqu’aux plus jeunes de nos poètes modernes, je viens vous demander d’interrompre ma collaboration si vous tenez à conserver celle de ce monsieur. Il n’a rien trouvé de mieux que dire devant un énorme public venu chez Rosenberg que notre litt. ait pris sa source dans celle des fous & qu’elle continuait!!! Conf. de P. Dermée sur M.J. & son œuvre prononcée le 3 déc. 1916 & illustrée de textes de Jacob, lus par Sylvette Fillacier du Théâtre des Arts sous les auspices de Lyre & Palette, 6 rue Huygens. P. Dermée avait assimilé certains oeuvres avant-gardes aux élucrubations des aliénés. Il a mis en parallèle la litt. nouvelle & celle des aliénés.»
SIC, 42-43 (30 MARS-15 AVR. 1919): 340. «Note: M. L. Rosenberg nous annonce la création des Editions artistiques & littéraires de ‘L’Effort moderne’ dont la direction est confiée à M. Maurice Raynal. Il est à peu près certain qu’on fera là de beaux & sans doute de bons livres & Sic est tout heureux à cette pensée.» - 40-41. Roch Grey. «Pour les générations futures.» 317-18. «Où me portrais-je pour trouver n’importe quoi d’inattendu! Plein d’enthousiasme un aveugle avançait vers moi en chantant l’hymne à l’espoir. Je me suis précipitée dans ces bras, le suppliant de m’emmener là où cet espoir s’incarne en une ébauche nouvelle. D’abord dis-moi à quel groupe appartiens-tu ? L’attendrir à tout prix. – Puis-je, exalter mes qualités individuelles?… Le miracle s’opéra, comme dans la Bible: ses yeux revirent en s’écarquillant : - Va chez L.R. tu y verras un groupe, tu y verras les plus nlles attitudes de tous les arts, la matérialisation des rêves les plus osés. les…un assourdissant bruit de moteur que couvrit la voix d’un camelot hurlant au dessus de la ville qu’il traversait en trombe dans sa machine rouge & bleue: ‘B. Cendrars!! la dernière incarnation de Trans-Sibérien, traversant le Panama & tuant les Sept Oncles! B. Cendrars!’ J’ai rencontré tellement de corbillards, que même les voitures des épiciers me semblaient renfermer des cadavres.»
VM, 106. [M.J. informe J. Doucet] «de tous les potins de leur petit groupe : Reverdy s’est battu chez Lapérouse avec le peintre Ribera pour défendre les cubistes à l’occasion d’un dîner offert par le marchand de tableau L. R..» - 113. L. Rosenberg l’un des souscripteurs du CD. 124. «Tous ces jeunes poètes [y compris A. Breton] vont faire bloc avec Reverdy pour ostraciser Paul Dermée qui, dans une conf. chez L.R. a osé comparer la poésie de Max aux productions des aliénés dans les asiles. Selon G. Gabory ‘l’exécution’ de Dermée est un noir complot de Reverdy & des futurs surréalistes […].» – Mars 1919. Ne pas confondre avec l’autre conf. de Dermée en déc. 1916.
ROUSSEAU, JEAN-JACQUES (1712-1778)
LMJ, 187. 10 avr. 1925. «Ton Godeau est splendide. Tu es le seul à conserver avec la finesse tant d’éclat; c’est d’une pénétration inconnue encore & je ne vois que Rousseau qui soit allé aussi loin en lui-même.»
LNF, 37. 31 août [1923]. «Faites des pastiches des grands classiques fr. J.J. Rousseau dans les Confessions, c’est très bon à tout point de vue; Flaubert, c’est mauvais.»
MJ/JC, 88. 28 juin 1922. «[…] les Confessions m’apprirent à lire quand j’avais dix ans & m’ont appris tout depuis» ; 466. 27 déc. 1926. «[La Princesse de Clèves] au fond c’est touchant comme J.-J. R. dont c’est l’ancêtre direct. J.J. est rudement mieux.»
SALMON, A. Note Liminaire au CD II. Gallimard, 1955. 9. «Il a dépouillé Rousseau rue Gabrielle. Il a peu après quasiment imposé à ses amis la lecture de Meredith. En me donnant l’adieu devant le car d’Orléans, il m’a dit: ‘Lis Dante. Il faut lire Dante… & Dieu sait si c’est emmerdant!’ ».
ROUSSEAU, HENRI DIT LE DOUANIER (1844-1910)
BANQUET. Récit par M. Raynal du banquet donné dans l’atelier Picasso en 1908. M.J. figurait parmi les convives. Soirées de Paris 20 (15 janv. 1914): 22. [Ancienne coll. d’Apollinaire].
LAL, 153. 17 fév. 1927. «Je comprends très bien ton horreur pour l’octroi de Rousseau & les ‘peintres du dimanche’dans les articles de journaux; mais en reculant les dates des débuts & en les logeant à l’arrière-plan on peut intéresser le public qui aime les transformations magiques du Petit Poucet en lion de gloire.»
LRR, 107, n. 70. «‘Il faut égarer le chercheur. Il faut cultiver sa légende’, - disait souvent M.J. à R. Toulouse, & nous devons avouer qu’il a réussi au sujet du si célèbre banquet organisé par Picasso en l’honneur du Douanier Rousseau. Toutes les études sur cet épisode, reprenant le récit de M. Raynal, (Soirées de Paris 15 janv. 1914), ont donné M.J. comme présent au banquet. Tant de commentateurs de France & d’ailleurs ont respecté le témoignage erroné de M. Raynal que la légende d’un banquet offert par la bande à Picasso à un vieil imbécile pour se moquer de lui est née. M.J. est si solidement planté dans cette légende qu’on aperçoit son portr. sur le grand décor reconstituant le banquet lors du 93e salon des artistes indépendants. (Le Génie des Naïfs, 12 avr.-12 mai 1982, Grand Palais des Champs-Elysées). – Nous étions fières de découvrir une réfutation de ces témoignages dans cette l. à R. Rimbert. Finalement c’est à R. Toulouse que nous devons la vérité qui se situe au milieu: M.J. était effectivement fâché avec Picasso & décidé à ne pas venir mais ne pouvant résister à sa curiosité, il vint quand même à la fin du repas ‘pour ramasser les miettes.’ – Pour un témoignage véridique lire le chap. d’A. Salmon ‘Le Douanier Rousseau dîne chez Picasso’. » SSF. I. 48-65.»
ROUSSELOT, JEAN NE EN 1913
DICT. DE LA LITT. FR. CONTEMP. Né à Poitiers, R. publie son prem. recueil en 1934. Journaliste, critique, essayiste, romancier, poète, il a déployé une activité littéraire inlassable, s’occupant de la défense de la profession au syndicat des écrivains puis à la Soc. des Gens de Lettres dont il était le président. Ecrivit des livres sur d’Aubigné, Poe, Corbière, Reverdy, Eluard, M.J. Edita une bonne Anth. des poètes fr. d’aujourd’hui. Auteur des romans Le luxe des pauvres, Les heureux de la terre, Un train en cache un autre. Appartient à la génération des poètes issus de l’Ecole de Rochefort (dont il fut avec Cadou l’un des initiateurs) qui conjuguent l’influence lyrique d’Apollinaire & le goût de la réalité du pain quotidien & du coeur des choses, marqua les années cinquante. Ancré dans son temps, attentif au concret, préoccupé d’un art de vivre, hanté par les images de la mort & les menaces qui pèsent sur notre civilisation, Rousselot ne cesse de questionner le réel. (Claude Bonnefoy, Tony Castano, Daniel Oster, pp. 298-99. Romans: Si tu veux voir les étoiles (1948), Le luxe des pauvres (1956), Les heureux de la terre (1957), Les Lâches vivent d’espoir (1960), Un train etc. (1964).
DICT. DE LA LITT. FR. CONTEMP. Eds. Universitaires. Sa poésie joue sur plusieurs registres, de l’alexandrin classique au p. en prose, de l’interrogation passionnée à la pirouette teintée d’humour, mais chaque fois il s’agit d’approcher mieux le monde, de dire le frémissement de l’instant, la surprise du regard, les résonances de l’émotion ou les irisations de la joie.
GUIDE ILL. 227-28. Ami de M.J. & d’Eluard, est un poète très maître de son art. De ses poèmes abondants, qui remontent à 1934, on retiendra Le poète restitué (1941), Sang du ciel (1944), Arguments (1945), La Mansarde (1946), L’Homme en proie (1949). Son chant direct & simple, s’adresse aux hommes ordinaires, qu’il s’agit de réconcilier entre eux, avec eux-mêmes, & avec l’univers. (Il n’y a pas d’exil (1953), Agrégation du temps (1957), Le premier mot fut le premier éclair (1960), Maille à partir, (1961), Distance, (1963). J. Rousselot pratique aussi avec succès le roman, l’essai, la critique & l’art radiophonique.
Max Jacob au sérieux de Rousselot est dédicacé à Yanette Delétang Tardif. «Cette rééd. completée d’un essai d’esth. jacobienne. Bien amicalement. Rousselot.» «L’homme qui faisait penser à Dieu» pp. 15-105 in Max Jacob au sérieux. Subervie, 1958; nlle éd. 1994.
POEMES DE ROUSSELOT. (Les Cahiers de jeunesse) (1934), Instances (1941), Le sang du ciel (1944), La Mansarde (1946), Les moyens d’existence (1950), Il n’y a pas d’exil (1954), Agrégation du temps (1960), Maille à partir (1961), L’Etang, Caractères (1967), A qui parle la vie (1972), Du même au même (1973), Les moyens d’existence Œuvres poétiques 1934-74. J. Rousselot. No spéc. Pont de l’Epée. 1970. P. 299. Dict. de la litt. fr. contemp. J.-P. Delarge. Paris, 1977.
ROUSSELOT a publié comme inéd. de M.J. un p. de lui. C’était il y a trente ans. P. 62. C’est le p. ‘La Cafetière’, qui figure parmi les inédits de son M.J. au sérieux. «Que nul n’en soit aperçu depuis 1958 ne contredit pas en rien Blake (qui a dit, l’évidence paralyse la démonstration) & prouve seulement que la nlle critique ne lit pas mieux que l’ancienne.»
ROYERE, JEAN
A Doucet. Corr. I. 134. 30 janv. 1917. «Je vous signale parmi nos pères un délicieux livre de vers mallarméens de J. Royère Eurythmies est un livre introuvable le Pantum des Pantums de René Ghil.»
SACHS, MAURICE [1906-1945]
BEALU, M. nous a raconté que quand il a mentionné le nom de M. Sachs, M.J. a répondu: ‘quand j’entends ce nom, je veux cracher.’
BIOGRAPHIES DE M. Sachs: Jean-Michel Belle. Les folles années de M. S. Grasset, 1979 ; H. Raczymow. M. S. ou Les travaux forcés de la frivolité. Gallimard,1988.
BLACK, MOISHE & MARIA GREEN. Gay & Lesbian Literature. Vol 2. Detroit/N.Y.: St. James Press. 1998. «Max Jacob.» 192. «[…] a wickedly brilliant fictional portrait [of M.J.] in the novel Alias by […] a former sexual partner, Maurice Sachs. ‘He would make love in the evening, go to confession in the morning, take communion, paint, make love, & start over again’.»
DICT. OF FRENCH LITERATURE. S.D. Braun. 417. This critic & translator died mysteriously in Germany. In Le Sabbat (written before 1939, published in 1946) he retraces the steps of his own degradation; La Chasse à courre (1949) is a diary of his life during the German occupation.His writings show his concern with the question of individual reponsibility.
LETTRE INED. A J. DENOEL. Plantier. Max Jacob. 163. 8 nov. 1936. «Pauvre Sachs! on pourrait lui en vouloir s’il n’était qu’un malade. Après m’avoir volé, roulé dans la boue, il a l’audace d’une dédicace affectueuse ‘respectant’, dit-il, ‘la douceur & la solidité de ma foi’. Et c’est tout! Pour un homme que j’ai porté… Ça va bien ! je pardonne en silence… »
LEL, 60. 30 déc. 1924. «Maurice… est revenu. Il était ici ces jours-ci. Il est innocent de tout de ce qu’on l’accuse. – 66. L. s.d. «Oui! tu as raison de te féliciter d’une amitié avec Sachs. C’est un noble & bon garçon, très simple & très serviable; ce qu’il pourra faire il le fera.» - 66. l. 6 nov. 1926. «J’ai près de moi un ami de Cocteau & de Maritain, M. Sachs, qui s’est découvert brusquement écrivain & qui fait & fera de belles choses: c’et une bonne nature & un charmant garçon. Il vit ici jusqu’au service militaire.»
LETTRES DE M.J. A MAURICE SACHS DANS LA BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE D’ORLEANS.
LETTRE INED. A M. SACHS. MJ/JC, 423. 11 juin 1926. «Je suis assez malade, cher Maurice, sans quoi j’irais voir Orphée & cette expo. Picasso dont tout le monde me parle»
LUA, 97. 15 nov. 1936. «M. Sachs a eu l’audace de m’envoyer son Gide avec dédicace affectueuse. C’est un malade inconscient.»
MAURICE SACHS. LA Décade de l’illusion. Gallimard, 1950. 47. «On entrait chez Rosenberg. comme on entre au temple, les profonds fauteuils de cuir, la soie rouge au mur, on se fût cru dans un musée bien tenu. R. n’a sans doute pas le mérite d’avoir découvert ses peintres &, dans ce sens, son frère Léonce fut toujours un précurseur.»
PEYRE, op. cit. 32.«Visiblement, Max préférait la compagnie des garçons. A leur contact, même vers la fin de ses jours, il entrait dans une sorte de transe. Nul ne doutait qu’il entretint, ici & là, des rapports homosexuels. La plupart étaient discrets & épisodiques […]. Les seules liaisons connues, reconnues & marquées par une passion amoureuse: J. Cocteau (avec des orages romantiques), M. Sachs (sous le soleil de Satan).»
VIOLETTE LEDUC décrit sa vie avec M. Sachs durant les années de la guerre dans La Bâtarde. Gallimard, 1964.
SAINTE-BEUVE, CHARLES-AUGUSTIN (1804-1869)
LFF, 26. 10 oct. 1918. «J’ai toujours lu avec attention les livres de critique parce qu’ils signalent des beautés dans les maîtres qu’on peut s’efforcer d’acquérir. Je vous recommande là-dessus les livres de Sainte-Beuve qui était homme de goût & ne se trompait pas.»
LMJ, 274. 7 oct. 1926. «J’ai envie de lui dédier quelque chose […] au Vaugelas, au Saint-Beuve, au Grand Critique qui ne se critique pas soi-même.»
SAINT-POL-ROUX DIT LE MAGNIFIQUE (PSEUD. DE POL ROUX) (1861-1940)
BOMPIANI. Dict. biogr. Des auteurs. Paris: 1956. Né à Saint Henri le 15 janv. 1861, mort à Brest. C’est en 1886 qu’il fait ses débuts litt., dans le groupe des écrivains de la ‘Pléiade’ en publiant une petite plaquette de vers, Lazare, suivie trois ans plus tard d’un nouveau recueil Le bouc émissaire. Accueilli par Rémy de Gourmont dans le mouvement symboliste, il collabore à toutes les revues de l’école, en particulier à l’Ermitage & au MF. Ses accoutrements splendides & la sonorité de ses discours, lui font donner le surnom de St.P.R. le magnifique. En 1893 paraît le 1er vol. de son œuvre principal, Les Reposoirs de la procession, complétée en 1901 par La Rose & les épines du chemin, & en 1907 par les Féeries intérieures, où il apparaît bien que St.P.R. a pris ses libertés avec l’orthodoxie symboliste & conquis sa pleine originalité. L’auteur d’une fresque dramatique: La Dame à la faulx, qui parut en 1899. Il obtint son seul succès d’argent en composant le livret du célèbre opéra de Gustave Charpentier Louise en1900. Dès cette époque il se détache des cénacles parisiens & cherche en Bretagne un contact avec la nature la plus sauvage, écrit deux drames à Roscaven: La Dame en or & Les pêcheurs de sardines avant d’aller se fixer à Camaret où il fait bâtir un manoir. De 1903 datent les Anciennetés. Au lendemain de la guerre 1914-18 il fut fêté par les jeunes surréalistes qui le proclamèrent un de leurs maîtres. Il n’abandonna pourtant pas sa solitude bretonne, où la nlle guerre vint le surprendre, dans la nuit de 23 au 24 juin 1940: un soldat allemand ivre força la porte, blessa grièvement une de ses filles. Quelques mois après le manoir était brûlé, plusieurs ms perdus & St.P.R. mourait à l’hôpital de Brest. – Affilié aux rosicruciens il cherche la clef magique du monde, il pense qu’un cœur bat dans tout, même dans les pierres du chemin. Sa doctrine ‘l’idéo-réalisme formulée dans le liminaire des Reposoirs, est une date importante de la poésie contemporaine. L’imagination seule peut mieux rendre la vraie réalité déformée par l’usage quotidien qui a réduit le monde des choses à n’être plus que ‘l’enseigne inadéquate du monde des idées’. L’imagination effrénée & exaltée fait du poète un découvreur du monde, un ‘continuateur’ de Dieu.
EVERYMAN’S DICT. London : Dent, 1968. 470. Fr. poet & librettist. He evolved a world of his own inspired by regional cultures, such as those of the Ardennes & Bretagne, in publications like Les Reposoirs de la procession (1893, 3rd ed. 3 vol. 1907). La Dame à la faux (1899), & Anciennetés (1903, 1946). He was also the author of the libretto Louise (1900), the very successful light opera set to music by Georges Charpentier. When in his 80th year he was murdered by German soldiers at Brest for speaking boldly in public against the enormities of the régime they represented.
FRENCH POET, known as ‘the magnificent’ was somewhat eccentric. From the places where he lived (Ardennes, Camaret in Brittany) he amassed a mythology which combines the charm of the Middle Ages & the audacities of the Symbolist school. At 79, he was beaten to death in Brest by the Germans. – Began literary career in Paris among younger symbolists as a frequenter of Mallarmé’s gatherings. Participated in founding review La Pléiade. He published little, intending to entrust his ample works to posterity. Tragically, most of his unpublished ms. were destroyed by the Germans. His principal poetry is contained in Les Reposoirs de la procession (1893). In this as well as in his most important dramatic work, La Dame à la faulx (1899), he shows himself to be a precursor of surrealism, as André Breton called him, as well as of the primary links with the themes & preoccupations of the symbolist school. His works usually present a profusion of images (some bordering on the preposterous) that are linked, in a manner foreshadowing later surrealist imagery. His aesthetic system of ‘ideorealism’ states that the poet must ‘magnify’ reality, reuniting the elements of eternal Beauty dispersed throughout the universe & recreating spirituel reality, thereby renewing archetypical Divine thought – recently published: Le Trésor de l’homme (1970), La Répoétique (1971), Cinéma vivant (1972) & Vitesse (1973): reveal his deep faith in modern technology & the future. These ms. were salvaged by his daughter.
GUIDE ILL. 25. Né à St.-Henry, près de Marseille mort victime des Allemands en 1940 est un poète plein d’image, dont l‘écho a retenti longuement sur les jeunes générations & qui garde une place bien particulière dans l’hist. de la poésie. On lira surtout Anciennetés & un choix des Reposoirs de la procession, (1899). & ses Plus belles pages (M.F., 1966).
LML, 65. St.-B. 9 déc. 1937. «J’en ai reçu une [lettre] de Saint-Pol Roux, si magnifique que j’en ai fait cadeau à un poète comme on donnerait un diamant.» Note. Le vieux poète Saint-Pol Roux, agressé dans son manoir breton par les Allemands, venait de mourir à l’hôpital de Brest en 1940.»
MJ/JC, 282. [9 MAI 1925]. L. de Cocteau à M.J. «Aimes-tu la fanfare surréaliste attendant St Pol Roux au train?» 283, n. 7. «Le groupe surréaliste voyait dans l’ancien symboliste un idéal du poète. Breton a publié un ‘Hommage à Saint-Pol-Roux dans la NL du 9 mai 1925 avec des articles d’Aragon, de Breton, d’Eluard, de Leiris, de Vitrac & d’autres. En outre, les surréalistes ont invité Saint-Pol-Roux à un banquet pour fêter l’anniversaire de Breton qui devait avoir lieu le 9 mai. Ainsi lit-on dans les NL (9 mai): 5. ‘Saint-Pol-Roux […] s’est retiré du monde il y a trente ans. Fixé depuis cette époque à Camaret (Finistère), il quitte aujourd’hui sa retraite, & à son arrivée, le 8 mai 1925, il sera reçu à la gare par les surréalistes» ; 284. [10 mai 1925). «As-tu remarqué combien vulgaire la figure de ce roux? 285, n. 9. Saint-Pol-Roux dont la photo illustrait l’article dans les NL.»
VOIR LETTRES DE M.J. A SAINT-POL-ROUX. René Rougerie. «Lettres à Saint-Pol-Roux.» Poésie Prés. XXXXIV (1982): 7-15; Ibid. 93 (1997): 15-23. Arlette Albert-Birot. «Quelques échanges entre Saint-Pol-Roux & M.J.»
SALMON, ANDRE (1881-1969)
A ANDRE SALMON. Corr. I, 46. Mai 1910. «Je travaille tous les jours& ne m’ennuie guère. Mon rêve serait de vivre toujours ainsi. Alors j’achèterais du papier à lettres le jour pour pouvoir écrire la nuit à mes chers amis.»
ARLAND, MARCEL. Disque vert no spéc. 56. «M. Salmon qui dédiait récemment ainsi un livre à M.J.: «A M.J., hommage du siècle.»
BEALU, M. DV. 30; nlle éd. 32. Réalités secrètes. No 43, p. 14. MJ dans ses livres. 60, no 157. Bibliographie de M.J. Op cit. 135. «M.J. écrivit en tête du livre d’A. Salmon: M.J., poète, mystique & homme de qualité (appartenant à M.B.). «Je suis heureux que vous ayez un gros morceau de mon passé avec la couronne endiamantée des noms de mes amis. L’amitié, c’est de se connaître, on ne me connaît bien qu’au travers de ceux à qui je dois ma formation.» - 12. «De ses anciens amis, seul A. Salmon ne cessera de venir régulièrement deux fois l’an.»
CADOU. ESTH. 48. «Je prends X pour un blagueur, ainsi que tous les surréalistes: ils s’amusent, c’est bien. Ils amusent les autres, c’est mieux, mais la poésie c’est Lorca ou Kafka. Il y a plus de poésie dans le sincère Salmon ou dans Milosz que dans aucun surréaliste.»
---. «L’œuvre de M.J.» Cahs. du Nord. No spéc. 193-94. «A. Salmon, qui a laissé dans ses ‘Propos d’Atelier’ une relation de ses visites à l’atelier du Frère Matorel se souvient d’avoir admiré la prem. aquarelle du poète en 1904. – 178-79. A. Salmon a mis lui aussi son ami Max dans un roman. Le roman s’appelle La Négresse du Sacré Cœur & Max traîne la jambe, avec cette bonne volonté des forçats qui donne à sa démarche quelque chose d’aérien.»
L’ECHELLE DE JACOB. Op. cit. 188, n.1. «Picasso provoqua la rencontre entre les deux poètes en 1904. Ils sympathisèrent immédiatement. Ecrivain & journaliste, ce critique a beaucoup défendu la peinture moderne. Il habita le Bateau Lavoir entre 1908 & 1909, occupant l’atelier le plus misérable, où, M.J. lui succéda pour une très courte période. Les Archives du Club des Onze, roman à clé édité. par Nlle Rev. Crit. »
EVERYMAN’S DICT. OF EUROPEAN WRITERS. London: Dent, 1968. 472. As journalist travelled much in that capacity. In 1921 when his long surrealist poem of the Russian Revolution, incidents of which he saw with his own eyes, was publshed as Prikaz that he became well known. His strange style, at once a mixture of journalism, surrealism & classical precision, is well exemplified in such books as: Le Manuscrit trouvé dans un chapeau (1924), Vénus dans la balance (1926). The connected poems. Tendres canailles (1931) & Monstres choisis (1938), & L’air de la Butte (1945).His autobiography Souvenirs sans fin, appeared between 1955-61.
FRENCH POET, NOVELIST & ART CRITIC, lived in Paris. He associated with Apollinaire, M.J. & Picasso though S. claimed never to belong to a group (cubism, art nouveau). But his 1st collection of poetry show similar concerns: Les Clés ardentes (1905), Féeries (1907) & Le Calumet (1910) exhibiting tendency toward play & fancy. His poems slip back & forth between everyday life & the fantastic between the exotic & the modern world. Prikaz (1919) written after several trips to the USSR, is an epic poem on the Russian Revolution. L’Age de l’humanité (1922) depicts postwar restlessness & shifting standards of his own generation. After a brief incursion into Dadaism, S. rediscovered his early conviction that ‘art must be given back to life’. In Livre & la bouteille (1920), S. chose the ‘bottle’, the Dionysiac intuitive grasp of reality, rather than the ‘methodical approach of the look’. Already apparent in the Tendres Canailles (1913), that tendency burst forth in La Négresse du Sacré-Cœur (1920) a fantastic picture of bohemia intermingled with the underworld. His other prose works include a number of books on modern art: L’art vivant (1921), Propos d’atelier (1923), Cézanne (1923), André Derain (1923), Modigliani (1926), Henri Rousseau dit le douanier (1927), Chagall (1929). Later in his life, he produced an essay on the anarchist movement, La Terreur noire: chronique du mouvement libertaire (1959). His most important prose work is his autobiography, SSF (1955-61), an enlightening & fascinating account of the personal, intellectual, political & artistic aspects of what has become known as modernism.
«GIVRE.» Lafranchis. Op. cit. ; Alice Halicka. Hier: Souvenirs. Eds. du Pavois, 1946. 271. «Nous aimions à fixer le génie de Pablo. Lui, derrière un quadrilatère d’arbres & les yeux derrière un bandeau de cheveux, l’aile noire d’un oiseau, c’était l’Olympe, Salmon, Apollinaire & moi c‘était la pente, le sentier qui conduisait à la sérénité.»
GUIDE ILL., 100. Né à Paris fit beaucoup également pour imposer au public les nouveaux peintres, comme Rousseau, Modigliani, Derain ou Chagall. Un de ses poèmes s’appelle Peindre (1921) & ses dessins sont plus célèbres que ses poèmes. Ces derniers pourtant transfiguration hallucinée du réel sont d’une beauté d’Apocalypse: Prikaz (1921), L’Age de l’humanité (1922). Il écrit ses souvenirs (SSF) & rassemble ses poésies (Les étoiles dans l’encrier), 1952.
LJF, 243. n. 19. «On Nov. 23, 1933, Max was received into the Légion d’Honneur as a chevalier by A. Salmon […] en qualité d’Homme de Lettres.»
LMM, 105. 7 mars 1942. «Salmon ne peut pas grand chose chez Gallimard, je le crains, mais tu as raison d’avoir foi en son dévouement & en son cœur merveilleux.» – 87. 10 mai 1941. «Salmon a le charme des gamins de la rue à Paris & leur déhanchements encouragés par le succès […]. Comme les gamins de Paris, il a attaché de l’importance au fait de gagner sa vie honnêtement: d’où le journalisme […] l’ivresse de l’époque. Mon cher Salmon manque de culture & en a trop… oui! »
LRV, 30. 13 août 1924, Roscoff. «Quand j’ai débuté après 1904, c’était Salmon le grand Poète & non Apollinaire: il a eu de l’influence sur moi mais non pas religieuse bien qu’il fût le moins athée de nous tous.»
MED. REL. TR, 124; Gallimard, 142. «Voici quelques amis peut-être & peut-être mon frère & ma sœur, peut-être Picasso & Salmon, ou Moricand ou Pierre Colle.»
OXFORD DICT. 657. Author of poetry & novels which are a mixture of fantasy & realism, simplicity & irony, in the cubist manner. Les Féeries (1907), Le Calumet (1910), Peindre (1922), Tendres Canailles (1913), a novel of the Latin Quarter underworld, La Négresse du Sacré-Cœur (1920), L’entrepreneur d’illuminations (1921). He was one of a group which included Apollinaire, M.J., & in art, Picasso; & is also known as a critic of modern art.
PALACIO. «M.J. & Apollinaire.» Op. cit. 474. L. à H. Lasserre, 29 juill. 1942. (Coll. pers.). «J’ai vu beaucoup de monde depuis ce temps des vacances: entre autre le cher Salmon & l’admirable Paul Eluard grand seigneur très humble, amené, je crois, aux bords de la Loire par le libraire charmant Pierre Berger, en ‘tournée pastorale’, si je puis dire. P. Eluard me montre beaucoup de sympathie (… avec le monde on ne sait jamais…) il est très lié avec mon ancien camarade, Picasso, de misère qui, peut-être, l’a envoyé comme ange consolateur. – Beaucoup aussi de petits jeunes très jeunes – grande corr. avec Reverdy.»
PARTURIER, MAURICE. «M.J. Notes Biographiques.» Divan, 1944. 11.Kraus Reprint. 1968. 403. ‘Salmon est très bon pour moi, très serviable ami, il me soutient depuis trente ans environ’. » A Eugène Parturier, 28 fév. 1930.
ROUSSELOT. Cahs. du Nord. 211. L. 3 juill. 1942. «J’ai eu une grande joie à voir le cher Salmon, toujours le même.»
SALMON, ANDRE. La négresse du Sacré Cœur. Gallimard, 1968. 226 p. (Ecrit déc. 1917-sept. 1919). «Septime Fébur, écrivain cath. [c’est MJ] est d’une autre espèce: il sait tour à tour parler de Dieu avec une mendiante, remercier l’au-delà pour la journée à venir & se réjouir d’avoir simplement épanoui un visage de petite ‘Princesse’ orpheline, traquée par des adultes bougons.»
SSF III. Op. cit. 91. «Moi que l’on connaîtrait fidèle à M.J. jusqu’à la mort, j’ai négligé mon frère de la rue Ravignan aussi longtemps que ressaisi d’un certain snobisme ingénu, entre deux séjours pénitents à St.-B., il tint bureau d’esprit aux Batignolles, en cet Hôtel Nollet où, un artiste tel que Henri Sauguet mis à part, tout ce que l’on connut de plus opposé au génie de Max accourait dans le sillage des couturières folles de remplacer le salon académique par leur salon d’essayage.»
«SALMON présente Max Jacob à l’expo du Petit Palais, organisée par Henri Lapauze.» Benezit, E. Dictionnaire des Peintres, sculpteurs, dessinateurs & graveurs. T. 5. Gründ, 1976. 757.
SALMON l’un des plus anciens & des plus fidèles amis de M.J. raconta dans SSF I comment s’est-il rencontré avec M.J. à Montmartre, au seuil de Picasso, locataire du Bateau Lavoir. «Un matin de 1903 [Andreu le corrige, Salmon se trompe, il faut lire1904], un peu avant midi, deux garçons se rencontrent à Montmartre, au seuil de Pablo Picasso, locataire principal, à tous égards, du Bateau Lavoir qu’alors certains nommaient encore la Maison du Trappeur. Les deux garçons, l’un très jeune, l’autre un peu moins jeune. Ils ne se connaissaient pas, ils se saluent. Chacun, d’un même instinct, innove dans l’art des présentations. Ils ne se sont jamais vus & chacun prononce le nom de l’autre : ‘- Monsieur Max Jacob ?’ – ‘Monsieur André Salmon ?’ «On ne devait plus se quitter. A la vie à la mort… La mort!» VM, 42. – 285. Picasso ne quittera pas son atelier parisien. Il n’ira pas voir son ami misérable. Seul vient dès qu’il peut s ‘échapper, l’ami exemplaire, André Salmon.» - 208-09. «C’est A. Salmon qui le décorera (en 1933), Max le lui avait demandé de la manière la plus touchante: ‘Mon bon cher André, Tu m’as reçu dans la carrière du Parnasse en 1904. Je viens te demander de me recevoir dans celle des Honneurs. (Celle de l’honneur & celle du Parnasse se confondent). La chancellerie me prie de désigner le légionnaire à qui elle confiera le pouvoir de me recevoir. Il est naturel & simple que ton nom me vienne à la plume, au cœur, à la pensée. Dis-moi ‘oui’ pour que j’écrive ton consentement qu’on me demande & crois-moi ton frère fidèle’.» 292. «De Drancy, Max réussira à faire parvenir un dernier appel: ‘Que Salmon, Picasso, Moricand fasse quelque chose pour moi.’ Picasso ne fera rien.»
SALMON, ANDRE. On pourrait dire qu’il est un poète cubiste, lui qui fit campagne pour Picasso & ses amis – aux temps héroïques bien entendu. Il a dit lui-même, à propos de sa moderne épopée intitulée Prikaz (1919): ‘C’est un prem. essai de poésie substituant aux saisons du vieux lyrisme le climat instable de l’inquiétude universelle.’ La poésie de S. fait passer la vie moderne sur le plan du merveilleux. Dans les vers de Prikaz, on voit se refléter, violentes les flammes de la révolution russe.
WARNOD, JEANINE. LE BATEAU LAVOIR Op. cit. 24-25. Elle cite le récit de M.J. [sans réf.]. «Un long monsieur m’aborda. Il était courbé par une bienveillance sarcastique dans un raglan ocreux. Sa figure avait la forme d’un croissant de lune au-dessus du col relevé. Son menton blanc portait une pipe qui allait à l’inverse de son nez. C’était un lugubre matin d’hiver…- Pourriez-vous me dire où est l’atelier de M. Picasso ?- Etes-vous le poète André Salmon ? – Vous êtes Max Jacob… Nous nous assîmes sur un sommier sans pieds, mal couvert de reps grenat. Je crois bien qu’il n’y avait pas de feu. Ce matin là, le hangar acquit un habitué & j’eus un ami.»
SARRAUTE, NATALIE (1902-
THE READER’S ENCYCLOPEDIA. Ill.Vol. II. 898. With Tropismes (1939) she began to experiment with presenting the fluctuations of human feelings & motivations by concentrating on the myriad minutiae of objects & impulses that fill human time as lived. In his pref. to her Portrait of a Man Unknown (Portr. d’un inconnu, 1947), Sartre called it an ‘antinovel’. In the essays collected in The Age of Suspicion (L’ère du soupçon, 1956), first published in 1947-1955, Sarraute analyzed the techniques of what was to be called the New Wave of fiction. Her later novels include Martereau (1953), & Golden Fruits (1962).
SARTRE, JEAN-PAUL (1905-1980)
DV, 158. 20 oct. 1938. «Dans quelques semaines, on ne lira plus Céline ou Sartre ou Henri Calet parce qu’ils sont dégoûtants si on lit encore Rabelais… ou même Zola». [Les 2 phrases qui précèdent]: «Sache qu’une certaine pureté qui n’est pas du tout de la pudibonderie fait partie de la Beauté. En tout cas, ne pas toucher à la scatologie avant d’être devenu V. Hugo ou Byron.» - 203. 19 nov. 1940. «J’admire définitivement Sartre; chaque détail est à la fois humain & inattendu. Evidemment c’est toujours tératologique, mais chacun de nous n’est-il pas un monstre? Si A. Huxley (qui, paraît-il m’honorait d’une lointaine estime) a légitimé les malheurs de Londres, ne crois-tu pas que Sartre légitime les pénitences de Paris? A la vérité les pauvres auteurs sont de leur temps & respirent ce qu’ils ont aspiré: ils ne sont pas aussi coupables que leurs lecteurs.» – [La même l. p. 204]. «Ce n’est pas en disant des mots grossiers que tu plairas. On est sursaturé de Céline, de Zola, & même de Sartre.» - 305. 14 juill. 1943. «Pourquoi rougir de tes opinions? Pourquoi n’aurais-tu pas le droit de haïr Elsa Triolet & même Sartre & même Dabit & le reste? »
LML, 73. 27 oct. 1938. P.S. «J’ai lu une nouvelle de Sartre: ce serait mieux en moins sale tout de même. Sartre rime à dartre.» - 82. «Oui! étudie Sartre. C’est un homme de très haute culture qui a pris l’excellente attitude de se pencher vers le très bas. Exemple à suivre. Simenon de même. […]. Une Marie Amon a écrit le plus beau livre de l’époque on en ‘parle’ au point de vue moral au point de vue Hitler.»
SAUGUET, HENRI (1901-1989)
HAMNETT, NINA. Laughing torso. Londres: Virago Press. 1984. 194. «I met Sauguet, the composer of the Russian ballet, The Cat in London. He told me that he had been to the sale [after the death of Satie], & I asked him who bought the umbrellas. He said that there were 20 umbrellas & that he had bought 15.»
LBEG, 22 janv. 1931. 22. «Ici nous avons un génie de 18 ans qui par une musique formidable fait la pige à Stravinsky aux concerts du Conservatoire. Il vient dans cette humble chambre avec les musiciens qui habitent l’hôtel.» «Note: Igor Markevitch.»
LJF, 262. «Je te félicite d’avoir pris dans ta compagnie mon spirituel ami Sauguet qui mettra des dissonances à la critique car il n’est pas sorbonnard, lui non plus.»
LPM, 59.Anne Kimball. «P. Minet rendait visite à Jacob à l’hôtel Nollet comme beaucoup de jeunes à cette époque, surtout des poètes aspirants. Ainsi Jacob communique les nouvelles des habitants de l’hôtel qui se connaissaient presque tous. Il s’agit ici par ex. du compositeur H. Sauguet qui évoque aujourd’hui avec plaisir ses souvenirs de l’hôtel Nollet où il y avait des dicussions très vives. Et M.J. était toujours imbattable dans les conversations […]. Et, si quelqu’un baîllait pendant qu’il parlait, Jacob disait, ‘Si tu écoutais ce que je disais au lieu d’écouter ce que tu penses, tu ne baîllerais pas.‘ Sauguet se souvient même d’une discussion qui est devenue si animée que lui & M.J. ont été jusqu’à se battre, place Clichy.» Voir l’autobiographie de Sauguet. La Musique ma vie. Librairie Séguier, 1990.
---. 60, n. 1. ON LUI DOIT UNE GRANDE VARIETE DE COMPOSITIONS POUR BALLET, OPERA, ORCHESTRE, CHŒUR, ETC. En 1928 S. écrivait une opérette avec M.J., Un Amour du Titien […] & se souvient bien des fous rires qui accompagnaient ce travail à deux (ou à plusieurs). ‘Interview d’A. Peyre avec H. Sauguet’ op. cit. 45-46, & ‘Quand j’écrivais une opérette avec M.J.‘, Boîte à clous, no spéc. 20-21; Cahiers M.J. no 3, mars 1953, 7-8. Sauguet était président de la Soc. des Amis de M.J.»
---. LETTRE [8 nov. 1931]. 77. «Pour la musique de Sauguet, il faut voir. On lui montrera la pièce [celle de Minet] & on lui fera des couplets si elle lui plaît ; 78, n. 9. Minet voulait qu’H. Sauguet fasse la musique de la pièce, ce qui n’a pas eu lieu ; 85. 2 nov. 1932. «Je te promets que Sauguet qui ne sait même pas s’il mangera aujourd’hui ne pense pas beaucoup à tes œuvres ; 86, n. 7. Minet bombardait H. Sauguet de lettres lui demandant de faire la musique pour la pièce, puisque l’orchestre de Genève avait accepté son idée.»
LTB, 115. 30 déc. 1940. «Si je puis te donner un conseil, ne te fie à personne! Sauguet a vu rater une de ses pièces pour s’être confié à un directeur qu’il croyait amicalement sagace.»
SAUVAGE, MARCEL (1895-
MJ/JC, 248, n. 2. 10 avr. 1925. «Homme de lettre & journaliste. Parmi ses œuvres Voyage an autobus, ill. de 4 images de M.J. eds. ‘Liber’ s.d. 1921. »
SHAKESPEARE, WILLIAM (1564-1616)
CADOU. Esth. 62. «L’éloge de Shakespeare! oui… On l’imite depuis Voltaire, premier en date à l’avoir imité. V. Hugo croyait faire Shakespeare au théâtre. Dumas aussi, Claudel aussi, tous! tous! tous !… & je crois qu’André de Richaud veut faire du Shakespeare. Peut-être l’originalité des gens se mesure-t-elle à la manière dont ils ont cru imiter Shakespeare. Moi j’aime évidemment cela mais je ne crois pas que ce soit imitable.»
LEJ, 37. [1935]. « […] fais des phrases en vrai, c‘est dans la syntaxe que se révèle l’individu. Si tu n’as pas de ‘forme’ [4 fois soulignée dans le texte] de phrases dans la tête, prends-en dans Shakespeare ou bien là où il y en a dialogues d’Aristophane. La phrase en dialogues masquées [sic] a de la vivacité & c’est des phrases. Le mot est beaucoup, la phrase porte l’émotion.»
LMJ, 94. «J’ai lu aussi Leiris […] je lui voudrais parfois plus de chair & de sang: il n’a pas encore assez souffert, assez aimé. (Qu’il pense à Shylock!) »
LPM, 54. 12 sept. 1930. «[…] on est toujours raté de quelque chose. V. Hugo voulait être Shakespeare & Breton un composé de Bakounine, Robert ce pierre [Robespierre] & V.H.»
MJ/JC, 78. 3 fév. 1922. «L’humanité est admirable & comique; mieux que dans Shakespeare.»
PJ, 15 oct. 1921. 114. «Etudie Shakespeare, c’est notre Homère – regarde ce que Musset en a fait, c’est admirable» ; 133. 10 mars 1922. «Regarde Shakespeare, comme il est chaste, compare-le à Maurice Donnay & autre Bataille […].»
---. 456. A N. BARNEY. 31 mai 1939. Traits & portraits. «M.J.» MF, 1963; Arno, 1975. «Je voudrais avoir l’esprit moins lourd pour parler de ce livre [celui de N.B.]: il faudrait être Ariel.»
ROUSSELOT. Mort & survie du langage. Op. cit. 150. «Varier la syntaxe d’une phrase à l’autre […]. Tu trouveras des formules syntaxiques dans Shakespeare plutôt que dans les auteurs fr. qui sont tous plus ou moins conventionnels» ; Carlton. Baudelaire to Beckett. Humanities Research Center. U of Texas, Austin. 1976. 7.
SIMON DE CYRENE
AGUEDAL. No spéc. 1939.119. Méd. Rel. à propos de S. de Cyrène. Repris in Rfl no. spéc. «Max Jacob & la Croix.» 12. «Il confie sa croix à un homme pour bien souligner que cette douleur n’est pas pour lui seul mais pour chacun des autres, & qu’il est un exemple & il permet que Sainte Véronique ait pitié de Lui pour que chacun de nous ait pitié de la croix des autres.»
LJF, 285. Poème «Retour du Calvaire en clef des songes.» ‘Vous êtes insatiable de Moi’/ Paroles du Seigneur. Les Feux de Paris 6 (21 juill. 1936). Méd. en p. ‘C’est bien la douleur cochère/ Comme Simon soleil & terre/ En assuma la bandoulière/ C’est bien mais serait mieux encor/ D‘être gai par ce bouton d’or.’
PERARD, J.117. «S. de C. est l’image même de l’humanité pour le poète, comme il l’exprime dans l’un de ses multiples chemins de croix: ‘Voilà pourquoi S. prend la croix. Il est désigné comme figurant toute l’humanité, il l’est par son nom qui est un nom solaire, le même nom que St. Pierre, il l’est par sa profession, cultivateur. Il l’est par sa natalité: Cyrène, la ville des plaisirs. Il l’est par son refus d’accepter la douleur & la Croix. Or, quel que soit ce refus, il sera récompensé de cette douleur & de cette croix, récompensé par ses deux fils: Alexandre & Rufus qui seront les prem. martyrs» ; LRR, 110, n. 91.
SIMON OF CYRENE. A meditation. Trad. en anglais. Hesitant Fire. Selected Prose of Max Jacob. Op. cit. 211-12.
VM, Annexe VI. L. à Briant. «Parmi les sept forces fondamentales du cosmos que reconnaissent les anciens, Saturne représentait à la fois la douleur & la construction, l’ossature & la purge. C’est beaucoup sinon assez dire sur la signification de la douleur. Développer ce thème serait de la littérature. La douleur est une reprise du courant en remontant à la source, une vie nlle. […]. La Bible qui n’est pas un manuel de métaphysique présente plus poétiquement la sublime vérité. Jehovah ne châtie pas Adam & Eve en leur donnant la douleur. Il leur donne par elle la possibilité de retrouver Dieu & de se retrouver eux-mêmes, de retrouver leur propre fond par cet instrument adorable, la douleur. Ce don est confirmé dans la montée du Calvaire, où Simon de Cyrène qui représente la terre, prend la croix du Seigneur. Simon ignore le don qui lui est fait; il faut que les soldats le forcent à se charger de la croix.»
SOBRIQUET DE MAX JACOB
Selon une dame: «un clown qui n’a pas pu crever la toile.» MJ/JC, 137. 6 oct. 1922.
SOUPAULT, PHILIPPE (1897-1990)
MJ/JC, 266. 29 avr. 1925.«J’ai lu la petite ordure du pauvre, ridicule Soupault qui est mince & sans autre génie que le pastiche de la mode qu’il ne comprend même pas, le pauvre misérable! Si un Soupault s’était permis d’écrire sous le règne de Louis XV, on l’aurait envoyé à la Bastille pour le faire taire. J’ai toujours dit qu’il n’a aucun avenir! » - 267, n. 3. «Dans La Revue européenne du 1er avr. 1927, S. est censé parler du livre anonyme d’Eluard. Au défaut du silence, mais il termine ainsi son article: «J’avais pris la résolution de ne plus prononcer le nom de M. J. Jean Cocteau. Cela me paraissait inutile. On ne parle pas de ce qu’on méprise. Mais ce monsieur vient de publier un livre qu’il a l‘audace d’intituler Poésie. Il ne doit pas savoir ce que cela veut dire… Qu’on sache bien que la: ‘pouasie’ (Fargue dixit) de M. Cocteau ne représente rien & ne signifie rien.» (66-67).
SPINOZA, BARUCH (1632-1677)
A RAYNAL. Corr. I. 102. 23 sept. 1914. «Je lis aussi Spinoza qui est bien le plus pur miroir de la faiblesse du cerveau humain.»
SUPERVIELLE, JULES (1884-1960)
BIBLIOGRAPHIE: Le Forçat innocent, Les amis inconnus, La Fable du Monde, Oublieuse mémoire, L’Escalier suivi d’à la nuit. Débarcadères, Les Poèmes de l’Humour triste, Militaires mélancolies (Gallimard), Gravitation précède Débarcadères, Le Forçat innocent, suivi des Amis inconnus. Gallimard. (1978). Le Voleur d’enfants. Gallimard Folio. L’Enfant de la haute mer. Folio. – C. Roy. Supervielle. Poètes d’Aujourd’hui. Seghers. Etiemble. Supervielle. Pour une Bibl. idéale Gallimard. R. Vivier. Lire Supervielle. Corti.
BONNEFOY, CLAUDE. La Poésie fr. des origines à nos jours. Seuil, 1975. 406. 3e Montévidéen de la poésie fr., après Lautréamont & Laforgue. S. partagea sa vie entre la France & les plantations familiales d’Uruguay. Orphelin très jeune – il resta hanté par l’image de la mère ravissante qu’il n’a pas connue. Il fit ses études à Paris à la Sorbonne. Ce n’est qu’à 38 ans, après avoir publié plusieurs recueils, qu’il commença de faire entendre dans Débarcadères cette voix singulière qui est la sienne, musicale & familière, comme surgie du silence, complice des éléments, accordée à la respiration des bêtes au souffle du vent, aux rêves & à l’inquiétude de l’homme. De Gravitation (1925) à L’Escalier (1956), il sut retrouver les émerveillements de l’enfance comme la simplicité des tables primitives.
GUIDE ILL. 117, 198. Il est originaire de l’Uruguay, comme Lautréamont & Laforgue. L’Amérique du sud est présente dans presque toutes ses oeuvres. S. est le meilleur trait d’union qui existe entre les vieux & les jeunes pays latins au-delà même des continents, sa poésie embrasse le monde & le ciel pour atteindre à une grandeur cosmique: Débarcadères (1922), Gravitations (1925), Le Forçat innocent (1930), Les Amis inconnus (1934), La Fable du monde (1938). Mais ces hauteurs ne l’empêchent pas de descendre jusqu’aux plus petits détails de la vie familière ou animale qu’il transfigure un peu comme P. Eluard, par la pureté extrême des mots! S. n’est pas un révolté; magicien du langage comme les surréalistes, il se sépare d’eux par l’harmonie heureuse qui baigne sa poésie. Il existe de poètes ‘maudits’: S., lui est un poète réconcilié. Tous les aspects de son inspiration se retrouvent dans Poèmes (1939-45). Une esquisse d’art poétique fait suite à Naissances (1951). Il a donné, outre ses poésies & ses romans, une jolie féerie lyrique, La Belle du bois (1932). Il a tenté une pièce historique sur le grand héros de son pays natal: Bolivar (1936). On lui doit une comédie charmante: La Première Famille (1936). Après la guerre, il a fait une rentrée éblouissante avec Le Voleur d’enfants (d’après un de ses romans), Shéhérazade (1948) & Robinson (1953), adaptation très fantaisiste du roman de Daniel de Foe.
L. INED. DE M.J. A SUPERVIELLE. St.-B. 1er juin 1922. Quotidien de Paris (21 mai 1980). «Quand j’étais enfant, je m’avisais avec des stupéfactions de ce que tout le monde connaissait. Par exemple après le 50e jour de pluie diluvienne, constante & bretonne, je soulevais le rideau d’une fenêtre & je déclarais: ’tiens, il pleut !’ Ces découvertes faisaient la joie de mes cinq frères & sœurs qui les avaient baptisées: ’découvertes à la Max !’ La chose est si vraie & le mot si heureux qu’après 40 ans ma famille dénomme encore ‘découverte à la Max’ tels ou tels truismes qui me viennent à la connaissance. - On ne connaît un poète que lorsqu’on connaît l’homme qu’il est. Et pour moi qui fus astrologue & qui le serait encore si les prêtres ne me le défendaient, la date de naissance est un formidable moyen d’inquisition. Ne vous fâchez pas de mon indiscrétion & regardez-moi, je vous prie comme un admirateur fervent & comme un ami de votre art & de vous. - Que de grâce, monsieur! Quelle fine conteur! Quelle chasteté! Quel style précis & coloré! Quelles épithètes nouvelles heureuses! Quelle peinture brève & forte des milieux! Quelles évocations! Et parfois quelle ampleur! Quelle grandeur! Comment vous remercier de m’avoir fait connaître un si grand, si excellent, si original poète! J’avoue que j’ai été bien confus en recevant un livre aussi luxueusement édité & qui doit coûter si cher, mais vous m’avez vite fait oublier le flacon en me grisant du vin de votre esprit délicat » ; autres l. & extr.: Clown at the Altar. Op. cit. 125. 24 juill. 1925; Pierre Dubrunquez. «Jules Supervielle: familière inconnu.» mai 1922. 18.
L. 18 mai 1922. Poésie 84 4 (juill- oct. 1984): 29. «Quelle joie de n’avoir pas à penser qu’on lit du sous-Mallarmé, ou du sur-Rimbaud ou encore ‘des mots, des mots, des mots !’ou encore le bagage d’accessoires de la poésie qui bat ses coins pour en faire sortir une larme ou un pauvre rut (cela rime à zut!). Chez vous, rien de semblable. Buffon dit que l’art du style est celui de bien définir & de peindre. Or, cela est votre force.»
VM, 157. «Pour les vacances de Pentecôte (1923), G. Bounoure, universitaire lettré, qui admire depuis longtemps M.J. & qui vient d’être nommé professeur de prem. au lycée de Guéret, décide de réunir Jouhandeau, Max & Supervielle. A cette date, Max connaît à peine Jouhandeau.» [Cingria, Supervielle sont venus rendre visite à M.J. à l’hôtel Nollet].
SUPERVIELLE dédia son poème ‘Apparition’ à M.J.
SURREALISTES
A JULES SUPERVIELLE. 24 juill. 1925. «Les surréalistes me font rire. On va revenir à une litt. d’émotion directe: la gaîté, la jeunesse, l’amour ou les caractères étudiés. Les surréalistes en feront un nez! Il n’y a là dedans qu’un homme natif c’est le pauvre Tzara. Quant à Artaud, s’il avait vécu il y a soixante ans, il serait baptisé ‘génie’ depuis sept ans. Il ne parle que de ses cheveux & il a raison – il parle aussi de son ventre – il a tout.» (Ms 23g4 2/2 BLJD).
CADOU. Esth. 48. «Je prends X pour un blagueur, ainsi que tous les surréalistes: il s’amusent, c’est bien. Ils amusent les autres, c’est mieux, mais la poésie c’est Lorca ou Kafka. Il y a plus de poésie dans le sincère Salmon ou dans Milosz que dans aucun surréaliste.»
DV, 187-88. 28 mars 1940. «Les artistes ne sont pas des hommes mais des monstres presque toujours, bêtes presque toujours. Dans les grandes époques, les artistes étaient des hommes, & parfois des hommes supérieurs aux autres. Le charlatanisme surréaliste vient d’être démasqué!»
LMJ, 173. 4 fév. 1925. «Breton ne m’envoie rien de façon à affirmer son mépris. C’est un grand homme, c’est-à-dire un homme à qui tout est dû. Pour être grand homme il faut faire un peu de publicité & peu de livres.»
LNF, 62. 19 oct. 1924. «Sais-tu que les surréalistes ont inventé le calembour, les hallucinations, les poèmes écrits en dormant, bref ! tout ce qui est moi dont ils ont soin de ne plus citer le nom, jamais. Reverdy quand on lui a demandé de quels écrivains il venait a fait de même.Vive la Joie! vive la justice! vive l’humanité!»
LPM, 33. 7 nov. 1929. «[…] qu’est-ce que la scission Surréaliste? 34, n. 7. Après le Second Manifeste du Surréalisme (1930), Aragon & Eluard ont quitté le groupe pour aller vers l’engagement & le communisme.»
«M.J. & THE SURREALISTS.» Judith Morgenroth Schneider. Clown at the Altar. Op. cit. 123-24. 125-27 elle cite des l. concernant les ‘ennemis’, les surréalistes: LMJ, 152-53. 12 oct. 1924. «J’ai eu bien de l’aigreur ces jours-ci à propos du surréalisme. On étale les hallucinations de l’œil, de l’ouïe de M. A. Breton, en travail, en demi-sommeil & autres calembours mystiques, j’ai passé ma vie à travailler ainsi, & c’est lui qui a le bénéfice de cette découverte pour l’avoir décorée d’un mot qui est d’Apollinaire… Et personne ne dit rien, on l’encense & moi dans mon coin je deviens de plus en plus obscur & méprisé de la jeunesse» ; Corr., II, 335.
MJ/JC & LJC. 1926. «Ma l. devait être remise 20 jours avant la parution du no., me dit Aragon. Je crois Littérature de nos amis ( ??) – Je doute de tout.» - LJC, 34. 21 fév. 1926. «J’ai reçu, sans raison, brusquement, une l. d’effroyables injures d’A. Breton. Je n’ai pas répondu.» - MJ/JC. 391. 40-41. St.-B. 14 mars 1926. «Le […] docteur lit chez moi La Révolution Surréaliste qu’on m’envoie sans doute pour me narguer, pour que j’y trouve mes calembours musicaux signés des autres. […] Les surréalistes n’ont pas assez de foi pour être des magiciens. Encore faudrait-il qu’ils croient aux démons & aux anges. […]. Cette rage contre Dieu à toutes les lignes prouve qu’ils sont, eux, possédés du démon, , c’est le signe caractéristique de la possession que les injures à Dieu auxquelles un homme normal ne pense même pas» ; MJ/JC, 405.Dans cette éd. au lieu de ‘signés des autres’: ‘Michel Leiris (& autres).’
UN GRAND NOMBRE DE REFERENCES AUX SURREALISTES in MJ/JC. Voir les p. des l. de M.J. à J.C. & celles de J.C. à M.J. & les notes importantes d’Anne Kimball. Dans cette corr. Il y a tant de l. à propos des surréalistes & le surréalisme qu’on ne peut que citer les pages: 11, 16, 17, 19, 21, 22, 35, 61, 75, 85, 116, 121, 133, 137, 159. 160, 162, 163, 171, 182, 205, [206], 207, 213, 214, 215, 216, 217, 224, 225, 235, 241, 243, 249, 259, 261, 269, 271, 273, 275, 277, 280, 282, 283, 284, [286], 287, 289. 290, [292], 293, 301, 303, 311, 324, 325, [327], 329, 335, 343, 347, 356, 392, 394, 398, 404, 405, 414, 418, 423, 425, 426, 428, 435, 445, 468, 469, 470. 471, 477, 478, 482, 485, 511, 513, 538, 539, 543, 562, 572, 590. 591, 594. LJC, 22. 17 rue Gabrielle, 1926.
«LE TIERS TRANSPORTE, Chronique des temps héroïques », Les Feux de Paris, 7-8 [janv. 1937], n.p. «Alors pas la suite surréaliste! Quel dommage! D’ailleurs n’auront l’honneur de mon attention que ceux qui m’ont fait celui de la leur avec bienveillance. A ceux qui m’ont seulement prêté leur attention, je ne la rendrai pas. Pas les surréalistes leur attention, je ne la rendrai pas. Pas les surréalistes, puisqu’ils ignorent mon nom bien qu’ils connaissent assez mes œuvres… pour pouvoir les ignorer.» sur le style, publie un roman dans la N.R.F. C’est tout juste comme un mauvais candidat au prix Goncourt. Bien la peine de casser des tables de café pour aboutir à ça!» Ibid, LJF. «Les ascétiques hangars provisoires de l’Acropole Cubiste avaient l’iconolâtrie surréaliste de la Pureté Cruelle & je reconnais en 1936 les inventeurs du culte: ils ont bâti les murs hauts de leurs châteaux à octroi quand la gloire s’est tournée vers eux dont les épaules cantonnées ne se tournaient pas vers elle. Je reconnais dans d’autres minifestes ceux de leur Discipline Exclusiviste & de leur Grandeur Inhumaine. Un tremblement de terre aurait-il distordu les règles de l’Amour & de l’Esprit ? » [Voir Contributions of M.J. to Les Feux de Paris in LJF, 268-307].
STENDHAL (HENRI BEYLE DIT), (1783-1842)
A PICASSO de Roscoff chez le Prince Ghika. 3 sept. 1916. «Je réconcilie un peu avec Stendhal qui n’est pas un très grand homme qui avait vraiment l’expérience des hommes avec vraiment une certaine hauteur de caractère; la seule chose qui le distingue de Balzac.»
PJ, 204. A René Gaudier, 27 déc, 1923. «Quel bonheur que de se marier, avoir des enfants nombreux, causer de ce qu’on a lu & penser avec des amis de choix […]. Et puis, si on a un beau jour l’imagination d’un beau drame ou d’un beau roman, l’écrire tout bellement & faire un chef-d’œuvre comme Fromentin, Benjamin Constant, ou Stendhal.»
A ROSENTHAL, FRANCIS GERARD. «La vérité est dans la chasteté & la chasteté est la vérité. […]. Il y a la thèse opposée, celle que tu soutiens. L’homme sûr de son génie, qui vit sa vie & laisse parfois tomber quelques perles. Exemple Byron ou Stendhal, ou Musset peut-être.» PJ, 161.
SURIN, PERE (1600-1665)
M.J. S’INTERESSAIT BEAUCOUP AU PERE SURIN qui était convaincu comme lui 1. de la présence physique du Diable dans sa vie. 2. Que le but de la vie est un progrès spirituel perpétuel. 3. Qu’il fut favorisé par des grâces insignes. 4. Il a insisté comme lui sur l’importance de la vie intérieure. 5. Il était convaincu que la charité & l’amour sont dirigés par les lois de la vie intérieure. 6. Que l’âme se repose dans ‘l’oraison’ qui est différente de la prière & de la méditation. Réf.??
BUCKLEY, M.J Father. «17th c. Fr. Spirituality: Three Figures.» Part III. Among the disciples of the Jesuit Louis Lallemant only one Father Surin has achieved recognition (gloire), but a recognition that was contested for a long time, suspect, & one of infinite sorrow. Amid the brilliant achievements of so many of their renown confrères, Lallemant & Surin were hidden men, but they gathered into France the mystical genius of their founder Balthazar Alvarez, the great confessor of Teresa of Avila & Louis de la Puente. While Francis de Sales details a steady ascent of the human person towards devotion & towards that prayer & that indifference which are the highest embodiments of the love of God & Pierre de Bérulle traces the movement of the descent of the divine Word into Flesh, Eucharist , & Church, Louis Lallemant initiates the dialectic inherent in the movement of the Doctrine Spirituelle with the internal contradiction between human autonomy & the asymetrical, dynamic orientation of the human towards God. The Doctrine opens with this relationship between human emptiness & the divine plenitude that will define everything in human life. «We have in our hearts a void… it can be filled only by God our source & our end.»
MJ/JC, 419. 16 mai 1926. M.J. copie une phrase du père Surin à J.C. pour lui faire voir combien il est plus chrétien qu’il ne le croit. «Pour moi, je suis très persuadé que si l’on aimait parfaitement N.S. on renoncerait volontiers du moins pour un temps à toute la gloire du Paradis… Ceux donc qui sont embrasés de ce feu si pur & si ardent du divin amour, remettent à Dieu la décision de leur bonheur ou de leur malheur éternel; il lui abandonnent leur sort; & il s’en reposent tellement sur lui, qu’ils ne se soucient de rien que de faire sa très sainte volonté»; 420, n.1. «Jean Joseph Surin, jésuite fr. connu pour sa spiritualité austère & sa grande générosité. Son ouvrage principal, Catéchisme spirituel (1657), eut une grande influence aux 17e & au 18e siècles.»
SWEDENBORG, EMANUEL (1688-1772)
A Moricand. LTB, 28 janv. 1937. 67. «Swedenborg est un rêveur. Je me méfie énormément du peu que je connais de lui. Dans les visions il faut se méfier de tout ce qui est personnel du voyant & j’ai peur qu’il n’ait eu que du ‘personnel’.»
SWINBURNE, ALGERNON CHARLES (1837-1909)
LEJ, 58. 8 mars 1937. «[ …] à St.-B., je connais des jeunes gens qui lisent du Valéry, & me demandent des explications. J’ai essayé d’expliquer sans me faire comprendre. Or ayant montré du Swinburne, du Heine & de l’Apollinaire, à l’un d’entre eux qui m’avait demandé d’expliquer Valéry, il m’a déclaré que cela était très beau & n’a pas demandé d’explication. Que conclure sinon qu’on n’exige d’explication que de ce qui ne vous a pas séduit immédiatement. Tout le monde n’a donc pas le droit d’être incompréhensif.»
DR. SZIGETI, ROBERT
A MORICAND par le Dr. Szigeti s.d. qui l’invite à Montargis chez lui. LTB, 136. 26 mars 1942. «Szygeti [sic] m’a envoyé une dame passeuse de frontières pour qu’elle m’emmène à lui. J’ai refusé, ne me voyant pas dans un village d’Amérique […].».
LLG, 57. «Bonheur aussi que tu connaisses ce bien-aimé Szygeti [sic] le plus sublime des chrétiens & qui ne se laisse pas baptiser. Ni protéger!!! sous prétexte qu’il lui faut souffrir comme les autres Juifs.»
LLP, 149. St.-B. 30 mai 1937. «Le mieux est un médecin juif d’origine hongroise qui a l’air de son propre portrait par Titien. J’ai entrepris de le convertir; je crois que ça l’amuse & ça ne m’ennuie pas: quelle joie de briser l’orgueil juif en lui montrant que ce n’est que de l’aveuglement.»
LML, 52. St.-B. 31 mai 1937. «Un autre est un médecin juif qui a l’air de son propre portrait par Titien, orgueilleux & si humble à la fois! Il prétend vivre en compagnie sensible de Dieu.»
VM, 237. «De nouveaux amis (en 1937) entrent dans sa vie: Michel Levanti […] & surtout ceux que Max appelle d’abord un peu dédaigneusement ‘un groupe de jeunes (de) Montargis’[…] M. Béalu, ‘beau & lumineux’ & R. Szigeti au profil de Titien. Il va, dès le début, entreprendre de convertir les uns & les autres.»
TARTUFE
LMM, 103. 29 oct. 1941. ‘[…] moi, le plus grand Tartufe qu’il y ait jamais eu sur la terre, un Tartufe sincère, mais Tartufe ?’ 159, n. 1. L. XXXIX. «M.J. était préoccupé par le dualisme du chrétien & par l’abîme qui se creusait entre ses aspirations & son comportement.’Je suis un pécheur, je voudrais ne pas l’être… Je suis peut-être un Tartuffe… moins que je ne crois… ou plus’. » A Bonet, 15 janv. 1944. Cat. Op. cit. no 258.
TAULER, JEAN (1297-1361)
A BEALU. Roeping no. spéc. 133. «Songe aux mots. J’espère que tu n’as pas oublié le conseil de Tauler ‘Vivre la minute & non la précédente ni la suivante’! En appliquant cette méthode tu approfondiras ta sensibilité: ainsi acquérras-tu le mot qui n’est pas autre chose que la sensibilité approfondie.»
BOSSUET. «Comme théologien, T. est supérieur à tous les docteurs des toutes les universités.»
BUCKLEY, M.J. «This essential will [of God] is purely spirit & life, totally abstract, pure & stripped of all forms & images of things created, corporeal or spiritual, temporal or eternal. It is not apprehended by the senses nor by the judgement of human beings nor by human reason […].»
DICTIONNAIRE BIOGR. Des auteurs de tous les temps & de tous les pays. Laffont-Bompiani. Paris. 1956. 604-05. «Prédicateur & écrivain mystique alsacien de langue allemande. Né & mort à Strasbourg. Issu d’une famille très aisée, vers l’âge de 18 ans il entre chez les Dominicains de sa ville natale. Disciple de Maître Eckhart – qu’il défendra plus tard, lorsque certaines de ses propositions seront censurées par Rome. – Tauler s’écarte souvent de la doctrine thomiste, imposée aux Frères Prêcheurs par décision de leur chapitre général de 1309. On trouve, par contre dans les sermons de T., des influences franchement néoplatoniciennes, qui témoignent d’une lecture assidue des œuvres du Pseudo-Denys l’Aéropagite & de celles de Proclus. Dans ses sermons, T. développe une doctrine mystique d’union avec Dieu, pour atteindre à une telle union, les religieux & les laïques doivent s’astreindre à une triple préparation: mortification du corps, purification de l’âme – ce qui s’obtient en la dépouillant de tout désir – & enfin, préparation intellectuelle qui consiste à dépouiller l’esprit de toute image ou idée: ‘faire le vide’ suivant son expression. (Il est intéressant de noter l’analogie des méthodes préconisées par Tauler avec celles des mystiques extrême-orientaux, telles que nous les connaissons à présent).- Expulsé avec tous les Dominicains de sa ville natale au début de 1339, à la suite de l’interdit lancé par le pape Jean XXII sur les terres soumises à Louis Bavière, T. prêchera à Bâle & à Cologne, mais dès 1348, il est de retour à Strasbourg, qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort. Les enseignements de T., très appréciés au 14e & 15e siècles, connurent une certaine défaveur au 16e, car nombre de catholiques lui imputèrent en crime les éloges qui lui furent prodigués dans plusieurs écrits de Luther. Louis de Blois (1530-1566), dans son Apologie de J. Tauler tenta de défendre T. mais ne semble pas y avoir réussi, au moins de son temps. T. n’a rien publié de son vivant: la prem. éd. de ses 84 sermons ne parut à Leipzig qu’en 1498. Toutefois, comme sa renommée était grande, le nombre de ses Sermons atteignit 126 dans l’éd. de Bâle (1521) & 131 dans celle de Cologne (1543). Il est donc bien certain que plus d’un sermon est apocryphe, comme le sont également les autres écrits qui lui furent attribués: Les Institutions divines (1548). Ou encore : N.S.J.C. ».
Esth. 19. A Cadou. «Tauler grand mystique du 16e [en fait il est du 14e] dit: ‘Vivez la minute présente sans songer à la minute antécédente ou à celle qui, suivra!’ C’est le meilleur conseil qu’on puisse donner à un poète: la minute est la graine d’où sort la sensation & la sensation contient le mot qui la peint entière. La minute contient sa douleur ou sa joie & c’est de douleur ou de joie qu’est faite la poésie.»
LML, 54. Kerpape chez le Dr. Benoiste. 21 juin [1937]. «Si tu pouvais lire les sermons de Tauler! C’est un mystique du 16e [sic] siècle. Il est parfaitement clair! mais ce qu’on écrit sur lui ne l’est pas. Ce qu’il dit se résume à peu près ainsi: se méfier des exercices de piété qui satisfont & n’avancent pas. Pour avancer il faut travailler à toutes minutes à faire descendre Dieu en soi. Il faut ‘contempler’ sans se représenter Dieu par des images… contempler pour ressentir. – Ainsi acquiert-on la vraie intelligence qui est non celle de la tête mais celle du plexus solaire (si je puis dire).» 144, n. 1.L. IX: «Max se trompe: Jean Tauler, qu’on appelait le Docteur Illuminé, vécut à Strasbourg au 14e siècle. Il y prêcha l’abandon à la volonté divine & le renoncement à soi par l’imitation de la vie de Jésus-Christ.» - 55. Tauler dit aussi: ‘Ne rien faire sans amour ou joie’, ‘ne rien faire par obligation ou devoir’. Conseil formidable.» [Ed. 1911-13. Paris: Tralin. Œuvres Complètes de J. Tauler, religieux Dominicain du 14e s. Trad. littérale de la version Latine du Chartreux Surius par le P.E. – P. Noël, O.P. 8 vol]. »
LMM, 33-34. 21 juin 1937. «Lis les sermons de Tauler, c’est le vrai christianisme. Il enseigne qu’il ne faut rien faire que par amour & par joie. Il enseigne à faire descendre Dieu en soi par la contemplation & à fuir les images du cerveau. […]. Ne pas se représenter le Seigneur dans les gestes & les attitudes mais le voir en soi-même. A peu près le contraire de ce que les visionnaires pourraient par leur exemple nous faire croire. […]. Tauler dit que les chrétiens se croient quitte par l’exécution excellente d’exercices coutumiers. Alors que le chrétien véritable doit vivre dans un exercice continuel. Il y a une éd. de Tauler en 2 vol. Ed. Debresse je crois.»
LUTHER de Tauler: «Un des plus solides & des plus corrects des mystiques.»
TILL EULENSPIEGEL
LFF, 31. 25 oct. 1918. «J’ai lu le Faust de Marlow & Till Eulenspiegel. Je ne vois pas pourquoi Kenilworth vous y fait penser. »
TOGORES, JOSE (1893-
LMJ, 24 [déc.] 1923. 90, n. 3. «José de T., peintre espagnol, né à Barcelone. Venu à Paris en 1919, Togorès entra en relations avec M.J. qui s’enthousiasma pour ses œuvres. Et en sept. 1923 Jacob écrivit à H Kahnweiler: ‘J’ai reçu des l. sublimes de Togorès! Je n’ai jamais reçu de lettres pareilles’ » ; Corr. II. 212 .
LRR, 35. 4 oct. 1923. «Togorès, comme vous tous est un dessinateur […]. Quel dessinateur que Togorès. Je crois ‘académiques’ les artistes qui suivent une formule: Togorès est le seul de vous tous à avoir une formule à lui seul.»
VOIR Max Jacob. Cartes a Togores. Lettres à Togores. Intr. Hélène Henry. Ed. par Josep Casamartina. Sabadell: Ragtime 5, 1998. – LETTRE 2 DE [1921].56. «Mais les artistes rigoureux manquent. Me diras-tu que les cubistes n’ont pas de sérénité? Tu l’as qui vient d’eux avec un apport nouveau. Ils ne l’ont pas parce qu’ils tournent le dos à la nature, & Picasso l’a quand il n’est pas cubiste parce qu’il l’a été.»
TOGORES PAR M.J. 124-25. «Ce passage du réalisme objectif au réalisme subjectif, si je peux dire, peut intéresser les amateurs de la psychologie des intelligences. On le prendra sur le vif chez Togorès qui paraît être dans la vieille tradition objective, & par la vigueur toute cubistique de sa composition linéaire est en plein dans la tradition des analystes constructeurs, disciples de Picasso. […] Ces tableaux auront du succès! Rien n’est plus séduisant que la vertu qui se donne la peine de plaire.»
TOULOUSE LAUTREC, HENRI DE (1864-1901)
A ROGER WILD. St.-B. 16 avr. 1937. Galerie Contemporaine. 26 dessins de R. Wild. Paris: Eds. du Tambourinaire, 1953; NL lors de la parution, chez Mourlot, de l’album ‘Visages contemporains.’ «Lautrec était un dénigreur comme tout son siècle (sans exception). La justice ou justesse fait partie de la grandeur, & toute méchanceté est une petitesse. – On n’est pas obligé d’être méchant pour être drôle […] la cruauté est triste.»
TOULOUSE, ROGER (1918-1994)
DEDICACE DE M.J. A R. TOULOUSE. Visions infernales. «A Roger en prophétie de sa gloire très proche. Max Jacob, 1942. J’ai toujours porté bonheur à mes amis. Ce genre de bonheur si c’en est un.» LRR, 98, n. 6; Coll. d’Orléans, 232 ; Bibliographie de M.J., 139.
DV, 31-32. « […] il fallait partir vers […]. Orléans. Surtout depuis que l’attirait, dans cette ville ‘un petit peintre dont la fréquentation me fait énormément de bien’.»
LETTRE A GERTRUDE STEIN. A. Thau. «M.J. Letters to G. Stein. A critical Study.» Folio, no. spéc. 53. St.-B. 14 juin 1939. ‘Merci aussi d’aimer mon pauvre petit Toulouse.’ «The painter R.T., a protégé of M.J. Throughout his life, as G.S. had so perceptively noted, Jacob loved to discover new talents.»
LETTRE A LEONARDI. Tuarze. Op. cit. 88. 27 déc. 1938. «Je vois des jeunes du dép. du Loiret: beaucoup de bêtises mais il y a un peintre doué & plus que doué.»
LML, 70. St.-B. juill. 1938. «Je suis dans la peinture ou bien elle est en moi. Nous avons à Orléans un grand peintre de 20 ans; nous nous voyons souvent & la fréquentation de toutes les nouveautés qu’il a en lui a éveillé ou révélé des semblables endormies dans moi. Je suis, Dieu merci, plus pareil à ce jeune qu’à tout ce que j’ai rencontré en 60 ans. Il m’estime & nous nous estimons – toute proportion gardée. Il m’a révélé la couleur.» – 86. 24 janv. 1940. «J’avais à Orléans un jeune peintre, R.T., il est mobilisé & j’ai perdu cet élément de concurrence & de conseils réciproques: c’est décourageant. Il vient d’avoir à la caserne une syncope qui a duré 4 heures: il est possible que cela lui vaille une réforme ou ‘suspension d ‘audience’.»
LTB, 86-87. Aux Ghika. 2 juill. 1938. «Ici je passe mes journées dans la peinture. J’ai découvert un grand peintre de 20 ans à Orléans. Il a beaucoup de succès à Paris & il me donne le goût du travail par celui qu’il a pour le mien; la jeunesse ne sait pas flatter. Je joins à cette l. une petite brochure qui vient de paraître.» [Ballades. Debresse, 1938].
---. 128. A Moricand. 6 sept. 1941. «J’ai eu le petit peintre d’Orléans R. Toulouse qui a paru estimer mes derniers travaux. Il avait avec lui un instituteur & sa femme & venait m’inviter pour dimanche (demain) pour recevoir Derain & un peintre allemand Strecker, mais j’ai refusé ; [...].»
TOULOUSE, ROGER. «Histoire du portrait de M.J.» Les Amis de Roger Toulouse. Orléans, juin 1996. 52-62. Dans une l. à Jean Ozenne, 6 fév. 1942, p. 52. M..J. évoque les circonstances de son séjour à Orléans [chez M. & Mme Texier, les parents de Marguerite Toulouse]. Son portrait a été réalisé en janv. 1942, pendant ce séjour. «Ce mois de vacances a été délicieux dans une maison à chauffage central & à bonne nourriture: j’y ai fait quelques poèmes & des dessins & j’allais à ma messe dans la nuit & la neige avec une canne & une lanterne.»
VM, 232. «Dès les prem. semaines de son retour [à St.-B. en 1936], quand il ne pense encore qu’à la retraite & au silence, il rencontre chez un marchand d’Orléans où il est allé acheter des couleurs pour ses gouaches, un jeune peintre de 20 ans. Ce jeune homme, R.T., sera jusqu’à sa mort un de ses plus attentifs amis.»
TOURSKY, ALEXANDRE (NE EN 1917)
GUIDE ILL. 228. Né à Cannes, de père russe & de mère provançale, est le meilleur poète de la revue Cahs. du Sud. Sa manière plus ‘moderne’ & plus directe que celle d’Eluard, rappelle un peu Le livre d’heures de Rilke. Mais la complexité de cette âme riche se traduit en vers clairs & calmes: Les armes prohibées (1942), Connais ta liberté (1943), Ici commence le désert (1946), Christine ou la connaissance du temps (1951), etc.
TOURSKY: poète des Cahs. du Sud. Voilà quelques-uns des principaux titres de l’œuvre poétique de T.: Les armes prohibées (1942), Connais la liberté (1943). Ici commence le désert (1944), La mort est naturelle (1948). Christine ou la connaissance des Temps (1951). Son inspiration apparentée d’abord à celle des Fantaisistes, s’est progressivement dépouillée, intériorisée.
TREFUSIS, VIOLET
DON’T LOOK AROUND. Autobiographie. Philippe Jullian & John Phillips. Violet Trefusis, a biography. Including corr. with Vita Sackwille-West. London: Methuen, 1987. 79-80. «Echo brought a lot of new friends in its wake. I realized I was a self-made woman, in spite of appeareances, a lonely one. I received a proposal. Max Jacob … called on me one afternoon, dressed, he imagined, for the part of a suitor. A small dapper Punchinello, he wore a top hat, white spats, gloves the colour of fresh butter. He hung his hat on his stick which he held like a banner between his legs. He was irresistible. I longed to take advantage of his proposal which was couched in terms that sounded as though he had learned them out of a book of etiquette. We examined the pros & cons. St. Loup, far from being an asset, proved a stumbling block. ‘Je déteste la campagne’, said Max, ‘tout y est trop vrai! The nearest I ever get is the Bois, & that is bad enough, because it reminds me of the country.’ ‘What about travel ?’ ‘That is different, the place doesn’t belong to me, there are no responsibilities. ‘C’est comme si je mangeais au restaurant.’ A great advantage, he pointed out, was his being about 20 yrs older than me. ‘I have waited 40 yrs before poposing to anyone. I am not likely to propose to anyone else’.»
TRENET, CHARLES (1913-2001)
DV, nlle éd. 67. «C’est vers cette époque que Max eut la visite imprévue d’un de ses jeunes amis parisiens de jadis, devenu célèbre […]: Charles Trenet. En tournée de cirque, il avait fait un détour pour passer par St.-B. Ahurissement des gars du pays, au bistrot-restaurant, en reconnaissant le chanteur du cinéma en compagnie de ‘M’sieur Jacob!’ Trenet dut chanter ses plus récents succès pour la joie de tous. – Grand succès! me dit Max ‘[…]. Il y avait foule jusque dans la rue… Me voici remonté dans l’estime pour longtemps… J’avais bien besoin de ça !’ - Un mois après, les vacanciers attardés chuchotaient encore, en désignant M.J.: ‘C’est l’monsieur qu’était avec Charles Trenet.»
LJC, 154.5 avr. 1942. «Charles Trenet a passé ici! Il en a rejailli beaucoup de considérations sur moi. Flaubert écrit: ‘Emma servait les pots de confitures renversés sur une assiette. Il en rejaillissait de la considération sur Bovary.’ C’est exactement ça… Mais si tu avais vu ces paysans courir après ses autographes» ; MJ/JC, 590.
LRR, 84. 19 sept. 1941. «J’ai pourtant eu hier une brillante visite, celle de Charles Trenet avec 3 compagnons. C’est une nature de poète à cervelle mousseuse, humoristique & d’une jeune gaîté qui m’a fait plaisir: il m’a renouvelé des souvenirs anciens.»
POUR MAX JACOB.’ Figaro, 1er mars 2001. «On a récemment évoqué le poète M.J. Il fut l’un de ceux qui, sur le chemin du très jeune Charles Trenet, apportèrent la lumière. Et c’est justement Ch. Trenet qui aurait dû, lundi prochain 5 mars, présider à la cérémonie qui se déroulera à la mémoire de M.J. – C’est une toute jeune communauté, une communauté particulière, qui organise cette journée commémorative en l’honneur de l’anniversaire de la mort de M.J., la Fraternité Max Jacob, fondée en août dernier par le père Marie-Bernard. Inspirée par l’écrivain, mort à Drancy en 1944, qui dans ses Conseils à un jeune poète rêvait ‘d’une grande école d’art & de spiritualité’, la Fraternité M.J. réunit oblats & séculiers. Une maison mère rassemble les oblats, artistes de ‘métier’, mais qui vivent ensemble une vie religieuse. Les séculiers sont également des artistes, mais qui sont dans leurs ateliers & partagent des activités artistiques avec les oblats: expositions, conférences, concerts, rencontres. […]. Lundi 5 un hommage à M.J. : 17 h 45, messe en la crypte du martyrium de Saint-Denis, à 19 h., au 7, rue Ravignan […] on lira des textes, on entendra ‘L’Ame des poètes’ par Charles Trenet. […].»
SENTEIN, FRANCOIS. «Visite à Max Jacob.» Contrepoints 34 (août 1980): 53. «Mais quand M. Charles Trenet venait me voir, de quelle considération ne me trouvais-je pas entouré.»
TRILLAT, RAYMOND GRAPHOLOGUE
A MORICAND. LTB, 135. 18 mars 1942. «J’ai envoyé le document à R. Trillat éminent graphologue & mon ami.»
TRIOLET, ELSA (1896-1970)
LLG, 161. 3 juill. 1943. «J’ai lu un très beau livre d’E. T. sur l’héroïsme disponible d’une sorte de chevalier errant de 1930, errant jusqu’en Amérique à la poursuite d’une occasion de se dévouer.»
TOURGUENEFF, IVAN SERGUEIEVITCH, (1818-1883)
A APOLLINAIRE. 7 janv. 1915. Lettres de M.J. à G.A. Billy. Seghers. 1973. 77. «D’ailleurs on n’a pas le droit de dire qu’on aime Tourgueneff; il n’est pas assez mystérieux pour la mode de 1913. - 78. En ce moment je lis F. de Sales, T. & les Evangiles. […]. Les personnages des romans russes font songer à l’humanité russe telle que nous en avions les spécimens plus qu’à l’humanité humaine, qu’ils prétendent retracer.»
A H. HERTZ. PJ, 150. Paris, rue 10 Berthollet. 5 janv. [1923]. «J’ai lu beaucoup dans mes nuits parisiennes en réchauffant mon cadavre douloureux & je donne la palme russe à cet incompris, inconnu, méconnu T., qui n’a pas besoin de petites filles martyres, de vieillards fous ou maniaques & autres personnages romantiques pour créer des hommes.»
A R. QUENEAU. 9. rue de Duras VIIIe. Cah. de l’Herne 29 (1975): 215. «Vous avez établi les rapports des fils & des pères & des artistes dans la nation, des générations qui se barrent la route & se tuent & l’éternelle victoire de la Jeunesse. Oui! – Il vous amuserait peut-être de lire Père & Enfants, un chef-d’œuvre de T. qui fit scandale en 1867. T. n’est pas épique comme vous l’êtes.»
TZARA, TRISTAN (1896-1963)
A DOUCET. Corr. I. 4 août 1917. 155. «J’ai reçu une revue Italo-fr. d’un jeune poète, T.T., qui n’est pas sans talent & la visite d’un autre poète très jeune& très charmant, Philippe Verneuil, qui collabore à Sic. Dermée imprime un vol. & le fait en cachette. Pourquoi? Reverdy fait un roman à la campagne, & m’écrit avec une gaîté qui ne lui est pas habituelle, je pense qu’il évolue… »
A TZARA. IBID. 26 fév. 1916. «Je vous aime puisque vous le faites de moi & j’aime en vous un grand poète, mais je crois qu’il faut revenir aux constructions rigoureuses & à l ‘ordre. La décomposition agrandit l’art mais la recomposition le fortifie.»
UTRILLO, MAURICE (1883-1955)
LMM, 12-13. Manoll. Préf. Citations de frag. Inéd. des Mémoires de M.J. «Parfois on voyait passer Utrillo, ce symbole vivant de la Butte. U. sans chemise, ni chaussettes, un litre vide sous le bras, de la bave & du sang aux lèvres. Ou bien, assis au bord du trottoir, U. rongeant un morceau de pain… Un jour, un brave homme de peintre ‘pignochait’ devant un chevalet une vue de la Place du Tertre. U., les bras croisés, contemplait l’ouvrage. A la fin, n’y tenant plus, il prend la toile & la jette au vent. Le peintre se rebiffe. Sa mère, qui tricotait, lève les bras au ciel. Les agents arrivent. On part pour le commissariat ‘Il faudrait prévenir la bonne Mme Valadon’ dit le commissaire qui connaît le quartier & son monde. Et la pauvre Suzanne Valadon arrivait, en larmes.»
LRR, 51. 23 avr. 1925. «Utrillo a peint 5 ou 6 toiles très émues; quand il est ému il est tragique & unique. Rares sont les toiles où il est tragique quand il n’est pas ému, il est au-dessus du médiocre, il est lourd, pâteux, sans dignité, sans style & sans grandeur. – Je l’ai fréquenté. C’est une nature! alors il n’avait ni chemise, ni chaussette; je l’ai
vu des bouteilles vides sous le bras, la crotte, la bave & le sang à la face.»
VAILLANT, LOUIS (1900-1959)
LLP, 66. 19 juin. 1926. «Le filleul est charmant, exquis même: c’est un converti de l’an passé, converti & marié par moi.» 67. St.-B. 28 juin 1926. «Or, Monsieur l’abbé avait jadis une consolation: la famille du corroyeur: les propres parents de ce lieutenant dont je vous ai si souvent parlé.» - 98. Chez le Lieutenant Vaillant, Compiègne (Oise) sans date (fin 1927 ?). «Ici grand bonheur de second ordre: je suis confit comme un fruit mûr & je savoure mon sucre. Je regarde L.V. & il regarde ma vieille figure: nous ressemblons aux dénouements de cinéma […]. Il peint près de moi, je dessine près de lui & Mme brode aimablement sans enthousiasme.» - 99. Chez P. Bertin, 46, rue de Grenelle. [déc, 1927]. L.V. est à St.-B. N’est-ce pas qu’il est bon, beau, honnête, noble & généreux (il me semble ici un peu paysan mais j’aime assez ça.). »
A L.VAILLANT. St.-B.1927. «Mon Louis chéri, Cette nuit je ne dormais pas & je me disais: ‘Ce serait bien mal si j’aimais Louis plus que le Bon Dieu!» ‘Et pourtant … Imaginons qu’ils soient là tous les deux, auquel irais-je spontanément d’un seul coup d’aile… ?’ » NRF (janv.-juin 1963): 578. [Voir aussi l. à Robert delle Donne: «ne dis à personne que tu es après Dieu, ce que j’aime le plus.» [Fragments de 37 l. intimes à R. d. Donne 1926-29. Hôtel Drouot 19-20 nov. 1987. Lot 125].
---. Esprit & Vie (13 sept. 1984): 493. L. 5 oct. 1927. J. Daoust. «Causeries sur les revues.» «Il y avait 3 poètes à Douarnenez qui prétendaient que je les aime l’un plus que l’autre; l’un d’eux a dit: «D’abord Max n’aime personne qu’un certain Vaillant de St.-B. qui est lieutenant.»
SALMON, A. SSF III. Op. cit. Chap. «Saint-Benoît chez Mme Persillard.» 296. «La Patrie lui apparut sous des traits mâles, ceux d’un petit garçon de St.-B., le fils d’un artisan, devenu officier & que les hasards de la guerre ramenaient au combat dans son pays natal.» [V., fils du corroyeur de St.-B.].
VM, 142. «Le Saint-Cyrien, L.V., sera l’incomparable ami de sa vie; il exprimera, je crois, pour M.J., la perfection de la nature humaine: harmonie, équilibre & beauté. Il écrit à Salmon: «Je vois aussi parfois un Saint-Cyrien, dans la calotte comme moi, & qui est un personnage des plus brillants, peintre & amateur de poésie.» Dans une Méd.- inéd.- écrite pendant la guerre où pour la dixième, la centième fois, il imagine le jour où il disparaîtra, il décrit son lit de mort, entouré seulement de L.V., devenu général & du ‘génie’ qui a traversé sa vie, P. Picasso.» 190. En 1926 il vit dans le cauchemar «à la pensée que l’être qu’il aimait le plus en ‘se mettant à sa place’, L.V., puisse être renvoyé au Maroc, en pleine bataille du Rif. Il écrit à tous les amis qu’il croit influents, à la princesse Ghika, à la duchesse de Germont-Tonnerre, à Cocteau, à André Lefèvre, à M. Sachs, perce qu’on lui a dit qu’il connaissait le secrétaire particulier du ministre de la Guerre, pour qu’ils interviennent, qu’ils fassent quelque chose pour que le lieutenant Vaillant n‘aille pas mourir stupidement, tué par un Marocain. Pour gagner A. Lefèvre qui est bibliophile, Max lui fait don du ms. des PMR: Que L.V. meure là-bas d’une balle ou de soif, vous m’aurez du moins aidé à avoir une consolation, celle d’avoir fait ce que j’ai pu pour l’empêcher d’aller mourir stupidement. Ce Maroc qui ne rapportera pas un sou de plus que les autres colonies, lesquelles coûtent des millions […]. L.V. partira quand même au M., mais il en reviendra couvert de gloire & sans blessures, & M. le mariera en oct. à Paris.» - 204. En déc. 1927 M.J. passe quelques jours chez le lieutenant V., villa ‘Ma Guitoune’ à Compiègne. - 246. «Au mois d’avril [1938], il va retrouver à Toul, L.V., devenu capitaine. Auprès de cet homme ‘tellement bon, capable de toutes choses, savant, courageux’, il trouve ‘une grande paix.’ La Lorraine lui plaît & il aime la société paisible de ces officiers & de leurs femmes aimables.» - 263. «Deux de ses amis les plus chers, portés par le flux de la redoute, P.-M. Frenkel & le capitaine Vaillant, traversent St.-B. Max note: «Nous avons fait souvent le projet de nous réunir tous les trois: le malheur réussissait ce que le bonheur n’avait pas pu faire.»
VALERY, PAUL (1871-1945)
LJC, 137. 27 avr. 1927. «Valéry c’est comme du riz à l’impératrice, seulement il a oublié les fruits confits, ou bien il les sert à part » ; MJ/JC, 533.
VANDEPUTTE, HENRI (1877-1952)
MARTIN-SCHMETS, VICTOR. «L’amitié de M.J. & de H. Vandeputte.» Coll de Quimper.1. ‘J’ai lu d’un trait votre admirable livre… ‘ 108-09. (H.V. OC, XI, 298). 2. L. 22 mai 1918 (OC, XI, 295). Coll de Q. 113. - H.V. cite M.J. ‘L’amour est une confiance excessive en soi-même comme l’amitié une confiance ridicule dans les autres.» In Le Carillon du midi 13 mars 1925. OC, VI, 360. «On a souvent la femme qu’on ne mérite pas, mais on n’a jamais que la maîtresse qu’on mérite.’ Ibid. (16 mars 1925). OC, VI, 362. L’opinion de H.V.’J’aime mieux qu’il lise M.J. que Cocteau qui lui a chipé tout ce qu’il a d’intéressant.’ La Bataille littéraire (25 mars 1922). OC, VIII, 95. – H.V. cite d’une l. de M.J. à H. Hertz il parle de son ‘sosie Chiappe.’ P. 116.
VAN DER MERSCH DE WALCHEREN, PETRUS BALTHAZAR ALBERTUS
Journal d’un converti. Trad. du Hollandais par l’auteur. Intr. Léon Bloy. Crès, 1917. 291 p.
LETTRE INED. St.-B. 4 déc. 1936. à propos de Van der Mersch. «Cher Monsieur, oui l’on me parle de Van der Mersch comme d’un incontestable. Je serais bien aise de le vérifier car je ne me fie pas à mon éréthisme en matière d’art & les écrits de réclame me déprécient les oeuvres au lieu de m’emballer. Enfin votre avis m’ébranle.» [Van de Mersch & M.J. sont allés ensemble à l’Adoration nocturne du Sacré-Cœur].
VERLAINE, PAUL (1844-1896)
A DOUCET. Corr. I. 134. 30 janv. 1917. «Je ne vous parle pas de classiques modernes: Laforgue, Corbière, Rimbaud, Verlaine, j’aime parmi eux Verlaine.»
HOTEL DROUOT. 19-20 nov. 1987. Lot 128. Dest. non identifié. «Il y a plus d’art vrai dans Verlaine que dans Baudelaire, bien que Verlaine soit souvent attifé & entortillé (sa prose est impossible), & je crois aussi dans Rimbaud quand il ne veut pas étonner le bourgeois.» Etc. «D’ailleurs tout cela n’a aucune importance. Je crois que le Jugement dernier est pour bientôt.»
A KAHNWEILER. Corr. I, 43. 28 avr. 1910. «[…] il est plein d’intimité & de confessions quotidiennes. Son charme est dans sa grâce & sa tristesse; c’est le côté verlainien du pauvre Lélian que je suis.» [A propos des OB].
LMM, 77. 4 mars 1941. «Verlaine – mais celui-là objective & crée chaque fois: personne n’est plus objectif & plus subjectif à la fois.»
VIGNY, ALFRED DE (1797-1863)
A MAURICE RAYNAL. Corr. I. 102. 23 sept. 1914. «Je lis Vigny qui est très haut, très pur & Banville qui vaut plus & moins qu’on ne croit, plutôt moins; c’est un fabricant. La Fontaine en ses fables se diminue par sa moralité étriquée & laisse voir l’homme, le pauvre homme républicain.» Voir aussi «Des l. inéd. de M.J.» Gavroche (21 déc. 1945).
VILMORIN, LOUISE DE (1902-1969)
LLP, 127. 29 oct. 1934. «Je voudrais vous parler d’un livre étonnant dont on se réjouit autour de moi. Ça s’appelle Sainte-Unefois (N.R.F.) & c’est du jus d’oranges pressées par des anges. Vous connaissez peut-être l’auteur qui est Louise de Vilmorin. Il n’y a pas de sujet mais c’est plein de perles […]. C’est délicieux! Il y a longtemps que je n’ai rien lu de pareil…Depuis Heine peut-être ou Musset.»
VILLON, FRANCOIS (1431-1463)
LMJ, 293. 11 mars 1927. «L’humanité m’amuse, nous amuse. J’ai aussi un grand amour pour Villon qui est plus à ma main.» [Il parle auparavant de Rabelais].
LNF, 175. 5 août [1940]. «Où sont les Gallimard? & Paulhan? & Cingria? /Jouhandeau?/ - sur le ton des ballades de Villon - & Jehanne la bonne Lorraine qu’Anglois brûlèrent à Rouen ?»
MJ/JC, 167. 16 août 1923. «J’ai lu un livre de T. Gautier intitulé ‘Les Grotesques’ étude sur les poètes fr. dont on ne parle pas. Il n’y a jamais de poètes lyriques en France, il n’y a que du style & de la langue, du beau style & de la belle langue voire même de l’émotion. Villon n’est pas autre chose;» 490. 7 fév. 1927. «[…] j’ai lu Villon que j’aime plus que tout & que j’aime vraiment comme s’il était vivant: quelle langue, quelle réalité […] & quelle leçon: on peut tout dire & tout est poétique […].»
PJ, 185 à Mme Aurel 12 sept. 1923. «Villon, c’est de la bonne langue & du bon style, ce n’est pas de la poésie.»
VOLTAIRE, FRANCIS MARIE AROUET, DIT (1694-1778)
LETTRE INED. A R. Vie intellectuelle (19 mars 1951): 66. «La seule manière d’être excellent homme de lettres, c’est de l’être le moins possible (ex. Pascal, Montaigne, le cardinal de Retz, Rabelais, Saint-Simon, & tutti quanti). Les hommes de lettres, tous serviteurs de la mode, passent avec elle, même Voltaire, J.J. Rousseau, même V. Hugo, même Flaubert. Balzac ne passe pas à cause de côté Annales historiques de ses livres.»
WHITMAN, WALT (1819-1892)
LLG, 77. «Lis Walt Whitman pour apprendre la sincérité, Rimbaud pour apprendre l’hallucination.»
WLAMINCK, VLAMINCK, MAURICE DE (1876-1958)
MJ/JC, 246. 10 avr. 1925. St.-B. «Je me doutais que W. était mon ennemi mais pas au point de venir me voir pour ne pas me voir […]. Voir la visite à St.-B. in Portraits avant décès. (Flammarion, 1983). 215-16. – 248, n. 3. «Le peintre fauve écrivait des romans & des essais. M.J. le connaît depuis des années à Montmartre.»
WULLENS, MAURICE
DEDICACE des Pages de mon carnet. «A mon frère, l’anonyme soldat wurtembergeois, qui, le 30 déc. 1914, au bois de la Grurerie, suspendant généreusement son geste de mort, me sauva la vie. Je lui dédie fraternellement ces humbles pages, ainsi qu’à nos frères de tous les pays, morts ou mutilés dans l’affreuse tourmente, en souvenir de nos communes souffrances, de nos interminables journées de misère d’angoisse, en gage d’espoir, quand même dans un avenir meilleur. M.W.»
MARTINET, MARCEL. Préf. Pages de mon carnet de Maurice Wullens. Ed de la Revue litt. de Primaires. Les Humbles. 1939, 10. «Avec toujours pour animer & les tirer du commun, la fraîcheur adolescente que Wullens a conservée &, comme le lui écrivait M.J. ‘tout ce qu’il y a de violemment doux dans ton beau cœur d’honnête homme gai.»
PREF. DE M. MARTINET. 9. Sous-titre des Pages de mon Carnet. Souvenirs de voyage & de campagne & de captivité. «D’abord au début, il a 20ans. C’est un Flamand solide & dru. A la déclaration de guerre il est maître d’école. Mobilisé, la tranchée, les blessures, le soldat, wurtembergeois qui se jette sur lui, c’est le 30 déc. 1914, il a 20 ans, il va mourir – & l’ennemi qui lui tend la main, qui lui sauve la vie, qui le soigne, le confie au major ‘ennemi’. Ensuite, la captivité, l’hôpital. Enfin, le retour, une patte raccourcie, une main mutilée. – Le livre simplicité & franchise. […]. Il a préservé en soi un certain sens de l’absolu qui vous met pour jamais à l’abri de l’esprit politicien, des compromissions & des combines. C’est un gars sans théorie. Seules les objets concrets existent pour lui, & la vie de chaque homme saigné pour des ‘idées’ est pour lui le premier & le dernier de ces objets ‘concrets’. […] 12-13. «Il reconnaît son frère l’homme dans le soldat wurtembergeois qui s’écriait, alors qu’il attendait de lui la mort: «Wie geht’s Kamerad?[… Nein! Sie sind noch nicht Kaput! Nein! …Wir werden gute Kameraden sein!» dans ‘l’ennemi’ qui lui sauva la vie & à qui il a dédié ses souvenirs. Son livre, selon Romain Rolland: ‘un des témoignages les plus efficaces pour la fraternité humaine.’ – ‘Mon antihitlerisme’ – écrira-t-il plus tard, ‘se double d’une défiance profonde à l’égard de l’Allemagne’.»
L’ŒUVRE DE WULLENS DANS L’ED. Les humbles. 1. Profils de Flandre…& d’ailleurs. Préf. H. Ryner. Ill. Pierre Larivière. (1916). 2. La Litt. & la guerre. Plaquette, (1917). 3. Litt. & Pognon avec une lettre préf. à Marcel Sauvage. (1922). 4. En marge d’un feuilletoniste. Réponse à Béraud. (1925). 5. Paris-Moscou-Tiflis. Notes & souvenirs d’un voyage à travers la Russie Soviétique. Préf. Henri Guilbeaux. (1926). 6. Vacances en Flandre. Avec des notes & aquarelles de Parijanine. (1935). 7. Huit jours à Barcelone suivi de notes de Louis B., milicien & de Victor Serge. (1937). Finalement: Eroïnes, ballades à travers la vieille Carte du Tendre en compagnie d’héroïques éroïnes modernes. Proses. Ill de 14 linos gravés par Albert Daenens (1925).
1. VICTOR SERGE, MAURICE WULLENS, ALFRED ROSMER. L’Assassinat politique & l‘U.R.S.S. Crime Lausanne, en marge des procès de Moscou (la mort d’Ignace Reiss). Paris: ‘Les Humbles’ s.d. 95 p. La couverture porte: L’Assassinat d’Ignace Reiss. Les Humbles revue litt. des Primaires. Dir. M. Wullens. 23:4 (avr.1938). [Les autres livres sont par Wullens]. En marge d’un feuilletoniste. Ibid. 10:12 (déc. 1925). Souvenirs, de campagne & de captivité. Ibid. Intr. Millet, Magdeleine. Famille… proses. Ibid. 13:12 (déc. 1928). Il s’agissait d’un petit mouvement d’extrême gauche, anarchisant, populiste avant tout, pacifiste. P.10. Citation. Sur Wullens. série, cah. no. 3 (mars 1940].Série Dict. des militants ouvriers syndicants par Jean Mateon. 3. Souvenirs de voyage… 4. Wullens, M. La Litt. & la guerre. Ibid. 1917. 5. Paris, Moscou, Tiflis. Notes & souvenirs du voyage à travers la Russie soviétique. Préf. Henri Guilbeaux. Ibid. 1927. 6. Tableaux de voyage. (Belle-Ile-en-Mer). Ibid. 1930. 7. 2:1 (1er mai 1916). 25:3 (mars 1940).
ZOLA, EMILE (1840-1902)
A LA QUESTION: Quel est l’auteur que vous préférez ? Max répond ‘Velleius Paterculus ou Molière.’ Quand on lui demande de désigner son roman préféré, il déclare: Germinal de Zola. «C’était probablement vrai. Je n’en suis pas sûr. Ce dont je suis sûr, c’est qu’il n’avait pas lu Velleius Paterculus & qu’il admirait Molière.» Cité du «Cahier des Maximes». R. Villard. «M.J. à Quimper: Hist. D’une classe de lycée.» Op. cit. 83 ; LRV, 103.
EMIE. D. 27. Nlle éd. «Il s’agit de s’entendre sur le vrai esthétique. Les Contes de Perrault sont plus vrais qu’un conte de Zola, étant plus forts.»
LETTRE A MME AUREL. Clos Marie Roscoff. 12 sept. 1923. «Les paysans de Georges [sic] Sand sont plus vrais que ceux de Zola.» PJ, 186.
SIMENON. Lausanne: Age d’homme. 1980. 209. L. inéd. Rue Nollet, 13 avr. 1933. «Un roman bien fait pour moi est un roman intéressant. Que peut-il y avoir d’autre? Sinon le style & la vérité humaine ou inhumaine. Ceux qui ont compris que la beauté est là ont cru devoir en faire des systèmes pédantesques, qui montrent surtout leur bêtise: Zola par exemple.»
VM, 23. «A la fin de sa vie, an 1941, dans les CJP, il écrira: ‘Germinal de Zola est un beau roman’.»
ZWEIG, STEFAN (1881-1942)
A Moricand. LTB,110. 10 oct. 1940. «Je lis un livre remarquable de S.Z. sur Mesmer, Mary Back-Eddy [est-ce Backer?], Freud, etc. … Cet homme est intelligent.»
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